Billets qui ont 'Cerisy' comme autre lieu.

AG Cerisy

AG ce soir dans des bâtiments de Vinci à deux pas de la gare de Lyon.

AG Cerisy à la Fabrique de Vinci


Présentation des colloques et présentation des comptes. J'apprends que la diminution du nombre de colloques l'été dernier et l'été prochain est volontaire (mais pourquoi? pour que la gestion soit plus simple?) La fréquentation a été très bonne l'été dernier et les recettes ont été au plus haut; hélas, les dépenses ont été plus importantes et le résultat est déficitaire. Ce qui est particulier, c'est que ce n'est pas dû à l'inflation ou à la hausse de l'énergie mais à des dépenses RH: le départ de salariés (solde de congés payés, etc) et la nécessité d'en embaucher de nouveaux a pesé sur les comptes.

Je le note parce que je regrette le départ de Jean-Christophe. Le nouveau jardinier a un compte FB qui déborde d'énergie.
Nous apprenons que le responsable sécurité embauché en 2020 a disparu il y a dix jours — au sens propre: il faisait de la plongée et n'a pas donné signe de vie depuis. Etrange nouvelle — glaçante — à apprendre ainsi.

J'espérais voir quelqu'un que je connaîtrais — mais il n'y avait personne.
Buffet. Hélas je ne bois pas, régime oblige, donc je m'éclipse assez vite.

Pour mémoire je note : dans le train, une jeune Russe avait un magnifique sac plissé. Je lui en ai demandé la marque: Armani. Je ne sais pas si je vais résister.

Moment suspendu

Le treize ou le quinze avril, je ne sais plus, se tient l'assemblée générale de Cerisy. Comme je ne pourrai pas y être, j'ai envoyé un mail au secrétaire avec qui j'avais sympathisé pour savoir si je pouvais lui donner ma procuration.

Réponse non, car il ne sera pas là non plus. Et il me suggère de l'établir… au nom de Ricardou.

Ça m'a fait un choc.


(C'est compliqué: inutile que j'explique à ceux qui comprennent, et inexplicable à ceux qui ne comprennent pas. Essayons tout de même: Ricardou, c'est l'homme qui écrit des points-seuil que j'ai étudiés après mon bac, pas un pote à qui je donne ma procuration!)

AG de l'association des amis de Cerisy

Je crois bien y être allée avant tout pour voir la bibliothèque de l'Arsenal (las, point de photo, plus de batterie, pas assez de lumière).
(Mais aussi, je m'en suis avisée mélancoliquement, parce que toujours j'attends et j'espère: je n'arrive pas à croire que je suis la seule à m'intéresser à Cerisy, Coutances, à Joyce, à Proust,… Que sont mes amis devenus, mes professeurs, mes camarades de classe… Vraiment, je ne croiserai jamais personne venu du passé? Et pourquoi attendre cela, alors que je m'entendais si mal avec eux? au nom de la littérature, au nom du désir, au nom du désir d'avoir la preuve que tout cela n'était pas qu'illusion, pas que snobisme et prétention, que pour quelques-uns, au moins, c'était sérieux, important, engageant… (C'est ridicule, quel pourcentage de chances de croiser au hasard des gens si longtemps après dans des lieux aussi spécialisés? — Mais justement, parce que ce sont des lieux spécialisés…)). Mais bon.

Je vous laisse découvrir le programme ici. Kafka m'intéresserait, mais hélas… ni temps ni argent. Une amie, blogueuse par ailleurs, intervient dans le colloque Poésie et politique au XXe siècle (et donc je vous le recommande chaleureusement).

Rapport moral, rapport financier. La Poste, la SNCF, la RATP ont regagné un ou deux points dans mon estime (ce qui ne les fait pas monter bien haut) car ils participent au financement de Cerisy via un "Cercle des Partenaires". (La BNP devrait bien en faire autant pour ses péchés.)

Histoire drôle pour terminer: impossible de mener des travaux à Cerisy sans avoir l'accord des Monuments historiques. Après des décennies d'expérience, cela se passe plutôt bien. Cette année est parue une nouvelle procédure dans le cadre de la simplification des rapports avec l'administration. Accord suspensif donc lorsque l'association demande l'autorisation de remplacer la porte des Escures (anciennes écuries transformées en chambres doubles (auxquelles je dois la connaissance d'Elisabeth)) par une porte identique: il faut… un permis de construire.
L'épais dossier est constitué. Réponse de l'administration: vous êtes une personne morale, il nous faut… un plan d'architecte. Qu'à cela ne tienne, Cerisy avait un architecte sous la main (en train de travailler au projet d'aménagement d'une salle accessible aux handicapés). L'architecte fit un beau dessin, le dossier retourna à l'administration concernée… où il attend encore.
La porte sera-t-elle remplacée avant l'été?

Enfin du pipole

Sur les murs du château de Cerisy, on voit une photo de Mme Heidegger accompagnant son mari.

Mme Heidegger ressemble à Ruth Fisher (même allure, mêmes chaussures, même jupe, même chignon).


Cucurbitacées

Pourquoi des courges peintes sur le plafond de la bibliothèque du château de Cerisy?

Des intervenants suédois ont émis l'hypothèse que la courge était le seul légume présent sur le fumier de Job, ce qui correspondrait bien à l'austérité protestante des bâtisseurs.

AG de l'Association des amis de Cerisy

Elle avait lieu ce soir, dans la salle des commissions de la Bibliothèque nationale. Ce lieu était l'un des motifs de ma venue, et j'ai eu raison, car l'année prochaine la salle sera en travaux.

Rapport moral, rapport financier. Cette année l'association est en déficit de 50000 euros, après trois ans d'excédents. Ce déficit correspond peu ou prou à l'arrêt brutal en 2008 des subventions de l'Etat aux emplois aidés. «Or, continue le trésorier, avec la hausse brutale du chômage, les exonérations de charges sont de nouveau à l'ordre du jour, nous espérons donc que de ce point de vue, l'année prochaine sera meilleure.»

Les colloques de l'année sont présentés un par un. L'association est inquiète: quelles conséquences aura la crise? Les gens vont-ils rester en France et venir à Cerisy, ou faire des économies tous azimuts et ne pas s'inscrire? Nous sommes invités à faire de la publicité. (Dans un sens c'est cher. Dans l'autre... une semaine ou dix jours logés et nourris (abondamment), dans la campagne la plus calme, l'air le plus propre, parmi des gens passionnants et passionnés... c'est beaucoup mieux qu'une semaine au club Med).
Si je pouvais je suivrais le colloque sur Mauss, celui sur la jeunesse, celui sur Rilke, et sur Coutances, et sur la grammaire.
Avis aux étudiants: ce colloque-là est subventionné généreusement, renseignez-vous auprès des organisateurs.

En sortant je contemple la statue de Jean-Paul Sartre dans la cour, puis je rejoins les Halles par le Palais Royal.


Cerisy, la campagne de France

La perspective d'aller à Cerisy avec ceux qui sont peut-être, après tout, "mes pairs", me paraissait parfaitement fastidieuse. Tout envie de voyage s'estompe — des villes et encore des villes : je me suis rendu compte que, désormais, j'aimais mieux draguer que de visiter quoi que ce soit; les villes ce sont avant tout des corps, pour moi, des visages, des poils, des peaux, des lèvres, des voix, des caresses, des draps sous la lampe (on verra après...).
RC, Journal de Travers, p.1518

Il faut avouer que draguer dans les profondeurs de la campagne normande... à moins de trouver son bonheur parmi les participants du colloque, c'est assez compliqué. (M'a fait rire cet Australien qui m'a confié, tandis que le car négociait comme il pouvait les routes du bocage: «J'ai l'impression que le terriroire français est beaucoup plus ouvert, beaucoup plus accessible, qu'il y a beaucoup plus de routes qu'en Australie.» (Well... yes.))

Je suis rentrée de Cerisy reposée, avec une envie de déménager. Pour la première fois depuis une éternité (depuis combien d'années, en fait? avant la construction de l'autoroute passant par Vierzon), j'avais dormi une semaine dans des nuits silencieuses et noires. Point de routes, point de lampadaires. Le froid lui-même, que j'avais redouté, était accueillant, le corps s'adaptait sans effort à l'air frais mais propre.
Et moi qui m'étonnais il n'y a pas si longtemps d'être devenue si citadine, je me suis aperçue que c'était faux: ce dont je n'ai pas envie, c'est de la demie-ville, la ville avec tous les inconvénients de la ville sans ses avantages, ses cinémas, ses expositions, ses conférences, ses concerts, ses bibliothèques...
Mais j'appartiens à la vraie campagne, à la solitude, sans voiture et sans lampadaire.
J'ai envie d'y retourner. Quand et où? (La Sologne? Les bords de Loire? Le Nivernais? Le plateau de Langres?)

Dimanche, en sortant de la voiture à l'orée d'un bois, l'odeur et la nuit m'ont brutalement rappelé la ferme de ma grand-mère. Sept ans qu'elle est morte et ça ne passe pas. Pire, cela semble revenir. Dieu qu'elle me manque, mes souvenirs sont si vivants qu'il me semble les ressentir physiquement.

Blues

Une semaine déjà, heureusement celle-ci a passé vite. Ce n'est pas que je m'ennuie, j'ai juste l'impression d'être en exil.
Je bénis ma mémoire enregistreuse par associations, un seul détail fait resurgir un monde. Il me semble pouvoir écrire à l'infini, chaque fil tirant un souvenir, et pouvoir faire gonfler les histoires de l'intérieur, ce qui est bien plus amusant que les allonger. Quand le temps est circonscrit, on ne peut faire qu'un soufflé.

J'ai reçu les photos commandées avant mon départ, elles sont en noir et blanc, dans le prolongement de la collection des années trente. Au dos une étiquette "Archives Pontigny-Cerisy, reproduction interdite". Le temps est immobile, machine de Morel, il ne me semble plus si cruel de revivre infiniment les mêmes gestes. Ce qui est cruel, c'est de ne pas les vivre. Que vaut une copie?

Et maintenant téléphoner à ma mère et repasser le temps d'un épisode de Six feet under. Lequel parmi les cinq saisons?

Folle semaine

Difficile réacclimatation. La foule de Saint-Lazare, les rues bouchées, l'atmosphère lourde. Les herbes folles du jardin, le courrier pas relevé depuis mercredi, la machine à linge à faire tourner.

Dormir. On a beaucoup ri, beaucoup bu, beaucoup fumé, un peu trop mangé, et c'était un soulagement, cette absence de pisse-froids venant vous faire la morale pour vos poumons/leurs kilos/la planète.

J'ai eu pour compagne de chambre Elisabeth Chamontin, joyeuse commère et extraordinaire réciteuse de vers, folle anagrammateuse (parmi ceux qu'elle a trouvés pour moi (j'ai oublié un deuxième que j'aimais bien), il y a "slave glaciaire": brrr...)).

Mercredi ou jeudi (je ne sais plus), concours improvisé un "p'tit coup d'Queneau"/"un p'tit coup de Vian" dans cette cave aménagée suite aux éclats de 1968 (afin de s'amuser sans déranger ceux qui veulent dormir). Elisabeth nous donne un truc pour apprendre les alexandrins : les chanter sur l'air de "La mère Michel qui a perdu son chat" (et enchaîne aussitôt sur Molière ou Corneille, je ne sais plus).
J'ai hâte d'essayer, moi qui suis incapable de citer trois mots sans me tromper.


Et maintenant que va-t-il se passer? Sans doute pas grand-chose: lire et encore lire, trouver des lectures de poésie sonore, se mettre en chasse pour trouver les livres épuisés et les revues introuvables.

Contre temps

En réalité, ce jour-là, il faisait gris. Il a fait gris presque tous les jours, avec des variations, de la pluie au ciel dégagé quelques minutes. Nous cherchions le soleil durant les intercours. Evidemment, cela a limité la pétanque. Nous nous sommes rabattus sur le ping-pong (et le calva).



Les tables laissent à penser que cette photo a été prise lundi dans la matinée (tentative de reconstitution minutieuse d'un temps totalement fondu dans la masse).

En contrebas de la façade sud se trouve un vieux chêne un peu déplumé, à la couronne mal équilibrée (le parc a souffert de la tempête de 1999 mais les arbres qui restent sont magnifiques). Edith Heurgon nous a raconté qu'il lui avait valu une abondante correspondance avec Michel Tournier, qui voulait qu'elle le fît abattre pour dégager la vue.

Hommage à Mireille

Devant (ou derrière) la fenêtre où je tape quelques mots (que finalement j'oublierai de mettre en ligne) :


PS: ma contrainte : toutes les photos de ce blog sont des photos de téléphone.

Hors contexte

Jan Baetens, avec un fin sourire :

— De toute façon, je dépasse.

Lénine, c'est plus ce que c'était

— Nous étions d'extrême-gauche, nous avions tous beaucoup bu, on a décidé de faire tourner les tables et d'interroger les mannes de Lénine, et pour faire suer un copain du PC (NB : donc de droite), on a décidé de poser la question suivante : «Le parti communiste est-il encore un parti révolutionnaire?»
— Non, a dit Lénine.
Alors le copain, vexé comme un pou, a déclaré : «Ça prouve juste que quand on est mort, on est coupé des masses».



Sinon, un professeur d'origine portugaise va nous ramener de l'absinthe du Portugal où il est en vente libre, promis juré.

Bien arrivée. Bise.

Jeudi. Salutations: «Reposez-vous bien». Je regarde mon interlocuteur comme s'il parlait chinois.

Vendredi. Le fait que je prenne cette semaine de "vacances" a posé quelques problèmes d'organisation (nous avons découvert, ma collègue et moi-même, que nous étions presque indispensables) et par bonté d'âme, parce que je sais que F. est une grande angoissée, je rédige et lui envoie trois documents censés la rassurer. Pendant ce temps je ne fais pas ma valise. J'ai cru que je n'arriverais jamais à faire cette valise. Trop fatiguée, trop stressée. Et que se passerait-il si je loupais mon train? Déception et soulagement.

14h57, gare Saint-Lazare, train pour Cherbourg. Ma voisine lit Conversions, d'Harry Matthew. J'ai rencontré ce titre il y a quelques jours, mais où?
Le wagon est silencieux, impressionnant de silence. Ma voisine interroge le contrôleur pour savoir si le train s'arrête bien à Carantilly. Non, il y a très peu d'arrêts à Carantilly, vous savez. J'attends qu'il s'éloigne un peu pour la rassurer.
A Lison descendent une quinzaine de personnes. Ça s'interpelle et ça se reconnaît, «je vous présente Tartempion, doctorante en...» Mon dieu, mais ils sont nombreux, de tous âges et de tous sexes, tous universitaires: qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire quand ils vont me demander ce que je fais? Qu'est-ce que je fiche là?

Nous semons la panique dans le "train intercités" entre Caen et Rennes, nous sommes une colonie de vacances heureuse et bruyante, les gens nous regardent, pas un ne se lèverait de son strapontin pour faire de la place ni ne se pousserait pour laisser passer une valise très lourde, j'écrase consciencieusement quelques orteils.
Comme prévu, le train s'arrête à Carantilly, arrêt spécial pour Cerisy, "non indiqué sur les horaires de la SNCF", était-il précisé sur le programme. Ce détail me ravit: le train s'arrête en catimini en rase campagne pour faire descendre au cœur du bocage normand quelques illuminés venus du monde entier.

J'ai une chambre dans les anciennes écuries. Les stalles ont été conservées. C'est très pittoresque et risque fort de déclencher une crise d'allergie (je supporte mal les odeurs de bois, d'humidité, de paille, l'odeur des vieilles fermes). Le bureau est minuscule, et surtout, nous serons probablement deux dans cette chambre. Ça ne fait pas mon affaire, je n'avais pas prévu de dormir beaucoup cette semaine, il faudra que j'aille travailler dans les pièces communes. Mais si je rentre tard ou pars tôt, comment ma cothurne supportera-t-elle mes allers-et-venues?
On verra.

Voilà. Je suis à Cerisy.

Paperasses et autre

Dans la journée.
Froid dans un bureau qui n'est pas le mien, j'ouvre la fenêtre pour couper la climatisation, odeurs de poubelle.

Ce soir.
Déclaration d'impôts, déclaration d'urssaf, facture de Cerisy, facture d'assurance, nouvelle carte vitale, trouver une photo. Une planche de timbres illustrée par Tex Avery. Il faut encore retrouver les certificats médicaux à remplir pour les colonies de vacances de cet été.

Journée sans intérêt.
J'ai acheté mes billets de train pour Cerisy et cette pensée me tient chaud.
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