Billets qui ont 'le temps qui passe' comme mot-clé.

Le réveil contrariant

Dimanche 4 août, nous avons acheté un réveil, au prétexte qu'il était beau: une sorte de boîte en bois, sans trace, où s'inscrit magiquement l'heure en gros chiffres lumineux style années 70.

Le mardi suivant (latence habituelle), H. l'a branché dans la chambre. Insupportable, trop lumineux. Le mercredi, il a donc réinstallé le vieux radio-réveil (trente-cinq ans qu'il est chez nous, le plus vieil appareil électro-ménager de la maison) et descendu le réveil au rez-de-chaussée. Cependant, du fait que nous n'avons pas de mur, le réveil éclaire le plafond à travers l'escalier: chaque soir il accomplit donc un quart de tour afin que sa face lumineuse soit contre l'étagère, et chaque matin dans l'autre sens.

Il indique l'heure, mais sans être branché sur l'horloge internationale, il faudra donc le régler deux fois par an — il indique la date, mais à la mode américaine, 08:12 — il indique la température : aujourd'hui en fin de journée la température atteignait 27° au rez-de-chaussée, pièce que nous réussissons habituellement à conserver à 23°.

En semaine je suis à Paris, et ces derniers jours, comme je partais bientôt en vacances, je suis rentrée tard tous les soirs; le week-end, un jour sur deux, je suis au planeur. Ce n'est donc que la deuxième fois qu'à 20h40, j'entends sonner le réveil.
Lorsqu'il l'a réglé, H. n'a jamais réussi à l'empêcher de sonner.

Insomnie

Réveillée entre trois heures trente-trois (c'est toujours le même plaisir) et les alentours de cinq heures et demie.

Je ne me suis pas levée. Ne pas bouger, sentir, ressentir les draps, la surface plane du matelas, écouter la comtoise, mettre une boule quies (en mousse) du côté hors oreiller, attendre, résister à l'envie de vérifier l'heure, se tourner, ne pas bouger, penser, chercher un sujet de rêverie pour lâcher prise, ça ne marche pas, tiens la comtoise ne fait plus de bruit, le balancier est enfin en bout de course, malgré mon amour de cette pendule je ne vais pas la remonter quelques jours pour voir si je dors mieux sans le tic-tac et le carillon des heures, ne pas regarder le réveil, bouger un peu pour sentir une portion de drap frais.

Quand je me suis réveillée, la comtoise faisait tic-tac.
J'ai donc rêvé que je faisais de l'insomnie, que les draps étaient frais et que la pendule s'était tue.

C'est fatigant.

Une belle journée d'automne

Il fait très doux. Les arbres qui vireront au jaune sont encore verts (les roux et rouges sont déjà roux et rouges). Il est difficile de croire que dans un mois toutes les feuilles seront tombées.
Huit presque de filles (à deux garçons près).

Sieste de trois heures les muscles brûlants (l'entraînement de ce matin ajouté à l'ergo d'hier) et cent page de Galindez. J'ai passé une seconde couche de pâte à bois dans l'armoire de mon grand-père, cette fois-ci à l'intérieur.

Ce soir nous changeons d'heure — peut-être pour la dernière fois. Il y a eu un sondage sur le sujet, mais je n'ai pas compris si une décision avait été prise. Il ne me semble pas.

Procla

Le nom de la femme de Pilate apparaît dans L'Evangile de Nicodème appelé aussi Actes de Pilate. (Procla est son nom dans les plus anciens manuscrits grecs. En latin cela a souvent été transformé en Procula.)

Nous traduisons un passage où la femme de Pilate fait prévenir son mari que l'homme en face d'elle est un juste et qu'il doit éviter de s'en mêler.

«Dans sa version latine, cet évangile a eu beaucoup d'importance au Moyen-âge. On y a ajouté une descente de Jésus aux enfers, et quand il ressuscite, il apparaît à Joseph d'Arimathie. (On ne sait pas très bien où se trouve Arimathie.) Les pères de l'Eglise se sont posé la question: pourquoi avoir envoyé ce rêve à la femme de Pilate plutôt qu'à Pilate lui-même? Et ils y ont répondu [je crois que c'est Jean Chrysostome qui y a répondu mais je ne suis plus sûre]: parce que Pilate étant un homme, il aurait tout oublié à son réveil. [Rires dans la classe.] Une autre question était de savoir qui avait envoyé le rêve.»
Nous séchons. Dieu?
— Mais non: comme le but était d'éviter la crucifixion…
— C'était Satan ?!
— Eh oui !

Je digère l'information. Mais alors…
— Mais alors, quand Caillois écrit sa nouvelle?
— Oh, il y a aussi xxx, dans les années trente, qui a écrit sur ce thème.
Hélas je n'ai pas compris le nom de l'auteur. Années 20 ou 30.


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La liste des livres canoniques (constituant la Bible) a été établie par le concile de Trente. Les listes précédentes que nous connaissons étaient descriptives, non normatives. Il n'a jamais été question d'y faire entrer l'Evangile de Nicodème.

Le calendrier grec avait pour point de départ les premières Olympiades, en -776.

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Agenda
Rencontré l'anesthésiste. 16/10 de tension, ce qui est énorme pour moi qui suis plutôt à 11/7 habituellement. Le dawa au boulot m'a affectée davantage que je ne le pensais (car en réalité, j'en ressens une certaine ironie, une certaine colère, qui me tiennent chaud et que j'apprécie). Les anesthésistes de cette clinique ont tous signé l'OPTAM (ce qui permet d'être mieux remboursé), ce qui est rare en région parisienne. Et ils prennent cent euros de dépassement, ce qui est remarquable (les montants habituels vont du triple au sextuple). Bref, je donne le nom de la clinique: clinique St-Germain.


Dans l'église à la sortie du RER A est enterré Jacques II, roi d'Angleterre (et VII roi d'Ecosse). Je vais voir la chapelle, dans l'église même où il y a quelques années j'assistais à l'enterrement d'Hubert. Je n'avais pas remarqué ce détail à l'époque.

A la sortie je suis frappé par cette image:

2019-0411-dr-Jeckill.jpg


Elle lisait Dr Jeckill et Mr Hyde.

Vieillir

Sur FB ce matin. C'est tellement ça. Comme le temps est immobile.


«Dans deux ans, 1990 sera passé depuis trente ans. Quand je pense "il y a trente ans", je pense à 1970.»


2018-0414-il-y-a-trente-ans-1970.jpg



(Pour moi, le plus bizarre a été de tomber sur la phrase : « le mur de Berlin est détruit depuis plus longtemps qu'il n'a existé ».)

Le pape s'en va

J'ai pensé à Jean-Paul I, à mon incrédulité en apprenant sa mort.

J'ai pensé au départ de Steve Jobs et à Frédéric II, à je ne sais plus quel général des Jésuites auquel le pape avait refusé de démissionner malgré sa maladie.

Je pensais que le refus de la contraception et de l'euthanasie par l'Eglise catholique était lié à la conviction qu'il ne fallait pas s'opposer à la nature, à l'œuvre de la nature comme dessein de Dieu, souffle de l'Esprit Saint. Dans cet esprit, le vieillissement étant le terme naturel de la vie, n'était-il pas cohérent, ne serait-il pas cohérent, de le laisser faire son œuvre sans s'y opposer, sans prendre la décision de se dérober? (Je pensais que c'était ce qui sous-tendait l'attitude de Jean-Paul II, par exemple: la soumission au temps comme décision de Dieu.)

Ici, quelques paroles désenchantées, qui évoquent ce blog dont je donne le lien au moment où il ne servira (sans doute) plus. (Que va faire le pape? Entrer au couvent? Et quel sera son titre? Redevient-on "civil" quand on a été pape? Ou est-ce comme ministre?)

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Je prends des bonnes résolutions tous les lundis et tous les samedis.
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