Billets qui ont 'Depardieu, Gérard' comme nom propre.

Cahuzac ou Depardieu ?

Finalement, qui est répréhensible? La grande geule ou le fraudeur?

Je suis en train de constater avec dépit que l'argent gagné en plus ne nous rendra pas beaucoup plus riches. Enfin, justement, je n'avais pas du tout l'intention de devenir riche, je voulais dépenser, je me faisais une joie à l'idée de dépenser, de pouvoir entretenir la maison, changer les fenêtres, repeindre la façade, rien de franchement mégalo, rien que du très ordinaire. Mais avec le nombre de parts qui diminue (les enfants grandissent) et les études de ceux-ci, il va falloir une fois de plus remettre cela à plus tard. Tant pis. Mais je suis déçue, j'y ai cru un instant.

Le paradoxe, c'est que la façon la plus simple pour un citoyen ordinaire de défiscaliser ses revenus, c'est (pour le moment) de les placer en assurance-vie: argent bloqué huit ans. Quand je pense que je compare l'argent au sang de l'économie, que je suis persuadée qu'il faut qu'il circule, que c'est la stase qui fait la stagnation…

Buffet froid de Bertrand Blier

Ça fait longtemps que je voulais le voir — parce que mes parents étaient partis avant la fin un été que nous étions à la Baule. Il passait hier au cinéma de ma ville; j'ai été seule dans la salle durant dix minutes avant le début de la séance, puis une femme est arrivée. Buffet froid ne fait pas recette le jour de Pâques.

J'aime voir la Défense déserte. La station n'a guère changé, ce ne sont plus les mêmes rames et les sièges ne sont plus rouges mais verts RATP.
Je n'ai pas reconnu la tour dans laquelle se passe l'action. J'ai entraperçu un panneau "Brie-Comte-Robert" "Boissy-Saint-Léger", ce qui nous entraîne loin de la Défense.
J'aime beaucoup les papiers peints et la tapisserie "Le corbeau et le Renard" au-dessus du lit, en deux pans symétriques.

— Je vous présente l'assassin de ma femme. (L'inspecteur et l'assassin se serrent la main)

— Vous n'avez jamais tué personne, vous?
— Si, si, quelques erreurs de diagnostics…

Carole Bouquet a l'air folle, les yeux étrangement décentrés.

Mes parents devaient attendre Les Tontons flingueurs à cause de Michel Serrault et Bernard Blier. Ça a dû leur faire un choc.

Quatre films

Trois de ces films ont été choisis sur un critère exogène: proximité de la salle et heure de la séance.

- Le complexe du castor : parfaitement dispensable, un navet, je crois. American Beauty sans la dimension Lolita (je ne suis pas en train de dire que c'est la dimension Lolita qui rendait American Beauty intéressant, mais que voir Le complexe du castor est inutile: on l'a déjà vu).
Un moment j'ai cru (presque espéré) que nous allions glisser vers du Foerster, mais même pas.
Seul plaisir: Kung Fu. Je pensais que Petit Scarabée était oublié aux Etats-Unis. (Jodie Foster a tourné dans l'un des épisodes quand elle avait cinq ou huit ans.)

- Minuit à Paris : encore un film sur un écrivain. Je vois ce film comme la suite ou le pendant de Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu. Woody Allen essaie de nous apprendre à vieillir — ou d'apprendre à vieillir.
Comment ne pas se perdre dans le passé, que ce soit le sien (tentation du vieil homme dans le film précédent) ou celui d'une génération (Minuit à Paris)? Le thème me touche peu, ayant plutôt tendance à ramener le passé au présent que faire basculer le présent dans le passé, mais tenter de mettre en scène cette difficulté à accepter le temps, à accepter de vivre dans le flux, est courageux et difficile. Pour quelque chose de si difficile, ce n'est pas si raté.
Bluffée par la beauté des acteurs, avec une mention toute particulière pour Hemingway et Zelda (Alison Pill).
Et sans connaissance technique particulière, j'ai été sensible à la pellicule utilisée, différente, comme fumée: une façon de faire du sépia en couleur.

- Mon père est femme de ménage : Une bonne surprise. Sans doute un mauvais film d'un point de vue du cinéma (je veux dire un film qui aurait pu être un téléfilm), mais un très bon témoignage sur la société: la France, une certaine France, de 2011, est représentée dans ce film. C'est peut-être La Boum d'aujourd'hui (pas de slow, rien pour rêver).
C'est un film sans méchant, c'est un film à base de scènes, comme autant de sketches, avec de bons dialogues. Il est construit autour d'une famille, et plus particulièrement d'un garçon, de son brevet des collèges à son bac. Cela ne se passe pas en Seine-Saint-Denis, mais dans le Val-de-Marne, les quatre amis sont blanc, juif, arabe, noir, et ce que montre bien le film, c'est la façon dont la violence, la bagarre, peut éclater à tout moment, sous n'importe quel prétexte, et qu'elle paraît absolument normale aux enfants: ce n'est pas une anomalie. Il me semble aussi que seul un réalisateur s'appelant Saphia Azzedine pouvait se permettre des blagues aussi racistes.
C'est sans doute un film sur les classes sociales: la barrière, c'est l'argent, ce n'est ni la couleur, ni la religion. (La jeune fille, avec ses tâches de rousseur, est très jolie.)
Le père croit encore que bien travailler en classe permet d'avoir un meilleur métier, une vie meilleure, il se bat pour ça, et cela m'a émue, de retrouver cette foi qui animait mes parents et qui me paraît avoir totalement disparue. (J'ai sans doute tort, si ce film dit vrai).
Mention spéciale pour la sœur, stupéfiante de bêtise, plus vraie que nature. Ça c'est une actrice!

- Je n'ai rien oublié. Je l'ai sans doute choisi pour Depardieu. J'ai beau lui en vouloir de devenir obèse sans retour, j'aime sa façon de jouer. Le film est bon, une bonne intrigue, de beaux décors, un peu violent, un peu mélancolique et un peu incohérent. Ce genre de film qui ne prétend pas démontrer quoi que ce soit sur l'art de faire des films me réconcilierait presque avec le cinéma français.

Potiche

La première minute, Blanche-Neige kitsch, annonce clairement la couleur: tout cela ne devra pas être pris trop au sérieux, et les dialogues parfois un peu creux un peu forcés un peu récités (c'est du théâtre, est-il volontaire que cela se sente imperceptiblement par instants?) ne feront pas oublier la loufoquerie de l'ensemble, et une certaine... hum, nostalgie est trop fort, pas de nostalgie (non, pas du tout, comme tout était lent et vide), mais plaisir, plaisir certain, à retrouver quelques minutes cette tranche de passé que nous (ceux qui ont au moins mon âge!) sommes capables de reconnaître.

J'ai beaucoup aimé voir Gérard Depardieu et Catherine Deneuve danser ensemble, j'ai aimé imaginer leur complicité dans la maîtrise partagée de leur métier et la conscience réciproque de ce que l'autre a traversé depuis le début de sa carrière pour se retrouver là à faire les pitres ensemble...

Une usine de parapluies: les Parapluies de Cherbourg?
Intéressant, les questions laissées sans réponse, ou avec trop de réponses possibles. (Bon, je ne spoile pas).
Féminisme, prise de conscience des femmes? Dans les entreprises familiales de province, cela n'a pas évolué tant que cela (ni les rapports sociaux, d'ailleurs).

Catherine Deneuve a des jambes parfaites, mais si Depardieu grossit encore il va nous faire une crise cardiaque.

Mammuth

Beaucoup aimé ce film, lent, tendre, absurde et sans ennui.
Il donne l'impression d'avoir été tourné avec une caméra familiale des année 70, peut-être est-ce le cas.
Yolande Moreau et Depardieu arrivent à donner avec rien, à partir des premières secondes où ils sont ensemble, une impalpable impression de tendresse.

Film qui va nulle part, film autour de dingues pas si dingues, qui m'a rappelé, en plus maladroit, les films d'errance à la Jarmush ou la Kaurismaki. (Habituellement quand je trouve qu'un film ou un livre ressemble à d'autres "plus grands", c'est mauvais signe: le film ou le livre était inutile, application pénible de recettes mises au point ailleurs. Mais là, s'agissant d'un film français, je me dis que c'est un début. J'attends avec curiosité et espoir le suivant.)
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