Une histoire simple : faut-il interdire ce film au plus de 50 ou 60 ans?
Par Alice, mercredi 15 mai 2013 à 22:04 :: 2013
Ou plus généralement à toute personne ayant un être aimé en train de vieillir, et finalement de mourir?
Le film débute par quelques minutes qui montrent la vie quotidienne, puis c'est l'accident cardiaque et l'entrée en maison de retraite.
C'est à ce moment-là que j'ai entendu derrière moi: «Je me demande si c'est un film pour nous», et en tournant un peu la tête, j'ai aperçu deux femmes élégantes aux cheveux blancs.
Choc de l'entrée en maison de retraite, description qui rejoint les témoignages directs que j'ai reçus; puis, toujours concordant avec ce que j'en connais, les habitudes, les plis, les amitiés, l'apprivoisement réciproque, ce monde totalement étranger qui devient quotidien.
C'est bien sûr aussi, ou surtout, la gratitude d'une famille pour une femme qui a vécu à son service pendant soixante ans.
J'ai pensé à Kieslowski, surpris d'être apprécié hors de Pologne, qui disait qu'il avait compris un jour qu'avoir mal aux dents ou être amoureux, c'était la même chose partout sur terre, et qu'il était donc possible de faire des films pour les hommes partout sur terre.
Ce film montre que vieillir prend des formes très similaires dans les villes occidentalisées.
A la fin du film, les deux femmes derrière moi reniflent. Elles parlent de France Inter, qui selon elles aurait raconté n'importe quoi en n'ayant vu que quelques minutes du film. Je ne comprend pas si elles regrettent de l'avoir vu ou pas, elles sont profondément touchées par la relation entre les deux personnages principaux, la vieille domestique et le garçon qu'elle a élevé et qui était son préféré.
In petto je me dis que si ce film décrit un miracle, ce miracle est le sentiment de reconnaissance de cet homme envers la vieille femme, cette façon naturelle d'envisager un bienfait comme le retour naturel, spontané, inévitable, d'un bienfait («elle a pris soin de moi, je prends soin d'elle»).
Non, la gratitude ne va pas de soi. Comment se nomme le contraire d'oublier, le fait de continuer à penser à quelqu'un (non, pas se souvenir, se souvenir, c'est penser à quelqu'un dans une situation ou un état passés), le fait de continuer à prendre soin et se préoccuper même lorsque cette personne n'est plus là au quotidien? Comment s'appelle le contraire de "Loin des yeux, loin du cœur"? C'est cela, l'amour?
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Agenda : dernier cours sur l'islam, un peu houleux. La prof rappelle que la première condition du dialogue est l'écoute (non, elle ne parle pas des chrétiens et des musulmans, mais des élèves de la classe).
Je me rends compte que le dialogue inter-religieux ne m'intéresse pas vraiment: ce n'est pas la religion de l'autre qui m'intéresse, mais l'autre, la personne, sa vie, ses soucis, ses rêves. Sa religion par contrecoup, mais pas en objet premier.
Le film débute par quelques minutes qui montrent la vie quotidienne, puis c'est l'accident cardiaque et l'entrée en maison de retraite.
C'est à ce moment-là que j'ai entendu derrière moi: «Je me demande si c'est un film pour nous», et en tournant un peu la tête, j'ai aperçu deux femmes élégantes aux cheveux blancs.
Choc de l'entrée en maison de retraite, description qui rejoint les témoignages directs que j'ai reçus; puis, toujours concordant avec ce que j'en connais, les habitudes, les plis, les amitiés, l'apprivoisement réciproque, ce monde totalement étranger qui devient quotidien.
C'est bien sûr aussi, ou surtout, la gratitude d'une famille pour une femme qui a vécu à son service pendant soixante ans.
J'ai pensé à Kieslowski, surpris d'être apprécié hors de Pologne, qui disait qu'il avait compris un jour qu'avoir mal aux dents ou être amoureux, c'était la même chose partout sur terre, et qu'il était donc possible de faire des films pour les hommes partout sur terre.
Ce film montre que vieillir prend des formes très similaires dans les villes occidentalisées.
A la fin du film, les deux femmes derrière moi reniflent. Elles parlent de France Inter, qui selon elles aurait raconté n'importe quoi en n'ayant vu que quelques minutes du film. Je ne comprend pas si elles regrettent de l'avoir vu ou pas, elles sont profondément touchées par la relation entre les deux personnages principaux, la vieille domestique et le garçon qu'elle a élevé et qui était son préféré.
In petto je me dis que si ce film décrit un miracle, ce miracle est le sentiment de reconnaissance de cet homme envers la vieille femme, cette façon naturelle d'envisager un bienfait comme le retour naturel, spontané, inévitable, d'un bienfait («elle a pris soin de moi, je prends soin d'elle»).
Non, la gratitude ne va pas de soi. Comment se nomme le contraire d'oublier, le fait de continuer à penser à quelqu'un (non, pas se souvenir, se souvenir, c'est penser à quelqu'un dans une situation ou un état passés), le fait de continuer à prendre soin et se préoccuper même lorsque cette personne n'est plus là au quotidien? Comment s'appelle le contraire de "Loin des yeux, loin du cœur"? C'est cela, l'amour?
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Agenda : dernier cours sur l'islam, un peu houleux. La prof rappelle que la première condition du dialogue est l'écoute (non, elle ne parle pas des chrétiens et des musulmans, mais des élèves de la classe).
Je me rends compte que le dialogue inter-religieux ne m'intéresse pas vraiment: ce n'est pas la religion de l'autre qui m'intéresse, mais l'autre, la personne, sa vie, ses soucis, ses rêves. Sa religion par contrecoup, mais pas en objet premier.