Billets qui ont 'sécurité sociale' comme mot-clé.

Des nouvelles du 91, 92, 93, 94

Comme je suppose que mes lecteurs sont des boomers, je suppose qu'ils connaissent tous la structure du numéro de sécurité sociale (les boomers n'ont pas que des désavantages): 1 ou 2 pour homme ou femme 1; l'année (grosse déprime quand sont arrivés les 00 dans les entreprises: mais qu'est-ce qu'on est vieux); le mois; le département (puis moins connu: le numéro de la ville dans le département et le rang de naissance dans le mois dans la ville).

Je connaissais les Palaiseau (78): les gens nés en Seine-et-Oise (so San-Antonio) avant la création de Paris et de la petite couronne, quand Palaiseau n'était pas 91 (Essonne) mais 78 (Seine-et-Oise): le 78 a été conservé pour les Français nés avant la création de Paris et de la petite couronne. Je l'avais constaté sur les listes électorales il y a encore une ou deux semaines.

Aujourd'hui j'ai découvert une autre bizarrerie.
Je discute longuement avec une adhérente déconfite d'être mal remboursée (à son goût: de notre point de vue, il s'agit d'équilibre global du portefeuille).
Elle en a lourd sur le cœur, donc je la laisse parler. De temps à autre je rectifie ou nuance un point, j'explique un fonctionnement.

On en arrive aux problèmes de tiers-payant, de carte de mutuelle avec droits pas à jour. C'est alors qu'elle me demande:
— Vous savez d'où ça vient, 91, 92, 93, 94?
— Non (en fait je pense savoir: création de Paris et de la petite couronne. Mais je préfère qu'elle le dise elle-même).
— Ce sont les départements de l'Algérie française. Ils ont été réutilisés: 91 pour Alger, 92 pour Oran, 93 pour Constantine, 94 pour le sud de l'Algérie. (J'en reste bouche bée de l'autre côté du combiné.) Nous les pieds noirs nés en Algérie, on a été immatriculé 99, Français nés à l'étranger. Sauf que les pieds noirs (pas moi, je m'en fiche, j'étais trop jeune) ont protesté, ils ont contesté être nés à l'étranger, ils étaient nés en France. Finalement, vers 94-96, ils ont obtenu d'être immatriculés selon leur département de naissance, à condition d'en faire la demande. Mais évidemment, moi ça m'était égal, et puis je n'ai rien compris au message qu'ils m'ont envoyé, donc je n'ai rien fait. Sauf que quelque temps plus tard ils ont décidé de changer tout le monde sans en parler, et que je me suis retrouvée en pharmacie avec une carte vitale qui ne fonctionnait plus parce qu'on m'avait changé mon numéro de sécurité sociale sans me prévenir.

Ça alors. L'Essonne, département d'Alger?

Une recherche Google plus tard, j'apprend des choses encore plus extravagantes: que les personnes nées en Algérie avant le 3 juillet 1962, possédant un numéro de sécurité sociale, qui voulaient changer le numéro 99 contre leur numéro de département algérien, devaient en faire la demande avant le 31 décembre 1997. Cette période a ensuite été étendue, les personnes immatriculées à la sécu avant le 1er mars 2000 devant faire une demande, les personnes immatriculées après affectées automatiquement aux départements d'origine (en pratique, souvent des femmes rattachées à leurs maris se mettant à travailler pour la première fois ou devenues veuves).
Finalement, à un moment donné, toutes les immatriculations ont été réaffectées aux départements algériens.

Donc un numéro de sécu X61XX91 ne signifie pas que vous êtes né dans l'Essonne mais à Alger.


Note
1: il y a aussi 6 ou 7 ou 8, des immatriculations provisoires dues à des cas particuliers.

Enfin une carte vitale

Cela aura pris un an. En décembre 2020, j'ai enregistré mon changement d'adresse sur ameli.fr. Il a fallu une ou deux relances pour qu'il soit pris en compte. J'ai été correctement enregistrée à la CPAM de Seine-et-Marne.
Impossible cependant de télécharger une attestation pdf: je n'ai pas pu en fournir une à mon nouvel employeur en mars dernier. Néanmoins (va comprendre Charles), la télétransmission s'est correctement établie entre ma nouvelle mutuelle et ma nouvelle CPAM.
Impossible cependant de mettre à jour ma carte vitale: «anomalie», affichaient les lecteurs.
Alors je l'ai déclarée comme dysfonctionnelle et j'ai voulu en commander une autre (en ligne, sur le site ameli.fr).
Mais impossible également (message d'erreur).

J'ai laissé un message pour dire que je voulais une attestation ameli. On m'a répondu en m'expliquant comment appuyer sur un bouton pour l'obtenir. J'ai réécrit pour tenter d'expliquer que je SAVAIS comment obtenir cette attestation, mais que c'était le site qui ne me la fournissait pas.
Après deux ou trois échanges absurdes de ce genre, j'ai laissé tomber. C'était en mai. Je me suis dit que cela se règlerait tout seul, qu'il fallait leur laisser le temps de rebrancher quelques fils pour que tout refonctionne.

Mais en septembre, cela fonctionnait toujours aussi mal.
Alors, parce que je me suis dit que si je me retrouvais à l'hôpital, ce serait H. qui devrait gérer tous les problèmes d'affiliation, j'ai écrit au médiateur de la caisse de la sécu en lui fournissant les copies de mes mails et des réponses obtenues. Le problème s'est débloqué en octobre: j'ai obtenu mon attestation. Le 21 octobre j'ai alors commandé une carte vitale.
Rien n'est arrivé.
Là encore, j'ai attendu en me disant qu'il fallait laisser du temps aux institutions.

Puis le samedi 11 décembre je me suis cassé le doigt. J'ai pris rendez-vous pour passer une radio sans passer par les urgences. Le rendez-vous possible le plus proche était à Vincennes le jeudi suivant, rendez-vous que j'ai annulé pour le prendre le lendemain à Fontainebleau.
J'ai alors vérifié où en était la fabrication de ma carte vitale sur le site d'ameli.fr. Réponse: «elle devrait être arrivée depuis longtemps».
Aucune explication.
Alors j'en ai recommandé une.
J'avais une visite chez un généraliste (inconnu, choisi sur Doctolib comme étant le premier créneau libre) le 22 décembre, mais le médecin a annulé au dernier moment. La visite suivante était aujourd'hui (avec un autre médecin).

Celui-ci m'a sans doute prise pour une folle: je suis arrivée deux doigts bandés l'un servant d'attelle à l'autre, avec une radio datant de dix jours pour une fracture datant de quinze jours. Il a juste commenté qu'à l'hôpital on aurait sans doute mieux fait le bandage. J'ai parlé de ma tension (concernant la fracture, j'avais failli annuler le rendez-vous à cause du ridicule de se présenter quinze jours après), il m'a parlé des exagérations des laboratoires dans les années 70 et m'a prescrit une analyse d'urine pour savoir si mes reins fatigaient (je ne vois pas le rapport, mais qu'importe).

J'ai sortie ma carte vitale toute neuve. Elle a fonctionné du premier coup.

Sécurité sociale : tous libérés délivrés


Billet technique plutôt à l'usage des vieilles générations : depuis le 1er janvier 20191, plus aucune personne majeure n'est "rattachée" à son conjoint (ou conjointe, mais c'est plus rare).
A priori les enfants majeurs ne doivent plus non plus être rattachés à leurs parents.

— Allô, ma femme a reçu une lettre qui lui dit qu'elle ne m'est plus rattachée… est-ce qu'elle est toujours couverte par ma mutuelle2?

Réponse : oui.

A faire : se créer son propre compte sur Ameli. Vérifier sous l'onglet "mes informations" que le nom de votre complémentaire apparaît dans la case "complémentaire". Cliquer et vérifier que la télétransmission est à "oui".
Si non à l'une de ces vérifications, envoyez (en pdf) une attestation sécu à votre complémentaire en demandant la mise en place de la télétransmission.
Et voilà.

J'en profite pour dire du bien des pharmaciens: heureusement qu'ils sont là, ils servent de relais administratif, de pédagogue, de psychologue, de trésorier/banquier (en acceptant d'attendre des règlements)… Ils aident aux déploiements technologiques comme la carte vitale (mise à jour dans les bornes, explications, etc) ou le dossier médical partagé; et tout ça sans se plaindre. Parfois ils téléphonent aux complémentaires pour aider les plus âgés. Il ne manque plus qu'ils vendent du pain et des timbres…
Une pharmacie par village de plus de mille habitants serait-il une bonne idée? Serait-ce viable? (Quelle taille critique pour qu'une pharmacie soit viable?)


Bref, une journée au téléphone, sans compter le message qui essaie de me mettre la pression: «vous comprenez, c'est TRÈS GRAVE, je n'ai plus de carte TP3». Si elle savait qu'elle me fait juste penser «C'est terrible ce qui vous arrive». (Je suis méchante mais ils m'agacent.)
Ou encore «il me faut ma carte TP car je suis en ALD»: ben non mon coco, ça veut dire que tu es remboursé à 100% donc c'est plutôt un contre-argument (oui, pas pour tout. C'est juste pour dire que cela ne m'impressionne pas.)



Notes
1: après trois ans de période transitoire : loi votée le 31 décembre 2015, donc sous Hollande. Non, c'est pas la faute à Macron (jdcjdr).
2: plus probablement une complémentaire santé, c'est-à-dire un contrat. Une mutuelle est une forme juridique; il y en a de moins en moins par défaut de taille suffisante pour respecter les contraintes légales extrêmement lourdes.
3: Tiers payant

Mercredi morne

Travail sur des séries longues à des fins d'analyse. Fastidieux et intéressant (si, cela peut être les deux à la fois).
La Seine a bien monté, beaucoup de courant. En yolette pour la première fois depuis longtemps (Marc, Jean-Baptiste, Laurence, Yann). Je ne rame plus assez, cela me fatigue. Je me rends compte que je ne connais pas les rameurs "de deux ans", nous formons spontanément des "promotions".
Préparation de l'oral sur St Jean, encore et toujours. Le témoignage comme lieu de la présence.

A 17h45, il fait encore un peu jour. Rien d'exceptionnel, tous les ans à la même date c'est le cas. Je note que je l'ai remarqué. (Et chaque fois je pense à Amiel et à Barthes pestant qu'on ait coupé dans l'édition de son journal les notations météorologiques au-dessus de Genève).

Rien de drôle. Ah si, le dernier acronyme de la sécurité sociale: PUMA, Protection Universelle Maladie (qui surgit de façon intempestive au beaux milieux de la réécriture de nos statuts: comment faire sans la notion d'ayants droits? casse-tête juridique imprévu). Est-ce que cela signifie que le RSI ou la sécurité sociale étudiante, par exemple, vont disparaître (car pourquoi choisir ces régimes qui fonctionnent mal si on peut bénéficier d'un régime qui fonctionne bien?)?

Nuit studieuse, encore.

Plumeau peupliers

Huit de pointe. La première fois depuis trente-cinq ans, au moins. Ou la première fois tout court, je ne sais plus, en fait.
Il ne me reste plus que le quatre de pointe à essayer.

Caroline, ancienne internationale en train de monter dans son skiff:
— Oh, un huit, ça ne se retourne pas. Mais ça peut casser.

Franz, entraîneur : «en huit, deux règles de base: être assis sur ses deux fesses et ne pas plumer» (ce qui signifie qu'il ne faut pas tenter de trouver l'équilibre en compensant par le corps ou la pelle mais travailler la hauteur de mains).

Un peu moins beau que dimanche, mais encore jambes et bras nus.





PS : j'ai téléphoné à ma tante qui travaillait à la sécurité sociale. Anecdote:
— Un jour, il fallait aider quelqu'un à remplir la déclaration de sa femme qui était enceinte. Il a coché "oui" à la question "s'agit-il d'un accident?" Impossible de lui en faire démordre, même en lui expliquant que pour nous, cela signifiait qu'un tiers était impliqué.
— Après tout, c'était le cas. Avec de la chance, c'était peut-être lui.

Nécessairement, c'est tout un ensemble.

J'apprends ce matin qu'Hervé Legrand était "disciple" de Congar.
Ainsi donc je m'étais entichée du disciple (1997) avant de connaître le maître, pour éprouver un coup de foudre pour le maître à la première citation de lui entendue (2011).
«La théologie est toujours biographique». (B. Cholvy)



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Agenda
Un prêtre polonais me demande des conseils pour une mutuelle. Euh… Je lui conseille de chercher une mutuelle couvrant le forfait hospitalier, soit la couverture minimale pour une cotisation minimale. Il reste à vérifier qu'il est bien couvert par la sécurité sociale française.

Résumé

Lire, dormir, travailler. Il ne se passe pas grand chose, je ne vais tout de même pas vous parler de "mes" adhérents (au téléphone: «Je vous parle sans mes dents, vous me comprenez quand même?»).

Allez signer une pétition pour un vieil Arabe au Mali, j'ai l'impression que comme d'hab, c'est parti pour les vengeances personnelles ou de principe (pas de hiérarchie entre les deux).

Lundi: le cours d'AT (sur les prophètes) est donnée par une prof allemande qui prononce très mal (sans doute la comprendrions-nous mieux en anglais, mais tous ne comprennent pas l'anglais (je me comprends)). La révolte gronde parmi les étudiants (deux heures à 20h30 après une journée de boulot et avant une journée de boulot, c'est fatigant; si c'est pour ne rien comprendre…) Je suis embarrassée, ils n'ont pas tort, mais je les souhaiterais plus indulgents.

Mardi: je vois mon responsable hiérarchique le matin (comme il appartient à la holding, nous ne sommes ni dans la même entreprise, ni sur les mêmes lieux. Autant dire que nous ne nous voyons pas souvent.) Il me parle de la clause de désigantion.
Comment expliquer cela? Comme l'Etat est en train de réduire le périmètre couvert par la Sécurité sociale (c'est progressif, mais souvenez-vous de cette phrase dans cinq ou dix ans), il essaie de faire que tout le monde soit couvert par un contrat de santé (tout le monde = les salariés, le reste ne paraît pas exister aux yeux de l'Etat français). Donc les entreprises vont être obligées de proposer un contrat de santé (dit "mutuelle" par abus de langage: ce contrat peut être vendu par une mutuelle ou une société d'assurance, le mot plus exat est "complémentaire") à leurs salariés (c'est déjà partiellement le cas). Cela va être mis en place par des accords interprofessionnels. Les sociétés d'assurances se battent pour que ce marché reste ouvert: obligation de souscrire un contrat de santé, mais possibilité de choisir ce contrat (en d'autres termes, elles défendent la possibilité d'entrer en concurrence et de remporter des marchés).
Or l'accord (ou les accords) qui va être signé prévoit que le contrat de santé soit désigné dans la convention de branche. (Pourquoi bafouer ainsi le jeu de la concurrence? Ces accords sont signés par les syndicats, qui peuvent espérer en échange de sa désignation un financement de la part de l'organisme choisi…)

Mercredi. Je passe rendre un livre à la bibliothèque Beaugrenelle. Elle est hors de mes chemins habituels et je m'étais promis de n'y rien reprendre. Je repars avec un policier grec (plutôt mauvais, d'ailleurs).

Jeudi (hier). Pas le courage d'aller ramer malgré le soleil et la décrue. (Ce matin je découvre dans un mail que les sorties avaient été annulées à cause de cette même décrue — et le vent du nord. Culpabilité apaisée.)
Le soir H. passe me prendre à La Défense. Il me raconte des anecdotes sur le ministère où il a passé la journée, fait une remarque sur la décrépitude des lieux, la peinture qui part en lambeaux.
Dîner "dans un couscous", échanges sur l'absurdité de certaines décisions prises (plus on s'approche du pouvoir, plus on pense qu'on va comprendre qui décide quoi, et surtout pourquoi, et plus c'est l'inverse qui se produit. Je ne comprends pas comment tout cela est en mesure de fonctionner, quelque chose m'échappe, que ce soit en entreprise ou concernant l'Etat.)

Vendredi: 10h28. Je termine ces lignes en bibliothèque. Il me reste une demi-heure pour faire mes exercices d'allemand. Un peu court.

Vieillissement de la population et idées fausses

Il est fréquent d'expliquer la croissance des dépenses de santé par le vieillissement des populations européennes mais le récent rapport du Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM) constate que
de la double vérité que les personnes âgées ont une consommation individuelle de soins plus élevée que la moyenne, et que leur nombre relatif augmente dans la population française (la part des «plus de 75 ans» va, par exemple, presque doubler d'ici à 2050), on tire souvent la déduction que le vieillissement de la population est un facteur important, voire dominant, de l'évolution des dépenses de santé.

Cette déduction est inexacte.

Car la cause strictement «démographique» de l'évolution des dépenses — au demeurant aisément mesurable compte tenu de la relative sûreté des prévisions démographiques — ne pèse que pour une fraction très minoritaire de l'évolution des dépenses. Tout simplement parce que le vieillissement moyen d'une population est un phénomène forcément très lent : l'âge moyen de la population française, aujourd'hui un peu plus de 40 ans, ne s'accroît que d'environ 2 mois par an.

Les différentes études disponibles convergent donc vers un effet démographique de quelque 0,7 points de croissance moyenne par an des dépenses de santé dans les vingt prochaines années, au sein duquel la déformation de la pyramide des âges — c'est-à-dire le « vieillissement » proprement dit — pèse pour 0,4 à 0,5 points : soit de l'ordre du dixième de la hausse moyenne annuelle de la consommation de soins et de biens médicaux.

[…] C'est bien la hausse individuelle de la dépense de santé à tout âge, et pour toute la population, qui est le principal facteur de la croissance des dépenses dans le temps.
sachant que le HCAAM constate qu'il ne peut répondre à la question de savoir si l'âge est ou non «un facteur aggravant de cette croissance».

avis du HCAAM adopté le 22 avril 2010, ''Vieillissement, longévité et assurance maladie''
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