Billets qui ont '2023-06-15' comme date.

80 ans

AG et 80 ans de la mutuelle.

— Vous êtes une mutuelle à contre-courant.
— Non, nous sommes une mutuelle singulière.

Bu trop de champagne.

Départ en catimini

Départ à la retraite d'une salariée. Départ à 67 ans : elle est fonctionnaire détachée, sa retraite n'est calculée que sur son salaire de base, hors "primes", donc elle part le plus tard possible pour optimiser sa pension.

Je mets primes entre guillemets car celles-ci n'ont pas la même nature que celles du privé: elles ont un caractère permanent — tant que vous êtes présent au travail: elles ne sont pas versées quand vous êtes en arrêt maladie, ou même — en vacances (ce qui fait qu'un des fonctionnaires de ma structure ne prend jamais de vacances et est d'une humeur exécrable). Peut-être que ce n'est pas vrai pour toutes les primes, peut-être que ça dépend de leur nom. Je suis désarmée devant cet imbroglio et je découvre des bizarreries tous les jours.

Les fonctionnaires ne cotisent que sur leur salaire de base (salaire indiciaire brut) et touchent une retraite proportionnelle. Cela signifie que durant leur vie professionnelle, ils supportent moins de prélèvements que les salariés du privé, mais une fois à la retraite, leur pension est plus faible. En clair, il leur faudrait cotiser volontairement sur leur partie "primes". Je suis toujours effarée de me dire qu'on demande aux fonctionnaires de se comporter comme des salariés américains. (NB: je présente des généralités, il y a beaucoup de cas particuliers. Par exemple, comme le salaire des professeurs ne comportent quasi pas de prime, l'écart de calcul de retraite avec le privé est inexistant (ou presque: je n'ose rien affirmer catégoriquement.))

Toujours est-il que les fonctionnaires de mon équipe restent jusqu'à être rayés des cadres, c'est-à-dire mis à la retraite d'office à 67 ans. J'en ai même une qui, s'étant arrêtée de travailler dix ans pour élever ses enfants et n'ayant pas tous ses trimestres pour une retraite à taux plein, a demandé à poursuivre au-delà. Elle aura 68 ans en juillet, elle part en décembre. Je sens qu'elle commence à peiner; les changements dans les modes de travail la désorientent mais elle reste une excellente technicienne.

Donc aujourd'hui, l'une des fonctionnaires partait à la retraite. Comme je suis très attachée aux rites, je lui avais demandé il y a dix jours si elle voulait qu'on organise un pot de départ à la retraite. Elle s'y attendait si peu qu'elle avait rougi et répondu oui.

Elle ne s'y attendait pas parce que c'est une vraie peste.
Je ne suis ici que depuis deux ans, mais durant ce court délai, elle a envoyé à la direction un mail odieux de dénonciation d'une collègue. Personnellement, à ce moment-là je l'aurais renvoyée dans son ministère d'origine (ce qui est l'équivalent d'un licenciement, ai-je appris sur Google); elle a simplement eu droit, sur mon insistance, à une lettre d'avertissement (j'ai appris au passage que le droit du travail privé s'applique aux fonctionnaires détachés (enfin, je suppose qu'il doit y avoir des subtilités)).

Depuis que j'ai annoncé qu'il y aurait un pot, certains sont venus me demander si c'était obligatoire (non), d'autres combien de temps il fallait y rester (un temps décent). D'autres m'ont dit qu'ils feraient le pot pour fêter son départ. On m'a (re)raconté qu'elle avait des poupées vaudou; aussi incroyable que cela paraisse, elle suscitait de la peur chez les agents les plus anciens qui la soupçonnaient d'avoir provoqué la mort de collègues (je vous jure qu'on m'a vraiment raconté ça. C'est si Jacques Yonnet.)
Bref, elle a dû entendre des commentaires et des conversations. Elle est venue en fin de semaine dernière me prévenir qu'elle ne voulait plus de pot car «elle n'aimait pas les hypocrites».

Elle est partie à trois heures, une orchidée et un bougainvillier dans les bras offerts par deux ou trois salariées charitables.

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J'ai fini la lecture de Terre inhumaine. Finalement l'aide que nous apportons aujourd'hui à l'Ukraine face à la Russie, c'est celle que nous n'avons pas accordée à la Pologne en 1945. A l'époque Staline avait jugé que l'Occident n'entrerait pas en guerre pour sauver la Pologne; aujourd'hui l'Occident compte sur l'Ukraine pour épuiser la Russie (ou plutôt se débarrasser de Poutine. Mais quid des oligarques?)

Cartes postales

Deux cartes postales m'attendaient ce soir.

Quand je me retourne pour regarder ce que j'ai réussi, ce qui constitue une différence par rapport à si je n'avais pas été là, je ne trouve pas grand chose: quelques années de vie sauvées pour la dernière chienne de mes parents qui aurait sans doute été piquée trop tôt si je n'avais pas été là pour conseiller la patience, cent mille euros d'arriérés et une rente mensuelle récupérés pour un dossier d'invalidité que j'ai défendu par hasard (cela ne faisait pas parti de mon poste, mais un administrateur de la précédente mutuelle me faisait confiance et m'avait envoyé un cas litigieux), quelques passants aidés au hasard des rues, le huit féminin du CNF dont j'ai patiemment instillé l'idée dans les vestiaires (mais ça n'a pas fonctionné à l'ANFA, sans doute par absence d'un entraîneur que le projet intéresse).

L'une des cartes postales trouvée ce soir constitue la preuve de l'une de ces réussites: avoir fait se rencontrer des personnes qui ne se seraient pas connues sans moi et qui sont devenues amies, entre elles, sans que je n'ai plus besoin de servir d'intermédiaire. Carte postale signée Aline et Tlön, l'une ayant déjeuné chez l'autre: je n'avais même pas conscience qu'ils en étaient à ce niveau de relations, et ils ont pris la peine de trouver une carte et de me l'envoyer. Cela me fait vraiment plaisir.


L'autre carte, c'est mon premier timbre Charles III.
En voyant le prix du timbre, je me rends compte que je n'avais aucune idée du cours de la livre. J'en étais restée aux francs, quand une livre valait autour de dix francs, si je me souviens bien.

timbre Charles III


Merci à tous les trois.

Le persil perce

Dans la série «Martine se met au jardinage», j'ai semé du persil. Je n'arrive plus à me rappeler si ça fait une semaine ou deux que je l'ai planté. J'avais retrouvé le sachet de graines quelque part dans la cuisine (là depuis deux ans), les avais mises à tremper quarante-huit heures (une journée de trop, je les avais oubliées) puis semées dans la jardinière à côté du pied qui a survécu à l'hiver.
Cela faisait beaucoup de graines, beaucoup trop de graines, de quoi ensemencer un carré de cinquante centimètres de côté, mais je me suis dit pour me rassurer qu'une graine ou deux allaient prendre sur cinquante (lorsque j'avais semé un "mélange de fleurs pour friche fleuri" acheté à Giverny, j'avais eu trois coquelicots).

Depuis, rien. Malgré ma surveillance attentive, rien, matin et soir.

Samedi matin, dix jours plus tard, neuf heures du matin, miracle, alors qu'il n'y avait rien la veille au soir, les premières pousses étaient sorties.
Du matin neuf heures au soir six heures, l'évolution est visible à l'œil nu (du moins je trouve, ce n'est peut-être que la fierté du jardinier):

persil samedi à 9 heures persil samedi à 18 heures


A neuf heures du soir dimanche, c'est carrément un succès.

persil dimanche à 21 heures


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