J'ai appris que Marcheschi présentait son dernier livre aux Cahiers de Colette.
J'y suis passée. Il était en train de lire devant quelques personnes assises en cercle. Je n'en ai reconnu aucune derrière leurs masques, ou peut-être Finkelkraut — pas sûr.
J'ai tourné dans la librairie, j'ai acheté Les Perséides et je suis partie.


J'avais pris pour venir la ligne 1. Deux jeunes hommes écoutaient de la musique sur un téléphone, musique pas désagréable mais volume fort, beaucoup trop fort. J'ai attendu d'être à une ou deux stations de ma destination pour aller demander à celui qui tenait le téléphone, moi debout, lui assis: « Vous êtes sourd?»
Pas de réaction.
Je hurle dans son oreille «Vous êtes sourd?» et je m'aperçois qu'il est en train de me filmer en contre-plongée, moi au-dessus de lui.
Je sors mon téléphone et je le prends en photo.
C'est alors que je remarque qu'il est sans masque: tel est pris qui croyait prendre, moi anonyme, lui exposé.
Il me dit qu'il est cinéaste, qu'il va sortir un film.
— Ah? Je vais vous mettre sur Twitter, c'est quoi votre nom?
— Sur Twitter, carrément? (Il paraît incrédule comme s'il n'était pas possible que je connaisse). Je m'appelle Eliott.
Un dialogue s'engage, la rame s'arrête, une place se libère, il se pousse: «Asseyez-vous si vous voulez discuter».
Mais en fait non, je ne veux pas, je m'assois, je sors mon livre (là pas de bol pour eux ou pour moi, un Balzac en Pléiade c'est vraiment intello, je me sens un peu con — mais pas sûr qu'ils se soient rendus compte que mon livre était un peu risible).
— Ah, alors on prend nos livres?
Et ils sortent chacun un livre. Eliott propose de prendre un selfie de livres, je n'arrive pas à voir le titre du sien, un poche écrit par une femme, sur la quatrième de couverture un personnage comme Mauser ou Macuder; son pote lit… L'Assommoir.

Eliott
Eliott