RER à Boissy. J'appuie sur toutes les touches de la télécommande, il y en a quatre. Le portail finit par s'ouvrir, puis la porte du garage, mais je ne sais pas en réponse à quel bouton. Même interrogation une fois dans le garage : il me semble qu'Antoine a dit que sa place était en face de la porte… on verra bien. Je me glisse entre un pilier et un énorme 4x4 Audi : c'est bien simple, on ne voit plus ma toute petite voiture (deux voitures de kéké dans deux styles différents).
RER, extrémité de ligne, je suis assise et c'est plutôt vide, c'était le but. Direction Nanterre Préfecture pour l'emménagement dans les nouveaux locaux.

Je suis seule. (J. est à l'enterrement.) Je ne participe pas au jeu de piste, j'ai déjà donné. Je passe la matinée à déballer les cartons, à mettre de l'ordre. C'est très neuf, très propre, très clair et je me sens très déprimée, perdue au milieu du grand tout. Je pense à cette analyse d'un architecte-urbaniste (impossible de retrouver la référence, c'était un Point-Seuil emprunté à la bibliothèque Malraux, un livre très intéressant sur la façon culturelle d'organiser l'espace) qui mettait en vis-à-vis l'attitude des Américains et des Allemands face à une porte de bureau : pour un Américain, une porte fermée est le signe que vous avez quelque chose à cacher, pour un Allemand une porte ouverte est le signe que vous n'êtes pas concentré, que vous ne travaillez pas.
Je suis un mix : j'aime une porte ouverte (ou un trou béant), mais entourée de murs. Je vis cette obsession du plateau ("open space") comme une bête copie des USA, qui ne réfléchit pas au fait, par exemple, que la productivité française est bien meilleure que l'américaine. Et ce n'est pas parce qu'on baptise quelque chose "Campus" qu'on se retrouve avec le succès de Google… Ça m'agace. Je suis agacée.

L'après-midi s'avance, je vois arriver mes voisins. Je suis si bien ancrée dans mon désespoir que je n'ai pas le réflexe d'aller me présenter — et ils ne viennent pas me voir. C'est peut-être une erreur, c'est sans doute une erreur, pour plus tard. Fatalitas, ce sont des bavards, surtout une : elle jacasse très fort pour fournir très peu d'informations. Comment vais-je pouvoir travailler ici? quelques difficultés à me concentrer sur la relecture du rapport annuel par les CAC.

Je fuis littéralement les bureaux à quatre heures et vais voir Red Sparrow, pour Jennifer Lawrence, bien sûr. Pas mal. A la fois trop elliptique et trop classique, mais plaisant. Pas un hasard que le méchant ressemble à Poutine. J'espère que nous irons le revoir en famille.

Je rentre. Je ne sais pas trop comment récupérer ma voiture. Je passe directement par la porte du garage. J'étudierai demain comment passer par le hall de l'immeuble. (A chaque jour sa découverte, son progrès.)


PS : pour mémoire, c'est aussi le jour de l'emménagement du Palais de justice dans ses nouveaux locaux place de Clichy. La ligne 13 ne va jamais suffire…