Billets qui ont '2018-08-06' comme date.

Anti-moustiques

Comme d'habitude je suis la première levée. H. a innové : au lieu de dormir au rez-de-chaussée, il s'est enfermé dans la chambre d'O. pour échapper aux moustiques (mais pas à la chaleur puisqu'il faut alors fermer toutes les fenêtres toute la nuit).
Je commence à ranger l'étagère que nous avons descendue dans la chambre (l'ancienne chambre) d'A. L'idée est d'y mettre tout ce qui concerne la théologie, le grec et mes classeurs de cours. Au fur à mesure que j'avance, que je ramène également les livres relégués au grenier (dans la dernière pièce, "the room of requirement", je me rends compte que cette étagère ne suffira sans doute pas, à moins que je ne range les livres sur deux épaisseurs. Je suis submergée par l'idée de tous ces livres, il va vraiment falloir que je les lise un jour.

J'entame ensuite le deuxième chantier des vacances: se débarrasser des cassettes vidéo. Je n'ai pas trouvé de lieu qui les recycle. Idéalement il faudrait les démonter, enlever la piste magnétique pour la jeter d'un côté, jeter le plastique d'un autre et les vis en métal à part. Je vais me contenter de jeter les boîtes à part en enlevant la couverture de titre en papier glacé (des limites de l'engagement écologique).
Je descends l'ensemble des cassettes (combien? à vue de nez dix tas de douze à quinze cassettes). J'isole quelques-unes que je veux conserver à tout prix (Bernie, Divine mais dangereuse, C'est arrivé entre midi et trois heures, Bound, Train de vie), H. en fait autant de son côté, puis vérifie pour la vingtaine de cassettes ainsi sélectionnées si les films sont disponibles en ligne ou en DVD. Il en reste finalement huit ou neuf, dont un coffret des Mystères de l'Ouest, Le vieux Fusil et La Bataille du rail qui ne sont pas disponibles pour des questions de droits. (Oui nous avons encore de quoi les regarder : simplement la résolution des cassettes n'est plus du tout adaptée à la résolution des écrans. Par ailleurs nous avons perdu l'habitude des VF imposées par les cassettes.)

Les étagères vides sont noires de poussière. Derrière se trouve une porte et des cartons que je voudrais inventorier, dans l'espoir d'en jeter quelques-uns et les remplacer par d'autres. Je ne sais pas quand j'aurai le temps de faire cela. Après avoir jeté tant d'archives au bureau cette année, j'ai envie d'en faire autant à la maison pour passer à autre chose.
Il me reste une dissertation et un mémoire à écrire avant de passer vraiment à autre chose.

Après-midi sur FB à rechercher les souvenirs d'un noir qui les a racontés en avril au moment de l'anniversaire des émeutes de Kansas City.

Nous avons installé une moustiquaire : crochet au plafond, voile de mousseline, … Nous allons pouvoir laisser les fenêtres ouvertes malgré la chaleur.
Inconvénient : la peur de s'emmêler dans la mousseline en bougeant la nuit et les chats à maintenir à distance: s'ils sautent sur le lit ils vont tout déchirer.

J+5 Fin

J'envoie les liens vers les quatre albums de photos dans la matinée accompagné d'un petit mot :
«Bonjour à tous,
Merci à tous, vous avez été formidables.
Toute l’année j’ai stressé dès que je voyais votre nom sur mon téléphone ou mon mail (« ça y est, ils vont m’annoncer une catastrophe!») mais c’était toujours pour m’encourager ou me rassurer («tes parents viennent de partir, tout va bien, ils ne se doutent de rien!»)
J’ai eu peur d’absolument tout, jusqu’à imaginer que tous les voisins sortent en même temps une enveloppe bleue de la boîte aux lettres en présence de maman… qui n’en aurait pas eu (mais non je ne suis pas angoissée).
[…]»

Je considère que j'ai fini ma "mission". Je suis satisfaite du ou des résultats obtenus, les gens ont l'air si heureux sur les photos, contents d'être là, fiers du coup monté auxquels ils ont participé sans se couper une seule fois. Je suis satisfaite des liens que j'ai contribué à renouer entre eux, et pas seulement entre eux et mes parents. C'était aussi l'un des enjeux de cette rencontre: les liens transversaux.

Je passe en salle de sport puisque les clubs d'aviron sont fermés pour deux semaines puis au marché.

Télétravail l'après-midi (jusqu'à neuf heures de soir : horaires décalés). Je règle l'urgent et le courant. Sur ovh, j'achète un nom de domaine et une installation wordpress. J'ai l'intention de passer les deux semaines à venir à construire un site pour la mutuelle, un site non référencé par Google mais qui de proche en proche devrait considérablement — dans mes rêves les plus fous — diminuer les coups de téléphone des retraités. Après tout, en six ans, j'ai si bien augmenté la productivité qu'il ne sera peut-être pas nécessaire de me remplacer. Si j'arrive à mettre au point ce site….
(On pourrait se demander en quoi est-ce un progrès de ne pas me remplacer : d'une part, moins les frais de fonctionnement sont importants, plus les cotisations de la mutuelle restent stables, d'autre part ce sont les tâches les plus répétitives et les plus ennuyantes qui sont supprimées: il reste les plus intéressantes. Faire disparaître les quatre-vingt pour cent d'ennuyantes au profit des vingt pour cent intéressantes est le but.

J. 50 ans de mariage

Mise en ligne progressive de billets écrits depuis un an, mais restés hors ligne par peur des fuites. Voici donc un récit débuté il y a un an qui commence par la fin: le jour de la fête surprise pour les noces d'or de mes parents, fête que j'ai voulu organisée comme un mariage.

Journée sous le signe de la trilogie pagnolesque, en commençant par Le Temps des secrets.

Dernier désistement le matin-même: un cousin malade (je ris car c'est sa femme qui appelle: nous avons vraiment un problème avec le téléphone dans la famille.)

Petit déjeuner à Tours, beaucoup d'enfants dans cet hôtel rempli d'hommes d'affaires pendant le reste de l'année. Les serveurs ne sont pas habitués. Pour la première fois depuis des jours, il fait presque trop froid pour rester dehors (quelle chance: parmi mes peurs, celle qu'il fasse trop chaud et que les invités fassent des malaises (après tout, la plupart ont plus de soixante-dix ans)). (Et de penser in petto : «Une chance pour le temps.»)

Nous récupérons A. devant l'église de Candé où elle laisse sa voiture et nous partons chez mes parents où nous arrivons bien plus tôt qu'ils ne le pensaient (évidemment: nous ne venons pas de Paris…)
Un repas et un après-midi sans se couper, à parler de tout et de rien, à rester calmes, très calmes. Nous avons dit à mes parents que nous les invitions le soir dans un "restaurant éphémère", tenu par un ami d'H. (ainsi mes parents ne peuvent pas vérifier la réservation, ou la décommander, ou…) Le petit voisin de cinq ans fête son anniversaire ce jour-là, dommage je ne le savais pas (j'aurais prévu une bougie), il est invité le soir, ma mère lui parle à travers le grillage, H. m'avouera plus tard que c'est le moment où il a eu le plus peur d'une fuite. (Ce que nous craignons, c'est que si mes parents se doutent de quelque chose, ils refusent de venir.)

Se préparer à partir, sans précipitation, s'habiller un peu, mais pas trop. H. coupe court: on prend notre voiture, oui, une seule voiture. A. est chargée d'envoyer des sms à ses frères de minute en minute, nous ne savons pas si les sms arrivent à destination, la réception est mauvaise au château. Nous décidons du lieu où tous les invités doivent se réunir pour attendre les héros de la fête (dans le château, sur la pelouse? Finalement ce sera en bas sur la terrasse. A. communique la décision.)
De quoi avons-nous parlé dans la voiture? Du Niagara, de la chute "le voile de la mariée" découverte en Amérique du sud, peut-être du Panama (où était-ce l'après-midi?), d'oiseaux ou d'araignées, rester calme, très calme. Les invités doivent descendre de la pelouse à la terrasse, soixante personnes, ça prend du temps, pourvu qu'ils soient prêts.

H. franchit la grille du château, traverse la cour, contourne le mur, arrive devant la terrasse noire de monde. Je suis impressionnée par la foule, je ne m'y attendais pas. «Oh, regardez, il y a déjà un mariage», s'est exclamé ma mère.
Puis elle a reconnu une personne, puis une autre.
Mes parents sont sortis de la voiture, souffle coupé.

Le reste comme dans un rêve, La gloire de mon père et Le château de ma mère, ou l'inverse.

J-1 Vouvray-Candé-Tours

Nous partons en voiture bleue (ie pas en roadster deux places mais en voiture familiale: nous avons prévu que A. nous rejoigne demain à Candé (pour justifier qu'étant trois nous ne soyons pas en voiture rouge) ce qui permettra le soir de ne prendre qu'une seule voiture pour notre fausse invitation au restaurant (pour éviter les hésitations, les doutes et la fuite) puisque nous ne serons que cinq (les garçons et ma sœur ont prévenu qu'ils n'arrivaient que dimanche, au désespoir de ma mère))1.

Arrêt à L'oiseau gourmandeur, le caviste préféré de H. qui cite Rabelais par cœur, achat de château Moncontour et de quelques bouteilles supplémentaires de Coudray-Montpensier (la légendaire crainte de manquer).

Pique-nique au bord de la route, arrivée au château, rangement des bouteilles au frigo, mise en place des tables (grands cercles en pastique, c'est amusant) et des chaises (plus fastidieux). La traiteur arrive pour mettre les nappes, pendant ce temps passage à l'intermarché de Chailles qui nous a préparé l'eau et les jus (je fais de la pub car ils sont très serviables: le magasin propose de reprendre ce qui n'est pas bu si on le ramène le lundi suivant), retour au château, mise au frigo, répartition des petits paquets de fruits secs sur les assiettes en suivant le plan de table. J'envoie mes ultimes recommandations par sms aux garçons (les pauvres! Heureusement qu'ils sont indulgents, ils ont conscience de mon stress) qui seront seuls ici demain à accueillir les invités pendant que nous jouerons la comédie auprès de mes parents.

Départ pour Tours où nous avons rendez-vous avec la responsable du syndic de propriété à 18 heures. Nous nous demanderons pourquoi elle voulait nous voir. Sans doute pour nous voir.
L'Indochine dit "Le petit Mao" (buffet au forfait où l'on paie en supplément ce qu'on laisse dans son assiette).
Hôtel. Nuit au frais, ce qui est appréciable en ce moment.




Note
1 : en donnant toutes ces explications sans doute incompréhensibles je me sens vraiment control freak. L'important est dans les détails.

Marcelle et Job

Matin en quatre de couple à 9 heures à Neuilly (Anne-Sophie, Isabel, Anne). Tour de l'île la Jatte pour profiter de la fraîcheur relative des arbres. Nous étions encore sur l'eau quand nous avons vu passer les avions pour le défilé. Je ne les avais jamais vus aussi bien — je ne les avais jamais vus IRL le jour J.
J'ai donc vu passer l'avion qui s'est trompé de fumigène (j'aime bien ce genre d'erreur, ça me permet de moins angoisser sur mes projets : rien n'est si grave).
Et aussitôt, bien entendu, c'est le côté sympathique des Français (si si), tous de rire et de s'emballer.

Plus tard j'ai pris le chemin des écoliers pour rentrer en utilisant l'application Michelin réglée sur "le plus court" (Waze ne fonctionne plus du tout. Sa seule obsession est de vous ramener sur les routes sans feu rouge pour aller le plus vite possible. Moi je cherche des rouges ombreuses pour me promener). J'ai donc vu passer les hélicoptères qui doivent venir du sud. Je suis passée devant la mairie de Thiais et dans des quartiers neufs sortis de terre. Travaux du tramway ligne 9. le Grand paris est en train de bouleverser la banlieue; je me demande s'il y a eu autant de chantiers autour de Paris depuis la construction des villes nouvelles dans les années 60.


La nouvelle chargée de catéchisme m'avait contactée début juillet, je lui avais dit ne pas pouvoir la rencontrer avant août (mais pourquoi la rencontrer? Je n'ai rien à lui dire), elle m'a rappelée il y a deux jours, de guerre lasse j'ai cédé, j'ai accepté de la voir aujourd'hui à quatre heures.
Sieste, voiture dans la chaleur écrasante, rencontre à l'oratoire de M***, frais. Il ne sort rien de cette rencontre bien entendu. Pourquoi ai-je une telle horreur des bons sentiments? Je n'aime pas les bons sentiments, je les redoute. Je ne veux que des actes, de l'organisation, de l'efficacité.
Une défense, sans doute.
Je ne supporte pas l'image du catho niaiseux.


C. arrive en fin d'après midi avec CS, que j'ai déjà rencontrée au concert Theo & the Hearts et qui entre-temps a acquis le statut de petite amie. Elle nous fait rire en prétendant appeler leurs futurs enfants Marcelle et Job, ce qui horrifie C. Je m'abstiens de faire remarquer que le seul Job que je connaisse est Job Getcha, archevêque des églises orthodoxes russes en Europe occidentale et me contente de commenter que ce sera plus facile à écrire en maternelle que Pierre-Emmanuel.

Nous passons une agréable soirée sur la terrasse, plus agréable que quinze jours avant où il avait vraiment fait trop chaud (j'avais eu peur que cela ne décourageât C. de revenir).
Je propose plutôt Marcellin et Félicien.
— Mes enfants ne porteront pas un nom de fromage!
— Fun fact : le St Félicien est produit à St Marcellin.
(ou le contraire, je ne suis plus très sûre).

CS possède un humour digne de celui de mon beau-père (les blagues pourries!)

Chaleur

Journée plutôt ratée, il faut le reconnaître, et je le regrette.

Mes beaux-parents voulaient passer pour fêter l'anniversaire de C. qui est venu avec deux amies, Charlotte et Myriam. Nous avons fait l'erreur de déjeuner sur la terrasse et nous n'avons pas tardé à avoir beaucoup trop chaud, sans avoir le courage de rentrer (réinstaller les couverts, etc.)
La conversation est restée languissante tout l'après-midi, Charlotte saignait du nez (j'aurais dû imposer l'eau oxygénée mais je n'ai pas osé), fallait-il jouer aux cartes? pas osé proposer non plus. Tout le monde avait plus ou moins mal à la tête, accablés de chaleur.


Point positif malgré tout : j'ai retrouvé au pressing ma robe grise japonaise que je me désespérais d'avoir perdue depuis avril.

Mes tantes

Ce soir j'ai appelé mon autre tante que je n'ai pas vue hier (c'est bête, je n'ai pas pensé que j'aurais pu la prendre en passant à Orléans. Cela lui aurait fait une promenade en décapotable). Elle a beaucoup parlé, principalement pour se plaindre de sa sœur aînée.

Que de malentendus entre les êtres. C'est impressionnant de les raconter chacune l'autre : je ne reconnais absolument rien dans ce que dit l'autre. L'une se plaint que l'autre ne sait pas prendre son temps, flâner dans les magasins, qu'il faut toujours rentrer le plus vite possible; l'autre se plaint que l'une est perfectionniste, toujours en train de trouver de nouvelles tâches, "lui met la pression" (dirait-elle si elle connaissait l'expression).

Agamben et Bartok

TG sur Saint Paul vu par Agamben. Le temps qui presse. Cela ressemble tant à Jacob Taubes. Constaté avec surprise que cela désarçonnait profondément mes compagnons de cours (au point que dans un autre TG les élèves ont refusé d'étudier le texte et ont parlé d'autre chose!) alors que cela m'est si familier. Je regrette d'avoir perdu ce début d'expertise, j'aimais lire cela.


Le soir, Le château de Barbe-Bleue à l'opéra Garnier : depuis que je l'avais entendu il y a quelques années au théâtre des Champs-Elysées, je voulais y emmener H.
Ce fut très différent dans la mise en scène, avec utilisation de la vidéo omniprésente jusqu'à en devenir gênante (c'est souvent le cas désormais). Beaux jeux de couleurs.
Je dois avouer que c'est surtout la deuxième œuvre qui m'a fascinée : la Voix humaine de Poulenc, une demi-conversation téléphonique, à laquelle je ne m'attendais pas, que je n'avais pas remarquée sur le programme. Epoustouflant.

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Le château de Barbe-Bleue :
le duc Barbe-Bleue : John Relyea Judith : Ekaterina Gubanova

la Voix humaine :
Elle : Barbara Hannigan

direction musicale : Ingo Metzmacher
mise en scène : Krysztof Warlikowski
décors et costumes : Malgorzata Szczesniak
lumières : Felice Ross
video : Denis Guéguin
chorégraphie : Claude Bardouil
dramarturgie : Christian Longchamp
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