Billets qui ont 'téléphone' comme mot-clé.

Un kebab à Dordives

Pour une fois j'arrive à partir avant six heures. Train de 18h07, je sors mon portable, classe mes photos, trie mes mails, consulte le calendrier. Le train ralentit en vue de Moret; je me lève, pose mon téléphone sur le siège, mon livre sur le téléphone; je range mon ordinateur, j'enfile ma petite laine, ramasse mes affaires, endosse mon sac à dos et sors sur le quai.

Je marche quelques mètres, m'apprête à reprendre mon téléphone pour terminer ma partie de Candycrush en marchant.
Pas de téléphone.
A la main mon livre, je revis la sensation du moment où j'ai ramassé mes affaires sur le siège: il faut se rendre à l'évidence, j'y ai laissé mon téléphone. Mon cœur se dérobe, et mer**, après me l'être fait voler en octobre, voilà que je l'oublie en juillet, ça fait beaucoup de téléphones.
«Zut, il faut que j'appelle H.» est ma première pensée.
«Ah mais non, je n'ai pas de téléphone», ma deuxième.

Je rentre, H. déclenche le mode perdu sur mon portabe et indique son propre numéro en contact: si par hasard quelqu'un d'honnête le ramasse, il pourra nous appeler. L'appli Apple nous permet de visualiser mon téléphone qui s'éloigne vers Nemours, il est toujours dans le train.

— Tu ne devais pas dégager l'étagère pour donner accès à la chaudière? (Demain passent un spécialiste de la marque après le dépannage en urgence par un plombier lundi dernier).
— Ah oui, c'est vrai.

Il faut trouver de la place, au sec, pour des pioche, pelle, balai, karcher, barre à mine, hache. Une partie va derrière la machine à laver, les trousses à outils très lourdes sont empilées dans le dressing, la rallonge électrique montée au dernier étage.

Le portable de H. sonne. Mon portable a été retrouvé. L'homme providentiel propose de le rapporter à Moret demain. Je trouve étrange que ce soit lui qui le rapporte et non moi qui me dérange, mais H. dit d'accord.
Il raccroche. Nous continuons à déménager: les bâches, les pompes à vélo, les sécateurs, mais pourquoi avons-nous tout ça, nous ne nous en servirons jamais. Le téléphone sonne. L'homme a changé d'avis, il propose un rendez-vous à Montereau demain vers 11 heures. H. accepte.
— Mais à quelle heure passe le fumiste?
Ah zut, H. n'y avait pas pensé. Il rappelle à son tour, propose que nous venions tout de suite: l'adresse est à Dordives. Nous attrapons une bouteille de champagne (ça vaut bien ça, je suis soulagée mais n'ose pas encore y croire tout à fait) et traversons la forêt, Waze nous fait passer par de magnifiques routes de campagne, c'est long, l'homme nous rappelle, «nous sommes à trois kilomètres, nous arrivons tout de suite». C'est moi qui ai décroché, il a une voix faible, épuisée, j'imagine un travailleur pressé de se coucher.

Nous arrivons à Dordives, l'adresse est le long de la Nationale (ex-Nationale), une silhouette attend devant un portail.
L'homme est en fait un adolescent, quatorze ans peut-être, intimidé, muet. La tête de sa mère, jeune elle aussi, apparaît au portail, souriante. Je comprends mieux les coups de fil successifs, sa mère a dû lui dire «ce n'est pas à toi de te déplacer», puis «ça va durer longtemps? Il faut que tu ailles au lit». Nous échangeons quelques mots, je récupère mon téléphone, je tends la bouteille de champagne. Il la prend sans rien dire.
Le portail se referme et tandis que nous montons dans la voiture, nous entendons un cri de joie: le champagne était une bonne idée.

Neuf heures vingt. C'était bien la peine de quitter tôt le bureau. Nous dînons d'un mauvais kebab à Dordives.

J+3 Fendu

Retour au bureau. En tentant de nettoyer une fine ligne sur mon téléphone, je me rends compte que l'écran est fendu de haut en bas: que s'est-il passé, quand cela est-il arrivé? Ce téléphone a cinq ans, il est vieux selon les critères actuels (iPhone 5S) mais ça me fait de la peine.

Cinéma : The Guilty. Pas mal. Pas indispensable mais intéressant. Un huis clos plus que clos, un gros plan sur un visage pendant quasi un film entier. Belle contrainte.

Le soir je classe et j'identifie les photos en regardant les premiers épisodes de 13 Reasons Why. Sans doute pas mal en tant que campagne de sensibilisation des ados contre le harcèlement, les phrases et les gestes qui blessent au-delà de ce qu'on imagine (parce qu'en réalité on n'imagine rien, on aime juste se moquer et rire).
Cela ne me concerne pas réellement et ne m'intéresse pas beaucoup.

Tranquille

Hier après l'aviron je me suis rendue compte que j'avais oublié mon téléphone au bureau. J'ai décidé de ne pas y retourner même si j'y conservais mon billet d'opéra. Je me suis servie de mon ordinateur pour entrer à Bastille.
Ce matin, je n'ai pas pensé à le chercher; je n'ai donc pas eu le temps d'avoir peur : un mail d'une salariée m'indiquait qu'en ramassant ses papiers personnels sur mon bureau, elle avait emmené mon téléphone par erreur. Bizarrement, au lieu de me le ramener, elle me prévenait qu'elle l'avait laissé à l'accueil.

Réunion chez l'assureur de branche. Quelques explications sur les multiples dysfonctionnements qui ont marqué l'année.

Retour. Je dîne seule, O. est en "raid". Ménage et surtout rangement en écoutant les traductions de GC. Je termine le rez-de-chaussée.
Mon siliconage de dimanche a l'air efficace, les WC du haut semblent ne plus fuir.

Applications pour téléphone

Ça m'agace et me pertube, ces applis pour téléphone qui semblent ne pas utiliser les mêmes bases de données que le site web correspondant, ce qui fait que lorsque vous changez le mot de passe sur l'un, il n'est pas changé sur l'autre. (Exemple: le loueur de voiture SiXt)
C'est la pagaille.

Le pire, c'est quand même ce site où je ne peux plus me connecter du tout, ni sur l'application ni via le web car les adresses mail et les mots de passe sont mélangés; et où je ne peux pas non plus créer un troisième compte (en abandonnant les deux autres qui devraient n'être qu'un) au prétexte qu'il connaît déjà l'adresse mail que je donne: certes, il la connaît, mais il refuse de l'utiliser pour m'envoyer une mise à jour de mot de passe!
Bref, c'est programmé avec les doigts de pieds.

La fibre

Quand je rentre de la banque (pour un chèque de banque: «C'est pourquoi, ce chèque? — Vous avez besoin de connaître le motif pour l'établir? — Oui.» Qu'est-ce que ça m'énerve. Non seulement nous sommes obligés de déposer nos salaires sur un compte, mais nous ne pouvons pas le retirer entièrement à volonté (à la poste, affiche: prévenir 72 heures à l'avance pour un retrait de 1500 euros. 72 heures?!! Trois jours, et ouvrés, je suppose?) et voilà que je dois expliquer ce que je vais faire de mon argent. C'est mon argent, je l'ai gagné, s'il est véritablement à moi je peux en faire ce que je veux (de légal, je veux bien, mais c'est ma responsabilité de rester dans la légalité: pourquoi instituer ma banque comme mon tuteur officieux?). On dirait toujours que c'est de l'argent à moi alloué par ma banque dans sa grande bienveillance. Zut!) et de la poste (où je découvre avec stupeur que les 225 francs oubliés depuis juin 1999 sur mon livret A sont devenus (à peu près, de mémoire) 187 euros), H. m'attend tout excité:
— J'ai imité ta signature, on va avoir la fibre!
— Quoi? Quel rapport avec ma signature?
— Le contrat de téléphone est à ton nom.

Il me donne des détails techniques. Il est heureux.
Il faut dire que nous pensions que la fibre ne descendrait pas dans notre quasi-impasse (et nous avions déjà élaboré des plans alambiqués pour l'avoir malgré tout). En réalité, elle a été installée physiquement quand les compteurs d'eau ont été changés il y a plus d'un an. Mais pourquoi Orange ne nous a-t-il pas prévenus? Ce n'est que maintenant qu'un commercial démarche les habitants. Nos voisins, qui viennent de s'engager chez Free il y a une semaine, sont verts.

Progrès

J'ai réussi à mettre des listes de lecture sur mon iPod. Dieu que tout cela demande du temps et de la patience. Je suis la personne la moins faite pour ce genre de choses, rien ne m'est intuitif.

Encore

Encore un changement d'ordinateur. Depuis mars je travaillais sur deux portables, ayant reçu en cadeau un MacBook Air auquel je me suis beaucoup attachée: exactement la bonne taille pour mes mains, le bon poids pour mon sac, les bonnes dimensions pour la discrétion, le rêve. J'ai pris l'habitude de l'emmener partout, alors que l'autre a toujours été beaucoup plus fixe car plus lourd.
Les fichiers sur lesquels je travaillais étaient dans deux dropboxes synchronisées avec le portable principal qui conservait également mes photos et iTunes.

C'est fini, tout a été rapatrié sur le "petit" (dit bien évidemment "my precious") et le grand va être vendu. Il va falloir que je m'habitue à Lion. Je perds le compte des ordinateurs que j'ai eus, mais j'espère que celui-ci va durer (Je les use. Ils paraissent inusables, juste suceptibles d'obsolescence, mais je sais que je les use. Je les sens s'essouffler progressivement sous mes doigts, se mettre à souffler et perdre souffle.)

(Dans l'autre sens nous venons de remplacer le téléphone de la maison par un téléphone filaire: fatigués de courir après les récepteurs abandonnés dans les étages, fatigués des batteries déchargées, fatigués de mal entendre. J'ai réussi à trouver un câble RJ9 de cinq mètres, fil en spirale.)

La carte vitale du centenaire

Il nous téléphone parce qu'il ne fait pas bien la différence entre la sécurité sociale et sa mutuelle. Sa carte vitale est désorientée depuis qu'il a eu cent ans en juillet, elle ne fonctionne plus.
Je lui dis d'appeler le 3646. Il comprend mal, il entend 3648.
«Il va tomber sur un disque», me dit ma collègue. Je lui conseille de se faire assister par quelqu'un, son pharmacien par exemple. Mais son pharmacien est déjà celui qui s'en est débarrassé en le renvoyant vers nous. J'ai le cœur serré. Je ne comprends pas comment une société qui n'a que le mot "vieillissement" et "seniors" à la bouche peut avoir entièrement basculé du côté du téléphone. Avec l'âge, la plupart d'entre nous deviennent sourds, le téléphone, ce n'est pas le plus pratique. Et la touche étoile et le code confidentiel, c'est déjà agaçant à trente ans, alors à quatre-vingts ou cent…
Ça m'agace et ça me peine.



Acheté des boutons pour le manteau rouge à L'entrée des fournisseurs et pris un goûter au Loir dans la théière avec A. On dirait que les patrons ont changé. La tarte meringuée est monstrueuse.

Qui sont ces gens ?

Hier, H. s'est fait voler son iPhone par un pickpockett. Comme c'était un téléphone d'entreprise, il a aussitôt été remplacé par un autre, plus avancé, à qui l'on peut parler et qui vous répond (chaque fois je pense aux lois robotiques d'Asimov):
— Tu te rends compte? Je lui demande le temps qu'il va faire demain, il me répond «Il va pleuvoir demain». Et après-demain? «Le temps pour après-demain n'est pas sûr.» Tu te rends compte? Il a rapproché la deuxième question de la première, il a fait un raccourci sémantique pas du tout évident, ça c'est de la technologie, on n'est plus dans de l'informatique de gestion…

Sa curiosité le console un peu de sa perte (parce que malgré tout, il est malheureux de ce vol, comme chaque fois que nous sommes confrontés à la méchanceté du monde). Il fait des tests:
— Appeler ma femme.
— Je ne sais pas qui est votre épouse. (La voix est un peu mécanique. Elle continue:) d'ailleurs, je ne sais pas qui vous êtes.

Bof

La collection des photos de lecteurs est gravement compromise: mon nouveau téléphone fait du bruit et active le flash sans me demander mon avis quand il prend une photo. Il me reste à trouver de la pâte à modeler pour boucher les hauts-parleurs.

Coup de blues ce soir: un relevé d'informations m'indiquant que H. a travaillé 64 trimestres sur les 166 nécessaires à sa retraite, et C. qui m'annonce que «il va s'ennuyer cette année». Et ce foutu téléphone… Bah.

Ça ne va pas en s'améliorant

Ne le répétez pas, mais si je n'entendais rien hier au téléphone, c'est que j'avais saisi l'appareil à l'envers (le micro à l'oreille, l'écouteur à la bouche : je m'en suis rendue compte en raccrochant furieuse contre ce téléphone qui ne marche jamais, rendez-moi mon téléphone avec fil, etc.).

Coup de jeune

Durant les vacances de Noël, chez mes parents, je décroche le téléphone (parce que je n'en supporte pas la sonnerie):

— Allô, Madame S. ?
— Non, je suis sa fille.
— Est-ce que je pourrais parler à ta maman ?

Layette

A Inezg*ne vivait Madame Lolmed. C'était une pied-noir d'une soixantaine d'années. C'était chez elle qu'on allait quand on voulait téléphoner en France. À l'autre bout, en France, ma grand-mère n'avait pas non plus le téléphone et allait aussi chez une voisine. Il fallait se donner rendez-vous par courrier, une ou deux semaines avant: à telle heure, tel jour, se tenir près du téléphone.
Pour moi, téléphoner est resté toute une affaire.

Depuis le tremblement de terre d'Agadir dix ans plus tôt, le mari de Mme Lolmed ne dormait plus chez lui. Il couchait sous la tente, dans le jardin.

Mme Lolmed tricotait perpétuellement de la layette. Quand on lui demandait pour qui c'était, elle répondait: «Il naîtra toujours des bébés.»
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