Stupéfaction et ravissement.

Je ne sais que dire sur ce film qui n'en dise pas trop. Au début j'ai pensé que c'était "simplement" un film sur des barges, des fin gelés, des obsessionnels qui à force d'obsession avaient réussi à faire quelque chose, selon le principe que n'importe quoi beaucoup et longtemps répété finit par devenir quelque chose.
Shepard Fairey était sympathique, Banksy carrément bon, c'était du street art, un film intéressant.
Et puis, à vingt minutes de la fin, le film se met à déraper sévère.

C'est l'histoire d'un type qui achetait des ballots de vêtements usagés pour cinquante dollars et revendait les pièces taillées un peu différemment quatre cents. Aujourd'hui il en fait autant avec "de l'art".
C'est l'histoire d'un type qui du jour où il eut une caméra entre les mains ne la lâcha plus («I respect passion»: je ne sais plus qui prononce cette phrase, peut-être Shepard Fairey ou Obey).
C'est l'histoire d'un type qui découvrit le street art grâce à son cousin, Space Invader, qui se trouva là au bon moment et qui... (no spoiler).

Je n'arrive pas à me souvenir du mythe dans lequel le créateur est de toute part dépassé par sa créature: pas Pygmalion, pas Frankenstein, mais quelque chose de ce genre, sachant que la créature, c'est O'Reilly, de La Conjuration des imbéciles.

Il faut aller voir ce film, pour l'accent frenchy de Thierry Guetta, pour l'histoire du street art (il est plus dangereux d'évoquer Guantanamo à Disneyland que de peindre des îles de rêve sur le mur israelien)... et pour la dernière partie.

Rien n'est très clair dans la conception de ce film: qui l'a fait (qui filme à partir du moment où ce n'est plus Guetta, s'agit-il de reconstitution après coup, "après l'histoire, quand on sait comment elle s'est terminée, ou tout a-t-il était filmé sur le vif?), pourquoi, qui sont les voix narratrices... Thierry Guetta, dans son rôle d'O'Reilly, semble y participer de tout son cœur. C'est la dernière étape (en date) de l'art contemporain.

Et Banksy est un extraordinaire artiste.



ajout le 31 décembre : Bon, zut, en y réfléchissant un peu, ce n'est pas tout à fait ce que je pensais (il suffirait de faire quelques vérifications Google mais je n'en ai pas envie). D'un point artistique c'est sans doute encore mieux, un film ayant plus de portée, mais je ne peux m'empêcher d'être un peu déçue: c'est moins méchant ainsi.