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Folie II

De nouveau la directrice. Très longue conversation. En huit jours, A. leur a offert un pot-pourri de son savoir-faire, un florilège de ses meilleurs moments. Je suis anesthésiée, navrée qu'elle fasse subir cela à un groupe de vingt-huit enfants, cinq animateurs, venus passer dix jours à pratiquer leur passion. J'ai proposé qu'ils la mettent dans un train et la renvoient à la maison mais il est trop tard, le stage se termine vendredi.

La directrice a téléphoné dans un but thérapeutique, pour s'épancher elle. Ça fait plaisir d'avoir affaire à quelqu'un qui ne s'est pas laissé embobiner, et qui a les mêmes analyses que nous.
Une nouveauté cependant: au lieu d'évoquer un traitement psychologique (ce que fait habituellement la plupart des gens), elle propose d'explorer une piste neurologique, à commencer par des examens sanguins approfondis.

Je n'imagine pas me lancer là-dedans, mais j'en parlerai quand même à notre médecin. Après tout…
Ce serait bizarre de se retrouver dans un cas bénin de L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau.

Pas de miracle

Il y a dix jours dans la cuisine je remplissais machinalement le dossier du stage de chant qu'allait suivre ma fille. Celle-ci était présente, et je commentais en écrivant : « Vaccins... à jour, allergies... non, traitement médical... non, observations particulières...»
Je relève la tête : «Tu vois, j'hésite toujours: est-ce qu'il vaut mieux les prévenir de ton caractère, ou est-ce qu'il faut te laisser ta chance? J'ai prévenu une fois, depuis je ne le fais plus.»
Et plus loin : — Ah, et si ça se passe mal, ils peuvent te renvoyer, le voyage est à notre charge.
Elle commente : — Triste.

Ce soir nous avons reçu ce mail :
Bonjour Madame,
Bonjour Monsieur,
Je me permets de vous contacter pour vous prier de m'appeler sur mon portable au 06 xxx.
L'horaire le plus propice pour moi serait vers 20h.
J'aimerais m'entretenir avec vous au sujet de A.
Rien de gravissime, rassurez-vous.
En vous remerciant par avance,
cordialement,
Isabelle X
Directrice du séjour XXXXXX
Non, rien de gravissime et rien de nouveau pour nous (la directrice, par contre, voulait s'assurer que c'était "normal". Normal, je ne sais pas, mais ordinaire, oui).
Simplement une déception et du découragement, et l'assurance désormais que A. se sera rendue insupportable dans son prochain lycée au bout d'une semaine. Dans cette colonie, cela a pris cinq jours.

Je me suis servie un verre.

Coalition

Je crois que je vais bientôt assister au retournement d'une règle de vie sociale.

La règle est la suivante: les râleurs, les emmerdeurs, obtiennent ce qu'ils veulent; non parce qu'ils ont raison de le demander, mais parce qu'on est plus tranquille en le leur donnant. (Illustration: le gosse braillard à qui son père propose une trotinette pour le faire taire (tête déconfite de son grand frère, six ans, bien sage "Et moi?", murmure-t-il (il aura sa trotinette, je crois (scène vécue à Décathlon)), la collègue pénible qui obtient son bureau près de la fenêtre, l'invitée qui bouleverse le plan de table soigneusement réfléchi, ma sœur qui m'a condamnée au jambon/coquillettes toute mon enfance, etc.)

Bref, il existe ce que j'appelle "la prime à l'emmerdeur" (et depuis que je l'ai repérée, j'essaie d'être attentive à ceux qui sont discrets, silencieux, souriants. Je milite pour une digue contre les emmerdeurs et une prime aux gentils.)

Cependant l'effet peut se retourner. L'emmerdeur doit prendre garde à ne pas exaspérer TOUT le monde en MÊME temps contre lui.
Je crois que c'est ce que vient de faire ma fille.
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