Est-ce que cela a changé quelque chose pour vous ?
Par Alice, vendredi 22 avril 2016 à 23:13 :: 2016
Comme l'oral "officiel" avait lieu pendant nos vacances en Espagne, je le passe en séance de rattrapage à l'église St Julien le pauvre (rite grec melkite) dont notre professeur est le curé (autant dire que la période est épuisante pour lui: Pâques, baptêmes, mariages, examens…, tout cela à caser dans un seul emploi du temps).
Nous sommes plusieurs dans ce cas-là ; nous attendons notre tour assis dans l'église en chuchotant. Nous tentons de nous rassurer mutuellement, nous dédramatisons: «ne t'inquiète pas, même s'il regarde sa montre et semble s'ennuyer…» (mais quelle drôle d'idée aussi de demander à un professeur qui a écrit sa thèse sur Grégoire de Nysse d'interroger des étudiants qui ont eu douze heures de cours de patristique et ont lu un livre pour préparer un oral d'une demi-heure).
Grégoire de Nysse justement, Sur les titres des Psaumes. Je parle de sa bienveillance (et c'est vrai: je pense que la lecture de Grégoire de Nysse remonterait le moral de n'importe qui (pour info, c'est l'un des premiers à avoir envisagé un enfer vide (apocatastase, puisque Jésus a vaincu et vaincra) — après Origène, mais lui sans se faire condamner, simplement censurer dans certaines traductions ou copies d'époque); je décris sa thèse qui est que l'ensemble du psautier serait une progression en cinq étapes vers la béatitude, l'accès au sein de Dieu. Je ne sais pas répondre à une question plus générale, mais dans l'ensemble ça se passe plutôt bien.
Nous allons ensuite prendre un pot devant l'église, à trois ou quatre étudiants. Je les connais peu, ils ne font pas partie de ma promotion initiale, ce sont des "quatrième année", je suis en cinquième.
Et soudain, l'un d'entre eux demande: «qu'est-ce que ça a changé pour vous, cette formation?»
Panique à bord. Ils ont tous des choses positives à dire: ils écrivent plus, ils lisent plus, etc.
Pas moi.
Je lis moins, j'écris moins. Je me suis coupée de mes amis, je suis embarrassée de faire état publiquement de ma foi (même si je m'y force). Je ne suis pas à la hauteur de ce que je voudrais être ou faire (c'est de l'orgueil, sans aucun doute). Qu'est-ce que cela a changé? La découverte de noms, de domaines inconnus. L'apprentissage du grec. Mais est-ce que cela compte vraiment au quotidien? Qu'est-ce que cela a changé? Je ne sais pas. Il me semble avoir plus perdu que gagné, je me dis que je dois m'y prendre mal, il y a quelque chose que je ne dois pas voir ou faire.
Nous sommes plusieurs dans ce cas-là ; nous attendons notre tour assis dans l'église en chuchotant. Nous tentons de nous rassurer mutuellement, nous dédramatisons: «ne t'inquiète pas, même s'il regarde sa montre et semble s'ennuyer…» (mais quelle drôle d'idée aussi de demander à un professeur qui a écrit sa thèse sur Grégoire de Nysse d'interroger des étudiants qui ont eu douze heures de cours de patristique et ont lu un livre pour préparer un oral d'une demi-heure).
Grégoire de Nysse justement, Sur les titres des Psaumes. Je parle de sa bienveillance (et c'est vrai: je pense que la lecture de Grégoire de Nysse remonterait le moral de n'importe qui (pour info, c'est l'un des premiers à avoir envisagé un enfer vide (apocatastase, puisque Jésus a vaincu et vaincra) — après Origène, mais lui sans se faire condamner, simplement censurer dans certaines traductions ou copies d'époque); je décris sa thèse qui est que l'ensemble du psautier serait une progression en cinq étapes vers la béatitude, l'accès au sein de Dieu. Je ne sais pas répondre à une question plus générale, mais dans l'ensemble ça se passe plutôt bien.
Nous allons ensuite prendre un pot devant l'église, à trois ou quatre étudiants. Je les connais peu, ils ne font pas partie de ma promotion initiale, ce sont des "quatrième année", je suis en cinquième.
Et soudain, l'un d'entre eux demande: «qu'est-ce que ça a changé pour vous, cette formation?»
Panique à bord. Ils ont tous des choses positives à dire: ils écrivent plus, ils lisent plus, etc.
Pas moi.
Je lis moins, j'écris moins. Je me suis coupée de mes amis, je suis embarrassée de faire état publiquement de ma foi (même si je m'y force). Je ne suis pas à la hauteur de ce que je voudrais être ou faire (c'est de l'orgueil, sans aucun doute). Qu'est-ce que cela a changé? La découverte de noms, de domaines inconnus. L'apprentissage du grec. Mais est-ce que cela compte vraiment au quotidien? Qu'est-ce que cela a changé? Je ne sais pas. Il me semble avoir plus perdu que gagné, je me dis que je dois m'y prendre mal, il y a quelque chose que je ne dois pas voir ou faire.