Barbie film odieux
Par Alice, dimanche 23 juillet 2023 à 22:32 :: 2023
Je me faisais une joie de voir ce film, la bande-annonce était drôle et j'aimais que Ryan Gosling ait accepté de jouer le rôle de Ken.
Gros, gros malaise. Pour le résumer, il suffit de mettre en relation les premières minutes du film, où des fillettes shootent dans des poupons et détruise des bébés symboliques (ce qui est très dérangeant: ce n'est pas parce qu'on ne veut pas d'enfants ou moins d'enfants qu'on souhaite détruire des bébés) et la dernière phrase du film (que je ne donne pas pour ne pas spoiler1) pour comprendre que l'idée générale est: on ne change rien et achetez des Barbie, elle est super.
Evidemment, la mission était impossible: comment défendre Barbie avec ses mensurations fantasmagoriques comme image de la femme moderne? Il aurait fallu que le film soit réalisé par quelqu'un d'autre que Mattel, il aurait fallu quelque chose d'aussi noir que The Boys, où il est clairement affiché, assumé et critiqué que tout n'est qu'histoire de popularité et d'argent, puisque les deux sont indissolublement liés, que les super-héros se fichent de sauver l'humanité et que Barbie se moque de promouvoir les femmes: tout ce qui compte, c'est vendre.
C'est bien pour cela que j'étais curieuse de le voir: comment ce film allait-il s'en sortir?
Il ne s'en sort pas, et le pire, c'est que (ou: c'est loqique, puisque) il n'en a jamais eu l'intention. Il présente deux mondes manichéens, le monde de Barbie dominé par les femmes et le monde réel dominé par les hommes («le patriarcat»), il fait se croiser les deux et n'en tire qu'une conclusion: qu'il faut que le monde de Barbie continue comme avant, et donc inéluctablement, le monde réel aussi.
Seule touche d'humour, Ken pense un instant que le monde réel est dominé par les hommes ET par les chevaux (je fais l'hypothèse que tout ceci est très américain, qu'il y a des clins d'œil qui nous échappent, qu'il s'agit d'opposer le modèle californien au modèle texan, les intellos fitness aux bourins cowboys).
C'est une catastrophe de propagande, il faut interdire ce film au moins de douze ou quinze ans, et s'il y a des profs très courageux, il faut l'étudier en classe pour démonter le discours, l'imaginaire et le modèle proposé.
Il n'y a pas de solution pour Barbie. Si l'entreprise veut réellement défendre les femmes, il faut changer les mensurations des poupées. (Ç'aurait été fantastique si Mattel avait profité de ce film pour faire cette annonce. Ça, ça aurait eu de la gueule, cela aurait démontré un véritable engagement. Dommage.)
Note
1: Evidemment, cette dernière phrase est censée signifier que Barbie est entrée dans le monde réel, mais elle dit beaucoup plus que ça — et autre chose —, l'inconscient parle.
Gros, gros malaise. Pour le résumer, il suffit de mettre en relation les premières minutes du film, où des fillettes shootent dans des poupons et détruise des bébés symboliques (ce qui est très dérangeant: ce n'est pas parce qu'on ne veut pas d'enfants ou moins d'enfants qu'on souhaite détruire des bébés) et la dernière phrase du film (que je ne donne pas pour ne pas spoiler1) pour comprendre que l'idée générale est: on ne change rien et achetez des Barbie, elle est super.
Evidemment, la mission était impossible: comment défendre Barbie avec ses mensurations fantasmagoriques comme image de la femme moderne? Il aurait fallu que le film soit réalisé par quelqu'un d'autre que Mattel, il aurait fallu quelque chose d'aussi noir que The Boys, où il est clairement affiché, assumé et critiqué que tout n'est qu'histoire de popularité et d'argent, puisque les deux sont indissolublement liés, que les super-héros se fichent de sauver l'humanité et que Barbie se moque de promouvoir les femmes: tout ce qui compte, c'est vendre.
C'est bien pour cela que j'étais curieuse de le voir: comment ce film allait-il s'en sortir?
Il ne s'en sort pas, et le pire, c'est que (ou: c'est loqique, puisque) il n'en a jamais eu l'intention. Il présente deux mondes manichéens, le monde de Barbie dominé par les femmes et le monde réel dominé par les hommes («le patriarcat»), il fait se croiser les deux et n'en tire qu'une conclusion: qu'il faut que le monde de Barbie continue comme avant, et donc inéluctablement, le monde réel aussi.
Seule touche d'humour, Ken pense un instant que le monde réel est dominé par les hommes ET par les chevaux (je fais l'hypothèse que tout ceci est très américain, qu'il y a des clins d'œil qui nous échappent, qu'il s'agit d'opposer le modèle californien au modèle texan, les intellos fitness aux bourins cowboys).
C'est une catastrophe de propagande, il faut interdire ce film au moins de douze ou quinze ans, et s'il y a des profs très courageux, il faut l'étudier en classe pour démonter le discours, l'imaginaire et le modèle proposé.
Il n'y a pas de solution pour Barbie. Si l'entreprise veut réellement défendre les femmes, il faut changer les mensurations des poupées. (Ç'aurait été fantastique si Mattel avait profité de ce film pour faire cette annonce. Ça, ça aurait eu de la gueule, cela aurait démontré un véritable engagement. Dommage.)
Note
1: Evidemment, cette dernière phrase est censée signifier que Barbie est entrée dans le monde réel, mais elle dit beaucoup plus que ça — et autre chose —, l'inconscient parle.