Billets qui ont 'Lisa' comme nom propre.

Oubli

Quatre jours m'ont suffi pour désapprendre à travailler.
Vers la fin de la journée, j'ai au téléphone une dame née en 1939 présentant tous les symptômes de Doris (cf. Le Monde de Nemo). Aucune mémoire immédiate, quarante minutes de conversation. Elle comprend, mais elle oublie aussitôt. Je suis désolée de ne vraiment rien pouvoir faire pour l'aider par téléphone. J'essaie de lui faire noter des points de repère, mais elle oublie de regarder sa feuille…

Nathalie Granger. Mazette. L'absurde sans second degré (ou presque: «Votre machine est une 008». Très tongue in cheek, dans ce cas. Après tout, peut-être que je me trompe complètement). Lorsque je regarde ce genre de film, je ne le regarde pas, j'essaie de reconstituer les spectateurs de l'époque dans la salle (mais bien sûr c'est impossible).

Lisa va retourner à Berlin dans quelques semaines. Je n'ai pas l'impression qu'elle ait été très heureuse, très à l'aise, en France. Il faut dire qu'elle avait des collégiens en classe.
J'apprends qu'il y a une cafétéria tout en haut de centre commercial Sonycenter à Berlin, au-dessus du musée du cinéma, et que de là-haut on domine tout Berlin.
Elle m'apporte un magazine, Fluter, qui est envoyé gratuitement dans le monde entier à toute personne en faisant la demande. C'est un magazine né après la seconde guerre ayant pour ambition d'apprendre la démocratie aux Allemands. C'est un journal d'Etat pour l'éducation politique (en français, ça sonne très soviétique): "Magazin der Bundeszentrale für politische Bildung". Il est très critique envers les excès de la mondialisation.

Elle lit Le Piéton de Paris de Léon Paul-Fargue (en allemand).

Journée morne

CAC (commissaires aux comptes). Mon préféré n'est plus là.

Pour mémoire : pic de pollution, circulation alternée.

Lisa. J'explique la petite couronne et le "grand Paris".
J'explique la campagne des municipales (Wahlkampf, combat du choix, campagne pour le choix?).
Elle m'explique en allemand qu'elle aime les panneaux électoraux français: en Allemagne, l'affichage n'est pas réglementé et les affiches sont partout.
Elle s'étonne que le vote pour les municipales ait lieu partout en France le même jour, ce n'est pas le cas en Allemagne.
Je lui donne le programme des films sur Berlin au forum des images.

Les Grandes Ondes (à l'ouest)

A l'ouest? Comme dans "être à l'ouest"? En tout cas, si ce n'est pas le cas, ç'aurait pu l'être.

Ce n'est pas un "grand" film, donc impossible de dire que c'est formidable, merveilleux, etc. Mais c'est drôle, joyeux, entraînant, avec une bonne dose d'absurdité qui représente malgré tout une certaine sagesse, vue de loin, en reculant pour avoir une vision d'ensemble. C'est un bon pastiche 2010 des années 70, quelque chose qui m'a fait penser au Jean Yann de Tout le monde il est beau, en moins caustique, plus farfelu. La bande-annonce est représentative.

La Suisse, le Portugal, la drague, les seins nus (cela pour X qui se reconnaîtra), Marcel Pagnol, le mini-bus Volkswagen, le nagra, la révolution.

La fin évoque en voix off les révolutions actuelles (il s'agit des protestations contre les conséquences économiques de la crise), et c'est une cruelle ironie d'apprendre ce soir justement les morts à Kiev (six morts durant la révolution des œillets au Portugal en avril 1974).


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Vu Lisa au forum des Images. Il y aura un festival de films sur Berlin à partir du 1er mars.

Les langues

J'ai de nouveau rendez-vous au forum des images avec Lisa. Elle prépare un devoir de fin d'étude, une sorte d'article de douze pages. Elle m'explique (en allemand) ce qu'elle doit encore faire pour devenir professeur.
— Mais voulez-vous vraiment devenir professeur d'allemand en Allemagne? (J'aurais tendance à la tutoyer, mais pour des raisons pédagogiques, il vaut mieux que je la vouvoie — en allemand.)
Elle n'en est pas si sûre. Nous comparons l'état de l'apprentissage de la langue vernaculaire (non, je ne sais pas dire "vernaculaire" en allemand) en France et en Allemagne, le problème de l'autorité, le remplacement de la "vieille génération" des instituteurs par celle qui a été formée après mai 68. Lisa s'est déjà heurtée à la protestation «Mais pourquoi voulez-vous que j'apprenne l'allemand, je le parle de naissance!». Dans certains lycées, les élèves sont notés sur tout, sauf sur l'allemand, afin de leur donner une chance.

De mémoire, je lui retranscris quelques aberrations en français que m'a envoyées "lecteur" (un ami qui commente sous le nom de lecteur) récemment, et qui sont de pures retranscriptions phonétiques (de la part d'enfants CSP++, comme on dit en entreprise, ie milieu favorisé).
Je vous en copierai quelques-unes quand je les retrouverai dans ma tonne de papiers à classer: ce qui m'étonne, c'est que même la coupure des mots n'est pas respectée, à croire que l'environnement, les mots sur les paquets de céréales ou les affiches, n'a pas réussi à imprimer une trace dans l'esprit de ces enfants. C'est vraiment bizarre.
En tout cas, même déliquescence en Allemagne et en France, même si elle ne prend pas la même forme, du fait de la structure de ces deux langues (bon, mon allemand est trop limité pour que j'ai pu creuser davantage, mais ce n'est déjà pas si mal!)

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( Dans la journée, j'avais repéré une formation pour du Perfectionnement en Expression Française. )

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Boseb, flameküche, Boseb, Lisa, Oulipo.
A. est revenue de Lisieux.

Jeudi

Pas d'aviron, j'ai été retardée par un salarié qui a fait du zèle en voulant précéder les négociations syndicales et se retrouve coincé entre la bonne caisse de sécu et la mauvaise mutuelle.

J'ai compris il y a quelques semaines que je ne pourrai jamais être satisfaite de ce que je fais ici. Il restera toujours des loose ends. Comme m'a dit H. un jour, j'aurais dû être cordonnier: avoir fini une belle paire de chaussures, ça doit être satisfaisant. Ce soir, je me demande s'il arrivait à mes grands-parents de voir approcher l'hiver avec l'angoisse de ne pas avoir fini de labourer tous les champs nécessaires, de ne pas avoir ensemencé tout ce qu'ils voulaient ensemencer.

J'ai donné rendez-vous à Lisa au bar du forum des images et elle se perd un peu en venant (elle a demandé à une passante où était la rue du cinéma qui lui a répondu que ça n'existait pas). C'est très calme. Nous corrigeons le mail que je dois envoyer à N. Stricker pour lui demander quel niveau d'allemand elle requiert pour assister à son cours (dans la brochure de l'IPT, elle recommande qu'on lui écrive en cas de doute sur ce point).

Snowpiercer. Bien plus inventif que je n'aurais cru, à côté de quelques grands ressorts traditionnels du genre. Je recommande.

Deux cours d'allemand

J'avais envoyé un mail à l'institut Goethe pour demander s'il était trop tard pour m'inscrire aux cours, et comme je n'avais pas de réponse, j'ai demandé à une connaissance FB si son amie allemande accepterait de me donner des cours particuliers. Elle a dit oui. Dans les heures qui ont suivi cette réponse, l'institut Goethe m'a contactée pour passer un test de niveau.

Donc aujourd'hui en descendant du train je suis allée attendre dans un café l'heure du test d'allemand (dix heures) tandis qu'à midi je rencontrais pour la première fois Lisa. Je nous ai installées dans une petite salle de réunion de l'entreprise, je ne suis pas sûre que ce soit tout à fait autorisée (en fait je suis sûre que ça ne l'est pas).
Dieu que je suis rouillée, c'est l'anglais qui monte aux lèvres, spontanément.

Selon le test de l'institut Goethe je suis niveau b1. J'ai signé pour des cours jusqu'à fin janvier (un semestre) deux fois par semaine, le mardi et le jeudi, de midi et demi à deux heures. Ça m'arrange parce que ce sera invisible pour les enfants (je ne rentrerai pas plus tard) mais ça va me faire rentrer tard au bureau à l'heure du déjeuner.
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