Jean-Claude Brialy
Par Alice, vendredi 15 juin 2007 à 16:03 :: Revue de presse
Dédié à un amoureux des potins.
Comme je suppose que "mes" lecteurs ne lisent pas Figaro Madame, je recopie ici l'histoire d'un canular, pas bien épais et bien peu détaillé, dont on trouve un écho plus lointain mais plus personnel sur un blog :
Comme je suppose que "mes" lecteurs ne lisent pas Figaro Madame, je recopie ici l'histoire d'un canular, pas bien épais et bien peu détaillé, dont on trouve un écho plus lointain mais plus personnel sur un blog :
[…] Je voudrais évoquer ici le souvenir d'un canular auquel il fut mêlé, à son insu d'abord, puis avec la bonne grâce qui faisait de Jean-Claude Brialy un esprit de si agréable compagnie. Chaque année ont lieu à Saumur les Journées nationales du livre et du vin. Il y a des signatures, des tables rondes, des animations, d'où les participants ressortent souvent en état de gaieté avancée. Comme Gérard Depardieu, Jean Carmet ou Claude Chabrol, Jean-Claude Brialy en était un adepte invétéré. Tout ce beau monde passait habituellement la nuit à l'hostellerie du Prieuré, dans le village de Chêne-hutte-les-Tuffeaux. Pour la session de 1999, l'écrivain Alain Robbe-Grillet y occupait avec son épouse, Catherine, la chambre 17. Pendant le dîner du samedi soir organisé dans les caves Bouvet-Ladubay, Irène Frain et votre serviteur rédigèrent, en les signant «Robbe-Grillet», plusieurs billets invitant certains convives à se retrouver à minuit dans la chambre 17 de l'hostellerie du Prieuré. Nous les fîmes porter par des serveurs à Claude Brasseur, Jean-Claude Brialy et trois danseuses brésiliennes qui devaient se produire pendant la soirée. L'objet du rendez-vous n'était pas précisé. Mais, eu égard à la réputation sulfureuse du couple Robbe-Grillet, tout était à craindre ou à espérer. Lorsque Brialy et Brasseur montrèrent à Alain Robbe-Grillet ces petits billets prétendument signés de lui, le pape du nouveau roman parut tomber des nues. Mais la fable de la chambre 17 avait pris corps. Lors de l'allocution qu'il prononça à la fin du dîner, Jean-Claude Brialy se livra à des variations virtuoses sur les mystères de la chambre 17, non sans profiter du micro pour y inviter un certain Philippe, qui lui avait probablement tapé dans l'œil.
Personne ne peut dire ce qui se passa finalement dans la chambre 17 au cours de la nuit du 17 au 18 avril 1999. Le plus probable est que le couple Robbe-Grillet y dormit d'un bon sommeil saumurois. Mais on s'en amusa, et cela fit même l'objet d'une plaquette, Le Mystère de la chambre 17, où Denis Tillinac, Jean-Jacques Brochier, Jackie Berroyer et quelques autres donnaient leur version de cette nuit énigmatique. Jean-Claude Brialy, lui aussi, livrait ses réflexions lors d'un entretien : «Que ce soit une femme ou un homme qui l'ait inventé, l'important, c'est que tout le monde a couru après ce rêve. Même hagard, même complètement nase, même ivre mort ou à l'agonie, on aurait couru à la chambre 17, pour voir, pour savoir… À partir de maintenant, c'est de la légende, on y viendra en pèlerinage, on ira y dormir la tête pleine de rêves, on la donnera aux amants comme porte-bonheur, l'hôtelier en profitera pour la louer dix fois plus cher que les autres, c'est un rêve, je vous dis, la chambre 17, une grande leçon d'amour…». Bonne nuit dans la chambre 17, monsieur Brialy.
Marc Lambron, "Souvenir d'un canular" in Le Figaro Madame du 16 juin 2007