Pas de messe le Vendredi Saint (je ne le savais pas).
Ce qu'aura vraiment changé mon cours d'allemand du vendredi matin, ce sont les deux heures de bibliothèque avant. Deux heures, ce n'est rien, mais ça change tout, deux heures tranquilles entre les livres à réfléchir, à songer, à me perdre. Il fait très beau aujourd'hui.
Je circule entre les rayons, enregistre du regard des usuels (s'ils sont "usuels", c'est que nous devrions tous les avoir tous lus, non?), constate une fois de plus que les livres de la bibliographie ne sont pas empruntés (tant mieux pour moi (c'est tout de même très mystérieux, suis-je la seule à utiliser la bibliothèque?)), cette fois-ci une grande partie de la bibliographie n'est pas accessible aux étudiants de mon niveau (les livres sont dans une autre bibliothèque qui ne nous est pas ouverte à moins d'une dérogation par notre professeur — je ne vais pas me faire remarquer à ce point-là ), je photocopie quelques pages de la Septante (notes sur la traduction de l'hébreu au grec),
chapitre 8 de
L'Ecclésiaste.
Travail avec la concordance. "Devenir" n'apparaît jamais dans
Qohélet.
Je pense à C. qui m'a dit hier soir, à sa classique façon étourdie (ce garçon ne pense-t-il jamais à ce qu'il dit? C'est étonnant, de ne pas apprendre la prudence à ce point-là ): «jouer Ã
un jeu flash c'est inutile, mais pas plus que de faire de la théologie»; j'y pense en me disant que j'ai échangé le mépris de mes parents contre l'indifférence de mes enfants et que cela m'est désormais, à moi aussi, très largement indifférent.
Tout aussi inutile? Oui, certes, mais je doute que le néant dans lequel on fond et se fond en jouant à un jeu flash apporte autant de bonheur apaisé que la sensation de rejoindre une pensée millénaire, à la fois à sa source et dans l'étendue de temps qui a séparé cette source du moment présent, cette conversation ininterrompue de penseurs commentant l'indicible: «Qui est comme le sage? Qui sait expliquer quelque chose?»
Allemand (cours). Libanais (restaurant). Bureau. Je continue à résorber du retard en attendant mardi de me mettre sérieusement à calculer le montant de l'IS et rédiger la liasse fiscale (je dois contacter l'huissier pour organiser les votes à l'AG. Je ne sais pas ce que je dois lui demander. Réserver les salles, commander le café (ce que j'aime le moins dans mon boulot: commander le café. Tout ce qui est intendance me submerge)).
Je sors tôt et vais voir
Queen of Montreuil. (Je devrais peut-être reprendre une carte UGC, finalement.) La fin est un peu bâclée (trop rapide), mais il y a de beaux moments. Jeu sur les langues. Désarroi du veuvage. (Ça m'agace, cette obligation que nous aurions de nous consoler vite. Quand sera-t-il officiellement reconnu que la dernière chose que souhaite une personne en deuil, c'est se consoler vite? Nous avons le droit d'avoir du chagrin longtemps, zut à la fin!)