Billets qui ont 'Bladsurb' comme nom propre.

Parce qu'il devait neiger

Parce qu'il devait neiger, j'ai abandonné l'idée d'aller ramer.

Je n'ai pas été difficile à convaince car j'avais une montagne de linge à repasser (rien repassé depuis le déménagement) et que l'objectif du week-end serait de terminer de déballer les cartons.
Combien en reste-t-il? Une trentaine sans doute. Ils me font peur. J'ai peur de ne pas avoir de place, je sais intimement que beaucoup de bricoles, en toute objectivité et en toute logique, devraient être jetées. Qu'est-ce que c'est que l'affectif, lié à la mémoire, quand chaque objet a une histoire qu'on est seul à connaître — objet donc condamné à ma disparition, lorsqu'il n'y aura plus personne qui connaîtra cette histoire.

Repassé en regardant Vivement dimanche. Je fais partie des admirateurs de Fanny Ardant, j'aime beaucoup sa voix. Influence d'Hitchcock, histoire à la Léo Malet, film un peu lent (est-ce le fait de ne pas être concentrée puisque je repasse, ou que soixante ans plus tard j'ai pris l'habitude de rythme beaucoup plus enlevé?) Quelques secondes amusantes sur les blondes: démarquage d'Hitchcock, justement?

Vidé les cartons de livres de théologie. Je suis soulagée, tout tient dans une seule étagère (les étagères en pin qui nous suivent depuis Talence, il y a trente ans. Il nous en reste deux, les autres sont réparties entre les enfants). Ce n'était pas évident, ce n'est pas le même meuble qui les contenait à Yerres (celui-ci est près d'H., rempli de policiers et de SF) et je disposais en plus d'une petite étagère, peu large (maintenant remplie de pâtes et de miel dans l'arrière-cuisine), qui contenait les poches et la Bible de Jérusalem en fascicule — et toutes mes versions de la Bible, écrits apocryphes de la Pléiade, traduction liturgique, volume en hébreu donné par Jean (apprendrai-je des rudiments d'hébreu un jour? C'est désormais très peu probable).
J'ai trié et donné l'équivalent d'une étagère (une planche d'étagère), j'ai déporté dans la table de nuit qui vient de ma grand-mère les livres sur la prière (il n'y en a pas beaucoup, mais vingt centmètres de rayonnage gagnés sont précieux) et ça tient.
Je suis très contente et soulagée.

J'ai retrouvé le livre dédicacé par Barthes et donné par Bladsurb. Je comprends mieux pourquoi je passe mon temps à en oublier le titre, c'est tellement inattendu: il s'agit de Prières de Charles Péguy.
Etait-ce ce qu'il convenait d'offrir à une jeune fille?

Et donc il a neigé.
Ça m'agace, cette façon de signaler très gravement qu'il va neiger ou qu'il fait moins treize à Metz: mais réjouissez-vous, nom d'un p'tit bonhomme, que croyez-vous qu'entraîne le réchauffement climatique? Si vous ne voulez pas 14°C de moyenne sur l'année, il faut qu'il fasse froid.
Et c'est indispensable dans la lutte des plantes contre les parasites.

Les gens qu’on aime : #15 quelqu’un qui nous a donné quelque chose de précieux

Puisque je lis Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…» (voir les commentaires du blog de CaSo : ses lecteurs y racontent directement leurs souvenirs sur le thème du jour).

Aujourd'hui, quelqu'un qui nous a donné quelque chose de précieux: Bladsurb.

Bladsurb m'a donné un livre de Péguy dédicacé par Barthes à sa grand-mère.

livre Prières de Charles Péguy, collection catholique de Gallimard collection catholique de Gallimard


Voilà comment Laurent m'a présenté ce précieux cadeau en DM sur Twitter:
"Chez moi, il prend la poussière, et il n'intéresse personne dans la famille. C'est chez vous que j'ai vu le nom de Lacape, qui est le nom de jeune fille de ma grand-mère (et de sa soeur Andrée, chez qui Barthes jouait au piano dans les années 40) et je pense du coup que vous êtes plus à même que n'importe qui dans la famille de profiter des significations multiples de cette dédicace."

Ma grand-tante Andrée Lacape était professeur de piano à Bayonne. Je ne sais plus (mais l'ai-je su ?) comment Barthes et elle ont fait connaissance, mais pendant une époque (quand il travaillait à Biarritz, ville voisine ...), il venait régulièrement chez elle jouer du piano et discuter. Alors même que Andrée était bossue et n'avait pas un physique facile, sa "liaison" avec un jeune professeur sans le sou ni avenir (et maladif qui plus est !) n'était pas vraiment bien vue par le reste de la famille. On ne sait pas quel était le deuxième livre (s'il était dans le même état et sans dédicace, il n'a sans doute pas survécu au passage des années et aux filtres multiples des déménagements et vidages de maison).


Bonus: les suggestions musicales de Bladsurb pour Inkoktober.
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