Billets qui ont 'opéra' comme mot-clé.

D.I.V.A.

Matinée à décider des derniers cadeaux, tous achetés à Moret. Deux beaux magasins de décoration ont surgi ces derniers mois, d'un design un peu baroque. Certains appellent cela de la boboïsation, mais à mon sens c'est plutôt un changement d'époque, comme celle qui a terminé l'ère du formica.
D'autres boutiques, art ou salon de thé, ressemblent davantage à des descendants des hippies, poterie, salades aux graines et gâteau aux pommes.

Dernière soirée 2022 au théâtre de Fontainebleau. Représentation de D.I.V.A., opéra burlesque. Costumes extravagants, chanteuses aux voix posées. Principe: résumé en dix minutes de cinq ou six opéras (un Verdi, je ne sais plus lequel, La flûte enchantée, Don Juan, Carmen, La Tosca et un autre en bis). Une très bonne soirée, une performance d'une heure et demie pour quatre chanteuses accompagnées d'un quatuor. Ce soir c'était la première soirée des deux nouvelles violonistes.

A la sortie du spectacle nous étions invités à rejoindre les chanteuses pour des photos. Nous nous sommes éclipsés, par timidité. Je le regrette, cela aurait fait un beau souvenir, leur costume et maquillage étaient spectaculaires.

Rentrés pour un réveillon à deux à la maison (impossible de trouver un restaurant à Fontainebleau qui nous accepte après le spectacle: c'était soit réserver pour le repas à partir de vingt heures, soit rien.)

Des liens

Une merveille commencée en janvier (ouvrir le thread): un opéra par jour ou par semaine, opéra à la fois œuvre et bâtiment.

Le retour des trains de nuit transeuropéens.

Je n'y ai pas cru tout de suite: la sécurité informatique mise en pratique par un homme du GRU .

Le 6 janvier, durant les événements du Capitole, les émeutiers se sont dangereusement rapprochés de la valise nucléaire.

Le site de l'Insee qui recense les décès. Seule difficulté: il faut connaître le nom de jeune fille des femmes mariées.
(Autre difficulté: il faut connaître l'orthographe de l'état-civil. C'est ainsi que je découvre que j'orthographie mal le prénom de mon grand-père et le nom de jeune fille de ma grand-mère.)

Datant du 15 avril 2021, une anacoluthe de style flamboyant (il s'agissait de l'anniversaire de l'incendie de Notre-Dame).

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Des liens mutualistes:

Crésus, une fédération d'associations qui sont au surendettement ce que les Alcooliques Anonymes sont à l'alcoolisme: à contacter si vous voulez maîtriser vos finances et devenir autonomes. Totalement anonyme et gratuit.

Avant d'en arriver là, et peut-être pour les jeunes gens en début de vie active: gérer un budget, consommer responsable, pourquoi s'assurer etc.

Pour les jeunes qui cherchent à se loger avec une fibre sociable et les retraités avec un appartement trop grand, une solution intergénérationnelle.

Les entreprises qui emploient des salariés en horaires atypiques peuvent s'inscrire auprès de mamhique, une association spécialisée dans ce mode de garde.

Une URGENCE: le don du sang. Beaucoup d'opérations ont été repoussées pendant un an, aujourd'hui il faut du sang pour pouvoir opérer en toute tranquillité. Avoir été vacciné ne constitue pas un obstacle au don de sang.

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Autour du virus

Les problèmes respiratoires de Darth Vador :



Un limericks vaccinal (et plein d'autres en commentaires).
Première dose d'astra zeneca
Aussitôt 24 heures au lit recta
Est-il nécessaire de préciser
Que toujours cela je préfèrerai
A mourir ou à survivre en réa?

Un twittos qui n'aime pas Raoult. Le fil commence le 22 mai.

L'explication mathématique par un exemple du pourcentage élévé de vaccinés parmi les malades (dans cet exemple, 40%), avec une hypothèse de 13% de non-vaccinés et de 87% de vaccinés (soit 13+87=100).



En réalité, en France, ce n'est pas 40%, mais 28% de vaccinés parmi les malades (73/(73+184)), même en mélangeant vaccinés une et deux doses (c'est-à-dire en calculant de façon défavorable aux vaccinés).

Agamben et Bartok

TG sur Saint Paul vu par Agamben. Le temps qui presse. Cela ressemble tant à Jacob Taubes. Constaté avec surprise que cela désarçonnait profondément mes compagnons de cours (au point que dans un autre TG les élèves ont refusé d'étudier le texte et ont parlé d'autre chose!) alors que cela m'est si familier. Je regrette d'avoir perdu ce début d'expertise, j'aimais lire cela.


Le soir, Le château de Barbe-Bleue à l'opéra Garnier : depuis que je l'avais entendu il y a quelques années au théâtre des Champs-Elysées, je voulais y emmener H.
Ce fut très différent dans la mise en scène, avec utilisation de la vidéo omniprésente jusqu'à en devenir gênante (c'est souvent le cas désormais). Beaux jeux de couleurs.
Je dois avouer que c'est surtout la deuxième œuvre qui m'a fascinée : la Voix humaine de Poulenc, une demi-conversation téléphonique, à laquelle je ne m'attendais pas, que je n'avais pas remarquée sur le programme. Epoustouflant.

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Le château de Barbe-Bleue :
le duc Barbe-Bleue : John Relyea Judith : Ekaterina Gubanova

la Voix humaine :
Elle : Barbara Hannigan

direction musicale : Ingo Metzmacher
mise en scène : Krysztof Warlikowski
décors et costumes : Malgorzata Szczesniak
lumières : Felice Ross
video : Denis Guéguin
chorégraphie : Claude Bardouil
dramarturgie : Christian Longchamp

Sidération

Les points forts du jour :
- Ramé comme une brêle en double avec A-S. Zut, une sortie gâchée. Trop crispée. Sans compter que je me suis rendue compte plus tard que j'avais prévu d'aller à la méditation de l'Avent au centre Sèvres qui est prêchée par quelqu'un qui était avec moi en cours d'allemand il y a deux ans (et donc un protestant prêche l'Avent chez les jésuites). Zut, j'ai oublié.
Magnifique soleil.

- Je lis Le Procès des droits de l'homme pour jeudi. Emprunté Beowulf à Malraux pour estimer si c'est un cadeau envisageable pour reddit Noël 2016 (mon "match" semble un geek intello, ou un intello geek).

- Allemand. Pour une fois je n'avais rien préparé. Entre mes quatre heures de sommeil et mon heure d'aviron, j'ai lutté contre l'endormissement durant la deuxième partie du cours.

- Cavalleria rusticana et Sancta Susanna d'Hindemith à Bastille. Dans les mises en scène de ce soir, les deux pièces sont liées par le Christ en croix qui surplombe la scène.
Très beaux chœurs et très beaux duos dans Cavalleria (Elina Garanca, Yonghoon Lee et Vitaliy Bilyy).
Sancta Susanna a plongé la salle dans la sidération. Les applaudissements ont retenti sitôt le gong final, sans même laisser les harmoniques s'estomper et le rideau tomber; mais cela ne cache pas que les spectateurs ont littéralement fui la salle. Et pourtant Anna Caterina Antonacci était admirable (tant par la voix que la présence scénique: le metteur en scène l'a mise à contribution autant comme une actrice que comme une chanteuse) et le décor, avec son aspect de miniature hollandaise puis de peinture à la Jérôme Bosch (je spoile), était remarquable.

Aïda

La représentation fut éblouissante dans tous les sens du terme. Nous étions très bien placés, ce qui nous a permis de profiter de l'équilibre parfait entre les musiciens et les chanteurs.

Egypte et Ethiopie, époque de la diégèse, Autriche et Italie, époque de l'écriture, guerres actuelles (Afghanistan, Syrie, Daesh,…): trois représentations de l'histoire qui broie les histoires individuelles.
Remarque sarcastique malgré tout: une vraie transposition dans le monde d'aujourd'hui aurait utilisé des imans musulmans et non des prêtres catholiques bénissant les chars et disant la messe. Mais alors nous n'aurions pas vu la représentation de ce soir, le spectacle aurait été depuis longtemps soit annulé soit vandalisé. (D'un autre côté, reconnaissons que le clergé musulman ne possède pas de signe distinctif, de rite connu de tous, qui permette une utilisation à la scène qui ne nécessite pas une explication.)

A l'entracte, une sœur menue aux lèvres roses aux cheveux blancs habillée de gris avec une coiffe en forme de toque lit un livre polonais. Elle est magnifique, elle semble sortie d'un film.

Sondra Radvanovsky : Aïda
Gaston Rivero : Radamès
Anita Rachvelishvili : Amneris
Orlin Anastassov : le roi
Olivier Py: mise en scène
Daniel Oren : direction musicale (de profil, on le voyait chanter en dirigeant)

Projets

J'ai réservé des places pour Aïda demain soir, parce que l'affiche dans le métro m'avait plu. Et emportée par l'élan, je me suis abonnée pour la saison 2016-2017: l'année prochaine, sans le grec (enfin, juste la "lecture suivie", une fois par mois), mon emploi du temps devrait être plus léger. J'ai abandonné l'espoir d'emmener H., l'expérience prouve qu'il est impossible de caler nos emplois du temps. Je n'ai pris qu'une seule place, sachant déjà qu'il m'en voudra parfois, les soirs où il sera là (à la maison) et qu'il aurait aimé venir, les soirs où il sera là et qu'il désapprouvera mon choix («Vraiment, ça te plaît?»)

D'autre part j'ai vérifié les horaires d'allemand à l'IPT: le mardi après-midi. Et j'ai alors découvert ce programme (p.19): des weeks-ends de visite de Paris, Rome, Londres, Berlin, Athènes sous un angle biblique (??) avec en accompagnatrice ma prof de grec 3. Engagez-vous rengagez-vous, qu'ils disaient. Ça me tente, j'ai retenu les dates, mêmes si là, c'est quasiment la guerre que je déclare à la maison. (On verra bien. Je préfère qu'il m'en veuille que lui en vouloir. Je préfère la culpabilité à la rancune.)

Et j'ai commandé mes billets de train pour Marseille: randonnée la Bonne Mère, aviron de mer.

Week-end

- Vendredi soir : concert de fin d'année de l'école de musique

- Samedi : journée théologie. La place de l'épiscopat depuis Vatican II (cela fluctue et n'est ni très clair ni très arrêté. Quel rôle et quelle place pour les Eglises locales, voire régionales? Des pistes intéressantes pour l'avenir de l'Eglise. L'enjeu? A mon sens, avoir et faire confiance. Quand on voit comme c'est difficile alors qu'il s'agit des plus hautes instances (les évêques) nommées par une unique entité (le pape) garant d'une même foi, on se dit que finalement, qu'on puisse se faire confiance dans d'autres contextes moins unifiés est un miracle absolu.)

Le soir, spectacle de claquettes à Vincennes (notre voisine est professeur). Spectacle impressionnant par sa variété et le jeu des costumes.
J'ai la surprise de découvrir Danielle dans les danseuses. Elle était avec moi à la Vogalonga de 2011 (elle a arrêté l'aviron parce que porter les yolettes lui faisait mal au dos).

- Dimanche La flûte enchantée, pétillante et joyeuse. Enfin un décor qui n'est pas noir. Papageno remarquable. (Avouons que je ne comprends rien au livret. Les livrets d'opéra me paraissent toujours si schématiques que je devrais me forcer à ne pas en tenir compte, à simplement écouter et regarder sans chercher de sens.)

Suite et fin

De nouveau messe à Orienbaum, avec un prêtre différent. Cette fois-ci il y a une quête, ce qui infirme notre supposion de jeudi: qu'il n'y aurait pas eu de quête parce que nous étions en Allemagne et que le culte était subventionné par l'Etat.
Apparemment l'église a été construite en 1957, ce qui bat en brêche quelques idées sur la religion en DDR. (Mais que comprendre? Et comment savoir?)

De nouveau à Wörlitz pour voir l'église. Montés en haut du clocher. Etrangement, les jardins ne donnent rien vus d'en haut, ils paraisent étriqués et plats. Ils ont vraiment été conçus pour être vus à hauteur d'homme.

Tentative de manger au Cornhause mais nous n'avons pas assez de temps. Crépuscule des dieux un peu brouillon mais meilleur d'acte en acte.

Pizzeria après la crêperie d'hier: «le service allemand, c'est comme ça: ils te servent, puis ils disparaisent. Si tu as besoin de quelque chose, il faut réussir à attirer leur attention.»

De Sulzbach à Dessau

Nuremberg me déçoit. Rien sur Dürer. Je voudrais comprendre le détruit et le reconstruit (à peu près tout), il me faudrait du temps et nous n'en avons pas.
Nous passons à Bayreuth. Jardins, exposition en l'honneur des juifs chassés de l'orchestre durant le nazisme.

Dessau, un Rb&b, une jolie maison. A. et moi partageons la même chambre. Sur un rayon, des livres en allemand d'auteurs français (Balzac, Gide, etc).

Des filles du Rhin tout en blanc, personnages et décors — décors permettant ainsi de devenir des écrans de projection. Voix d'une très grande netteté, quelque chose de ludique dans la diction qui souligne les très nombreuses assonnances.

Dijon deuxième journée

Patrick m'emmène voir "le puits de Moïse", qui est l'inverse d'un puits, puisque c'est un socle.
C'était le socle d'un calvaire haut de sept mètres au milieu de la nécropole des ducs de Bourgogne. Il ne reste que le socle, avec six prophètes : Moïse, David, Jérémie, Zacharie, Isaïe et Daniel. C'est très beau, délicat et plein de force, restauré avec goût, sans couleur criarde comme il aurait pu être tentant de le faire.

A midi nous perdons malheureusement un temps fou dans un restaurant qui m'a attiré par sa déco (des poils de vache). Nous n'en finissons plus d'attendre, c'est mortel.

Siegfried et Le crépuscule des dieux.
Siegfried est celui que je connais le mieux puisque c'est le seul que j'ai vu en entier. L'oiseau est joué et surtout chanté par cinq ou six enfants. C'est charmant et joliment faux (ou comme dirait ma fille, ils chantaient juste chacun séparément), j'espère qu'ils ne se feront pas démolir par la critique (Philippe me dit qu'il a entendu des commentaires du type «C'est un scandale» de la part de critiques "officiels" qui n'avaient peut-être pas tout à fait saisi avant d'être dans la salle que c'était un Ring raccourci). Cela me met en colère, ce n'est tout de même pas la faute des artistes si ces critiques sont inattentifs.

Le Crépuscule me paraît de loin le moins bon des quatre, c'est coupé, très coupé, sans doute trop. C'est dommage, car étant la dernière représentation, c'est celle qui reste en tête. (Conseil: si vous montez une Tétralogie, commencez par travailler Le Crépuscule, il faut qu'il soit parfait, ce sera la dernière impression du spectateur.) Ici, les liens logique du récit ont disparu, il reste un château désert et en ruine, des personnages en pleine décadence, un Wotan en pleine dépression. On ne comprend pas qui est Hagen, on ne comprend pas la fin de Brünnhilde. Ce qui est clair, c'est qu'une page se tourne, ou plutôt, qu'un nouveau livre se commence, lu par un enfant.

Je termine donc par des réserves, mais au global, j'ai pris beaucoup de plaisir aux quatre représentations, et, le plus important pour moi, les enfants aussi (qui ayant lu les livrets et les ayant retenus, commentent les coupes avec des mines de vieux Wagnériens, ce qui me fait beaucoup rire (intérieurement)).

Dijon première journée

Peur que quelque chose foire, que le RER ait un problème, que je perde les billets de train… je les vérifie vingt fois dans mon sac, vingt fois je ne les trouve plus…
— Maman c'est bon, tu les avais il y a trente secondes. Arrête!
Je suis contente qu'ils aient eu envie de venir.

Arrivée à Dijon sous la pluie, je malmène tout le monde pour trouver l'hôtel, en fait c'est tout simple, je ne comprends pas les commentaires de Tripadvisor qui décrivait un chemin compliqué dans la vieille ville.
La chambe est amusante (c'est une "suite"), toute de guingois sous les toits, pas une surface verticale ou horizontale. Un peu dangereux pour les grands.

Crypte de Saint Bénigne. Encore les méfaits de la Révolution. Cela me stupéfiera toujours: quelle somme de haine accumulée, comment ou pourquoi cette rage de destruction? La crypte a été dégagée, des chapiteaux et des pierres remplacées. Difficile de savoir si cela ressemblait vraiment à cela, en tout cas le travail a été effectué avec soin et amour (c'est la même chose).

L'or du Rhin et La Walkyrie. Cela n'a rien à voir avec Reims, ou du moins pas grand chose. La salle est immense (enfin, grande; immense par rapport à Reims), très agréable (je la préfère à l'opéra de Lyon, si noir); il y a beaucoup de monde dont une bonne partie parlant allemand.

Le spectacle est très bon, netteté de la ligne instrumentale qui dialogue avec les chants ou les souligne sans jamais les couvrir; netteté des voix qui articulent, netteté du décor, avec une thématique autour du livre et de l'écrit (le savoir comme trésor?).
Mention spéciale pour Siegmund/Siegfried (Daniel Brenna), Sieglinde (Josefine Weber) et surtout Brünnhilde (Sabine Hogrefe).

Les coupes ne sont pas les mêmes qu'à Reims; j'ai l'impression qu'à Reims le récit, sa cohérence, la cohérence entre les personnages et leurs interactions les uns par rapport aux autres avaient été privilégiés, alors qu'ici ce sont les "blocs" musicaux qui me paraissent mis en avant, en particulier les duos (ou plutôt les dialogues). C'est une option sans doute meilleure d'un point de vue artistique, à condition de connaître les œuvres (donc de ne pas utiliser ce Ring réduit pour découvrir la Tétralogie).

Pour le reste, le contenu du livret provoque toujours en moi la même répulsion. Il faudrait que je lise les livrets pour vérifier mes impressions, mais je suis frappée par la dimension punitive du sexe dans ces opéras, par l'importance de la pulsion de viol: Freia emmenée par les géants, Sieglinde mariée de force, Brünnhilde offerte à l'homme qui passe (avant que la sentence soit "adoucie"), Erda utilisant le mot "contrainte" (problème de traduction? "tu m'as contrainte…"), Brünnhilde parlant d'être "contrainte au plaisir et à l'amour" (demain, j'anticipe)… et cela se reflète dans les paroles de Wotan, qui voit l'acte sexuel comme une flétrissure que l'homme impose à la femme, ce qui suppose qu'il a de lui-même une bien piètre image… Freud était nécessaire de façon urgente.

Mais ce qui me choque le plus, c'est la punition de Brünnhilde: Wotan punit la pitié (après avoir espéré peu de temps avant un enfant libre qui exécute ses désirs sans qu'il intervienne…). Cela n'arrive jamais, je pense, dans la tragédie antique, dans la Bible, dans les mythes, dans les épopées. La pitié est le geste sacré qui est toujours respecté. (J'ai cherché des contre-exemples: Antigone? Mais c'est un devoir de piété qu'accomplit Antigone, piété envers un mort, pas pitié envers un vivant). Sans doute va-t-on argumenter que ce que Wotan punit, c'est la trahison de sa volonté par sa volonté (un double de sa volonté, une autre lui-même). Mais cela veut simplement dire que Wotan punit sa propre pitié. Wotan n'a pas la grandeur qui permet la pitié, il est agité de calculs, il ne vit plus au présent, mais dans un futur qu'il craint et tente de prédire (pour l'éviter ou le faire advenir? Ce n'est pas clair, il y a une pulsion suicidaire chez Wotan, et c'est d'ailleurs ainsi que cela se termine). Qu'est-ce que c'est que ce dieu?

Le vrai dieu, celui qui agit selon ce qui doit être, sans chercher à suivre un plan qui favorise ses propres intérêts, sans chercher à calculer les conséquences, qui réagit spontanément au courage de Siegmund et à sa déclaration d'amour ("garde ton walhala, je n'en veux pas sans Sieglinde") ou qui a pitié de Sieglinde et protége la vie sans défense, c'est Brünnhilde.

Engouement surprise

Tous les matins nous écoutons France Musique dix minutes, entre la maison et la gare du RER.
Ce matin, quelques secondes de Wagner, la chevauchée des Walkyries.

— J'aimerais bien voir ça, j'aime bien Wagner.
— Oui, moi aussi j'aime l'opéra.
— Comment? Ça vous intéresse? Mais j'y vais en octobre, à Dijon, la Tétralogie raccourcie sur un week-end. Vraiment, ça vous intéresse? Mais fallait prévenir!
— On ne peut pas te prévenir, tu ne dis rien.
— Ben oui, j'ai l'habitude que vous vous moquiez de moi. Bon, je vais voir s'il reste une place.
— Deux, et moi?
— Toi tu seras à Lisieux, je te rappelle. Lisieux-Dijon, on fait plus simple sur un week-end.
— Si, c'est faisable, je ne travaille pas le vendredi après-midi.
— Parce que tu as déjà ton emploi du temps de l'année prochaine?

Bref, ils viennent.

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Agenda : premiers pas dans la bibliothèque BOSEB Soulagement : ma bibliographie consiste en des articles et non des livres, c'est plus court (c'est important car les documents sont consultables sur place, et il est difficile pour moi d'être là entre 9h et 19h). J'ai l'impression que ma dissertation risque d'être un exposé des diverses thèses sur le sujet. J'ai sans doute intérêt à l'écrire avant de lire les articles, puis à l'enrichir ensuite, si je veux être un peu personnelle.

Se promener dans les rayonnages est amusant (Eléments d'écriture égyptienne sacrée). A ma table deux dames aux cheveux très blancs copient des lettres sur des feuilles à grands carreaux. De loin cela ressemble un peu à de l'arabe, en plus anguleux. J'aperçois la tranche du manuel qu'elles consultent : c'est de l'akkadien.

Dans l'autre bibliothèque, j'ai emprunté sur le présentatoirs des nouvelles acquisitions un livre au titre irrésistible: Saint Hilaire de Poitiers, théologien de la communion (ce n'est pas la seconde partie que j'aime, mais le nom. Grégoire de Naziance, Isidore de Séville, il y a une vraie jouissance du nom.)

Pot durant l'avant-dernier cours d'allemand.
Hit girls, dont la bande-annonce m'avait plu. Il y a du mou dans le récit, mais on rit. Skylar Astin a un visage sympa mais un nom impossible.
Un fil à la patte par la troupe de théâtre de l'école (sans O. parti à Jambville pour trois jours). ces lycéens sont toujours aussi extraordinaires.

Je lis le livre de Christian Delorme, prêtre en région lyonnaise : L'islam que j'aime, l'islam qui m'inquiète.

Cendrillon

La Cerentola à Garnier : une délicieuse soirée, une jolie et émouvante Cendrillon (j'ai la faiblesse d'aimer que les chanteurs ressemblent à leur rôle), des sœurs ridicules, un père méprisable. Tout est parfait.

Don Giovanni à la Bastille

J'ai bien aimé, cela va sembler étrange, la vulgarité de la mise en scène. Don Giovanni est vulgaire. C'est un homme vulgaire, si vulgaire que l'histoire en perd de sa crédibilité: que peuvent bien trouver les femmes à un tel rustre?


Pour le reste, je n'en peux plus. Je n'en peux plus de toute cette pénombre, de tout ce noir. Orlando Furioso noir, Wagner noir, Bartok noir, et même Le Mariage de Figaro noir. Aaaaahhh, qu'on me donne de la lumière, des couleurs ou même du gris, mais de la lumière!
Je suis trop fatiguée, cela me fatigue trop, de regarder tous ces spectacles dans la pénombre. L'effort est trop grand, cela me gâche mon plaisir. (Et je me dis que si le souvenir de la philarmohie de Berlin est si doux, c'est aussi à cause de cette lumière dorée, chaude et douce, qui donnait envie de rester là pour toujours.)



Direction musicale Philippe Jordan
Mise en scène Michael Haneke
Décors Christoph Kanter
Costumes Annette Beaufaÿs
Lumières André Diot
Chef de choeur Alessandro Di Stefano


Don Giovanni Peter Mattei
Il Commendatore Paata Burchuladze
Donna Anna Patricia Petibon
Don Ottavio Saimir Pirgu
Donna Elvira Véronique Gens
Leporello David Bizic
Masetto Nahuel Di Pierro
Zerlina Gaëlle Arquez

Parsifal

Saississant Parsifal (mise en scène de François Girard), j'ai pensé à la chambre interdite de Barbe-bleue, on patauge dans le sang, les filles-fleurs ont des airs d'héroïnes de manga, la faille s'ouvre sur la lave brûlante d'un volcan?

Il n'y a vraiment que l'opéra pour offrir de telles mises en scène, apocalyptiques. Magique.

«Ici le temps devient espace.» Adrogué.

Pourquoi associe-t-on Nietzsche à Wagner, alors que c'est de Freud qu'il faudrait parler?



Et puis le plaisir des traditions wagnériennes que l'on découvre («en être ou pas»):

— Mais pourquoi ces applaudissements si hésitants à la fin du premier acte? Tout le monde était sous le choc?
— Normalement on n'applaudit pas à la fin de cet acte. Et puis ils se sont souvenus qu'ils n'étaient pas à Bayreuth? (Wagner ne voulait pas que Parsifal soit joué ailleurs qu'à Bayreuth.)

— Il faudrait le voir un Vendredi Saint.
— Il suffit d'aller à Munich.


Plus tard encore, en interrogeant un choriste, nous apprendrons que l'eau était à 23°, ainsi que le prévoient les conventions collectives.


Dans le train du retour, nous apprenons la mort de Tabucchi.

Ring Saga

Tétralogie raccourcie à Reims en un week-end. Très bien. Formidable, émouvant, clair.

Surprise par les livrets que j'avais volontairement omis de lire: quelle confusion, quelle absence de morale, tous les contrats sont rompus, tout est faux, trahi, retourné. Vengeance et malédiction, quête du pouvoir. Tout ce à quoi je suis habituée, et qui finalement vient tout droit du catholicisme, n'est jamais une solution: le renoncement, le pardon, la rédemption par l'amour (non, Brünnhilde n'accomplit pas cela: avant de mourir, elle met le feu au Walhall). A croire que le luthérianisme protège moins bien de l'amoralisme que le catholicisme (omniprésence de la tension sexuelle, tout le temps —tout ce qui est amour-sentiment broyé ou étouffé par le besoin de pouvoir ou de sexe. On est loin de la tragédie grecque (où la tragédie naît de la volonté de respecter des principes, parfois contradictoires, et non de leur bafouement) ou de l'Iliade, sans doute pas très morale non plus (distinction bien-mal, schématiquement), mais attachée à l'honneur, l'amitié, la fraternité, la parole donnée, l'amour). Bizarre, bizarre. Comment un tel livret a-t-il traversé la tête d'un Allemand du XIXe siècle?

Brünnhilde blonde et frêle (enfin, musclée malgré tout, qui porte sa voix avec ses bras). La critique n'a pas toujours été tendre avec Piia Komsi, mais Philippe de l'escalier fait remarquer qu'il s'agit d'un parti pris intéressant (à vrai dire il paraît séduit): une walkyrie différente, la préférée de son père, celle qui désobéit, n'a pas à ressembler aux autres walkyrie. Et puis cette formation orchestrale très légère permet l'intimité, le chant n'a pas à se projeter par-dessus les instruments. Brünnhilde gagne en émotion.

Dans une formation de dix-neuf musiciens, la musique est parfaitement claire, détachée, compréhensible. Vient le moment où je cherche les sous-titres quand personne ne chante. Vient le moment où les chanteurs disparaissent pour ne plus être que leur voix.
Quatre représentations en trois jours, et la troupe est devenue familière, nous retrouvons des visages, des habitudes, il semble que la semaine pourrait se continuer ainsi, entre vieilles connaissances.

Quel froid dans le théâtre. Pas étonnant que les chanteurs soient souffrants.
— La costumière se fournit chez Décathlon.
— Tiens, après les survêtements, c'est cuir. Demain ce sera fourrure.
La flûtiste ne sourit pas beaucoup.
Ils ont dû prendre des cours de judo pour apprendre à tomber, ils vont finir par se faire mal.

— Siegfried est vraiment bon, c'est le meilleur que j'ai entendu.

— Je ne comprends pas. Pourquoi Fricka ne protège pas Sieglund comme elle voulait protéger Freia? C'est pourtant la même violence.
— Oui, mais les liens du mariage sont sacrés.
— Mais un lien ne vaut rien s'il est obtenu par la violence.
— C'est une femme blessée et jalouse.

— Si tu prends du maroille, je change de table.

— Mais tu fais comment?
— Il s'absente souvent pour aller écouter Wagner, pendant ce temps, je mange du maroille.
— D'autres prennent des amants ?
— Ce n'est pas incompatible?
— Le pouvoir aphrodisiaque du maroille?
— Mais enfin, il n'y a pas que le sexe dans la vie!

— Vivant Denon, Point de lendemain. C'est très "in bed with"!

Et puis les faux et le mont du Sinaï.

Salomé

Bien folle.
Et il ne faut pas la regarder: elle rend fou.

Hérode et Pilate, deux types qui ont failli s'en sortir et qui ont manqué de courage (aller voir ça tandis qu'on lit des explications sur le jansénisme et l'augustinisme… Enfin bon.)


Deux charmants messieurs à mes côtés, un très vieux, allemand, très élégant, l'autre jeune, anglais, ravi d'être là avec son amie et le disant le plus naturellement du monde.

Culture

Cosi fan tutte au palais Garnier. L'histoire me met mal à l'aise même si je sais que ce genre de jugement est déplacé et anachronique.
Décor à la Claude Le Lorrain pour les extérieurs et Greuze pour les intérieurs.
Despina est la plus remarquable ce soir (quelle chance pour une chanteuse d'avoir un physique qui corresponde à son rôle, qui permette un jeu vraisemblable.)

Orlando furioso

Le décor m'a fait penser à cette photo prise de la vitrine de Baccarat place de la Madeleine en 2009 .



Oui les décors ressemblaient à cela, miroirs et noir et blanc, en plus sombres. Costumes dans toutes les nuances du gris au noir. Ce matin au réveil j'ai compris que cette mise en scène était vraiment fatigante: difficulté à identifier les différents personnages. Confusion volontairement entretenue? J'aimerais en être persuadée.

Pour le reste (l'essentiel, malgré tout), un pur enchantement.
Je recopie le commentaire de Philippe[s]: «De retour d'Orlando furioso : distribution, orchestre et direction remarquables à tous points de vue, mise en scène sombre et confuse (avec quelques belles images et un deuxième acte plus réussi).»

La Flûte enchantée

Une version courte, vive et enjouée, pour le théâtre, en partie en français ce qui permet de tout comprendre sans sous-titre.
Je n'étais pas très inquiète, connaissant la compagnie Ecla-théâtre depuis plusieurs années: jamais déçue.
Cela s'est confirmé.
Côté théâtre, plaisir des yeux, entre le décor, les costumes, les combats, les tours de magie, le feu, la fumée, etc.
Côté musique, cinq instrumentistes s'accordant du regard et jouant par ailleurs des personnages, une reine de la nuit parfaite (Julie Mathevet) et Sophie Albert en Pamina délurée heureuse d'être sur scène.
Et pour tous ceux que je n'ai pas cités.

L'aspect shakespearien de l'intrigue est magnifiquement mis en valeur, l'alternance de tragédie et de farce, de raison et de volubilité, ce doute qui plane longtemps: qui est le "véritable" méchant, la reine ou Sarastro? (ce doute ne sera jamais véritablement levé: nous sommes dans un cas de «chacun a ses raisons»). Je suppose que le rapprochement de cet opéra avec La Tempête est une tarte à la crème.


Il doit être possible d'y aller sans enfant, personne ne vous remarquera.

Un peu surprise

Soirée à l'opéra de Massy, selon une tradition désormais bien établie.

Hum. Faire reprendre en bis par des collègiens une chanson célébrant le droit de cuissage… On se réconforte en se disant (en espérant) que les enfants n'ont pas compris ce qu'ils chantaient.

Ariane et Barbe-bleue

Ce matin, j'ai lu par hasard dans les Echos la critique de Michel Parouty:

Une fois encore, une première à l'Opéra de Paris s'est achevée sous les huées. Gérard Mortier a beau dire et beau faire, le public parisien déteste cette esthétique qui lui est chère et qui a cours dans les théâtres allemands, celle d'Anna Viebrock, par exemple, qui signe mise en scène, décors et costumes de cet « Ariane et Barbe-Bleue Â».
Inutile de dire qu'elle n'a que faire du symbolisme dans lequel se noie le poème de Maurice Maeterlinck ; sa vision scénique ressemble fort à du recyclage de ses anciennes productions - on retrouve la ligne générale des bâtiments des « Noces de Figaro Â» ou de « Traviata Â» - et l'on est fatigué de ces robes tristounettes, de ces bureaux désaffectés et sinistres de la RDA des années 1950, qui brident l'imagination ou prêtent à rire, selon l'humeur, et gênent d'autant plus ici qu'on a souvent l'impression que leur disposition entrave les mouvements des comédiens. Seule pourrait être intéressante l'utilisation de la profondeur de champ, dont les effets sont relayés par la vidéo agissant comme un miroir grossissant et accentuant l'aspect carcéral des lieux ; mais elle tourne court, faute d'une vraie mise en scène.
La suite ici

J'ai ri en pensant à Gvgvsse qui attend la fin de l'ère Mortier.
Je n'aurais pas dû.
Ce soir, j'ai cru mourir d'ennui. Je suis désolée de n'être pas sensible aux charmes des lumières et autres, mais tout cela est bien trop statique à mon goût.

Douce et Barbe-bleue

Les CHAM (classes à horaires aménagés musique) de l'Essonne ont chaque année un "projet" qui se termine par une représentation à l'opéra de Massy. La participation des élèves se faisant sur la base du volontariat, j'y avais échappé l'année dernière pour cause de mise en scène avant-gardiste, ai-je cru comprendre: «Souffler devant tout le monde sur une balle de ping-pong, c'est trop la honte!»
Il y a deux ans j'avais vu une représentation de Carmen, agréable mais qui ne m'a pas laissé grand souvenir, il y a trois ans Porggy and Bess.

La représentation d'hier soir fut la meilleure de ces trois expériences. Il s'agissait de la réécriture de l'histoire de Barbe-bleue, Douce et Barbe-Bleue: quelques jeunes filles qui s'ennuient décident d'écrire un conte. Il faudra qu'il commence par «Il était une fois» et se termine par «ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants». Oui ou non? Le chœur n'est pas d'accord. L'histoire se déroule, Douce épouse Barbe-bleue, se montre trop curieuse (et c'est encore une histoire de clé), est condamnée à mort. Sa sœur Anne arrive, puis l'histoire bifurque, j'attendrai en vain ma réplique préférée «je ne vois que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie», les frères n'arrivent pas, Anne voit des bergers, des moutons, point de poudroiement ni de verdoiement.

Le chœur-pousse-au-crime présentera successivement des ciseaux, un katana puis une tronçonneuse à Barbe-bleue («mais c'est n'importe quoi», s'exclame Barbe-bleue, et je ne lui donne pas tort), et Douce mourra dans d'atroces tressaillements.





Le chœur chantera alors son regret : «Les histoires à l'eau de rose ont cependant quelque chose qui nous plaît…»


Ce fut une belle représentation. J'ai l'amour particulier des costumes, des rideaux qui se transforment l'un en manteau pour Barbe-bleue, l'autre en robe de soirée puis, retourné, en robe de mariée, le troisième en jupes pour quatre péronnelles avant de devenir des casaques de mousquetaires, sans compter la table du salon qui servira de jupe à panier à la mère de Douce…

Le Chevalier à la rose

J'avais pris des billets pour cet opéra un peu par hasard, pour la valse et pour Richard Strauss. J'ai lu avec curiosité les billets des blogueurs musiciens m'ayant précédée.

J'ai été un peu déçue par les voix, souvent couvertes par l'orchestre. En lisant le billet de Laurent, je me dis que je suis sans doute sévère. Mais tout de même... il me semble que les voix ont mis longtemps à se chauffer. Cependant elles étaient à leur meilleur dans les moments les plus émouvants ou les plus dramatiques, comme si les chanteurs portés par leur rôle trouvaient alors de nouvelles ressources. L'aspect liquide des miroirs, la salle renvoyée à elle-même en ouverture et à la fin, la qualité labyrinthique des plis du décor, m'ont énormément plu.

A regarder évoluer la noblesse inaltérable face à la noblesse décadente, la bourgeoisie plus digne que celle-ci mais la confondant avec celle-là, il m'a semblé assister à l'illustration de certains des chapitres de Mensonge romantique, vérité romanesque que je suis enfin en train de terminer.

La Maréchale m'a fait penser à une réflexion de Tlön (ou à Tlön rapportant les propos d'un autre blogueur, plus exactement) concernant les photos de Zohiloff : «Il a une façon très émouvante de photographier les femmes entre deux âges.»

Défaite et dignité, fragilité, sensation intime du temps qui passe.

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