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Le long de la Marne

Restaurant Château des îles avec Pascal et Daphné. Je me demandais qu'elle pouvait être la raison de cette invitation: il n'y en avait pas (le moment où je me dis que j'ai le cœur perverti et ne crois plus à la gratuité des gestes).

Comme Daphné et Pascal sont architectes et urbanistes, je leur demande leur opinion sur la loi Elan qui prévoit que 10% des logements neufs seront équipés pour les handicapés (et non 100%):
— Un empâtement au sol de quatorze mètre cinquante au sol et non douze, ça fait des gros pâtés… Ce n'est pas du tout la même chose.
— Tout le monde n'a pas besoin d'une salle de bal dans ces WC (et c'est vrai que nous avons fait une drôle de tête en découvrant nos WC à Tours).
— Ce que je ne comprends pas, c'est s'il s'agit du handicap au sens propre ou si le législateur a autre chose en tête, du genre le maintien à domicile des personnes en grande dépendance.

(Bref, cela ne les choque pas dans la mesure où il y a aujourd'hui beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes non handicapées à loger).

Excellente soirée. Dans un moment d'enthousiasme les hommes de l'assemblée ont pris l'engagement de renouveler cette soirée tous les deux mois. Mon pessimisme dit que si nous y arrivons tous les six ce ne sera déjà pas si mal (pas de mauvaise volonté de ma part, au contraire. Mais le temps passe si vite dévoré par tant d'obligations.)

L'endroit est très beau, très bien situé. Malgré la présence de l'eau l'air a à peine fraîchi. Comme il fait chaud cette année, mais cela fait si longtemps que nous nous contentons de deux semaines de beau temps l'été que je n'arrive pas à m'en plaindre.

Gris

Journée de réunions. Aquarium. Brume. L'horizon disparaît. Brume. Sieste de dix minutes sur la moquette. J'ai si mal aux yeux.
Mon moral remonte vers le soir après un bel exposé sur notre activité. Il y a si peu de hasard. Il y a des séries, des signes annonciateurs, des profils…

Qu'est-ce qui me rend si anxieuse, au point de tomber en léthargie? Est-ce d'avoir posté toutes ces lettres, d'avoir invité ma famille comme je ne l'ai jamais invitée? Je me souviens de la carte de ce cousin surpris qui disait, à propos d'une réunion de l'été 2003: «Alice nous a montré qu'elle savait sourire».
Qui peut comprendre cette phrase aujourd'hui? Même si je ne peux plus réellement comprendre qui j'étais enfant, comment j'étais, même si j'ai toujours l'impression d'exagérer, de déformer, ce genre de phrase me rappelle cependant que je n'ai pas rêvé.
Et inviter les témoins de cette enfance incompréhensible me terrorise.

Colère ce soir. Elle a bullé toute la semaine, à se faire péter les vaisseaux sanguins des yeux (sens littéral) sur sa Gameboy, et maintenant elle me présente à signer un bulletin lamentable qu'elle a conservé dans son sac durant les quinze jours de vacances.
J'ai l'impression d'être dans un téléfilm de TF1.

Dimanche

Enveloppes, adresses, il m'en manque. J'aime le mot "suscription".

Analyse linéaire d'un passage de Laurent Gaudé. Je fais travailler à mon idée, à l'ancienne. Je ne suis pas bien sûr que ce soit cela qu'il faille faire. Mais le moyen de faire autrement si l'on veut être à l'écoute d'un texte? C'est sans doute le plus difficile: expliquer que le texte parle, et qu'il faut faire attention, juste faire attention, pour l'entendre.
Exercice spirituel.
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