Billets qui ont 'Kant, Emmanuel' comme nom propre.

Sublime

«Erhaben. C'est le mot de Kant, ce n'est pas neutre.»

Schleiermacher. Les Français (les Francs) sont frivoles (en français dans le texte — à moins que le mot n'ait été incorporé tel quel en allemand). Soudain je comprends d'où JYP tient sa façon de traiter les attitudes qu'il réprouve de «futiles».

Et pourquoi sont-ils frivoles? parce qu'ils n'ont rien compris à l'événement le plus sublime de l'histoire du monde.
— Quel est cet événement ? demande le professeur.
Parce que nous traduisons Schleiermacher à l'institut protestant, je tente : «la Création?» Cela pourrait aussi être le Christ, puisque sa caractéristique est de faire irruption dans l'histoire.
— La révolution française. Au XIXe siècle les philosophes allemands se sont quasi donné pour tâche d'expliquer la révolution française aux Français, de leur donner les moyens de la penser.

Et soudain l'énormité de l'événement m'apparaît, un court instant. Je l'avais entrevue en lisant Eça de Queiroz, Lettres de Paris ou… en contemplant la liste des invités aux mariages princiers d'Angleterre: cela reste malgré tout une fête de famille, et les invités sont des gens de la famille au sens large, des rois ou des princes, pas des présidents. Bifurcation dans l'histoire du monde, deux chemins désormais possibles.

Philosophie morale

J'ai passé une grande partie de la journée à chercher Laudato si (encyclique papale sur l'environnement), déplaçant et auscultant des piles de papiers et de livres.
Il faut me rendre à l'évidence, je n'ai pas dû l'acheter, je ne l'ai pas trouvé (il est téléchargeable, mais je voudrais le lire sur papier et dans ce cas, je préfère avoir un livre que l'imprimer moi-même).
Passé chez l'encadreur déposer ma baleine.

Le cours du lundi a lieu exceptionnellement aujourd'hui. Grande retenue dans les vœux: on dirait qu'avec la conscience de l'ère Trump qui s'annonce (et Dieu sait qui en France), personne n'ose vraiment prononcer les mots de « Bonne année » (en tout cas pas moi).

Premier cours de philosophie morale. La professeur (jeune, très belle voix un peu grave) a trois cours pour nous parler de la vertu à travers trois auteurs. Elle a choisi Aristote, Augustin, Descartes.
Elle commence pourtant par Kant. La nouveauté de Kant: la vertu comme but en soi et non comme moyen d'atteindre le bonheur, soit une sorte d'héroïsme de la vertu, ce qui amènera Nietzsche à retourner la proposition : la vertu en tant qu'effort héroïque de la volonté est une preuve de la volonté de puissance et devient par là-même un vice.
Cours très structuré, très agréable à suivre.

De façon tout à fait inhabituelle elle nous demande de lire les livres I et II de L'Ethique à Nicomaque pour lundi prochain. Plus Laudato si pour samedi et Schillebeckx pour l'oral du 20.
C'est reparti sur les chapeaux de roue.

O. est en train de jouer quand je rentre. Nous dînons très tard.
H. est parti ce matin.

Réorganisation

Matinée à cataloguer les livres achetés ou reçus depuis septembre. Partie en retard, arrivée en grec en retard. Je fais mentalement un plan de rattrapage pour avoir une chance de réussir à avoir la moyenne à l'examen fin mai. Je suis dans le pur bachotage. Cela fait un moment que j'ai décroché, depuis le subjonctif, à peu près (j'ai fait une erreur que je répète régulièrement: j'ai abandonné mon plan de travail parce que j'ai cru trouver une meilleure méthode dans un nouveau livre…: et j'ai donc abandonné mon plan de travail sans adopter la nouvelle méthode (parce qu'évidemment, à la reprendre au début c'était trop facile, donc j'avais l'impression de ne rien apprendre). Cela m'est arrivé très souvent dans le passé, un manque de patience devant des résultats qui ne se concrétisent pas assez rapidement. Cette tentation de trouver une façon d'aller vite sans travailler le fond… Malédiction!)

La responsable du Cycle C (baccalauréat de théologie en formule "soir" (cycle A pour les étudiants à temps plein en journée)) est venue nous expliquer un réaménagement des huit ans de façon à conserver suffisamment d'élèves dans les cours et les TG. Il s'agit de mailler les promotions N-1, N et N+1 en fonction des cursus:
On laisse de côté la première et la dernière années qui ont des statuts particuliers. Il reste des années qui vont par deux dont on peut imaginer qu'on puisse suivre indifféremment la 1 ou la 2 en premier :
parcours biblique 1 et 2
christologie et ecclésiologie
agir chrétien et xx (je ne me rappelle plus).

Normalement nous aurions dû suivre christologie l'année prochaine. Nous allons plutôt rejoindre les élèves de N+1 (actuellement en christologie) pour faire avec eux l'année d'ecclésiologie (en 2014-2015).
Puis en 2015-2016 nous ferons la christologie avec les élèves de N-1.
Et rebelote pour les deux années suivantes. Ainsi les cours et TG bénéficieront d'une assistance plus nombreuse. Ce projet nous a été présenté d'un point de vue pédagogique (émulation, dynamique de groupe, connaissance des élèves des différentes promotions) mais nous avons tous compris les économies de professeurs que cela représentait.

Cours sur Kant avec une nouvelle professeur. Nous l'avions vue en septembre 2012 (oui, 2012), je ne l'aurais pas reconnue. Intéressante, passionnée. Que puis-je connaître, que dois-je faire, en quoi m'est-il permis d'espérer?, soit la vérité, le bien, le bonheur. (J'ai toujours une fascination pour ces formules ramassées, même si je sais bien qu'il faut s'en méfier — trop simplificatrices).

Porte de La Villette

Du haut du très haut immeuble, je découvre l'immensité verte du cimetière de Pantin. Jean Puyaubert est quelque part là, mais je n'aurai pas le temps d'aller chercher.

Je passe emprunter des cours polycopiés de Jean Greisch. Je commence le Kant de Jaspers. Quel dommage que la lecture terrifiante d'Hegel m'ait éloignée si longtemps de Kant (je veux dire qu'Hegel m'a tant découragée que je n'ai plus jamais essayé de réellement lire un Allemand). Tard, toujours tout si tard.

Epuisée, je dors une heure dans la voiture en attendant O. en cours de flûte.

Journée

- 6h : je continue le §56 et suivants des Prolégomènes. Plus facile ce matin qu'hier soir, trop épuisée. En fait, c'est même plutôt exaltant.

- 8h : je prends la voiture. 8h10 je m'arrête dans une station essence, achète un bidon d'huile et le vide aussitôt dans le réservoir (d'huile).

- 9h : trois heures sur Kant. Très intéressant, mais pour une raison que j'ignore le prof ne fait pas de pause et je ne tiens plus la dernière demi-heure. Ce qui est rassurant dans ces textes, ce qui me donne l'impression d'atterrir, toucher le sol, retrouver le sol, c'est que j'y retrouve des intuitions, des choses que j'avais déjà pensées et que je retrouve formalisées, au sens propre: non plus informes et vagues, mais ayant pris une forme.

- 13h : chez les voisins pour un repas de fin de campagne et la préparation de l'entre-deux tours (s'il y a un deuxième tour: le maire sortant a été élu au premier tour trois mandats de suite). Interruption pour emmener O. au solfège à 13h30, puis aux scouts à 16h (week-end sous la tente, j'espère qu'il ne pleuvra pas trop).

- 17h30 : fête du printemps au club de ping-pong. Et fête du jubilé du président: cinquante ans de ping.

- 20h30 : deux épisodes de Killing. C'est lent mais pas désagréable. Ça change des Américains, pas le même style.


Demain, je suis assesseur titulaire : une journée entière en bureau de vote de 7 heures trente à 23 heures. Ça ne me réjouit pas.
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