Billets qui ont 'Jonas, Hans' comme nom propre.

L'autre blog

Je relis Le Concept de Dieu après Auschwitz.
Page de garde : "acheté à Levallois le 17 août 1994". Je ne sais pas quand je l'ai lu la première fois. Je me demande ce que j'y avais compris (non que ce soit difficile, mais les concepts qui me sont aujourd'hui familiers m'étaient inconnus). Je me souviens vaguement que l'essai de Catherine Chalier m'avait paru plus intéressant. Aujourd'hui j'ai l'impression d'une redite du texte de Jonas.

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Avoir cassé Alice a occasionné quelques opérations informatiques qui m'ont ouvert des horizons (une simplification dans l'indexation de Véhesse que je n'ai jamais menée à terme depuis 2010: pas le temps, trop volumineux). J'ai tourné un peu dans ce blog, mis à jour quelques billets (la catégorie "Livres" doit disparaître, "Citations RC" aussi), réouvert Vaisseaux brûlés. Toujours le même charme d'écriture, mais habité désormais par l'omniprésence du mensonge. La bathmologie était un mensonge à soi-même destinée à couvrir un dogmatisme en ciment.
En août, cela fera dix ans que sa mère est morte.
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L'infirmier m'a dit de passer mon pied sous la douche dans deux jours pour faire partir les derniers fils.

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Ce matin nous étions en train de discuter Gilets Jaunes, du fait que la France était divisée en quatre (cf. les élections de 2017) et donc ingouvernable, mais:
— L'a-t-elle jamais été? Quand on voit dessinait les scénarios de Goscinny dans Astérix…
Débat : Goscinny, les années 50 ou 60? Après 68?
— Avant 68: il a commencé dans Pilote.

Un tour dans wikipédia, premier album en 1961, trois ou quatre ans plus tard des tirages à un million d'exemplaires, le premier satellite français nommé Astérix.

Et soudain je me souviens.
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14215(note : un an plus tard : c'était le nombre de signes de ma dissert, finalement abandonnée).

Perdue

Dans la vie de la plupart des femmes, tout, même le plus grand chagrin, aboutit à une question d'essayage.

Le côté de Guermantes, Pléiade t.2 (1957) p.335
J'ai détesté Proust d'avoir écrit cela. J'en ai parlé à un ami, qui m'a répondu que la remarque s'appliquait également aux hommes. Piètre consolation.

Lorsque j'ai rencontré H. il y a vingt ans, nous réunissions à nous deux sept grands-parents. Nous avons enterré le sixième aujourd'hui, la grand-mère maternelle de H. Il ne reste que ma grand-mère maternelle.
Je suppose que nous sommes censés nous résigner. C'est l'inverse qui se produit, la colère, la frustration, est plus grande à chaque fois. Ce n'est pas tant la mort que la fin de ces vies qui me révolte, ces vies dures, honnêtes, courageuses, terminées dans la souffrance ou l'ennui ou la folie pendant quelques semaines ou quelques années, et la mort à l'hôpital loin chez soi. J'ai l'impression d'une promesse trahie — comme s'il nous avait jamais été promis la justice en ce monde.
Nous eûmes par la suite une conversation que je n'ai jamais oubliée. Nous passions la soirée chez elle, Lore et moi, avec Marie McCarthy et une amie à elle qui vivait à Rome, catholique croyante comme il apparut bientôt. Elle s'intéressait vivement à moi et me provoqua en me demandant à brûle-pourpoint: «Croyez-vous en dieu?» On ne m'avait jamais posé la question de manière aussi directe — et cela venant d'une presque étrangère! Je la considérai d'abord perplexe, je réfléchis puis dis — à ma propre surprise: «Oui!» Hannah [Arendt] sursauta — je me souviens de son regard presque épouvanté sur moi. «Vraiment?» Et je répliquai: «Oui. Finalement oui. Quel qu'en soit le sens, la réponse "oui" se rapproche plus de la vérité que le "non".» Peu de temps après je me trouvais seul avec Hannah. La conversation revint sur dieu et elle déclara: «Je n'ai jamais douté d'un dieu personnel.» Sur quoi je dis: «Mais Hannah, je ne le savais pas du tout! Et je ne comprends pas pourquoi, l'autre soir, tu as eu l'air tellement stupéfaite.» Elle répondit: «J'étais très ébranlée d'entendre cela de ta bouche, car je ne l'aurais jamais pensé.» Ainsi nous nous étions surpris l'un l'autre par cet aveu.

Hans Jonas, Souvenirs, p.259
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