Billets qui ont 'écologie' comme mot-clé.

Equilibré

Grasse matinée, raclette le midi, crêpes le soir.

A notre décharge, il continue de faire froid.
En même temps, c'est l'hiver, donc pas tout à fait anormal (ces quelques mots ironiques parce que depuis une semaine les médias parlent d'une vague de froid pour un malheureux -2. Serge Zaka s'arrache les cheveux devant la désinformation).

Je fais du pointage de liste toute l'après-midi en regardant vaguement Starsky et Hutch. En réalité ça ne se prête pas au binge watching car chaque épisode est autonome, sans lien avec le précédent. La seule mesure du temps serait le vieillissement des acteurs, mais chez des adultes de cet âge, quatre ou sept ans sont imperceptibles.

Par ailleurs je regarde L'extraordinaire attorney Woo, sur le système juridique de la Corée et sur l'autisme. C'est informatif et attendrissant. Cependant il est difficile de faire autre chose en même temps car au mieux c'est en anglais — un anglais très clair qui ne nécessite pas de sous-titre, mais à mon niveau, il faut malgré tout que je sois attentive.

Inquiétude impuissante

Température de l'Atlantique Nord, jour par jour, depuis le début de l'année.

températures de l'Atlantique Nord au premier semestre 2023


On pourrait se dire qu'un degré, ce n'est pas beaucoup.
Cela devient plus impressionnant quand on sait que six à sept degrés nous séparent de la dernière ère glaciaire.

Je rappelle les travaux de Rockström et son équipe en 2009: ils ont démontré un effet cliquet sur neuf critères. Nous sommes aujourd'hui incapables de modéliser ce qui se passera quand nous aurons dépassé les frontières connues sur ces critères.

Dix ans plus tard, l'article s'est répandu et on en trouve une version allégée en français ici. On notera que le texte préfère mettre en avant les conditions d'une stabilité plutôt qu'expliquer qu'on ne sait pas très bien ce qui va se passer.

En tant qu'individu, je ne vois pas ce que nous pouvons y faire (si : éviter de me mettre à faire du planeur justement maintenant. C'est le moment où on se trouve des excuses, du type «c'est moins polluant qu'aller à Bali». Mais à vrai dire, je n'en sais rien.)

Pour les anglophones, cet article volontariste explique qu'on peut encore stopper la tendance.

Bassines, écologie, émeutes

C'est tout de même triste que sur un sujet aussi fondamental que nos futures sécheresses, on n'ait que des écologistes idéologues et aucun scientifique.
On dirait des ZADistes prêts à tout détruire par pure haine macroniste.

Voici un thread sur les bassines. Il présente les aspects scientifiques, les avantages et les inconvénients. La conclusion est : le bénéfice des bassines dépend beaucoup de l'endroit où on les installe, elles ne sont pas un remède universel. En l'occurrence, les bassines de Sainte-Soline correspondent à dix ans d'études et de concertation entre les acteurs locaux. On assiste donc bien à la confiscation d'un projet local par des intérêts qui n'ont plus rien à voir avec l'agriculture ou l'écologie.

Il est temps de se souvenir qu'il n'y a pas de solution idéale, qu'on essaie de faire au mieux et que la politique consiste à choisir en fonction d'objectifs qui (normalement) visent le bien commun.
C'était le cas pour les vaccins, le cas pour le nucléaire, c'est le cas pour les bassines.

Pour rappel, la synthèse du rapport du Giec, p.8, et la recommandation des retenues d'eau.

synthèse du rapport du Giec

Rats

Pour célébrer ce tweet, je crée une nouvelle catégorie (je sens qu'elle va servir souvent) destiné à célébrer tout ce que je ne comprends pas — et je sens que cette catégorie va grossir dans les années à venir. Le nom originel était «Nouveau monde», mais je trouve celui-ci plus à la page.
J'y affecterai quelques anciens billets à l'occasion.

Benjamin Bakouch défend les rats


Contexte : grève des éboueurs pour refuser la réforme des retraites (le passage à 64 ans). Les poubelles débordent, les rats engraissent et certains écolos veulent les protéger.

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Pas de planeur, il pleut (tant mieux s'il pleut, mais dommage).
L'instructeur de planeur est venu boire un café à la maison. Il travaille à la Philharmonie.

Nager ou manger, il faut (il va falloir) choisir

L'excellent Serge Zaka, météorologue, passait ce matin sur RTL.
Il n'a pas plu depuis un an, il fait sec, très sec, les nappes phréatiques sont à moins de la moitié de leurs capacités.

— Que faut-il faire? demande la journaliste.
— Economiser l'eau dès maintenant, sans attendre juin. Ne pas laver les voitures, ne pas remplir les piscines…

NE PAS REMPLIR LES PISCINES !!! Horreur, malheur, mais vous n'y pensez pas !

Samedi

Skiff le matin. Il fait beau, voire lourd. Après une montée aisée vers Champagne, je faiblis à deux kilomètres du club et rentre difficilement.
Sieste. J'ai mal sous les côtes flottantes, quelque chose comme des courbatures. Je ne sais pas ce que c'est.

H. travaille tenaillé par le temps. Une présentation mardi, la mise au propre d'un programme qu'il n'a pas développé et dont il ne saisit pas la logique.

J'ai tellement connu cette angoisse toutes ces années. Toujours la même impuissance à ses côtés.

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Je note ici cette information arrivée dans ma boîte mail, qui pourra intéresser les locataires, mais aussi les lecteurs soucieux à la fois d'économie d'énergie et du bien-être de leurs contemporains :
Gel du loyer des passoires énergétiques
Dès 2023, les propriétaires de passoires thermiques seront obligés de réaliser des travaux de rénovation énergétique s’ils souhaitent augmenter le loyer de leur logement en location. Il s’agit d’un premier signal important avant l’entrée en vigueur des interdictions de mise en location des logements les plus consommateurs d’énergie.

En 2025, il sera interdit de louer les passoires thermiques les moins bien isolées (classées étiquette G),
en 2028 le reste des passoires (classées F).
A partir de 2034, ce sont les logements classés E qui seront interdits à la location.

Ces logements seront ainsi progressivement considérés comme indécents au regard de la loi. Le locataire pourra alors exiger de son propriétaire qu’il effectue des travaux et plusieurs mécanismes d’information, d’incitation et de contrôle viendront renforcer ce droit pour le locataire.

En vélib

Il y avait moins de participants aujourd'hui, je me suis donc désistée et j'ai tenté d'aller à Nanterre préfecture en vélib. Je n'ai pas trouvé l'entrée du tunnel accessible aux vélos sous la Défenseet j'ai donc fait le tour, je me suis perdue dans Courbevoie et me suis retrouvée le long du cimetière (un sacré détour m'avisé-je maintenant en regardant la carte).

Je suis passée devant les Groues, l'occupation d'une friche à Nanterre. Camping, réparation de vélos, il paraît y avoir pas mal de choses à voir dans cet espace.





Photo un peu sombre car la luminosité était intense (ô paradoxe de la photographie).

Au bureau c'est la dèche: pas de machine à café, pas d'eau chaude pour le thé, le coin cafeteria est fermé. Je mange au self pour la première fois depuis le déconfinement.

Le soir, rencontre apéro avec une député LREM de l'Essonne au golf d'Etiolles. J'ai laissé tomber le Modem car je suis fatiguée de leurs querelles internes — treize ans que ça dure et je ne comprends rien à leurs dissensions. Je me suis emballée à propos de l'éducation, exprimant ma conviction qu'il faut un socle commun de lectures de référence. Je propose quelques fables de La Fontaine et Les trois mousquetaires, rien de révolutionnaire, mais quelque chose que vraiment nous ayons tous en commun — car il nous reste si peu de choses. Quand je l'interroge O. me dit qu'à deux ou trois ans près les jeunes n'ont pas les mêmes références, ne regardent pas les mêmes youtubeurs. Tout est devenu si éparpillé, si difficile à rassembler.

Est-ce ce soir-là que H. m'a demandé dans la voiture où je déménagerais si nous déménagions?
— Soit le long de la Seine vers le sud ce qui te rapprocherait de Pascal, Coudray-Montceaux m'a beaucoup plu, par exemple; soit vers St Germain-en-Laye pour un accès plus direct à la Défense.

Avis écologique contre intuitif

— Il faut arrêter de prendre l'avion. D'un point de vue pollution, il vaudrait mieux aller à New York en fusée : l'hydrogène, ça brûle en rejetant de l'eau.







(Conversation suite à ce tweet).

Sourya

Je ne viens plus au bureau que les jours où j'ai d'autres engagements à Paris ou en région parisienne: le jeudi pour le huit, par exemple.
Comme j'ai du matériel de meilleure qualité à la maison, je profite du "home office" (non mais cet anglais de pacotille!) pour faire de la mise en page et du relookage de documents réglementaires. Cela devient de plus en plus joli, cela fait de plus en plus pro — et cela coûte de plus en plus cher à imprimer, c'est de moins en moins écolo, ce bel orange carmin à la place du noir et blanc habituel (en théorie il est inutile d'imprimer, tout est en ligne: mais allez donc dire ça à mes mille cint cent adhérents de plus de soixante-dix ans. Ils veulent du papier. (Et un bon nombre de plus jeunes aussi: «je ne peux pas lire à l'écran» disent les mêmes qui passent des heures sur leur smartphone.))

Huit de filles : Anne-So à la barre. Moi au deux. Je m'applique, c'est difficile, je n'ai pas ramé pendant un mois avec la préparation de Bruges et je ne vais pas ramer pendant six semaines… Je vais être définitivement larguée (mais non, il faut que je tienne bon. J'ai trop souvent abandonné trop tôt par le passé.)

Le soir, dîner (amical, papotage de tout et de rien) avec le président du Modem Essonne qui travaille à deux pas du bureau d'H. (oui, coming out (ne l'ai-je pas déjà écrit?), je suis adhérente au Modem depuis 2007, depuis Sarkozy-Royal: à l'époque je ne voulais pas choisir entre ces deux guignols. Par ailleurs s'engager en politique dans la ville de Dupont-Aignan, c'est presque une obligation morale.)

Ambiance

Mail pro reçu à 11 heures :
Bonjour,

Compte tenu des événements liés à la mobilisation des gilets jaunes prévue le week-end des 8 et 9 décembre prochains, nous vous invitons à prendre votre ordinateur portable à domicile vendredi soir afin de protéger éventuellement le matériel en cas d'intrusion des locaux professionnels et de pallier aux éventuelles difficultés d'accessibilité des immeubles Immeuble1 et Immeuble2, lundi 10 décembre prochain.

Cette mesure n'est prise que par précaution et nous espérons naturellement que chacun pourra regagner son lieu de travail normalement ce lundi.

Bien évidemment, nous vous invitons à éviter l'abord des ImmeublesXX ce week-end.

Enfin, un numéro vert sera mis en place pour vous donner des informations sur l'évolution de la situation au cours du week-end : 08xxxxx

Ce numéro serait disponible à compter du dimanche 9 décembre 14h.

Bien à vous.
Ce n'est plus à 1934 que je pense, mais à 1788.
Sauf que ceux de 1788 n'avaient sans doute pas grand chose à perdre, alors que ceux d'aujourd'hui vont tout perdre s'ils incendient les lieux de travail des bonnes poires qui continuent à payer pour eux: ils ne se paraissent pas se rendre compte que leur maigre retraite et la prise en charge à 100% des ALD (affection de longue durée) dépendent entièrement du fait que le reste de la population aille travailler tous les matins.


Je pleurerais bien sur le fait qu'en absence de réforme mes enfants n'auront pas de retraite, mais le plus probable est en fait qu'ils meurent du manque d'oxygène (diesel forever).
Beaucoup de pays réfléchissent aux moyens d'équilibrer les régimes de retraite à l'horizon 2030-2040. A cette date, le vieillissement aura atteint les Etats-Unis et la Chine; au Japon et en Europe, la population de plus de 60 ans sera pratiquement égale à celle de 20 à 60 ans.

Mais les calculs faits précédemment montrent que, même avec des hypothèses favorables, en 2040 la consommation d'énergie et les émission de CO2 auront l'un et l'autre été multipliées par 3 rendant probablement la planète invivable. Quelle est alors l'utilité du rééquilibrage des régimes de retraite ?

Patrick Artus, Flash CDC Ixix n° 185, 16 juin 2004

SF ou SR (science-réalité) ?

«Quand nous aurons rendu im-monde notre monde (car je rappelle que mundus veut dire propre), laisserons-nous notre monde derrière nous, comme un citron pressé ?»

Sept sites et un film

J'ai enfin vu la Révolution silencieuse, tirée d'une histoire vraie. Une histoire d'amitié et de trahison, une ambiance Signe de piste, pour ceux qui connaissent.
Au niveau personnel, cela pourrait être une réflexion sur la répercussion de nos actes. L'intermède du début, la noisette lancée sur les soldats soviétiques, ajuste (rend juste) la façon de voir ce film. (On s'en rend compte après coup, vous le dire vous permettra de le faire de façon consciente).
A un niveau politique, historique, philosophique, cela ouvre un abîme de réflexions: qu'est-ce que c'était qu'avoir dix-huit ans en Allemagne de l'Est en 1956? Etre né en 1938, avoir grandi sous les bombes puis dans les ruines puis sous occupation étrangère… Que vous racontaient vos parents, quels silences, quelles vérités? «Tout le monde a ses raisons» prend une fois de plus tout son sens. Finalement la seule vérité reste celle qui nous unit à notre entourage direct: mentir (pour protéger: bonne ou mauvaise idée?), trahir, rester fidèle, accepter ou pas ce que subissent les gens qu'on aime — ou qu'on aime moins.


Assisté à la remise des prix "créateurs de confiance" :
- Pour vendre ses céréales au meilleur prix.
(Je n'ai pas bien compris à qui cela servait: qui achète directement des céréales? J'ai posé la question à un céréalier de Champagne:
— C'est réservé à de très gros acheteurs. Le prix n'est pas un prix brut, mais un prix qui intègre le transport, «le prix rendu Rouen», par exemple. Cela permet de connaître l'état du marché.
— Ah. Merci. Et pendant que je vous ai sous la main, que pensez-vous du glyphosate? C'est une question sans piège, je voudrais connaître l'avis de quelqu'un du métier.
— C'est un faux problème en France. Le glyphosate tue tout ce qui est organique. Aux Etats-Unis, ils utilisent des OGM résistants au glyphosate. Donc ils balancent du glyphosate, deux fois, trois fois, sur les cultures. En France les OGM sont interdits. Si je fais ça, je tue ma récolte, je n'ai plus rien. Donc j'en utilise très peu, un petit coup sur les sols en inter-culture entre l'ensemençage en avoine puis en colza, par exemple. On peut tester mes céréales : on ne trouvera pas trace de glyphosate dedans.
(NB : je n'oublie pas les abeilles, les vers de terre, le ruissellement, le labour trop ou pas assez profond, etc. Mais je trouve intéressant le point de vue d'un agriculteur qui cultive. Remarque d'H. à qui je rapporte cette réponse: «je m'étais toujours demandé comment ils utilisaient le glyphosate puisque ça tue tout.))

- Partager ses dépenses effectuées en carte bleue (Sharepay): à l'origine conçu pour les potes qui partent en vacances ensemble, à l'usage beaucoup utilisé par les couples (sans compte joint, je suppose).

- Echange de maisons entre particuliers: l'idée est non seulement d'échanger les maisons pour les vacances, mais d'introduire de la souplesse dans cet échange: parce que vous n'avez pas forcément envie d'aller chez celui qui a envie de venir chez vous. Donc si un Napolitain veut venir à Paris mais que vous voulez aller à Montevideo, cela vous permet de le faire par un système de points.
La beauté de la chose est que c'est non monétaire, plutôt de l'ordre du troc.

- Faciliter la location de locaux professionnels en mettant en rapport des entreprises ayant des locaux inoccupées et des entrepreneurs ayant de petits besoins.

- Un feu de freinage pour les motard qui fait aussi balise de détresse. Commercialisé dans les semaines à venir. Va exister pour les cyclistes, les skieurs. Réflexions pour le BTP (les ouvriers sur les échafaudages, etc).

- Récupérer et partager les médicaments entre hôpitaux: c'est l'idée qui m'a le plus enthousiasmée (le genre de chose qu'on ne pensait pas qu'elle ne pouvait pas ne pas exister). Il s'agit de ne pas laisser perdre des médicaments qui pourraient être utiles à d'autres, ailleurs. 50 millions d'euros de médicaments périmés perdus en France par an.
L'autre application (hospiville) est destinée à permettre à tous les professionnels de santé interagissant avec un malade d'être au courant de l'ensemble de son traitement. (Et pour avoir vu les conséquences d'un diabète en hospitalisation (quels médicaments prendre si on est à jeun? Faut-il les prendre?) je vois bien l'intérêt de cette appli. Comme dirait Jaddo: «si vous voulez sauver votre grand-mère, mettez dans son porte-monnaie la liste des médicaments qu'elle prend tous les jours.»)

- Une appli pour les aphasiques (plus de cordes vocales suite à un cancer, plus de voix suite à un AVC, certains autismes, etc). Ma surprise aura été que cela soit nécessaire, j'aurais pensé que "l'accessibilité" des ordinateurs permettait cela depuis longtemps.
Apparemment on peut se créer son propre clavier en fonction de ses besoins et habitudes, pour retourner acheter le pain, aller chez le coiffeur, etc (et soudain je me demande si cela pourrait être utilisé dans un contexte de pays dont on ne parle pas la langue).


Au cours de la soirée j'apprends que demain Groupama SA (re)devient Groupama Mutuelle. Cela me fait profondément plaisir. J'aime l'utopie mutualiste, l'idée qu'il est possible de s'entraider plutôt que s'entretuer.

PTZ

Hier j'ai passé la journée à jouer à Candycrush. Je l'ai installé au début de mon lumbago, reprenant une partie abandonnée six mois ou un an avant (j'y jouais à Grenade, c'est un point de repère, je ne sais plus si j'y ai joué de nouveau pendant l'été). Je l'ai désinstallé ce matin.

Il fait encore très chaud. Marché. Equeutage de fraises, écossage de petits pois. Et puis quoi ? Je ne sais plus. J'écoute mon merle préféré, je ne range pas mes livres.

Ah si : lorsque nous avons commandé nos fenêtres, je comptais faire un "éco-prêt à taux zéro". La banque semblait promettre une démarche facile, allant de soi pour tout citoyen responsable désirant investir pour réduire son impact écologique.
En réalité, c'est d'une complexité quasi risible, et le formulaire de prêt (une fois que l'on a décidé quel formulaire vous convient) prévoit d'ailleurs une ligne "montant des frais d'études", c'est-à-dire que l'on prévoit de couvrir par le prêt des frais qui sont engendrés par la demande de prêt (et non par les travaux eux-mêmes).
(Je comprends qu'il puisse en être ainsi pour de gros projets BTP, mais pour des particuliers, cela me paraît absolument démesuré).

En haut de la deuxième page est demandée la "consommation conventionnelle du bâtiment avant les travaux en énergie primaire, calculée avec la méthode TH-C-E ex".
Qu'à cela ne tienne, me dis-je avec inconscience, je vais bien trouver la formule de calcul sur Google.
Oui, je l'ai trouvée : 191 pages destinées à développer un logiciel (page 11: on apprend que ce n'est pas une méthode à utiliser manuellement).
Agacée j'étais : impression que tout cela était destiné à nourrir quelques cabinets de géomètres.

J'étais prête à abandonner (dépenser deux mille euros de cabinet d'experts pour gagner quatre cent euros d'intérêts…) quand H. s'en est mêlé. Je donne ici le résultat de ses recherches qui peut servir à d'autres.
Vous trouverez ici une feuille de calcul gratuite pour calculer son indicateur de performance énérgétique (que le cabinet ADEM BET de Valence soit remercié). Il suffit d'additionner ses factures de chauffage et entrer la surface de l'habitation.
Ensuite le formulaire demande d'évaluer la consommation conventionnelle après travaux. Nous avons fait cela au doigt levé à partir de ces ordres de grandeur.

Je me dis que tout cela doit être destiné à nourrir des bases de données. Je me demande si la banque va prendre nos chiffres sans commentaire ou demander des précisions. A suivre.

L'idéologie du XXIe siècle (en Occident)

Entre ceux qui vous expliquent qu'ils ne veulent pas être pris en otage et posent de fait que Macron = Le Pen (quelles que soient leurs explications, de fait cela revient à ça) et ceux qui ne comprennent pas votre "agressivité" quand vous ne faites que répondre à la leur (leur explication: «Ah mais moi, j'étais dans l'hyperbole» (WTF? Eux sont dans l'hyperbole et moi dans l'agressivité? "T'es sérieux, là?" (A quoi servent les hyperboles? A boire de l'hypersoupe (Excusez-moi, je m'égare (synchise))))), je fatigue.
Se recentrer sur l'essentiel. Laisser tomber FB, revenir à la lecture, au grec, à l'allemand.

Par ailleurs, le XXIe siècle est certes religieux, mais il me semble y découvrir une nouvelle idéologie (à condition de définir celle-ci par ses symptômes d'intolérance et de certitude d'avoir raison et non par sa théorisation, encore à écrire): celle de la "souffrance animale", qui se caractérise par une tendance (je reste nuancée) à poser que l'animal est égal à l'homme et que (surtout), eux — ceux qui défendent ce point de vue — comprennent bien mieux la souffrance animale que vous et connaissent bien mieux la situation écologique que vous, bourreau ignorant et cruel.

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Agenda
H. a passé la journée devant l'investiture de Macron et moi à jouer à Candycrush, j'en ai peur. Vers le soir, j'ai tout de même lavé la coccinelle, tâche remise depuis décembre d'abord à cause de l'hiver, puis à cause de mon lumbago.

Laudato si

Nous reprenons ce matin l'encyclique "écologique" que nous avions déjà préparée en janvier. La chargée de TD (ou équivalent) est une sœur auxiliatrice qui travaille dans un service néonatal de grands prématurés et nourrissons handicapés: une confrontation vraie à de vrais dilemmes. Son sujet de thèse est passionnant: tragédie classique et morale (peut-on utiliser les tragédies classiques pour résoudre des dilemmes moraux?)

J'avais peur que ce soit ennuyant, mais finalement (comme à chaque fois) non. Le peu que nous restons au bout de toutes ces années est trop passionné pour qu'une discussion quelle qu'elle soit soit ennuyante.

Au passage, la remarque d'un étudiant contre l'importance que prennent parfois les animaux au détriment des hommes: «les animaux des pays riches qui comptent davantage que les hommes des pays pauvres» et «la SPA 1845, l'abolition de l'esclavage 1848». (A quoi je murmure à mon voisin: «adhésion de la Suisse à la FIFA 1904, adhésion de la Suisse à l'ONU 2002». Il me répond drôlement: «Oui, mais ça, c'est normal.»)

Tout à la fin (mais pourquoi n'y ai-je pas pensé avant?), je jette un pavé dans la mare: est-il réellement cohérent de parler d'écologie, de sauvegarde de la "maison commune", sans parler de démographie, de surpopulation, et donc de contraception? n'y a-t-il pas là un angle mort de l'Eglise, un point aveugle?
Gros brouhaha. Jacques, que j'estime beaucoup, me surprend en évoquant la dépopulation européenne, à quoi je réponds que nous sommes sur une seule planète, et qu'il suffit de rééquilibrer la répartition de la population. Mais notre culture? me répond-il. Mais si nous attendons la Parousie, quelle importance, la population qui peuple l'Europe? Quel est notre espoir, qu'est-ce qui compte?
Nous nous séparons dans un certain désordre.

Derrière moi

L'oral est passé (question après l'exposé: «comment expliqueriez-vous à l'homme de la rue la différence entre Thomas d'Aquin et Schillebeckx?»)

Bavardage avec une jeune esthéticienne venue des îles. Elle et ses amis n'utilisent que des assiettes et des couverts jetables quand ils dînent ensemble.
— Ce n'est guère écolo… et je n'aime pas manger dans des assiettes en carton.
— Oui, mais après il faut laver, et puis j'ai peur qu'on me casse ma vaisselle.
— Oh mais c'est de la vaisselle Ikéa, hop, on rachète.
— Oui, mais il faut y aller… Mais moi non plus je n'aime pas la vaisselle jetable. Quand les copains me donne une assiette en carton, ça va encore, mais des couverts en plastique…
— Lancez une nouvelle mode, amenez votre assiette et vos couverts quand vous allez chez vos amis.

J'ai passé l'oral. Demain carte de vœux, billets de blog, le dernier Jarmush, une sortie sur la Seine, des livres lisibles… Demain est un autre jour, je vais me coucher, je suis debout depuis trois heures, oral oblige.


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Investiture de Trump. Pourquoi cela m'affecte-t-il autant, après tout je ne suis pas concernée. Mais d'une part je le suis, évidemment; et d'autre part je ne peux m'empêcher de ressentir de la honte, une honte collective, commune, une complicité à faire partie d'une humanité capable d'élire un type qui s'est moqué d'un handicapé, qui a fait rire des plus faibles, qui a pour ambition d'écraser et non de protéger (voir le discours de Meryll Streep qui exprime cela parfaitement). Je suis accablée de me prendre cette vérité en pleine poire. Je la connaissais, bien sûr, mais je l'évitais, je l'oubliais. Réveil brutal, KO debout depuis novembre.

Impressing the Czar

Je suis encore en vacances, c'est-à-dire que j'avais prévu de travailler aujourd'hui à mon TG de samedi, sachant que je n'aurais rien fait pendant les fêtes. Ayant emprunté Laudato si, je le lis. J'affectionne particulièrement ce paragraphe:
59. En même temps, une écologie superficielle ou apparente se développe, qui consolide un certain assoupissement et une joyeuse irresponsabilité. Comme cela arrive ordinairement aux époques de crises profondes, qui requièrent des décisions courageuses, nous sommes tentés de penser que ce qui est en train de se passer n’est pas certain. Si nous regardons les choses en surface, au-delà de quelques signes visibles de pollution et de dégradation, il semble qu’elles ne soient pas si graves et que la planète pourrait subsister longtemps dans les conditions actuelles. Ce comportement évasif nous permet de continuer à maintenir nos styles de vie, de production et de consommation. C’est la manière dont l’être humain s’arrange pour alimenter tous les vices autodestructifs : en essayant de ne pas les voir, en luttant pour ne pas les reconnaître, en retardant les décisions importantes, en agissant comme si de rien n’était.

Encyclique Laudato si, sur la sauvegarde de la maison commune, pape François, 24 mai 2015
«une joyeuse irresponsabilité», «décisions courageuses», «tentés de penser que ce qui est en train de se passer n’est pas certain»: tout me plaît.
Je n'aurai jamais terminé pour samedi.

Danse à nouveau ce soir au palais Garnier. Semperoper Ballett de Dresde pour Impressing the Czar de William Forsythe. Les quatre pièces donnent l'impression d'un chaos permanent et seul le fait qu'il se poursuive de longues minutes oblige à admettre le fait que c'est un chaos organisé et non en voie d'atomisation. C'est impressionnant.
La première partie m'a fait penser à un tableau de Jérôme Bosch (sans que rien objectivement ne soutienne cette association, ni les costumes, ni la musique. Sans doute l'impression de farce, de parodie. Par moments il semblait que l'on tournait le bouton d'un vieux poste de radio à la recherche d'une station, d'autres fois que l'on était dans un aéroport à cause d'annonces criées au micro, le tout dans des costumes de velours somptueux). La deuxième pièce, après l'entracte, est ma préférée, autant par la danse que la musique de Thom Willems. La troisième est cacophonique (peut-on dire d'une danse qu'elle est cacophonique? des corps discordants?), sorte de critique de la télévision commençant par une vente aux enchères d'objets dorés (ou de danseurs, comme l'explique cet article qui paraît avoir tout compris). Trop bizarre pour me retenir. La quatrième pièce se présente comme deux rondes échevelées et désynchronisées d'écolières japonaises, impressionnantes dans leur gestuelle.

Ce que je retiendrai de la soirée sera la découverte de Thom Willems.

Départ

Sept heures : Candycrush en écoutant la radio. Allianz propose 25% de réduction de prime aux automobilistes conduisant des voitures avec système d’aide à la conduite. Le journaliste décrète que les assurances vont s’en mettre plein les poches puisque qu’il y aura moins d’accident (mais non, réfléchis: c’est justement pour cela qu’il propose 25% de réduction: parce que cela provoquera moins d’accidents); puis déplore que cette amélioration de la sécurité va provoquer des pertes d'emploi: moins d'infirmières, moins de garagistes… (je manque de m'étouffer dans mon café); et puis sans doute qu'il y aura moins de propriétaires de voitures et plus de location quand la voiture intelligente pourra venir chez vous uniquement quand vous en aurez besoin: que va devenir l'économie?
Je suis abasourdie et navrée: ainsi, nous en sommes encore là, que des journalistes sur France Inter ou France Culture souhaitent davantage de voitures et d'accidents pour faire fonctionner l'économie?

Repassage du plus urgent avant de fermer les valises. J’écoute Nathalie Sarraute (podcast de France Culture ou France Inter). Elle cite Yourcenar qualifiant le bonheur de "sous-produit". Je comprends bien ce que cela veut dire: non produit de second ordre, mais produit obtenu en outre, effet secondaire désiré et souhaitable à ne pas souhaiter en tant que tel, mais qui survient, advient, alors qu'on l'a presque oublié.

Nous partons si tard que nous déjeunons à Sens.
Il fait beau.

Etape à Bazoches car je voulais visiter le château de Vauban. Demeure habitée donc vivante, qui échappe à la mise en scène des monuments historiques. Le plus impressionnant est sans doute les quatre arbres généalogiques de la galerie où travaillait Vauban avec ses ingénieurs, l'un descendant de Saint-Louis, un autre montrant les liens entre les actuels propriétaires et leurs différents cousins. Je découvre à cette occasion que les propriétaires de ce château possède également celui de Cheverny à quelques kilomètres de chez mes parents (ce qui à la faveur d'une homophonie patronymique occasionne à la maison quelques coups de téléphone mal aiguillés.)

Persuadé (à tort) que l'hôtel du Lion d'or à Vézelay est celui de La Grande Vadrouille, H. insiste pour que nous y dormions, ce qui me convient tout à fait: c'est ainsi que je peux visiter (très vite, très discrètement, c'est l'heure de l'office) la basilique de Vézelay dans la lumière de fin d'après-midi.

Nous dînons à l'hôtel du Cheval blanc (ces noms d'hôtels… de quoi réjouir Nabokov). Surprise en ouvrant la carte: le chef a passé son exaspération en écrivant une page qui nous apprend qu'une directive européenne rend obligatoire de prévenir les clients des produits allergènes contenus dans les plats. Il proteste en faisant remarquer que tout allergique normalement constitué avait auparavant le bon sens de poser la question au garçon…
Voilà qui éclaire un mystère: je me demandais pourquoi tant de gens qui "mangeaient de tout" (selon la terminologie de l'enfance) devenaient soudain intolérants (terme révélateur) à ceci ou cela : cet avertissement m'a fait comprendre que c'est tout simplement qu'on leur fait se poser une question qu'ils ne s'étaient jamais posée.
Pour le reste, le dîner est excellent.

Corvée annuelle

Le temps de vacance (singulier) à la maison sera court cette année : trois jours, peut-être cinq.

Je reprends mes chères corvées toujours remises "aux vacances", avant que je ne remplisse celles-ci d'une foultitude d'autres idées. Après le lessivage des murs l'année dernière, nettoyage des placards de la cuisine cette année (tout vider, tout remettre — ou presque) en écoutant deux spécialistes présenter Kierkegaard (comment vivre en homme? comment vivre en chrétien? (vivre en chrétien est quasi impossible tant c'est difficile)). Et puis Gilles Boeuf de nouveau: «Nous on se bat pour sauver le vrac, comme je dis. — Comment, même les puces? — Mais oui! On ne va pas sauver que ce qui nous arrange! La nature n'a pas créé les puces pour nous embêter» et ma préférée: «si Dieu existe, il aime les coléoptères» (ce n'est pas de lui, il cite quelqu'un, je ne sais plus qui). «Alors qu'est-ce qu'on fait? On fait des conférences; l'humain est excellent pour faire des conférences».

Un article de fond de Rockström, Steffen, Noone, Persson, Chapin III : Planetary Boundaries: Exploring the Safe Operating Space for Humanity, dédié à lecteur qui m'a fait découvrir (ou prendre conscience de) le mot "anthropocène". (Il faudrait que je traduise cet article, mais je ne suis pas sûre de savoir traduire déjà le titre: Des limites à l'échelle de la planète: une étude de l'extension maximale possible de l'activité humaine sans danger pour l'humanité?)

Le soir, la moitié de Blues Brothers.

Promised land

Pas un grand film, mais des questions mélancoliques.

L'agriculture peut-elle faire vivre une région, une région peut-elle vivre sans industrie?
Faut-il fuir la terre, la campagne, la brûler au nom des besoins en ressources naturelles? («Mais où irons-nous, tous?»)
«Nous savons pourquoi vous êtes là: parce que nous sommes pauvres.»
«Les temps ont changé.»

Matt Damon prend le bus. Je parcourrais bien les Etats-Unis en bus. Maintenant je sais que les films donnent une image fidèle des paysages américains.
Pensée pour les petites usines électriques ("plants") sur les bords de magnifiques petites criques bleues du Massachussets, ou pour la centrale nucléaire sur la crête.
Le rapport des Américains à l'environnement n'est pas le nôtre, mais le pays est si grand qu'on a l'impression qu'il en restera toujours des pans intouchés.


J'ai repris une carte UGC. C'est la seule chose qui me permet de me reposer.

Des chutes du Niagara à New Stanton

Lever neuf heures au lieu de sept heures pour compenser le coucher tardif, et petit déjeuner chez Denny's. («Il y a Denny's à deux pas», nous avait indiqué la jolie rousse comme une promesse de plaisirs inouïs, et comme cet atout était également proclamé sur la pub du coupon, nous étions curieux de voir ce qui faisait rêver cette jeune femme.)
Quand nous poussons la porte vers dix heures (il nous a fallu un peu de temps pour réorganiser les valises (basiquement vider un sac de sport dans les autres pour avoir moins de volumes à tétriser dans le coffre)), nous sommes surpris de découvrir une salle pleine: est-ce comme cela tous les jours, ou un week-end réussi commence-il par un breakfeast chez Denny's?
L'ameublement est celui d'un fast-food, mais ce n'est pas un fast-food: on s'assoit comme au restaurant, on consulte la carte et on commande.

Et ça vaut le détour; nous consommons suffisamment de calories pour tenir la journée (et tant mieux, car c'est à peu près ce qui va nous arriver).
Je laisse tomber le menu "pancakes aux fraises" (aucune envie de manger de la glace à la vanille et de la chantilly avec mes œufs brouillés) et prend le "new" menu "pancakes aux myrtilles". Un peu lourd pour un estomac français normalement constitué, on mange avec la sensation qu'on ne le devrait pas, mais basta, demain (et même aujourd'hui) nous serons loin, profitons.
La preuve que ''Denny's'' est grand, c'est qu'il ne sucre pas les boissons à priori. (Le sucre semble être aux Américains ce qu'est le piment dans d'autres parties du monde.) Je remarque une fois de plus des plats où seuls le blanc d'œuf est utilisé dans l'omelette, le cholestérol semble plus redouté que de diabète.

Nous prenons la route à onze heures, ce qui est bien trop tard pour ce que nous avons prévu de faire. Je viens d'écrire à Ruth que nous arriverons à Charlottesville demain soir, et que ce soir nous serons au-delà de Pittsburgh (avec une "h", précise wikipedia, à ne pas confondre avec Pittsburg).

Routes 219 puis 119, plein sud. Pennsylvanie. Nous entrons dans la forêt des Alleghanys, ou quelque chose comme ça. Pour résumer, nous aurons sur une distance Paris-Poitiers ou Paris-Bordeaux (la vitesse réduite à laquelle nous roulons pertube mon appréhension des distances qui n'est déjà pas excellente) une densité de peuplement qui ressemble à celle entre Lamotte-Beuvron et Vierzon (pour ceux qui connaissent).
Les maisons apparaissent de loin en loin au bord de la route, forêts. Des acres sont à louer, apparemment la région (du moins les particuliers) vit de la vente du bois et des sports d'hiver. Ce n'est que vers la fin de la journée que nous atteindrons davantage de prairies, de vastes étendues gazonnées tondues à la Suisse.

Nous nous arrêtons vers deux heures dans une station-service après Salamanque, presque à la frontière de l'Etat de New York et de la Pennsylvanie. Nous cherchons une carte, mais il n'est pas prévu de souhaiter descendre vers le sud par cette route: les cartes concernent les comtés du nord. L'employée, une dame très ridée, est née à Maastricht (Car dès que nous disons que nous venons de France (en réponse à «Haï gaïs, where d'you come from?», les connexions européennes affluent: j'ai un frère, un oncle, l'année prochaine nous allons, l'année dernière ma fille…)). Ce n'est que bien plus tard que je ferai le lien avec l'occupation américaine en Allemagne.

Les routes du sud de l'état de New York sont mal entretenues, oui, «adopt a highway», car elles sont abandonnées. "Rough road" indique une bretelle d'accès à une quatre voies, et la chaussée est pleine de cicatrices, de pansements de goudron, il y a une fente entre les deux files dans laquelle apparaît de l'herbe ou de la mousse.

Les panneaux me plaisent beaucoup: «Chasseurs de dindes, soyez sûrs de votre cible avant de tirer» (à prendre au premier degré), «Buckle up for the next million miles» (Attachez votre ceinture durant le prochain million de miles) et aussi, plus effrayant «Blessé dans un accident? Appelez le 888-8888», pub pour un avocat.
Ah, et le pictogramme "ours", nous faisant rêver à une traversée de grizzlis devant le pare-choc…

Sept miles avant Punxsutawney, un pictogramme sur un panneau nous enjoint de faire attention aux carrioles tirées par des chevaux (vitesse limitée à 55 miles) et "sur comme la mort" nous arrivons derrière un cheval au grand trot conduit par deux enfants. Ils se garent le plus possible mais je ne suis pas pressée de les doubler, nous les prenons en photo. Amish (malgré tout ils se modernisent car le soir à l'hôtel je trouverai une affichette publicitaire pour leur artisanat.

Punxsutawney. Qui a deviné pourquoi nous avons fait ce détour? La première chose que nous voyons en arrivant est une gigantesque marmotte (qui ressemble à un castor) sur un surpermarché.

Deux déceptions: cela ne ressemble pas du tout au film et tous les magasins de souvenirs (souveuhnirrr) sont fermés (il est quatre heures un samedi). Petit tour sur internet à partir du wifi du McDo local: le film n'a pas du tout été tourné ici, mais dans une ville de la région des grands Lacs.
Oui, nous sommes là à cause du Jour sans fin, et quand les enfants le comprennent enfin, ils sont absolument navrés par tant de bêtises (les ados qui vous expliquent comment vous comporter rationnellement me laissent toujours perplexe).
Deux satisfactions: la caissière du supermarché, après avoir murmuré rêveuse «Je n'ai jamais eu de clients venus d'aussi loin» nous indique l'endroit où trouver la marmotte (nous ne savions pas qu'il y en avait une) près de la bibliothèque municipale (et la pelouse centrale ressemble enfin au film) et au grand désespoir des enfants nous nous photographions près de la statue d'une marmotte géante.

Voir Punxsutawney et mourir (d'ennui). Ce ne doit pas être drôle de grandir ici (6000 habitants, une ville jugée digne de figurer sur la carte Michelin 930 des Etats-Unis comme seule grande ville à des miles à la ronde). Et c'est plutôt laid.

Ensuite le paysage devient plus plat et moins boisé. Les maisons sont entourées de prairies plutôt que de pelouses, et nous croisons régulièrement des animaux écrasés (deux biches ou chevreuils, des ratons-laveurs). A Burrell, nous avons la surprise de voir surgir entre deux lignes de crêtes trois immenses cheminées, plus hautes que les deux tours de refroidissement de la centrale nucléaire qu'elles surplombent («Quatre tranches», dit H.). L'ensemble est inmanquable, installé en hauteur dans le paysage.





Pittsburgh. Notre projet était d'y dormir et de visiter le musée Warhol demain (à l'origine cet après-midi, mais la route a été beaucoup plus longue que prévu), mais tous les hôtels sont complets: convention aéronautique, nous explique une réceptionniste, nous ne trouverons rien à quinze miles à la ronde.
Nous consultons les enfants, seront-ils très déçus de manquer les Warhol? Non, je ne suis même pas sûre qu'ils aient vraiment identifié Marylin au MoMa (ces quelques visites dans les musées me font constater une fois de plus à quel point leurs livres scolaires manquent d'images mythiques, de Monet, de Warhol, de pas de l'homme sur la lune, de visage d'Henri IV ou François Ier, de choses que l'on est tout heureux de découvrir soudain dans la réalité).

Tant pis pour Pittsburgh. Nous devons être à Charlottesville demain soir, je l'ai dit à Ruth, et je veux prendre une section de la skyline drive. Hôtel ou motel à vingt miles à l'est de Pittsburgh, le jeune homme de l'accueil nous fait une réduction «parce que c'est nous», je me demande si c'est vrai car c'est la deuxième ou troisième fois que cela nous arrive (est-ce notre accent français?), j'ai l'impression d'être dans un système SNCF où le prix dépend du remplissage de l'hôtel (bref, la chambre est à soixante-cinq dollars contre cent trente-neuf affichés, soit vingt de plus que le taudis d'hier).

Celui-ci nous plonge dans Barton Fink:





Les filles ne veulent pas manger, je sors avec H. et O. rejoindre à pied (à pied!) le restaurant chinois à cent mètres.
Intriguée, je choisis des "wallnut shrimps" (crevettes aux noix), plat que je n'ai jamais vu en France. (J'aime bien comparer les cuisines étrangères dans les pays étrangers. Naïvement je pensais qu'elles étaient toute pareilles, que manger indien en France ou en Suède était la même chose: et bien non). Le plat est décrit comme crevettes à la mayonnaise avec des noix, mais je me dis que ce doit une autre définition de la mayonnaise.
J'avais tort. Crevettes frites par deux de façon à former un cercle, recouvertes de miel puis de mayonnaise, avec des noix confites qui se décomposent sous la dent.
C'est atroce. Je ris aux larmes. «Pauvres bêtes, Astérix» (Astérix et les Bretons).
— Ils auraient mieux fait de continuer à tenir des blanchisseries!
— «Dès que j'aurai fait assez d'économies j'ouvrirai un restaurant».
— C'est dans quoi, ça?
— Le 20e de cavalerie.
Je gratte la mayonnaise et par politesse, je mange les deux tiers du plat.

J'insisterai même pour laisser deux dollars de tip, car je ne voudrais pas qu'ils se doutent d'à quel point c'est mauvais.
Mais j'ai sans doute tort, ils ne doivent pas manger leur cuisine. Ils devraient essayer, une fois.

— «Avec du miel?»
— «Il y a même de la graisse d'urus».
— Ah mais oui, tu as raison, c'était une orgie! (Astérix en Helvétie, pour ceux qui ne connaissent pas.)

Rentrée à l'hôtel, j'écris des cartes postales en regardant Men in Black II. Je n'ai plus de timbres.

La Grèce ma revanche

Evidemment la Grèce m'inquiète. Situation inédite depuis l'emprunt russe, il me semble. La confiance étant le fondement de l'économie occidentale, si l'on ne trouve pas de solution les conséquences risquent d'être dramatiques. Assèchement total du crédit.

Cependant cependant, comme une envie de rire…
J'avais été très agacée que nous fussions obligés de voler au secours des banques alors que c'étaient elles qui nous avaient mis dans la panade.
L'idée qu'aujourd'hui elles doivent se porter au secours de la Grèce sous peine de se retrouver elles dans la panade me réjouit.

«Si vous devez un peu d'argent à votre banque, vous avez un problème, si vous lui devez beaucoup d'argent, elle a un problème.» (Proverbe cité par un professeur dans les années 80 à propos de la dette du Tiers-Monde. (D'ailleurs je me demande ce qu'est devenue cette dette, on n'en parle plus. L'autre sujet de l'époque était "la dématérialisation des marchés financiers"1. Un jour (dans dix ans?) "mondialisation" sera oublié, remplacé par un autre gimmick.))


Oui oui, je sais bien qu'au bout du compte, et dans tous les cas, ce sera nous, la population, qui paierons les pots cassés. Car nous représentons l'économie réelle (comme dirait Pierre Hadot, le métal se plie moins à la volonté que les idées et les constructions mentales.) Mais j'aime bien savoir que certains sont en train de transpirer.

J'aimerais bien que quelqu'un se penche sur les avoirs des salariés et responsables des agences de notation. Aucun délit d'initié, pas d'enrichissement personnel, vous êtes sûrs?


Note
1 : Ah, et le trou dans la couche d'ozone, aussi.

L'Inde envahit la Suisse

Comme les régions où étaient tournées certaines scènes du cinéma bollywood sont devenues trop dangereuses à cause du conflit avec le Cachemire, les réalisateurs les filment en Suisse.
La Suisse est en surproduction agricole mais le gouvernement maintient les subventions afin de conserver à La Suisse son image de vaches et de paturages.
Cette image attire les touristes indiens via les films Bollywood.
Une vache dégage davantage d'effets de serre qu'une voiture.

Visualiser le gaspillage

Sans doute les plus extraordinaires photos que j'ai vues sur le sujet, les plus belles et les plus flippantes.
Ne ratez pas l'explication en bas de chaque photo.

Une pub de bonne foi

Le magazine Psychologies annonce fièrement en couverture :

Cadeaux écolos : offrez-vous une bonne conscience.

1/ Tiens, il dénonce le marketing écolo (green bashing), marrant.
2/ Non, le mauvais esprit n'est pas dans la ligne éditoriale de cette revue destinée à nous convaincre que nous sommes meilleurs que nous le pensons.
3/ Serait-ce à prendre au premier degré? (Mais alors, c'est pire! lol!)
4/ Est-ce qu'ils se rendent compte que leur formulation n'est pas du tout "psychologue"?
5/ Voilà qui est mettre la morale à bas prix.
6/ C'est du joli pour un magazine qui veut mettre à jour —pour nous aider— nos mécanismes intérieurs.
7/ Ne seraient-ce pas leurs mécanismes intérieurs qu'ils viennent d'étaler?

Pourquoi réformer les retraites puisque nous serons morts étouffés ou privés d'énergie avant que le problème des retraites ne se pose vraiment ?

Le dernier commentaire de Skot m'a rappelé cette courte étude publiée par Flash CDC Ixis le 16 juin 2004. Le rédacteur en est Patrick Artus.
Cela se présente sous forme de sept pages pleines de chiffres et de graphiques :

Introduction

Nous montrons que la croissance mondiale, l’évolution de la consommation d’énergie des émissions de CO2 par unité produite, le déplacement de la croissance mondiale vers des zones peu efficaces technologiquement, et émettant beaucoup de CO2 par unité de production, devraient rendre les problèmes de ressources énergétiques et le niveau global d’émission de gaz à effet de serre insupportables avant que le vieillissement démographique ne devienne un phénomène global.

Je ne recopie pas l'ensemble des données (graphiques extrapolant la population, les émissions de CO2, la productivité, le PIB, en Chine, en Russie, au Japon, au Etats-Unis et pour la zone euro à partir des chiffres de la World Bank, la DRI, l'EIU et CDC Ixis). (Je tiens le pdf à disposition sur simple demande). J'en arrive directement à la conclusion :

Beaucoup de pays réfléchissent aux moyens d’équilibrer les régimes de retraite à l’horizon 2030-2040. A cette date, le vieillissement aura atteint les Etats-Unis et la Chine (graphique 13), au Japon et en Europe, la population de plus de 60 ans sera pratiquement égale à celle de 20 à 60 ans.
Mais les calculs faits précédemment montrent que, même avec des hypothèses favorables, en 2040 la consommation d’énergie et les émissions de CO2 auront l’une et les autres été multipliées par 3 (voir graphiques 11 c/12 c), rendant probablement la planète invivable. Quelle est alors l’utilité du rééquilibrage des régimes de retraite ?


Voilà. Nous pouvons donc vaquer tranquilles à nos occupations.
(Je me demande encore si ces pages sont un canular. Elles négligent que rien n'est égal par ailleurs, et que les extrapolations sont sans doute toutes fausses. Par exemple, les extrapolations de population des années 1970 étaient toutes trop fortes par rapport à ce qui s'est réellement passé. Cependant, l'étude retient deux hypothèses de travail, dont une "optimiste". Alors?)

Le capitalisme, c'est beau

Avons manqué nous étrangler pendant notre vol en découvrant que la compagnie Swiss nous proposait très sérieusement d'apaiser notre culpabilité de pollueurs par un don à l'organisation myclimate.
Désormais les entreprises ne sont plus les seules à pouvoir acheter le droit de polluer. Je suis émue.

250 tonnes de bidules

La vocation viticole du parc naturel régional de la Montagne de Reims l'a poussé à organiser dès 1983 la collecte des films plastiques d'emballage et, depuis 1998, celle des capsules et des bidules.

Ce « bidule » n'a rien à voir avec son synonyme qui désigne une personne ou un objet par un terme plus général et vague comme « machin », « chose » ou… « bidule ». Car celui-là est en polyéthylène et sert à capter, sous la capsule en aluminium, les dépôts de levure qui interviennent lors de la seconde fermentation du Champagne. En 1998, le parc naturel régional (PNR) de la Montagne de Reims (68 communes, 35 000 habitants, 50000 hectares, dont 9 000 hectares de vignes) lançait à Châtillon-sur-Marne son premier collecteur de bidules et de capsules. Il en récupère désormais environ 250 tonnes par an grâce aux 50 conteneurs répartis sur les communes viticoles du parc naturel régional. « Les viticulteurs jouent le jeu. C'est un succès. 90% des capsules et des bidules sont collectés » se félicite Cyrille Camboulives, l'une des chevilles ouvrières de l'opération. Avant déchets non recyclés promis à la décharge, les capsules et les bidules sont aujourd'hui expédiés vers la Moselle où la société «Recyclage 2000» les broie pour les réinjecter dans les filières de l'aluminium ou de la plasturgie.

Horizons régions, (Les Echos), juin 2007, p.18
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