J'avais repéré le titre dans le programme de la cinémathèque. C'était un Pasolini, l'idole des cinéphiles. Dans mon programme de rattrapage culturel tous azimuts, il fallait absolument que je vois ça.
J'avais convaincu H.
Le malheureux.

N'y allez pas, il ne faut pas. C'est bizarre, c'est tourné en noir et blanc tremblé, en 1960 ou en 1970 (pas bien compris), en Ouganda, Tanzanie et au Rwanda, avec des gros plans de visages, quelques images glaçantes de la guerre du Biafra, des questions étranges qu'on n'oserait sans doute plus poser aujourd'hui par peur de se faire traiter de colonialiste, avec candeur et une sur-utilisation du mot «néo-capitalisme».

Bande-son incompréhensible: Plaine, ma plaine (en russe: Poliouchko-Polie, Полюшко-поле1), jazz session interminable, avec une demoiselle qui chante faux sur un saxo qui miaule.

J'ai vu ce que je pensais ne jamais voir: des cinéphiles (pas un mais plusieurs, un à un, de minute en minute) quitter une salle où était projeté Paosilini.

Quand je pense que j'avais imaginé un Mes voyages avec Hérodote filmé.
Eh bien non.



Note
1: je tente les caractères cyrilliques puisque je suis désormais en UTF8.