Je me souviens de cette semaine, la semaine où nous avons appris (par la radio, toujours la radio), que la fille de Frédéric Dard avait été enlevée puis libérée. Je me souviens de ma fenêtre, de la lumière dans ma chambre. La remise de rançon avait été très maligne, à base de poulie descendant dans le noir.

Je me souviens de ma surprise que Joséphine soit vivante (car depuis mon enfance, depuis Christian Ranucci, tout enlèvement d'enfant était sans espoir, on m'avait inculqué cela) et de mon étonnement de voir advenir dans la réalité un enlèvement d'enfant que San-Antonio avait vécu un an plus tôt dans Du bois dont on fait les pipes.

Après cet enlèvement, l'écriture des San Antonio a changé, plus violente mais aussi plus fantastique, comme s'il s'agissait de décrire des événements qui ne pouvaient pas se produire. Moi qui en était une grande amatrice, j'ai été quasi dégoûtée après la lecture de Fais pas dans le porno, un livre d'abord publié en feuilleton en 1985 dans Le Matin de Paris dans un effort commun de plusieurs personnalités pour sauver ce journal.