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Rhinocéros

Sortie en huit où nous travaillons plus l’endurance que la technique. Il fait un temps magnifique. L’automne n’a encore touché qu’une sorte de vigne dont les feuilles virent très tôt au rouge sombre. Sur le reste du vert c’est splendide.
Je regarde chaque fois le paysage comme si c’était la dernière fois, « Regarde de tous tes yeux, regarde. »
Malheureusement il est difficile d’arrêter le bateau pour prendre des photos.




Le soir, sortie au théâtre à Fontainebleau: un des rameurs, professeur de théâtre, joue dans Rhinocéros.
Je ne connaissais que La cantatrice chauve et je redoutais l’absurde car La cantatrice me fatigue.
Heureuse découverte. La mise en scène a choisi de mettre en avant l’incommunicabilité en traduisant une partie des dialogues en anglais. (Je me demande ce que cela aurait donné dans une langue que je n’aurais pas comprise du tout.) Finalement cela ressemble à écouter une personne au téléphone sans entendre son interlocuteur.
Beaucoup deviennent rhinocéros, mais si l’on est le dernier non-rhinocéros, quel sens à résister?

L’affiche aussi m’a plu.



Wörlitz

«On me réveille, on m'emmène, on revient, je me douche, on part à l'opéra, on revient, je me couche, et le lendemain ça recommence.»

En chemin pour Wörlitz, nous nous promenons dans les jardins du château d’Oranienbaum. De grandes serres sont réservées à la culture des orangers et des citroniers. Ces serres sont des granges dont les parois sont composées de petits carreaux vitrés. De grands volets en bois permettent de protéger du froid ou d’un soleil trop fort.

Les jardins de Wörlitz sont des jardins à l’anglaise dont l’art consiste à dérober leurs surprises au promeneur pour les lui présenter au hasard de trouées habilement disposées dans la végétation.
C’est le printemps, il fait frais à l’ombre et chaud au soleil, les rhododendrons et les lilas sont en fleurs (toute la région est couverte de lilas), les couvées des cygnes sont écloses. Des barques passent avec huit ou dix passagers et un seul rameur, musclé. La table est mise, ils déjeunent sur l’eau (apparemment, les participants du colloque Wagner sont en goguette).
Ce paysage serein recélant des trésors est très apaisant, que l’on ait représenté le paradis sous forme de jardin devient une évidence.
(«— Qui eut cru que le paradis se trouvait en Allemagne? — Qui plus est en DDR.»)


ÃŽle Rousseau


P. est déçu: les dépliants indiquaient que l’exposition Cranach dans l’une des demeures du château (une demeure de brique ornée d’arêtes blanches soulignant des formes ogivales) commençait aujourd’hui; en fait, l’ouverture (avec cocktail, supposons-nous) a lieu à quatre heures: trop tard, Siegfried commence à cinq heures à trente kilomètres de là.
Nous profitons de la durée ainsi libérée pour déjeuner, le premier vrai repas depuis vingt-quatre heures. La serveuse a l'air enchantée que nous trouvions les plats excellents. Les gens sont généralement très gentils et prévenants, cherchant à comprendre notre sabir qui mélange inconsciemment anglais et allemand (l'allemand me revient plus spontanément que l'anglais, me semble-t-il).

Nous arrivons un peu plus tôt qu'hier pour un Siegfried qui boit des canettes et joue aux jeux vidéos (à Skyrim, nous dit A). Mime joue à Tetris («et il avait du mal», commentaire de la même A.).

Trois Lillets aux fruits des bois.
Nous avons enfin découvert comment dîner après le spectacle: il suffit de descendre sous le théâtre. Saucisse et salade de pommes de terre, un repas plaisant en forme de cliché.
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