Billets pour la catégorie 2024 :

Insomnies

Réveillée à trois heures du matin. Est-ce le trop grand silence du lieu, l'angoisse de savoir que mon boss est rentré et va être seul une semaine avec mon équipe (que va-t-il inventer? Envie de tout plaquer et rentrer, tant je ne lui fais pas confiance), l'excitation des bons résultats du club au championnat de France?

Quatre heures que je lis ça et là, que je prends des notes sur la semaine passée. Il faudrait sans doute écrire au lieu de prendre des notes sur ce qu'il faut écrire, mais à force de ne plus écrire je ne sais plus écrire — comme à force de ne plus lire je ne sais plus lire: je m'embourbe dans le dernier quart du Collier de la reine, je ne comprends plus les allusions, j'ai peur de la fin puisque je sais que la reine va mourir — pas dans ce livre, mais dans l'Histoire. Dumas est complotiste, il fait de la Révolution le résultat d'un complot de Cagliostro. Je n'arrive plus réellement à lire cela.

Sept heures. Le jour se lève. Je vais me recoucher.



PS : j'ai trouvé l'origine de l'insomnie. Hier soir j'ai pris en dessert un affogato al café. Avec ça je suis sûre de ne pas dormir 24 heures.

De Pau à Ay***s

Nous n'avons rien vu à Pau.

Hier, pendant le dîner, j'ai réservé deux places au Gueuleton. Ce matin nous avons pris tout notre temps, puis nous sommes allés déjeuner dans ce restaurant. J'avais ensuite pris un rendez-vous indispensable pendant les vacances: un rendez-vous chez le coiffeur pour «faire les racines», car je déteste autant les racines que j'aime avoir les orteils à l'air.
Ayant ainsi décidé de perdre allégrement le temps précieux des vacances, j'ai lu deux ou trois Paris-Match, avec des photos de Léon Marchand et Charlène de Monaco (c'est décidé, à Noël je demande un abonnement à Paris-Match, c'est toute mon enfant, mon amour des robes sans manche (d'où l'importance du bronzage sans tee-shirt) est directement issu de Jackie Kennedy-Onassis dans Paris-Match); j'ai posé des questions sur les palmiers de la place et la neige paloise (quelques centimètres deux heures dans l'année. Les palmiers résistent.)

Pendant ce temps, H. a expérimenté le funiculaire entre l'esplanade et la gare et a tourné dans la ville.

Nous sommes repartis pour Ay***s (dans la vallée d'Aspe), but de notre voyage. Je me suis invitée chez une amie de collège pas revue depuis trente ans. Elle poste si souvent des photos de la montagne devant ses fenêtres que je voulais voir. Elle habite l'ancien presbytère accroché à la paroi. On entre au niveau de la cuisine, les chambres d'hôte et la terrasse sont un niveau au-dessous, sa chambre un niveau au-dessus: «il y avait les pièces du curé, en dessous la jument et au-dessus le fenil.» Ici la brume s'accroche aux montagne et on peut être trois jours sans voir le soleil.

Nous prenons l'apéro en terrasse. Sonnailles des cloches et cris des hirondelles, fort bruit d'eau: un torrent alimente une centrale qui permet aux villages de la vallée d'être autonomes en éléctricité. «C'était pareil en eau, on avait la source; mais maintenant on va avoir un compteur et payer plus cher.»
Elle raconte ses aventures de propriétaire de gîte. On est loin des anecdotes attendrissantes et des récits «les gens sont merveilleux». Il en ressort le portrait d'une vie précaire, dépendante du moindre incident économique, la douche en panne ou la télécommande de la télé cassée. A côté de cette précarité il y a des avantages en nature inestimables, comme son compagnon logé sur les terres d'un vignoble bordelais ou son fils dans les vergers des puneaux d'Agen.
Le gîte semble tout juste à l'équilibre financier; l'hiver, c'est un gouffre à chauffer. Elle complète ses revenus (un tiers de retraite pour un départ de fonctionnaire très anticipé suite à un «accident de la vie») en salant des fromages. «— Tu as les mains dans quel état? Tu mets des gants? — Non, ça va. On nous donne des gants mais je fais ça à mains nus.»

Nous avons joué à retrouver la dernière fois que nous nous sommes vues; peut-être pour les 65 ans de René, en 1996. Elle venait de se marier, n'avait pas encore son troisième. Elle a passé quatre ou huit ans à Mayotte (je ne sais plus); en revenant elle s'est installée huit ans comme sage-femme libérale, elle ne supportait plus l'hôpital. «J'attends 67 ans pour toucher la retraite de cette période. Ça va faire combien? Cinquante euros par mois?» Elle nous raconte les visites à domicile, le nombre de kilomètres parcourus. «—Je n'imagine pas ce que tu fais, il y a beaucoup de travail? — Ça n'arrête pas. Les visites avant pour rassurer, après pour le suivi de couches, les monitorings… A Mayotte, les routes étaient tellement mauvaises qu'elles accouchaient toutes dans le camion.»
Elle nous prépare une mixture dans un Thermomix: myrtilles congelées et un peu de crème ou d'eau, je ne sais. Cela produit une pâte assez lisse et délicieuse.

Je ne sais plus ce que nous avons raconté. La lune était pleine ou presque. Dans la boîte à livre j'ai récupéré un Glauser.

De Bergerac à Pau

Promenade au bord de la Dordogne avant de partir pour Pau. La ville n'en finit plus de célébrer Cyrano qui apparaît à tous les coins de rue.

Hésitation sur la route à suivre. Je choisis Duras, simplement pour le nom.

Visite du château. Il a ceci d'émouvant que son état actuel est le fruit de la persévérance du village entier, d'abord pour l'acheter, ensuite pour le rénover, enfin pour le faire connaître; tant et si bien qu'il y a cinq ou six ans le prince de Monaco a visité le lieu en lien avec ses ancêtres.
C'est une bâtisse qui par son plan carré et ses quatre niveaux est plus grande qu'il n'y paraît et nous terminons la visite vers une heure de l'après-midi, ce qui est tard pour un diabétique. Repas léger sous les arcades (du type smoothie bio et légumes lait de coco — je me moque, mais aussi du snobisme qui consiste à se moquer, car en réalité ce genre de plats est souvent délicieux et digeste) et achat de tongs de compétition en vente en face — les dernières achetées à Sisteron étant devenues importables à force d'être détendues (mes deux obsessions de l'été: avoir les orteils à l'air et bronzer — des jambes et des bras, sans marque de tee-shirt).

Nous repartons. Traversée des landes dans leur extrémité orientale, déviation et détour, nous sommes seuls, il fait beau. Nous avons recapoté pour nous protéger de la chaleur.
Soudain coup de volant. Je me réveille, H. vient de redresser la voiture qui traversait la route, je me suis endormie en conduisant.
C'est toujours le même phénomène, le glissement de la réalité au rêve avec une puissance du rêve telle qu'il me semble être éveillée. Sommeil profond, je ne me suis rendue compte de rien, je n'ai même pas lutté. H. sera très élégant, il n'en reparlera pas.

Nous voyageons au jugé, attirés par les noms: Casteljaloux, Cazaubon, un diabolo-menthe à Aire-sur-l'Adour. Arènes, publicité pour des courses de taureaux ou de vachettes — est-ce de la vraie corrida? Ici comme à Bergerac, parcours sur la libération de la ville. J'aurais bien visité Nérac, je serais bien passée à l'abbaye de Flaran que j'ai aperçue à l'ouest sur une carte, mais nous avons rendez-vous demain soir dans la vallée d'Aspe et ne sommes pas très sûr des difficultés devant nous: ce n'est pas si loin, mais si cela devient vraiment montagneux, nous n'irons pas vite.

Pau. J'imaginais cette ville dans les premières contreforts des Pyrénées, je suis surprise de la trouver presque dans la plaine. Le Béarn. D'Artagnan et Henri IV. Ça me fait plaisir.
Quality hotel Centre Bosquet. Les deux hôtesses de l'accueil sont charmantes et nous recommandent sans hésiter deux restaurants quand nous leur demandons une adresse.
Nous sortons. Rues piétonnes animées, moustiques voraces, palmiers nombreux. Lundi soir: première adresse (le Gueuleton) fermée, deuxième adresse (Ô petit Pau) fermée. Il est vingt heures, nous reprenons notre ronde. Les terrasses sont pleines, les touristes en déroute (dont nous) se font éconduire, un, deux, trois restaurants, tout est réservé, il n'y a plus de places, ou pas assez de serveurs ou pas assez de cuisiniers: il manque du personnel partout.

Nous finirons par échouer dans un restaurant indien, d'abord à l'extérieur puis à l'intérieur quand la nuit deviendra trop fraîche. A la table d'à côté, un homme entre militaire et garde du corps raconte à sa compagne (est-ce un premier rendez-vous?) le faux attentat organisé par Mitterrand contre lui-même. Il explique que l'attentat contre Trump est tout à fait invraisemblable: «un tireur d'élite atteint sa cible à deux kilomètres, alors à cent cinquante mètres, c'était impossible de le rater».

Quand nous rentrons, j'allume la télé. Delon est mort hier. Nous voyons les dernières minutes de Plein soleil. J'ai lu le livre (Monsieur Ripley) mais jamais vu le film.

De La Roche Posay à Bergerac

Nous faisons un tour dans la Roche-Posay. C'est une ville de cure et deux maisons sur trois, sur quatre, sont des locations. «Vins et charbon», commente H. au dixième panneau (référence au bouclier Arvenne d'Astérix) — et au onzième, et au douzième, etc.
Cela a pour conséquence qu'il y a peu d'hôtels. Le nôtre est l'hôtel de l'Europe, à peine à l'écart, suffisamment pour être calme.

Confluence de la Creuse et de la Gartempe. Canards blancs ou oies? Du haut du parapet ce n'est pas clair.

Bellac. Nous arrachons de haute lutte une place dans un pub à Guinness (chic, une Guinness): le couple suivant est refusé. Manque de personnel en cuisine, donc le nombre de tables a été restreint.

La maison natale de Giraudoux (il y a passé un an environ) accueille un musée intelligent à base de numérique qui permet de découvrir rapidement la vie et l'œuvre de Giraudoux. C'est amusant et bien fait, parfois impressionnant, comme la mise en scène de photos et vidéos des tranchées.

H. souhaitait visiter Oradour-sur-Glane. Ce fut donc l'étape suivante.
Les parkings étaient pleins. L'entrée est souterraine et passe sous la chaussée. Un travail de collation de photos pour donner des visages aux vicitmes est en cours. Les portraits nous accompagnent dans notre accès au village entouré de murs. A ma surprise, c'est peu surveillé, ou alors très discrètement: ni gardien ni caméra visible. Ils ne craignent pas les grafittis, les dégradations ou les vols?
Le site est très bien entretenu; l'herbe est rasée même à l'intérieur des ruines, les briques sont scellées pour tenir. Cependant, je ne comprends pas bien ce que je vois. Je ne comprends pas comment les murs ont pu être détruits ainsi (réponse trouvée plus tard: non par bombardement mais par incendie).
Nous déambulons, les anciennes boutiques sont identifiées, garagiste, bar, coiffeur,…; ici et là, une plaque pour indiquer qu'un groupe d'hommes a été isolé. Nous allons jusqu'à l'église, puis jusqu'au cimetière. Retour. H. est très affecté. Je me dis une fois de plus qu'il a beaucoup moins lu que moi; je suis toujours surprise de ce qu'il paraît découvrir.

Ce n'est que le soir que je réalise que ce que je viens de voir, si organisé, si efficace (les hommes fusillés par groupe, les femmes rassemblées dans l'église), reprend la destruction des villages de Pologne ou Lithuanie. Un tour sur Wikipédia permet de confirmer cette hypothèse. La stupeur de la France devant Oradour marque aussi son incapacité à reconnaître les massacres à l'Est, par indifférence ou par ignorance.

Le responsable est Heinz Lammerding, que l'Allemagne a refusé d'extrader et qui a fini tranquillement sa vie comme entrepreneur.
Il y a à Oradour des appels aux dons pour entretenir le site. Il me semble que l'Allemagne devrait participer, ne serait-ce que pour avoir protégé ce général.

Hôtel près de la gare, promenade dans Bergerac, difficulté à trouver un restaurant sans foie gras ou confit de canard, ce qui par trente degrés ne fait pas envie.

De Moret à La Roche-Posay

Comme chaque année, anniversaire de papa avec les enfants.
Maman a préparé un magnifique pavlova, avec le seul défaut de ne pas supporter (ne pas pouvoir porter) de bougie. Je suis interloquée d'être la seule à avoir apporté un cadeau. Que se passe-t-il, après Noël sans paquet ni sapin, un anniversaire sans bougie ni cadeau? Ce manque de respect des rites, qui permettent de fabriquer des souvenirs, finit par m'inquiéter. Nous avons encore oublié de faire une photo.

Nous sommes décidément trop bruyants; nous nous disputons trop vite pour rien; je crois que nous fatiguons mes parents. Peut-être qu'il ne faudra pas revenir tous ensemble, perspective triste, ou alors que nous fassions des progrès en zénitude — très improbable, mais il faudrait essayer, il y aurait obligation à essayer.

Nous avons fait nos calculs d'itinéraire et prévu d'avancer le plus possible dès ce soir. Nous partons avant vingt heures pour La Roche Posay. La route est droite, belle, elle passe par le zoo de Beauval que j'imaginais je ne sais pourquoi en bord de Loire.

Le réveil contrariant

Dimanche 4 août, nous avons acheté un réveil, au prétexte qu'il était beau: une sorte de boîte en bois, sans trace, où s'inscrit magiquement l'heure en gros chiffres lumineux style années 70.

Le mardi suivant (latence habituelle), H. l'a branché dans la chambre. Insupportable, trop lumineux. Le mercredi, il a donc réinstallé le vieux radio-réveil (trente-cinq ans qu'il est chez nous, le plus vieil appareil électro-ménager de la maison) et descendu le réveil au rez-de-chaussée. Cependant, du fait que nous n'avons pas de mur, le réveil éclaire le plafond à travers l'escalier: chaque soir il accomplit donc un quart de tour afin que sa face lumineuse soit contre l'étagère, et chaque matin dans l'autre sens.

Il indique l'heure, mais sans être branché sur l'horloge internationale, il faudra donc le régler deux fois par an — il indique la date, mais à la mode américaine, 08:12 — il indique la température : aujourd'hui en fin de journée la température atteignait 27° au rez-de-chaussée, pièce que nous réussissons habituellement à conserver à 23°.

En semaine je suis à Paris, et ces derniers jours, comme je partais bientôt en vacances, je suis rentrée tard tous les soirs; le week-end, un jour sur deux, je suis au planeur. Ce n'est donc que la deuxième fois qu'à 20h40, j'entends sonner le réveil.
Lorsqu'il l'a réglé, H. n'a jamais réussi à l'empêcher de sonner.

Farniente

Trop chaud pour faire du canoë (il aurait fallu être sur l'eau à l'heure où nous nous sommes levés). Marché à Fontainebleau. Préparation de notre semaine de vadrouille en tentant d'établir les grandes étapes, suffisamment larges pour ne pas être stressés et se permettre des écarts.

Terminator I et II. Le II est vraiment très bon.

Cérémonie de fin de JO sans grand intérêt.


L'armée ukrainienne est entrée en Russie depuis cinq jours.
Un site d'information russe ou ukrainien;
un projet qui envisage le démentellement de la Russie et organise le futur. Je ne savais pas qu'un tel projet existait.

Zen

Il fait chaud aujourd'hui. Pas de vent.
Une heure vingt en l'air, en s'étant éloignés un peu trop du terrain (en s'étant éloignés davantage que je n'en aurai le droit lorsque je serai lâchée solo):
— On est à quelle distance du terrain?
— Euh je ne sais pas, environ huit kilomètres…
— Prend ta carte. Trouve des points remarquables sur ta carte, puis regarde le terrain.

Je déplie la carte. Je transpire tellement que mes mains détrempent le papier qui se déchire aux plis.
— Euh, ça doit être Souppes, on est à 13 km.
— Ça fait combien en finesse 10?
— Euh, 1300 m, plus 400 m pour le tour de piste, ça fait 1700.
— Donc il nous manque 600 mètres pour rentrer. (Nous sommes à 1100 mètres d'altitude.) Et en finesse 201?
— 13 km, ça fait 1300 divisés par 2; 650 mètres plus 400 pour le tour de piste, 1050 mètres.
— Donc c'est bon. Mets cap sur le terrain, on prendra des ascendances si on en trouve sur le chemin.

Nous en avons trouvé.
— Mais pourquoi tu penches la tête? On n'est pas en moto.
Je ris. — C'est pour aider le planeur.
Alors je me suis souvenu qu'il fallait arrêter de gigoter. J'ai inspiré, expiré, j'ai arrêté de bouger (je bouge tout le temps un morceau de corps, les doigts, les pieds, les fesses; je suis tout le temps sous tension), je me suis concentrée pour me détendre, je me suis fait sac de farine. Le planeur s'est stabilisé.
Je vais pouvoir m'entraîner au sol: me détendre, ne pas bouger, rester en alerte: bref, méditer.
Tout ça pour ça.

J'ai atterri en arrivant trop haut («tu as sorti les AF puis tu n'as plus rien fait»), l'instructeur a fait un rattrapage de plan brutal en piquant vers le sol; il paraît que j'ai fait un bel arrondi.

Le soir, à nouveau restaurant à Montigny. J'ai un coup de soleil multiple sur les épaules et le dos. H. a testé la pavolva. Je sens que cela va devenir un rituel d'après planeur.



Note
1: la finesse représente la capacité à planer. Finesse 10, un planeur parcourt 1000 mètres en descendant de 100 mètres. C'est la finesse que l'on nous demande d'utiliser lors de nos premiers vols solo. Cela permet de prendre en compte nos erreurs de pilotage.
Là, l'instructeur prend sur lui de nous ramener en finesse 20.

Paralympique

Je pensais que la flamme restait jusqu'en septembre, jusqu'à la fin des jeux paralympiques.
Eh bien non, pas du tout.

Explication trouvée sur Twitter :
Normalement dimanche à la cérémonie de clôture on l'éteint.
Ce n'est pas le même comité qui organise les jeux paralympiques.
C'est d'ailleurs pour ça que ça s'appelle "jeux paralympiques" et non pas "J.O. para" le terme "JO" étant une marque déposée par le CIO.

Dernier jour avant les vacances. Je termine tard. J'ai l'ambition de travailler en cachette (c'est-à-dire sans envoyer de mail) pendant deux semaines : je suis trop dérangée au bureau pendant l'année pour faire du travail de fond.
Reste à voir si j'aurai le courage de mes ambitions.

Une pavolva

Ciel voilé, les ascendances sont faibles : deux vols, de vingt et quinze minutes. Nous réussissons à rester en l'air, mais pas à monter. Je commence à comprendre que je gigote beaucoup trop: je pertube le plané.

Deux atterrissages soit deux occasions d'expérimenter de nouvelles erreurs: sortie d'AF trop tardive, sortie d'AF trop complète (d'où descente trop rapide. Sentiment d'impuissance quand je me retrouve trop près du sol: en planeur, ce n'est pas rattrapable, il est trop tard), pente trop forte («il est comment, ton plan?» Mais comment oser avouer que je ne suis pas tout à fait certaine de ce qu'est le plan?)

Discussion avec un vélivole de passage entre la Guyane et la Réunion où il retourne s'installer:
— Et il y a du planeur, à la Réunion?
— Non, c'est beaucoup trop petit. Ça fait 70 km, on ne peut pas se vacher, la lave est coupante comme du silex.
— 70 km? Tu veux dire que ce n'est pas plus grand que la Seine-et-Marne?

Je n'avais jamais réalisé que c'était si petit.

Le soir, H. passe me chercher. Je suis très fatiguée. Après une bière au club nous aboutissons dans un restaurant à Montigny (le restaurant de Montigny) où je déguste une fantastique pavlova.
En rentrant je titube de fatigue.

Tous les barbus en robe se ressemblent

Je me suis levée très tôt pour repasser en écoutant des podcasts. J'ai lancé Les enjeux internationaux, du plus récent au plus ancien.
Ils se sont enchaînés: le désastre Biden, les émeutes au Kenya, l'éternelle catastrophe au Darfour puis pourquoi Al-Qaïda appelle ses fidèles à se réunir en Afghanistan.

Et je suis tombée des nues en réalisant peu à peu qu'il y avait trois groupes, les Talibans, Al-Qaïda et Daesh (l'Etat islamique) que je mélangeais allègrement en pensant que tout cela était plus ou moins la même chose: des islamistes détestant l'Occident et mettant les femmes sous bâche.

C'est à la fois plus compliqué et plus clair que cela.

Je note donc ici quelques points fondamentaux dont je n'avais pas conscience et auxquels je n'accordais aucune importance (écoutez le podcast, ça prend douze minutes):
- Al-Qaïda a deux ennemis: d'abord l'Occident (surtout les USA) et ensuite les chiites (les Iraniens, pour faire vite).
- Les Talibans soutiennent Al-Qaïda. L'Afghanistan reste un sanctuaire pour Al-Qaïda.
- Les ambassades fonctionnent à Kaboul. Les Talibans ont le même ennemi que nous: l'Etat islamique. Il y a une vraie convergence d'intérêts.
- Les Houthis (les pirates qui pillent les bateaux au large de l'Afrique) sont chiites. Ils viennent du Yémen.
- L'Etat islamique «reste fondamentalement sur un programme de génocide des chiites» alors qu'Al-Qaïda infléchit sa ligne, sans doute parce qu'il est basé en partie en Iran.
- Entre l'Etat islamique (Daesh) et les Talibans, c'est la guerre absolue. La première chose que les Talibans ont faite quand ils sont entrés dans Kaboul, c'est assassiner tous les membres de l'Etat islamiste qui avaient été emprisonnés par les Américains et qui étaient encore en prison.
- Le Hamas est «extrêmement sunnite».

Je ne sais pas si tous ces points étaient clairs pour tout le monde, mais pour moi, ce fut une découverte.

Hiérarchie des ennemis:
- Al-Qaïda, d'abord les pays occidentaux. Stratégie: déstabiliser par des attentats les relations entre pays occidentaux et pays autoritaires arabes.
- But de l'Etat islamique: prendre le pouvoir et faire disparaître les frontières internationales.

Peace and love

J'ai fini par prendre de la codéine au milieu de la nuit. Depuis qu'une masseuse thaï m'a écrabouillé (terme de l'ostéopathe) le nerf sciatique en avril, ça ne se remet pas. La douleur me réveille la nuit, que je dorme sur le côté gauche (dans ce cas j'appuie dessus) ou droit (dans ce cas le poids du genou fait levier). J'ai essayé de dormir avec un oreiller entre les jambes mais je n'y arrive pas vraiment.
Il reste à plat ventre — mais je ne tiens pas longtemps — ou à plat dos mais je m'étouffe.
Le matin je me lève lentement, la douleur passe dans la journée quand les muscles sont chauds. Il ne reste qu'une présence — mais je fais attention lorsque je me lève après une longue posture assise: parfois la douleur inattendue me fait crier. Ça fait désordre.

En faisant des recherches, j'ai trouvé Peace & Love qui m'a fait rire.

Je recopie pour le jour où le lien deviendra inactif :
P : PROTECTION - Cesser toutes activités provoquant de la douleur lors des premiers jours.
E: ÉLÉVATION - Soulever le membre atteint le plus souvent possible, de sorte qu'il soit plus haut que le cœur.
A : ANTI-INFLAMMATOIRES À ÉVITER - S'abstenir de prendre des anti-inflammatoires et d'appliquer de la glace.
C : COMPRESSION - Installer un bandage élastique, ou encore mieux un taping compressif, pour réduire le gonflement initial.
E : ÉDUCATION - Enseigner les bonnes pratiques afin d'éviter la surinvestigation médicale, la surmédication et les modalités passives inutiles.
&
L : LOAD - Quantifier son stress mécanique en intégrant de la mise en charge et du mouvement, sans occasionner de douleur.
O : OPTIMISME - Etre confiant et positif; conditionner son cerveau en vue d'une guérison optimale.
V : VASCULARISATION - Faire des activités cardiovasculaires pour irriguer les tissus endommagés et augmenter leur métabolisme.
E : EXERCICES - Favoriser un retour à la normale de la mobilité, de la force et de la proprioception en adoptant une approche active

C'est plutôt pour les entorses, et à bien y regarder c'est du bon sens : de l'exercice mais pas trop, en se laissant guider par la douleur, un optimisme mesuré, pas de surmédication ni de radios IRM scanners à foison.

Tant pis. Trois mois que ça dure. Je me souviens qu'en 2017, ce qui avait guéri mon dos, c'était l'ibuprofène.
Tant pis pour Peace & Love, je passe aux anti-inflammatoires une petite semaine.
On va bien voir.

Combien de personnes pour changer l'ampoule ?

Dans la série «tout se délite» (tout part en couille), l'ampoule des WC a rendu l'âme il y a deux ou trois semaines déjà.
Qu'à cela ne tienne, vous direz-vous, elle ne va tout de même pas faire un post sur une ampoule.

Sauf qu'impossible d'allumer la moindre ampoule après changement d'icelle.
Plusieurs tests avec plusieurs ampoules: rien.
H. a descendu son multimètre; testé les ampoules: OK; testé les fils sortant du mur: catastrophe.
Je n'ai pas bien suivi, mais apparemment le problème ne serait pas qu'il n'y ait pas de courant mais qu'il y en ait trop: du 50 volts même quand l'interrupteur est fermé, une terre qui ne ferait pas terre, des risques importants d'incendie. Il faudrait trouver quel fil est branché sur quoi, mais c'est assez difficile sans casser le mur.

Donc tout est resté en l'état. Un électricien est passé, n'a pu que faire les mêmes constatations que H., sans trouver davantage de solution. Les WC étant situés au bout d'un couloir qui est quasi un cagibi et lui-même ayant une porte, on allumait la lumière du couloir et basta.

Sauf qu'une amie et son fils doivent venir à la fin du mois. Il faut donc pouvoir fermer la porte. Un coup d'amazon et hop, H. a commandé un néon qui fonctionne sur batterie et un détecteur de métaux permettant en théorie de suivre le chemin des fils dans le mur (je ne comprends absolument pas comment cela peut fonctionner: "voir" les fils à la rigueur, mais distinguer lequel est lequel...)

Le néon reste allumé 18 secondes en absence de mouvement. Le résultat est assez intime (curioser and curioser).

néon sur batterie

Fin du suspens

Je viens d'apprendre grâce au Monde que le 18 juillet les groupes devront se constituer à l'Assemblée nationale, et dans le même mouvement se déclarer majoritaire, minoritaire ou d'opposition.

Dommage, la valse-hésitation qui devenait très amusante va prendre fin. Ce sera l'heure de vérité. Au soir du 18 juillet nous saurons qui dîne avec qui.
Une rumeur insinue que le RN ne serait pas représenté au bureau de l'Assemblée. Il me semble que ce serait une erreur et irait à l'encontre de la constitution.

Voir également les fiches 8 et 9 dans «Connaissance de l'Assemblée».

Courbatures

Au réveil, j'ai tout le haut du corps, du bas des omoplates au haut des cervicales, pris dans une immense courbature, un seul énorme bleu. Etirements prudents et massage à la friction de Foucaud.

La nouvelle qui nous attend est celle d'un attentat raté contre Trump. Celui-ci est touché à l'oreille, mais vivant. Je pense aussitôt à une mise en scène, mais touché à l'oreille, c'est beaucoup trop risqué: Trump aurait pu être tué.
H. est catégorique: ce sont les Russes.
— Mais s'ils l'avaient tué?
— Ça leur est égal, tout ce qu'ils veulent, c'est le chaos.

Trump façon Van Gogh après sa blessure à l'oreille


Journée calme. Marché à Fontainebleau, déjeuner au Mexicain, sieste.
Encore un week-end bien peu productif (je devais repasser, écrire des lettres de motivation, rempoter des plantes, classer des papiers, tester Condor, etc.)
Je lis Le collier de la reine, j'écoute Hannah Arendt pour me désintoxiquer des séries.

En vrille

Planeur. Il fait terriblement gris mais le soleil finit par percer comme promis.

Aujourd'hui cours sur la vrille — non pour apprendre à en faire, mais pour apprendre à (s')en sortir quand on s'y met par erreur.

Nous montons au maximum (le plafond aujourd'hui, c'est-à-dire la base des nuages, est à 1400 m), T. prévient à la radio que nous allons faire des exercices de vrille et vérifie dix fois qu'il n'y a personne sous nous: «j'ai toujours peur qu'un planeur nous rejoigne en nous voyant tourner».

— Donc pour commencer tu te mets aux grands angles d'incidence...
Késako? Je devrais sans doute le savoir mais je ne comprends pas et je n'ose pas le dire. Interprétant le mot «angle», je pousse vaguement sur le manche pour incliner le planeur.
— Non, tu te mets en limite de décrochage. La vrille, c'est un écoulement dissymétrique en limite de décrochage. Tu es prête? On y va.

Piqué vers le sol digne des plus violentes montagnes russes. La tête s'enfonce, le corps s'écrase, je ferme les yeux.
— Donc tu remets le manche au neutre et tu appuies sur le palonnier à l'extérieur du virage. Tu as compris?
Euh oui, non, je n'ai rien compris du tout, je ne sais plus où je suis, totalement désorientée.

— Bon, je le refais une fois, puis ce sera à toi.
Hein, quoi, comment ça, à moi? Bon, il faut que je garde les yeux ouverts.
Une fois, deux fois. Ce n'est pas parfait, mais ça va mieux. Le problème c'est que ça va vite et que je réagis lentement.
La dernière fois, nous plongeons très vite, je vois la terre se jeter à ma figure et je sens distinctement mes cervicales faire un S (comment est-ce possible?) en s'enfonçant dans mes épaules.
Lorsque nous reprenons le cours normal du vol, j'ai l'impression d'être très éveillée, comme sortie d'un bain.

Atterrisage raté. «Tu m'as fait un virage à plat. C'est comme ça qu'on se tue. Et tu as rentré les aérofreins, alors qu'on était trop haut.»
Oui, bon, j'l'ai pas fait exprès, c'est quoi, un virage à plat? (Réponse: au palonnier seul) Ah, et le plan, c'est la hauteur par rapport au sol: «plan, vitesse, trajectoire; plan vitesse, trajectoire. Tu ne penses qu'à ça, ça va finir par rentrer».

T. a été très accomodant, il m'a fait refaire deux atterrissages supplémentaires (des «tours de piste»):
— Ce que je te dis là, ce n'est pas valable avec tous les planeurs, mais avec le K21, c'est pratique. Tu vises ton point d'aboutissement avec le manche et tu ajustes ta vitesse avec les aérofreins. Tu affineras avec le temps.

Bref, j'étais rincée en rentrant le soir. H. revenait de chez sa mère (ça y est, la pension de reversion est en place) et avait traversé de nombreux villages dans une ambiance de flonflons.
Nous sommes donc allés faire un tour sur la place et nous avons mangé les deux dernières chipolatas (plus de merguez).

Conversation ministérielle

Jordan : — Mais j'veux pas de Marocain moi !
Marine : — Un maroquin, Jordan, avec un Q.
Jordan : — Je veux pas de son cul non plus, merde !

Source

Comique de situation

Nous avons une assemblée en trois tiers: les RN qui font moins que prévu du fait du barrage républicain (ça me rassure: 65 à 70% du pays ne veut pas du RN, ça paraît acquis), le NFP (Nouveau Front Populaire) qui proclame qu'il a gagné sans qu'il soit possible de connaître la part de voix gagnées par ledit barrage, le centre (Ensemble) qui sauve les meubles.

Twitter est fascinant. Ça s'écharpe parce que Macron ne nomme pas de premier ministre, mais la gauche ou la droite sont incapables de proposer un nom. En réalité, il leur faut Emmanuel Macron pour avoir un ennemi contre lequel se structurer. Quand il dira quelque chose, ils pourront être contre. Sans lui ils sont perdus.

Par ailleurs j'ai cru comprendre qu'il fallait attendre que les groupes politiques soient constitués à l'Assemblée Nationale pour nommer un premier ministre. Tout cela est assez confus, il faudrait des connaissances précises en droit constitutionnel que je n'ai pas et que je ne sais où trouver.

C'est un beau bordel. C'est plutôt fun.

************************

Europe : Bardella a rejoint le groupe d'Orban pro-Poutine au parlement européen.

L'ONU s'est décrédibilisée un peu plus en acceptant une rencontre avec les Talibans selon leurs conditions (pas de femme afghane présente pour représenter la société civile).

Iran : le réformateur Masoud Pezeshkian a remporté l’élection présidentielle iranienne, le 5 juillet, avec 53,6 % des voix, devançant de près de 3 millions de voix son rival ultraconservateur, Saïd Jalili. Il a pu nommer l’ancien ministre des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif conseiller diplomatique, lui qui avait mené l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 avec les EU, le RU, l’All., la France, la Russie et la Chine, ce qui laisse espérer une reprise des négociations.

Epiphanie

Levée tôt ce matin. Tandis que je surfe sur FB, je tombe sur cet article : France is bacon. La France, c'est du bacon.
Eh bien voilà. Ce matin, c'est une possibilité comme une autre : la France, c'est du bacon.


article de Reddit: France is bacon

Quand j'étais petit, mon père m'a dit : «Knowledge is power 1, Francis Bacon». Je compris: «Knowledge is power, France is bacon.»
Pendant plus de dix ans je me suis interrogé sur le sens de cette deuxième phrase et sur le lien surréaliste existant entre les deux. Si je citais à quelqu'un «Knowledge is power, France is bacon», il hochait la tête d'un air entendu. Ou si quelqu'un prononçait «Knowledge is power» et que je complétais «France is Bacon», il ne me regardait pas comme si j'avais dit quelque chose de très étrange mais approuvait pensivement. Je demandais à un professeur ce que voulait dire «Knowledge is power, France is bacon» et j'eus droit à dix minutes de conférence sur la partie «Knowledge is power» mais rien sur «France is bacon». Quand j'encourageais une explication supplémentaire en interrogeant «France is bacon?», je reçus un simple «oui». A 12 ans, je n'avais pas l'assurance nécessaire pour insister davantage. Je finis par l'accepter comme quelque chose que je comprendrais jamais. Ce n'est que des années plus tard en le voyant écrit que la lumière se fit.

Réponse de Lard_Baron à une question sur Reddit en 2011: «Quel mot ou quelle phrase avez-vous compris totalement de travers quand vous étiez petit?»


Note
1 : La connaissance, c'est le pouvoir.

Ça plane

Journée au planeur. Belle journée, une heure vingt en l'air (il faut partager avec les autres élèves), des varios à 3 ou 4 (et des "dégueulantes" de même).
Marc, qui a le même âge que moi, me rappelle qu'il a été "lâché" (lâché solo: seul dans son planeur) au bout de cinquante heures. Cela me rassérène: j'en suis à peine à trente. J'aimerais être lâchée en septembre mais ce sera sans doute trop tôt.


champ de blé en Seine-et-Marne


Je rentre après huit heures. Hervé a installé le simulateur Condor, il faut que je le teste. Il nous manque un élément que j'ai rangé à Noël: impossible de remettre la main dessus. Ce n'est pourtant pas si grand ici.
Le député sortant de la circo est réélu. L'ambiance est à une sorte de soulagement ou demi-soulagement, le RN fait moins que prévu, le groupe Ensemble (l'ensemble Ensemble) plus, la gauche hors LFI a de bons résultats.
Comment dire? Ça m'est égal, pour moi quelque chose est perdu, a déjà été perdu. Je vois régulièrement écrit "l'échec d'Emmanuel Macron" et je ne comprends pas de ce qu'il s'agit: son échec, c'est de ne pas avoir plu? c'est d'être détesté? c'est le démolissage systématique des médias? ou c'est d'avoir organisé un retour au travail (formation, moins d'aide au chômage, retraite plus tard)? On parle de promesses non tenues, mais lesquelles? Que la vie reste difficile? (premier précepte de Bouddha)

Je sais bien ce qui est un échec pour moi: les personnes qui n'ont pas de logement, les working poors, ceux qui travaillent et ne peuvent pas se loger et se vêtir.
Mais je doute que ce soit de cela que parlent ceux qui parlent d'échec, qui généralement ont un toit et mangent à leur faim. Ce n'est pas vers ceux qui ont moins qu'eux que se tournent leurs regards, du moins je n'en ai pas l'impression.

Conversation de bistro

Levée au lever du soleil pour aller coller. Je sais, ça ne sert pas à grand chose, ça use ma désespérance. Ça permet de prendre des jolies photos : canal du Loins, 5h52.

canal du Loing, Ecuelles, 05h52


Buvette de la gare :
— On est mal, hein. Tu es inquiet?
— Il n'y aura pas d'émeutes. Les quartiers ne bougeront pas. Ils s'en foutent. Tant qu'on ne touche pas au bizness, ils s'en foutent.

Conversation de café. Ce n'est pas de la sociologie. Cependant elle provient de quelqu'un qui croise beaucoup de monde et qui auparavant été éducateur pour les jeunes de banlieue.
Il devient urgent de toucher au bizness.

Tard le soir, tournée des panneaux pour les photographier. Le week-end dernier, le RN avait recollé le samedi, durant le "silence républicain".
Il faut des preuves. Mais même avec des preuves, personne n'est puni. Sinon, Marine Le Pen serait en tôle pour détournement de fonds et escroquerie.
Je n'ai plus de mots.

Air du temps

Les articles de cette page me paraissent intéressants.

——————

C'est ce twittos qui résume le mieux ce que je pense :
Synthèse 1er tour des #legislatives2024

« C’est la faute des immigrés » 34%
« C’est la faute des riches » 29%
Liberté économique, responsabilité individuelle, moins d’Etat, 0%…
——————

Et enfin, enfin, je trouve cette photo tard le soir, que je récupère aussitôt comme signe de la folie des temps: des femens en train de manifester seins nus pour le Hamas… Ont-elles la moindre idée de ce qu'est le Hamas?
Je ne sais pas où c'est, peut-être en Grande-Bretagne puisque la twittos est anglaise.

Femen seins nus manifestant pour la Palestine


Commentaire de la twittos : «Point de vue: vous êtes un groupe religieux ultra-conservateur qui rencontrez vos plus fervents supporters occidentaux.»

Un commentateur ayant ajouté une ineptie sous ce billet, je mets en ligne en son honneur cette photo d'autres illuminés:

manifestants LBGTQ pour la Palestine

Sécurité

— Je ne comprends pas cette histoire de sécurité. De quoi parlent-ils? Des attaques au couteau dans les parcs tous les trois mois? Tu crois qu'il y en a plus qu'avant? On en parle plus, mais est-ce qu'il y en a plus?
— Dans mon expérience, puisque c'était mon boulot, et selon les stats, il s'agit d'incivilités. Les gens supportent de moins en moins les incivilités: les tags, la voiture rayée, le gosse qui bouscule dans la rue… bref, il veulent revenir à ce que c'était il y a cinquante ans.
— Et ils pensent vraiment que le RN pourra y faire quelque chose?

Une recherche sur les incivilités plus tard, voici un lien sur la théorie du carreau cassé ou Broken windows: The Police and Neighborhood Safety.

Pour ma part, j'en tiens plutôt pour la fermeture des écoles et la disparition des bureaux de poste. En Seine-et-Marne, le vote «classique» (de PS à LR) suit la Seine et les lignes de chemin de fer. Dès qu'on s'en éloigne, ça vote RN, c'est connu depuis longtemps. La Seine-et-Marne est le troisième département dans le classement des déserts médicaux et je peux témoigner que la plupart des routes du centre Seine-et-Marne sont en zone blanche.


Les triangulaires sont nombreuses. Le centre traité hier de fasciste est aujourd'hui appelé à faire barrage aux fascistes.
Logique, non ?

les centristes qualifiés de fascistes sont appelés à faire barrage au RN

Un silence assourdissant

Je suis dans une circonscription particulière: en 2022, c'était la seule de Seine-et-Marne qui ne présentait pas de candidat LREM. J'ai donc l'habitude d'être hors du circuit. Cependant, les soirs d'élections, nous suivions de minute en minute sur les boucles Telegram et les groupes WhatsApp les résultats des dix autres circonscriptions, les annonces de fin de dépouillement de chaque bureau pour essayer de consolider les scores avant la préfecture. C'était brouillon, effervescent, on n'y comprenait pas grand chose (les résultats réels se découvrent le lendemain dans la presse), mais c'était vivant, humain.

Ce soir, c'est le silence. Pas un message. Je réussis à avoir les résultats de notre circo via un contact chez les LR. Rien pour les autres. Quid d'Hadrien, de Franck, de Michèle?
Quand on est dans le jeu, c'est différent, la politique s'incarne: je pense au travail acharné, aux attachés parlementaires licenciés au moment même de l'annonce qui ont travaillé bénévolement pendant trois semaines, à l'espoir, à la fatigue. Ne pas céder au découragement. C'est un processus ingrat, les résultats ne sont pas proportionnels au travail déployé sur le terrain. Dans la décision individuelle de chaque électeur, il y a une dimension "air du temps", une autre "enracinement", une troisième "ras-le-bol, changeons tout", etc.

J'essaie de connaître les résultats de Shannon Sheban face à Mathilde Panot, les résultats de Dupont-Aignan: rien.

Mélenchon appelle les candidats NFP arrivés en troisième position à se désister (j'attends de voir sur le terrain: la réalité, c'est que vous ne pouvez obliger personne à faire ce qu'il ne veut pas, se présenter ou pas est une décision individuelle); Edouard Philippe appelle à se désister en faveur des candidats NFP s'ils ne sont pas LFI (mettant ainsi le parti communiste à droite de LFI).
Il y a peut-être eu d'autres annonces dont je n'ai pas eu vent.

Ne vous y trompez pas : nous sommes partis pour un RN président en 2027 (l'effet Obama-Trump). Les Polonais on mis huit ans à se débarrasser de leur gouvernement d'extrême-droite. Cela ne va pas vite. C'est le moment de faire preuve de résilience (et relire Histoire d'un Allemand d'Haffner).

——————

Remarque littéraire : cela me fait penser à Albert Savarus de Balzac, qui montre les calculs et les luttes d'influence souterraines dans une élection — et à quel point ça tient à peu de choses qui ont peu à voir avec l'intérêt général et beaucoup avec les passions humaines.

Dans l'après-midi, nous avons vu Furiosa, que j'avais très peur d'aller voir tant j'ai aimé Mad Max 4. C'est bien. Pas à la hauteur de Mad Max 4 (pas la dimension opératique), mais bien, cohérent.

Erreur sur les enjeux

J'ai entendu à plusieurs reprises Macron déclarer: «je veux réunir les Français». De Gaulle voulait, lui, gouverner au-dessus des partis.

C'est une erreur. D'une part la diversité des partis constitue l'essence des démocraties. Un seul parti ou pas de parti s'appelle une dictature. D'autre part, toute la difficulté existentielle, comme dirait Fredi M., est de vivre avec les personnes avec qui on ne s'entend pas. Vivre entre potes est facile, la difficulté est de vivre avec ceux qu'on ne supporte pas.
C'est cela qu'il faut apprendre à l'école et en famille pendant l'enfance; organiser au travail et dans la vie politique dans le monde des adultes.

Cela passe par la politesse et le sens de la décence, la common decency d'Orwell.
Et donc au lieu de vous mettre la traditionnelle bagarre d'Astérix, je vous mets ceci, à méditer:

En quoi peut-on parler de réussite économique à propos de Macron ?

C'est la question que la Souris me pose en commentaire d'un précédent billet. Cela me laisse perplexe tellement la réponse me paraît évidente et me fait toucher du doigt une fois de plus à quel point le gouvernement au pouvoir a été nul en communication sur ses réussites.

Réussites, dans un contexte de gilets jaunes, de Covid et de guerre d'Ukraine :
- chômage au plus bas depuis quarante ans
- croissance plus forte que l'Allemagne et le Royaume-Uni depuis 2018
- inflation plus faible que nos voisins
- réindustrialisation (création d'entreprise et hausse du nombre d'emploi)
- investissements étrangers en hausse (= attractivité de la France)
le tout accompagné d'excellents résultats en terme de décarbonation.

Les étrangers ne comprennent pas la grogne des Français. Je vous mets un tweet d'Alex Taylor (Je ne traduis pas : prenez le texte sur Twitter et copiez le dans Google traduction)

tweet d'Alex Taylor sur la réussite économique de la France


Je vais mettre en ligne un certain nombre de graphiques collectés au cour du temps. Vous pouvez également vous abonnez à la newsletter Vie publique pour des articles courts regorgeant de sources vérifiées ou à la bibliothèque des rapports publics (mais hélas, pas assez de temps pour lire tout cela).

Pour info : avec un clic droit sur les photos on peut les agrandir dans un onglet à part.

mai 2024 - comparaison du taux d'inflation en Europe prix de l'énergie pour les entreprises en Europe fin 2022 inflation, chômage, pauvreté: la France fait mieux que l'Europe


Concernant la retraite à 64 ans, je rappelle qu'il y a un certain nombre de trimestres à valider en plus d'atteindre l'âge de départ à la retraite (peut-être que pour vous ce n'est pas 64 mais 65 ou 66 ans, gniak gniak). Par ailleurs, si vous avez des enfants tard, il est probable que vous souhaiterez travailler jusqu'à la fin de leur scolarité (je m'adresse à une population privilégiée, je sais. Mais "mes" lecteurs ne sont pas défavorisés, même s'ils peuvent être râleurs). Ce qu'il faudrait surtout, ce sont des recruteurs qui n'aient pas l'âge de nos enfants: évidemment que pour eux nous sommes des croulants pénibles — puisque nous leur rappellons leurs parents).

Deux graphiques, un sur la réforme des retraites, l'autre sur la réduction des inégalités en France après intervention de la redistribution sociale:

amélioration des petites retraites avec la réforme réduction des inégalités en France après redistribution sociale


Les années qui viennent de s'écouler sont également un succès au niveau de la décarbonation de l'économie, grâce notamment au nucléaire (attention aux candidats anti-nucléaires, le rejet de CO2 va repartir à la hausse).

émission de CO2- comparaison européenne index de la transition énergétique. La France première d'Europe


L'infographie suivante circulait le 2 mai, le gouvernement aurait dû en faire des affiches en 120x160 ou plus.

Attractivité, décarbonation, inflation : trois réussites françaises


Tout cela a été fait en silence, en travaillant jour après jour, malgré le Covid et la guerre d'Ukraine. On pourrait parler aussi du nombre de choses devenues plus simples, à commencer par les procurations, les inscriptions sur les listes électorales en cas de déménagement, la mise en place de maisons France Services (je le conseille tous les jours à des personnes maladroites sur internet), la mise à jour des cartes grises en ligne, le prélèvement à la source de l'impôt, l'utilisation de son compte personnel de formation, le repas étudiant à un euro, la simplification des formalités pour les TPE, etc, etc, des milliers de détails qui ont changé insensiblement la vie de tous les jours.

Je suis convaincue que quel que soit le parti qui remplacera Renaissance, il fera moins bien en économie et en redistribution (les deux sont liés: il n'y a rien à redistribuer s'il n'y a pas création de richesse, c'est-à-dire travail). Pas tout de suite, cela prendra deux ou trois ans durant lesquels il y aura des cadeaux, mais ensuite, quand la réalité rattrapera les rêves, il faudra se serrer la ceinture. Et comme toujours, ne vous faites pas d'illusions, ce sont les plus fragiles qui paieront les pots cassés.

(Amis parisiens, réjouissez-vous, si le NFP passe, il n'y aura pas de grèves de métro pendant les JO. Si le RN, il y aura plutôt un blocage généralisé. On va bien s'amuser.)

Ce qui m'ennuie le plus, c'est que Poutine a gagné.

Déprimant

Encore collé ce soir des affiches pour le député de «l'arc républicain» (en un mot, les sociaux-démocrates). Il fait beau, presque trop chaud après tous ces jours gris et pluvieux.

Déprimée en écoutant la radio: le RN serait en capacité d'avoir la majorité absolue, le NFP perd un point, Ensemble en gagne un autour de 20%.
Comment en est-on arrivé là? Je songe à Kozlika qui voyait en Macron un dictateur potentiellement capable de s'imposer pour un troisième mandat: ben tu vois, il s'est fait sepukku au milieu du deuxième.
Le problème est qu'il entraîne dans sa chute tous les normaux, les modérés, à droite comme à gauche (mais pourquoi les courants de la gauche ne virent-ils pas Mélenchon et les LFIstes? Ils redeviendraient fréquentables.)
L'histoire aurait pu retenir la réussite économique de Macron et sa détermination à internationale; il restera désormais comme le fossoyeur de la Ve République.

«La France est capable de sursaut», disent les Chinois. Cela pourrait-il encore être le cas? Boulanger, Poujade; Bardella pourrait-il lui aussi s'évanouir dans les brumes? Est-ce qu'il y a une tentation française régulière, mais toujours rejetée? J'aimerais me rassurer ainsi.

Je songe à cette phrase lue je ne sais plus où en 2022: «Et dire que si la France n'est pas encore d'extrême-droite, c'est sans doute parce que Marine Le Pen est une femme».

C'était sans doute vrai.

Voyage

Lever à 4h40 pour coller dans les communes alentour avant d'aller chez mes parents. J'adore voir le soleil se lever sur la campagne. La politique, c'est bien plus agréable quand il fait beau.

champ au lever du soleil vers Ville-Saint-Jacques


J'en profite pour coller des affiches anti-RN sur du collage sauvage. Tous les panneaux sont couverts de Bardella, sauf dans une commune LFI. Ce sont des affiches curieusement personnalisées ou dépersonnalisées: les candidats n'apparaissent pas. Sur celles du RN on voit Bardella et Le Pen; sur celles de LFI on voit «Votez Nouveau Front Populaire pour tout changer» en grandes lettres rouges (je dis LFI car le candidat NFP de la circo est LFI. Nous avons un seul PS dans le département et c'est Olivier Faure.)

J'achète des croissants et je rentre. Petit déjeuner, vaisselle, rangement. Je pars bien plus tard que prévu.

Direction Blois. J'écoute le podcast Xi Jiping, le prince rouge. Un tweet de Laurent Frisch nous a appris que l'appli @radiofrance avait été désinstallée des stores en Chine. La station suppose que ce podcat en est la cause.

Il fait beau. Campagne de France, encore.

La Beauce en juin

Le programme du Front populaire. Aparté sur une utopie

Deux remarques sur le sur le programme du Nouveau Front Populaire et une généralisation.

1/ la retraite

En tant que boomer, je suis stupéfaite voire scandalisée de voir des boomers en col blanc souhaiter la retraite à 60 ans. D'accord quand on travaille dehors ou qu'on porte des charges lourdes, mais quand on travaille dans un bureau? Sont-ils conscients qu'ils condammnent les générations plus jeunes à travailler pour eux ?

Je sais bien qu'au tournant de l'an 2000 notre génération a vu ses parents partir en pré-retraite à 58 ans dans un pays rongé par le chômage (les pré-retraités, c'était autant de personnes en moins dans les statistiques du chômage). Nous avons fait face, nous l'avons payé (par nos cotisations sociales), mais est-ce vraiment ce que nous souhaitons pour nos enfants et petits-enfants?

Et que ces générations de jeunes, qui par ailleurs ne font plus d'enfants eux-mêmes et donc de fait interrompent la solidarité intergénérationnelle, s'enthousiasment pour cette mesure, me stupéfie. Se rendent-ils compte qu'ils se condamnent eux-mêmes à une dégradation de leur niveau de vie, soit en payant davantage de cotisations, soit en recevant des pensions plus faibles, soit les deux?

dessin illustrant quatre retraités pour un actif


Au moment du débat sur les retraites, j'ai retenu qu'il y avait UN (un seul) moyen de s'en sortir avec les paramètres actuels (population vieillissante, augmentation du rapport retraités sur actifs) sans augmenter les prélèvements ni diminuer les retraites: c'était augmenter la productivité.

Malheureuseusement, en France elle est en berne depuis 2019. Cela s'explique globalement par le plein emploi (les patrons conservent leur main d'œuvre dans les périodes de moindre activité par peur de ne pas la retrouver quand ils en auront besoin), par les contrats d'alternance (mécaniquement le temps passé à l'école fait baisser la moyenne de la production) et le manque d'investissements.
Ce manque d'investissements est un problème européen très inquiétant pour l'avenir:

décrochage de la productivité européenne par rapport aux Etats-Unis. 2000-2023


2/ un statut de déplacé climatique
J'applaudis des deux mains, je suis pour.
Enfin, je serais plus radicale: je souhaite que toute personne puisse entrer en France, et si elle n'a pas de papier, qu'on lui en fasse (pas des papiers français: une carte avec son identité, sa nationalité, etc. Déclaratif si pas possible autrement, avec le témoignage des compagnons de voyage éventuellement. Après tout quelle importance: l'important c'est le futur, la façon dont ils vont se comporter en France — et qu'on dispose pour eux d'une identification stable, quitte à ce que ce soit nous qui la leur donnions.)

Cela revient quasi au même qu'un statut de déplacé climatique, car bientôt tous vont l'être: se rend-on bien compte que l'équateur va devenir inhabitable d'ici 50 ans et que les populations d'Asie et d'Afrique vont naturellement se dépacer? (ce sera peut-être différent en Amérique grâce à l'altitude et l'Amazone, mais rien n'est moins sûr: en 2023 le canal de Panama a manqué d'eau et le Mexique brûle).

Les populations vont se déplacer. On peut s'en défendre, dresser des barrières, les laisser mourir dans la Méditerranée. Il faudra militariser de plus en plus, car les migrants seront de plus en plus nombreux et nous de moins en moins.
Ou nous pouvons prendre en compte cette donnée inéluctable et nous préparer. Comment? En préparant des logements et surtout en rénovant l'école. Nous n'arrivons plus à transmettre notre langue, notre histoire, nos valeurs, aux enfants français, comment les transmettrons-nous aux enfants étrangers? Il faut revoir les enseignements fondamentaux, la pédagogie, revaloriser la profession (et sans doute les salaires).
Accueillir les migrants et les intégrer passe par l'école, j'en suis persuadée.

3/ échapper à la condition humaine
De façon générale, en lisant les promesses ça et là (ma réflexion dépasse le NFP), je me demande combien font le rapport entre leur salaire et la valeur produite. Dans un monde libre, le salaire dans les entreprises est une partie du chiffre d'affaires, c'est-à-dire des ventes, reversée aux salariés. Ce n'est pas un montant arbitraire, il correspond à des ventes, à des frais fixes, à une marge souhaitée pour se développer. Pour augmenter les salaires, il faut soit vendre plus (effet volume) ou vendre plus cher (effet prix). Dans ce dernier cas, l'augmentation des salaires entraîne tout simplement une augmentation des prix.

Une autre façon est de diminuer les marges (quand il y en a) ou de redistribuer une partie des salaires faramineux de certains patrons (mais il n'y a pas tant de grands patrons: ça ne concernerait que certains salariés — et ces salaires faramineux, une fois partagés entre tous, représentent peu pour chacun). Vu ce qu'on vient de voir sur la productivité, je préfèrerais que cela serve aux investissements. Il faudrait encourager les investissements.

De façon générale, je me demande si les Français se rendent compte qu'ils dépendent les uns des autres: ceux qui travaillent, cotisent, paient des impôts, financent la sécurité sociale, l'école, les routes, les tribunaux, la solidarité avec les plus faibles, etc. Si tout le monde est à la retraite ou au chômage, ça ne marche pas. Si personne ne plante, récolte, fait de la farine, transporte en magasin, on ne mange plus.
La malédiction de la Genèse, «tu mangeras à la sueur de ton front», s'applique. On n'y échappe pas.

A moins, à moins… de revenir à l'esclavage. Parfois je me demande si certains gentils gauchistes (parce que les méchants droitistes, ça va de soi) se rendent compte que pousser leur raisonnement jusqu'à l'absurde reviendrait à condamner une portion de l'humanité à travailler pour que l'autre se prélasse, quelque chose du genre des castes du Meilleur des mondes ou la Grèce antique.
Ou condamnerait tout le monde à mourir de faim. Nous en avons eu deux exemples au XXe siècle: Holodomor et le Grand Bond en avant.

Dernier jour

Deux jours de ménage au dernier étage. De façon tout à fait étrange, tout paraît nous abandonner au même moment: les télécommandes (celle qui ne fonctionnait plus depuis quatre ans refonctionne ce soir, tandis que l'autre refuse même une fois les piles changées; mais pour que l'écran s'allume, il a fallu le débrancher et le rebrancher, hors télécommande: incompréhensible); le disque dur de sauvegarde que l'ordinateur s'épuise à tenter de lancer alors qu'il est HS (mais cela prendra une soirée pour que nous nous en rendions compte, H. étant persuadée que c'est un virus qui ralentit ma machine).

Côté politique, on dirait un jeu cruel et révélateur, quelque chose comme Squid Game, où ce qui est testé, c'est la capacité à s'unir (voire à se sacrifier) en vue d'un objectif commun, en oubliant ses propres aspirations. Faire passer l'intérêt commun d'abord. Pas mal comme test grandeur nature.
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.