Billets qui ont 'RER' comme autre lieu.

Notre-Dame-des-Fleurs



RER D, 7h58.
L'étrange, c'est qu'il n'a tourné quasi aucune page en une demi-heure.

La virginité perpétuelle de Marie

Cette année, nous étudierons la controverse entre Helvidius et Saint Jérôme. Helvidius maintenait qu'après la naissance de Jésus, Marie a mené une vie maritale ordinaire auprès de Joseph, ce qui paraît la pire des hérésies aux yeux de Jérôme qui soutient la virginité perpétuelle de Marie (les précision devenue dogme du genre «l'enfantement l'a laissée intacte» me laisse perplexe: il s'agirait donc de savoir si l'hymen de Marie est intact, bien plus que de savoir si elle a eu des relations sexuelles. Mais pourquoi ces questions, pourquoi cette obsession sexuelle? Quelle étrange question à se poser, qui ne me serait jamais venue à l'esprit (car quel rapport cela peut-il avoir en la foi en un Jésus Christ sauveur?))

Jérôme, nous dit la prof, «est à l'origine de ce lieu commun, qui est faux, que «frères» égale «cousins» dans l'Orient antique. A vrai dire, reprend celle-ci, j'en viens à penser que les arguments de Jérôme sont si faibles que cela explique que l'on n'ait pas traduit ce texte en français.»

Problème: Jérôme écrit en latin. Solution: ce n'est pas Jérôme que nous traduirons, mais les citations des Écritures sur lesquelles il s'appuie.
Voilà qui fait tout à fait mon affaire: nous allons donc voir comment des mêmes passages ont été lus différemment quatre siècles après JC. C'est exactement la question que je me pose concernant les catholiques, protestants et orthodoxes.


Sans rapport direct, deux livres recommandés par la prof, de Christian-Bernard Amphoux:
- le premier, austère : Manuel de critique textuelle du Nouveau Testatment
- le deuxième, «le livre que j'aurais aimé écrire» : Philologie et Nouveau Testament : Principes de traduction et d'interprétation critique



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Transport : le soir, quand j'arrive gare de Lyon à 21h40 (ce qui est tôt : le cours de grec termine à neuf heures), il n'y a plus aucun train d'affiché pour Melun (Yerres est sur la branche Melun).


Aucun renseignement affiché. J'interroge un agent qui me répond sans hésiter : le prochain train pour Melun est à 23h07. WTF? Comment peut-il savoir cela sans annonce, sans brief? C'était prévu, c'est prévu? Aucun train pendant une heure et demie?
Je vais dîner dans une brasserie en face (sardines à l'huile baba au rhum).

Dire que plutôt je m'étais réjouie de découvrir les portes sur le quai de la ligne 4 à Saint Sulpice (dans la série «immortalisons les changements pour se souvenir du moment où cela a changé»).

La mule

Pas désagréable mais un peu bof. J'ai préféré de loin Barry Seal.



Rentré avec O. (qui a renversé son thé dans son sac de sport mais c'est une autre histoire) dans un RER dont le conducteur aimait le foot (il nous a expliqué que certes le train était en retard mais que nous serions à l'heure pour le match (quel match?). Il a diffusé de la musique dont j'ai supposé que c'était l'hymne d'un club).

Trois scènes

Dans le RER B, après l'allemand, col blanc/col bleu, et l'air infiniment digne, lointain ou méprisant du col blanc pour le col bleu bruyant au téléphone.


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Danr le RER D, trois potes hilares en train de discuter du Titanic (je ne sais pas comment cela a commencé, je suis arrivée au milieu). J'ai cru comprendre qu'ils se demandaient à quelle profondeur avait coulé le Titanic:
« Mais frère, ça pouvait pas faire 67 m, c’est une piscine ! »
Et de s'écrouler de rire.
J’ai eu l’impression de certaines discussions ds ma cuisine.
(Ils ont cherché sur Google.)


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En face de moi un homme isolé de la gaieté communicative lisait un livre d'épidiémologie. Je l'ai retrouvé car j'ai aperçu du rose sur la couverture:


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En ligne

Journée à m'enregistrer sur des sites de comptabilité en ligne pour les tester.
Je n'ai besoin que de quelque chose de très simple (pas de TVA, pas d'émission de facture, très peu d'encours clients): le problème est que les solutions les plus simples (donc les moins chères) partent logiquement du principe que les utilisateurs de ce genre de logiciels ne sont pas comptables (mais chefs de TPE). Tout est donc très guidé et rigide. Or j'ai besoin d'adapter le plan comptable général au plan des assurances.
Il va sans doute falloir que je choisisse quelque chose de plus cher.

Il fait très chaud. La climatisation est très bruyante (bruit d'un sèche-cheveux, à peu près).

RER D bloqué le soir par un accident de voyageurs (apparemment situation insupportable dans les voitures arrêtées sur les voies. Il faut savoir que l'été, la température atteint facilement 35 à 40 degrés dans les voitures qui stationnent au soleil avant d'être utilisées. Je n'ose imaginer la température dans des wagons remplis de voyageurs immobiles). Je suis restée dans le RER A, H. est venu me chercher à Boissy.

Temps de référence

Dans le RER, debout, j'écoute (malgré moi: j'aurais aimé ne pas être obligée d'entendre) deux jeunes filles d'une vingtaine d'années discuter:
— Tu connais les gorges du Verdon? c'est super beau.
— Ah non, je ne connais rien en France. Je voyage dans le monde entier mais je ne connais rien en France.
— C'est super beau. Evidemment, en été c'est blindé de monde, mais j'y vais en octobre quand ma mère fait sa cure. Tiens, regarde. (Elle lui montre des photos)
— Wouahh, on dirait la Malaisie! Et comment on y va? Y a un aéroport? Un TGV?
Je me retiens de lui dire que s'il y avait un aéroport ou un TGV, ce serait sans doute moins beau, de même que la Malaisie était sans doute plus belle avant qu'elle y aille (ou pas? quel est l'apport du tourisme, cela pousse-t-il et permet-il plus de propreté, d'aménagements?)

La réunion d'encadrement est un flop. Quel ennui. Le nouveau directeur n'a pas jugé bon de se déplacer, de se montrer. La direction est un fantôme, une légende. Les gens ne se mobilisent pas pour des fantômes. On parle toujours de "l'homme providentiel" avec un sourire sarcastique. Cependant il faut admettre que c'est une réalité, un modèle qui a fait ses preuves. La difficulté, c'est ensuite; la transition, l'héritage. L'homme providentiel doit être capable de mettre en place des structures qui lui survivent (ils échouent tous : Périclès, Alexandre, Charlemagne, Frédéric II, Napoléon… Est-on en train de vivre le parachèvement de l'échec de de Gaulle? (c'est la force normative de l'Eglise: réussir à créer des structures pérennes autour d'hommes et de femmes qui marquent leur époque: St François, St Dominique, Ste Thérèse d'Avila, etc. Le politique peine à en faire autant. (Je laisse à d'autres le soin d'en étudier les raisons.)))

Après la réunion, je vais faire de l'ergo (il est trop tard pour monter en bateau, tout le monde est déjà sur l'eau). La course se compose de six kilomètres et demie sur l'eau puis cinq cent mètres d'ergo. En faisant aujourd'hui toute la distance à l'ergo j'obtiens des temps de référence.
Je fais les 6,5 km en 34'40'', soit 2'27 au 500 m. (Ne comparez pas, je ne le note que pour moi, c'est un temps d'une médiocrité ordinaire, un temps de "rameuse loisirs", mais je suis heureusement surprise: il y a un an j'avais du mal à faire deux kilomètres en dix minutes.)
Après cinq minutes de récupération, je fais les cinq cent mètres de sprint en 2'17 (eux se feront vraiment à l'ergo à Lagny, d'où le terme de biathlon: aviron/ergo).

Expo de collages

Soirée au MPAA pour voir les collages de Françoise.
Elle a réalisé des collages sous forme de cartes postales, envoyées fictivement par Perec, rédigées par ses amis. Les cartes sont suspendues à un parasol formant un grand mobile; c'est joyeux, gai.
L'exposition dans son ensemble, y compris les autres artistes, est très réussie.

Restau indien. On parle Japon et RSI.
M. est mathématicien et c'est toujours lui qui est interpelé au moment de l'addition. Est-ce ce soir-là que M. m'a raconté l'histoire suivante? c'est le moment de l'addition entre oulipiens, on fait appel à Roubaud, le matheux de la bande, qui refuse et se fait prier, on insiste, il finit par accepter et demande:
— Bon alors, on est combien?
— Dix.

Au retour, je vis un épisode un peu étrange dont je ne sais s'il relève du harcèlement (toutes les femmes semblent si promptes à tout qualifier ainsi que je n'ose utiliser ce mot, mais je sais bien que se poser la question, c'est déjà y répondre par l'affirmative).
Je me suis installée dans un coin de RER, sur la première banquette dont le siège près de la fenêtre est en face d'un porte- bagage qui permet d'appuyer les pieds, et effet habituel de l'aviron, je m'endors la tête contre la vitre en attendant que le train s'ébranle.
Trois hommes montent, entre vingt-cinq et cinquante ans, d'Europe de l'Est (ce qui signifie que je ne comprends pas leur conversation). Le plus jeune s'installe non pas à côté de moi, mais contre moi, je sens son poids. En face de biais (puisqu'en face se trouve le porte-bagage), les jambes d'un autre homme me frôle.
Je ne bronche pas. Je ne me recule pas, je n'ouvre pas les yeux, je fais comme si tout était normal, comme si je n'avais rien senti. Une partie de moi les surveille (je ne risque pas grand chose à part l'humiliation, la voiture est pleine), une autre essaie de se rendormir. C'est le chat et le chien, si le chat ne court pas, le chien passe à autre chose.
Le train démarre, la vitre est froide, j'ouvre les yeux, ne regarde personne en particulier, ouvre mon sac, farfouille à l'intérieur. Mon voisin évalue d'un coup d'œil le contenu du sac (livres et affaires d'aviron). Je croise son regard sans l'affronter mais sans le fuir, je laisse le vague du sommeil adoucir ma fermeté. Je mets mon bonnet d'aviron afin de me protéger de la vitre et me rendors contre la fenêtre.
Est-ce le contenu de mon sac, mon bonnet, mon regard ou mon âge qu'il a dû comprendre en me regardant dans les yeux, je sens qu'il se désintéresse. Il s'appuie toujours autant sur moi, mais se penche parfois en avant pour discuter un point ou un autre avec ses compagnons.
Ils descendront à Maisons-Alfort.

Diplôme

Depuis jeudi je suis malade. C'était couru d'avance avec la chaleur et la promiscuité de mercredi soir. Partage de microbes, bouillons de culture.
Jeudi, vendredi, deux consultants pour mettre en forme "les macro-process". Grand bien leur fasse, plutôt eux que moi. Mais ils sont sympas, ça se passe bien.

Remise du bac à l'école d'O. J'y vais, après tout c'est le dernier (j'ai l'impression de m'être si peu occupée de lui pendant que je m'occupais des grands que je surcomprense). Très peu de parents, seuls sont là ceux dont l'enfant ne peut être présent. Nous sommes des intrus.
Le directeur fait un court discours, présente les statistiques. Il distribue ensuite les diplômes, dans l'ordre alphabétique des séries ES, L, S, ordre dans tous les lycées de l'académie. Appel du nom, signature, remise du diplôme, remise du livre de l'année.
Chaque nom est suivi d'un hourra, c'est un brouhaha constant, heureux, bon enfant; cela choque ma tendance naturelle à la discipline, au silence, je sais que "cela ne se fait plus" («ce n'est pas l'armée non plus» m'a dit doucement Adeline dans le Jura, me faisant prendre conscience dans un autre contexte de ma rigidité. Mais que c'est dur de se détendre quand la réalité de votre ressenti, c'est que cette détente ne vous détend pas, ne vous amuse pas, vous ennuie au sens propre: je m'ennuie, temps perdu); j'observe le directeur, il sourit, dit un mot inaudible (dans le brouhaha) à chacun, serre la main, dix ans que je le vois, il a donc dix ans de plus, qu'est-ce que cela fait d'être constamment parmi les enfants et les adolescents, est-ce que cela permet de rester à l'écoute du temps, de l'époque, de saisir les changements, de s'adapter?
Cette école me manquera, je reviendrai pour le théâtre, cette école a été pour moi un baume, un morceau de bienveillance, de gentillesse, un monde enchanté vu de ma lointaine fenêtre, même si je ne saurai jamais si (même si je ne suis pas persuadée que) cela a été bénéfique pour les enfants.
Au moins cela m'aura fait plaisir.
C'est déjà ça.

O. me dit qu'il va dîner avec ses copains, je pars, m'aperçois aux Halles que j'ai laissé les clés de la maison sur mon bureau (oui, encore un oubli de clé), vais dîner au café Beaubourg en bouquinant, me coordonne avec O. pour prendre le même RER gare de Lyon ce qui lui permettra de rentrer en voiture de la gare.
Encore un problème de train. Vers six heures quelqu'un a été heurté par un TGV (suicide ou accident? On parle de vomissements), cinq heures plus tard tout est encore désorganisé.

Retard

Je passe rendre le livre que j'aurais dû rendre lundi. Lundi, mardi, mercredi: ça fait deux jours ou trois jours de blocage? Je peux réemprunter vendredi ou samedi? Ou lundi?

Je quitte à regret le calme de la bibliothèque. Ouverte jusqu'à huit et demie: j'y serais bien restée. Mais H. part demain matin, je veux rentrer.

J'aurai le temps de regretter mon sérieux: pas de train aux Halles, premier train annoncé à 20h21, puis 27, puis 31, puis 37, gare de Lyon. Problème de sécurité dans le nord de la ligne, nous dit-on. Je traduis terrorisme. Mais plus tard cela devient "personne sur les voies".
Retour infernal tel que je n'en ai jamais connu à cette heure-là: aussi serrés qu'un jour de grève à huit heures du matin, et surtout, des rames qui ne se vident pas au fur à mesure de l'avancée du RER vers la banlieue, mais qui se remplissent.
Heureusement, sur la plateforme sur laquelle je me suis hissée l'ambiance est bon enfant. Un homme protège son gâteau, nous réussissons à faire assoir une jeune femme enceinte qui cherchait à s'appuyer au mur. Une femme s'endort debout sur l'épaule d'un inconnu.
Il y a tant de monde que les passagers n'arrivent plus à descendre (ça, je ne l'avais jamais vu, généralement nous sommes si contents de voir les gens descendre qu'ils arrivent toujours à se frayer un passage); une gare avant la mienne nous avons l'impression d'entendre se battre sur le quai, quelqu'un tire un système d'alarme. Quinze, vingt minutes d'attente. L'homme à côté de moi me confie qu'avant il habitait Amiens, que les voyages étaient plus faciles…
J'arrive chez moi à dix heures. Dîner, se coucher.

Ennio Morricone

Le concert était programmé à l'origine fin mai, déplacé sans explication ce week-end, l'un des plus chargés de l'année pour nous (un moment je me suis demandé si nous allions réussir à y assister).

Un dimanche soir: donc en RER (pour éviter les bouchons), LE dimanche sans voiture, raison de plus. Bien sûr, la ligne 1 avait un problème (en ce moment il y a un problème par jour, matin ou soir, matin et soir, sur la ligne 1, le RER A ou D), sans compter qu'il n'y avait pas d'arrêt à la station Georges V (non que nous en ayons eu besoin, mais je pense aux touristes). Je ne suis pas contre un Paris sans voiture, mais il faudrait des transports publics suffisants et irréprochables, c'est loin d'être le cas (je me demande même si les deux sont compatibles: plus il y a de trafic, plus le moindre problème arrête l'ensemble du réseau pour des raisons de sécurité). Ça m'agace, ces politiques qui prennent de grandes décisions sans s'occuper des conséquences pour les petites gens. Aujourd'hui j'ai l'impression que nous sommes entrés dans l'ère de la maltraitance: les gens sont maltraités, on ne se préoccupe pas de leur rendre la vie plus facile, on applique n'importe comment des mesures au nom de principes dans l'air du temps (c'est le cas de le dire) qui n'ont pas fait la preuve de leur équité et innocuité (car tandis que les beaux quartiers respirent mieux, les quartiers plus pauvres où sont refoulés les automobilistes connaissent des taux de pollution record).

Avis mitigé sur ce concert: je m'y attendais, car j'avais conscience de ne pas connaître suffisamment de films pour être à l'aise dans la musique que j'allais entendre, mais j'ai été agacée aussi par le public trop prompt à applaudir, qui gênait les musiciens et le chef, très âgé (accompagné par une solide femme en noir à chaque entrée et sortie de scène: destinée à prévenir une chute?), tant et si bien que les morceaux s'enchaînaient dans une sorte de précipitation, sans pause.

Le chef dirige assis, la harpiste et les deux guitaristes sont à l'honneur, surtout au début; il y a cinq percussionnistes au moins (dont une rousse spectaculaire) très plaisants à regarder (quand ils se déchaînent à main nue sur les timbales), un pianiste très concentré qui joue sur un clavier électrique et un piano classique placés à angle droit (et parfois sur les deux claviers à la fois) et beaucoup de clarinettes (pas d'harmonica, zut).
(Et pour nous, l'air du duel d'Il était une fois dans l'Ouest fait monter en surimpression du film le souvenir du paysage réel et du garçon au pull bleu, en bonus émotionnel).
C'était très émouvant de voir Ennio Morricone. Nous étions tous là pour ça: voir Ennio Morricone.



Ici un article enthousiaste et plus technique.

Cuisson

J'ai commandé un sac Nano chez Cotten pour la randonnée de ce week-end et ils ont eu la mauvaise idée de l'envoyer contre signature. Il faut donc que je passe à la poste ce soir puisque je pars à Marseille demain matin.

La poste ferme à six heures et demie. Je prévois large et quitte La Défense à quatre heures et demie.

Ligne 1 Esplanade de la Défense - Défense grande Arche pour prendre le RER A.
Problème sur le RER A. J'attends un quart d'heure dans une rame immobile puis reprends la ligne 1 jusqu'à gare de Lyon (donc un quart d'heure de perdu à attendre, un quart d'heure de perdu du fait de la vitesse du métro par rapport au RER A).

Il y a deux types de RER qui me ramènent chez moi: ceux qui viennent du nord de la ligne (ZACO), les plus courants, et ceux qui partent de la gare de Lyon (ZICO), qui sont ajoutés aux heures de pointe (puis qui deviennent les uniques trains à partir de 23 heures, mais ne compliquons pas).
L'avantage de ceux qui viennent du nord c'est qu'ils sont plus nombreux et prioritaires (nous semble-t-il, par expérience) par rapport à ceux qui partent de gare de Lyon. L'avantage de ces derniers c'est qu'ils arrivent vides et qu'il est généralement possible de s'y assoir. De plus ils sont plus rapides car ils s'arrêtent dans moins de gares.

Quand j'arrive, un ZICO stationne et un ZACO doit arriver d'un instant à l'autre. Le ZACO est censé passer (donc partir) avant le ZICO, mais il va être pris d'assaut vu le nombre de personnes qui attendent sur le quai (il y a dû y avoir des trains de supprimés).
Je monte dans le ZICO attendre, tant pis. Il fait si chaud que je supporte mal l'idée de m'entasser, d'autant plus que j'ai un sac volumineux qui contient mes affaires d'aviron que je ramène pour le week-end.
Pendant une demi-heure les passagers vont hésiter, faire la navette, monter, descendre, entre ce train relativement vide et le quai en face tout à fait plein, entre ce train immobile à la température de four (les voitures stationnent au soleil avant d'être amenées à quai) et le train annoncé comme imminent — et qui n'arrive pas.

J'arriverai à la poste dix minutes avant la fermeture.

Le lendemain, j'entendrai quelqu'un dire que cette immobilisation des trains était due à l'arrestation de trois femmes terroristes à Boussy-St-Antoine, gare sur cette même ligne, deux arrêts plus loin que le mien.

Programme de la semaine

Cette année, j'ai d'une part posé mes vacances pendant la fermeture du RER A, d'autre part demandé des places de parking à La Défense pour la semaine où je travaillais encore.
J'ai donc fait l'expérience ce matin d'aller travailler en voiture à La Défense. Conclusion: c'est loin et le trafic est chargé. Il faut dire que le RER C est en travaux à la même période. (Ça tombe bien, justement l'année où il y a moins de touristes à cause des attentats).



Skiff le midi, dix kilomètres. Par instant je "sens" quelque chose, le temps se suspend.
Yolette le soir, encadrement de débutants. Cette semaine, ce sera aviron midi et soir, au cas où il y ait besoin de moi: la crue a décalé dans la saison la formation des nouveaux et plus on s'enfonce dans l'été, moins il y a de confirmés pour l'encadrement.

Grégoire, Nicolas, Sandrine. Yolette de trois rameurs, pas assez de monde. Grégoire fait partie de ceux qui explique TOUT dès la première séance alors que plus le temps passe, plus je me contente de trois fondamentaux: les pelles à fond dans les colliers, verticales quand elles sont dans l'eau, le mouvement calé sur la nage. Le reste… ça viendra, et parfois il arrive même qu'on trouve des trucs tout seul.


Mort de Ricardou.

Encore un dimanche




Très bonne sortie ce matin. Yolette Lifa. A la nage, Virginie, Florence, Vincent, Magali.
Dormi tout l'après-midi en sentant mes muscles récupérer.


Elections régionales: je n'ai pas écouté de près, pas trop envie, mais j'ai cru comprendre que le FN était à 27%. Comment expliquer que je suis embarrassée d'être blanche dans le RER tard le soir. Pas effrayée, non1, gênée, comme quelqu'un qui aurait toutes les chances parmi des gens qui en ont moins.





Photo prise à 23 heures 16.


1 : j'ai cru m'étrangler en voyant une gourde ex-députée sur la liste de Dupont-Aignan dire (écrire) qu'«elle n'osait plus sortir le soir, prendre les transports en commun».
Viens avec moi ma poule, accompagne-moi une semaine et tu verras que ça se passe très bien, c'est même une expérience humaine curieusement chaleureuse et paisible: nous sommes ensemble dans notre fatigue et nous rentrons chez nous ensemble dans la nuit.
Arrête de circuler en voiture avec chauffeur.

Les petits hommes verts

La grande affaire qui commence cet été est la fermeture du RER A entre Auber et La Défense.
Comme j'avais vu des affiches dès le mois de février, je ne le prends pas comme une brimade personnelle. Cependant, lorsque j'ai découvert à la suite d'une communication interne à l'entreprise, que les travaux auraient lieu sept ans de suite, quelques réflexions sarcastiques me sont venues à l'esprit. Je déclarerais bien à ma collaboratrice que je suis prioritaire pour prendre mes vacances aux dates des travaux (elle n'est pas touchée puisqu'elle habite dans l'ouest) mais je ne peux pas faire cela six ans de suite! (pour cette année, c'est trop tard).


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DisneyParis a-t-il demandé un dédommagement? Quelle pagaille cela va être dans Paris pour les touristes… D'un autre côté, j'ai pu constater que des navettes les attendaient directement aux aéroports et qu'ils ne passaient jamais dans la capitale.
Bon, après tout, ce n'est pas mon problème.

Mon problème, c'est d'arriver à La Défense. Toute l'information distribuée l'a été dans le but de nous détourner de la ligne 1. En particulier, la ligne 14 suivie de la ligne SNCF à partir de Saint Lazare est chaudement recommandée.

Ce matin, j'ai pris un Vélib jusqu'au pont de Neuilly en suivant le chemin du bus 43. Ce n'est pas désagréable mais il y a beaucoup de pavés. Je mets trois quarts d'heure à faire le trajet.

Ce soir, comptant sur le fait que les gens avaient dû étaler leur retour (et surtout partir plus tôt en arrivant plus tôt car la plupart ont beaucoup plus d'auto-discipline que moi qui suis incapable de quitter un lieu, que ce soit la maison ou le bureau), j'ai essayé la ligne 1 (avec succès: debout mais rame non bondée).
En arrivant en haut de l'escalier "Esplanade de la Défense", j'ai aperçu cela:

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Oh non, ai-je soupiré intérieurement, ce n'est pas possible, ils continuent à nous prendre pour des demeurés, nous allons maintenant avoir des cours sur la façon de prendre le métro…
Plus rationnel, Hervé suggère que le personnel étant embauché, la RATP l'a simplement reporté du RER sur le métro.

De façon générale, reconnaissons que la RATP n'a pas lésiné sur les moyens humains: je n'ai jamais vu autant d'agents se tenir dans les couloirs et la rue dans l'attente de renseigner les voyageurs.

Dieu est vivant

Dans le RER silencieux qui glisse dans la nuit, deux jeunes enfants noirs chantent derrière moi, en modulant sur des rythmes de blues (c'est ainsi que je sais qu'ils sont noirs, c'est inimitable):
Dieu est ici, il est vivan-ant,
Dieu est ici, il est vivant.

Personne ne bronche, le silence est religieux, les voix aigrelettes mais bien posées. Tous supportent patiemment, vaillamment, et cela me donne le courage d'en faire autant. J'admire le stoïcisme de mes voisins.
En me levant pour quitter le RER, je vois qu'il s'agit de deux fillettes de cinq et six ans environ.
J'ai calculé qu'à quinze secondes la ritournelle et vingt minutes de trajet, nous avions entendu quatre-vingt fois les deux phrases. Bon courage à ceux qui poursuivaient le voyage.

Cours

Cours de latin. Quatrième leçon. Nous avons vu les déclinaisons une et deux, les adjectifs de première classe, le présent, futur et imparfait du verbe être, le présent des cinq "groupes" (le mot juste m'échappe) de verbes.
Nous traduisons directement des versets du Nouveau Testament (Saint Jérôme). Pour la prochaine fois, du Saint Paul.
Je me dis que ceux qui n'ont jamais fait de latin doivent peiner.

Cours d'histoire, les Carolingiens, la réforme grégorienne. Nouvelle prof, assez étonnante: elle fait partie de ces personnes alertes et vivantes qui ont un physique de vieille fille revêche.

Le soir j'arrive juste à temps (23h02) sur le quai du RER gare de Lyon.
Manque de bol, le train part des grandes lignes. Il faudra attendre 23h32.

Transports

Encore des problèmes, cette fois-ci sur la ligne 1.

Et donc je n'ai pas réussi à atteindre la bibliothèque Melville avant la fermeture. C'est ennuyant, parce que je devais rendre L'Eglise de Congar pour lequel j'ai un retard de plusieurs jours. J'ai oublié de le prolonger à temps (par internet), dérogeant à ma règle "faire tout de suite ce à quoi on pense", sans se dire "j'y penserai plus tard": la preuve, on n'y pense pas.
Bon, on verra mardi. Ou jeudi (oulipo). (TGB et Melville sont sur la même ligne, la 14 (pour les non-Parisiens)).

Pensée inavouable

Les travaux continuent. L'accès au quai à l'extrémité de la rue, si pratique, est fermé depuis lundi pour installer un ascenseur.

Et tandis que, ma voiture garée, je passe devant la porte condamnée pour aller prendre l'autre accès deux à trois cents mètres plus loin, je me dis qu'il va en falloir, des accidents de voiture pour produire tous les handicapés nécessaires à l'amortissement de ces travaux !


Pardonnez-moi, je suis assureur, c'est pour ça.



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Agenda
Ce matin, retard dû selon le conducteur "à un accident grave de voyageur", selon le panneau gare de Lyon "à une personne sur les voies" (pas de photo).
Ça sent le corps retrouvé au petit matin.

Je dîne gare de Lyon avec Hervé qui revient d'Avignon (Hodgson de Supertramp sur écran géant dans la brasserie) et nous rentrons ensemble.

Le Quinconce

Je termine le dernier tome du Quinconce et dessine "mon" arbre généalogique.

Journée morne. Je ne suis pas allée ramer. J'ai retrouvée la salle de réunion disparue (elle a changé d'étage et de situation dans le nouvel étage). J'espère que le téléphone sera rétabli d'ici vendredi pour le conseil d'administration. Je suis lasse de tout cela. (Il faut que je pense à commander du café).

Problème de RER D hier soir, ce matin, ce soir. Je crois que je vais me remettre aux photos des explications des retards sur les panneaux de la SNCF ou la RATP.

Exemple le 21 octobre (il y a une semaine, début des vacances scolaires. Rien ne fonctionne correctement durant ces vacances.)



Il est 19:05. La phrase d'explication indique:
« Circulation très pertubée dans les deux sens sur l'ensemble de la ligne. Plusieurs incidents sont survenus. Prévoyez un allongement du temps de parcours. Retour à la normale à 21h. »

Premier TG d'ecclésiologie

Je prends le RER plutôt que la voiture, afin d'avoir le temps de terminer ma préparation de TG dans le train.
Du quai, je contemple les wagons arrêtés sur la voie en face (et qui de ce fait la condamnent pour la journée). Beaucoup de travaux prévus dans les semaines à venir.





La composition du groupe se spécialise: une religieuse, une ex-religieuse, une future religieuse. Deux médecins, une infirmière (un ingénieur, un imprimeur à qui je recommande Le cave se rebiffe).

Matinée sur Troeltsch. Finalement "l'Eglise-mystique" serait le ferment qui travaille l'Eglise (chrétienne) de l'intérieur.

Apéritif. J'entends tandis que je sirote un verre de kir devant St Joseph-des-Carmes:
— Nous fuyons ce qui nous est important.



Rentrer me prend des heures car je tente l'expérience, pour pallier le manque de trains s'arrêtant à Yerres, de prendre le bus B à Créteil-Pompadour. Las! je ne parviens à trouver l'arrêt de bus que bien après qu'il soit passé.
Je vais alors jusqu'à Villeneuve-Saint-Georges et en attendant mon train qui tarde, emm**, par pure malice, pour m'occuper, (le pauvre) un black petit qui fait des sondages sur notre satisfaction: nom de Zeus, il ne faut pas avoir honte!

En arrivant à Yerres, je photographie les travaux vus de l'autre quai. Il fait très beau.

Willy et Colette - Claudine à Paris

Matin, RER A vers la Défense.


La nausée de Jean-Paul Sartre

Ligne D gare de Lyon, 23h14 ce soir donc hier, train pour Juvisy supprimé.

La Voie royale d'André Malraux

RER A, 6 heures du soir à Châtelet. Ses lunettes étaient d'un rouge sombre dont les reflets s'assortissaient à son sac.


Candy crush

Deux hommes d'une cinquantaine d'années bavardent à côté de moi dans le RER.
— Et ton fils ?
— Ah, il doit partir en Suède… Tu connais Candy Crush? Eh bien, ils ont trois centres, Barcelone, Londres et Stockholm; il est pris à Stockholm. Il va faire de l'analyse de bases de données. Tu sais, quand tu joues, tout est envoyé à de super-ordinateurs, ils décortiquent comment tu joues pour améliorer le jeu, pour repérer les tricheries… C'est de l'analyse statistique de comportement.



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Agenda
Le soir, dîner avec les drôles de dames de H.

Les Confessions de saint Augustin

Il s'est assis à côté de moi à la station Etoile dans le RER A vers 9h10. J'ai d'abord cru qu'il lisait Rousseau, mais non, c'était St Augustin.
Je me suis levée de façon à photographier son visage (à côte de lui, je ne voyais que le livre).


Tess d'Urberville

RER D, vers 9 heures. Je ne l'avais pas vue avant de m'asseoir.


Aura moderne

La lumière qui émanait du visage de la femme assise sur le siège en face de moi en diagonale n'était pas dû, comme je l'ai cru tout d'abord, au reflet de sa magnifique écharpe rose sur sa peau, mais, je l'ai découvert plus tard, à la lumière de l'iPad qu'elle lisait.

Mrs Dalloway - 2

RER D, vers 9h30. Un deuxième étudiant. Il commençait tout juste le livre et fronçait les sourcils.


Engouement pour La Rabouilleuse

Deux matins de suite dans le RER A : le 12 février en Pléiade, le 13 en folio chiffonné.


        

RER, le retour

En décembre, nous avons appris que d'importants travaux allaient être réalisés à la gare de Yerres et qu'en conséquents les horaires allaient être bouleversés. D'autre part, le trajet pour aller à Paris allait prendre cinq minutes de plus (non ce n'est pas rien: l'enjeu est d'attrapper son train, de ne pas rater les correspondances, d'être à l'heure en classe, etc).
Nous a-t-on dit, ou avons-nous spontanément déduit, que le trajet serait plus long de cinq minutes à cause des travaux? Et que donc, sous-entendu, le trajet reprendrait sa durée "normale" à la fin des travaux?
Quoi qu'il en soit, pas du tout: les cinq minutes sont dues à une nouvelle gare, Créteil-Pompadour. Cela est ennuyant, mais un regard sur une carte démontre si bien l'intérêt de cet arrêt (l'étrange est qu'il n'ait pas existé plus tôt) au vu des transports et habitations environnants que j'en prends mon parti sans difficulté. (Mais cette carte que j'ai vue, je l'ai vue par hasard sur une feuille de chou en faisant des paquets à Noël chez Boulanger: nous n'avons eu aucune explication officielle, aucune information).

J'en prends mon parti, mais les conséquences d'un arrêt de plus ne sont pas qu'un rallongement du trajet, c'est surtout moins de places assises au départ de Paris (les gens qui descendent à cet arrêt ne prenaient pas mon train auparavant, mais l'omnibus), et voyager debout, ça veut dire l'impossibilité de dormir, un voyage insupportable si on porte des talons… (Et encore, j'arrive à prendre des notes debout).

Remarque en passant : d'autre part les trains sont supprimés autant qu'avant, mais il y a beaucoup moins d'explications à photographier, alors que j'ai cru remarquer que les photographes devenaient chose courante: un lien de cause à effet?

Parenthèse poujadiste : temps de trajets rallongés, trains plus bondés encore, et augmentation du pass Navigo en janvier: que paie-t-on exactement, à quoi s'engagent les transports d'Ile-de-France quand on s'abonne pour un an? (Imaginez un restaurant qui vous servirait alléatoirement un repas, un demi-repas, un repas froid, un repas servi à deux heures alors que vous êtes arrivé à midi, et cela toujours pour le même prix, ou en l'augmentant.))

Le soir, les horaires ont été décalés (2 et 32 au lieu de 8 et 38 gare de Lyon). Cela n'a l'air de rien, mais comme dans le même temps le passage entre la station Châtelet et la ligne 14 a été bouché (les travaux ont commencé il y a un an mais je n'ai pas l'impression que le projet prévoit de rétablir ce passage qui était très rapide) et que le RER D part de gare de Lyon au lieu de partir des Halles (gare de Lyon à 23h02 au lieu des Halles à 23h08, si vous avez suivi), il faut prendre le RER A entre Châtelet et gare de Lyon et j'ai beaucoup de mal à attraper mon train le mardi soir. Je le rate de trois minutes et j'attends une demi-heure dans le froid (nous attendons par dizaines une demi-heure dans le froid).
Comme ce n'est pas suffisamment sadique, la SNCF (le RER D dépend de la SNCF) joue à mettre les trains en gare de surface (la correspondance ordinaire entre RER A et D n'est que de quelques volées de marches) c'est-à-dire avec les trains grandes lignes (je suppose que c'est à cause des travaux de mise aux normes), mais bien sûr, sinon ce serait trop facile, pas toujours dans le même hall: une fois dans le bleu, une fois dans le jaune, pour ceux qui connaissent (ça représente une centaine de mètres, pour ceux qui ne connaissent pas). Et bien sûr, cela n'est pas indiqué sur le quai du RER A, le voyageur le découvre en arrivant aux départs grandes lignes (or, comme vous l'avez compris, chaque seconde compte).

Mardi, tandis que j'arrivais en courant à 23 heures devant le quai 17 (les deux mardis précédents, c'était quai C et G), le chef de gare a sifflé:
— Ah non, vous n'allez pas le faire partir, ça suffit comme ça, les conneries.
— Comment ? (Croyait-il m'intimider?)
— Ça suffit comme ça, les conneries.
— Comment ?
— ÇA SUFFIT COMME ÇA LES CONNERIES.
Il a laissé tombé, je suis allée m'assoir en soufflant comme une forge, et ce soir je suis retournée en salle car je n'ai plus aucune condition physique.

Vocabulaire

Je suis debout dans le RER, au niveau de six places se faisant face trois à trois. Cinq jeunes filles révisent des noms en D, l'une donne le mot, les autres tentent d'en donner la définition, la première les aide. J'arrive au moment de "dépréciation" ou "déprécation", je ne suis pas sûre de bien comprendre, est-ce de l'anglais qu'elles révisent?

Non, c'est bien du français: démotique, désaffection, déshérence, desidérata (toujours au pluriel, prend un "s"), désolation (au sens de "destruction"),…
Je suis intriguée: sont-elles en première, et leur professeur de français a-t-il décidé de traiter le mal à la racine (avec un pincement au cœur, je me dis que cela aurait dû être fait il y a des années, au collège (mais leur sérieux me remplit d'espoir: quel professeur peut-il réussir à obtenir cela d'élèves de première? (car il n'y a aucun signe d'ennui ou d'exaspération parmi elles)); sont-elles en première année de fac littéraire?

Au moment de quitter le wagon, je me penche vers la jeune fille au bord de l'allée:
— Excusez-moi, mademoiselle, vous êtes en quelle classe?
— En prépa orthophoniste.

Mrs Dalloway

RER A, vers 10 heures.





Le livre était chiffonné et semblait l'ennuyer profondément. Lecture pour la rentrée, sans aucun doute.

Nervosité

Grève sur la ligne D. Les gens sont agressifs comme je ne les ai pas vus depuis longtemps, eux qui avaient tendance à rire et plaisanter pour supporter les "bêtises" de la SNCF (c'est vraiment comme cela que je le ressens: des bêtises, des caprices d'enfants gâtés; et les plaisanteries comme cette âme "bien française" dont parle autant Proust que San-Antonio). Est-ce le mauvais temps, les mauvaises nouvelles, la crise, certains se seraient écharpés («Monsieur, vous appuyez sur mon bras»). Un instant à gare de Lyon, j'ai cru que quelqu'un allait être écrasée par la foule, j'ai entendu crier.

Puis rien.

Le pire, c'est que je sais que si un tel drame survenait, toute grève serait suspendue pour quelques semaines.

La grande question

RER D 18 heures, en face de moi un peu en biais, une jeune fille au téléphone vient de décrocher (ce terme ne convient plus du tout). Elle écoute un instant et demande calmement, mi-amusée mi-fataliste:

— Mais comment fait-il pour être aussi con ?

Erreur d'aiguillage

Le train s'arrête à Vigneux. Il est onze heures et demie. Tous les wagons descendent vociférer sur le quai.
Erreur d'aiguillage. Nous sommes partis vers Corbeil-Essonne au lieu de Melun.
Il est très tard, il y a un train toutes les demi-heures, les gens sont fatigués et furieux. Les trois agents SNCF sur le quai n'en mènent pas large.

Finalement, le conducteur décide de continuer jusqu'à Juvisy, de changer de voie et de retourner à Villeneuve-Saint-Georges pour reprendre le chemin de Melun.

Nous traversons la Seine deux fois. Train fantôme glissant dans la nuit. J'aime l'idée mais je ne suis pas rassurée à l'idée de ce train circulant sur des rails où il n'est pas prévu.

Chapeau, jeune homme

Fini la Tactique du diable achetée hier. Tout cela n'est pas très sérieux, je serais censée travailler sur Phèdre à fond jusqu'à samedi. Tant pis (déjà passé une micro-évaluation vendredi midi. C'est l'aspect étrange du cursus. A nos âges… Il y en a un qui a abandonné, il n'est présent qu'en auditeur libre, il ne veut pas écrire les dissertations et passer les oraux. Il est médecin, «passer des examens me gonfle». Mais il y a dans la soumission aux règles un exercice spirituel, aussi.)


RER. Deux banquettes de trois places en vis-à-vis, nous sommes trois, assis en quinconce comme il se fait naturellement (cela préserve l'espace pour les coudes et les jambes (pour ceux qui penseraient que voyager en transport en commun n'implique pas une adaptation et des rites)). Je suis au milieu.

Le jeune homme en face à ma gauche près de la fenêtre a un visage petit, blanc, un visage de porcelaine un peu trop immobile, inexpressif, des lunettes carrées à monture noire épaisse, de gros écouteurs, une touffe de cheveux presque au carré, presque bouclée. Il porte un blouson d'aviateur et une sacoche de cuir brun à reflets rouges, magnifique d'usure.
Son téléphone sonne. Il soulève un écouteur, se penche en avant et se met à parler doucement. Je ferme les yeux. Au début je crois qu'il s'agit d'ingrédients de cuisine. Il se tait, il écoute.
— Tu es malheureuse?
— …
— Il te manque?
— …

Sa voix reste égale, presque un murmure. Qui est-ce? Une amie? Sa sœur?
Peu à peu, c'est lui qui va parler, qui va occuper toute la conversation.
— Ecoute, en ce moment il est blindé de boulot. Si vraiment il te manque, dis-lui, mais pas maintenant, c'est inutile, il ne sera pas à l'écoute, il travaille. Il faut que tu attendes un mois, qu'il ait davantage de temps.
— …
— Ecoute, ne t'en fais pas. Tu as peur qu'il te remplace? Il ne faut pas avoir peur. Soit il travaille tant qu'il n'a le temps pour rien d'autre, soit il croise quelqu'un qui lui plaît et tu seras fixée, tu sauras que c'est inutile d'insister.

Les yeux fermés, je souris à peine intérieurement, c'est plutôt de la mélancolie, cette voix si apaisante qui prône le bon sens, a-t-elle la moindre chance d'être entendue? Comme il est patient, croit-il qu'il peut la convaincre (moi non, j'imagine l'autre bout du fil, le cœur qui bat, le désespoir et l'impression que le sol se dérobe, et toutes ces paroles qui glissent, qui glissent, ne comblant rien du vide) ou ne fait-il que ce qu'il pense devoir faire, par devoir, par tendresse, parce qu'il faut essayer, donner sa chance à l'improbable, je m'endors je crois, puisque je me réveille. Il parle encore.

— … Si vraiment tu te sens trop mal, va voir une amie, mais pas pour ressasser, hein. Pour parler d'autre chose.

Je ne sais plus comment il termine. Il se redresse, se renfonce dans son siège, remet son casque, et sort un folio de la poche de son blouson. La rose tatouée de Tennessee Williams.

Des perturbations dans la force

Dîner avec R, mais pas en tête à tête. Finalement cela aura moins duré que je ne pensais. Ce n'est pas de la réconciliation mais de l'observation prudente. Prudence dans le choix des mots, conversation minée. La question que je me pose, entièrement théorique, est de savoir si je compte autant pour lui que lui pour moi.
Mais cela ne lui donne pas le droit de faire n'importe quoi.
Au contraire.

Je rentre pour apprendre qu'en gare de Yerres, une adolescente en a poussé une autre sous un train. Je n'aurai pas eu l'occasion de m'inquiéter, je suis rentrée trop tard.
J'apprends aussi que nous avons été déboutés en appel dans l'affaire des métabalises. Cela ne m'étonne pas. J'avais oublié que le délibéré était rendu aujourd'hui. Je n'y pense plus très souvent. Il faudra que je cherche pourquoi.

Une rencontre

Dix heures et demie, les Halles, je suis en retard pour mon cours d'allemand, je vais prendre la ligne 4, pas à la station les Halles mais à Chatelet en prenant le couloir de la ligne 14; il faut connaître l'astuce car la direction "porte d'Orléans" n'est pas indiquée dans le couloir. Direction réservée aux initiés.

Contre le mur du couloir de la ligne 14 je remarque une très jeune femme asiatique, menue, en manteau gris et toque noire à la Audrey Hepburn. Elle se tient au mur, elle titube, j'hésite, je m'approche, que vais-je pouvoir faire, il n'y a rien pour s'assoir (c'est le lieu où arrivent les immenses tapis roulants des Halles, pour ceux qui connaissent):
— Ça va? Vous voulez de l'aide?
Elle me sourit, elle est toute pâle, elle me répond en français mais je ne comprends pas très bien, son accent est fort, elle parle de Louvre, je crois.

Oui elle a mangé quelque chose ce matin, elle ne comprend pas ce qu'elle a, elle paraît se ressaisir, j'aimerais la conduire jusqu'aux quais, en général il y a de quoi s'y assoir. Je finis par comprendre que c'est la ligne 14 qu'elle veut prendre, la station Pyramide, deviné-je. Elle s'accroche à mon bras, elle ne pèse rien, elle est si menue, elle sourit bravement, elle est pâle. Il lui faudrait du sucre, je n'ai rien sur moi, pas un seul de ces petits gâteaux que je récupère quand je prends un café au café.
Non, elle a mangé, du riz et des gâteaux (du riz au petit déjeuner? C'est une idée d'asiatique, ça!), elle ne comprend pas. Une inspiration me vient, je crains un peu de la choquer:
— Vous n'êtes pas enceinte? pregnant?
L'idée semble atteindre son cerveau au ralenti. Ses yeux s'arrondissent, sa bouche sourit, la lumière éclaire son visage comme si elle comprenait enfin (ouf, elle n'est pas choquée):
— j'ai oublié… le mois dernier… le bébé…
(Elle a oublié quoi? sa pilule? Elle a fait une fausse-couche le mois dernier? Elle a oublié qu'elle est enceinte? Non, ça, ce n'est pas possible, elle paraît trop surprise.)
Je suis soulagée, la nouvelle n'a pas l'air de la catastropher, elle semble heureuse, j'ai envie de rire:
— Vous savez, ça arrive…

Je l'accompagne sur le quai de la 14, lui trouve un siège.
— Reposez-vous avant de partir.
Elle est confuse, a peur de m'avoir mise en retard:
— Si vous tombez dans le métro (je fais avec les mains le geste de s'évanouir avec grâce), il y aura les pompiers… firemen… beaucoup de monde, beaucoup de bruit… Reposez-vous. Je peux vous laisser?
Elle dit oui, elle est encore sous le coup de la nouvelle, je l'abandonne, lumineuse sur le quai.


Je me demande si elle était vraiment enceinte, si mon intuition était juste. C'est dommage, je ne le saurai jamais.

D'autres langues que la mienne

Sostiene Pereira.
Ligne 12, lundi 17h25.
J'ai aimé cet homme qui m'a semblé être Pereira en train de lire Pereira.




RER D, lundi 7h12. Je n'ai pas compris le titre. De Victor Hugo, deniz işÃ§ileri.




D'après Google, ce sont les Travailleurs de la mer.

Divers

- Dépouillé toute la journée des bulletins dans le cadre d'un scrutin de liste (fastidieux).
- K. vient de comprendre que je m'en vais. Le premier juillet.
- Vincent m'a accordé mon aviron d'argent en me faisant remarquer que je n'avais pas assez travaillé. J'ai honte.

Le rasta émacié qui a croisé mon regard sur le quai du RER gare de Lyon m'a saluée d'un «Ça va ma sœur?» J'ai souri: «Oui ça va, merci.» (Je crois que j'avais l'air bien partie après l'aviron.)

Philosophie quotidienne

Entendu dans le RER :

«Je préfère être fatiguée le lundi matin que fatiguée le vendredi soir.»

Lassitude

Ce week-end à Montpellier, j'exprimais mon apaisement à être dans une ville sans omniprésence policière, sans fouille et portique à l'entrée de l'opéra ou du musée?

Je suppose qu'on va avoir droit une fois de plus à des contrôles renforcés, des militaires dans les couloirs du RER. 1986, 1995: ça ne s'est jamais arrêté, jamais arrêté.
Et pourtant, les terroristes manquent singulièrement de gniak: ce serait si simple, un beau carnage un jour de grève, sur les quais bondés… («Ne vous séparez pas de vos bagages, signalez-nous tout paquet abandonné…»)

Enfin bon.

Feuilleton

Je tiens un concept, là.

Cette fois-ci, nous avons appris une minute avant l'arrivée de la rame qu'il n'y aurait plus de métro en direction des Halles pour une durée indéterminée suite à un voyageur malade dans une voiture.
Ressortir de la station Saint-Placide, remonter la rue Notre-Dame-des-Champs, prendre la station du même nom ligne 12, descendre à Madeleine, prendre la ligne 14, il est 23h02, je n'aurai pas le RER de 23h08.
En arrivant gare de Lyon, je constate que le RER est de retour sur son quai habituel (et non au départ sur les grandes lignes). Il est 23h12, pour une raison incompréhensible, un RER est annoncé à 21 (au lieu de 38: est-ce que le 08 aurait été annulé?) Quand le RER arrive, il stationne cinq à dix minutes (31 au lieu de 38, c'est toujours ça).
Je m'endors si profondément que lorsque j'ouvre un œil au premier arrêt, le voyageur en diagonale sur les sièges d'en face m'informe charitablement: «Villeneuve-Saint-George. Vous allez où? Je vous réveillerai.» (Détail curieux, avec un look un peu SDF (moins l'odeur), il transporte dans un de ces grands sacs de course réutilisables toute une collection de cassettes vidéos enregistrées de films de Gene Kelly. Les tranches sont annotées avec soin, des photocopies en noir et blanc des affiches sont collées sur les cassettes.)
Dernière anomalie: le train ne s'arrête pas sur le quai habituel en gare de Yerres.

(Vous aurez compris que ce qui m'intéresse, c'est la variation).

Sur ma voiture un peu de poussière blanche, un désir de neige. Et un PV, placé sur la carte annuelle d'autorisation de stationnement de 2009 collée contre le pare-brise.

Deux paires de gants.

. Il y a deux semaines, je suis arrivée aux Halles à 22h48 (à peu près), je suis descendue sur le quai du RER D pour m'apercevoir qu'il était désert et en déduire qu'il fallait que j'aille gare de Lyon, j'ai aperçu une rame de RER A sur un autre quai (tous les quais sont parallèles, tous les trains sont visibles d'un quai à l'autre) et j'ai couru à perdre haleine pour avoir cette rame — le RER D part à 23h08 de gare de Lyon.
J'ai réussi à monter dans la rame du RER A. Quand elle a démarré, j'ai compris qu'elle allait dans le mauvais sens. A Auber j'ai aperçu (de nouveau) une rame qui arrivait dans l'autre sens, j'ai couru, je l'ai eue (c'était beaucoup plus facile). L'enjeu était toujours 23h08.
Gare de Lyon, je suis montée d'un étage pour prendre le RER D. Quai désert. Un panneau expliquait que suite à des travaux sur la ligne D, les trains partaient des grandes lignes ("gare de surface").
J'ai couru, remonté un étage, traversé la gare, monté un escalier, un deuxième, tenté de déchiffrer le panneau central (sans mes lunettes, et avec, c'est en train de devenir compliqué).
Je suis arrivée sur le quai pour voir s'éloigner les phares arrières de la dernière rame.
J'ai attendu une demi-heure et je suis rentrée à minuit passé.

Le même soir, j'ai laissé une paire de gants dans une salle. J'y suis retourné le lendemain, le samedi et lundi suivant, et encore aujourd'hui: rien. Je suppose que comme j'ai perdu les deux à la fois, ils ont fait l'objet d'une adoption...
Je suis triste car c'était un cadeau de Paul Rivière.




. Il y a une semaine je me suis appliquée. J'ai pris le RER A aux Halles dans le bon sens, je suis directement montée en gare de surface et je me suis installée à 23h03 dans un RER direction Melun, après avoir profondément vexé un employé de la SNCF parce que je me suis mise à rire quand il a qualifié d'exceptionnelles les perturbations actuelles (ce fut ainsi d'octobre en décembre, déjà, avec une interruption à Noël, d'où ma naïve confiance le lundi précédent).
J'attendais que le train parte à 23h08. Il n'est pas parti. J'attendais et j'attendais — jusqu'à ce que j'entende des passagers discuter et que je me précipite hors de la rame au moment où les portes se fermaient (des passagers m'ont aidée en retenant les portes): je m'étais trompée, c'était un direct Melun. Je n'étais pas montée dans le bon train.
J'ai attendu une demi-heure et je suis rentrée à minuit passé.

. Ce soir je me suis appliquée mieux. J'ai eu le train de 23h08.
Et ma collègue m'a offert une paire de gants, un peu plus beurre un peu moins crème. C'est vraiment gentil.

J'espère que c'est la fin d'un cycle. Depuis trois jours je ne fais que des mauvais choix et il me faut m'y reprendre à plusieurs fois pour tout.

***

Deux heures pour commenter Ac, 2, en reprenant les sources vétérotestamentaires et en effleurant la tradition juive — le soupçon (la certitude) vient qu'une vie à plein temps n'y suffirait pas et que c'est folie de tenter l'aventure à coup de deux heures par semaine. Dans ces moments-là, je mets vite des œillères à mon âme: surtout ne pas penser.

Anna Karenina en turc




Vendredi soir, après les cruchons
Je l'observais, il était à soixante ou cent pages de la fin. J'étais inquiète pour lui, de ce qu'il allait lire.

Une voix

Je suis tombée amoureuse d'une voix, celle qui fait les annonces vers 18 heure sur le quai du RER D aux Halles. J'ai fait un sondage (sur trois personnes), c'est apparemment la même voix qui officie gare de Lyon, elle doit prendre en charge toute la longueur des lignes A et D dans Paris, et peut-être la B.

Comment ont-ils recruté ce jeune homme (je ne peux imaginer qu'il ait plus de trente ans, il y a quelque chose de juvénile dans la tessiture), sur quels critères, à partir de quels tests? Vocabulaire, syntaxe, intonation, tout est parfait, et lorsqu'il commence à dire des choses aussi bizarres que: «Ligne D, je ne peux vous dire quand vous aurez un train pour la gare de Lyon car je n'en sais rien. Tous les trains sont bloqués depuis 17h40. Si vous souhaitez vous rendre à Melun, je vous invite…» (etc), je me sens rassurée: quelqu'un est en train de nous dire la vérité et essaie de nous proposer une solution.
Effet incroyable de cette voix: toute autre m'aurait fait rire sardoniquement, celle-ci m'apaise. Et lors de mon sondage (très scientifique, effectué au petit déjeuner), j'ai eu la surprise de découvrir que les trois sondés avaient tous les trois repéré cette voix, et l'aimaient tout autant que moi.

Et je songe à "la Voix" dans V pour Vendetta.

42

Vendredi soir, en allant aux cruchons, dans un des nouveaux wagons du RER B (je le note, ça fera un point de repère quand nous nous demanderons: «Mais quand donc la ligne B a-t-elle changé de wagons? Tu te rappelles, les wagons sales à lumière jaune?»)

Donc voilà, la lumière est blanche.

Quelques instants plus tard, cet homme s'est mis à rire tandis qu'il avançait dans les dernières pages du Dernier Restaurant avant la fin du monde, deuxième tome de la série de Douglas Adams.



1984

Quai du RER D aux Halles hier soir.



Les Liaisons dangereuses

Nouveau téléphone. Mauvaise lumière du RER B que les Parisiens connaissent: insuffisante et jaunâtre. J'ai un peu hésité à mettre la photo en ligne, mais la jeune fille avait l'air si concentrée, et le livre de poche si ancien? (Un instant j'ai cru qu'elle lisait La Princesse de Clèves, ce qui aurait été fantastique. Tant pis.)



(Ce matin un lecteur d'Une vie bouleversée, mais il se levait pour sortir quand j'ai découvert son livre en m'asseyant devant lui. Dommage.)

Nabokov dans la Pléiade

La photographie du jour est dédiée à Dominique, qui m'a envoyé une page du Nouvel Obs circa 1999 donnant toutes les indications pour s'habiller en Nabokov chasseur de papillons.

Nabokov en chasseur de papillons - Nouvel Observateur


Ce jeune homme lisait à trente ou quarante centimètres de moi, debout dans le RER A (la photo est prise de trop près).
J'ai eu du mal à identifier le livre, son index s'étant déplacé sur le titre au mauvais moment (Roi, dame, valet, ai-je fini par déchiffer en haut de la page 176. Le volume avait été débarrassé de sa couverture protectrice en plastique).


jeune homme lisant Nabokov en Pléiade dans le métro



Pour la peine je crée une nouvelle catégorie.

(Plus tard, dans le RER D, l'homme à ma droite commençait La Dame de Montsoreau en folio (j'ai eu du mal à identifier le livre car il lisait la préface). Je me suis dit que cela ferait trop de photos pour une journée (et puis j'étais mal placée)).

L'éducation sentimentale

RER A, ce matin en face de moi.

Pour Patrick qui ne voit jamais de lecteur (ce sont les vacances, ce n'est pas une lecture imposée).


Sur le quai

Deux loulous, jeunes, un très menu, lunettes, pull à rayures blanches, roses et bleues, l'autre arabo-portugais, mal rasé, sac à doc fuschia foncé passent devant moi qui sors de la rame. Ils sourient un peu en échangeant des regards entendus, je saisis une phrase au vol sans savoir de qui ils parlent:
— Mad' Moisell', comment Èll mAt'! Elle lâche pas l'affaire! Même moi j'regarde pas comme ça! dit le plus grand, admiratif et incrédule, au plus petit.

Les théologiens souhaitent-ils la mort de leurs ennemis? me demandé-je en descendant du train, évoquant le regard féroce de B. lorsqu'on aborde certains sujets, toute onctuosité jésuite soudain abandonnée.
— Mad' Moisell', comment Èll mAt'!!

Hmm.

Dérive

Hier, 19h35 - J'arrive que le quai du RER A à la Défense, un peu plus bondé que normal. Une rame est arrêtée de chaque côté du quai, portes ouvertes, pleine, attendant de démarrer. Les écrans indiquent que les pompiers interviennent à Fontenay, que le trafic est interrompu entre Vincennes et Fontenay.
Peu m'importe, je descends aux Halles.

Alors les hauts-parleurs annoncent que les trains ne partiront pas: le trafic est interrompu sur toute la ligne. Aussitôt je reprends les escalators, me faufile dans les portillons pour passer dans la zone du métro (il est possible de sortir du métro sans ticket, tandis que pour sortir du RER il faut utiliser le ticket qui a permis d'entrer et les contrôleurs guettent souvent. Or je n'ai pas de ticket, je n'ai pas mis mon manteau et j'ai oublié ma carte navigo dans sa poche); je calcule le meilleur itinéraire pour rejoindre Paris en prenant en compte que le millier de personnes contenu dans les rames va prendre ces mêmes escaliers et faire les mêmes calculs.
Je choisis de prendre le train jusqu'à Saint-Lazare, cette possibilité est souvent oubliée par les usagers du RER. Je fraude encore. Je préviens les enfants de dîner sans m'attendre, je ne sais pas à quelle heure je rentrerai.
J'attends. J'achète des mars. Je mange un mars. Pas de cigarette.

Train. Il fait beau, comme prévu il y a de la place, je suis assise, je m'endors.
«Gare Saint Lazare», la voix traverse l'épaisseur de mes rêves, mouvement de panique et déception, je pensais être chez moi, mon sommeil ayant enregistré le bruit du train: quand le train s'arrête, je suis chez moi. Non, je suis à Saint Lazare. Je descends des escaliers, je remonte sur un quai parallèle à notre arrivée, j'aperçois des contrôleurs en bout de quai, ils semblent contrôler ceux qui prennent le train (et pour cause: j'ai changé de quai par le tunnel souterrain, je ne suis plus sur le quai d'un train que les passagers quittent (ce n'était pas pour frauder mais pour éviter la foule, gagner du temps)), je ne prends pas le risque, je fais demi-tour, je descends, sors rue de Rome, prends la ligne 14, note au passage dans le hall une rangée de barrières grises gardées par cinq ou six agents de la RATP sans comprendre ce qu'ils protègent ainsi (y a-t-il des travaux, un accident?)
De l'autre côté des portillons, encore des contrôleurs, assez loin. Mais j'ai des tickets métro, j'en ai acheté un carnet en constatant que je n'avais pas ma carte, les tickets de métro permettent de sortir de l'enceinte du RER dans Paris (zone 2) (mais pas à la Défense: zone 3. A quoi reconnaît-on un Parisien? Il sait que le RER de la Défense est en zone 3 et le métro en zone 2. Régulièrement il délivre des prisonniers du RER innocemment entrés dans le RER en zone 1-2 (c'est-à-dire dans Paris) et ne pouvant plus en sortir à la Défense (alors que s'ils avaient pris le métro ils n'auraient pas eu de problème) (astuce pendant que j'y suis: il y a souvent des contrôleurs à la sortie du RER à la Défense (ben tiens: après ce que je viens d'expliquer vous comprenez pourquoi), si vous n'avez pas de billet pour sortir, passez dans la zone du métro au niveau du palier intermédiaire, entre la très longue volée d'escaliers qui vient du quai du RER et la plus courte qui arrive au "raz de dalle".))

Je monte dans la rame, ne sors pas mon livre, rêvasse. Est-ce que je vais jusqu'à gare de Lyon, comme il est très simple avec la ligne 14 (le changement est très rapide), ou est-ce que je m'arrête aux Halles (changement nettement plus long)? J'opte pour les Halles, toujours en partant du principe que beaucoup de personnes bloquées à la Défense arriveront directement gare de Lyon: il s'agit de les court-circuiter en prenant le RER en amont.
Dans les couloir je croise des policiers, ça fait beaucoup d'uniformes pour un seul soir, mais que se passe-t-il?

Je franchis les portillons, j'entends «la circulation du RER B est interrompu en direction de St-Rémy-les-Chevreuse et Robinson. Ça m'est égal, mouvement de joie, absence de pitié, schadenfreude, le D circule.
L'accès de l'escalier qui descend sur le quai du D est barré par une bande de plastique rouge et blanc. J'ai joué j'ai perdu j'aurais dû rester dans le métro 14. Bande de menteurs, vous aviez dit le RER B! Je m'apprête à passer dessous mais une grosse dame genre juive pied noir me précède en maugréant. En se penchant pour passer sous la bande elle manque de tomber je la vois dévaler, dévaler, les marches de l'escalier... Elle se reprend, nous descendons les marches. Le quai est désert, au loin quelques uniformes sont en train d'évacuer les dernières personnes, le panneau indique "ZUCO 02mn", c'est mon train, ma direction (parmi les multiples branches possibles), j'espère que les uniformes ne nous ont pas vues, ou qu'ils vont venir lentement, deux minutes...

Je m'assois.

Ils sont là, un blanc un noir en bleu marine.
— Vous ne pouvez pas rester là Madame, on évacue le quai.
— Ça m'est égal, je veux me suicider sous une rame. La Chute. La Chute, mais sans arme, juste pour voir.
— Oui, mais pour l'instant, vous ne pouvez pas rester là.
—Non. j'en ai marre. Je monte le ton, j'ai dans l'oreille les blackettes hystériques, j'essaie de leur ressembler juste assez, pas trop mais suffisamment. Déjà à la Défense il n'y avait plus de train et maintenant ici… Ma voix tremble naturellement, j'aime bien l'effet. Je sens le souffle qui manque, le coeur qui se serre, les manifestations du stress. C'est bien. C'est ce qu'il faut. J'en ai marre.
Le noir insiste:
— Il faut partir.
— Je ne partirai pas sauf si vous me portez. Est-ce qu'il en a le droit? Est-ce qu'il oserait? Image nuptiale de seuil franchi, les escaliers royaux du RER D… Curiosité. Ulysses déteint.
— Je ne vous porterai pas Zut mais on peut vous amener un fauteuil… Vous pourrez vous reposer avec des petits gâteaux? Jane Austen maintenant, de la porcelaine à fleurs et des langues de chat.
— Je ne veux pas partir. Je veux exploser. Boum! Geste de mains. Je ne veux plus de tout ça. Laissez-moi. Longtemps je me suis dit que j'allais être arrêtée pour agression sur un agent RATP. Maintenant je me dis que je vais finir à Sainte-Anne. Repos. Rémi viendra me voir avec Bernard et ils me raconteront des anecdotes psychiatriques. Nous rirons. Le Maître et Marguerite.
Le blanc cède, conciliant, se tourne vers son collègue:
— Viens, on va la laisser.
Le noir insiste:
— Il n'y a plus de train, madame. Ils ne s'arrêtent plus.
Une rame arrive, ralentit. Va-t-elle s'arrêter? Jusqu'où sont-ils butés, jusqu'où voudront-ils avoir raison, les ai-je suffisamment convaincus que je perdais la tête pour qu'ils ne veuillent pas avoir raison à tout prix?
Le train s'arrête. J'en rajoute une petite couche s'il ne me laisse pas le prendre, je perds entre une demi-heure et une heure, le suivant ne s'arrêtera sans doute pas, il faudra que j'aille reprendre le métro.
— C'est mon train, putain. J'ai des enfants. Vous allez m'empêcher de le prendre?
Ils s'écartent.
— Allez-y.

Je monte.
Train.
Soleil. Le ciel est presque du même bleu que les toits en zinc. Cités ouvrières. J'essaie d'imaginer avant, avant les maisons, ou même avec les maisons des années trente, les rangés de maisons identiques. Il en reste quelques-unes.

La fin du monde (avec l'accent écossais): qui veut danser le rigodo, le rigodo, le rigodon?
Je suis heureuse de ne pas avoir abandonné dans les boeufs du soleil.

Les enfants sont gentils, ils prennent soin de moi. Ils m'appellent pour savoir où je suis, j'arrive à Villeneuve, en concluent que je ne suis plus loin: «On te prépare à manger aussi, alors». Jambon-pâtes, ça me fait rire (mais avec du pesto). Ma fille me surveille, me gronde parce que je me couche trop tard (je n'ai plus le courage de me coucher, ça m'ennuie, les gestes m'ennuient. Beaucoup de gestes m'ennuient (mais je ne lui explique pas cela)) et me réveille le matin. Je ne proteste pas, c'est étrange cette impression que quelqu'un assume la vie à ma place.

Aujourd'hui, matin - Voiture grise, celle qui est accidentée, car le pneu de la blanche m'inquiète. En arrivant en vue du quai, nous savons que quelque chose se passe mal. Les trains de 7h06 et 7h21, c'est-à-dire ceux qui vont dans le nord, sont supprimés. Cela signifie que les autres trains sont plus pleins, bien sûr, qu'on ne peut pas s'assoir, mais surtout que lorsqu'on a une correspondance aux Halles, il faut prendre la ligne A (ou 1 ou 14 en cas de problèmes…) entre gare de Lyon et les Halles. Un changement de plus dans ce chaos, un risque de plus de mise en satellite dans le grand n'importe quoi.

Vie quotidienne #resistance

Prendre des photos, c'est maintenir à distance, c'est éviter de se laisser envahir.

Deleuze

Le livre posé à côté d'elle, c'est Mille Plateaux, emprunté à la bibliothèque.


Vies parallèles

La femme en face de moi lisait La vie matérielle de Marguerite Duras.
La femme derrière moi (je l'avais repérée quand nous étions toutes les deux debout) lisait La vie sexuelle de Sigmund Freud.

Duras et Freud.





Les deux en enfilade pour preuve de leur présence dans un même wagon, un peu flou parce que le train bougeait.

Il avait les yeux bleus et lisait Kerouac.

— Tiens, j'ai encore photographié un jeune homme ce matin.
— Toi, tu vas mal finir !



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Elégance footballistique

Ce matin dans le RER L'Equipe déployée par mon vis-à-vis me permet de contempler le pull bleu négligemment jeté sur les épaules de Waldemar Kita. Je songe aux cravates calamiteuses de Raymond Domenech et je me demande si cela influence les résultats d'une équipe.

Grande vérité

Huit heures du matin dans le RER, elle doit avoir seize ans :

— Plus tu fous rien et moins t'as envie de faire quelque chose.

Lois

- Si vous emportez un parapluie il ne pleuvra pas ;
- Si vous allumez une cigarette sous la pluie, un taxi vide se présentera ;
- Si je mets mes chaussures rouges très hautes je resterai debout dans le RER.



Ce matin j'ai mis mes chaussures rouges, je n'ai pas pris de parapluie.

RER, matin

Train en retard à Yerres, nous poussons jusqu'à Villeneuve-Saint-Georges.
Bonne idée, train plutôt vide. L'homme en face de moi discute avec l'homme à côté de moi:

— Et alors, il paraît que vous n'avez pas de chauffage?
— Ah si, il y a une centrale qui marche. Une sur huit. Le terrible, c'est qu'il y a une porte de cassée, ça fait un sacré courant d'air dans les ateliers.
— Une porte cassée?
— Ben oui, il y en a un qui a ouvert la porte pour passer avec un porteur, et pendant qu'il retournait à la machine, un autre a fermé la porte, il fait tellement froid; et l'autre a pas fait gaffe, il est passé à travers la porte avec le porteur, il a rien senti, c'est puissant ces engins-là, ça sert à déplacer les rames...
— Et alors il fait froid?
— Quinze en haut, huit à dix sur le pont, mais dans l'atelier, six. L'ennui, c'est qu'en dessous de cinq, on peut pas souder.

Ils sont descendus à Villeneuve-triage. C'étaient des cheminots.

Festival

19h38. Le RER démarre devant mon nez au moment où j'arrive sur le quai gare de Lyon. Le suivant est indiqué "retardé", et le suivant, supprimé.

Comme j'ai le temps, je décide de retourner attendre aux Halles, afin de pouvoir monter dans le train quand il arrivera (car c'est le deuxième effet KissCool: quand des trains sont supprimés, il y a tant de monde à vouloir monter dans les trains qui circulent que vous ne pouvez y accéder et restez sur le quai (avec une petite centaine de personnes, nothing personal). L'une des solution consiste à remonter la ligne d'une station en amont, car beaucoup de voyageurs descendent aux Halles, ce qui fait de la place (logique: je me dis que ceux qui connaissent ne vont pas comprendre pourquoi je précise, et que ceux qui ne connaissent pas ne comprendront pas quoi que j'écrive. Les expériences sont intransmissibles.)

A partir de là, cela a tourné à la mauvaise farce. Je ne sais plus combien de variations deceptives (décevantes et trompeuses) la SNCF/RATP (la ligne D est SNCF, mais les Halles sont RATP, donc je ne sais pas) a réussi à nous donner. Si j'avais su, j'aurais pris des notes, mais évidemment, quand ça commence, on ne sait pas encore que l'on va avoir droit à un show exceptionnel.

Au fur à mesure je songeais à Gordon Pym, à son sauvetage éternellement remis, tant et si bien qu'à la fin, on n'attend plus qu'il soit sauvé, mais quel tour Poe va bien pouvoir inventer pour une fois de plus décevoir notre attente.

Les trains se sont succédés, allant tous à Corbeil (je suis sur la ligne de Melun).

Nous avons eu (à peu près, de mémoire):
- l'annonce d'un train pour Corbeil tandis que l'affichage sur le quai disait Melun (ce fut Corbeil);
- l'affichage d'un train pour Corbeil tandis que l'annonce nous promettait Melun (mais nous avons cru l'affichage car il correspondait à ce qui était inscrit sur la locomotive elle-même);
- l'annonce d'un train pour Melun et l'arrivée d'un train vide et non éclairé. Il a ralenti le long du quai, nous nous sommes réjouis à la perspective d'être tous assis, et il a commencé, très lentement, à accélérer et à prendre de la vitesse sans s'arrêter : «ce train ne prend pas de voyageurs, veuillez vous éloigner de la bordure du quai». (Les trains fantôme me donnent l'impression d'être dans des western);
- l'annonce d'un train pour Melun dans lequel nous sommes montés (chauffé!: quel plaisir après les quais froids) avant d'en descendre quand le conducteur nous a prévenus qu'il allait à Corbeil (deux hommes m'ont demandé: «Vous êtes sûre qu'il va à Melun? ? Non, mais je le prends pour y aller.» Ils sont montés, nous sommes redescendus ensemble);
- un train annoncé pour Melun, mais dont on nous a précisé quand il fut arrêté à quai, comble du raffinement sadique, qu'il allait à Melun mais aurait exceptionnellement pour terminus Paris gare de Lyon, «par suite des retards accumulés» (et là sur le quai, nous avons commencé à envisager sérieusement d'aller étrangler la tête de linote qui déclamait les annonces).
- le conducteur de ce train nous a promis que le train suivant irait à Melun. Cependant nous ne l'avons pas cru, et nous avons eu raison.


M'en fiche, une fois dans le wagon (plutôt vide), j'ai choisi ma place. (Bon évidemment il a bougé, et vu le temps de pose de mon téléphone, ce n'est pas exactement la photo que je voulais.)






Arrivée chez moi deux heures plus tard, à 21h30. Plus de bus avec la neige. Mais je ne prend pas le bus :p

Apprendre à voir

Encore serrés comme des harengs ce matin. Impossible de lire: trop serrés, et de toute façon le livre en cours est trop gros (trop lourd) pour être lu debout, ça l'abîme et me fatigue.
Il faudrait que je prenne mon ipod, ça doit faire un ou deux ans que je ne m'en suis pas servi, je ne sais même pas si la batterie tient encore la charge. Mais j'ai la flemme, je me sens débordée par les podcasts quand je m'abonne: quand trouver le temps d'écouter tout ça? Il y a longtemps que j'ai laissé tomber, pour éviter ce sentiment de noyade et de culpabilité.

Derrière moi un jeune étudiant plutôt beau, un grand carton à dessins entre les jambes, est en conversation avec une jeune femme en manteau rouge, trop jeune pour être une amie de sa mère, trop vieille pour être étudiante: une voisine, une tante?

— Et tu fais quoi en ce moment ?
— Ça dépend. Hier j'ai eu un cours sur le nu.
— Avec un modèle ?
— Euh... oui....
Silence plus long de quelques dixièmes de secondes. Dans mon dos, j'entends la femme le regarder plus intensément. Il reprend :
— C'est très intéressant, j'ai beaucoup appris. C'est le cours où j'ai le plus appris. On comprend les proportions... dessiner une main... la lumière. Et puis on a un cours d'anatomie, on nous explique les masses musculaires. Il faut dire que j'ai un très bon prof.

Et je pense à Adrien, ancien élève des Beaux-Arts, qui me disait que tous les corps étaient beaux — et à Michel, bien sûr.

Consolation berlinoise

Je suis toujours un peu embarrassée de raconter mes aventures de RER, parce que ce n'est pas un sujet, et j'ai le faut pas s'plaignier de ma grand-mère polonaise dans l'oreille (et puis se plaindre de ce qu'on ne peut pas changer, hein, à quoi bon (et de ce qu'on peut changer... Bref)).

Jeudi dernier
- Aller, ligne D, accident dans la partie nord de la ligne, trains supprimés. Je laisse passer un train, trop bondé pour pouvoir y monter.
- Retour, ligne A, accident sur l'est de la ligne. Trains immobilisés. Je prends la ligne 1 (j'y rencontre Matoo). Ligne 1 arrêtée, des personnes sont descendues sur les voies, l'électricité a été coupée.

Vendredi dernier
- Panne de réveil, préparation en quatrième vitesse, à l'heure sur le quai du RER D, trains supprimés (je ne sais plus pourquoi).

Mardi
- Aller : la pagaille, trains supprimés, pluie et feuilles mortes, je songe à Philippe[s] nous expliquant que si les roues patinent et se bloquent, l'arc de cercle devient droite et la roue (les roues) n'est plus ronde... Dans le premier train je parviens à faire monter A. (remords et tristesse de la voir dans cette galère que je ne peux lui éviter), dans le deuxième je laisse monter H. qui a une réunion. Je prends le troisième, quasi-vide alors que les deux précédents étaient archi-bondés. Hélas, des pipelettes s'installent à côté de moi et malgré ma boule quiès je ne peux ni lire ni dormir.
Gare de Lyon, problèmes de RER A. Je prends la ligne 1, bondée, sans réussir à m'assoir alors que je l'emprunte pratiquement sur toute sa longueur. Quand je descends sur le quai à La Défense, j'entends une annonce: «l'accident de matériel est terminé, le trafic reprend normalement.»
- Le soir, RER D gare de Lyon, 19h38. Il y a plus de monde sur le quai que normal, je suppose qu'un train a été supprimé. Le train qui arrive à quai est un train court, soit trois ou quatre wagons de moins que la normale!! Qu'on m'amène la triple andouille qui a décidé ça, que je l'étripe. Précipitation sur les wagons déjà pleins, entassement incroyable, odeur suffoquante de crasse due à la pluie et aux vêtements mouillés, les gens sont excédés, ils veulent monter dans ce train trop court, ils ne savent pas quand et si il y en aura un autre (une partie des voyageurs est pauvre, habitants de Villeneuve-Saint-Georges coincée entre la Nationale, Orly et la gare de marchandise. Ils n'ont pas de solution de rechange.)
Inquiétude, ma fille n'est pas rentrée, son téléphone ne répond pas (elle avait cours jusqu'à 19h30; elle arrivera à 21h passées, comme une fleur, en expliquant qu'elle a discuté avec le prof. Well...)

Aujourd'hui
- Matin: ligne désorganisée suite à la panne d'un train entre Châtelet et gare du Nord, le train 8h06 est supprimé. Le suivant passe à 13, j'arrive à le prendre. A., partie de son côté avec des amies, me dira le soir qu'elle a pris le suivant (deux minutes de retard au lycée).
- Soir: un train, à l'heure (19h18), à quai gare de Lyon, quasi-vide. Je suis joie et gratitude. Bon, le wagon n'est pas chauffé, mais on ne peut pas tout avoir non plus.




Quand nous étions à Berlin, j'avais trouvé une carte postale qui posait la question:
— Quels sont les plus grands ennemis de la Deutsche Bahn (SNCF allemande) ?
Réponse:
— Le printemps, l'été, l'automne, l'hiver.

Cela m'avait fait rire et étrangement rassérénée.

Retenue

J'ai songé à me mettre à poil dans le RER pour évaporer la fièvre mais malgré les trois verres de champagne je me suis dis que ça ferait désordre.
Je me suis abstenue.

Je craque

Je me demande combien de personnes, devant un "paquet abandonné" (boîte à chaussures, sac plastique) sur une chaise sur un quai, se dit: «Tant pis, ras le bol, je préfère exploser que prendre encore deux, trois heures de retard, être compressé, je préfère en finir, je préfère tout plutôt qu'obéir à leurs injonctions alors qu'en temps normal "ils" (la RATP, les agents de la RATP, la SNCF) se tapent de nous comme de l'an 40. Qu'on explose, ça leur donnera un sujet de conversation, un sujet de désolation hypocrite» (parce qu'ils n'en ont rien à cirer, de ce que nous pouvons devenir, il faut tout de même se rendre à l'évidence). (Et puis ça m'évitera de payer leur retraite pendant les vingt-cins ans à venir, idée qui m'insupporte au plus haut point: que mes cotisations sociales servent à tout le monde, sauf aux agents de la RATP et de la SNCF!!)

Je crois que les grèves des transports me rendent vraiment furieuse. A la place des terroristes je choisirais un jour comme ça, un jour où les trains sont si pleins qu'on ne peut plus y monter, un jour où il n'y a plus de petits bonhommes verts pour nous dire de ne pas marcher au bord du quai (ce qui me donne envie de sauter, rien que pour les emm*** ), un jour où il y a tant de monde, tant de stress, que plus personne ne fait attention à rien, que les tourniquets sont ouverts, un jour où les "usagers" sont vraiment usagés, traités comme des kleenex, jetables et remplaçables.

Saisie au vol

— Jérôme avait Raphaël sur les épaules.

RER

  • mercredi soir

"De multiples incidents sur la ligne A". Je prends la ligne 1, de La Défense à Gare de Lyon, soit vingt minutes de plus, à peu près. Lire debout, se souvenir des passages remarquables pour les noter quand je serai assise.
Ligne D. Arrêt dix minutes en rase campagne. Nous repartons.

  • ce matin

Très en retard. Normalement le dernier RER que je m'autorise est celui de 8h51 (ce qui me fait arriver vers 9h40 dans mon bureau). Il est 9h17 quand j'arrive sur le quai. Je vois tout de suite qu'il y a eu un problème, il y a beaucoup trop de monde pour cette heure déjà avancée. Le train précédent a été supprimé. Le train de 9h21 est un train court, c'est-à-dire avec quatre à cinq voitures de moins. Quand il entre en gare il est déjà plein, les gens sont debout dans les couloirs.
Nous tassons, nous montons. Je me débrouille pour atteindre l'escalier, le but est d'obtenir un espace vital suffisamment grand pour pouvoir lire. Il reste de la place au milieu du couloir mais une dame refuse d'avancer, il faut passer derrière elle, au-delà d'elle (son excuse: elle a une main gauche mutilée (il lui manque deux ou trois doigts) et préfère se tenir de la main droite aux sièges. Pas de chance pour elle, j'ai dans mon service une femme avec un bras coupé au niveau du coude, je sais qu'elle, elle se débrouillerait pour avancer. Donc je fais remarquer à la voyageuse qu'il suffirait qu'elle fasse demi-tour sur elle-même pour se tenir à nouveau de la main droite — mais de l'autre côté de l'allée. Il paraît que je suis méchante. Entretemps une passagère assise se plaint que la même voyageuse l'a assommé à plusieurs reprises avec le sac à main qu'elle tient à l'épaule, c'est-à-dire au niveau du visage des personnes assises.)
Pendant que nous débattons le train est arrivé à Crosne. De l'étage nous entendons les gens lutter pour monter dans le train, sur la plateforme bondée (c'est en prévision de ces luttes que j'avais entrepris de me réfugier à l'étage. L'expérience...) Quelqu'un panique, nous ne comprenons pas bien ce qui se passe, le signal d'alarme est tiré. Je sais que nous allons être arrêtés vingt minutes. Pensée pour tous les trains qui suivent, obligés de s'arrêter. Pensée, toujours, pour l'accident de 1988, exactement sur cette ligne: ce sont des freins mal purgés après un signal d'alarme tiré qui en ont été la cause.
Nous allons repartir. Sonnerie des portes, brève lutte, un homme repousse des personnes qui veulent monter. Les portes sont enfin fermées, le train s'apprête à s'ébranler.
A ce moment-là s'élève un hululement déchirant, interminable. Nous nous penchons vers les fenêtres, une jeune noire assise sur le quai, entourée de deux ou trois hommes, sanglote dans ses mains, coudes sur les genoux.
Le train s'éloigne.

  • ce soir

Quai du RER A bondé, encore des trains manquants, j'arrive à monter dans le wagon de tête, à m'assoir entre Châtelet et gare de Lyon. Deux, trois minutes. Dès que je m'assois je m'endors. Je rêve. Toute la journée je lutte contre la tentation de fermer les yeux et me mettre à rêver aussitôt.
Quand j'arrive sur le quai du RER D, le train pour Melun que je vois défiler le long du quai ne ralentit pas pour s'arrêter, mais accélère pour s'éloigner (il faut toujours quelques secondes pour analyser ce genre de situation, pour comprendre ce que voient les yeux — un train qui roule, et en tirer les conséquences). Le Zuco suivant (ie, le RER pour Melun s'arrêtant à Yerres ("ayant pour mission" Melun)) est à 20h10.
Je décide de prendre le premier train qui passe, pour n'importe où, et de descendre à Villeneuve-Saint-Georges attendre mon Zuco au grand air, le long de la Seine. Je prends donc un train à 20h, qui a la particularité de s'arrêter dans toutes les gares avant Villeneuve; le Zuco part dix minutes plus tard, les trains devraient coïncider à Villeneuve, je l'ai déjà fait.
Je lis. Le train s'arrête, à peu près au même endroit qu'hier. Annonce: dégagement de fumée dans le train précédent, il faut attendre qu'il résolve son problème. Nous attendons un quart d'heure. Raté pour mon Zuco. Si j'avais attendu gare de Lyon, à l'heure qu'il est je serais presque arrivée à Yerres.
Le train repart, s'arrête à la station suivante (Villeneuve-triage, Villeneuve-prairie?) et embarque tous les passagers débarqués par le train précédent. Je m'endors. Une grosse jeune fille plutôt jolie jacasse dans son portable, je l'entends à travers mes rêves. Nous arrivons à Villeneuve-Saint-Georges, il y a déjà beaucoup de monde sur le quai, je ne comprends pas bien pourquoi. Je descends attendre le Zuco, il est 20h28. Nous nous y entassons quand il arrive. Il reste deux stations à parcourir.

Quelle température faisait-il ce soir?

Vite, vite

Dans le RER (où nous avons cuit à l'étouffé une petite heure) :

— La foudre est tombée sur l'armoire électrique de Villeneuve-Saint-Georges.
— C'est ballot.


En clair, plus d'électrécité pour les trains. Qu'on amène les chevaux!

RER soir de défaite

Il sont cinq blacks sur deux rangées de siège se faisant face, deux filles trois garçons, le plus jeune a douze ou treize ans, du maquillage bleu blanc rouge sur la joue, les autres autour de vingt ans.
Ils parlent parfaitement, c'est-à-dire que je comprends leur vocabulaire et qu'ils n'ont pas d'accent particulier (parfois c'est très dur…).
Ils commentent le match avec humour, l'analysent, ils sont très drôles, dignes des meilleurs moments de bistrot.

Un jeune mec arrive:
— Vous plaignez pas, nous on a été battu par des Suisses !
Eclat de rire général.
— Et les collègues, y se sont foutus d'ma gueule, y m'ont demandé: «Elle était bonne la paëlla?»
— Ah oui, va falloir se mettre à la fondue…
— En tout cas c'est pas ce soir qu'on va manger du cassoulet.
— M'en fous, j'ai l'air mexicain, j'peux dire que j'ai gagné. Et là j'vais chez des potes mexicains, y'a du chili con carne qui m'attend.


J'ai été un peu surprise de cette association naturelle sport-cuisine-fierté nationale. Est-ce que vous auriez pris le cassoulet pour "nous" représenter?



(Coupe du monde, Franc-Mexique, 0-2)

Matin blême

Tout le monde est réuni autour de la table du petit déjeuner un jour de semaine, ce qui est exceptionnel.
Tout le monde est silencieux, ce qui est également exceptionnel (six personnes, pas un bruit, même pas celui de la mastication.)
Question de ma fille (d'un ton accusateur et moralisant, exactement celui des enfants de la pub Bob l'éponge qui passe au cinéma («Maintenant les parents vous allez vous amuser!» (Qu'on m'amène le réalisateur, que je l'écorche vif. Et tous les adultes qui ont accepté de tourner dans ce truc))): «Mais pourquoi on passe sa vie à la gagner?» Dans un sens je suis soulagée: enfin une question normale. Je lui dis tout de suite qu'il n'y a pas de raison et que vivre est un choix? Je réponds: «A cause d'Adam et Eve.» (Heureusement qu'elle n'écoutait pas sinon je me serais fait engueuler). Et j'ajoute, parce que c'est plus fort que moi et que je pense toujours à cette scène des Sept Mercenaires, quand l'un des héros morigène un petit garçon qui méprise son père paysan et admire les tueurs: «De toute façon la vie c'est très humble, pas très flashy.» (Heureusement elle est déjà partie. Phrase ridicule à prononcer, scène ridicule à raconter, je dois être un peu maso (plonger la tête la première dans sa peur, conversation inattendue dimanche par chat avec une personne rencontrée une unique fois en 2008… Igitur, la peur du noir dont on se souvient le jour. Ahlala la littérature…))

Travaux dans la rue, circulation sur une seule file, le bus slalome. RER en retard, incident mécanique décelé à la sortie des garages, dans l'autre sens une personne est tombée en montant dans une wagon, il a fallu une "intervention", un train est supprimé à cause du retard pris.
Trajet debout, je descends de mes chaussures et fais discrètement le trajet pieds nus (afin d'être stable, de lire sans me tenir ni abîmer le livre (ne pas en casser le dos — ne pas me casser la figure)).
Finnegans Wake. «All the world's in want and is writing a letters». Is There Anybody Out There? Hey! It looks like You're writing a letter! (C'est si facile désormais que nous avons le principe et l'autorisation).

Dernière épreuve, l'ascenseur. Un sur six en panne, comme d'hab. Qui s'arrête à presque autant d'étages que de personnes ascendantes. Portes poussives, qui hésitent à se fermer, prennent leur élan pour accomplir leur jonction en accélérant sur la fin, comme fières d'y parvenir.
J'arrive dans mon bureau en me disant qu'Indiana Jones n'est qu'un petit joueur.

Opium

Hier, en rentrant de l'Oulipo, à presque minuit.





Il y a quelques semaines, j'ai découvert que je ne pouvais me permettre de ne pas avoir de sommeil en retard: c'est la seule façon de supporter les transports en commun, léthargie comateuse, esprit fermé égaré absorbé par un recoin de ma mémoire.

Wagon froid

Sur le quai, tandis que le train ralentit pour s'arrêter, l'appréhension d'un wagon vide et froid ferait presque espérer les wagons surpeuplés et malodorants.

En face de moi, une grosse jeune femme noire à casquette chinée blanc et noir a dû manger un pain aux lardons, l'air empeste la charcuterie. Mon voisin tient sa baguette dans l'alignement de sa cuisse, la forme de sa chaussure correspond curieusement à celle du pain, miroir blond.
Cinq rangs plus loin un homme lit Crime et Châtiment dans une édition de poche jaunie et cornée de Garnier-Flammarion. Il termine le tome I. Enfin, je suis persuadée que c'est le tome I. (Ce matin, mon voisin a fermé Ecrits sur l'hésychasme quand j'ai ouvert mon livre.)

Je souffle. Pas de vapeur blanche. Plus de 6°, c'est déjà ça. Je lis à mi-voix, je marmonne pour me défendre contre la voix de la femme au téléphone. Je change de place. Le froid alourdit le métal de mes lunettes. C'est long. Je lis un peu.

A la dérobée

Les gens descendent à Chatelet, d'autres montent, un espace se crée entre moi et ma voisine, nous sommes debout collées le long des strapontins, elle légèrement tournée vers moi, le dos au mur. J'observe ses mains, six à huit millimètres d'ongles, french manucure, comment peut-on travailler avec ça, elle est très jeune, plus petite que moi, chemisier blanc tailleur noir, pas de manteau c'est étrange, les yeux lourdement maquillés, la peau ocre, un peu vulgaire mais jolie. Dans l'espace créé par le départ de une ou deux personnes elle secoue son iPhone pour que l'écran repasse en lecture verticale. Elle a des écouteurs sur les oreilles.

Comme la foule est moins serrée je peux ouvrir mon livre; je me plonge dans L'Inauguration de la salle des Vents, à la recherche de certains mots. Je ne l'ai pas relue depuis Journal de Travers, de nombreux passages acquièrent une nouvelle épaisseur. Je lis.
p'têt pas rompu rompu, y z'ont jamais vraiment rompu, surtout que bon, officiellement, tu m'diras y avait rien à rompre, mais bon, quand même i z'étaient ensemble, et un beau jour crac tu sais pas trop pourquoi, p'têt pa'ce q'le mec il avait peur d'êt malade comme ça à l'étranger, hyperloin d'sa famille et tout, ou même pa'ce qu'i sentait bien qu'question soutien moral et tout, si tu vois c'que j'veux dire, ça allait p'têt pas être idéal-idéal, bon i's'barre bon ben l'aut' déjà là ça aussi déjà ça l'arrangeait pas mal, si tu r'gardes bien, ça voulait dire qu'il aurait pas à s'taper sept huit piges d'un mec que tu savais bien comment qu'tout ça barré comme c'était barré ça allait s'finir, et bon ben lui il était couvert, si tu vois c'que j'veux dire, i pouvait s'dire ben ouais o.k. d'accord o.k. tout ça c'est bien triste, mais quand même c'est pas mon problème, le mec i m'a quitté i m'a quitté, c'est quand même pas moi que j'l'ai laissé tomber pa'ce qu'il était malade, ça a rien à voir, et là pareil l'coup du téléphone … (p.302)
Je sens un regard sur la page, un poids. Je relève la tête. Elle est en train de lire. J'imagine les mots arrivant à sa conscience, à sa compréhension. Nos yeux se croisent, je lui souris, elle me rend un sourire hésitant, étonné.

Odeurs croisées

Je n'aime pas que les couloirs du métro sentent la jacynthe (parfum entêtant de ces bulbes qu'on ramenait de l'école primaire pour les faire fleurir à la maison, première annonce du printemps) ou la pomme verte (pour toujours associée à l'odeur du shampooing dans les vestiaires après les sorties sur la Loire quand j'avais quatorze ans).

J'aimerais comprendre pourquoi l'anorak de l'homme devant moi dans le RER hier soir sentait le Canard WC.

Hier

Rien à écrire, rien de rien. Journée heureuse, appris que RC était invité au Collège de France, commandé un livre de Mauriès. Mauriès, Sollers, Compagnon, Camus, les disciples de Barthes qui n'en finissent pas de se souvenir (et de se jalouser, plus ou moins, en mineur). Qui était Barthes, la question grandit en moi au fil des mois. (Vu passer sur Fabula appel à contribution sur les relations de Barthes et du Maroc).

Fin de journée éprouvante, colère, emportement (Entre autres, répondu vertement à un employé de la RATP qui s'avisait de vouloir m'empêcher de marcher le long du quai qu'il était bien temps de s'en préoccuper, alors que nous pouvions bien périr étouffés pendant les grèves, tout le monde s'en fichait. Parfois je rêve de scandale et d'esclandre, de provocation, de tribunal, que je puisse enfin gueuler à la face du monde ce que je pense d'eux. Et dire que je suis plus calme qu'il y a dix ans… (A l'époque, j'avais prévenu H. qu'un jour pas comme un autre il aurait peut-être à venir me chercher dans un commissariat, ou à téléphoner à un avocat…))

Matin (ce matin) froid. RER non chauffé, comme le train le 24 décembre. Ce n'est pas comme ça que vous allez réussir le réchauffement climatique, Monsieur Guy Degrenne.

Deux silhouettes

Matin, dans le RER A.

A ma droite, un jeune homme dort dans le coin, entre la fenêtre et la paroi. Visage poupin, très pâle, manteau bleu en laine, riche et lourd, chaussures noires pointus et cirées. Tant de jeunesse et une telle garde-robe, je songe à un jeune consultant. Il a posé ses pieds sur le rebord près du mur, sous la fenêtre, remontant les genoux vers sa poitrine. Instinctivement il a replié ses mains vers le creux de son ventre et tendu son dos en arc.
Il me semble voir le fœtus qu'il a été, entre abandon et abandon.

A ma gauche, dans le couloir, une belle femme d'une cinquantaine d'années, yeux très bleus, grande, blonde, fines rides, air d'ennui, porte un manteau en peau retournée coupé très large. Comme elle se tient à la barre centrale le bras assez haut, le manteau se déploie, et je songe à l'Afghanistan et Annemarie Schwartzenbach.

Transports

La veille au soir (le lundi, donc), vous avez choisi votre train, 9h21 pour Blois.

Dans la soirée, vous êtes alertée par un commentaire d'une amie FB qui semble avoir beaucoup de mal à rejoindre Orléans. Vous vous souvenez alors de cet article que vous avez lu par-dessus l'épaule de votre voisin, de ce RER déraillé dimanche et des gens rentrés chez eux à minuit...

Le matin, donc, vous décidez de vérifier si le train circule. Informations contradictoires entre deux pages de la SNCF, le site infolignes qui proclame qu'aucun train ne part de la gare d'Austerlitz, et le zoom sur la région ouest (qui ne s'ouvre que dans Firefox et pas dans Safari) qui annonce que les trains circulent normalement, avec un bandeau rouge nous assurant que les informations cette page prennent en compte les informations données par ailleurs (autrement dit, qu'elles sont les plus fiables).

8h20, Rer D; 8h40 gare de Lyon; vous traversez à pied (très pratique), gare d'Auterlitz à 9h00 pour un départ à 9h21: le temps d'acheter tranquillement un billet et d'installer confortablement votre fille dans un wagon.
Sauf qu'il n'y a pas de train. Deux personnes devant vous sont en train de se renseigner, les employés de la SNCF sont très aimables (vraiment), prendre le bus 24, aller à la gare de Bercy, il y aura des bus, des navettes pour Les Aubrais, puis un train pour Blois à partir des Aubrais...

Et donc bus 24, ça sent le fromage, gare de Bercy, inhospitalière, sans café ni brasserie ni relais H. La navette s'avère être un train et non un car, et elle vient juste de partir (à 9h25). La suivante est à 10h. Vous abandonnez votre fille dans la gare pour aller travailler, pas trop inquiète, l'aventure c'est l'aventure, comment aller à Blois en passant par Strasbourg, ça lui fera un souvenir... (Elle arrivera finalement à 13 heures).

Vous retournez à pied gare de Lyon. Tous les escalators sont immobiles, vous croisez des familles ou des femmes seules accompagnées de bouts de chou, chacun sa valise ou son sac à roulettes, comment vont-ils monter les escaliers, vous ne pouvez pas aider tout le monde. Vous prenez le RER A (en grève) jusqu'à la Défense, puis choisissez de prendre le métro de la ligne 1 sur une station pour aller plus vite qu'à pied.
Les quais du métro sont désormais vitrés pour éviter les suicides. Il y a donc deux jeux de portes, celui de la rame et celui du quai.
Le signal sonore retentit, les portes se ferment... se rouvrent... se ferment... se rouvrent... se ferment... se rouvrent... se ferment.
Une station plus loin, elles ne s'ouvrent plus, vous ne pouvez plus descendre de la rame.

C'est à ce moment-là que je me suis mise à rire de bon cœur.

Combien de temps met le fût du canon pour refoidir ?



J'espère que vous arrivez à lire: "Davantage de trains à tout moment de la journée".

Train immobilisé en gare de banlieue.

Cinq minute se passent. Le conducteur annonce :
— Nous sommes arrêtés en gare.

Dix minutes encore, ou plus. Il fait nuit, le wagon est silencieux. Dehors la neige ne tombe plus. Je lis (assise!). Le conducteur reprend avec énergie :
— Le train va repartir dans... euh... incessamment sous peu.

Ralentissement

Indexation — et test — en cours (voir colonne de droite). Blog en stand-by. Pas grand chose à raconter de toute façon.
Les gens commencent à s'écharper pour une place en RER. Enervement, exaspération, froid. Et puis certains, adorables et déplacés, continuent à s'excuser s'ils vous bousculent, alors qu'il n'est même plus possible de vaciller tant nous sommes serrés...

Couleurs

Cette vieille dame en béret bleu, imperméable rouge et valise anis lisait un livre rose : Réflexions sur l'esclavage des nègres, de Condorcet.

(Etrangement, je ne trouve pas trace de cette édition sur internet).

Intime conviction

A la façon dont elle tenait ses fleurs, lys blancs et roses rouges, en attendant sur le quai du RER à la Défense, je fus persuadée qu'elle venait de les recevoir, et non qu'elle allait les offrir.

Dyslexie

Chaque matin j'essaie d'entrer dans mon entreprise avec mon passe Navigo.

Chaque soir j'essaie de prendre le métro avec mon badge d'entreprise.

Wonderbra

Vendredi, RER.

L'esprit dans le vague, je suis en train de m'endormir quand j'entends une voix claire affimer:
— Si tu mets un serre-taille tu les remontes, mais si tu mets un bustier tu les fais ressortir.

J'ouvre les yeux, je regarde. Deux jeunes filles, une blonde et une brune, sont assises de part et d'autre de l'allée centrale. C'est la brune qui a parlé. Elle mélange les codes, bague gothique articulée en plusieurs phalanges et kéfier. Elle continue son exposé avec beaucoup de précisions. En face de la blonde, le black aux casques dans les oreilles n'a sans doute rien entendu. Mais que peut bien penser le cinquantenaire plongé dans son livre en face de la brune?
Je n'arrive pas à voir le titre du livre. Il a l'air passionnant.

Dans le wagon, personne n'a bronché, pas un sourire.
Je me rendors, entendant vaguement des conseils sur les vernis à ongles.

Une rose et vingt centimes

J'arrive tard sur le quai du RER D aux Halles, il n'y a pas grand monde. Je remarque sur le sol une rose blanche à la tige très longue, au moins soixante centimètres. Comment a-t-elle pu tomber là, par quel miracle n'a-t-elle pas été piétinée?
Je la ramasse.

J'ai oublié de déjeuner à midi (cela m'arrive souvent quand je suis seule). Vers quatre heures je suis descendue chercher un Mars (désormais il y a des produits Weight Watchers au chocolat dans le distributeur; le genre de non-sens qui me fait détester mon époque (si je mange du chocolat, je veux qu'il fasse grossir, nom d'un petit bonhomme, j'en veux pour mon argent!))
Il est 20h43, j'ai de nouveau faim, allons-y pour le distributeur du RER. Il me reste un euro et des pièces rouges, pour un euro dix, je peux avoir un Kitkat. L'appareil accepte mon euro, pas mes deux pièces de cinq centimes, mais refuse de me rendre mon euro. J'aborde un couple de jeunes blacks affalés sur un siège; lui extirpe une pièce de vingt centimes de sa poche et refuse royalement mes dix centimes.

Je mange mon kitkat ma rose à la main.

Esprit du temps, fin

Ce matin en haut des escaliers du RER m'attendait un militaire Famas au poing, l'air belliqueux. Ils étaient trois, à nous regarder sans nous regarder.

Le temps que je trouve mon téléphone, ils avaient décidé de franchir les portillons: la photo est prise d'un peu trop loin.





Je n'arrive pas à m'habituer à ces hommes armés et en treillis dans les couloirs du RER. J'ai l'impression d'un coup d'état imminent, de vivre dans une république bananière. Ça dure depuis combien de temps? Août 1995? (l'attentat dans le RER B à Saint-Michel). Cela n'est-il pas, n'était-il pas, destiné à être temporaire?

Et je les plains, ces militaires: se sont-ils engagés dans l'armée pour faire le pied de grue dans les couloirs du RER? Quels sont leurs ordres? Leur arme est-elle chargée, balle engagée dans le canon? (si oui c'est scandaleux, si non c'est inutile).

Infime geekerie

Les deux trains qui me ramènent chez moi s'appellent Zyck ou Zuck.
Les Zyck viennent de la gare du Nord ou de plus loin, il sont déjà bondés quand ils arrivent gare de Lyon, c'est pourquoi je préfère prendre un Zuck. Les Zuck partent de la gare de Lyon. Ils sont mis à quai vides, dix minutes avant de partir, ce qui permet de monter, de s'asseoir, de choisir sa place — près d'une fenêtre, pour pouvoir dormir, sous un néon lumineux, pour pouvoir lire —, d'attendre au chaud, et non sur les quais.

Quand j'arrive sur le quai du Zuck, le train entre en gare, il vient vers moi à petite vitesse avant de s'arrêter, à quinze mètres environ. Je lève les yeux pour vérifier qu'il s'agit bien du Zuck attendu. Je lis en lettres lumineuses : Yoda.
Yoda.
Je baisse les yeux, je croise le regard du conducteur. Il m'a vue voir. Il a vu mon incrédulité et mon amusement. Nous échangeons un sourire complice, je dépasse la machine, je monte dans un wagon.

Parmi les choses qui m'agacent

Dans le RER, une fillette blonde d'une dizaine d'années en turquoise et sa mère en rose. La petite fille a l'air un peu faible en classe, j'ai l'impression qu'elle sort soit d'un cours de soutien, soit d'une séance chez un orthophoniste ou un psy scolaire. Elle s'installe à côté de sa mère et commence à lire à mi-voix pour avancer ses devoirs (Le mousse de ?? (je ne me rappelle plus)).
— Ça veut dire quoi, ce mot ?
— Je ne sais pas.
— Tu chercheras dans le dictionnaire.

Le manège se répète trois ou quatre fois de façon très rapprochée, ce qui signifie qu'une phrase ou deux n'ont pas été comprises. Ça m'énerve, pauvre gosse. C'est quoi cette manie, «tu chercheras dans le dictionnaire?» A croire qu'aucun parent ne se souvient combien il détestait chercher dans le dictionnaire (et même déteste: combien d'adultes recherchent dans un dictionnaire le sens d'un mot qu'ils ne connaissent pas?) Comment peut-on supporter de laisser lire sa fille en sachant qu'elle ne comprend pas ce qu'elle lit? Comment peut-on ne pas comprendre qu'il faut expliquer les mots, les passages difficiles, pour donner envie de continuer pour connaître la suite?
«Vous comprenez, elle n'aime pas lire...» Quand on ne comprend rien, c'est un peu normal. (Ça m'agace!)
Heureusement que j'étais de l'autre côté de l'allée et que j'entendais mal. Sinon, j'aurais tout expliqué (enfin... ce que je savais. Parce que le mât de beaupré et le haut-de-misaine, je n'ai jamais su vraiment ce que c'était, mais ça faisait également partie du charme de la lecture: ne pas tout comprendre).


(Quoi qu'il en soit, les parents ont intérêt à s'y faire: les enfants ne cherchent plus dans les dictionnaires, ils tapent define:misaine dans Google.)

Eponyme

Monter dans un wagon, s'installer à babord pour éviter le soleil, s'appuyer contre la fenêtre, s'endormir comme on tombe dans un puits.
Rêvé de livres.

Paternité

Matin

7h07, RER plutôt plein, je m'assois à côté d'un jeune homme au look années 70 version propre, cascade de cheveux bouclés, coll roulé, et l'air très, très jeune. Il lit une partition, un second coup d'œil m'apprend qu'il s'agit de Chabrier.
J'ouvre mon livre, mon voisin murmure je ne sais quoi, ni le nom des notes, ni l'air, on dirait qu'il lit des phrases, mais lesquelles?

Plus tard il prend son téléphone. Il est tôt, le wagon est silencieux, engourdi, il fait plutôt chaud, on ne serait pas si mal si on ne regrettait son lit. Mon voisin parle à voix basse, mais c'est mon voisin, je l'entends, il est gentil, il me fait de la peine :

— Allo, tu es réveillée ?
— ...
— Tu as bien dormi?
— ...
— Ah d'accord, tu n'as pas vu que je t'avais envoyé un texto.
— ...
— Mais pour rien...
— ...
— Mais parce que je t'ai envoyé un texto et que tu n'as pas répondu...
— ...
— Châtelet, Gare du Nord...
— ...
— Mais il n'y a rien à gare du Nord, c'est là que je descends...
— ...
— Bon, je sens que ça ne va pas...
— ...
— Non, non, c'est pas grave, je raccroche. Je t'embrasse, à tout à l'heure.

Pauvre voisin.
Je ne réponds rien aux gens qui me reprochent de "ne jamais appeler". Généralement j'ai déjà senti une ou deux fois que je les avais dérangés alors que je téléphonais pour rien, juste parce que j'avais envie de leur parler. Cela suffit.
Je hais le téléphone.



Au café, donc. MTVidol, je découvre les clips de trente ans de chansons. C'est bien, je n'en connais aucun.
La Isla Bonita de Madonna: elle imagine vraiment que les danseuse de flamenco dansent comme cela? J'aurais imaginé Madonna plus professionnelle, mais elle était encore jolie, à l'époque.
Let's Dance d'un Bowie outrageusement blond, Boney M et son chanteur en pantalon comique à force d'être indécent, Jean-Jacques Goldman et Pas toi. Dommage que les dates des chansons ou des enregistrements ne soient pas indiquées.

Toto et Africa. Un podium en forme de livre. Un globe. Une carte. Des livres reliés dans des bibliothèques. La jungle, un peu, pas beaucoup, en arrière-fond.
Et une secrétaire, toujours, en médaillon, entre le chanteur et je ne sais quoi, sa guitare, un meuble? Ce clip fait surgir mes souvenirs d'Au cœur des ténèbres, car ce qui m'a marquée dans ce livre, c'est moins le voyage en bateau, le fleuve, la fièvre, Kurtz, que l'étrange Parque du bureau de Londres, la tricoteuse de laine noire.

Hier, 18h34, quai du RER D aux Halles

Une black et une beurette discutent sur le quai en attendant le train. Elles ont autour de vingt ans, la noire porte un corsage blanc à pois verts, elle explique :
« Alors ch’fais l’ménage, tu vois, et qu’est-ce que j’ trouve dans le placard ?... Un paquet de tampax ! J’ui dis c’est quoi ça, i’m’répond ch’ais pas, c’est pas à toi ? J’dis non, j’me sers pas d’ça, moi, c’est quoi c’truc ?! Oh rien, c’est mon ex qu’a dû le laisser. J’avais la rage, tu vois, j’ui dit tu m’jettes ça à la poubelle tout de suite ! Et après i’m’dit et dans la salle de bain tous les produits Yves Rocher, c’est à toi ? Ben non, j’ui réponds. Alors c’est pareil, ça doit être à une fille qu’a tout laissé. J’étais vénère, tu vois, i’ fait jamais le ménage… Â»

Le reste s'est perdu avec l'arrivée du train.

Etrange question

RER.
Deux petites blacks, mignonnes, très jeunes, debout sur la plate-forme. J'arrive en cours de conversation:

— Y m'a fait peur: t'as ton string qui dépasse, qu'i'm dit; j'ai pas compris, d'où est-ce qu'y dépasse, mon string ?

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Et en l'honneur de la journée de la femme, un blog japonais (via un blog tchèque.)

RER B, jour ordinaire

« En raison d'un afflux de voyageurs, les deux prochains trains sont supprimés. »

Une tête de circonstance

Jeudi soir, RER. Ils montent au dernier moment, il n'y a plus de place, ils restent debout. Ils sont jeunes, quinze ou seize ans, et joyeux. Elle est petite, vive, souriante, les dents blanches, les cheveux et les yeux très noirs, il est café au lait, le visage tavelé, intimidé, visiblement heureux d'être là avec elle qui est jolie et parle tout le temps.
Je n'écoute pas mais j'entends, comme tous les voyageurs sur la plateforme. Peu à peu nous écouterons, nous sourirons.

— … une vraie geule d'enterrement !
— … (sourire interrogateur et embarrassé de qui ne comprend pas)
— Tu ne sais pas ce que c'est qu'une gueule d'enterrement ?
— Non, dit-il dans un souffle, sans perdre le sourire qui ne le quitte pas, mais gêné de son ignorance.
— Mais c'est facile à comprendre, quand même!
— …
— Quelle tête tu ferais à un enterrement ?
— …
Il secoue la tête, souriant, non vraiment, il ne sait pas. J'ai dans l'idée qu'elle l'éblouit trop pour qu'il réfléchisse. La plateforme sourit, nous pensons tous la même chose.
Elle éclate de rire :
— (Incrédule) Tu ferais cette tête-là à un enterrement? (Moqueuse et définitive) Eh bien, je ne t'inviterai pas à mon enterrement !

Hic !

Le jeune homme blond avec le hoquet qui est descendu à la même gare de RER que moi à une heure passée ne sait pas que j'ai failli me retourner pour lui crier "Hou!".
Cela ne m'a pas empêchée, après avoir récupéré ma voiture, de le rattraper et de lui proposer de le déposer à sa destination.
Je l'ai regardé regarder ma voiture qui s'éloignait après l'avoir déposé. J'aime bien interloquer les jeunes hommes blonds.
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