Billets qui ont 'Autant en emporte le vent' comme oeuvre.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ J'attends d'elle qu'elle me fournisse de jolies choses. Je la précède un peu, souvent : j'ai dans mes armoires des objets "mainstream" aujourd'hui qui étaient audacieux quand je les ai achetés, comme des talons très hauts ou des bottes montant au-dessus du genou (2001).
La mode est jolie depuis quelques années, fleurs et dentelles; malheureusement elle ne peut s'empêcher de mettre du mauvais goût (paillettes et clinquant et vernis bleu) dans cette joliesse, comme si elle avait peur de l'élégance.
Voilà : j'attends de la mode qu'elle soit élégante, et elle ne l'est pas toujours (je prédis un retour aux lignes des années 50, j'ai quelques robes ainsi, les passants dans la rue aiment beaucoup).
Ou alors amusante, en clin d'œil. J'attends qu'elle rappelle des souvenirs tout en faisant attendre l'été.
Finalement je compte beaucoup sur la mode (quand elle vous laisse tomber, qu'elle est moche à pleurer, vous ne trouvez plus rien en magasin.)
Je suis émerveillée par l'évolution des matières, la soie et le lin devenus grand public, les jeans qui ne rétrécissent plus,...
La mode masculine est un refuge quand la féminine délire trop, ses lignes et ses matières restent toujours sobres.
Mon idéal, c'est Swann («je ne trouve pas mes chapeaux, je les garde!») et Odette sortant au Bois (l'intérieur du poignet ou du col de son chemisier, je ne sais plus, une couleur mauve ou violette, l'élégance de ce qui n'est pas destiné à être vu mais ressenti. Il faut croire au rayonnement des objets inanimés (avez-vous une… etc))
Bref, j'aime bien la mode, pas pour la suivre, mais pour la surveiller et en profiter.

2/ Rarement. J'aime surtout les voir changer sous l'effet du vent. Je me rappelle nettement du jour où j'ai compris qu'ils bougeaient.

3/ Non, certainement pas. Si ce n'est pas du charlatanisme, c'est terrifiant.

4/ Oui, très facilement. Trop. Cela s'était arrangé après la naissance des enfants (modifications hormonales?), cela revient maintenant (ménopause?) Je peux me mettre à pleurer en voyant une mendiante dans le métro. C'est très embarrassant (heureusement personne ne remarque rien).

5/ Non.

6/ Bloguer. Lire. Apprendre des langues. Voyager.

7/ Euh... Séduire qui ? (on va dire des échecs potentiels: je n'imagine tellement pas que je pourrais réussir que je n'essaie même pas. De toute façon je ne sais pas comment on fait. Et puis je me rappelle une phrase d'Autant en emporte le vent: «Vous, une O'Hara, vous jeter à la tête d'un homme!» Voilà: on ne se jette pas à la tête des hommes.)

8/ Le tricot. Le point de croix.

9/ Oui puisque j'arrive à écrire quelque chose presque tous les jours.

10/ Avec schizophrénie: celui qui permet de dormir plus fait se coucher le soleil plus tôt, et inversement: donc je les espère en les redoutant.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Rarement. Mon trouble du langage n'est pas celui-ci, mon trouble du langage consiste à ne pas trouver mes mots, à m'interrompre au milieu de la phrase, à sauter d'un sujet à l'autre par associations d'idées (mes proches disent qu'il faut un décodeur pour me suivre), à remplacer un mot par un autre de façon aléatoire ou parce qu'ils ont un son en commun. Mon cerveau fait des sauts, surtout quand je suis fatiguée. Je suppose que ce trouble doit avoir un nom.

2/ Un peu. Mais je peux m'en passer.

3/ Une paire de boucles d'oreilles achetée à Mycènes. (Mycènes! Clytemnestre! Agamemnon! Electre, ma préférée!)

4/ Oui et non. Cela fait partie des livres que je n'ai pas envie d'ouvrir et que je ne sais pas refermer.

5/ Oui. En cinquième, la prof de biologie voulait relâcher une couleuvre, je lui avais dit que je m'en chargeais. Je l'avais emmenée dans une boîte de polistyrène (! quelle drôle d'idée) que j'avais entrouverte en cours de sport. La couleuvre s'était échappée dans le vestiaire. Je l'avais rattrapée à mains nues pendant que les autres hurlaient et elle m'avait mordue. Pendant deux à trois semaines je m'étais demandé (j'avais attendu) quelle maladie elle avait pu me transmettre.

6/ Je ne me pose pas cette question car j'ai l'impression que les éloges n'ont pas grand rapport avec moi, mais avec la marotte des gens qui en font: marotte de faire des éloges (par automatisme de manager ou de séducteur), marotte de faire mon éloge (marotte de qui est entiché de moi). Par conséquence je ne prends pas les faiseurs d'éloges suffisamment au sérieux pour juger du bien fondé de leurs compliments.

7/ Euh. Voyons voir… Un gâteau avec les voisins et un fauteuil à bascule tapissé main.

8/ Oui hélas. Je n'entends pas le rythme. Je ne peux pas danser, c'est une grande frustration. Ma voisine (voir ci-dessus) qui est prof de claquettes assure que cela s'éduque, mais elle arrive dix ans trop tard. Je ne vais pas me consacrer à ça maintenant, j'ai d'autres priorités.
Mais parmi mes regrets d'enfant, il y a celui de ne pas avoir pris des cours de rock à douze à quinze ans. J'étais d'une timidité maladive (qui se voyait peu, que je cachais bien, dont peu de gens appréhendent la profondeur aujourd'hui encore) et j'imaginais que tout le monde savait danser sauf moi. Ce n'est que bien plus tard que j'ai compris que tout le monde avait appris en pratiquant, qu'on ne se réveillait pas un matin en sachant danser (sauf quelques génies, comme d'hab).

9/ Sans doute que oui, mais pas de la manière dont on l'entend habituellement: je me moque d'avoir mauvaise réputation, mais je veux que ce soit justifié! Autrement dit, je n'ai pas envie qu'on m'attribue des choses fausses.
Les enfants citent à mon propos la chanson de Linda Lemay J'veux pas de visite: «Que les enfants demandent à leur mère "Est-ce-que c'est vrai qu'c'est une sorcière?"».
Par ailleurs, dans certaines circonstances, je pense à Rhett: «A condition d'avoir suffisamment de courage — ou d'argent— on peut vivre sans réputation.»

10/ Non!

Semaine 17

Samedi 19 avril

Levée état caoutchouteux. Tellement à la bourre qu'on a fini au chinois. Après-midi dans un gymnase de Ste-Geneviève-des-Bois. Dans les tribunes, un canapé et un fauteuil en velours râpé. Je m'endors dans le fauteuil. Il n'y a pas de micro, l'atmosphère est étrangement calme malgré le poc obsédant des balles, je dors. Plus tard, un père et son fils de huit ans jouent à la DS sur le canapé. Le père refuse de jouer en réseau, il ne veut pas se prendre une tôle, avoue-t-il en riant.
Il fait beau, la municipalité de Sainte-Geneviève a dû recevoir une dotation en tulipes. Elles sont magnifiques.

Dimanche 20 avril

On m'a laissé dormir. Je ne me souviens de rien.

Lundi 21 avril

Bêche et pioche. Ampoules. Chaque fois je pense à Martine, qui m'avait dit que l'un des passages qui l'avait le plus impressionnée dans Autant en emporte le vent (le film) était celui où Rhett saisit les mains de Scarlett venue lui rendre visite en prison et s'aperçoit aussitôt qu'elle a travaillé la terre et comprend qu'elle est dans la misère: les mains d'une vraie dame sont blanches et douces.

Mardi 22 avril

Je range l'étage en laissant tourner Out of Africa. Je connais si bien ce film que les dialogues me suffisent à voir les images. J'aime profondément la voix de Meryl Streep qui intervient en off dans la bande-son.
Mail de Thessalonique: c'est oui !
Corvée de pluches. Gratin dauphinois (du lait des pommes de terre de la crème, jamais de fromage). Beaux-parents.
Lorsque je fais remarquer à H. que nous avons dix-huit ans de mariage depuis la veille, il s'exclame avec conviction: «Putain!!!». Parfois j'aimerais avoir droit à des réponses de roman-photos (mais résisterais-je alors à la tentation de me moquer?)

Mercredi 23 avril

Dans le RER, malendus agaçants avec notre voisine de banquette qui veut à toute force faire la conversation. Elle suppose: «? Journée à Paris pour une sortie culturelle?» Euh non, pas exactement: j'abandonne les monstres qui vont voir Bienvenue chez les Ch'tis pour ensuite manger au MacDo puis lire des mangas à la Fnac jusqu'à six heures du soir. Je me tais, je ne veux pas l'horrifier. Me font rire et m'agacent, ces gens qui veulent construire des enfances parfaites à leur progéniture. Je veux lui donner du n'importe quoi et de la liberté, afin qu'elle se fabrique des souvenirs.
Le coiffeur me trouve une ressemblance avec Adeline, je ris, et encore plus en tapant ces lignes après avoir cherché une photo. Je regarde des photos de Gilardi dans Gala, et d'autres de J-Lo et de ses jumeaux (Rien de plus faux que ces photos, une mère de jumeaux ne ressemble pas à ça, et si elle y ressemble, c'est dommage). Je viens dans ce salon parce que les coiffeurs sont adorables. La shampouineuse est une jeune grosse blonde à la poitrine abondante, pas du tout 8e arrondissement, du genre à mettre en toute inconscience un soutien-gorge noir sous un haut rose trop transparent qui la boudine. Elle aussi est très gentille. J'aime les gens gentils, ils me rassurent, je peux traverser tout Paris uniquement pour retrouver des commerçants gentils (et puis il faut boycotter les cons).
Je passe à la librairie, mes livres sont arrivés, je commence dans Vie politiques le chapitre sur Isak Dinesen, l'écriture d'Hannah Arendt est toujours aussi concise. (Et ce soir, en vérifiant l'orthographe de "Meryl Streep", je tombe sur cette phrase extraordinaire de Wikipédia à propos de Karen Blixen: «Sa syphilis semble avoir été guérie de son vivant mais pourrait avoir été une cause de sa mort.»)
Vélib. Il fait beau. Arrêtée au feu devant l'Assemblée nationale, je contemple la Seine et les toits gris du Louvre qui flottent au-dessus des frondaisons des arbres le long des quais. Paris.
Trois livres dans les bacs de Gibert, je confonds Le Ranch de Flicka et L'herbe verte du Wyoming (zut) et je trouve Le Jeu de la dame en grand format. T. le connaît, ça me fait plaisir.
Cantine, rires, peine d'amour, vélos, côte, librairies, il faudrait sans doute que je recharge mon compte Vélib, ma carte ne me permet plus de retirer de vélo. J'arrive en retard chez Mariage.
Ma mère arrive ce soir, stress. Ne pas y penser.

Jeudi 24 avril

Journée dans le jardin. Epuisée à midi par une matinée de piochage, j'ai honte. Jardiner une journée n'est pas qu'une utopie d'emploi du temps, c'est également une utopie physique: je n'en suis pas capable.
Sieste. Je commence L'Aliéniste.
Je tonds malgré tout la pelouse l'après-midi. Peu de temps après, il pleut. Je coupe mes ongles très courts pour me débarrasser de la terre et des traces d'herbe (je découvre sur wikipedia des précisions kâmasûtriennes sur l'usage des ongles... (mdr)).

Vendredi 25 avril

Nous ne sommes pas retournées travailler au jardin. Perdu la matinée je ne sais comment, en parlant avec ma mère, je suppose (ou en l'écoutant). Nous ne nous sommes pas disputées, nous ne nous sommes pas disputées, elle n'a pas pleuré, tralala...
L'après-midi, maman veut rendre visite à une amie opérée à l'hôpital Pitié-Salpêtrière, elle craint de se perdre dans le RER, je l'accompagne. L'opération est impressionnante, ouverture de la boîte cranienne pour atteindre l'arrière de l'?il, un énorme bandage entoure la tête de l'opérée, on se croirait dans un film. Délicatement, la panseuse a laissé une oreille accessible. L'amie de maman n'a pas perdu son humour (assez remarquable vu les tribulations de sa vie par ailleurs). J'apprends que c'est elle qui m'a portée sur les fonts baptismaux en l'absence de ma marraine.
Nous rentrons de la gare à pied. Soleil. Maman part. Deux jours sans se disputer. Elle a même paru apprécier les périodes de délire que sont (souvent) les repas. A retenir des conversations du déjeuner: dans l'hémisphère sud, le soleil se trouve de l'autre côté de l'écliptique, il convient d'en tenir compte lorsque qu'on essaie de planter sa tente au mieux pour la sieste (souvenir d'un voyage de ma mère au Bostwana).
H. est rentré furieux d'un passage chez les revendeurs Apple rue du Renard: son écran 30 pouces vire au vert depuis deux ou trois semaines, en anglais le bug s'appelle "dancing pixels". Verdict: le défaut est connu, cet écran n'est pas réparé, les revendeurs en font l'échange standard, s'il n'est plus sous garantie, cela revient à en acheter un neuf... Une petite fortune. Quelques recherches sur Internet plus tard, nous trouvons la cause du problème et sa solution (c'est si bizarre que je l'écris ici, dans l'espoir de rendre service à quelques geeks égarés): l'écran chauffe trop, il convient donc d'en régler la luminosité et la bande passante (voir la réponse de Richard Jacobson ici (le 27 octobre 2005)), le logiciel de contrôle de l'écran se télécharge ici.
Je ramasse Le Jeu de la dame qui traîne sur la table du salon, H. l'a relu hier, je l'ouvre, je m'y plonge, je prépare du thé.
Je me demande si je vais bloguer ce soir, moins on blogue, moins on blogue, je ne sais plus si j'ai envie/le courage d'être sérieuse ou pas, par instants je voudrais ne connaître aucun de mes lecteurs pour me sentir libre de pondre soit des posts à mourir d'ennui, soit des posts total délire, mais je sais bien que les quelques personnes avec qui j'ai "naturellement" envie de discuter désormais sont toutes des blogueurs ? ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes avec toutes les autres (je m'ennuuuiiiie. Rien à leur dire).
Je décide de me plonger dans cette recension lacunaire, temps qui passe. Il s'agit d'écrire ou de cesser d'écrire. Il n'y aura pas, as usual, de juste milieu ("le sens de la mesure", dirait le psychiatre dans Mrs Dalloway).
Pendant que je tape ces lignes, H. et C. hurlent de rire en lisant les commentaires de ce post (si vous m'offrez le T-shirt trollesque des commentaires, je jure de le porter). C'est très geek, ce soir.

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