Billets qui ont 'Corto Maltese' comme nom propre.

Vide

Je me suis rarement autant ennuyée qu'aujourd'hui. Journée de conférences, à tenir ma tête entre les mains tandis que mes yeux se ferment. Buffet le midi. Pas envie de parler à qui que ce soit. Pensé à Orimont et au temps perdu. Une journée comme celle-là me vaudra(it) un sermon. Mais une part de moi-même — comment dire, ce n'est pas qu'elle accepte le système, c'est qu'il lui est complétement indifférent, et déjà là, donc bien pratique.

Fini Kantorowicz.

Selon les légendes ultérieures, il aurait, en chassant, tourné l'anneau du Prêtre Jean qui rend invisible et aurait soudain disparu aux regard de ses amis. (p.616)

Les enfants lisent Le Seigneur des Anneaux et s'esbaudissent de ce qu'ils y découvrent qui n'est pas dans les films. Je songe à la dernière page de Fable de Venise:

Il y a Venise trois lieux magiques et secrets: l'un dans la «rue de l'amour des amis», le deuxième près du «pont des merveilles» et le troisième dans la «calle dei marrani» près de San Geremia dans le vieux ghetto. Quand les Vénitiens — parfois ce sont les Maltais — sont fatigués des autorités, ils vont dans ces lieux secrets et, ouvrant les portes au fond de ces cours, ils s'en vont pour toujours vers des pays merveilleux et vers d'autres histoires...

Maintenant un policier, puis Jacqueline de Romilly, puis Justine Lacroix puis Mauriac (Claude).
Je ne vois pas pourquoi je me fatigue à écrire, je n'aime que lire. Ces derniers mois je m'étonne de ne plus rien lire de décevant, comme si j'étais entré dans un nouveau cercle. Chaque soir on me propose la carte France Loisirs en bas de l'immeuble où je travaille. Et je me sens honteuse de la refuser avec un peu de dédain (c'est le dédain qui me fait honte).

Je photographie les panneaux de RER qui nous annoncent que la circulation est pertubée jusqu'à vendredi (un train sur deux) du fait de l'usure des essieux due aux conditions climatiques du début du mois.

Il est plus facile d'être à l'heure quand on a l'heure

Je reporte une montre depuis une dizaine de jours. Ça change la vie, c'est tout de même beaucoup plus pratique que de passer son temps à surveiller l'ordinateur, les quais de métro, son téléphone, etc. Une montre, c'est son temps à soi, et j'ai soudain beaucoup plus de temps que lorsque je suis dans le flou, à dix minutes près.

En octobre 2007, j'avais acheté la montre Corto Maltese en noir et blanc. Très vite, le bracelet s'est abîmé, la feuille imprimée se décollant du corps du bracelet.
J'étais furieuse (et déçue, car cette montre me plaisait beaucoup), je l'ai rafistolé/consolidé avec du scotch, puis au lieu d'aller faire un scandale chez Swatch, j'ai arrêté de porter une montre.

Jeudi dernier je me suis décidée à passer à la boutique du Louvre, non pour obtenir un quelconque dédommagement, mais pour acheter un bracelet normal qui tienne honnêtement son rôle de bracelet.
Il en ressort que c'était une montre de collection, qu'elle s'est arrachée en quelques semaines, et qu'elle n'était pas destinée à être portée... (le tout expliqué très gentiment, avec embarras, voix off).
Zut alors, ils auraient pu le dire, j'ai tout bousillé mon bracelet de collection. Si j'avais su, j'aurais acheté en même temps un bracelet solide (enfin, normal) et j'aurais procédé au remplacement dès l'achat. Après tout, je tenais à ce Corto Maltese, cela ne m'aurait pas arrêtée.

J'ai maintenant un beau bracelet blanc et je porte à nouveau une montre. Deux montres, même, puisque le vendeur est allé jusqu'à me confier qu'il alternait entre les siennes pour les abîmer moins vite. J'alterne donc avec la Seiko que mon père a gagnée à un tournoi de tennis en 1987 et que j'utilisais jusqu'à l'achat de la swatch.


jeudi

Venise. Brume, pluie, pas désagréable. Je termine Les balades de Corto Maltese, mais j'en ai lu tant de passages dans le désordre que j'ai réussi à me perdre dans le livre avant de me perdre dans la ville. Les lignes de vaporettos (i?) traversant l'arsenal semblent fermées.
Longuement feuilleté Isolate abbandonnate della laguna venizia, illustré de photos noir et blanc de superbes bâtiments en ruine. Pas d'électricité (je suppose), pas d'eau courante, qui aurait le courage de relever ces murs aujourd'hui?

Question: existe-t-il un livre (même en italien) sur les immenses cartes décorant l'une des salles du palais des doges?

Flemme

Pas le courage de feuilleter tous les Corto Maltese pour retrouver la bulle : « Ce que tu cherches n'existe pas.»

Et puis il est possible (mais pas tout à fait certain) que j'ai des choses plus urgentes ou plus importantes à faire de ma vie.



réponse donnée en 2009 par JYP :

C'est dans L'Aigle du Brésil, dans le volume Sous le drapeau des pirates, p.35. "Ne reviens pas trop vieux. Ce que tu cherches n'existe pas": Bouche Dorée à Corto Maltese.

(Sous le drapeau des pirates reprend les trois premières histoires de Sous le signe du Capricorne.)

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