Billets qui ont '2024-05-21' comme date.

Ondelettes

Le matin je réserve le premier train que je trouve mardi: Gap 7h28, Paris gare de Lyon, arrivée 15h10, avec deux changements. (Plus tard je regretterai de ne pas avoir cherché davantage, ou choisi le bus de nuit).
Je passe la matinée à envoyer des sms. Je me charge des amis, la plus jeune sœur de mon beau-père se charge de la famille. J'attends le soir pour appeler un ami qui vit aux Etats-Unis. Mon beau-père a beaucoup compté pour nous (je veux dire nous tous, les amis de son fils) autour de nos vingt ans: il était toujours présent pour nous repêcher dans nos galères, avec une blague potache, comme si de rien n'était. Nous sommes nombreux à tenir à lui.

Courses, tongs (chaque fois que je viens à Sisteron, j'achète des tongs (au moment de quitter Moret, impossible de retrouver les miennes)).

Cet après-midi je vole avec Dom; en deuxième car prise par mes appels je suis arrivée trop tard pour passer en premier. Je reste longtemps en piste à aider les autres planeurs. Je vais ensuite dormir dix minutes, tant et si bien que je suis de nouveau en retard sur la piste (le planeur est une tyrannie du temps) et embarque très vite, sans vraiment prendre le temps de m'installer, même si aujourd'hui j'ai pris un coussin.

Nous montons au plafond de 2700 mètres, nous partons vers le sud que je n'ai pas encore vu. Lac de Sainte-Croix, gorges du Verdon que je ne situais pas du tout ici. De loin on aperçoit Nice et la Méditerranée.

vue aérienne du lac Sainte-Croix


Nous montons suffisamment haut pour franchir en ligne droite tous les sommets sur le chemin du retour. Dom m'explique une façon de faire le point dans les derniers kilomètres, un double calcul que j'ai oublié, mais que je lui redemanderai quand j'aurai atteint ce niveau (faire des courses en solo). Deux ou trois fois, quand ce n'est pas moi qui pilote, je me réveille en sursaut, sans savoir si je me suis endormie ou si j'ai perdu connaissance (l'altitude? l'émotion?)
En rentrant, nous rencontrons de l'onde (trop tard pour du thermique, trop haut pour du vol de pente: c'est donc de l'onde) au dessus d'un ruisseau. Nous volons le long de la vallée, allers et retours, les ailes très à plat, lentement (80 km/h). C'est un déplacement très lent, très doux.

Ensuite, afin de se poser avant 20 heures, l'heure limite, Dom prend la vent arrière (première phase de l'aterrissage) à 200 km/h, ce qui contrevient à toute procédure.

De la farce aux larmes

Ça commence par du hard core, ça finit par du hard core, mais pas le même: davantage du Shakespeare que du Racine.

Nuit sous la tente, réveil vers 7h30. Une heure de blogage puis petit déjeuner: je toque à la caravane de Pat pour me préparer, comme l'année dernière, mon porridge et mon thé puis les manger au son d'AC/DC.
Je fais bouillir l'eau, ébouillante le sachet de thé, mets une mesure de céréales dans un bol, saisis la bouteille achetée la veille à une station service pour verser la même mesure de lait… Il est bizarre ce lait, il est jaune pâle, aurait-il tourné dans la voiture avec la chaleur et se serait-il décomposé?
Je renifle, ça sent l'urine, je regarde la bouteille posée sur le comptoir, l'étiquette en est froissée, abîmée: ce n'est pas ma bouteille de lait qui est au frigo.
Je ne dis rien, saisis la bouilloir, sors jeter ma mesure d'urine et ébouillante le contenant avec l'eau de la bouilloire.
Puis je rentre dans la caravane finir mon petit déjeuner.

Briefing, préparation des planeurs puis déjeuner au Pegasus.

Je pars la première avec Pat. Sortie calamiteuse: je suis mal installée; trop enfoncée dans la carlingue, j'ai l'horizon bloqué par le tableau de bord. Pour voir par-dessus, je pousse sur le manche, le planeur pique et donc accélère.
Par ailleurs il existe en planeur la notion de conjugaison: pour tourner, on incline les ailes (poussée sur le manche) et on oriente le nez dans la direction où on veut aller avec les palonniers (pédales aux pieds). Le dosage des deux est contrôlé par le fil de laine sur la verrière qui doit rester vertical.
Je ne maîtrise pas la conjugaison (c'est l'équivalent de débrayer en passant les vitesses), ce qui est un obstacle majeur à ma progression. En rentrant, Pat me fait faire des exercices, virages et contre-virages avec conjugaison («Surveille ton fil. Ta vitesse!»)

En descendant de planeur au milieu de l'après-midi (Adrien passe après moi) je lis deux sms de H., envoyés à 14h25.
Papa vient d'entrer en séjour court à l'hôpital car il a une nouvelle infection. Je l'ai eu au téléphone. Ça ne va pas bien du tout. J'espère que ça ira mieux demain. Ils on prévu de l'orienter vers un autre service après le traitement de l'infection. Pas sûr qu'il sorte de l'hôpital. Je ferai une version édulcorée sur WhatsApp ce soir.
Pour l'instant, ma mère m'a dit de maintenir ma venue mercredi. On verra comment ça avance.
Je le rappelle aussitôt, on papote, il me raconte comment il tente de gérer le défaitisme de son frère. Il coupe d'un «ma mère m'appelle, je te rappelle».
Une minute plus tard, ça sonne: «l'hôpital a appelé, papa est mort».

Dîner au gîte partagé entre les autres pilotes (j'ai choisi de rester en tente pour être tranquille, pour limiter les interactions sociales). Je bois du blanc, me bourre de chips. Je suis au téléphone par intermittence, nous sommes désorientés. Week-end de la Pentecôte, tous les trains sont complets. H. me dit que quoi qu'il en soit, il préfère aller voir sa mère à Châlons seul avec son frère. Bref, nous convenons que je remonte mardi prochain.
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