Une heure et demie de conférence avec Pierre Helbronn sur l'Ukraine.
J'avais prévenu H. :«toi qui suis cela de près depuis le début, tu n'apprendras sans doute pas grand chose.»
En fait ce fut pire. Je me demande d'où sortaient les olibrius de la salle, pourtant triés sur le volet (invitation envoyée de façon sélective).

Les questions furent lunaires, entre ceux qui monopolisent le micro pour expliquer leur point de vue géostratégique et démontrer leur intelligence (et la salle de gronder, au bout de dix minutes: «quelle est votre question?»); les pacifistes («pourquoi envoyer des jeunes gens se faire tuer?»); la Chinoise qui voudrait savoir si la Chine va aider à la reconstruction (réponse: «Certains pays ont fait appel à la Chine, tous n'en ont pas été satisfaits»); l'Africain qui souhaite qu'on parle davantage de l'Afrique (réponse: «Il y a une semaine on nous reprochait de parler trop de l'Afrique et pas assez de l'Ukraine»).

Soudain, quelqu'un pense à mettre en route la ventilation dans la salle et aussitôt la tension baisse. Les questions redeviennent plus classiques: pourquoi l'Ukraine n'est-elle pas déjà admise dans l'Union Européenne (réponse: «Pour entrer dans l'UE il faut remplir certains critères. C'est un dossier à examiner, rien ne se fait dans la précipitation»); pourquoi ne confisque-t-on pas les avoirs russes (réponse: «C'est une question juridique complexe qui engage des actes de réciprocité. Pourquoi confisquer les avoirs alors que les niveaux de financements actuels sont suffisants? ce serait se priver d'un bras de levier dans les négociations.»)

Je retiens que la Turquie joue un rôle important (la fermeture des routes de la Mer noire la pénalise beaucoup) et que des usines de munitions sont d'ores et déjà opérationnelles en Ukraine. Quelles que soient les questions, Pierre Helbronn connaît ses dossiers et il en ressort que beaucoup d'actions sont en cours, depuis plusieurs semaines ou mois. Ces réponses sont apaisantes dans le climat hystérique actuel.

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Dîner au Chok Dee Cafe. Taxi de Pelletier à gare de Lyon, avec un défi: arriver à la gare pour que nous ayons notre train de 22h16.
Le taxi accomplira sa mission mais pas la SNCF : ce soir, pour cause de travaux, le 22h16 partait à 22h08.