Billets qui ont 'métro' comme autre lieu.

Logique

Je connaissais la version :
«Un ami rencontre un logicien qui vient d'être papa:
— Alors? C'est un garçon ou une fille?
— Oui. »

Il existe désormais la version publicitaire métropolitaine (ligne 8, Reuilly). Je me demande combien de personnes la comprennent.

publicité logique pour the fork

La virginité perpétuelle de Marie

Cette année, nous étudierons la controverse entre Helvidius et Saint Jérôme. Helvidius maintenait qu'après la naissance de Jésus, Marie a mené une vie maritale ordinaire auprès de Joseph, ce qui paraît la pire des hérésies aux yeux de Jérôme qui soutient la virginité perpétuelle de Marie (les précision devenue dogme du genre «l'enfantement l'a laissée intacte» me laisse perplexe: il s'agirait donc de savoir si l'hymen de Marie est intact, bien plus que de savoir si elle a eu des relations sexuelles. Mais pourquoi ces questions, pourquoi cette obsession sexuelle? Quelle étrange question à se poser, qui ne me serait jamais venue à l'esprit (car quel rapport cela peut-il avoir en la foi en un Jésus Christ sauveur?))

Jérôme, nous dit la prof, «est à l'origine de ce lieu commun, qui est faux, que «frères» égale «cousins» dans l'Orient antique. A vrai dire, reprend celle-ci, j'en viens à penser que les arguments de Jérôme sont si faibles que cela explique que l'on n'ait pas traduit ce texte en français.»

Problème: Jérôme écrit en latin. Solution: ce n'est pas Jérôme que nous traduirons, mais les citations des Écritures sur lesquelles il s'appuie.
Voilà qui fait tout à fait mon affaire: nous allons donc voir comment des mêmes passages ont été lus différemment quatre siècles après JC. C'est exactement la question que je me pose concernant les catholiques, protestants et orthodoxes.


Sans rapport direct, deux livres recommandés par la prof, de Christian-Bernard Amphoux:
- le premier, austère : Manuel de critique textuelle du Nouveau Testatment
- le deuxième, «le livre que j'aurais aimé écrire» : Philologie et Nouveau Testament : Principes de traduction et d'interprétation critique



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Transport : le soir, quand j'arrive gare de Lyon à 21h40 (ce qui est tôt : le cours de grec termine à neuf heures), il n'y a plus aucun train d'affiché pour Melun (Yerres est sur la branche Melun).


Aucun renseignement affiché. J'interroge un agent qui me répond sans hésiter : le prochain train pour Melun est à 23h07. WTF? Comment peut-il savoir cela sans annonce, sans brief? C'était prévu, c'est prévu? Aucun train pendant une heure et demie?
Je vais dîner dans une brasserie en face (sardines à l'huile baba au rhum).

Dire que plutôt je m'étais réjouie de découvrir les portes sur le quai de la ligne 4 à Saint Sulpice (dans la série «immortalisons les changements pour se souvenir du moment où cela a changé»).

Ennio Morricone

Le concert était programmé à l'origine fin mai, déplacé sans explication ce week-end, l'un des plus chargés de l'année pour nous (un moment je me suis demandé si nous allions réussir à y assister).

Un dimanche soir: donc en RER (pour éviter les bouchons), LE dimanche sans voiture, raison de plus. Bien sûr, la ligne 1 avait un problème (en ce moment il y a un problème par jour, matin ou soir, matin et soir, sur la ligne 1, le RER A ou D), sans compter qu'il n'y avait pas d'arrêt à la station Georges V (non que nous en ayons eu besoin, mais je pense aux touristes). Je ne suis pas contre un Paris sans voiture, mais il faudrait des transports publics suffisants et irréprochables, c'est loin d'être le cas (je me demande même si les deux sont compatibles: plus il y a de trafic, plus le moindre problème arrête l'ensemble du réseau pour des raisons de sécurité). Ça m'agace, ces politiques qui prennent de grandes décisions sans s'occuper des conséquences pour les petites gens. Aujourd'hui j'ai l'impression que nous sommes entrés dans l'ère de la maltraitance: les gens sont maltraités, on ne se préoccupe pas de leur rendre la vie plus facile, on applique n'importe comment des mesures au nom de principes dans l'air du temps (c'est le cas de le dire) qui n'ont pas fait la preuve de leur équité et innocuité (car tandis que les beaux quartiers respirent mieux, les quartiers plus pauvres où sont refoulés les automobilistes connaissent des taux de pollution record).

Avis mitigé sur ce concert: je m'y attendais, car j'avais conscience de ne pas connaître suffisamment de films pour être à l'aise dans la musique que j'allais entendre, mais j'ai été agacée aussi par le public trop prompt à applaudir, qui gênait les musiciens et le chef, très âgé (accompagné par une solide femme en noir à chaque entrée et sortie de scène: destinée à prévenir une chute?), tant et si bien que les morceaux s'enchaînaient dans une sorte de précipitation, sans pause.

Le chef dirige assis, la harpiste et les deux guitaristes sont à l'honneur, surtout au début; il y a cinq percussionnistes au moins (dont une rousse spectaculaire) très plaisants à regarder (quand ils se déchaînent à main nue sur les timbales), un pianiste très concentré qui joue sur un clavier électrique et un piano classique placés à angle droit (et parfois sur les deux claviers à la fois) et beaucoup de clarinettes (pas d'harmonica, zut).
(Et pour nous, l'air du duel d'Il était une fois dans l'Ouest fait monter en surimpression du film le souvenir du paysage réel et du garçon au pull bleu, en bonus émotionnel).
C'était très émouvant de voir Ennio Morricone. Nous étions tous là pour ça: voir Ennio Morricone.



Ici un article enthousiaste et plus technique.

Die Brüder Karamazow

Ligne 1, vers neuf heures.
Sous-titre possible : trois femmes et un genou. Après réflexion, j'ai décidé de ne pas recadrer.




Je documente

Tout le métro est en train de se transformer, parfois de façon impressionnante, comme aux Halles où de nouveaux passages sont percés. Comme je n’ai pas grand chose à raconter (c’est les vacances, j’ai déposé la Coccinelle au garage à Villeneuve-St-Georges pour la révision, c’est à peu près l’exceptionnel de cette journée), je "documente" ces changements, j’en garde une trace.

Ici, le sol creusé et décapé entre la ligne 1 et la ligne 14.



La valse hégélienne

«C'est une erreur de la cigogne. Hegel est un Souabe. Il aurait dû être viennois. Présupposition, scission, réconciliation.»


Je note ici un titre, pour mémoire :
«Il y a ce livre de Von Balthasar, "le tout dans le fragment" (Das Ganze im Fragment), que le traducteur traduit par De l'intégration: c'est un livre dans lequel Von Balthasar dit beaucoup de mal de Hegel, et le traducteur lui donne le titre le plus hégélien du monde».



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Et sinon, trois ans plus tard ou à peu près, un passage est rouvert entre la ligne 4 et la ligne 14. Ce n'est pas le même passage réaménagé, mais un nouveau passage taillé à même le roc et pas encore parachevé. Il a le défaut d'être plus long que l'ancien passage, faisant rejoindre l'avant de la rame 14 plutôt que l'arrière, mais il doit être possible de trouver des raccourcis (en nous déroutant, les travaux nous donnent une science des tunnels que nous n'aurions pu acquérir autrement).

Le degré zéro de l'écriture

Je me réveille et je découvre ce lecteur.
Ligne 1 vers 17 heures direction Vincennes.





Pas de cours ce soir : le professeur vient de Nice et est bloqué par les dégâts des inondations.

Blanc

La correspondance ligne 1-ligne 12 à Concorde a été interrompue d'avril à juillet l'année dernière, compliquant mon dernier trimestre (et qui dit complication dit fatigue supplémentaire).

Cela en valait peut-être la peine (maintenant j'attends la fin de la rénovation des Halles avec curiosité. L'autre jour j'ai découvert que le passage vers la ligne 14 avait été considérablement ouvert et dégagé).

Ligne 12 station Concorde, ce soir vers six heures.




Agenda
O. dans les Cévennes pour une semaine pour le programme de géologie de terminale. Rendez-vous à Port Royal à cinq et demie du matin. Le cours de ce soir a été dur.

Les petits hommes verts

La grande affaire qui commence cet été est la fermeture du RER A entre Auber et La Défense.
Comme j'avais vu des affiches dès le mois de février, je ne le prends pas comme une brimade personnelle. Cependant, lorsque j'ai découvert à la suite d'une communication interne à l'entreprise, que les travaux auraient lieu sept ans de suite, quelques réflexions sarcastiques me sont venues à l'esprit. Je déclarerais bien à ma collaboratrice que je suis prioritaire pour prendre mes vacances aux dates des travaux (elle n'est pas touchée puisqu'elle habite dans l'ouest) mais je ne peux pas faire cela six ans de suite! (pour cette année, c'est trop tard).


2015-0727-rera_rvb_cal_7ans_fermetures.jpg


DisneyParis a-t-il demandé un dédommagement? Quelle pagaille cela va être dans Paris pour les touristes… D'un autre côté, j'ai pu constater que des navettes les attendaient directement aux aéroports et qu'ils ne passaient jamais dans la capitale.
Bon, après tout, ce n'est pas mon problème.

Mon problème, c'est d'arriver à La Défense. Toute l'information distribuée l'a été dans le but de nous détourner de la ligne 1. En particulier, la ligne 14 suivie de la ligne SNCF à partir de Saint Lazare est chaudement recommandée.

Ce matin, j'ai pris un Vélib jusqu'au pont de Neuilly en suivant le chemin du bus 43. Ce n'est pas désagréable mais il y a beaucoup de pavés. Je mets trois quarts d'heure à faire le trajet.

Ce soir, comptant sur le fait que les gens avaient dû étaler leur retour (et surtout partir plus tôt en arrivant plus tôt car la plupart ont beaucoup plus d'auto-discipline que moi qui suis incapable de quitter un lieu, que ce soit la maison ou le bureau), j'ai essayé la ligne 1 (avec succès: debout mais rame non bondée).
En arrivant en haut de l'escalier "Esplanade de la Défense", j'ai aperçu cela:

2015-0727-ligne-1-hommes-verts.jpg


Oh non, ai-je soupiré intérieurement, ce n'est pas possible, ils continuent à nous prendre pour des demeurés, nous allons maintenant avoir des cours sur la façon de prendre le métro…
Plus rationnel, Hervé suggère que le personnel étant embauché, la RATP l'a simplement reporté du RER sur le métro.

De façon générale, reconnaissons que la RATP n'a pas lésiné sur les moyens humains: je n'ai jamais vu autant d'agents se tenir dans les couloirs et la rue dans l'attente de renseigner les voyageurs.

Le joueur d'échecs

Ligne 1




M. Muscles lit

Je l'ai découvert en descendant l'escalier de la station Esplanade de la Défense, il s'éloignait devant moi et j'ai eu envie de rire: incroyable, il devait sortir d'un album de Tom of Finland, il n'y avait pas d'autre explication possible.
J'ai essayé de le rattrapper dans le but de prendre une photo, impossible qu'on se rende compte, sans cela. Une rame de métro arrivait, il continuait à marcher, il est remonté le plus possible, ce que je fais aussi (puisque je sors à Châtelet pour prendre la 14, pour ceux qui connaissent la correspondance).

La rame était étonnamment vide, j'ai pu prendre une photo de ma place, non pas sans inquiéter chemise rouge à carreaux qui s'est levé et déplacé.





Il tenait son livre d'une façon que je déteste, la couverture repliée à l'envers sous le volume et l'annotait au stylobille.

Il est descendu à Châtelet, comme moi, j'ai enfin pu prendre deux photos et surtout lire le titre du livre: Un roi sans divertissement.





Il a pris l'escalator devant moi puis la ligne 14 comme moi. Quand la rame est arrivée il est entré deux portes plus loin — ou pas: je ne l'ai plus vu.

Hélène Cixous, Homère est morte…

Ligne 4 vers neuf heures et quart.


Nana d'Emile Zola

Ligne 1 vers 17h45.
Elle arrivait aux dernières pages et semblait captivée. Il y avait en elle je ne sais quoi de Scarlett Johansson.




Agenda
Double canoë avec une jeune femme qui aurait ramé un an à l'université. Quand je vois son niveau, je me dis que l'aviron a vraiment beaucoup compté dans ma vie, ou que j'ai eu vraiment un bon entraîneur (mais les deux vont ensemble) (je veux dire que je ne m'attendais pas à ce qu'elle ait TOUT oublié, même la façon de monter dans le bateau. Tandis que moi, mes quinze ou vingt ans d'arrêt m'ont plutôt permis d'affiner mon coup de rame; en remontant en bateau je ramais mieux que quand j'avais arrêté, capitalisant tout ce que j'avais appris par ailleurs pendant vingt ans (car tout(e expérience) sert à tout(e activité), les frontières sont poreuses, mais je ne vais pas développer ce point de vue maintenant)).
Je passe à la bibliothèque (traversée du jardin du Palais Royal, le théâtre provisoire est en cours de démontage) rendre la saison 1 de Twin peaks et prendre les DVD 2 et 3 de la saison 2. Il fait beau. Vélib jusqu'au Marais.

Le journal d'Anne Franck

Ligne 4, 22h46.


La prisonnière

Ligne 1 entre 16h et 16h30.





Je n'ai pas vu ce que la photo a enregistré : en effet mon angle n'était pas le même, je voyais le jeune homme à hauteur de mes yeux tandis que mon téléphone le voyait à hauteur de mon nombril.
Le livre était l'un des premiers livres de poche.


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Agenda
RV avec O. pour un achat de chaussures aux Halles. La famille fait son show (j'ai honte).
Puis avec C. pour une veste. Nous nous arrêtons au BHV Hommes.
Déborah nous rejoint.

Les liaisons dangereuses

Il ressemblait à Edward Burns, un acteur très mon genre. Photo sans flash, jamais très bonne, hélas.
Ligne 12 vers 18h30.


Feuilleton

Je tiens un concept, là.

Cette fois-ci, nous avons appris une minute avant l'arrivée de la rame qu'il n'y aurait plus de métro en direction des Halles pour une durée indéterminée suite à un voyageur malade dans une voiture.
Ressortir de la station Saint-Placide, remonter la rue Notre-Dame-des-Champs, prendre la station du même nom ligne 12, descendre à Madeleine, prendre la ligne 14, il est 23h02, je n'aurai pas le RER de 23h08.
En arrivant gare de Lyon, je constate que le RER est de retour sur son quai habituel (et non au départ sur les grandes lignes). Il est 23h12, pour une raison incompréhensible, un RER est annoncé à 21 (au lieu de 38: est-ce que le 08 aurait été annulé?) Quand le RER arrive, il stationne cinq à dix minutes (31 au lieu de 38, c'est toujours ça).
Je m'endors si profondément que lorsque j'ouvre un œil au premier arrêt, le voyageur en diagonale sur les sièges d'en face m'informe charitablement: «Villeneuve-Saint-George. Vous allez où? Je vous réveillerai.» (Détail curieux, avec un look un peu SDF (moins l'odeur), il transporte dans un de ces grands sacs de course réutilisables toute une collection de cassettes vidéos enregistrées de films de Gene Kelly. Les tranches sont annotées avec soin, des photocopies en noir et blanc des affiches sont collées sur les cassettes.)
Dernière anomalie: le train ne s'arrête pas sur le quai habituel en gare de Yerres.

(Vous aurez compris que ce qui m'intéresse, c'est la variation).

Sur ma voiture un peu de poussière blanche, un désir de neige. Et un PV, placé sur la carte annuelle d'autorisation de stationnement de 2009 collée contre le pare-brise.

Thérèse Desqueyroux et le Zéro et l'Infini

Métro ligne 1 vers 18h30. J'étais debout contre le strapontin, tournée vers les sièges. Il s'est trouvé deux lecteurs, un debout à gauche, une assise à droite.


Thérèse Desqueyroux:




Le Zéro et l'Infini :

Les essais de Michel de Montaigne

Vendredi (hier), quai de la ligne 1 à La Défense.

C'était un vieux livre de poche à la tranche verte. Comme il était couvert d'un papier blanc, il m'a fallu m'approcher pour lire le titre en haut de page, qui était indiqué exactement ainsi: Les Essais de Michel de Montaigne.



Cours familier de philosophie politique

Pierre Manent, métro ligne 1, hier soir.


Lecture avec dictionnaire

Question : comment utiliser un dictionnaire quand on n'a pas l'habitude des caractères utilisés, qu'on n'a aucune idée de l'ordre dans lesquels ils seront classés, quand on parvient à grand peine à les différencier ?


Ligne 14 entre les Halles et Madeleine peu avant midi, assise en face de moi :



Dérive

Hier, 19h35 - J'arrive que le quai du RER A à la Défense, un peu plus bondé que normal. Une rame est arrêtée de chaque côté du quai, portes ouvertes, pleine, attendant de démarrer. Les écrans indiquent que les pompiers interviennent à Fontenay, que le trafic est interrompu entre Vincennes et Fontenay.
Peu m'importe, je descends aux Halles.

Alors les hauts-parleurs annoncent que les trains ne partiront pas: le trafic est interrompu sur toute la ligne. Aussitôt je reprends les escalators, me faufile dans les portillons pour passer dans la zone du métro (il est possible de sortir du métro sans ticket, tandis que pour sortir du RER il faut utiliser le ticket qui a permis d'entrer et les contrôleurs guettent souvent. Or je n'ai pas de ticket, je n'ai pas mis mon manteau et j'ai oublié ma carte navigo dans sa poche); je calcule le meilleur itinéraire pour rejoindre Paris en prenant en compte que le millier de personnes contenu dans les rames va prendre ces mêmes escaliers et faire les mêmes calculs.
Je choisis de prendre le train jusqu'à Saint-Lazare, cette possibilité est souvent oubliée par les usagers du RER. Je fraude encore. Je préviens les enfants de dîner sans m'attendre, je ne sais pas à quelle heure je rentrerai.
J'attends. J'achète des mars. Je mange un mars. Pas de cigarette.

Train. Il fait beau, comme prévu il y a de la place, je suis assise, je m'endors.
«Gare Saint Lazare», la voix traverse l'épaisseur de mes rêves, mouvement de panique et déception, je pensais être chez moi, mon sommeil ayant enregistré le bruit du train: quand le train s'arrête, je suis chez moi. Non, je suis à Saint Lazare. Je descends des escaliers, je remonte sur un quai parallèle à notre arrivée, j'aperçois des contrôleurs en bout de quai, ils semblent contrôler ceux qui prennent le train (et pour cause: j'ai changé de quai par le tunnel souterrain, je ne suis plus sur le quai d'un train que les passagers quittent (ce n'était pas pour frauder mais pour éviter la foule, gagner du temps)), je ne prends pas le risque, je fais demi-tour, je descends, sors rue de Rome, prends la ligne 14, note au passage dans le hall une rangée de barrières grises gardées par cinq ou six agents de la RATP sans comprendre ce qu'ils protègent ainsi (y a-t-il des travaux, un accident?)
De l'autre côté des portillons, encore des contrôleurs, assez loin. Mais j'ai des tickets métro, j'en ai acheté un carnet en constatant que je n'avais pas ma carte, les tickets de métro permettent de sortir de l'enceinte du RER dans Paris (zone 2) (mais pas à la Défense: zone 3. A quoi reconnaît-on un Parisien? Il sait que le RER de la Défense est en zone 3 et le métro en zone 2. Régulièrement il délivre des prisonniers du RER innocemment entrés dans le RER en zone 1-2 (c'est-à-dire dans Paris) et ne pouvant plus en sortir à la Défense (alors que s'ils avaient pris le métro ils n'auraient pas eu de problème) (astuce pendant que j'y suis: il y a souvent des contrôleurs à la sortie du RER à la Défense (ben tiens: après ce que je viens d'expliquer vous comprenez pourquoi), si vous n'avez pas de billet pour sortir, passez dans la zone du métro au niveau du palier intermédiaire, entre la très longue volée d'escaliers qui vient du quai du RER et la plus courte qui arrive au "raz de dalle".))

Je monte dans la rame, ne sors pas mon livre, rêvasse. Est-ce que je vais jusqu'à gare de Lyon, comme il est très simple avec la ligne 14 (le changement est très rapide), ou est-ce que je m'arrête aux Halles (changement nettement plus long)? J'opte pour les Halles, toujours en partant du principe que beaucoup de personnes bloquées à la Défense arriveront directement gare de Lyon: il s'agit de les court-circuiter en prenant le RER en amont.
Dans les couloir je croise des policiers, ça fait beaucoup d'uniformes pour un seul soir, mais que se passe-t-il?

Je franchis les portillons, j'entends «la circulation du RER B est interrompu en direction de St-Rémy-les-Chevreuse et Robinson. Ça m'est égal, mouvement de joie, absence de pitié, schadenfreude, le D circule.
L'accès de l'escalier qui descend sur le quai du D est barré par une bande de plastique rouge et blanc. J'ai joué j'ai perdu j'aurais dû rester dans le métro 14. Bande de menteurs, vous aviez dit le RER B! Je m'apprête à passer dessous mais une grosse dame genre juive pied noir me précède en maugréant. En se penchant pour passer sous la bande elle manque de tomber je la vois dévaler, dévaler, les marches de l'escalier... Elle se reprend, nous descendons les marches. Le quai est désert, au loin quelques uniformes sont en train d'évacuer les dernières personnes, le panneau indique "ZUCO 02mn", c'est mon train, ma direction (parmi les multiples branches possibles), j'espère que les uniformes ne nous ont pas vues, ou qu'ils vont venir lentement, deux minutes...

Je m'assois.

Ils sont là, un blanc un noir en bleu marine.
— Vous ne pouvez pas rester là Madame, on évacue le quai.
— Ça m'est égal, je veux me suicider sous une rame. La Chute. La Chute, mais sans arme, juste pour voir.
— Oui, mais pour l'instant, vous ne pouvez pas rester là.
—Non. j'en ai marre. Je monte le ton, j'ai dans l'oreille les blackettes hystériques, j'essaie de leur ressembler juste assez, pas trop mais suffisamment. Déjà à la Défense il n'y avait plus de train et maintenant ici… Ma voix tremble naturellement, j'aime bien l'effet. Je sens le souffle qui manque, le coeur qui se serre, les manifestations du stress. C'est bien. C'est ce qu'il faut. J'en ai marre.
Le noir insiste:
— Il faut partir.
— Je ne partirai pas sauf si vous me portez. Est-ce qu'il en a le droit? Est-ce qu'il oserait? Image nuptiale de seuil franchi, les escaliers royaux du RER D… Curiosité. Ulysses déteint.
— Je ne vous porterai pas Zut mais on peut vous amener un fauteuil… Vous pourrez vous reposer avec des petits gâteaux? Jane Austen maintenant, de la porcelaine à fleurs et des langues de chat.
— Je ne veux pas partir. Je veux exploser. Boum! Geste de mains. Je ne veux plus de tout ça. Laissez-moi. Longtemps je me suis dit que j'allais être arrêtée pour agression sur un agent RATP. Maintenant je me dis que je vais finir à Sainte-Anne. Repos. Rémi viendra me voir avec Bernard et ils me raconteront des anecdotes psychiatriques. Nous rirons. Le Maître et Marguerite.
Le blanc cède, conciliant, se tourne vers son collègue:
— Viens, on va la laisser.
Le noir insiste:
— Il n'y a plus de train, madame. Ils ne s'arrêtent plus.
Une rame arrive, ralentit. Va-t-elle s'arrêter? Jusqu'où sont-ils butés, jusqu'où voudront-ils avoir raison, les ai-je suffisamment convaincus que je perdais la tête pour qu'ils ne veuillent pas avoir raison à tout prix?
Le train s'arrête. J'en rajoute une petite couche s'il ne me laisse pas le prendre, je perds entre une demi-heure et une heure, le suivant ne s'arrêtera sans doute pas, il faudra que j'aille reprendre le métro.
— C'est mon train, putain. J'ai des enfants. Vous allez m'empêcher de le prendre?
Ils s'écartent.
— Allez-y.

Je monte.
Train.
Soleil. Le ciel est presque du même bleu que les toits en zinc. Cités ouvrières. J'essaie d'imaginer avant, avant les maisons, ou même avec les maisons des années trente, les rangés de maisons identiques. Il en reste quelques-unes.

La fin du monde (avec l'accent écossais): qui veut danser le rigodo, le rigodo, le rigodon?
Je suis heureuse de ne pas avoir abandonné dans les boeufs du soleil.

Les enfants sont gentils, ils prennent soin de moi. Ils m'appellent pour savoir où je suis, j'arrive à Villeneuve, en concluent que je ne suis plus loin: «On te prépare à manger aussi, alors». Jambon-pâtes, ça me fait rire (mais avec du pesto). Ma fille me surveille, me gronde parce que je me couche trop tard (je n'ai plus le courage de me coucher, ça m'ennuie, les gestes m'ennuient. Beaucoup de gestes m'ennuient (mais je ne lui explique pas cela)) et me réveille le matin. Je ne proteste pas, c'est étrange cette impression que quelqu'un assume la vie à ma place.

Aujourd'hui, matin - Voiture grise, celle qui est accidentée, car le pneu de la blanche m'inquiète. En arrivant en vue du quai, nous savons que quelque chose se passe mal. Les trains de 7h06 et 7h21, c'est-à-dire ceux qui vont dans le nord, sont supprimés. Cela signifie que les autres trains sont plus pleins, bien sûr, qu'on ne peut pas s'assoir, mais surtout que lorsqu'on a une correspondance aux Halles, il faut prendre la ligne A (ou 1 ou 14 en cas de problèmes…) entre gare de Lyon et les Halles. Un changement de plus dans ce chaos, un risque de plus de mise en satellite dans le grand n'importe quoi.

Vie quotidienne #resistance

Prendre des photos, c'est maintenir à distance, c'est éviter de se laisser envahir.

Que fait la Halde ? (bis)

Normalement vous deviez avoir droit à un billet aboyeur (ce n'est que partie remise), mais j'ai rencontré Patrick Cardon sur le quai du métro Hôtel de Ville.

Dialogue entre Hôtel de ville et gare de Lyon :
— Tiens, je devrais m'acheter des collants résilles comme ça, je n'en ai plus.
— Ce ne sont pas des collants, ce sont des Dim-up.
Nous sommes sur des strapontins. Neuf heures et demi. Bon d'accord j'ai un peu bu mais pas tant que ça (deux cocktails à base de gin). Et je sais qui est Patrick. Je remonte rapidement le bas de ma robe pour lui montrer la lisière du bas. Ce n'est que quelques secondes plus tard que je verrai la mine effarée et réjouie des quarancinquantenaires (féminines) sur les strapontins d'en face. Tant pis pour elles, honni soit qui mal y pense, je ne vais pas leur expliquer qui est la comtesse de Flandres.
— Oh! mais il faut en acheter deux alors!
— Ça tombe bien, ça se vend par paire.
— Mais c'est de la discrimination vis-à-vis des unijambistes !

Sauvez les grillons : fumez !!

Métro Champs-Elysées Clémenceau, quai en direction des Halles. J'apprends que l'interdiction de fumer a été fatale aux grillons de métro, qui se nourrissaient en grande partie de tabac (!?)
Et j'apprends qu'il existe une Ligue de Protection des Grillons du Métro Parisien: «Elle revendique [...] la limitation en durée et en fréquence des grèves de la RATP qui ont pour conséquence de faire chuter dangereusement la température dans les galeries du fait du non fonctionnement des trains, l'assouplissement de la loi Évin qui interdit désormais le tabac dans le métro et par conséquent prive les grillons d'une source importante de nourriture : les mégots.»


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Agenda
Vu Théorème 13 rue de l'université à Sciences-Po.

Typographie

Le début de cette vidéo m'a fait rire. Je me souviens très bien d'une période où nous ne pouvions attendre le bus sans qu'une affichette n'attire le regard de H. : « Oh, regarde cette police… » Moi j'aimais bien. (Ce n'était pas la typographie que j'aimais, mais la folie douce, l'obsession. Aujourd'hui encore, j'ai droit parfois à : « Ah non, pas ce film, il est nul, c'est sûr: tu as vu la typo de l'affiche ?)

Pour info: vers la fin, cette vidéo raconte les origines de la police Comic sans.


Peut-être est-ce la raison pour laquelle un soir de novembre, station Franklin Roosevelt, bloquée par la neige/les accidents de circulation, je ne trouvai rien d'autre à faire pour tromper mon ennui que de photographier ces quelques renseignements :

2010_1201_station_franklin.jpg


Cela m'avait fait rire un peu jaune. Sur une ligne capable de nous transporter: si seulement…

Station Bir Hakeim

Vendredi, huit heures du matin, je descends de la station Bir Hakeim.


D'un coté des tuyaux:




de l'autre une plaque :




De plus près, il s'avère que les tuyaux sont des étais : il s'agit de maintenir les fondations des immeubles alentours pendant qu'on creuse la terre pour en construire de nouveaux.

La plaque est dédiée à la mémoire des victimes des rafles du Vel d'Hiv.
Je suis surprise, à la suite de je ne sais quelle association d'idée (Vel d'hiv => vélodrome => six jours de Bercy, sans doute), j'avais toujours imaginé que le Vel d'Hiv s'élevait sur l'emplacement de l'actuel palais omnisport de Bercy.





Présentation des résultats de Gan eurocourtage. Je travaille à un article sur Eté pour une revue espagnole au café avant que cela commence (jamais eu d'AR. Jamais publiée).

Souvenir de rentrée en métro






Photo tremblée: le temps que je réagisse, les portes s'étaient ouvertes, la jeune fille sortait.

Transports

La veille au soir (le lundi, donc), vous avez choisi votre train, 9h21 pour Blois.

Dans la soirée, vous êtes alertée par un commentaire d'une amie FB qui semble avoir beaucoup de mal à rejoindre Orléans. Vous vous souvenez alors de cet article que vous avez lu par-dessus l'épaule de votre voisin, de ce RER déraillé dimanche et des gens rentrés chez eux à minuit...

Le matin, donc, vous décidez de vérifier si le train circule. Informations contradictoires entre deux pages de la SNCF, le site infolignes qui proclame qu'aucun train ne part de la gare d'Austerlitz, et le zoom sur la région ouest (qui ne s'ouvre que dans Firefox et pas dans Safari) qui annonce que les trains circulent normalement, avec un bandeau rouge nous assurant que les informations cette page prennent en compte les informations données par ailleurs (autrement dit, qu'elles sont les plus fiables).

8h20, Rer D; 8h40 gare de Lyon; vous traversez à pied (très pratique), gare d'Auterlitz à 9h00 pour un départ à 9h21: le temps d'acheter tranquillement un billet et d'installer confortablement votre fille dans un wagon.
Sauf qu'il n'y a pas de train. Deux personnes devant vous sont en train de se renseigner, les employés de la SNCF sont très aimables (vraiment), prendre le bus 24, aller à la gare de Bercy, il y aura des bus, des navettes pour Les Aubrais, puis un train pour Blois à partir des Aubrais...

Et donc bus 24, ça sent le fromage, gare de Bercy, inhospitalière, sans café ni brasserie ni relais H. La navette s'avère être un train et non un car, et elle vient juste de partir (à 9h25). La suivante est à 10h. Vous abandonnez votre fille dans la gare pour aller travailler, pas trop inquiète, l'aventure c'est l'aventure, comment aller à Blois en passant par Strasbourg, ça lui fera un souvenir... (Elle arrivera finalement à 13 heures).

Vous retournez à pied gare de Lyon. Tous les escalators sont immobiles, vous croisez des familles ou des femmes seules accompagnées de bouts de chou, chacun sa valise ou son sac à roulettes, comment vont-ils monter les escaliers, vous ne pouvez pas aider tout le monde. Vous prenez le RER A (en grève) jusqu'à la Défense, puis choisissez de prendre le métro de la ligne 1 sur une station pour aller plus vite qu'à pied.
Les quais du métro sont désormais vitrés pour éviter les suicides. Il y a donc deux jeux de portes, celui de la rame et celui du quai.
Le signal sonore retentit, les portes se ferment... se rouvrent... se ferment... se rouvrent... se ferment... se rouvrent... se ferment.
Une station plus loin, elles ne s'ouvrent plus, vous ne pouvez plus descendre de la rame.

C'est à ce moment-là que je me suis mise à rire de bon cœur.

La ligne 14 rend hommage au métro de Moscou

J'aime particulièrement à la station Madeleine de la ligne 14 l'odeur de station d'épuration qui vous saisit lorsque vous descendez l'escalier et attendez la prochaine rame.
Je ris à voir la tête des touristes incrédules n'en croyant pas leur nez, empruntant la ligne de métro la plus moderne de Paris, descendant à l'une de ses stations les plus connues, pour renifler ces remugles si brutalement naturels tandis que des infiltrations roussâtres laissent des traces suspectes sur les murs.

Hier matin, en haut des escaliers venant du quai, une plateforme destinée à un concert était en cours d'aménagement. Le soir, tout l'attirail électronique avait disparu, et l'estrade. Au mur avait été installé un gigantesque vitrail représentant une poule, un marteau et une faucille, et à droite et à gauche, en français et en russe, l'histoire de la poule qui a pondu un œuf en or.




(photo de téléphone, toujours).


précision le 30 avril 2009
Il s'agit en fait d'un échange avec le métro de Moscou — c'est donc de l'art moscovite:
La RATP a offert en 2007 un entourage Guimard de style art nouveau, inspirée du célèbre architecte français de la seconde moitié du XXe siècle, pour la décoration de la station Kievskaïa, à Moscou. En échange, l'artiste Ivan Loubennikov a imaginé "Ryaba la poule", un vitrail composé comme un patchwork qui raconte l'histoire de la Russie à travers divers éléments de la culture populaire (la faucille et le marteau, les boulons, les étoiles à cinq branches, les fers à cheval et les croix).
source

Un ange

La rame de métro de la ligne 14 s'arrête. Devant moi, à travers la vitre, la nuque et les épaules d'une fille dénudées par ces débardeurs à fines bretelles qui font fureur cet été.

Un choc : deux ailes d'ange, chacune de la taille de la paume, mignonnes comme un dessin italien, sont tatouées très haut dans le dos autour de la colonne vertébrale.

Et tandis que je m'assois à côté d'elle, je me dis que je viens enfin de trouver le motif de tatouage idéal : deux ailes, deux grandes ailes couvrant tout le dos jusqu'aux fesses.
Je sais bien que je ne le ferai pas. Et pourtant, si je trouvais le bon dessinateur…
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