Billets pour la catégorie 2013 :

Dernier jour

Je trouve une infirmière à l'institut Vernes pour enlever les fils. Je suis contente, ce n'était pas gagné entre Noël et le Nouvel An.
Je déjeune d'une palombe au réglisse à l'Antre deux rue Mézière (très bon le réglisse, un peu coriace la palombe). J'achète des gants oranges pour moi et des collants à paillettes pour A.

Partie un peu tard du bureau, je ne sais plus pourquoi.

Réveillon chez les voisins, H. a passé la journée aux fourneaux. Bavardage agréable, je ne sens pas la fatigue.

2013 ou la dernière trahison

2013 : trahison de R.
2011-2012 : trahison de C.
2010 : trahison de H.

Pas de doute, ces dernières années ont été riches en enseignement.
Je parle de "dernière" trahison car je ne vois plus bien qui pourrait me trahir. Je crois (mais sans doute me trompé-je) ne plus faire confiance à grand monde.

Avant-dernier jour

Déjeuner au Saint John Pub (à Neuilly) pour la première fois depuis les travaux. La déco a changé, il y a maintenant une série de photos de sportifs sur les murs, dont Borg à genoux et la célèbre photo de Carl Lewis.

H. vient à Paris pour trouver du Tokay (mon vin préféré) et en profite pour aller voir Hunger games 2 (personne n'a voulu l'accompagner). Il me demande de le retrouver à 8h20 devant Gaumont Opéra.
Je quitte le bureau suffisamment tôt pour tenter de me faire enlever les fils au centre Turbigo (l'idée était aussi de tester le centre de santé recommandé par notre organisme complémentaire). Mais j'ai oublié mon ordonnance et l'infirmière refuse d'agir. Je suis dépitée d'avoir perdue deux heures. Je vais attendre Hervé au Starbuck devant le Gaumont en continuant Bertrand Russel. Son admiration pour les mathématiciens grecs fait plaisir à lire, les approches de racine de 2, le calcul de pi,…

H. me rejoint (plutôt déçu). Nous repartons lentement vers la Madeleine. Rue des Capucines, nous nous arrêtons dans un café appelé "Café Alice", déco moderne qui respecte le caractère de café parisien, cuisine correcte. Malheureusement quatre jeune filles proches de nous parlent très fort.

Une journée de surf

J'espérais bloguer, rattraper les billets en retard à travers les années (juillet 2010, août 2012, octobre 2013).
Et puis… matin sur FB, marché, déjeuner très tard, leçon sur le fonctionnement de l'iPhone…

H. a constaté avec étonnement que l'intégralité de mes podcasts en littérature ne tenaient pas sur l'iPhone. Il a également mieux compris pourquoi iTunes m'avait découragée circa 2007: tout est en vrac, mal regroupé. Dès qu'il ne s'agit plus de musique, iTunes perd tout repère. (Et en musique, c'est énervant cette façon qu'il a de confondre "artiste" (compositeur) et interprète.)

Passé un très (très très) long moment à choisir une coque de téléphone sur Redbubble. J'en ai profité pour acheter le cadeau d'anniversaire de H.

Le soir, impression d'avoir perdu ma journée (par rapport à mes ambitions du matin, c'est certain).

Des pieds et des mains

Chaque année à Noël mon beau-père nous offre des places de théâtre à réserver via Cultival, et chaque année nous nous retrouvons vers le 20 décembre à devoir choisir une pièce en catastrophe avant la fin de validité des billets.

Nous avons donc choisi, un peu au hasard, un peu à cause des deux lignes d'introduction dans L'officiel des spectacles, Des pieds et des mains.
C'est une bonne pièce de boulevard, absurde et rythmée, avec une autruche (Clarence (c'est un mâle)), une superbe idiote (j'ai oublié son prénom: Dorothy?) et une impressionnante Miss Goebbels («Pas de lien de famille avec mon oncle le Dr Goebbels»).

Mais ce qui m'aura le plus frappée, finalement, c'est que depuis que j'ai parlé cannibalisme avec JYP (lui adoptant la thèse que l'interdiction de la viande de porc est destiné à prévenir le cannibalisme, moi rétorquant que cette thèse montre surtout les fantasmes et les peurs de ceux qui l'émettent), les histoires de cannibales pullulent autour de moi (je n'en dirai pas plus, j'ai déjà trop spoilé).

RIP

Fin des vacances, je reviens après dix jours d'absence. RER et couloirs calmes.
Je me mets au travail.
Une heure plus tard, j'ai l'occasion de revenir sur la page d'accueil de l'intranet de la boîte. Elle a changé, une brève nous apprend la mort le 24 décembre du DRH parti à la retraite au printemps dernier. Il est enterré aujourd'hui dans les Vosges (impossible d'y aller, trop tard). Je suis ébranlée.

C'était un homme qui était déjà en poste quand je suis entrée au G*n en 1996. Il était beau, blond aux yeux bleus dans le genre Robert Redford.
Choc en le revoyant il y a deux ans, vieilli, boursoufflé: comment pouvait-il s'être laissé aller ainsi en ayant tant d'atouts naturels?
— Mais que lui est-il arrivé ?
— Un divorce difficile.
(J'avais pensé à l'alcool, mais après cette mort H. me suggère de la cortisone.)

Quand une partie des activités de mon ancienne société a été vendue en octobre 2012, l'autre partie a été dissoute dans une des entreprises du groupe (comprendre que les effectifs et les portefeuilles clients ont été repris tandis que juridiquement la société d'origine disparaissait). Bien entendu se posait le problème des doublons, de façon d'autant plus épineuse que les personnes étaient haut dans la hiérarchie. Un "plan de départ volontaire" (PDV) a été mis en place, proposant aux salariés d'anticiper leur départ à la retraite. C'est ainsi que "Robert Redford" est parti quelques mois ou années plus tôt qu'il n'aurait dû.

Je ne peux m'empêcher de penser que ça l'a tué, qu'en lui enlevant ce qui l'obligeait à se lever tous les matins et lui donnait une structure, nous l'avons tué.
(C'est idiot, je pourrais tout aussi bien penser qu'heureusement qu'il est parti plus tôt, qu'ainsi il a eu au moins quelques semaines de loisir.)

Noël

Mes parents et mes beaux-parents arrivent à midi. Comme nous avons paressé les jours précédents, le branle-bas de combat est sonné: ménage pour tous tandis qu'H. se met aux fourneaux. A l'heure dite tout est à peu près prêt, c'est l'avantage des ados sur les enfants plus jeunes.

Journée sereine (commentaire qui paraît innocent mais qui représente des années d'évolution souterraine) qui se termine comme souvent désormais par des mille de belote: j'ai découvert en mon père un joueur averti, ce qui prouve qu'il doit jouer souvent au club de tennis quand sa santé ne lui permet pas d'aller sur le terrain.

C. reçoit trois livres de blagues navrantes, du genre «Un poussin égale deux», ce qui alimente la conversation pendant de nombreuses minutes.

Je souhaitais un iPod pour écouter mes podcasts et mes livres, je me retrouve un peu désemparée avec un iPhone. Je n'ose expliquer ce qui m'inquiète: que je m'y habitue trop et ressemble à tous ces voyageurs de RER le nez dans leur écran, que je cesse de lire, moi qui lis déjà si peu et si insuffisamment.

Veille de Noël

Je passe la matinée sur ma version grecque. Je vais lentement, je ne connais pas assez ma grammaire. Je travaille beaucoup moins que l'année dernière, il va falloir que je me reprenne.

Nous déjeunons assez tard, et il est rapidement l'heure de partir à Paris pour aller voir le ballet de Prejlocaj Le Parc. C'est alors que je découvre que A. est venue avec pour tout manteau un misérable kway blanc pour chercher les champignons à l'automne (sous lesquels elle entasse trois pulls — elle profite également d'avoir maigri pour porter deux pantalon l'un sur l'autre, mais comment fait-elle?)
Je lui dégotte dans mes armoire un manteau râpé que j'ai tant porté que je n'ai pas le cœur de le jeter. Elle le porte avec sa robe et ses Doc Martens, c'est très hype. Nous arrivons vers six heures place de l'opéra. Les grands magasins sont fermés, les rues désertées. Nous trouvons un magasin de chaussures ouvert, nous serons ses derniers clients. Nous achetons des chaussures à A., talons de trois centimètres, ce qui lui permet de se sentir sur échasses (tous ces détails sont destinés à ceux qui la connaissent IRL, qui peuvent imaginer la scène.)

Quand nous sortons, des sirènes retentissent et nous voyons arriver plusieurs policiers à moto qui remontent le long de l'Opéra. Je commence à pester intérieurement contre cette démonstration de pouvoir qui doit accompagner le déplacement d'un ponte quelconque quand nous voyons passer… le père Noël en side-car, encadré par une vingtaine de gardes civils à moto.
La farce est très bonne.

Magnifique opéra (le bâtiment), spectacle parfait, avec Alice Renavand et Stéphane Bullion en vedette dans le pas de deux final.

Le soir tard dans la nuit, alors que tout le monde est couché, je monte le sapin et place les cadeaux. O. m'a fait honte et m'a fait de la peine. J'ai vu dans ses yeux au moment où il allait au lit qu'il croyait encore au miracle, qu'il espérait encore qu'il y aurait demain quand il se réveillerait un sapin décoré et des cadeaux dans des chaussons dans tout le respect de la tradition.
Alors je n'ai pas pu dormir, je me suis relevée, j'ai monté le sapin, j'ai cherché des chaussures et des chaussons dans la maison silencieuse et j'ai placé les cadeaux en me promettant de faire mieux l'année prochaine — et toutes les années à venir.

Que faire pendant ses vacances ?

Eh bien par exemple, passer deux heures chez Boulanger à faire des paquets cadeaux.


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Grâce à l'apple TV, montré à H. Margin Call et Inside Job. (Avis à ceux qui ne connaissent pas: il vaut mieux les voir dans l'autre sens).
Il faut bien avouer que Blue Jasmine ne me fait ni chaud ni froid. Je peux tout au plus penser "bien fait". C'est un conte très moral que nous raconte Woody Allen. La sœur "pauvre" me rappelle le personnage d'Yvonne dans La Chinoise. Elles représentent la sagesse (une certaine sagesse, celle des innocents, celle qui s'ignore) mais aussi la résignation. Que les deux puissent se confondre me met en colère et me fait peur.

CQFD

Nous passons chez le marchand de fruits et légumes pour quelques commandes pour Noël. Il ferme le 24 au soir.
— Et vous rouvrez quand? demandé-je avec l'espoir que ce soit le 31.
— Jamais. Je change de vie, je pars au soleil, en Nouvelle-Calédonie.

Tandis que nous nous éloignons, je commente, un peu bitch:
— La Nouvelle-Calédonie? Bizarre, encore une histoire de femme.
— Mais pas du tout! Sa femme est de Nouvelle-Calédonie!
— …
— Je te déteste.

Retour

O. revient de Florence.

Je pensais que le train arrivait de Milan à 10h21, mais c'est à 10h11. Comme il n'y a des RER que tous les quarts d'heures, j'arrive en catastrophe gare de Lyon à 10h07. Train en provenance de Milan à 10h41 voie 25: les informations que j'ai seraient-elles fausses? Ont-elles été corrigées la semaine que mon fils était absent de l'école? Je téléphone à la maison puisque la feuille contenant les-dites informations est restée dans la cuisine. Y a-t-il précisé un numéro de train? Non.

Je reçois à ce moment-là un SMS: «Nous sommes à Villeneuve-St-Georges». Deux SMS plus tard, je comprends que j'ai confondu les panneaux de départ et d'arrivée, et que le train arrive bien à 10h11 — à cela près qu'ayant pris trois heures de retard à Milan, il arrive… à 10h41 voie I.

Bon. O. va bien, il ne s'est pas évanoui de faiblesse dans les musées, il a même l'air un peu moins maigre qu'en partant (ça doit être une illusion d'optique).

Les langues

J'ai de nouveau rendez-vous au forum des images avec Lisa. Elle prépare un devoir de fin d'étude, une sorte d'article de douze pages. Elle m'explique (en allemand) ce qu'elle doit encore faire pour devenir professeur.
— Mais voulez-vous vraiment devenir professeur d'allemand en Allemagne? (J'aurais tendance à la tutoyer, mais pour des raisons pédagogiques, il vaut mieux que je la vouvoie — en allemand.)
Elle n'en est pas si sûre. Nous comparons l'état de l'apprentissage de la langue vernaculaire (non, je ne sais pas dire "vernaculaire" en allemand) en France et en Allemagne, le problème de l'autorité, le remplacement de la "vieille génération" des instituteurs par celle qui a été formée après mai 68. Lisa s'est déjà heurtée à la protestation «Mais pourquoi voulez-vous que j'apprenne l'allemand, je le parle de naissance!». Dans certains lycées, les élèves sont notés sur tout, sauf sur l'allemand, afin de leur donner une chance.

De mémoire, je lui retranscris quelques aberrations en français que m'a envoyées "lecteur" (un ami qui commente sous le nom de lecteur) récemment, et qui sont de pures retranscriptions phonétiques (de la part d'enfants CSP++, comme on dit en entreprise, ie milieu favorisé).
Je vous en copierai quelques-unes quand je les retrouverai dans ma tonne de papiers à classer: ce qui m'étonne, c'est que même la coupure des mots n'est pas respectée, à croire que l'environnement, les mots sur les paquets de céréales ou les affiches, n'a pas réussi à imprimer une trace dans l'esprit de ces enfants. C'est vraiment bizarre.
En tout cas, même déliquescence en Allemagne et en France, même si elle ne prend pas la même forme, du fait de la structure de ces deux langues (bon, mon allemand est trop limité pour que j'ai pu creuser davantage, mais ce n'est déjà pas si mal!)

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( Dans la journée, j'avais repéré une formation pour du Perfectionnement en Expression Française. )

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Boseb, flameküche, Boseb, Lisa, Oulipo.
A. est revenue de Lisieux.

Inéluctable

J'ai appris hier soir que mon père avait des soucis de santé — et donc, inévitablement, j'ai rêvé de la ferme de mes grands-parents. Cette fois-ci j'ai rêvé qu'il fallait qu'on la vide: découragement devant le capharnaüm des greniers.

Au réveil, je me suis souvenue avec soulagement que c'était déjà fait.

Deux jours à l'hôpital

(C'était prévu, ne vous inquiétez pas.)

Les infirmières sont jolies, souriantes et aimables.

En deux jours, je pense avoir dormi autant qu'un chat. Et j'ai un peu avancé dans Russell (moins que je le pensais. Cette manie de prendre des notes ralentit considérablement la lecture).

Le futur de l'édition

Lettre reçue :

«De mon côté, les affaires alimentaires sont plutôt satisfaisantes. La petite entreprise de "rewriting" va son bonhomme de chemin avec [noms de plusieurs maisons d'édition] et autres qui nous envoient, à mon associé et à moi, de bons gros manuscrits qu'il faut "lisser", "toiletter", préparer", c'est-à-dire, ni plus ni moins, traduire en français courant, qu'il s'agisse de romans (eh! oui!), d'essais ou de témoignages. L'honnêteté voudrait, désormais, que l'édition imite le cinéma et fasse figurer, après le titre et le nom de l'auteur, un générique complet de tous les participants à un livre.»

Le dernier sapin de Noël

L'année dernière j'ai acheté un sapin un soir en rentrant du boulot. Il a passé une semaine dans le salon et j'ai fini par le décorer en catastrophe avant Noël, cela n'intéressait personne.
Hier, le sapin a été livré par les scouts. Je l'ai rentré, j'ai coupé le filet qui retenait les branches et leur ai laissé de la place pour s'étendre.
Et maintenant j'attends. Si personne ne prend la peine de le décorer, c'en est fini des sapins à la maison: pourquoi s'ennuyer avec quelque chose qui n'intéresse personne?


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Le soir, départ de O. pour Florence en voyage scolaire. J'ai insisté pour qu'il y aille contre l'avis de H., j'espère que cela va bien se passer.

Accueil de réfugiés politiques

Des amis devaient venir pour le week-end. Nous avions annulé au dernier moment par besoin de souffler.
Mais les voisins sont venus chercher un DVD: ils avaient dix-huit ados chez eux et voulaient quelque chose pour survivre à la soirée. Ils sont restés jusqu'à minuit.

Ce qui m'a impressionnée, ce sont les angoisses de monsieur: il avait vu Projet X et s'y voyait déjà (bilan le lendemain: deux dormeurs dans la baignoire et quelques vomissures).

A suivre

A la machine à café je croise l'agent de sécurité qui stationne dans le hall. Pour dire quelque chose, je lui demande s'il ne s'ennuie pas trop (sous-entendu à ouvrir la porte à ceux qui n'ont pas de badge). Quelques phrases plus tard, après m'avoir parlé de mon chapeau, il me dit:
— J'ai un blog, les gens l'aiment bien. Je vous donnerai son adresse.

Rien dans les mains, rien dans les poches

Jour de grève. Comme je me suis levée trop tard, je n'ai plus de train avant quarante minutes à Yerres, donc je décide d'aller à Villeneuve-St-Georges attraper le train vingt minutes plus tard.
Le temps de dégivrer la voiture, je démarre (prudemment puisque je suis pressée) de façon à me retrouver dans un embouteillage qui fait que je sais que je raterai le train quoi qu'il arrive.
Quand j'arrive finalement sur le parking et me gare, je me rends compte que j'ai oublié mon sac: pas de livre, pas d'argent, pas de passNavigo, pas de téléphone pour prévenir que je vais être horriblement en retard. Si en retard que je décide de ne pas retourner les chercher.
On se sent un peu à poil avec juste ses clés de voiture.

Je suis donc allée à la bibliothèque de l'entreprise le midi, ce qui m'a permis de me faire offrir fortuitement un "Garnier jaune" relié, le Diderot philosophique (il faisait partie de livres non répertoriés et la bibliothécaire m'a dit de le garder). J'ai lu Supplément au voyage de Bougainville dans le train bondé le soir (c'est un texte que O. doit étudier) ce qui m'a amenée à relire Supplément au voyage de Cook dont je n'avais aucune idée quand je l'avais lu en terminale que c'était un décalque de Diderot. C'est beaucoup plus drôle, mais il est vrai que Giraudoux avait moins à prouver.

La loi c'est la loi

Coup de fil de C. (majeur) qui a emmené son frère O. à l'hôpital pour sa visite de contrôle:

— Tu as un fax? Parce que sans procuration, ils ne me laissent pas le ramener, il reste à l'hôpital.


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Agenda : Soirée adaptation cinématographique avec les anciens Sc-Po. Je présente La Trève pour le plaisir de revoir Le voyage de Primo Levi.
Je continue mon observation de moi-même en situation sociale. Dire ou ne pas dire ce qu'on pense, et comment le dire.
Je ne suis pas sûre d'avoir été très douée ce soir.

Une journée à l'hôpital

Vendredi dernier, quarante de fièvre le matin.

Samedi, rien.

Dimanche, quarante de fièvre le matin.

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Lundi.
Quand au petit matin, votre fiston qui vous a réveillé à cinq heures parce qu'il avait envie de vomir, vous avoue qu'il n'a pas dormi tant il avait mal au ventre et vous dit avec le petit sourire de celui qui sait que c'est ridicule mais qui ne peut pas s'en empêcher: «Je me sens mourant», vous vous dites que vous êtes peut-être en train de louper quelque chose.

Direction les urgences à sept heures du matin, en train de visualiser l'opération pour une péritonite alors que nous l'avons bourré d'aspirine depuis une semaine et qu'il a bu toute la nuit…

Urgences. Ah non, pas celles-ci, il a moins de seize ans, urgences pédiatriques (ce qui fait que l'infirmière plus petite que moi m'a demandé de le mesurer, elle ne pouvant atteindre le mètre quatre-vingt-dix de la toise).

Prise de sang, attente des résultats, radio des poumons, tension à 8/5. Mais ce n'est pas une péritonite.

Finalement, infection du poumon gauche (suffisamment développée pour que la douleur irradie le ventre) et déshydratation. Ils ont failli me garder mon bébé une nuit pour le perfuser, mais comme nous avions l'air sérieux, j'ai eu le droit de le ramener à la maison. Visite de contrôle mercredi.

My Fair Lady

Hier soir au Châtelet. Une très bonne soirée. J'ai été surprise de constater à quel point les musiques m'étaient familières.
My Fair Lady, c'est l'une des œuvres que j'ai étudiées en anglais en hypokhâgne.
Caroline Blakiston est particulièrement vraisemblable et élégante dans le rôle de la mère d'Higgins.
Je me disais que nous pourrions tenter désormais une adaptation française, à base d'accent de banlieue.

A la fin, alors que la salle s'est vidée mais qu'une vingtaine de spectateurs s'est réunie autour de la fosse, l'orchestre nous joue un pot-pourri des airs du spectacle. Est-ce une habitude du music-hall? C'est en tout cas très sympathique.

En sortant, nous avons la chance de nous voir attribuée la dernière table de la brasserie d'à côté. Nous reconnaîtrons les chanteurs venir dîner en petits groupes d'amis.

Symphonie espagnole

La Concerts gais hier soir. Peut-être davantage concerts heureux que gais, tant le chef Marc Korovitch paraissait heureux d'être là, souriant, dansant, se démenant (je n'ai rien compris à sa gestique, je ne sais pas ce que repéraient les musiciens). Son sourire accompagnait la musique (oui, nous étions placés sur le côté), et c'était un plaisir de le voir autant que d'entendre les morceaux.

Il est encore temps d'aller écouter la Symphonie espagnole de Lalo et la symphonie n°3 de Schuman demain 8 décembre à 18 heures au Temple des Batignolles (44 bd des Batignoles), jouées par de nombreux blogueurs (saurez-vous les reconnaître dans l'assistance?)

Une journée à la maison

O. a tant de fièvre (40° le matin) que je décide de rester à la maison. Je peine à trouver un médecin. La journée s'étend devant moi, vide. Mandela est mort. Je ne sais plus comment je l'ai occupée, à cela près que j'ai soudain découvert que j'avais complètement oublié la queue de bœuf mise à mariner sur la terrasse: quinze jours à tremper dans le vin rouge, elle ne paraît pas avoir faisandé. Je sors faire des courses (j'hésite à acheter un sapin, l'avenir prouvera que j'ai tort).

Passage chez le médecin («Vous êtes végétarien?» devant la maigre carcasse de mon fils) qui le congédie avec du Doliprane et la recommandation de manger des kiwis. Comme j'ai parlé du départ à Florence dimanche (tout mon être est tendu dans le but qu'O. puisse y participer), le médecin prescrit un antibiotique «à prendre à partir de mardi si ça ne va pas mieux». Elle n'a pas tenu compte de mon insistance sur le fait qu'il y avait probablement une infection, qu'autant de fièvre au lever n'était pas normal, que c'était déjà le cas le week-end dernier… Toujours cette impression de ne pas être entendue au sens le plus littéral, comme si mes paroles ne résonnaient que dans mon crâne. Etrange solitude, étrange impuissance. Le problème des timides ou d'une trop grande confiance dans l'institution: elle est médecin, elle sait ce qu'elle fait, je ne vais pas déranger…

Passage à la pharmacie, à la mairie (pour la carte d'identité à refaire: O. va partir en Italie avec un passeport périmé, coup de poker), retour à la maison, je prépare la queue.

Le soir je dois croiser C. pour lui tendre son sac de sport sur un quai de métro, puis rejoindre Patrick pour dîner avant d'aller au concert de Zvezdo. Tout est minuté, je quitte la maison la queue mitonnant sur le feu, O. endormi la respiration enfiévrée.
Je perds trois quart d'heure en aller/retour parce que j'ai oublié mon téléphone (pour une fois indispensable pour ne pas rater C. puis retrouver Patrick).

J'arrive essouflée, nous dînons en courant. Concert joyeux.
Patrick me ramène et me donne les livres qu'il a récupérés pour moi à Nantes. J'ai la joie d'y trouver troix Jérémias.

- Sesbouë, La résurrection et la vie
- Joachim Jérémias, Paroles de Jésus - Le sermon sur la montagne - le Notre-Père
- Joachim Jérémias, Les paraboles de Jésus
- Joachim Jérémias, Théologie du nouveau testament - I. la prédication de Jésus
- Auguste Valensin, La joie dans la foi
- François Mauriac, Vie de Jésus
- Jean-Paul Marcheschi, Goya, voir l'obsur

Il y a longtemps, au bac à sable

— Dis, papa, pourquoi la dame elle est noire ?
(Je regarde le petit garçon, je me demande ce que va répondre son père, dans ma tête tournoient les mythes (Dieu a soufflé sur quatre poignées de terre de couleurs différentes), la protection contre le soleil, le manque d'explications convaincantes. Que va lui répondre son père qui sera compréhensible par un petit garçon?)
— Parce que ses parents étaient noirs.
Le petit garçon, satisfait, retourne jouer.


Pour mémoire: Mort de Nelson Mandela hier soir.

Mauvais rêve

Rêvé que je lâchais le bateau que je tenais au ponton. Il n'avait encore qu'une seule rame. Il s'écartait d'un ou deux mètres et coulait à pic. Quinze à vingt mille euros disparus sous mes yeux, pour un geste malheureux. Prévenir Vincent, vite. Mon assurance allait-elle accepter de payer?
Remords lancinant.

J'ai mis longtemps à sortir de ce rêve, à me rendre compte que c'était un rêve, plus longtemps encore à me dire que c'était totalement stupide, qu'un bateau ne coulait pas, il flottait.

Etait-ce l'influence du récit de Vincent hier? Mardi, prétextant la décrue (mais comme chaque fois que l'eau monte ou descend, il y a beaucoup de courant), deux rameurs ont insisté pour sortir en bateau fin. Ils voulaient faire du skiff, Vincent a refusé, mais ils ont tellement insisté («il m'ont cassé les rouleaux», dixit Vincent, je ne connaissais pas l'expression) qu'il a donné son accord pour un double.
— Un double double, ou un DC ?
— Pas un double canoë, tu penses bien, messieurs voulaient sortir en skiff, ce n'était pas pour prendre un canoë. Bref, cent mètres plus loin, ils se sont retournés.
— Woh, mais elle est froide!
— Oui, sept degrés. Ils n'ont pas réussi à remonter dans le bateau, au bout de trente secondes ils étaient frigorifiés et commençaient à désespérer. (NB: cela signifie qu'on renonce à lutter, c'est ce qui peut arriver de pire) Heureusement j'avais prévu ce qui allait se passer, j'étais resté sur le ponton, je suis arrivé très vite. Ah, ils n'étaient plus fanfarons, belle leçon d'humilité!

N'empêche, je suis frappée par la précision et la violence de mes mauvais rêves, ces derniers temps. (Non, ce rêve-ci n'est pas violent à proprement parler, d'autres le sont, qui concernent famille et amis.)

Devinette théologique

Quelle est la différence entre un train et un théologien allemand ?

Le train qui déraille s'arrête, le théologien allemand qui déraille fonce de plus en plus vite.

Dix-huit cartes postales

Message personnel : elles sont toutes arrivées, la dernière samedi, malgré leurs timbres parfois étrangers découpés dans des magazines et collés à la colle (je suppose).
Certains timbres n'ont pas été oblitérés, je pourrais les réutiliser.

J'ai beaucoup aimé la faucille et le marteau du timbre vietnamien.

Samedi

TG le matin, l'Antre deux, puis Le dernier des injustes.

Quand H. arrive au restaurant, il me dit que O., quinze ans, est si malade (fièvre) qu'il a hésité à le laisser seul.

Coup de chaud

Le fils pas rentré, le téléphone à trois heures du matin, la tête qui réfléchit pendant que les jambes dévalent l'escalier: non, il n'a pas pris la voiture.

C'était un fax.
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