Billets qui ont 'clé' comme mot-clé.

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deux boîtes de Vache qui Rit intitulées


Je vous mets une photo de Vache qui Rit pour ne pas mettre une photo de Guinness. Profitant que j'étais seule, j'en ai pris deux à l'aéroport: une pinte et demie. Quand je suis avec H., je ne peux pas faire ce genre de choses, il a trop peur que nous soyons en retard pour l'embarquement.
Je me suis dit que l'avion ne partirait pas sans moi puisque ma valise était dans la soute (ou qu'ils seraient obligés d'aller la chercher si je n'étais pas là, ce qui me donnerait le temps d'arriver).
Bon, j'exagère, je n'étais pas bien loin et surveillais les panneaux du coin de l'œil. Je n'ai fait attendre personne.

Acte manqué : en arrivant à Moret, je me suis rendue compte que j'avais oublié de leur rendre la clé de la maison. J'en suis quitte pour la leur poster demain.

Combo gagnant

Ce matin j'ai laissé Les petits chevaux de Tarquinia à la maison, même s'il ne me restait que trente pages à lire: j'avais téléchargé une dizaine d'épisodes de Veronica Mars sur mon smartphone.

Sauf que j'ai oublié mon téléphone dans la voiture garée dans le parking de la gare.
Pas de livre, pas de téléphone.

Dans la journée, H. m'a envoyé un mail : «Tu as pris la voiture mais j'en ai besoin pour la compèt de ping. Je suis allé la chercher.»

Ah oui, la compèt de ping-pong. Donc il ne rentrera pas avant minuit, une heure du matin. Donc j'ai le temps de retourner voir Bullet Train à 19h10 aux Halles.
C'est durant les pubs que je me suis souvenue: comme d'habitude, j'avais laissé les clés de la maison dans la voiture (je n'aime pas me promener avec mes clés, je trouve ça lourd et bruyant).
Pas de livre, pas de téléphone, pas de clés. Et la maison fermée jusqu'à une heure du matin.

Comme je n'avais pas envie de prendre le risque de rentrer en bus comme mardi soir (peur de rentrer après H. et qu'il s'inquiète), je suis allée gare de Lyon dès la fin du film (si je n'avais pas craint de ne plus avoir de train après dix heures, j'aurais dîné à Paris).
J'y suis arrivée avec une demi-heure d'avance, le temps de trouver un livre dans un Relay H.
Constat: je ne connais quasi plus aucun nom de la littérature de gare, et il n'y a quasi plus aucun autre livre que de la littérature de gare dans les Relay H.
Je repars avec Économie utile pour des temps difficiles d'Esther Duflo et Abhijit V. Banerjee.
Je n'ai toujours ni clé ni téléphone, mais maintenant j'ai un livre.

Train à 22h16, à Moret vers 23h10, je me réfugie quelques minutes dans un escalier du parking (le but est de trouver un abri pour ne pas avoir trop froid pendant les deux heures à venir). J'espère dormir la tête sur les genoux mais je n'y parviens pas. Je descends l'avenue jusque chez moi, j'ai vaguement mal aux pieds, mon cartable est lourd.

Dans ma rue j'essaie quelques portails (espoir de me réfugier dans une cabane de jardin, avoir chaud), quelques poignées de voitures. C'est fou comme tout le monde ferme tout. A minuit les lampadaires s'éteignent (c'est nouveau, mesure en place depuis le premier octobre). Je m'approche du hall d'un immeuble bas proche du parking où H. devrait se garer, immeuble évidemment protégé par un digicode. Miracle, une lumière s'allume dans le hall, je vais pouvoir lire à travers la vitre.
Je lis; régulièrement la minuterie s'éteint et je sors de sous le porche pour me re-rapprocher et la faire se rallumer; je tiens ainsi quarante minutes, le froid gagne lentement mais c'est très supportable (j'ai une robe en laine).

Vers une heure moins dix je vais vérifier que je n'ai pas loupé la voiture et que H. n'est pas rentré. L'hôtel du cheval noir au bout de la rue laisse une veilleuse allumée, peut-être suffisante pour que je lise. Je tente, la réponse est oui, c'est plus faible et plus compliqué qu'à ma place précédente, mais il y fait plus chaud sous le porche et je peux enlever mes chaussures sur le paillasson ce qui soulage mes pieds.

Je lis ainsi cent pages; c'est clair et très intéressant. Je me situe à un carrefour de cinq rues (deux qui se croisent plus une); par instants des voitures, vélos, piétons, indiquent que des trains ou des bus viennent d'arriver à la gare un kilomètre plus haut; je pense que personne ne me remarque.
Une heure. Ce serait bien qu'il rentre. Pourvu qu'il ne prenne pas son temps.

Il est rentré à une heure et demie, après avoir ramené un jeune joueur à Avon. J'ai mangé des pâtes au gorgonzola (déjà prêtes: elles m'attendaient bien plus tôt).

Je me demande comment j'arrive encore à me mettre dans des situations pareilles. J'ai gardé un esprit très jeune.

Problèmes de clés variés

Rêve au creux du matin juste avant le réveil. Nuit, brume entre les piliers d’un cloître. Je sais que nous sommes en novembre et je me demande où est passé octobre. J’ai l’impression de ne pas l’avoir vécu.

Aujourd’hui je suis en congé puisque j’ai prévu d’aller boire un pot avec mes anciens collègues (plus exactement les administrateurs de l’association sportive, avec lesquels je n’ai jamais travaillé… mais bu pas mal de pots).

Cependant H. allant lui au bureau, nous sommes malgré tout partis à l’aube, visant le train de 6h33.
Sauf que la clé électronique d’H. était à bout de pile et que pour une fois — la seule fois, la première fois — je n’avais pas pris la mienne, d’où petit trot jusqu’à la maison (cinquante mètres), retour avec la mienne dont la pile n’est pas bien vaillante, cinq minutes pour aller à la gare (quand je suis seule et qu’il ne pleut pas, j’y vais à pied ou à vélo), le temps de voir partir le train précédent (6h24), de s’engueuler parce que je me gare trop loin dans le parking, de revenir pour fermer la voiture parce que la pile n’a plus beaucoup de forces et que nous sommes déjà loin, et nous voyons arriver le train de 6h33.

Ici, il faut expliquer que les trains qui viennent de Montereau (le 5h55, le 6h24) sont directement accessibles de la route, il suffit de franchir une trouée dans la clôture. En revanche, pour atteindre ceux qui viennent de Montargis, il faut remonter jusqu’aux bâtiments de la gare, descendre les escaliers, marcher dans un couloir et remonter sur le quai vers Paris.
Dernière précision, à ces heures matinales, les trains ont souvent quelques minutes d’avance et stationnent en gare deux ou trois minutes pour ne pas partir avant l’heure (ce qui est une autre façon de rater son train: non parce qu’on est en retard, mais parce qu’il est en avance).

Nous voyons donc arriver le train de 6h33 à 6h30. Je propose à H. de se dépêcher, de tenter de l’avoir (sinon, à quoi bon s’être levés si tôt?) mais il refuse: «j’ai déjà couru deux fois, à chaque fois je l’ai raté. Allons plutôt prendre un café». Nous sommes encore tout renfrognés de sommeil et de l’éclat dans le parking. Nous remontons vers la buvette, j’accélère spontanément le pas car le train est toujours stationné, je propose encore de tenter de l’avoir, nouveau refus.

Buvette, café. Le barman est très gentil. Pas sympa, gentil: serviable, accueillant, de voix égale, enjoué sans être intrusif. H. prétend qu’il n’a jamais bu de meilleur café (retenez: la buvette de la gare à Moret). De la fenêtre nous contemplons le train toujours stationné. Cela devient bizarre, il devrait être reparti. Des clients arrivent, comme nous avons le temps (le suivant est à 6h53) nous sommes servis dans des tasses en porcelaine. En ces temps de post-Covid, j’apprécie ces détails, une vie presque normale.

Nous finissons notre café; le train n’est toujours pas parti. Je propose d’aller le prendre (être assis, être au chaud), commence à descendre l’escalier quand je vois arriver un couple du quai d’en face:
— Vous venez du train? Il ne part plus? (Un seul couple, c’est étrange; un train qui ne part plus, ce sont tous les voyageurs sur le quai.)
— Le conducteur est descendu pisser et la porte est coincée.

Les clés

L'une des tâches que je redoute dans ce déménagement est le tri des clés.

Pour une raison que j'ignore, chez nous les clés se multiplient. Tous les sept ou huit ans, j'ouvre la boîte à clés, et nous essayons d'en jeter quelques-unes.

clés variées


Clés de serveurs, clés de voitures disparues, clés d'antivols inidentifiables, clés de valises — mais lesquelles, clés de portes murées, de serrures changées (barillets), clés obsolètes de mes parents, clés du voisin (un autre)…
C'est très difficile de jeter une clé, on ne peut s'empêcher de penser qu'on risque de le regretter. Cela fait peur. Mais nous nous en allons, il n'y aura pas de regret.
Il faut tout de même que je parvienne à identifier une ou deux clés du portail. Aujourd'hui nous le fermons avec une chaîne de moto… Pas très sérieux.

Vol

H. me récupère vers 19h30 à Nanterre et nous décidons de dîner sur place: je l'emmène aux Gentlemen qui est mon restaurant de prédilection dans ce quartier.

Bonne cuisine, fatigue, soucis. Masques. Les gens sont souriants et attentifs, j'ai toujours cette impression de «profitons pendant que c'est de nouveau possible, pendant que c'est encore possible».

Quand nous arrivons à la voiture, je remarque du verre sur le trottoir. La petite vitre au niveau du rétroviseur a été cassé côté passager, le voleur a ouvert le coffre et emmené mon sac à dos que j'avais mis là, par flemme de porter le poids de mon ordinateur de bureau.

J'ai dû être observée au moment où je l'ai fait. H. ne dit rien mais je sais qu'il pense: «combien de fois je t'ai dit de ne pas laisser ton sac dans la voiture». (Il faut dire que cela lui est déjà arrivé il y a des années, en Belgique, et qu'il avait fait tout le voyage du retour avec la lunette arrière fracassée.)

Comme je ne suis pas une obsédée du téléphone, je viens de réussir à me faire voler mes deux téléphones, le pro et le perso, car je n'en avais pris aucun (pas de poche sur mes vêtements). Une clé de la maison, une carte bleue. Pas de papier d'identité, je me déplace très souvent sans, mais une carte navigo.

Debout sur le trottoir je fais opposition à ma carte bleue. Nous fourrons des plastiques et torchons dans le trou de la vitre et nous rentrons.

En arrivant H. remet le précédent barrillet sur la porte, celui qui ne permet pas d'ouvrir si une clé est restée dans la serrure de l'autre côté (c'est pour cela qu'on l'avait changé).

Le nid vide

Nous n'étions que quatre ce matin (donc trois tours d'île de la Jatte dans l'Hydre de L'Herne (peut-être Lerne. Mais bien sûr je pense aux cahiers)). Vincent a eu la gentillesse de me remonter le moral (je savais bien que mon coup de blues après le test d'hier allait lui être rapporté).

Rendez-vous près de Denfert où H. et O. ont fait deux allers-retours pour amener les cartons de vaisselle et de linge, quelques meubles et surtout l'écran et les ordinateurs. Tout le quartier est bouclé autour de la rue Daguerre: zone piétonne le week-end. Je découvre la chambre d'O. avec curiosité: dix-neuf mètres carrés en rez de chaussée, très haute de plafond comme il l'avait décrite. Le propriétaire exagère, il ne doit jamais faire de travaux, elle est dans son jus des années 70 : moquette moutarde très tachée, hautes fenêtres en simple vitrage laissant passer le froid. Ce sera sans doute très agréable l'été, avec les plantes de la cour. En hiver, c'est sombre, en toute logique pour un rez de chaussée, même orienté au sud.

Nous déjeunons rue Daguerre dans un restaurant qui sert des oreilles de cochon et du parmentier de lièvre (le patron me fait rire car il s'assure que je sais ce que sont les oreilles quand j'en commande. Je suppose que certains renvoient le plat en cuisine.)
Dans la rue, la vitrine du Léopard masqué est éclairée.

Dans la grande tradition des sous-doués des clés, H. a égaré le trousseau de secours confié par le propriétaire. Il les a testées, puis les a mises quelque part. Mais où?

Ce soir nous sommes sans enfant. Vingt-sept ans plus tard. Orphelins, célibataires, veufs d'enfants?

Presque comme hier

Matin en décapotable avec H. Un croissant et des tartines au café "Les Affranchis". Métro Olympiades.

Réunion avec le repreneur de notre gestionnaire de prestations. Ils travaillent à la reprise des bases depuis janvier (2018), la bascule en production aura lieu fin décembre: «Tout est prêt. Notre seule inconnue concernant le 2 janvier, c'est le nombre de gestionnaires présents. Nous avons découvert que certains étaient de santé fragile.»

A midi huit pas tout à fait de filles (deux rameurs pour compléter) (je plaisante, ce n'est pas si important, je ne suis pas si sectaire… mais je suis impressionnée de contaster à quel point les badauds repèrent que nous sommes un bateau de rameuses, sans rameur. Je ne pensais pas que cela avait tant d'importance, que cela se voyait, se verrait, autant).

— Tu rames en huit à midi?
— Oui pourquoi?
— Tu es toujours fatiguée quand tu fais du huit.

Et c'est vrai que c'est fatigant.

Il m'est arrivé quelque chose de bizarre, j'ai perdu mes clés. Qu'ai-je bien pu faire hier après l'ergo, n'ai-je pas refermé mon casier? Aujourd'hui il était ouvert, le cadenas avait disparu. Je n'avais pas mes clés dans mon sac. Où sont-elles? Les ai-je laissées dans le vestiaire hier? Mais pourquoi quelqu'un les aurait-il emmenées sans rien voler? Et si c'est pour me les rendre plus tard, pour ne pas les laisser dans le vestiaire, pourquoi ne pas avoir fermé le casier avec le cadenas?
Je suis ennuyée, il y a la clé de la maison avec. Le trousseau se range à l'intérieur d'une bourse et je crois qu'il y a une carte de visite professionnelle dedans (pour qu'on puisse m'appeler en cas de perte), donc mon nom. Donc la maison est trouvable.
Qu'ai-je fait hier, où sont mes clés?

A. cherche un stage et devrait faire un service civique (en attendant de repasser une fois de plus son examen en juin prochain).


Le soir je prends une inscription à la bibliothèque de la Cité universitaire. Puis bureau de H. où nous discutons avec LM d'Emmanuelle Wargon pour qui elle a travaillé. Je n'ai vu E. Wargon qu'une fois, elle m'a impressionnée.

Rentrés en décapotable le long de la Seine puis par la nationale 6 sur laquelle Waze nous ramène dans sa volonté de nous faire prendre les grands axes (pour une fois, par curiosité, nous le suivons).

Diplôme

Depuis jeudi je suis malade. C'était couru d'avance avec la chaleur et la promiscuité de mercredi soir. Partage de microbes, bouillons de culture.
Jeudi, vendredi, deux consultants pour mettre en forme "les macro-process". Grand bien leur fasse, plutôt eux que moi. Mais ils sont sympas, ça se passe bien.

Remise du bac à l'école d'O. J'y vais, après tout c'est le dernier (j'ai l'impression de m'être si peu occupée de lui pendant que je m'occupais des grands que je surcomprense). Très peu de parents, seuls sont là ceux dont l'enfant ne peut être présent. Nous sommes des intrus.
Le directeur fait un court discours, présente les statistiques. Il distribue ensuite les diplômes, dans l'ordre alphabétique des séries ES, L, S, ordre dans tous les lycées de l'académie. Appel du nom, signature, remise du diplôme, remise du livre de l'année.
Chaque nom est suivi d'un hourra, c'est un brouhaha constant, heureux, bon enfant; cela choque ma tendance naturelle à la discipline, au silence, je sais que "cela ne se fait plus" («ce n'est pas l'armée non plus» m'a dit doucement Adeline dans le Jura, me faisant prendre conscience dans un autre contexte de ma rigidité. Mais que c'est dur de se détendre quand la réalité de votre ressenti, c'est que cette détente ne vous détend pas, ne vous amuse pas, vous ennuie au sens propre: je m'ennuie, temps perdu); j'observe le directeur, il sourit, dit un mot inaudible (dans le brouhaha) à chacun, serre la main, dix ans que je le vois, il a donc dix ans de plus, qu'est-ce que cela fait d'être constamment parmi les enfants et les adolescents, est-ce que cela permet de rester à l'écoute du temps, de l'époque, de saisir les changements, de s'adapter?
Cette école me manquera, je reviendrai pour le théâtre, cette école a été pour moi un baume, un morceau de bienveillance, de gentillesse, un monde enchanté vu de ma lointaine fenêtre, même si je ne saurai jamais si (même si je ne suis pas persuadée que) cela a été bénéfique pour les enfants.
Au moins cela m'aura fait plaisir.
C'est déjà ça.

O. me dit qu'il va dîner avec ses copains, je pars, m'aperçois aux Halles que j'ai laissé les clés de la maison sur mon bureau (oui, encore un oubli de clé), vais dîner au café Beaubourg en bouquinant, me coordonne avec O. pour prendre le même RER gare de Lyon ce qui lui permettra de rentrer en voiture de la gare.
Encore un problème de train. Vers six heures quelqu'un a été heurté par un TGV (suicide ou accident? On parle de vomissements), cinq heures plus tard tout est encore désorganisé.

Reprise

Pas retrouvé mon pass Navigo ni mon badge ce matin avant de partir (confiés aux garçons avant de prendre l'avion pour ne pas les perdre en voyage…), oublié ma clé de bureau parce qu'elle est sur le même porte-clé que la clé de la voiture et que j'ai pris le bus…
Pas de doute, j'étais motivée pour retourner travailler.

Running gag

Est-ce encore drôle? A. arrivée à Lisieux m'envoie un sms: «Envoie mes clés chez Pauline».

Explication: elle les a oubliées à la maison et est passée prendre son double chez Pauline (ouf! la dernière fois elle avait repris le train dans l'autre sens). Mais ce trousseau de secours ne comporte pas la clé de la boîte à lettres, il faut donc que je poste le trousseau complet chez son amie car elle ne pourra pas le récupérer si je le poste à son adresse.

Spécialité familiale

Sms : — Où es-tu? Tu rentres bientôt?

Comme j'ai des gants assez longs et pas envie de les enlever, j'appelle au lieu d'écrire, en tapant sur l'écran du smartphone avec mon nez (si, c'est possible, à condition de bien viser):
— Je suis à la gare, pourquoi?
— Parce que je viens d'arriver à la maison et j'ai oublié mes clés.
— Ah, c'est bête, moi aussi.


Le plus bête, c'est que pour remédier à cette mésaventure coutumière, nous avions confié un trousseau aux voisins… qui l'ont égaré quelque part chez eux.
Nous sommes allés chercher les clés de Clément qui était à l'entraînement de ping-pong.

Frayeur technologique

Ma voiture démarre avec un bouton. Il suffit d'avoir la clé à proximité, dans une poche ou un sac. J'accroche donc la-dite clé à mon cartable ("ma serviette") et n'y pense plus.

Au milieu de la matinée, je me rends compte que la clé n'est pas sur mon sac. Qu'en ai-je fait? Ah oui, c'est vrai, je l'ai détachée pour aller ramer à Melun hier, et ce matin, je l'avais à la main; je l'ai tout simplement posée dans le vide-poche avant de démarrer.

Et c'est à ce moment-là que je réalise que je l'ai laissée dans la voiture garée près de la gare (impossible de fermer la voiture avec la clé à l'intérieur. La fermeture se fait par simple pression de main sur la poignée — à condition d'avoir une clé dans son sac ou sa poche — ce que je n'ai pas fait ce matin; j'ai tellement eu l'habitude de ne pas fermer ma voiture précédente…)

C'est le cœur battant que ce soir j'ai remonté la pente en cherchant des yeux ma voiture.
Elle était encore là.

Successions

A huit heures, passage d'un artisan qui évalue les travaux pour le remplacement des velux.

A neuf heures, départ pour Blois et l'anniversaire de mon père. Deux parties de belote sauvent l'après-midi mal engagée. (Ma fille n'est pas venue puisqu'elle travaille, les garçons et H. font la sieste, je reste debout dans le salon à faire la conversation en sachant que si je m'assois, je m'endors).

Ma mère parle du centenaire de la guerre de 14, des églises qui ont carillonné le 1er août: «J'ai regardé un documentaire; tous les hommes sont partis, ils ont emmené les chevaux. Et il y avait la moisson à faire. Comment ont-ils fait? Mon père avait neuf ans à l'époque. Il n'était pas drôle, mais maintenant je comprends mieux, quand on pense par quoi il est passé dans son enfance.»

Histoire de famille au dîner. Mes parents ont appris très récemment que le cousin de papa avait souscrit deux assurances-vie au profit de mon père et mon oncle, sa seule famille connue (depuis, le notaire a découvert vingt-huit cousins en Pologne). Les sommes sont importantes et mes parents un peu sonnés par cette bonne nouvelle.
La maison du cousin est vendue ou en passe de l'être (elle a été longtemps sous scellés pour l'enquête, l'est-elle encore?), ma mère a répété au notaire puis à son successeur (le premier étant mort) qu'elle souhaitait récupérer les photos de famille mais n'a pas de nouvelles. Je crains qu'il ne soit trop tard.

Elle nous raconte l'histoire d'une grand-tante éloignée, mais très proche de la famille (une grand-mère pour ma mère, en quelque sorte, de l'autre côté de la cour de la ferme). Cette grand-tante et son mari, sans enfant, avaient opté pour le régime de la communauté universelle. Elle est morte la première, tous les biens sont revenus à lui. Quand il est mort, comme il était de l'Assistance (publique, ie abandonné, sans famille connue), tous leurs biens sont revenus à l'Etat et ont été vendus aux enchères (alors que si c'était elle qui était morte en dernier, ses neveux et nièces en auraient hérité):
— Ma mère [ma grand-mère] a assisté aux enchères et à chaque fois qu'un lot passait, elle récupérait les photos de famille.

Ces histoires de succession assises sur des règles juridiques me fascinent. Ai-je raconté la pire que je connaisse, elle aussi racontée par ma mère? Je ne sais plus de qui il s'agissait, de collègue de lycée, je crois. Le père et le fils se tuent dans un accident de voiture en allant à l'enterrement du grand-père. Selon les règles juridiques, quand on ne sait pas qui est mort le premier dans un accident, l'ascendant est réputé mort le premier, ce qui veut dire ici que les biens du père reviennent au fils.
Ce sont donc les descendants du fils (ici il n'y en avait pas) puis à défaut ses ascendants qui héritent, en l'occurence la mère du garçon. Or le père et la mère étaient divorcés. Elle a donc hérité de la moitié de la maison de son ex-mari (qui venait d'en hériter suite à la mort de son père) sur l'île d'Ouessant dans laquelle vivait depuis toujours son ex-belle-mère, une vieille dame qui venait de perdre mari, fils et petit-fils.
Que ce soit vieux règlement de compte entre belle-mère et bru, divorce mal digéré ou douleur d'avoir perdu son fils, elle a exigé de toucher la valeur de la moitié de maison devenue sienne, obligeant la vieille dame à lui racheter sa part ou à vendre le lieu où elle avait vécu toute sa vie.

Anicroche: A. téléphone, elle n'a pas ses clés pour rentrer à la maison. Je songe à Rhotull («c'est quand même des sous-doués des clés») et nous l'envoyons chez les voisins en attendant notre retour vers minuit.

Pas mon jour

Un syndicaliste m'a fait remarquer que je n'avais pas mon mot à dire en conseil d'administration puisque je n'étais pas élue. Il a raison il a raison il a raison (mais c'est moi qui rédige le procès-verbal, héhé.)

Mail reçu de FB
Titre : Quelqu’un a signalé votre photo pour nudité ou pornographie.
Statut : Cette photo n’a pas été retirée
Détail : Votre photo a été signalée en raison d’une infraction aux standards de la communauté de Facebook pour nudité et pornographie. Étant donné qu’elle n’enfreint pas ce standard, elle n’a pas été supprimée.

Quelques explications pour ceux qui ne connaissent pas FB: il est possible de "signaler" (dénoncer) les photos ou commentaires que l'on trouve déplacés ou illégaux (incitation à la haine, à la pédophilie, etc). FB s'est fait connaître pour son obsession anti-seins, qui l'a conduit parfois à mettre hors ligne des groupes de soutien contre le cancer du sein ou pour l'allaitement (sans compter la mise hors ligne de photos de tableaux de grands maîtres).

Le mail que j'ai reçu indique que quelqu'un a dénoncé ainsi une de mes photos, mais qu'après examen FB n'a rien trouvé à redire à ce que je publiais (le contraire m'eut étonnée). Malveillance, erreur (un clic est vite arrivé)? Je ne sais.

En arrivant le soir devant ma maison aux volets clos, je réalise que je n'ai pas mes clés. J'attends un instant dans la voiture puis je vais chercher de l'essence (toujours ça de fait) et O. à la gare: lui a ses clés (j'en suis sûre car nous sommes partis en retard ce matin parce qu'il les cherchait). Lorsque nous revenons les volets sont ouverts, C. était à la maison tandis que j'attendais dans la voiture.

Jamais deux sans trois.

A. voulait prendre le train de neuf heures et demie et donc le RER à huit heures vingt. Un peu agacée, je lui ai fait remarquer que nous souhaitions dormir et que je ne voyais pas l'utilité de partir si tôt. Nous avons transigé et c'est son frère qui s'est levé pour l'emmener. Elle est partie avec sa chatte et ses bagages.

A onze heures et demie, alors que je suis en train de terminer les divers rangements et vaisselles, A. téléphone : elle est à la porte, elle a oublié ses clés à la maison.
Je suis impressionnée : électricité le 3 novembre, eau le 7 (oui, le jour de son anniversaire, eau coupée: nous pensions que celle-ci était comprise dans les charges mais l'agence s'était trompée), clés le 11. Une sorte de série parfaite.


Elle laisse le chat et ses paquets chez la voisine, revient à Saint Lazare où nous lui apportons ses clés (arrivée du train à Paris à 15h15. Départ pour Lisieux à 17h35. Vers vingt heures, elle est enfin chez elle, avec sa chatte et de l'eau, rétablie pendant son absence).

Souvenirs

En quatrième, H., mécontent du retard systématique de A. le mercredi pour aller au conservatoire, lui avait fait des reproches. Défense de A.: des troisièmes l'empêchaient d'emprunter l'escalier (très long et abrupt, genre Montmartre) permettant de rejoindre rapidement la ville à partir du collège, ou au contraire la poussaient dans les marches.
H. s'était posté en voiture pour observer le manège et vérifier les éventuelles exagérations; il avait quasi littéralement attrapé par le col le meneur («Eh M'sieur, vous m'faites mal!») et l'avait traîné chez le proviseur adjoint.

Il n'y avait plus eu de problèmes malgré mes craintes de représailles; mais un soir, en avril sans doute (il faisait jour), en rentrant du travail, j'avais trouvé dans le jardin la voiture le pare-brise arrière volé en éclats comme fracassé par une batte de base-ball. Nous avions porté plainte.
Il n'y a jamais eu d'explication, mais le policier de garde nous avait dit que le plus probable, c'était «une vengeance de gamins». Toujours est-il qu'il n'était pas simple de trouver la bonne attitude: ne pas paniquer les enfants tout en prenant quelques mesures pour les protéger. Depuis cette époque, nous n'avons jamais laissé la maison vide lorsque nous partons en vacances.

Et donc lorsque A. s'est fait voler ses clés au début de la troisième, cela pouvait être tout aussi bien une blague ayant pris des proportions involontaires qu'un acte de malveillance laissant présager une suite désagréable.

Grâce à Dieu, il n'est rien arrivé et tout cela est loin, si loin qu'il a fallu que je fasse quelques recherches pour reconstituer la chronologie.

Cinq jours

Dimanche : lever 7h30, marché pour faire faire un casse-croûte aux garçon par le charcutier portugais, un instant de confusion en ayant cru que le gazoil était néfaste à une voiture diesel, Bruyère-le-Chastel pour une réunion scoute, re-marché pour nous cette fois, (je rentre les autres se lèvent), déjeuner, sieste, quelques images de ''M.A.S.H'', j'ai trouvé mon plan1, yapluka remplir, cépagagné.

Samedi : lever 7h30, les Halles à 10 heures, deux paires de chaussures pour O., passage chez le charcutier, nous rentrons, les autres sont debout depuis une demi-heure. J'ai presque fini les années Tel Quel par RC, très intéressant. Communion de Vladimir. Quand nous rentrons à deux heures du matin, les enfants partis une heure avant nous attendent dans leur voiture, ils n'avaient pas de clé de la maison.

Vendredi : j'obtiens quelques renseignements sur notre sort prochain. Prévoir une annonce dans les formes fin juin, une décision définitive en septembre (trois options: partir avec le racheteur, retourner à la maison-mère, être licencié lors d'un plan social. Question: si je devais en profiter pour me reconvertir, que choisir?)
Mon boss est rentré de vacances. Suite à des échanges vifs avec le consultant, je devais recevoir un savon, mais une urgence a surgi. J'ai donc reçu un appel au secours (d'où les renseignements obtenus: j'ai papoté pendant le sauvetage que j'effectuais, ou plutôt le sauvetage a consisté à papoter).
Mais ce n'est que partie remise (pour le savon, je veux dire).
(Je n'ai pas racheté de cigarettes.)

Jeudi : pas de souvenir.

Mercredi : premier véritable jour de mai. Une heure de bavardage sur un banc dans la cour de l'ICP au lieu de travailler en bibliothèque. C'était bien. Beaucoup parlent d'abandonner. Trop dur, trop lourd.


Note 1 : dissertation de théologie de première année en Cycle C.

Tête en l'air

C. arrive à Lausanne et nous téléphone : il a oublié ses clés à la maison. Il me reste à les lui poster.

Résumé

- jeudi
Oulipo. J. tombe devant la BNF et se casse un doigt. ''Annette'', pièce de Jacques Jouet.
Dominique annote et corrige quelques points de ce blog (depuis le 25 mai. Au besoin il laissera des commentaires anonymes pour que je corrige ou complète mes billets). Il m'apprend que ''Laura'' de Nabokov est sorti (est trouvable sur le net) en livre (et donc pas en cartes à organiser soi-même: dommage).
Toujours le même bonheur de la pizzeria post-BNF.
J'apprends qu'une contrepétrie ne doit pas être trop compliquée pour être "pure".
Contrepétrie impure, donc (et classique) donnée par Elisabeth: "L'aspirant habite Javel" 1.

- vendredi
Ma fille se fait voler son sac au collège, avec les clés et l'adresse de la maison. C'est le x-ième incident la concernant. Je commence à être réellement inquiète, elle est visée, je crois qu'il va falloir la changer d'établissement avant que le pire n'arrive (il n'arriverait peut-être pas, mais qui prendrait ce risque?)
Je retrouve mes complices au café pour une nouvelle séance de lecture des Eglogues. Le soleil levant d'Auckland dans l'écran du portable connecté en wifi. C'est beau la technologie, mais je suis encore plus émue d'avoir une amie qui vit toujours demain.
Le soleil de demain brille déjà, et au printemps.

- samedi
DT polio. Fièvre pour le week-end. Qu'ai-je fait le reste de la journée?
Ah si, on songe à moi pour l'équipe d'aumônerie... Voilà aut' chose... je m'étais dérobée il y a six ans, cette fois-ci je suis bel et bien reprérée. Je me lancerais bien dans une licence de théologie.


1 - On notera au passage l'ode à la main gauche de J.
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