Billets qui ont 'Camus, Albert' comme nom propre.

Camus par Enthoven

Camus «l'autre», ou Camus «le seul», selon les personnes qui connaissent les deux.

Je ne suis pas une fan d'Enthoven, j'hésite sur ce qu'en penser et j'ai tendance à le confondre avec André Enegren (la malédiction des assonances); en un mot je ne vais pas écrire un dythirambe, mais la mise en scène est solide, la démonstration impeccable, avec des illustrations filmiques inattendues qui font sourire. Par moments Enthoven a des faux airs de Belmondo. Devant le succès, le spectacle est prolongé jusque fin décembre.

J'ai lu tout le théâtre de Camus entre la première et la terminale (je lisais beaucoup de théâtre, Anouilh, Giraudoux, Camus, Sartre, Claudel, Péguy, tous ceux qu'on trouvait dans le Lagarde et Michard du XXe siècle). Je ne me souviens de rien et pourtant je l'aimais beaucoup. J'aimais moins les romans: rien compris à L'Etranger (j'ai toujours pensé que les profs nous le faisaient lire uniquement parce qu'il était mince), peu de souvenirs de La Peste lu les jours d'ennui chez ma grand-mère.

Séance de questions à la fin du spectacle. Réponse à un spectateur:
— Il est trop tard pour entreprendre le procès de Sartre. […] Vous savez que Sartre se moquait de Camus en l'appelant un «philosophe pour terminales». En fait, c'est un grand compliment: Camus est clair, il n'y a pas besoin de bagage conceptuel pour l'aborder. D'ailleurs Camus répondait: «certains ont des commentateurs; moi, j'ai des lecteurs.»

Il y a une erreur courante qui m'agace: non, il n'y a pas dans les évangiles de lien entre culpabilité et souffrance ou mort. (Si l'on prend le cas du Christ, c'est même l'inverse.) Les catholiques et les protestants ont propagé cette interprétation, mais ce n'est pas dans les évangiles.
Ce qu'implique les évangiles, c'est l'inverse: qu'il n'y a pas de raison de souffrir ou de mourir, il n'y a pas de lien logique entre les deux: «Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem?» Luc 13, 4.

Il faudrait peut-être que je relise Camus. Ça me semble moins urgent que lire les témoignages du XXe siècle. Je peine désormais à m'intéresser à la fiction.

Dimanche

Je n'avais pas ramé depuis dix jours (à Lisieux le week-end dernier, illusion que j'allais travailler le 11 novembre (je veux dire en latin, etc), flemme mercredi, oubli jeudi que j'avais un déjeuner, pluie vendredi). Bref, je me suis refait des ampoules.
Bel automne, si doux que la moitié des arbres ont encore leurs feuilles rouillées.

Arbre généalogique des empereurs romains. Olivier doit lire Caligula d'Albert Camus.

Pour Dominique : le 26 novembre 1976

— Tu sais que je possède toute la collection du Monde depuis les années 70 ?
— Ah bon ? Mais alors... Tu vas pouvoir m'aider à trouver un article que Camus a écrit à la mort de Malraux?
Air surpris, coup d'œil circulaire pour appeler à l'aide. Deux ou trois voix s'élèvent en chœur :
— Mais ce n'est pas possible, Camus était mort!
Je mets une seconde à comprendre puis m'exclame avec soulagement:
— Mais non, pas votre Camus, mon Camus!

Merci d'avance.

[Vendredi 26 novembre 1976
RC, Journal de Travers, p.1280

[Samedi 27 novembre, cinq heures. [Chron. du retard: jétais en train de découper trois exemplaires du Monde pour conserver autant de copies du petit entrefilet sur Malraux, qui est paru finalement hier [...]
Ibid., p.1287

Entre-temps j'étais allé jusqu'au Drugstore pour acheter Le Monde, parce que Samia m'avait signalé que mon commentaire sur Malraux y figurait alors que j'imaginais qu'il ne paraîtrais plus, maintenant, que dans le prochain Monde des livres, jeudi.
Ibid., p.1289

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