Emeutes
Par Alice, dimanche 2 juillet 2023 à 22:32 :: 2023
Bavure: le 27 juin 2023 à Nanterre, un policier a tué un adolescent de 17 ans, Nael Merzouk, pour un refus d’obtempérer (il avait grillé un stop après d’autres infractions). Peur du policier, fatigue, racisme ordinaire, (racisme endémique), etc? Quoi qu’il en soit, les quartiers se sont embrasés. Incendies et pillages, moyenne d’âge quinze ans, atmosphère festive, caméras de surveillance démolies et posts sur Instagram et Snapchat.
Ce qui est impressionnant, c'est que toute la France est touchée: une pharmacie séculaire brûlée à Montargis, la bibliothèque de Metz réduite en cendres. Les maires sont pris à partie.
C'est l'été (et non novembre 2005), l'école est finie (— ou presque: sujet de débats sans fin entre profs et parents sur Twitter), ces gosses ne sortiront pas des cités pendant les vacances — ils n'en sortent pas non plus durant l'année: je me souviens de la copine prof à Bobigny qui nous expliquait qu'un voyage scolaire à Paris était une aventure pour eux. C'était quinze minutes de RER — qu'ils ne leur venaient pas à l'idée d'effectuer: absence de curiosité, d'imagination, enfermement dans leur monde bien connu.
Pour expliquer l'embrasement, certains évoquent le rôle en sous-main des barons de la drogue, mécontents de la pression qui pèse sur eux ces dernières années. Je n'y crois pas, cette explication ne sert qu'à satisfaire notre besoin de logique.
Je crois que c'est tout simplement l'occasion, l'impunité, l'effet de groupe, et aussi l'exemple donné par les adultes depuis cinq ans: après tout, ceux-ci ont brûlé le Fouquet's, la Rotonde, saccagé l'Arc-de-Triomphe, pourquoi les enfants ne pourraient-ils pas s'amuser aussi?
Je ne sens rien, rien de la colère que je ressens lorsque ce sont des adultes qui font n'importe quoi. Fatalisme. Nous sommes collectivement responsables des enfants, j'en ai toujours eu la conviction.
Que faire maintenant?
A court terme, aucune idée.
Pour l'été, imposer aux CE de la Poste, de la SNCF, d'Engie, de tous les groupes où l'Etat est largement partie prenante et où les CE sont si riches qu'ils n'osent en parler, cinq à huit pour cent de gosses de ces cités: que ceux-là en sortent, qu'ils voient autre chose.
Et puis évidemment, l'école. Il y a tout à revoir.
Parfois je pense à la fin du premier ou second chapitre de La Gloire de mon père: Joseph reproche à un collègue instituteur son manque d'ambition, celui-ci répond qu'il a évité l'échaffaud à une poignée d'élèves, qu'il estime donc avoir réussi sa vie.
Des derniers témoignages directs d'instituteurs que j'ai reçus, je retiens le découragement devant des injonctions contradictoires et un programme loufoque où se mélangent l'apprentissage fondamental (lire, écrire, compter) et des lubies contemporaines et changeantes. En substance, j'ai entendu «on n'a pas le temps de se concentrer sur le programme avec tout ce qu'on nous demande autour».
Retenons les habituels guignols de la Nupes qui ont du mal à cacher leur satisfaction (la France brûle, ils se réjouissent: tout va bien):
Cependant, parfois, retour à la réalité: ceux qui brûlent et saccagent ne sont pas électeurs, ce qui risque à terme de poser un problème pour ces députés si particuliers, d'où des volte-faces comiques et pitoyables.
Ce qui est impressionnant, c'est que toute la France est touchée: une pharmacie séculaire brûlée à Montargis, la bibliothèque de Metz réduite en cendres. Les maires sont pris à partie.
C'est l'été (et non novembre 2005), l'école est finie (— ou presque: sujet de débats sans fin entre profs et parents sur Twitter), ces gosses ne sortiront pas des cités pendant les vacances — ils n'en sortent pas non plus durant l'année: je me souviens de la copine prof à Bobigny qui nous expliquait qu'un voyage scolaire à Paris était une aventure pour eux. C'était quinze minutes de RER — qu'ils ne leur venaient pas à l'idée d'effectuer: absence de curiosité, d'imagination, enfermement dans leur monde bien connu.
Pour expliquer l'embrasement, certains évoquent le rôle en sous-main des barons de la drogue, mécontents de la pression qui pèse sur eux ces dernières années. Je n'y crois pas, cette explication ne sert qu'à satisfaire notre besoin de logique.
Je crois que c'est tout simplement l'occasion, l'impunité, l'effet de groupe, et aussi l'exemple donné par les adultes depuis cinq ans: après tout, ceux-ci ont brûlé le Fouquet's, la Rotonde, saccagé l'Arc-de-Triomphe, pourquoi les enfants ne pourraient-ils pas s'amuser aussi?
Je ne sens rien, rien de la colère que je ressens lorsque ce sont des adultes qui font n'importe quoi. Fatalisme. Nous sommes collectivement responsables des enfants, j'en ai toujours eu la conviction.
Que faire maintenant?
A court terme, aucune idée.
Pour l'été, imposer aux CE de la Poste, de la SNCF, d'Engie, de tous les groupes où l'Etat est largement partie prenante et où les CE sont si riches qu'ils n'osent en parler, cinq à huit pour cent de gosses de ces cités: que ceux-là en sortent, qu'ils voient autre chose.
Et puis évidemment, l'école. Il y a tout à revoir.
Parfois je pense à la fin du premier ou second chapitre de La Gloire de mon père: Joseph reproche à un collègue instituteur son manque d'ambition, celui-ci répond qu'il a évité l'échaffaud à une poignée d'élèves, qu'il estime donc avoir réussi sa vie.
Des derniers témoignages directs d'instituteurs que j'ai reçus, je retiens le découragement devant des injonctions contradictoires et un programme loufoque où se mélangent l'apprentissage fondamental (lire, écrire, compter) et des lubies contemporaines et changeantes. En substance, j'ai entendu «on n'a pas le temps de se concentrer sur le programme avec tout ce qu'on nous demande autour».
Retenons les habituels guignols de la Nupes qui ont du mal à cacher leur satisfaction (la France brûle, ils se réjouissent: tout va bien):
Cependant, parfois, retour à la réalité: ceux qui brûlent et saccagent ne sont pas électeurs, ce qui risque à terme de poser un problème pour ces députés si particuliers, d'où des volte-faces comiques et pitoyables.