Amsterdam
Par Alice, mercredi 2 janvier 2013 à 23:34 :: 2013
A Roissy nous avions été arrêtés quatre kilomètres avant l'aéroport, cette fois-ci le TGV s'arrête peu avant Shiphol dans une grande odeur de brûlé. Je suppose que ce sont les freins, mais plus tard une annonce parlera d'une avarie au moteur.
Nous attendons. Je trie des photos, les renomme. Je perds la notion du temps.
Quarante minutes plus tard nous repartons lentement, nous nous arrêtons. Minutes immobiles. Annonce («Grâce au travail admirable de notre mécanicien nous pouvons repartir» (ce qui doit être vrai)). Le silence dans le wagon est impressionnant. Le train roule, s'arrête, repart, lentement. Les gens font des plans (descendre à Shiphol pour prendre un taxi?), le train accélère, nous avons plus d'une heure de retard, tout semble redevenu normal, nous arriverons à Amsterdam à qinze heures au lieu de treize heures trente.
Il fait gris mais doux. Taxi jusqu'au bed and breadfast. "Adrian" (je suppose, puisque c'est le nom du B&B) nous demande si nous étions dans le train qui a pris feu. What? Il nous explique que les Hollandais ont la passion des feux d'artifice et que certains ont fait partir des pétard dans un TGV qui a pris feu… Voilà qui explique pourquoi aucune motrice n'est venue nous remorquer, il y avait urgence ailleurs. Peut-être même que le moteur n'était pas touché, mais plutôt le secteur électrifié, ce qui expliquerait pourquoi nous nous sommes remis à rouler plus vite à partir d'un certain moment… enfin bref, nous ne saurons jamais.
Le choc de la maison dans laquelle nous entrons, ce sont les escaliers. Je tombe immédiatement amoureuse de ces escaliers impossibles, verticaux, presque des échelles, chaque marche permettant de ne poser que la plante des pieds. On comprend que la Flamande valse à cent ans si elle a monté et descendu toute sa vie des escaliers de ce genre.
Je pense aux échelles de meunier, ce qui correspondrait assez bien aux moulins du pays; notre hôte (landlord) penche pour une explication plus maritime: les architectes des maisons étaient des constructeurs de navire, ils ont pensé les escaliers des habitations comme ceux des coursives. Il est bavard (je pense à Philippe qui n'aime pas les B&B pour cette raison. Bah, c'est un peu ennuyant, mais c'est aussi amusant. J'aime autant savoir comment les gens vivent que visiter les musées. Les meubles passent par les fenêtres, et depuis quelques temps, les brancardiers n'ont plus le droit non plus d'utiliser les escaliers: les gens sont évacués par échelle de pompiers. Fun! (Je me demande s'il faut expliquer par les escaliers que les accouchements ont lieu si souvent à la maison en Hollande!)
Qu'avons-nous appris encore? Que si le vélo était si populaire, c'est peut-être parce que la reine Wilhelmine aimait faire du vélo («Elle se sentait sans doute libre, plus libre que dans ses landaus conduits par des cochers», nous confie notre hôte dont la projection psychologique me fait rire intérieurement), que c'était donc un moyen de locomotion aristocratique «tandis qu'en Turquie par exemple, c'est méprisé, parce que résersé aux pauvres, alors que chez nous c'est noble», et que les immigrés doivent apprendre la langue… et à faire du vélo, «ce qui lutte contre l'obésité». Cette dernière précision m'impressionne: apprendre à faire du vélo, signe d'une volonté d'intégration… Voilà qui est très fort, et un moyen comme un autre de lutter contre le tchador.
La chambre est au dernier étage, à côté du patio aménagé en cuisine/salon. Le frigo est rempli (lait, œufs, charcuterie, salade) à notre disposition; livres, DVD, la confiance règne (je suis si fatiguée de la méfiance française institutionalisée que je note la confiance partout où je passe. C'est sans doute ce qui me manque le plus au quotidien, cette douceur de faire confiance à ces contemporains).
Nous sortons, aller-retour dans la ville, il fait nuit, guirlandes de Noël, canaux. Je propose d'aller voir Jack Reacher. La caissière passe à l'anglais avec beaucoup de naturel, elle nous demande où nous voulons être assis, les places sont numérotées (ceci au titre des little differences). Tous les films sont en VO sous-titrés, et elle nous le dit avec une telle assurance que j'ai l'impression que c'est la règle, même pour la télé: le doublage en néerlandais serait-il inconnu?
C'était une erreur. Enfin, si le but était de voir un bon film, c'était une erreur. En revanche, s'il s'agit d'établir la liste des erreurs à ne pas commettre (la caméra qui s'arrête trop longtemps, le héros impassible, etc), cela peut être utile. On dirait un Clint Eastwood raté.
Dans le contexte de la tuerie de l'école du Massachussetts, ce film prend une autre dimension. Je suis surprise que sa sortie n'ait pas été différée.
Nous attendons. Je trie des photos, les renomme. Je perds la notion du temps.
Quarante minutes plus tard nous repartons lentement, nous nous arrêtons. Minutes immobiles. Annonce («Grâce au travail admirable de notre mécanicien nous pouvons repartir» (ce qui doit être vrai)). Le silence dans le wagon est impressionnant. Le train roule, s'arrête, repart, lentement. Les gens font des plans (descendre à Shiphol pour prendre un taxi?), le train accélère, nous avons plus d'une heure de retard, tout semble redevenu normal, nous arriverons à Amsterdam à qinze heures au lieu de treize heures trente.
Il fait gris mais doux. Taxi jusqu'au bed and breadfast. "Adrian" (je suppose, puisque c'est le nom du B&B) nous demande si nous étions dans le train qui a pris feu. What? Il nous explique que les Hollandais ont la passion des feux d'artifice et que certains ont fait partir des pétard dans un TGV qui a pris feu… Voilà qui explique pourquoi aucune motrice n'est venue nous remorquer, il y avait urgence ailleurs. Peut-être même que le moteur n'était pas touché, mais plutôt le secteur électrifié, ce qui expliquerait pourquoi nous nous sommes remis à rouler plus vite à partir d'un certain moment… enfin bref, nous ne saurons jamais.
Le choc de la maison dans laquelle nous entrons, ce sont les escaliers. Je tombe immédiatement amoureuse de ces escaliers impossibles, verticaux, presque des échelles, chaque marche permettant de ne poser que la plante des pieds. On comprend que la Flamande valse à cent ans si elle a monté et descendu toute sa vie des escaliers de ce genre.
Je pense aux échelles de meunier, ce qui correspondrait assez bien aux moulins du pays; notre hôte (landlord) penche pour une explication plus maritime: les architectes des maisons étaient des constructeurs de navire, ils ont pensé les escaliers des habitations comme ceux des coursives. Il est bavard (je pense à Philippe qui n'aime pas les B&B pour cette raison. Bah, c'est un peu ennuyant, mais c'est aussi amusant. J'aime autant savoir comment les gens vivent que visiter les musées. Les meubles passent par les fenêtres, et depuis quelques temps, les brancardiers n'ont plus le droit non plus d'utiliser les escaliers: les gens sont évacués par échelle de pompiers. Fun! (Je me demande s'il faut expliquer par les escaliers que les accouchements ont lieu si souvent à la maison en Hollande!)
Qu'avons-nous appris encore? Que si le vélo était si populaire, c'est peut-être parce que la reine Wilhelmine aimait faire du vélo («Elle se sentait sans doute libre, plus libre que dans ses landaus conduits par des cochers», nous confie notre hôte dont la projection psychologique me fait rire intérieurement), que c'était donc un moyen de locomotion aristocratique «tandis qu'en Turquie par exemple, c'est méprisé, parce que résersé aux pauvres, alors que chez nous c'est noble», et que les immigrés doivent apprendre la langue… et à faire du vélo, «ce qui lutte contre l'obésité». Cette dernière précision m'impressionne: apprendre à faire du vélo, signe d'une volonté d'intégration… Voilà qui est très fort, et un moyen comme un autre de lutter contre le tchador.
La chambre est au dernier étage, à côté du patio aménagé en cuisine/salon. Le frigo est rempli (lait, œufs, charcuterie, salade) à notre disposition; livres, DVD, la confiance règne (je suis si fatiguée de la méfiance française institutionalisée que je note la confiance partout où je passe. C'est sans doute ce qui me manque le plus au quotidien, cette douceur de faire confiance à ces contemporains).
Nous sortons, aller-retour dans la ville, il fait nuit, guirlandes de Noël, canaux. Je propose d'aller voir Jack Reacher. La caissière passe à l'anglais avec beaucoup de naturel, elle nous demande où nous voulons être assis, les places sont numérotées (ceci au titre des little differences). Tous les films sont en VO sous-titrés, et elle nous le dit avec une telle assurance que j'ai l'impression que c'est la règle, même pour la télé: le doublage en néerlandais serait-il inconnu?
C'était une erreur. Enfin, si le but était de voir un bon film, c'était une erreur. En revanche, s'il s'agit d'établir la liste des erreurs à ne pas commettre (la caméra qui s'arrête trop longtemps, le héros impassible, etc), cela peut être utile. On dirait un Clint Eastwood raté.
Dans le contexte de la tuerie de l'école du Massachussetts, ce film prend une autre dimension. Je suis surprise que sa sortie n'ait pas été différée.