Billets qui ont 'Rémi (le blogueur)' comme nom propre.

Vous ne me rattrapperez pas

En février 2007, j'avais été très frappée par cette devise trouvée chez Rémi: «Il faut être heureux ne serait-que pour montrer l'exemple».
Cette phrase impliquait que le bonheur (je n'aime pas ce mot qui résonne un peu gnangnan à mes oreilles, je dirais plutôt l'énergie, la joie, la décision de ne pas se morfondre, d'avancer) n'était pas un passe-temps égoïste, mais un devoir, un impératif moral.

Depuis je me suis aperçue que cela recouvrait chez moi des motivations un peu plus perverses:
- Il faut être heureux comme une revanche, comme une vengeance, contre tous les oiseaux de malheur, ceux qui semblent d'abord vous mettre en garde pour vous protéger mais qui tout compte fait paraissent tout déçus quand vous vous en sortez (ce n'est pas par méchanceté, c'est juste que ça les prive de leur pouvoir d'être votre dernier recours. Ils vous aiment à leur manière: la dépendance);

ce qui m'amène à mon second point:
- Il faut être heureux pour être libre, pour être hors d'atteinte.


Et cependant, ce vocabulaire de fuite et d'évasion me laisse perplexe. Y a-il vraiment risque d'enfermement?

Pourquoi je blogue

A l'origine par colère et frustration, aujourd'hui par entêtement.

C'est un peu court? Oui, peut-être. Mais c'est à peu près ça. Mon penchant naturel est davantage le commentaire, les marges, la mosaïque éclatée entre différents blogs, sans lieu fixe.
Quand j'ai claqué la porte du forum de la SLRC (le forum des lecteurs de Renaud Camus), j'espérais qu'H. développerait le site qu'il m'avait promis (disons que j'y croyais sans y croire, je connais le loustic), le cahier des charges était écrit; j'ai pensé que le blog était une solution temporaire pour ne pas cesser d'écrire, pour ne pas perdre l'habitude d'écrire (et pour ne pas faire à ce connard de FM le plaisir de me taire) en attendant l'outil que je rêvais. Et puis voilà.
J'ai eu souvent des poussées de dégoût qui me donnaient envie d'effacer tout et de quitter la scène, mais je savais que mon état d'esprit était temporaire, tandis qu'un retrait serait définitif: j'ai passé outre chaque fois.
Aujourd'hui je souffrirais davantage d'ennui, presque de désintérêt: tant des blogueurs que j'aimais lire n'écrivent plus ou presque. Je crois désormais qu'on arrête de bloguer quand on a rencontré suffisamment de blogueurs avec qui les relations ne nécessitent plus de blog comme prétexte.
Je continue de bloguer parce que je ne veux pas m'arrêter. Je voudrais atteindre le 12 décembre 2012. C'est loin. Cette année j'ai raté le 8 août.

J'ai fini par scinder mon blog en deux, par séparer le littéraire de tout le reste, d'une part par pitié envers ceux qui soupiraient de "mon blog chiant", d'autre part dans l'espoir de débarrasser véhesse de tout ce qui était personnel, que ceux qui venaient lire les compte-rendus des cours de Compagnon, par exemple, ne subissent pas mes états d'âme (idée qui me gênait beaucoup).
Véhesse n'est pas vraiment destiné à être lu au fur à mesure. C'est plutôt une grosse malle dans laquelle je stocke ce que je ne veux pas perdre, ou tout ce que je veux avoir sous la main à tout moment où que je sois, du moment que j'ai un ordinateur.

Alice est davantage le "vrai" blog, tel que je me suis fait une idée du bloguing en lisant Gvgvsse et Matoo. Il est pour moi les lettres manuscrites que l'on n'écrit plus, à cela près qu'il ne s'adresse pas à une personne mais à un groupe (assez homogène, comprenant peu d'inconnus: sans doute parce que blog a comporté tout de suite un grand nombre de liens, Google le référence très mal et ce blog est quasi invisible). Chaque billet est généralement écrit en songeant à un lecteur particulier (parfois à quelques-uns), chaque billet ou presque est destiné plus particulièrement à l'un d'entre vous (ne cherchez pas ce soir, c'est très logiquement Aymeric).


Contrainte, dit-il. Ma définition : ce sont des règles qui évitent de réfléchir les jours où l'on a pas envie de bloguer, les jours où l'on n'a rien à dire, les jours où l'on dort debout. (— Mais si tu n'as pas envie de bloguer, tu ne blogues pas, où est le problème? — Mais si je fais ça, je n'aurais jamais envie de m'y remettre. — Et alors? tant pis (tant mieux), quelle importance, puisque justement tu n'auras pas envie? — Je veux atteindre décembre 2012[1]; je ne veux pas céder, même à moi-même, et puis zut.)

La contrainte est simple: écrire tous les jours, chez Alice au moins les jours impairs, chez Véhesse au moins les jours pairs. Chez Véhesse ce n'est pas forcément écrire, ça peut être faire de la mise en forme dans les soutes. C'est d'ailleurs amusant, car je sais que cela doit se voir pour ceux qui me suivent par RSS (il est même possible que cela soit un peu agaçant) et que cela reste invisible pour les autres.


Faire passer la chaîne? Je m'en sens de moins en moins capable, les gens qui ne jouent pas le jeu me vexent (si, si), et j'ai l'impression de toujours mettre les mêmes à contribution. Je propose l'inverse: si vous poursuivez la chaîne à partir d'ici, je vous mettrai en lien en fin de ce billet.


edit le 8 octobre

Je linke Rémi, qui a répondu.
J'ajoute Zvezdo, qui me fait penser à quelque chose: je blogue pour impressionner mon fils (cela ne faisait pas partie des raisons initiales, mais il n'y a pas de petits profits).

Notes

[1] Cela n'est pas un engagement contractuel.

Ayaan Hirsi Ali et Peter Leeson

Le blog d'Ayaan Hirsi Ali, l'ex-députée hollandaise dans une situation pire que celle de Salman Rushdie, puisque son propre pays ne veut pas assurer sa protection.
En étudiant le sujet hier, j'ai découvert que le maire de Bruxelles avait interdit une manifestation qui souhaitait une minute de silence le 11 septembre "afin de ne pas embarrasser la population musulmane de la ville". Le maire n'était pas sûr de pouvoir assurer la sécurité des manifestants, a-t-il argumenté (ce qui n'est déjà plus la même chose que "ne pas embarrasser la population musulmane").

Dans un autre genre et sans rapport : le site d'un économiste anarchiste.

Et pendant que j'y suis à inaugurer cette nouvelle rubrique, j'en profite pour rappeler que Rémi a déménagé de Prague à Dubaï. Cette mésaventure m'a bien fait rire.

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Mise à jour le 3 juillet 2014: la page d'Ayaan Hirsi Ali.
Concernant Rémi (Diligent), il est désormais plus actif sur Facebook que sur son blog.
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