Billets qui ont 'économie' comme mot-cl.

Quelques réflexes de bon sens concernant les chiffres

Pas grand chose à raconter (ma boîte est très intéressante, les administrateurs rejouent l'auto-destruction de l'aristocratie à la fin de la Restauration, je suis dans Balzac — mais je ne peux pas raconter cela maintenant).

Je vais m'attaquer à autre chose, un peu ou très prétentieux ou présomptueux ou les deux, en réponse à la souris1 qui regrettait de ne pas avoir de notions d'économie et à Fredi M. qui lui est un expert en économie (et en diplomatie moyenne-orientale).

Je vais le faire en deux ou trois billets (selon l'intensité de mon impression d'être ridicule (mais après toutes ces années je résiste assez bien à cela)). Aujourd'hui je commence par quelques pistes et réflexes de bon sens concernant les chiffres.

1/ Les pourcentages.
Les gens sont totalement perdus avec les pourcentages, et les médias, volontairement ou pas (pas sûre que tous les journalistes les maîtrisent), balancent des pourcentages effrayants alors que deux secondes de réflexion montrent qu'ils sont simplement ridicules.

La première règle est qu'il faut faire attention à la base de référence (le "pour cent" dans "cent pour cent").
* J'ai une cafetière, elle est en panne: 100% des cafetières de la maison sont en panne. Mais en réalité, c'est une pour une. Cela ne veut rien dire. Il faudrait prendre toutes les cafetières du quartier pour avoir une idée du taux de panne. C'est une question de taille d'échantillon: c'est un métier de savoir combien de cafetières il faut prendre pour avoir un pourcentage qui ait un sens.
Donc quand on vous balance un pourcentage, ne pas réagir trop vite, bien le regarder, voir ce qui est compté, quand, où, par qui…

* Par exemple les accidents de la route en 2021: ils ont explosé par rapport à 2020. Normal: en 2020, on a passé trois à cinq mois sans conduire. Ce n'est pas 2021 l'extraordinaire, mais 2020, la base de référence.

* «80%2 des cancers du poumon surviennent chez des fumeurs» est très différent de «80% des fumeurs ont un cancer du poumon». Or les gens ont tendance à dire l'une ou l'autre phrase indifféremment en pensant dire la même chose.

* Une décomposition en pourcentage donne toujours… 100: donc se réjouir parce que le % de morts par accidents de la route a diminué en déplorant que le % de morts de crise cardiaque a augmenté (en imaginant que ce soit les deux seules causes pour simplifier) est juste stupide: au total il faut atteindre 100, tous les morts sont morts de quelque chose, 100% des morts sont morts.
Dit autrement, tous les pourcentages d'une décomposition ne peuvent pas descendre ensemble: si certains baissent, d'autres montent. Si l'on veut savoir s'il faut se réjouir ou se lamenter, il faut regarder les chiffres absolus, et non les pourcentages.

* Et dernier point: une décomposition en % ne peut pas dépasser 100. Je ne pensais pas écrire cela un jour, mais après tout, Maduro a annoncé début août des résultats d'élection qui dépassaient les 100% (fous rires sur Twitter), et je me demande si Trump n'a pas fait quelque chose d'approchant récemment.


2/ La différence entre moyenne et médiane
Dans des statistiques, deux notions sont associées (un peu comme le signifiant et le signifié en linguistique): un nombre d'occurrences (par exemple UNE cafetière) et la qualité ou valeur mesurée (par exemple être cassée ou pas).
La moyenne va s'intéresser à la valeur, la médiane à la distribution des occurrences.

*Pour faire une moyenne (non pondérée), on additionne toutes les valeurs et on divise par le nombre d'occurrences.
Exemple : neuf personnes ont 10 euros, une en a 1000; en moyenne chacune a 109 euros.
On voit tout de suite que ce chiffre n'a pas beaucoup d'intérêt. C'est ainsi qu'il y a quelques temps a circulé un chiffre sur le patrimoine moyen des Français. Ainsi que l'a fait remarquer un Twittos: si Bernard Arnauld entre dans n'importe quelle assemblée, tous deviennent en moyenne millionnaires.

*La médiane, elle, compte la répartition des occurrences. Ici il y a dix occurrences, la moitié atteint 10 euros et l'autre est au-dessus. La médiane est donc de 10 euros.
Si cette mesure n'est pas assez fine, on peut ajouter des quartiles (occurrences groupées par quart), des déciles (par dixième), etc.
Il faut simplement conserver à l'esprit que plus les écarts sont grands et les occurrences sont dispersées, moins la moyenne a une signification utile.

Vous trouverez ici une illustration de la différence moyenne/médiane concernant les salaires en France.

Le seuil de pauvreté est un montant calculé par rapport au niveau de vie médian de la population.


3/ Ecouter les médias d'une oreille critique.
Il y a deux jours, j'écoutais RTL peu après l'annonce du report de la prochaine augmentation des retraites (indexation sur l'inflation). Tôt le matin (avant sept heures), les auditeurs laissent des messages pour donner leur opinion sur un sujet ou un autre et bien sûr, tous les retraités levés tôt criaient au scandale, comme d'habitude on s'en prenait aux plus faibles, etc.

Peu après, pendant le journal, un court reportage nous annonçait que du fait de la météo pourrie, les résultats du secteur de l'habillement étaient bons. Il détaillait le panier moyen des actifs (environ 60 euros, de mémoire) et ajoutait que les retraités, du fait de leur pouvoir d'achat supérieur, avaient dépensé davantage (70 euros environ).
Personne n'a relevé (et je le comprends : le journaliste qui l'aurait fait aurait passé un sale quart d'heure).

Ce genre de distorsion, de truc bizarre, d'illogisme, arrive régulièrement. Nous ne sommes pas obligés de prendre parti, mais il faudrait au moins prendre l'habitude de le relever au passage, pour ne pas être dupe: il y a certes des retraités pauvres, et plus ils sont âgés plus c'est terrible, et certes une moyenne ne veut rien dire, mais tout de même, réussir à nous donner des informations aussi contradictoires sans une amorce d'hésitation, c'est remarquable.



Notes
1: voir certains commentaires en juin
2: chiffre approximatif, de mémoire

En quoi peut-on parler de réussite économique à propos de Macron ?

C'est la question que la Souris me pose en commentaire d'un précédent billet. Cela me laisse perplexe tellement la réponse me paraît évidente et me fait toucher du doigt une fois de plus à quel point le gouvernement au pouvoir a été nul en communication sur ses réussites.

Réussites, dans un contexte de gilets jaunes, de Covid et de guerre d'Ukraine :
- chômage au plus bas depuis quarante ans
- croissance plus forte que l'Allemagne et le Royaume-Uni depuis 2018
- inflation plus faible que nos voisins
- réindustrialisation (création d'entreprise et hausse du nombre d'emploi)
- investissements étrangers en hausse (= attractivité de la France)
le tout accompagné d'excellents résultats en terme de décarbonation.

Les étrangers ne comprennent pas la grogne des Français. Je vous mets un tweet d'Alex Taylor (Je ne traduis pas : prenez le texte sur Twitter et copiez le dans Google traduction)

tweet d'Alex Taylor sur la réussite économique de la France


Je vais mettre en ligne un certain nombre de graphiques collectés au cour du temps. Vous pouvez également vous abonnez à la newsletter Vie publique pour des articles courts regorgeant de sources vérifiées ou à la bibliothèque des rapports publics (mais hélas, pas assez de temps pour lire tout cela).

Pour info : avec un clic droit sur les photos on peut les agrandir dans un onglet à part.

mai 2024 - comparaison du taux d'inflation en Europe prix de l'énergie pour les entreprises en Europe fin 2022 inflation, chômage, pauvreté: la France fait mieux que l'Europe


Concernant la retraite à 64 ans, je rappelle qu'il y a un certain nombre de trimestres à valider en plus d'atteindre l'âge de départ à la retraite (peut-être que pour vous ce n'est pas 64 mais 65 ou 66 ans, gniak gniak). Par ailleurs, si vous avez des enfants tard, il est probable que vous souhaiterez travailler jusqu'à la fin de leur scolarité (je m'adresse à une population privilégiée, je sais. Mais "mes" lecteurs ne sont pas défavorisés, même s'ils peuvent être râleurs). Ce qu'il faudrait surtout, ce sont des recruteurs qui n'aient pas l'âge de nos enfants: évidemment que pour eux nous sommes des croulants pénibles — puisque nous leur rappellons leurs parents).

Deux graphiques, un sur la réforme des retraites, l'autre sur la réduction des inégalités en France après intervention de la redistribution sociale:

amélioration des petites retraites avec la réforme réduction des inégalités en France après redistribution sociale


Les années qui viennent de s'écouler sont également un succès au niveau de la décarbonation de l'économie, grâce notamment au nucléaire (attention aux candidats anti-nucléaires, le rejet de CO2 va repartir à la hausse).

émission de CO2- comparaison européenne index de la transition énergétique. La France première d'Europe


L'infographie suivante circulait le 2 mai, le gouvernement aurait dû en faire des affiches en 120x160 ou plus.

Attractivité, décarbonation, inflation : trois réussites françaises


Tout cela a été fait en silence, en travaillant jour après jour, malgré le Covid et la guerre d'Ukraine. On pourrait parler aussi du nombre de choses devenues plus simples, à commencer par les procurations, les inscriptions sur les listes électorales en cas de déménagement, la mise en place de maisons France Services (je le conseille tous les jours à des personnes maladroites sur internet), la mise à jour des cartes grises en ligne, le prélèvement à la source de l'impôt, l'utilisation de son compte personnel de formation, le repas étudiant à un euro, la simplification des formalités pour les TPE, etc, etc, des milliers de détails qui ont changé insensiblement la vie de tous les jours.

Je suis convaincue que quel que soit le parti qui remplacera Renaissance, il fera moins bien en économie et en redistribution (les deux sont liés: il n'y a rien à redistribuer s'il n'y a pas création de richesse, c'est-à-dire travail). Pas tout de suite, cela prendra deux ou trois ans durant lesquels il y aura des cadeaux, mais ensuite, quand la réalité rattrapera les rêves, il faudra se serrer la ceinture. Et comme toujours, ne vous faites pas d'illusions, ce sont les plus fragiles qui paieront les pots cassés.

(Amis parisiens, réjouissez-vous, si le NFP passe, il n'y aura pas de grèves de métro pendant les JO. Si le RN, il y aura plutôt un blocage généralisé. On va bien s'amuser.)

Ce qui m'ennuie le plus, c'est que Poutine a gagné.

Le programme du Front populaire. Aparté sur une utopie

Deux remarques sur le sur le programme du Nouveau Front Populaire et une généralisation.

1/ la retraite

En tant que boomer, je suis stupéfaite voire scandalisée de voir des boomers en col blanc souhaiter la retraite à 60 ans. D'accord quand on travaille dehors ou qu'on porte des charges lourdes, mais quand on travaille dans un bureau? Sont-ils conscients qu'ils condammnent les générations plus jeunes à travailler pour eux ?

Je sais bien qu'au tournant de l'an 2000 notre génération a vu ses parents partir en pré-retraite à 58 ans dans un pays rongé par le chômage (les pré-retraités, c'était autant de personnes en moins dans les statistiques du chômage). Nous avons fait face, nous l'avons payé (par nos cotisations sociales), mais est-ce vraiment ce que nous souhaitons pour nos enfants et petits-enfants?

Et que ces générations de jeunes, qui par ailleurs ne font plus d'enfants eux-mêmes et donc de fait interrompent la solidarité intergénérationnelle, s'enthousiasment pour cette mesure, me stupéfie. Se rendent-ils compte qu'ils se condamnent eux-mêmes à une dégradation de leur niveau de vie, soit en payant davantage de cotisations, soit en recevant des pensions plus faibles, soit les deux?

dessin illustrant quatre retraités pour un actif


Au moment du débat sur les retraites, j'ai retenu qu'il y avait UN (un seul) moyen de s'en sortir avec les paramètres actuels (population vieillissante, augmentation du rapport retraités sur actifs) sans augmenter les prélèvements ni diminuer les retraites: c'était augmenter la productivité.

Malheureuseusement, en France elle est en berne depuis 2019. Cela s'explique globalement par le plein emploi (les patrons conservent leur main d'œuvre dans les périodes de moindre activité par peur de ne pas la retrouver quand ils en auront besoin), par les contrats d'alternance (mécaniquement le temps passé à l'école fait baisser la moyenne de la production) et le manque d'investissements.
Ce manque d'investissements est un problème européen très inquiétant pour l'avenir:

décrochage de la productivité européenne par rapport aux Etats-Unis. 2000-2023


2/ un statut de déplacé climatique
J'applaudis des deux mains, je suis pour.
Enfin, je serais plus radicale: je souhaite que toute personne puisse entrer en France, et si elle n'a pas de papier, qu'on lui en fasse (pas des papiers français: une carte avec son identité, sa nationalité, etc. Déclaratif si pas possible autrement, avec le témoignage des compagnons de voyage éventuellement. Après tout quelle importance: l'important c'est le futur, la façon dont ils vont se comporter en France — et qu'on dispose pour eux d'une identification stable, quitte à ce que ce soit nous qui la leur donnions.)

Cela revient quasi au même qu'un statut de déplacé climatique, car bientôt tous vont l'être: se rend-on bien compte que l'équateur va devenir inhabitable d'ici 50 ans et que les populations d'Asie et d'Afrique vont naturellement se dépacer? (ce sera peut-être différent en Amérique grâce à l'altitude et l'Amazone, mais rien n'est moins sûr: en 2023 le canal de Panama a manqué d'eau et le Mexique brûle).

Les populations vont se déplacer. On peut s'en défendre, dresser des barrières, les laisser mourir dans la Méditerranée. Il faudra militariser de plus en plus, car les migrants seront de plus en plus nombreux et nous de moins en moins.
Ou nous pouvons prendre en compte cette donnée inéluctable et nous préparer. Comment? En préparant des logements et surtout en rénovant l'école. Nous n'arrivons plus à transmettre notre langue, notre histoire, nos valeurs, aux enfants français, comment les transmettrons-nous aux enfants étrangers? Il faut revoir les enseignements fondamentaux, la pédagogie, revaloriser la profession (et sans doute les salaires).
Accueillir les migrants et les intégrer passe par l'école, j'en suis persuadée.

3/ échapper à la condition humaine
De façon générale, en lisant les promesses ça et là (ma réflexion dépasse le NFP), je me demande combien font le rapport entre leur salaire et la valeur produite. Dans un monde libre, le salaire dans les entreprises est une partie du chiffre d'affaires, c'est-à-dire des ventes, reversée aux salariés. Ce n'est pas un montant arbitraire, il correspond à des ventes, à des frais fixes, à une marge souhaitée pour se développer. Pour augmenter les salaires, il faut soit vendre plus (effet volume) ou vendre plus cher (effet prix). Dans ce dernier cas, l'augmentation des salaires entraîne tout simplement une augmentation des prix.

Une autre façon est de diminuer les marges (quand il y en a) ou de redistribuer une partie des salaires faramineux de certains patrons (mais il n'y a pas tant de grands patrons: ça ne concernerait que certains salariés — et ces salaires faramineux, une fois partagés entre tous, représentent peu pour chacun). Vu ce qu'on vient de voir sur la productivité, je préfèrerais que cela serve aux investissements. Il faudrait encourager les investissements.

De façon générale, je me demande si les Français se rendent compte qu'ils dépendent les uns des autres: ceux qui travaillent, cotisent, paient des impôts, financent la sécurité sociale, l'école, les routes, les tribunaux, la solidarité avec les plus faibles, etc. Si tout le monde est à la retraite ou au chômage, ça ne marche pas. Si personne ne plante, récolte, fait de la farine, transporte en magasin, on ne mange plus.
La malédiction de la Genèse, «tu mangeras à la sueur de ton front», s'applique. On n'y échappe pas.

A moins, à moins… de revenir à l'esclavage. Parfois je me demande si certains gentils gauchistes (parce que les méchants droitistes, ça va de soi) se rendent compte que pousser leur raisonnement jusqu'à l'absurde reviendrait à condamner une portion de l'humanité à travailler pour que l'autre se prélasse, quelque chose du genre des castes du Meilleur des mondes ou la Grèce antique.
Ou condamnerait tout le monde à mourir de faim. Nous en avons eu deux exemples au XXe siècle: Holodomor et le Grand Bond en avant.

Economie et politique - semaine du 5 au 12 juin

Journée de télétravail. J'ai donné des vêtements très anciens (une robe saumon de Bordeaux, soit trente ans, presque pas portée car achetée au moment de ma plus grande minceur). Je voulais les donner à quelqu'un parce que ce sont des vêtements qui passent au pressing et que je voulais qu'on en prenne soin car j'y suis attachée. J'ai donné des vêtements achetés pour ma fille il y a dix ans et qu'elle ne portera jamais, une robe rouge à pois blanc que je n'ai plus envie de porter à mon âge. Sortie au marché. Revu Taxi Driver que j'avais vu au cinéma en 1987, je pense, dans un cinéma du Boul Mich disparu depuis longtemps (à l'époque il y avait encore des cinémas porno, c'était une petite salle coincée entre).
C'est à peu près tout pour mes aventures palpitantes de la journée, donc je vous mets de l'info économique et politique.

Les entreprises se délocalisent aux États-Unis – Euractiv
Les entreprises sont confrontées à des charges administratives et à des coûts énergétiques élevés en Europe selon Stefano Mallia, le président du groupe des employeurs du Comité économique et social européen (CESE). Cette délocalisation d’entreprises concerne principalement les secteurs qui dépendent d’une forte consommation d’énergie. Le groupe des employeurs du CESE a poussé l’UE à introduire un « contrôle de la compétitivité ». Un tel contrôle supposerait que les conséquences d’une législation proposée sur l’environnement des entreprises soient analysées au cours des processus de prise de décision de l’UE.

Blockchain : consolider nos atouts – Institut Montaigne
La France a été pionnière dans l'écosystème international blockchain et dispose d'atouts techniques et réglementaires incontestables pour cette technologie. L’enjeu est désormais de développer notre avantage sur cette infrastructure numérique de confiance, en capitalisant sur ces avancées. À l’échelle européenne, le développement d’infrastructures de paiement qui s'appuient sur la blockchain serait clé pour notre souveraineté.

La gestion publique des risques – Cour des comptes
Le rapport s’attache à analyser concrètement la gouvernance de la gestion publique des risques, les processus qu’elle met en œuvre et les conditions de son adaptation à l’évolution des risques. Il émet notamment des recommandations pour rationaliser les dispositifs sectoriels de gestion des risques, pour améliorer la vision d’ensemble de la puissance publique sur les risques qu’elle supporte et sur les moyens qu’elle met en œuvre pour les gérer et pour expliciter et approfondir l’interaction entre l’État et la société.

L’Allemagne est-elle à nouveau « l’homme malade de l’Europe » ? – Institut Jean Jaurès
La récession allemande constitue une opportunité pour corriger certaines orientations économiques. Entre l’intervention étatique souhaitée par le chancelier Olaf Scholz et la volonté́ de l’industrie allemande d’avoir les mains libres, il y a une occasion de faire émerger un chemin pour la transformation écologique du modèle économique allemand, en développant davantage de technologies vertes dont le monde entier aura bientôt un besoin vital.

Santé et technologies : quelle entente pour nos professionnels ? – Institut Sapiens
Selon Gaetan Casanova, Isabella de Magny, Vincent Diebolt, le secteur de la santé subit une transformation profonde due à l’innovation technologique et aux évolutions démographiques. Entre la diminution des médecins, la désertification médicale (qui concerne 10 millions de Français), les professionnels de santé sont confrontés à des contraintes de taille. Pour les résoudre, ils considèrent qu’il est donc nécessaire d’exploiter les nouvelles technologies comme l’IA, qui libère du temps médical, pour réinventer le système de soins.

A la soupe

Eclat de rire ce matin en découvrant cela (il faut dire que Romorantin, c'est chez moi, ou à peu près).

casserole à Romorantin. Article de la Nouvelle République


J'envoie l'article à mes parents qui vadrouillent en Pologne au printemps comme chaque fois que c'est possible depuis leur 50 ans de mariage (le déclencheur fut la venue d'une cousine polonaise pour fêter l'événement).
Ma mère commente: «il voulait peut-être de la soupe».

Plus de crémant, H. sort en chercher: «On ne peut pas vivre sans crémant»; il revient: «il [le caviste] n'avait plus de crémant de Loire, j'ai pris du Bourgogne.»
Pas mauvais mais moins joyeux, et peut-être plus alcoolisé. H. a commencé à lire Le tire-bouchon du bon Dieu, j'ai repris les Langelot contemporains, les deux derniers de la série, Langelot et le Commando perdu et Langelot donne l'assaut, et nous avons comaté tout l'après-midi.

Quand nous émergeons, vers 17 heures, je racommode le parasol avec six boutons (dont quatre proviennent d'un pyjama des années 90) en écoutant l'audition de Bruno Lemaire et Gabriel Attal par la commission des Finances. Ça répète un peu toujours la même chose. En gros, nous essayons de nous désendetter rapidement en pariant sur la croissance par l'allègement des impôts (politque de l'offre). L'effort est demandé à l'Etat et aux collectivités.

Remarque : si vous y avez droit, ouvrez un livret d'épargne populaire, le taux d'intérêt est positif même après inflation (6,1% d'intérêt actuellement, plafond 7700 euros).

Je suis ravie, je n'étais pas sûre de réussir à réparer le parasol, mais c'est parfait. Restera à enlever les traces d'algues ou de mousse sur la toile.

Flou

Journée dans le brouillard. Est-ce le changement de lunettes?

J'ai la tête ailleurs, dans L'élégance du hérisson. Très agréable à lire (sans compter que nous partageons le goût de la peinture hollandaise et des natures mortes), avec des longueurs à force d'à force (sauté quelques pages passées les deux cents premières).
J'avoue que je n'ose plus reprendre Illusions perdues depuis que Lucien est rentré à Angoulême. Je redoute la suite, même et surtout si je la connais déjà.

Réunion au boulot. Les personnels soignants quittent la profession en masse pour faire autre chose. Le mouvement amorcé à la sortie du premier confinement se confirme, entre ceux qui ont peur et ceux qui ne supportent plus la charge psychique.
Aux Etats-Unis, un mouvement plus général de démission est en cours.

Ergo, à pied jusqu'à Bercy village. H. me rejoint chez Roberta. Le jardin du fond est fermé par insuffisance de personnel (est-ce parce que nous sommes lundi?)
Le matin ça va, mais le soir je suis épuisée.

Bilan macroniste

Comme chaque fois, la lecture mensuelle du journal de Didier m'a fait rire. Journal de lectures, lecture du monde poivrée de provocation, anglais traduit en franglais (Toitube), etc. J'y puise à l'occasion quelques idées de lecture (jamais appliquées puisque je ne lis presque plus: j'ouvre les livres).

Remarque à propos de la remarque de Didier concernant les élections de 1974: c'était alors normal de tourner la page: les deux partis en présence étaient classiques. J'aimerais une fois avant ma mort retrouver cette sérénité lors d'une élection présidentielle. La particularité des dictateurs, c'est premièrement qu'ils changent la constitution à leur avantage (je me demande d'ailleurs pourquoi ils prennent cette peine), deuxièmement qu'ils ne rendent pas le pouvoir: ils le gardent.
Evidemment, on ne peut pas savoir ce qui va se passer avant d'essayer.
D'un autre côté, il y a des indices forts en observant les comportements, les discours, les modèles (quand on a Chavez pour modèle…). Récemment nous avons eu l'exemple de Trump. La France n'est pas les Etats-Unis, très fiers de leur constitution et attachés à elle. Je ne suis pas sûre que les Français réagiraient aussi vite. Je ne sais pas de quel côté pencherait l'armée.
Je n'ai pas envie d'essayer.

J'ai fait mon examen de conscience: avais-je emm*** tout le monde avec mes «niaiseries» «bisounoursoïdes»? (Didier, on dit «irénique»: ça provoque toujours un micro-silence quand j'arrive à le placer en réunion professionnelle. Irénique, hollistique, tautologie, mon tiercé gagnant). Je suis arrivée à la conclusion que non seulement je n'avais pas écrit pendant un mois environ, mais que je n'avais posté que des photos d'affiche ou des récits de collage.

Donc à contretemps (puisque les élections sont passées (mais je n'aurais pas voulu transformer ce blog en blog de propagande)), voici quelques graphiques et un article des Echos d'octobre 2021. Ceci n'est évidemment destiné qu'aux lecteurs rationnels, je veux dire ayant quelque respect pour les chiffres et les observations.

Les premiers graphiques concernent le salaire, la pauvreté et la redistribution en France, mesurés par l'OCDE.

statistiques de l'OCDE sur le salaire, la pauvreté et la redistribution en France


Le deuxième graphique est un indicateur de verdure, de verdeur, d'écologie. Comme d'habitude avec ces indices verts, je ne sais pas trop ce qui est mesuré (le résultat (émissions de carbone) ou les efforts mis en place? Ce n'est pas la même chose, cela dépend de l'état de départ).
Toujours est-il que la France est bonne élève. (Mais c'est justement ce qu'on reproche à Macron: d'être bon élève).

comparaison internationale des efforts en écologie. Index du MIT


Enfin, je copie un article des Echos d'octobre 2021, par paresse parce que c'est lui que j'ai sous la main. Evidemment, c'était avant la guerre d'Ukraine. Mais même sans la guerre il y aurait eu de l'inflation: la reprise économique post-confinement provoquait une augmentation de la demande, donc mécaniquement une hausse des prix (pour réviser ce mécanisme, voir Obélix et compagnie). Et si le (les) gouvernement(s) sont si réticents à indexer les salaires, c'est que cela ne résout rien: les employeurs répercutent la hausse de leurs charges sur le prix de leurs produits.
C'est sans doute pour cela d'ailleurs que ce qui est annoncé, c'est une indexation des retraites: tant que les taux de prélèvement ne sont pas relevés, cela ne pèse pas sur les employeurs.
Inégalités : le bilan inattendu de Macron

On attendait le chef de l'Etat sur la lutte contre les inégalités de destin, mais les mesures socio-fiscales du quinquennat auront surtout réduit de façon plus classique les inégalités de niveau de vie. Avec un effet plus significatif des prestations sociales que des mesures fiscales.

Par Étienne Lefebvre
Publié le 13 oct. 2021 à 8:13Mis à jour le 14 oct. 2021 à 18:13

Emmanuel Macron n'est donc pas le président des riches. Ou en tout cas pas uniquement. L'évaluation, publiée par le Trésor la semaine dernière, de l'évolution du revenu disponible des ménages par décile de niveau de vie a fait ressortir des éléments factuels éclairants à l'heure du bilan du quinquennat.

D'abord, les gains de pouvoir d'achat depuis 2017 sont significatifs - +8 % en cinq ans. Ils concernent ensuite tous les niveaux de revenus et sont pour une part importante liés aux mesures prises par le gouvernement. Enfin et surtout, ces mesures sociales et fiscales auront bénéficié davantage au premier décile (les 10 % les plus pauvres), avec un gain de 4 % de pouvoir d'achat à la clé, qu'aux 10 % les plus riches (+2 %).

Cachez ce dernier centile
Il faut bien évidemment nuancer ce constat. Bercy n'a pas choisi cet indicateur au hasard, et certains points de méthodologie peuvent être discutés. Exemple : le coût de la flat tax pour les finances publiques est minoré du fait du versement accru de dividendes, de même que l'effet de la hausse de la fiscalité sur le tabac est minoré en tenant compte des changements de comportement induits (baisse de la consommation). Par ailleurs, le calcul concernant le dernier centile (les 1 % les plus riches) n'apparaît pas, alors qu'il ferait sans doute apparaître des gains plus importants en raison de la concentration des gains liés à la réforme de la fiscalité du capital (ISF, flat tax). En revanche, le reproche sur le fait que les calculs sont présentés en pourcentage de niveau de vie et non en valeur absolue est peu pertinent : il s'agit de la méthode de référence de toutes les études en matière d'inégalité.

D'autres travaux indépendants (dont ceux de l'Institut des politiques publiques) apporteront leur pierre à l'édifice ces prochaines semaines. Mais une chose est sûre : si les résultats publiés par le Trésor ont pu surprendre, voire agacer, c'est en raison de la focalisation du débat public sur les impôts, et de la sous-estimation de l'impact d'autres facteurs bien plus importants concernant la lutte contre les inégalités.

Les effets musclés du « 100 % Santé »
Les prestations sociales assurent davantage que la fiscalité un rôle de redistribution. Pour ce quinquennat, la forte hausse de certains minima sociaux (allocation adulte handicapée, minimum vieillesse, parent isolé) a un impact important pour les premiers déciles, de même que l'élargissement et la revalorisation de la prime d'activité pour les travailleurs pauvres (qui a rajouté quasiment un treizième mois à un célibataire au SMIC).

Et il ne faut pas oublier bien d'autres « petites » mesures aux effets déterminants pour certaines populations. A l'instar de la prise en charge à 100 % d'une partie des soins dentaires, d'optique et d'audioprothèses, ou encore de la Garantie jeunes (pour les jeunes ni en emploi ni en formation), dont le gouvernement s'apprête à annoncer une nouvelle extension.

L'édition 2021 de l'Insee sur Les revenus et le patrimoine des ménages est venue rappeler récemment que les transferts publics - entre prestations reçues et prélèvements acquittés - corrigent sensiblement des inégalités primaires très importantes en France. Ainsi, le revenu primaire moyen des 10 % les plus aisés est-il treize fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres. Mais ce ratio est ramené à sept après transferts monétaires.

Il tombe même à un contre trois pour le niveau de vie dit élargi, c'est-à-dire en prenant en compte non pas seulement les transferts monétaires, mais aussi les transferts en nature, comme l'éducation, la santé et le logement. Des services publics qui contribuent pour 50 % à la réduction des inégalités, souligne l'Insee. L'accès à des services publics gratuits ou à un coût plus faible que celui du marché a, de fait, une importante relative plus prononcée pour les moins aisés. Le système de santé et les aides au logement génèrent la redistribution la plus significative.

Une quarantaine de mesures intégrées
Une mesure telle que le dédoublement des classes de CP-CE1 en zone d'éducation prioritaire peut jouer aussi un rôle décisif. Inversement, la réforme durcissant les conditions d'indemnisation de l'assurance-chômage ou le calcul des APL en fonction des revenus récents (et non de ceux d'il y a deux ans) pénalisent les moins aisés.

Avec cette grille de lecture exhaustive, on comprend mieux, au final, pourquoi le bilan redistributif de la politique d'Emmanuel Macron apparaît beaucoup plus équilibré que certains voudraient le faire croire. L'évaluation du Trésor intègre les effets de pas moins d'une quarantaine de mesures socio-fiscales. La crise des « gilets jaunes » a changé la donne.

L'empilement plutôt que l'évaluation
On peut en revanche regretter un certain empilement des dépenses, surtout en fin de quinquennat, et le manque persistant d'évaluation des réformes qui sont menées. L'efficacité de la dépense, l'efficacité des services publics, en matière de redistribution notamment, devrait être bien davantage questionnée pour faciliter les choix collectifs difficiles qui devront être opérés ces prochaines années. Sachant que la hausse des dépenses publiques devra ralentir très fortement , ne serait-ce que pour stabiliser la dette après 2022.

Par ailleurs, Emmanuel Macron n'était pas vraiment attendu sur ce terrain classique (très social-démocrate) de la redistribution, mais davantage sur celui de la lutte contre les inégalités de destin, liées aux discriminations de tous types. Sur ce chantier de l'égalité des chances, le bilan est moins fourni, et les résultats ne pourront venir que d'un travail à plus long terme. De quoi inspirer, peut être, ceux qui auront la charge de nourrir le projet du chef de l'Etat pour 2022.
En fait, ce qui m'étonne le plus, c'est qu'avec un tel bilan, aussi peu de reconnaissance et autant d'emmerdes, il est envie d'y retourner.

Des liens

Se souvenir des temps incroyables que nous vivons : le pétrole distribué gratuitement parce qu'il n'est plus vendu, que les stocks débordent, qu'on ne peut pas arrêter l'extraction facilement.

Des classiques à lire en ligne. Les éditions papier sont très jolies, dépouillées.

Les cours de Foucault au collège de France.

Si vous avez du temps et l'envie, vous pouvez écrire, un peu à l'aveugle certes, à une personne en ehpad.

Un site à explorer, celui de l'univers du livre, éditions et libraires.

Une visite d'appartement en temps de grand claquemurage1, sur l'air de "T'as voulu voir Vesoul".

Visitez le tombeau de Ramsès VI ou les les chutes d’Iguazú.

Les masques protègent dans 8% des cas : voir ici à 18 minutes 53 (l'ensemble de la vidéo porte sur l'adoption et la diffusion des nouvelles inventions dans une population).



Note
1 : ©Didier Goux

Déconfinement déconfit

De ce que je comprends en lisant à droite à gauche, il y a les gens accablés à l'idée que cela va durer encore un mois (mais comment ont-ils pu croire un seul instant que cela durerait moins de huit semaines? 76 jours pour les Chinois — il n'y avait aucune raison que nous fassions moins ou mieux) et ceux qui ne veulent pas retourner travailler (salauds de patrons capitalistes qui veulent nous rendre malades; comme si l'école était plus importante que nos vies; etc, etc).


En résumé, il faudrait sortir du confinement mais ne pas retourner travailler.

J'ai l'air d'en rire mais en réalité cela me pertube.
Je pense au grand Bond en avant, quand l'Etat chinois a dit «Mangez, l'Etat vous nourrira», et que les paysans, mon dieu, les paysans, ceux qui savaient bien que la nourriture n'était pas magique, qu'elle poussait et se récoltait à force d'attention et de peine, l'avaient cru, mon dieu, l'avaient cru. Et ils ont mangé leurs réserves, c'était la fête, l'Etat veillait à tout, et ils sont morts de faim l'année suivante.
What do you expect? ai-je envie de crier, vous pensez vraiment que c'est magique, que l'argent sort des murs, des poches des milliardaires-qui-ne-paient-pas-pas-leurs-impôts (syntagme figé, entrée flaubertienne du dictionnaire — millionnaire: ne paie pas ses impôts), que la finance suffirait à nous nourrir tous? Mais la finance, c'est du vent; vous le savez, vous qui demandez le retour de l'économie réelle contre la finance: l'économie réelle, c'est votre travail.
Ô cette façon d'avoir oublié le lien entre son salaire et le travail accompli.
Il faut être à son compte en ce moment pour le mesurer.

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Pour les netfliqueux : si vous aimez les polars (un peu gore) vous pouvez tester Headhunters.
Vu American psycho (pas mon genre) et Wajda sur Arte (magnifique jeune actrice. A regarder en VO).
Commencé The Intruder (Arte toujours).

Des liens

Jobs utiles et jobs à la con : le pays tourne grâce aux smicards, mais d'une certaine façon nous le savons depuis toujours; cela a été théorisé en 2013.

Un ami m'envoie une explication de la pénurie de masques. Ça ne me fait pas franchement rire parce que j'ai connu ça.

Pour ceux qui veulent un exemple réel, voici ce que j'ai obtenu en janvier quand j'ai voulu faire une réclamation sur le site de la SNCF: "moins d'un an" n'avait pas été programmé comme "moins de treize mois" mais comme "l'année doit être identique à celle du jour de la réclamation".
Et sinon un projet en tchèque, la Bible adaptée au XXIe siècle (je vous mets le lien pour que vous puissiez vous vanter plus tard d'être dans ses premiers fans français). Rémi a traduit deux péricopes, les noces de Canaa et la résurrection de Lazare.

J’adore lire la #Parabible d'Alexandr Sasha Flek qui est une réécriture du Nouveau Testament avec notre langue de tous les jours.
En ce week-end pascal, je me suis inspiré du chapitre LÁĎO POJĎ SEM! lui-même tiré de Jean 11.
Marthe, la sœur de Marie, envoie un texto à Jésus: « ton copain Lazare est au plus mal. Viens! »
Il lui répond: « avec le confinement, c’est balèse. Thoughts & Prayers! »
Mais deux jours plus tard, il dit à sa team: « allez! on lève le camp. Faut y aller!
— T’es pas sérieux?!?!… en pleine quarantaine? On va se faire lyncher! »
Jésus leur répond: « si tu voyages de nuit, en douce, tu éveilles les soupçons de la police et tu te fais arrêter. De jour, la conscience claire et la tête haute, tu passes tous les barrages.
— et les risques d’attraper le virus? tu y’a pensé?
— Lazare s’est endormi. Allons le réveiller! »
Arrivés sur place, Marthe le tance vertement: « il est mort du Coronavirus! Tu lui as manqué dans ses derniers instants. Dans son dernier souffle, il demandait où t’étais!
- Ne t’inquiète pas, il va se relever… »
Elle l’accompagne à la morgue, pour que Jésus puisse se recueillir devant la dépouille de son ami. Mais là, à la surprise de tous ceux présents, il toque sur le cercueil et crie: « Lazare, sort de là! »
Lazare repousse alors le couvercle du cercueil. Il est tout ankylosé mais à part ça, vif comme en l’an 40.
Le problème, c’est que le fait s’ébruite.
Un membre de la team qui a filmé la scène, le poste sur Facebook.
Les médias s’en saisissent.
Gros titres: « on peut ressusciter du Coronavirus! »
Ça colle pas du tout avec la politique du premier ministre, Ponce Pilate, qui veux tirer à lui la couverture médiatique de la gestion de la pandémie.
Pâques approche, un plan est établi pour se débarrasser de ce fauteur de trouble dans une émission de télé-réalité bien sanglante.


LES NOCES À SCY-CHAZELLES
Comme Marie faisait la plonge gratis, on avait invité Jésus mais sans penser qui viendrait avec tous ses potes…
Et qu’ils picoleraient autant!…
Marie, en cuisine, s’inquiète de voir les cubis disparaître si schnell. Elle fait venir son fils & lui explique: “mir habn a problem” (*en bons Juifs du coin, ils parlent yiddish).
- Kein problem, Muti.
Il ordonne qu’on verse les cubis restants dans une grande cuve. Versez-y la salade de fruit (on a le gâteau de mariage, ça suffit comme dessert), diluez à ras-bord avec de l’eau. Vous le servirez en appelant ça "sang du Christ" ou plutôt "sangria", c’est plus « vendeur », et vous ferez cela en mémoire de moi à chaque fête.
Discrétôs, il y verse le reste de MDMA qu’il avait pas réussi à vendre à la rave de la veille.
Ça a été un mariage du feu de Dieu!
Le père de la mariée a félicité son gendre de faire servir des cocktails 🍹 aussi réussis.
C’est de là que date la réputation de Jésus comme Sauveur de situation.

La crise à venir

Pour parachever la présentation géopolitique d'hier, un fil avec des graphiques sur la prochaine crise.

(Je le copierai en clair quand j'aurai trois secondes de façon à le conserver pour les années à venir. (Toujours ce doute sur la pérennité du web.))


Bonus : une heure et demie d'entretien avec Gaël Giraud.


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Agenda :
Vu le chirurgien ce matin (Yerres-Montigny-le-Bretonneux en transport en commun: absurde! (pourquoi si loin? parce que ce chirurgien m'a été recommandé par une rameuse. Les vestiaires, mon réseau perso.)). OK pour opérer dès que possible.

Après avoir refusé ce week-end que je vide la bibliothèque du bureau de O. («les ouvriers ont dit qu'ils se débrouilleraient» — ce qui me paraissait tout à fait impossible sans qu'ils se prennent trois cent kilos de livres sur la tête), H. l'a fait tout seul cet après-midi en la transportant dans le salon.
Ce soir il est épuisé et la bibliothèque ressemble à ça :


2019-0327-bibliotheque-tranches.jpg

Macron et les start-ups (ou : les start-ups de Macron)

Je copie une discussion qui a eu lieu sur Twitter. Elle a des embranchements, on s'y perd un peu, ne soyez pas surpris en cas de répétitions : j'ai repris des tweets pour la compréhension et les embranchements.


Daarjeeling 22 juin
Une idolâtrie naïve de la culture startup chez #Macron
Une détestation maladive des entreprises chez #Melenchon
Trouvons le #JusteMilieu..

Alice 22 juin
Cette histoire de start-up... je me suis tjrs demandé si c'était analogie stricte ou juste une réf au dynamisme, à l'esprit d'entreprendre.

Daarjeeling
sans doute un peu les deux : un vrai "culte" du jeune entrepreneur high-tech ET une allégorie de la société qui doit (se) bouger..

Daarjeeling
je n'ai rien contre ça, en fait, juste ne pas ni l'idéaliser ni en faire le seul modèle possible ou même souhaitable.

frederic kavita 22 juin
startup c'est plus un etat d'esprit. Le probleme c'est que quand on parle de startup on pense uber.

Daarjeeling
maintenant oui, alors que c'est une grossière simplification. Tous n'est pas rose chez les startup, mais pas si noir non plus..

frederic kavita
il ne faut pas confondre une startup une entreprise qui a croissance rapide avec la methodologie startup deux choses differrentes

Alice
Donc de quoi parle Macron ? Parce qu'on voit bien que certains préfèrent retenir le pire.

frederic kavita
startup nation en realité signifie une nation d'entrepreneur qui innove. ce terme startup nation est utilise dans d'autres pays comme israel

Alice
Perso ayant confiance en Macron j'ai juste traduit: audace et liberté par opposition aux mastodontes..

Daarjeeling
Comme souvent avec Macron on peut être également confiant ou méfiant sur la même déclaration. J'aime l'esprit, je me méfie des dérives.

frederic kavita
la philosophie de base de la philosophie #startup ça reste très social après l'excès du capitalisme a creer les effets pervers

Daarjeeling
totalement d'accord. La recherche de fonds (et les trouver..) entraine paradoxalement souvent ces concessions insupportables et perverses

frederic kavita
aujourdhui c'est juste des operations financière on espere se faire racheter a prix fort comme ça on se la coule douce après

Alice
Ms ne se font racheter ainsi que ceux qui ont du succès (captain train etc). Ce qui veut dire qu'on a bcp travaillé ET eu de la chance.

frederic kavita
c'est l'obsessions des gens alors que tu peux etre une startup est gagne ta vie normalement sans chercher devenir le nouvelle licorne

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frederic kavita
à la base la philosophie #startup est très social mais les fonds d'investissement ont malheureusement prit le pouvoir…

Daarjeeling
une culture startup est utile pour démarrer /innover /créer. Pas du tout à long terme. Un "developpement durable" d'entreprise est complexe

Daarjeeling
les raccourcis que tu prends en mode "startup" sont géniaux : transposés sur le long terme, c'est une catastrophe sociale et humaine

frederic kavita
tu reduis encore : entreprises mais ça va plus loin que ça. les startup existait alors qu'elle n'appliquait pas les methodologie startup

Daarjeeling
je ne crois pas. J'utilise le mot dans son acceptation actuelle, et c'est un domaine que je connais un peu..

frederic kavita
nation startup ne veut pas dire que toutes les entreprises deviennent uber, uber dans le millieu startup n'est pas même pas apprecié

Daarjeeling
on est d'accord. par contre, sous-payer salariés en échange bonus futurs, enthousiasme grisant mais horaires de fous.. c'est partout

Daarjeeling
d'où ma remarque : ce sont des raccourcis potentiellement parfaits, à condition qu'ils ne deviennent pas un mode de vie / fonctionnement

frederic kavita
il faut arrete de mettre le mot startup a tout va. aujourdhui le mot startup est dans son sens dernier une entreprise a croissance rapide

Daarjeeling
ce qui le résume à uniquement celles qui réussissent, notamment en croissance explosive. Très loin d'être le cas majoritaire.

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Nouvelle conversation

Daarjeeling
Une idolâtrie naïve de la culture startup chez #Macron
Une détestation maladive des entreprises chez #Melenchon
Trouvons le #JusteMilieu..

Alice
Cette histoire de start-up... je me suis tjrs demandé si c'était analogie stricte ou juste une réf au dynamisme, à l'esprit d'entreprendre.

Daarjeeling
sans doute un peu les deux : un vrai "culte" du jeune entrepreneur high-tech ET une allégorie de la société qui doit (se) bouger..

Daarjeeling
je n'ai rien contre ça, en fait, juste ne pas ni l'idéaliser ni en faire le seul modèle possible ou même souhaitable.

Daarjeeling
tout le monde n'a pas envie / n'est pas fait pour être entrepreneur..

Alice
Oui, ms ceux qui n'ont pas envie de ça ne veulent pas que les autres en aient envie. Ils leur reprochent autant la réussite que l'échec.

Daarjeeling
C'est vrai. Il faut aider / encourager les startup/entrepreneurs (tout en les encadrant), sans en faire le seul modèle d'épanouissement.

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Nouvelle conversation

THEO LE CROQUANT @theo_jt 22 juin
naive? je ne pense pas!mais il est certain, l'un vit avec son temps, l'autre est resté en 1789

Daarjeeling
je crois qu'il faut aider/encourager les startup et les entrepreneurs, mais aussi se rappeler ce qu'ils peuvent générer d'abus, de stress..
Daarjeeling
et au-delà de ça, tout le monde n'a pas vocation à créer une entreprise, tout n'est pas que recherche de profit, etc.

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Nouvelle conversation
FrancoisRegisPastol @EtreBienNOW 22 juin
Ah non, je suis insoumis et je ne crois qu'à l'entreprise. #DEBUNKED

FrancoisRegisPastol
Et vous savez quoi, j ai le droit et on ne me pends pas. Je dois être tombé sur des modérés. #DEBUNKED
Fin de la conversation

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frederic kavita @frederickavita 22 juin
l'esprit startup c'est pas juste une méthodologie pour monter des startups c'est bien au-delà de ça

J.F.Covfefe @flodjX 22 juin
Ne dit pas de mal de notre seigneur-dieu Macron, réincarnation de gauche du général de Gaulle, en plus intelligent et plus précoce.

Jordhan PRAO @jordhan_prao 22 juin
J'ignore la part de symbolique que Macron accorde au terme mais le peu d'expérience qu'il en a fait que l'usage qu'il en fait me dérange.

HugoMe @HugoMe 22 juin
Naïf Macron ? Allons donc.
C'est un véhicule pour promouvoir le dynamisme et la confiance en soi.

frederic kavita @frederickavita 22 juin
#startup c'est un état d'esprit et une méthodologie pour résoudre des problématiques complexes

Laudato si

Nous reprenons ce matin l'encyclique "écologique" que nous avions déjà préparée en janvier. La chargée de TD (ou équivalent) est une sœur auxiliatrice qui travaille dans un service néonatal de grands prématurés et nourrissons handicapés: une confrontation vraie à de vrais dilemmes. Son sujet de thèse est passionnant: tragédie classique et morale (peut-on utiliser les tragédies classiques pour résoudre des dilemmes moraux?)

J'avais peur que ce soit ennuyant, mais finalement (comme à chaque fois) non. Le peu que nous restons au bout de toutes ces années est trop passionné pour qu'une discussion quelle qu'elle soit soit ennuyante.

Au passage, la remarque d'un étudiant contre l'importance que prennent parfois les animaux au détriment des hommes: «les animaux des pays riches qui comptent davantage que les hommes des pays pauvres» et «la SPA 1845, l'abolition de l'esclavage 1848». (A quoi je murmure à mon voisin: «adhésion de la Suisse à la FIFA 1904, adhésion de la Suisse à l'ONU 2002». Il me répond drôlement: «Oui, mais ça, c'est normal.»)

Tout à la fin (mais pourquoi n'y ai-je pas pensé avant?), je jette un pavé dans la mare: est-il réellement cohérent de parler d'écologie, de sauvegarde de la "maison commune", sans parler de démographie, de surpopulation, et donc de contraception? n'y a-t-il pas là un angle mort de l'Eglise, un point aveugle?
Gros brouhaha. Jacques, que j'estime beaucoup, me surprend en évoquant la dépopulation européenne, à quoi je réponds que nous sommes sur une seule planète, et qu'il suffit de rééquilibrer la répartition de la population. Mais notre culture? me répond-il. Mais si nous attendons la Parousie, quelle importance, la population qui peuple l'Europe? Quel est notre espoir, qu'est-ce qui compte?
Nous nous séparons dans un certain désordre.

Pas le jour

Zut, je suis agacée. Et je devrais travailler et je ne travaille pas. Tout est allé de travers aujourd'hui, à peine, imperceptiblement, bien peu par rapport à l'agacement généré, à commencer par le réveil que je n'avais pas mis à sonner, le téléphone oublié dans la voiture dont je ne savais plus si je l'avais fermée, les "amis" FB qui vous menacent si vous ne signez pas leur pétition (??) alors qu'eux-mêmes ne réagissent jamais à aucune de vos sollicitations, ceux qui vous signalent que votre statut est ridicule, A. qui est incapable de comprendre que si j'envoie une question par sms c'est pour avoir une réponse et ce soir le réseau de la maison qui est tombé (problème d'adresses, de baux DHCP) alors que je me faisais une joie de regarder la suite de The OA.

(Mais qu'est-ce que j'ai? Rien de cela ne justifie mon énervement. La frustration aussi de savoir que si j'expliquais ma façon de penser à deux ou trois niquedouilles, ils ne s'en remettraient pas et qu'il faut donc que je me retienne. Je suis trop gentille.)

Et sinon il y a ça qui traîne (GOP: Républicains = Great Old Party): «domaines que les Républicains souhaitent réguler». Je le publie moins pour la sixième image que pour les cinq premières, résumé lapidaire de ce qui désormais occupe le devant de la scène (je me souviens d'une époque où c'était la guerre froide, la faim dans le monde, le prix du pétrole (élevé)).


2017-0106-regulation-deregulation-trump.jpg


Jour tranquille

Journée de travail sans fantaisie mais fructueuse. Mes cadeaux de Noël sont finis, à un près. Mais celui qui manque est compliqué.

H. rentre de Tours aphone.
Les amants du Capricorne. Larmoyant pendant la première moitié, prenant de l'épaisseur ensuite en intriquant les cas de conscience. Ce genre d'intrigue ne serait plus possible: les personnages principaux auraient divorcé rapidement. C'est cet interdit qui permet la tension du film: comment résoudre les contradictions puisqu'il n'est permis ni de se séparer, ni de tuer?

—————
Jour tranquille. Je me demande si je dois changer le titre. Alep tombe, Poutine semble victorieux sur tous les fronts. Par un enchantement que je ne comprends pas, personne ne semble oser ou même souhaiter lui tenir tête. Je me dis que je vais faire mon mémoire de dernière année sur le diable (je me demande si on me laisserait faire. Ce n'est plus une explication du mal très prisée. Je pense avoir compris la méthode de ce genre de travail: établir un vaste panorama historique, à commencer par le Nouveau Testament, où Belzébuth et ses légions sont clairement nommés, ce qui permet de noicir quatre-vingt-dix pour cent des pages à rendre.)

Dans les bizarreries du temps, et pour passer de la tragédie à la farce, les époux Balkany sont accusés d'avoir organisé un mariage pour s'approprier un terrain. Dickens, Brontë, Balzac, je ne sais plus très bien. Mais que se passe-t-il?

Cette impression de farce est permanente. Farce aussi, tragique elle, le cabinet de Trump: un banquier de Goldmann Sachs aux finances, un climatosceptique à l'environnement, un général fou de guerre à la Défense, un nazi pour porte-parole, un pétrolier poutinophile aux affaires étrangères, un médecin anti Obamacare à la santé…




Je note tout ceci en espérant encore que cela paraîtra ridicule dans quelques temps, qu'il va être un président apportant la paix et la propérité… Je note tout ceci pour avoir quelque chose à répondre aux enfants qui ne sont pas encore nés lorsqu'ils viendront nous demander pourquoi nous n'avons rien fait: je note notre impuissance et notre appréhension.

Quelques prédictions

Tard le soir, regardé Margin Call. J'ai tant l'impression que ceux qui devraient être en prison, que ceux qui auraient dû être punis pour avoir plongé la planète entière dans la récession, vont se retrouver au pouvoir…
Ils vont être au pouvoir, ils vont provoquer une ou des catastrophes, ils seront finalement châtiés (par l'enchaînement des faits ou par la justice des hommes), mais entretemps, beaucoup d'autres auront vu leur vie détruite par leur incompétence et leur cupidité.
Les prédictions, c'est un bon moyen d'être ridicule. Heureusement, on les oublie, sauf ceux qui les exhume.

Et après avoir regardé Margin Call j'écris une fois encore que je me soulerai à mort le jour où j'apprendrai la chute d'une agence de notation.

Mauvais réveil, mauvaise journée

Réveillée par O. en plein cauchemar, il faut aller à Boissy à cause des grèves, O. qui devrait commencer à dix heures commence à neuf par un petit déjeuner avec ses professeurs, tous mes calculs de délai sont inadaptés, mon horloge interne déboussolée.

Coiffeur. Bibliothèque de l'ICP pour rendre trois livres. Je découvre la grève des éboueurs. Trains, avions, poubelles, terrorisme, tout coïncide pour faire de l'Euro un fiasco. J'espère me tromper, non par amour du foot mais par nécessité économique.
Je rends trois livres, je vais essayer de lire ma bibliothèque cet été. Exception peut-être, Le Buisson ardent de Greisch, la Correspondance d'Hegel et la quête du Jésus historique de Schweitzer.

Fête des Terminales. O. s'est déguisé en Blondin (Le bon, la brute et le truand). — Ça s'est bien passé? — Oui.
Il n'est pas très disert, ce n'est pas étonnant de sa part, mais en réalité, je le comprends quelques instants plus tard, il est malheureux. Il a eu ses résultats d'APB (admission post-bac), tous les grands lycées l'ont refusé, il est déçu, je m'attendais à cette déception (sans avoir osé le prévenir, espérant un miracle) car ses notes anticipées étaient mauvaises. Mais on a beau s'y attendre, cela fait toujours de la peine de voir son enfant avoir de la peine, et je m'en veux: il aurait vraiment fallu surveiller davantage son TPE, son français, ses études, tout enfin. Ma culpabilité, mon sentiment de responsabilité universelle me quitteront-ils un jour?
Eternellement1 je me souviendrai de la remarque d'Hervé, dans une rare occasion d'épanchement du fond de son cœur toujours si difficile à exprimer, apprenant les notes de français d'Olivier (et l'excellente note de Claire, sa cousine): «j'aimerais tant pouvoir être fier d'eux», et ma réponse: «nous n'avons pas beaucoup donné l'occasion à nos parents d'être fiers de nous».
Tout cela n'est-il qu'un retour de karma? Mais pourquoi nos enfants devraient-ils payer pour notre mauvaise conduite?
Je me rends compte à quel point il est vertigineux d'être sur des rails dès dix-sept ans: un lycée ou un autre, un cursus ou un autre, et c'est tout un avenir qui se dessine dans cette société française si conservatrice si fort qu'elle s'en défende.
La seule façon d'y échapper est sans doute de partir, pour un temps ou pour toujours, à l'étranger.

Le soir j'ajoute à mon blues en feuilletant les feuilles d'impôts des vingt ans précédents. Quelle vie en dents de scie, comme j'ai eu peur, comme cela a été compliqué (373 euros d'impôts en 2010, non imposable en 2000: les frasques professionnelles d'H.)

Mais H. est heureux, il revient de l'ambassade des Etats-Unis et prépare son prochain voyage d'affaires. Allons, tout va bien.


1: ou peut-être pas, car c'est à cela que sert écrire, oublier, l'écrit garantissant le souvenir offrant enfin la possiblité d'oublier (il me semble que Nabokov dit quelque chose de ce genre dans Mademoiselle O. en parlant de crayons de couleur. (Non, vérification faite, il dit que les choses racontées changent de substance.))

Les nouvelles technologies et la finance

Réunion des entreprises du groupe cliente de la banque du groupe.

J'ai appris qu'il existait des expériences d'assurance "participative", comme inspeer. Cela m'a éblouie: d'une part je pensais cela impossible vu les obligations posées par l'ACPR, d'autre part c'est revenir aux fondamentaux de l'assurance, quand les armateurs vénitiens partageaient les risques de leurs navires en partance et cela me ravit.
Cela ne concerne que de petites sommes, en l'occurence les franchises non couvertes par les assureurs traditionnels, mais c'est intéressant dans la démarche: cela revient à ressentir à nouveau la mutualisation, la dépendance dans laquelle nous sommes chacun du comportement de tous.


Présence d'un des fondateurs d'Unilend qui prête aux PME et TPE. Quelques commentaires de ce fondateur:

— Nous ne prêtons pas pour des besoins de trésorerie mais pour des projets.

— Embaucher est un projet. 25% des entreprises qui ont emprunté ont embauché. Mais pour une banque, emprunter pour embaucher, ça n'existe pas: vous avez ou pas les moyens d'embaucher. Elles ne prêtent pas pour ça.

— Le dernier défaut de paiement en date d'un prêteur sur la plateforme est un maraîcher de Rambouillet : le centre-ville est devenu piétonnier, des supérettes se sont installées en périphérie, il ne s'est pas payé pendant trois mois puis il a jeté l'éponge. Plus bas, sous son souffle, comme à regret: souvent l'Urssaf y est pour beaucoup et reprenant le sourire, comme ne voulant pas être trop grave après avoir dit une vérité: mais bon, c'est logique, ça leur fait des clients.

— Pour les sommes importantes, nous avons aussi des entreprises dont la banque a atteint sa limite de prêts sur une ligne de crédit donnée: la banque accepte de prêter la moitié de la somme mais demande à son client de trouver l'autre moitié ailleurs. Dans ce cas, les banques sont contentes de nous voir car elles savent que nous prêtons sans arrière-pensée, nous n'essaierons pas de leur prendre leur client.


Le lendemain, je raconte cela à H. qui commente: «En France, les banques prêtent à ceux qui ont déjà. Aux Etats-Unis, c'est une autre conception. La banque et les financiers disposent d'une grosse enveloppe de prêt qu'ils partagent entre deux ou trois cent entreprises. Ils attendent un retour de 40%. Ils ne donnent pas la somme empruntée d'un coup mais la distillent en fonction des résultats. Ils suivent les entreprises mois par mois et arrêtent de les financer dès que les résultats s'éloignent des prévisions. Ils en "tuent" 80%, mais dans celles qui restent, ils en ont une ou deux qui rapportent plus que les 40% globaux attendus.»

Panama Papers

J'ai l'impression que les Panama Papers font davantage rire les Français (source de plaisanteries, de dessins, reprenant cette remarque de Balzac que je ne me lasse pas de citer: «En France, tout est du domaine de la plaisanterie, elle y est la reine : on plaisante sur l’échafaud, à la Bérézina, aux barricades, et quelque Français plaisantera sans doute aux grandes assises du Jugement dernier.») qu'ils ne les scandalisent (ce qui n'est pas pour me déplaire, d'ailleurs. Je préfère cela aux bougonneries perpétuelles).

Peut-être n'est-ce que moi qui suis fataliste et désabusée depuis que j'ai appris qu'en 1932, la révélation de comptes cachés en Suisse a permis, non pas la condamnation des fraudeurs, mais la chute du gouvernement. (J'en ai déjà parlé, je pense, car cela m'a accablée: à quoi bon les déclarations de principe, les puissants ne sont mis en cause que par les révolutions (et c'est alors dans le sang. Or je ne souhaite pas de sang, et la révolution me fait peur. Comme dirait H., quoi qu'il arrive, nous serons du mauvais côté: pour la gauche (la vraie) nous serons riches, pour la droite, nous serons intellos.


PS: 11 avril. J'ajoute ces pastiches à la Panamanière. Voir aussi chez Elisabeth et Guillaume.

Cabinets d'audit, agences de notation et vieille rancune

The Big Short à La Défense. J'avais préféré Margin Call, à voir avant Inside Job. En fait, j'avais compris très tôt le mécanisme de la crise grâce à mes "petits déjeuners de la finance" expliqués par des banquiers (je retrouverai la date dans ce blog: en 2008, sans doute, quand je travaillais encore à la doc).

J'attendrai le reste de ma vie la chute d'une agence de notation, n'importe laquelle. Et ce jour-là j'arroserai ça à rouler sous la table.
Ça peut arriver. Après tout, Andersen est bien tombé. (Comme il est difficile d'expliquer à quelqu'un qui n'est pas de ce monde-là la haine que suscite, que suscitait, en moi ceux qu'on appelait les "big six" (Arthur Andersen, KPMG, Ernst and Young, Coopers and Lybrand, DTTI (ex-Touche Ross), Price Waterhouse), ceux qui nous courtisaient à la sortie de Sciences-Po, et que, rien qu'à voir quels étudiants ils attiraient — les plus prétentieux, les plus méprisants, les plus imbus de leur personne — je savais qu'ils étaient, qu'ils seraient (dans mes années professionnelles à venir) mes ennemis héréditaires. (Et cette intuition s'est confirmée: gens inutiles pleins de morgue payés très cher brassant beaucoup de vent — il aura fallu attendre V., élève dans ma promo à l'ICP et associé de l'un de ces grands cabinets, V. si réservé, aimable, prévenant, (le prince de la gougère au fromage) pour que je me dise que peut-être, il y avait quelque chose à sauver dans ce monde que je méprise (quelle est la phrase, déjà? «Certains rêvent de penthouses, de grosses voitures et de strip-teaseuses, d'autres de chalets isolés qui leur permettront de ne jamais croiser les premiers»)).

Phrase à retenir du film: «Ils ne sont pas stupides, ils s'en moquent. Ils savaient que les contribuables paieraient les pots cassés.»


Sans rapport et sans transition:
Ce matin, j'ai cherché quelques auteurs à télécharger sur mon téléphone, des auteurs pour la plupart libres de droits (je choisis des œuvres complètes entre un et trois euros, parce que tout travail mérite salaire). C'est amusant de constater ce qui m'est venu à l'esprit (en choisissant les langues que je lis: français, anglais, péniblement allemand):
- Berlin Alexander Platz (en allemand)
- Derrida par Peeters (lors d'une recherche sur Derrida)
- Tristam Shandy
- The Golden Bough
- De l'origine des espèces (Darwin en français)
- Tout Dickens, tout Swift, tout Carroll, toute la poésie de TS Eliot, Ulysses, Don Quichotte dans la traduction récente, les Mémoires de St Simon en deux tomes, tout James, tout Wilde, tout Poe, tout Baudelaire, tout Rimbaud, tout Chateaubriand, tout Proust (ou presque: pas Jean Santeuil et deux œuvres non libres de droits), tout Flaubert.

C'est un vertige que tout cela prenne si peu de place. Mon téléphone me devient très précieux, je le contemple avec respect: ce n'est pas possible (trois ans plus tard, elle comprit ce qu'était un iPhone… (mais enfin, qui ici a vu en 1989 un informaticien excité comme un pou à l'idée de posséder un disque de 60 Mo? J'ai quelques excuses à ne pas m'habituer. L'évolution a été proprement phénoménale.))

J'avais déjà téléchargé tout Hugo et tout Verne, Moby Dick, tout Kafka, Apologia pro Vita Sua et Balzac au compte-goutte (je le lis sur mon téléphone dans la journée, et le soir je lis les introductions et les notes dans la Pléiade.)

Vivrai-je assez longtemps? Curieusement, il me semble que je dois pouvoir tout lire. Pour la première fois, ça me paraît possible. (J'ai oublié Homère.)

Il me manque les Russes, des Russes. Mais je ne lis pas le russe. Et Tabucchi.

Microcrédit

A la suite du remboursement imprévu des impôts, j'ai accordé (je ne sais pas quel verbe utiliser: souscrit? choisi?) quelques prêts via kiva, sans savoir si j'obéissais à une impulsion superstitieuse à la suite de ce coup de chance ou à une très vieille tradition de remerciement par les prémices telle qu'en offre le Pentateuque et que le représente aujourd'hui encore Thanksgiving (certains diraient que ce n'est pas différent).

Ce sont des prêts par tranche de 25 $ accordés à des particuliers à travers la planète pour les aider dans un projet ayant un impact immédiat sur leur vie quotidienne. Il y a très peu de défauts de paiement, mais l'idée est moins de récupérer son argent que de reprêter les sommes remboursées. Des prêts perpétuels, en somme, qui tournent autour de la planète.
J'aime beaucoup regarder la variété des emprunteurs, imaginer leur vie (sans doute complètement de travers, mais tant pis) et la variété des prêteurs. Regarder qui prête à qui, comme par exemple les prêts accordés par ce Saoudien (j'essaie de travailler contre ma méfiance envers l'Arabie saoudite, de ne pas réduire les gens à leur gouvernement) ou la variété géographique des prêteurs pour le projet de ces femmes lourdement voilées, par exemple. Tout cela me redonne espoir et combat mes préjugés.



La semaine dernière, j'ai découvert du crowdfunding d'un autre genre. Il s'agit bel et bien cette fois-ci de s'enrichir en prêtant à des entreprises françaises, des TPE et PME. Il y a un risque en capital (si l'entreprise fait faillite), vous gagnerez moins qu'à la bourse mais plus qu'avec un livret A ou un billet de loto (statistiquement) et vous participerez à "l'essor du tissu économique français", si vraiment vous y croyez (la vérité par l'argent: où placez-vous vos fonds?)
Il s'agit de Lendopolis, par les créateurs de Kisskissbankbank et hellomerci. Les projets présentés ont été validés par des experts comptables et peuvent rapporter entre 5 et 12% sur 24 à 60 mois.

Donc si vous en voulez beaucoup aux banques, si vous êtes prêts à risquer un peu de l'argent qui dort sur votre livret A, voilà de quoi joindre l'utile à l'utile.


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Quatre Ena2. Adeline, moi, Dominique, Florent. Beaucoup de vent, difficile. Ça penche terriblement à babord.

Des stats tristes

Rien à raconter, alors je mets quelques liens de sujets effleurés sur FB :

- le rapport du Crédit Suisse sur la richesse mondiale (merci JY) et ma mauvaise conscience à savoir que je fais partie des 5% les plus riches (évidemment, cela fait trois cent cinquante millions de personnes malgré tout);

- la courbe descendante des tués sur la route en quarante ans;

- des chiffres sur le suicide (2006. De la difficulté d'identifier précisément un suicide. Des hommes âgés de plus de 45 ans et non des adolescentes anorexiques. Etc.) Un observatoire a été créé en France en 2014.
Le projet le plus extraordinaire que je connaisse contre le suicide est celui-ci. Il a été transplanté en Allemagne, j'aimerais qu'il s'implante en France.

La Grèce a dit non

Matinée dans les bouchons: O. a passé son test d'aptitude à partir avec moi en conduite accompagnée. Visiblement toute l'Ile-de-France a pris sa voiture en espérant qu'il n'y aurait personne sur les routes : raté !

H. est parti hier pour Poitiers, ce matin pour Muret: «on y va, on se fait engueuler, on revient.»

La Grèce a dit non, je n'avais pas particulièrement d'opinion sur le referendum en lui-même (je me méfie des referendum), mais j'espérais vraiment que quelqu'un allait s'opposer à la financiarisation du monde. Je n'ai toujours pas digéré que les responsables du krack de 2008 ne soient pas en prison. En 2010, je saluais déjà la Grèce en ce qu'elle constituait un grain de sable dans les rouages destinés à digérer le vulgum pecus.
Mais maintenant j'ai l'impression d'être lâche, car ce sont les Grecs qui vont payer.
(Mais ils auraient payé de toute façon).
Qu'avons-nous comme exemple? l'Argentine (les enfants qui s'évanouissent de faim dans les écoles), l'Islande (le chanteur de métal à la tête du pays).
Pourvu, pourvu, pourvu… J'ai peur pour eux, pour nous, pour ce rêve d'Europe de 1944-1945 qui a commencé à se désagréger au fur à mesure que nous allions bien (car lorsque je regarde la quantité de trucs inutiles à vendre, les petits vélos pour découper la pizza et les pinces pour attrapper les toasts (longue station ce matin devant une vitrine en attendant l'ouverture de l'auto-école), non, je ne peux pas dire que nous soyons pauvres: en crise, oui; déchirés par les inégalités, oui; pauvres non), avec comme point d'orgue la réunification allemande qui a paru mettre un point final à la guerre (alors qu'en réalité se rouvrait peu à peu un front à l'Est au fur à mesure de l'émancipation des pays de l'ex-URSS).

Yolette de pointe et coup de soleil.

Première sortie en voiture pour O. C'est tout de même ennuyeux que ce soit une automatique.

Le mariage gay, non, les femmes à poil, oui.

La semaine dernière, Hervé tenait un stand au salon des maires. Comme je lui parle du livre d'Aubenas — qui n'a fait que confirmer ce que je savais, pour chaque chapitre ou presque je pourrais raconter une anecdote parallèle — et que je lui dis: «Ça va mal», il me répond drôlement: «Oui, il y avait beaucoup moins de stands que l'année dernière [Un stand coûte très cher]. Les petits éditeurs [de logiciels] ne sont pas venus. Les gens se replient sur l'essentiel. Moi ça m'arrange, je vends de l'essentiel.»

Nous avons eu peu de temps pour discuter le week-end dernier et il est parti à Mulhouse lundi.
Hier il me dit: «Ah tiens, j'ai quelque chose pour ton blog. C'était distribué au salon des maires.» Et il me tend la carte suivante (recto/verso, de la taille d'une carte postale).



Paupérisation

Je commence En France de Florence Aubenas. Les premières lignes sont les suivantes:
Cela se passe pendant l'année de l'élection présidentielle, pas celle-là, la précédente, en 2007. On est à l'automne, au moment où, dans les fermes et les maisons de la Creuse, on remplit les cuves de fuel en prévision des grands froids. A Guéret, les agents de la Caisse d'allocations familiales (CAF) voient alors arriver des gens qui ne venaient jamais dans leurs bureaux: des retraités avec des pensions de quelques centaines d'euros à peine, mais qui vivaient silencieusement depuis toujours et se seraient étonnées d'être considérés comme pauvres. Cette année-là, ils poussent la porte de la CAF, gauches, effarés d'avoir à demander quelque allocation, se présentant tous par la même phrase: «Pour la première fois, je n'ai plus les moyens de faire rentrer le fuel.»

Florence Aubenas, En France, incipit, éditions de l'Olivier, 2014
Jeudi ou vendredi dernier j'ai eu une retraitée au téléphone en fin de journée. Elle se renseignait sur le montant de la cotisation: «Je me suis fait avoir quand ils m'ont proposé de partir en retraite. Je ne pensais pas que j'aurais si peu après 43 ans de travail. 43 ans! Je ne m'en sors pas, il faut que je retourne voir la RH pour voir si elle accepte de me reprendre.»

PME en croissance

— Tout de même, ils savent ce qu'ils ont gagné depuis que tu es là.
— Ils savent aussi ce qu'ils ont perdu. Il y a plus d'argent à distribuer dans une entreprise qui vivote que dans une entreprise qui se développe. Je vais te donner un exemple. L'autre jour, le directeur financier nous a annoncé que nous allions faire plus de résultat que prévu. Le patron a dit: «tant mieux, ça fera des dividendes», le syndicaliste a dit: «parfait, ça fera des primes à distribuer» et j'ai dit «super, on va pouvoir embaucher une personne de plus».

(Evidemment, après, le problème est de choisir entre les options. Mais remarquons que l'optique spontanée du syndicaliste n'est pas de partager le travail mais l'argent (pourquoi pas, c'est tout à fait compréhensible. A condition que les mêmes ne viennent pas faire des discours sur le partage du travail, justement.))

Que faire pendant ses vacances ?

Eh bien par exemple, passer deux heures chez Boulanger à faire des paquets cadeaux.


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Grâce à l'apple TV, montré à H. Margin Call et Inside Job. (Avis à ceux qui ne connaissent pas: il vaut mieux les voir dans l'autre sens).
Il faut bien avouer que Blue Jasmine ne me fait ni chaud ni froid. Je peux tout au plus penser "bien fait". C'est un conte très moral que nous raconte Woody Allen. La sœur "pauvre" me rappelle le personnage d'Yvonne dans La Chinoise. Elles représentent la sagesse (une certaine sagesse, celle des innocents, celle qui s'ignore) mais aussi la résignation. Que les deux puissent se confondre me met en colère et me fait peur.

Le groupe, passé et avenir

Je suis allée écouter une intervention du patron du groupe à la maison des polytechniciens. Je voulais savoir ce qu'il racontait hors de l'entreprise: je suis rassurée, les discours interne et externe sont identiques. Ma seule surprise a été son insitance sur la communication: son coût pour relancer les marques (coût qui a pesé sur le bilan au moment de la crise financière (mais succès de "Cerise")) et sur l'importance d'une erreur de communication comme il s'en est produit cet été. La comm, nerf de la guerre (ou plutôt, déesse à ne pas monter contre soi: peut-être n'est-ce pas pour rien que dans Ulysse, Bloom travaille dans la publicité).

Lors des questions, il a insisté sur l'importance des hommes, tout en faisant remarquer que choisir des individus n'était pas une science exacte. A ce propos il a rapporté l'anecdote suivante: «Vous savez, quand Franck Cammas a remporté la Volvo Ocean Race alors que personne ne s'y attendait, on l'a interviewé à deux étapes de la fin, on lui a demandé s'il était heureux. Il a répondu oui, mais que si c'était à refaire, il y avait cinq coéquipiers (sur onze) qu'il ne prendrait pas (ce qui mettait de l'ambiance pour les deux étapes restantes).»

Ce qui m'est sympathique, c'est son attachement au mutualisme. Il a terminé son intervention par «Jamais les risques n'ont été aussi grands pour une rentabilité aussi faible», à quoi le présentateur a répondu en riant «C'est à cela que l'on reconnaît que vous n'êtes pas dans un groupe capitaliste, car avec de grands risques et pas de rentabilité, vous mettriez la clé sous la porte!»

Ce fut le mot de la fin.

Cahuzac ou Depardieu ?

Finalement, qui est répréhensible? La grande geule ou le fraudeur?

Je suis en train de constater avec dépit que l'argent gagné en plus ne nous rendra pas beaucoup plus riches. Enfin, justement, je n'avais pas du tout l'intention de devenir riche, je voulais dépenser, je me faisais une joie à l'idée de dépenser, de pouvoir entretenir la maison, changer les fenêtres, repeindre la façade, rien de franchement mégalo, rien que du très ordinaire. Mais avec le nombre de parts qui diminue (les enfants grandissent) et les études de ceux-ci, il va falloir une fois de plus remettre cela à plus tard. Tant pis. Mais je suis déçue, j'y ai cru un instant.

Le paradoxe, c'est que la façon la plus simple pour un citoyen ordinaire de défiscaliser ses revenus, c'est (pour le moment) de les placer en assurance-vie: argent bloqué huit ans. Quand je pense que je compare l'argent au sang de l'économie, que je suis persuadée qu'il faut qu'il circule, que c'est la stase qui fait la stagnation…

Les années 80

Porto m'a amené à lire La décennie de François Cusset. Cela me rend triste et m'écœure, même si je sais déjà tout cela.

Ce que le Centre d'étude des Revenus et des Coûts (CERC) nomme dans son rapport de 1990 «le tournant des années 80» se résume alors aisément: c'est le creusement brutal des inégalités de revenus, les «fruits de la croissance» allant pour les deux tiers aux revenus du capital au détriment des revenus du travail (l'année-charnière ici encore est 1983), si bien que «le nombre des ménages les plus pauvres s'accroît deux fois plus vite que la population».

François Cusset, La décennie - Le grand cauchemar des années 1980, p.169
- mai 1981. Jour de régate (compétition d'aviron). C'est le soir, j'attends mes parents dans le hangar à bateaux, je suis assise sur un seau. Castor arrive, m'annonce hilare: «la gauche a gagné». Je reste de bois, j'ai quatorze ans, on ne parle jamais de politique à la maison, j'ai le vague sentiment que mes parents ne seront pas ravis. Castor dégrisé me lance avec mépris: «Tu es de droite?»

- septembre 1984. J'arrive en hypokhâgne à Versailles. Sur les trottoirs, les premiers SDF font leur apparition. Moi qui m'étais demandé en 1975 ce qu'on faisait des mendiants en France… (étaient-ils parqués dans des hospices?)
(Ils n'ont jamais disparu.)

- 1996. Je travaille au Gan, mon amie à l'UAP. Ces deux entreprises sont en vente. Elles vont donc disparaître, mathématiquement. L'Etat était actionnaire majoritaire depuis leur création en 1968 par fusion de sociétés d'assurance nationalisées en 1946.

- 2012. Après que le Gan a été au cours des années coupé en trois (Gan assurance, Gan eurocourtage, Groupama Gan Vie), une partie (Gan eurocourtage) est vendue à Allianz par son racheteur de 1996 qui manque de fonds propres. (En 2008, c'est AGF, une autre nationalisée de 1982, qui a été fondue dans Allianz)1.

D'autres chemins auraient peut-être mené aux mêmes résultats, ou à des résultats voisins, ou pires. Mais j'ai une pensée pour tous ces salariés balottés d'une boîte à l'autre, en silence, dans la peur d'être virés, les moins qualifiés restant les plus fragiles, bien entendu.
(Mais bon, travailler dans l'assurance, cela fait moins pleurer que dans l'industrie automobile (et dans un sens, c'est normal, un bureau c'est moins fatiguant que la chaîne, no contest (Mais… (bref, je suis écœurée.))))



1: mise à jour en décembre 2012: Gan eurocourtage est partagé en trois, entre GGVie, Allianz et Helvétia. Dépeçage.

Québec, Afrique, bande dessinée, latin, quatrains : quelques blogs.

Embruns suit les événements au Québec.

Ici, des nouvelles du monde avec analyses et cartes (voir la montée de l'extrême-droite en Europe).

Plus gai, des nouvelles de la bande dessinée (enfin, deux morts récents, tout de même (Moebius et Sendak)) et plus largement de livres aimés.

Un blog pour —apprendre? — réviser? le latin ou tout simplement lire des traductions d'Horace.

Enfin, un quatrain quotidien donnant une forme fixe à l'air du temps («contrainte molle dure à tenir», l'esprit du blog est donné).




Encore plus tard:
Et un peu d'études de jeux video via Very Serious Geek

Rumeurs du monde (financières)

Margin Call (quelques problèmes, j'avais pris un billet pour Le Prénom, j'ai changé d'avis devant la salle, me suis installée dans celle de Margin Call, l'ouvreur m'a poursuivie dans la salle quasi-vide, j'ai refusé de sortir, j'ai eu droit à un sermon à la sortie… Pfff.)

Margin Call. Film honnête, brochette d'acteurs connus, Kevin Spacey sort de ses rôles de salaud pur dans lesquels il semble s'être spécialisé dernièrement. Le plus appréciable dans ce film est sans doute son manque de manichéisme, il s'agit juste de sauver sa peau en décidant qui sacrifier — et en en informant honnêtement les sacrifiés (oui, cela fait une différence).

Quelques remarques morales (as opposed to techniques ou esthétiques):

- un plaidoyer pour les traders: «Nous permettons aux gens de vivre au-dessus de leurs moyens, de s'acheter les voitures qu'ils ne peuvent pas se payer. Ils ne veulent pas s'en souvenir. Si nous nous trompons1, ils se moqueront de nous, mais si nous avons raison, ils nous haïront.»
(Emission sur la Suisse, paradis fiscal, sur France Inter dimanche matin. J'en entends des bribes: «Pourquoi les pays occidentaux ne font pas pression sur la Suisse, puissance moyenne, pour arrêter la fuite des capitaux? Parce que les hommes d'influence de chaque pays participent à cette fuite.» (cf. la chute du gouvernement Herriot en 1932.

- opposition finance / monde réel: construire un pont / jouer avec un ordinateur: qu'est-ce qui est le plus utile? (cf. remarque ci-dessus et ce film).

- «Quand on est le premier à atteindre la porte, cela ne s'appelle pas de la panique.»

- «Nous n'avons pas le choix». Voilà qui me choque. Est-ce dans l'éthique protestante, dans les valeurs américaines? je ne crois pas (je suis sûre que non). J'ai cru un moment que ce n'était que des paroles consolatrices destinées à un personnage. Mais elles sont répétées à plusieurs reprises.
Nous avons le choix, mais le choix droit nous fait ressembler au père de Sebastian Haffner1 dont l'attitude honnête le condamnait au ridicule: avoir sa conscience pour soi mais paraître (être) un loser, il y faut beaucoup de courage, de principes, ou la foi.


Je n'ai pas d'idée précise sur les relations économiques, mécaniques, entre la crise américaine et la crise de la dette grecque, mais regarder un film où les personnages décident en toute conscience de précipiter le monde dans la crise pour sauver leur peau ne manque pas de sel quand on appartient à une société en train d'être vendue suite aux pertes dues à la dépréciation des obligations grecques. Une envie de rire ou sourire, relativisons (cf. la longue litanie des crises financières égrenée par Jeremy Irons.).
Je repense à 1991, à mon collègue dont le voisin cadre supérieur ne parvenait pas à retrouver du travail, il me semble n'avoir jamais vécu que dans un pays en crise (trois millions de chômeurs un peu après mon bac), apprenant parfois avec surprise deux ans après que deux ans avant, le pays connaissait une période de prospérité (comprendre: 2% de croissance). Apprendre cela me donnait toujours l'impression d'être, d'avoir été, flouée: pourquoi ne m'avait-on pas dis pendant la prospérité que nous étions prospères?


Note
1 : dans le fait que ces traders sont en train de tout vendre à perte pour sauver ce qui peut l'être; précipitant ainsi la faillite de tous les autres.
2 : «Enfermé dans la devise "Un fonctionnaire prussien ne spécule pas", il n'acheta pas d'actions. Je considérais cette attitude comme la marque d'un esprit étrangement borné, surprenante chez cet homme — un des plus intelligents que j'eusse connus. Aujourd'hui, je le comprends mieux. Rétrospectivement, je puis ressentir un peu du dégoût que lui inspirait "cette monstruosité", et l'aversion irritée qui se dissimulait derrière une platitude: ce qu'il ne faut pas faire, on ne le fait pas. Malheureusement, les conséquences pratiques de ces principes élevés dégénéraient parfois en farce.» Histoire d'un Allemand

Les digital mums

Spéciale dédicace à M. Cendres.

Certaines agences ont opéré une classification très précise des digital mums. KR Media et WebMediaGroup définissent ainsi quatre catégories de mamans connectées, en fonction de leurs comportements sur le Web, de leurs usages d'Internet et de l'opinion qu'elles ont de ce média.

La "Practical Digital Mum" (18 % des digital mums) utilise la toile pour trouver des informations pratiques: offres d'emploi, annonces immobilières, etc.
La "Shopping Digital Mum" utilise principalement Internet pour les achats de la vie courante (alimentaire, produits ou services) ou pour effectuer des démarches administratives, déclarer les impôts, consulter des plans, cartes/itinéraires. Elle sollicite particulièrement les sites à forte notoriété pour leurs achats. Cette catégorie représente 26 % des digital mums.
La "Social Digital Mum", qui représente environ un tiers des digital mums, est très présente sur les réseaux sociaux mais achète deux fois moins via Internet que les "Shopping Digital Mum". Pour cause, elle consomme essentiellement du contenu média (TV, presse et radio) et utilise Internet pour son côté pratique et ludique.
La "Social B Shopping Digital Mum" (23 % des digital mums) est le profil type de la maman souvent connectée qui participe activement à des tchats, forums. Très présente sur des sites communautaires, elle est friande du Web 2.0 (enchères en ligne, sites de vente collaboratifs, etc.). 73 % de ces mamans souhaitent acheter encore plus de choses sur Internet. Elles lisent et s'expriment via le Net et restent sensibles aux actions des marques sur le digital.

Marketing direct n°150 - octobre 2011

Saint Joseph

Des notes en vrac, vite, de mémoire. (En réalité il y en a huit pages manuscrites).

— Il est le patron de la bonne mort, ce qui va sans doute vous étonner.
— Pourquoi devrions-nous être étonnés?
— Parce que la bonne mort n'est pas ce qu'on envisage aujourd'hui. A l'époque [XVIe au XVIIIe siècle], c'est celle qui vous permet de vous préparer, celle qui ne survient pas brutalement.



Durant le Moyen-Âge, le pauvre est une figure du Christ. Mais à partir de 1520, dans les pays du Nord, va se produire une évolution, il va devenir louche, facteur de troubles et être marginalisé. D'abord il s'est produit un rattrapage démographique suite à la peste noire, et nous sommes dans un pays plein, que l'on parvient tout juste à nourrir (et je songe à L'Oeuvre au noir). D'autre part nous assistons à une évolution de l'aumône. Jean-Louis Vivès écrit le De subventione pauperum, il plaide pour une organisation de l'aide et la fin (du moins la raréfaction) de l'aumône individuelle, inefficace (l'aumône individuelle était destinée à assurer votre salut: le pauvre priait pour vous).

Une définition du bon et du mauvais pauvre apparaît: le "bon" pauvre, c'est le pauvre malade ou le pauvre honteux, celui qui voudrait travailler mais ne le peut pas, celui qui a honte de sa misère; le mauvais pauvre, c'est le paresseux (et je souris en pensant que cette distinction avait de l'avenir devant elle).



Avant la révolution de l'imprimerie, il y a eu la révolution du papier, quelques années avant.

Première Bible (catholique) traduite intégralement en français : celle de Lefèvre d'Etaples en 1532. Publiée en petit format, destinée à la pastorale, pour les fidèles. Une transformation de l'Eglise chrétienne était sans doute en cours, la Réforme est venue interrompre le processus et l'histoire a pris un autre cours.

La faim dans le monde

Des notes de mémoire, presqu'une semaine après (j'écris le 19 octobre): qu'est-ce qui reste?

Vibrant plaidoyer de Sylvie Brunel en faveur des agriculteurs, y compris en France.

On avait faim en France en 1945. Courbe de croissance de la population comparée à la courbe de la production agricole. Comment avons-nous évité la famine? Par une révolution technologique (tracteurs, engrais ("produits phytosanitaires), remembrement (révolution du foncier)).

Aucune agriculture ne peut se développer sans des politiques protectionnistes (et je pense à la Suisse…). Ce qui manque à l'Afrique de ce point de vue, ce sont des volontés politiques.

Sylvie Brunel donne des chiffres, bat en brèche quelques préjugés:
- Un tiers des personnes souffrait de la faim quand nous étions 3 milliards, il y en a 17% aujourd'hui mais nous sommes 7 milliards.
- L'Afrique est un pays riche en terres, la preuve, des pays comme la Chine ou l'Allemagne (!) y louent des terres cultivables.
- Cependant, beaucoup trop de terres échappent aux paysans sous prétexte de réserves naturelles (ex du Kenya), les touristes viennent voir "les big five": lion buffle rhinocéros guépard éléphant.
- Aucun agriculteur ne veut produire pour se nourrir: il produit pour vendre (et acheter). D'où l'importance des volontés politiques. Les agricultures naissantes doivent être protégées.

J'apprends avec stupéfaction qu'en France, être vert serait être pour la forêt contre les prairies: ???

Plaidoyer pour que nous étudiions objectivement les OGM sans les rejeter par principe. Remarque sur les carburants verts: les paysans pauvres y sont favorables, ces carburants (1% de la production) représentent des revenus. (En fait, Sylvie Brunel nous a mis en garde contre une boboïsation/romantisation de l'agriculture: non, les agriculteurs ne sont pas là pour faire plaisir à quelques citadins qui n'ont jamais fait pousser une tomate.)

— Certains veulent qu'on plante du sorgho. Mais qu'est-ce que vous faites avec du sorgho, hein? Un épi de maïs, c'est mille cinq cents utilisations.

Trois P : la paix, la pluie, les prix.
Cinq F: feed, forest, food, fuel, fiber

des liens

De la musique :
- un blog anglais consacré aux compositeurs français (mais pas que) ;
- un Ring condensé (Saint-Quentin-en-Yveline, pourquoi ne pas faire simple pour une fois?).

Fabrication des sacs d'école Barbie.

Du pétrole :
- un blog
- un livre.

Du tricot :
- je l'ai sans doute déjà posté, mais c'est toujours une surprise ;
- plus sérieux, les points au tricot.


et les archives des télévision américaines du 11, 12, 13 septembre. La première vidéo (par exemple) de la liste nous montre les programmes habituels jusqu'à la vingtième minute, puis les images trop connus et le bavardage des journalistes, commentant sans rien savoir ni comprendre, obligés de meubler l'antenne de paroles qui n'expliquent rien.

Souvenirs économiques

Je me souviens qu'on prédisait la catastrophe aux Etats-Unis circa 1986 (le Japon allait devenir propriétaire du pays); à la même époque on parlait dette du Tiers-Monde et hyperinflation en Amérique du Sud. Cette dette s'est évaporée (mais où, quand, comment?), l'économie américaine est repartie (dans les années 2000, avant le krack actuel).

A l'époque toujours, ce n'est pas la mondialisation qui était à la mode, mais "la dématérialisation des produits financiers" (l'informatique, quoi, on s'esbaudissait sur le Matif). Des nostalgiques faisaient circuler des photos des emprunts russes.

Nous étions jaloux de l'Allemagne (la RFA) et de "son cercle vertueux". En 1986, première cohabitation, première chaîne de télévision privée, fin du contrôle des prix et de l'autorisation administrative du licenciement (je ne garantis pas l'année à un an près, je ne vais pas vérifier. Je parle d'un "air du temps").

Carte : Niveau d'endettement des différents pays européens.

Bonne fête Tournesol !

Aujourd'hui c'est la saint Tryphon.

(Il n'y a qu'une semaine que j'ai réalisé que le capitaine portait le nom d'un poisson (avec une faute d'orthographe).)


Discussion avec un négociant de poissons en gros à Rungis: «Les gens sont fous. Sogerès, xxx, etc, ne veulent plus de poisson du Pacifique. C'est du poisson congelé depuis six mois!!»
et
«L'Atlantique est divisé en six zones de pêche, le Pacifique en deux, la 61 au nord et la 28 au sud: quand on ne veut plus de poisson de la 61, ça fait la moitié de la planète.»




Note explicative cinq ans plus tard : Fukushima avait eu lieu un mois avant.

liens

  • Japon
Semaine Japonaise à l'ENS du 26 au 29 avril 2011. (Attention, certains ateliers nécessitent de s'inscrire au préalable.)




- des bateaux
- une analyse des risques de catastrophes naturelles au Japon publiées en mars 2010. (Traditionnellement quand il s'agit de prospectives je recommande les analyses des sociétés de réassurance (l'assurance cherche à ne pas perdre d'argent, et non à en gagner: elle n'a pas la même vision du risque)).
- la fission.

  • un lien geek
histoire et actualité des jeux vidéos.

  • divers
- un rapport sur la prostitution
- un récapitulatif des meilleurs blogs économiques (anglais)
- Isidore, plateforme des sciences humaines et sociales du CNRS
- des documents sur Lacan
- les Cantos de Pound.

*dessins
œuf dur, la disparition des télécommandes, addict au feutre, fromage bleu, cœur.

Vieillissement de la population et idées fausses

Il est fréquent d'expliquer la croissance des dépenses de santé par le vieillissement des populations européennes mais le récent rapport du Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM) constate que
de la double vérité que les personnes âgées ont une consommation individuelle de soins plus élevée que la moyenne, et que leur nombre relatif augmente dans la population française (la part des «plus de 75 ans» va, par exemple, presque doubler d'ici à 2050), on tire souvent la déduction que le vieillissement de la population est un facteur important, voire dominant, de l'évolution des dépenses de santé.

Cette déduction est inexacte.

Car la cause strictement «démographique» de l'évolution des dépenses — au demeurant aisément mesurable compte tenu de la relative sûreté des prévisions démographiques — ne pèse que pour une fraction très minoritaire de l'évolution des dépenses. Tout simplement parce que le vieillissement moyen d'une population est un phénomène forcément très lent : l'âge moyen de la population française, aujourd'hui un peu plus de 40 ans, ne s'accroît que d'environ 2 mois par an.

Les différentes études disponibles convergent donc vers un effet démographique de quelque 0,7 points de croissance moyenne par an des dépenses de santé dans les vingt prochaines années, au sein duquel la déformation de la pyramide des âges — c'est-à-dire le « vieillissement » proprement dit — pèse pour 0,4 à 0,5 points : soit de l'ordre du dixième de la hausse moyenne annuelle de la consommation de soins et de biens médicaux.

[…] C'est bien la hausse individuelle de la dépense de santé à tout âge, et pour toute la population, qui est le principal facteur de la croissance des dépenses dans le temps.
sachant que le HCAAM constate qu'il ne peut répondre à la question de savoir si l'âge est ou non «un facteur aggravant de cette croissance».

avis du HCAAM adopté le 22 avril 2010, ''Vieillissement, longévité et assurance maladie''

No bollocks

Vu Inside Job, et j'ai beau savoir que c'est un film entièrement monté pour indigner le bon peuple, et donc qu'il est normal que je sois indignée, je suis indignée. Entre la voix de Matt Damon et la musique, on pourrait se croire dans un film d'action. Les images de New York sont superbes.

Si vous avez le temps, allez le voir. D'une certaine façon, c'est assez drôle, ces petits garçons pris les doigts dans le pot de confiture qui nient en vous regardant droit dans les yeux. Parfois ils ont la bonne grâce de bafouiller. Dans l'ensemble ils paraissent soit totalement stupides, soit totalement gonflés de leur importance. On aimerait les percer pour qu'ils dégonflent. (Skot ressemble un peu à Henry Paulson).
Le journaliste m'impressionne, à ainsi ne jamais perdre son sang froid plutôt qu'en boxer un ou deux.
Ce qui est moins drôle, c'est qu'absolument rien n'a changé et aucun responsable n'a été puni. On s'attendrait au moins à ce que leur fortune soit confisquée, non pour les réduire à la misère, mais pour les ramener à une vie plus ordinaire, celle d'un cadre médiocre faisant mal son travail...
Les villages de tentes m'on fait penser à la fin des Raisins de la colère.

— Nous attendons un tsunami, et tout ce que vous me proposez, c'est de choisir une couleur de maillot de bain! (Pas mal, Christine Lagarde).

— Il n'y a aucune raison qu'un ingénieur financier soit payé quatre à cent fois plus qu'un vrai ingénieur. Un vrai ingénieur construit des ponts, un ingénieur en finances construit des rêves. Quand les rêves se transforment en cauchemars, ce sont les autres qui paie.

Il faudra que je feuillette Traders, Guns & Money, le livre de Satyajit Das.

La Grèce ma revanche

Evidemment la Grèce m'inquiète. Situation inédite depuis l'emprunt russe, il me semble. La confiance étant le fondement de l'économie occidentale, si l'on ne trouve pas de solution les conséquences risquent d'être dramatiques. Assèchement total du crédit.

Cependant cependant, comme une envie de rire…
J'avais été très agacée que nous fussions obligés de voler au secours des banques alors que c'étaient elles qui nous avaient mis dans la panade.
L'idée qu'aujourd'hui elles doivent se porter au secours de la Grèce sous peine de se retrouver elles dans la panade me réjouit.

«Si vous devez un peu d'argent à votre banque, vous avez un problème, si vous lui devez beaucoup d'argent, elle a un problème.» (Proverbe cité par un professeur dans les années 80 à propos de la dette du Tiers-Monde. (D'ailleurs je me demande ce qu'est devenue cette dette, on n'en parle plus. L'autre sujet de l'époque était "la dématérialisation des marchés financiers"1. Un jour (dans dix ans?) "mondialisation" sera oublié, remplacé par un autre gimmick.))


Oui oui, je sais bien qu'au bout du compte, et dans tous les cas, ce sera nous, la population, qui paierons les pots cassés. Car nous représentons l'économie réelle (comme dirait Pierre Hadot, le métal se plie moins à la volonté que les idées et les constructions mentales.) Mais j'aime bien savoir que certains sont en train de transpirer.

J'aimerais bien que quelqu'un se penche sur les avoirs des salariés et responsables des agences de notation. Aucun délit d'initié, pas d'enrichissement personnel, vous êtes sûrs?


Note
1 : Ah, et le trou dans la couche d'ozone, aussi.

Calculer la TVA à partir d'un prix TTC

On vous apporte la note de restaurant.
— Vous pourriez faire apparaître la TVA ?
Le serveur repart et revient... avec une TVA fausse. Il a multiplié le TTC par le taux de TVA.

Donc faisons simple.
Deux nombres à retenir :
  • 0,1639 pour la TVA à 19,6 %
taux par défaut, taux "normal"
  • 0,0522 pour la TVA à 5,5 %
- produits destinés à l'alimentation humaine (à l'exception des produits dits de "luxe", comme la confiserie, certains chocolats et produits chocolatés, margarines et graisses végétales, etc. qui sont soumis au taux normal),
- abonnements au gaz et à l'électricité,
- abonnements aux réseaux de fourniture d'énergie,
- équipements et services à destination des personnes handicapées.


Ce sont les coefficients à appliquer au TTC pour obtenir la TVA directement.

(Pour les incrédules et les nuls en maths (pas forcément les mêmes) :
119,6 x 0,1639 = 19,6 (j'arrondis);
105,5 x 0,0522 = 5,5 ).


A partir du 1er janvier 2012

  • 0,0654 pour la TVA à 7 %
- les eaux et boissons non alcooliques,
- les produits d'origine agricole, de la pêche, de la pisciculture, et de l'aviculture n'ayant subi aucune transformation,
- les produits suivants à usage domestique : bois de chauffage, produits de la sylviculture agglomérés destinés au chauffage, déchets de bois destinés au chauffage,
- les aliments simples ou composés utilisés pour la nourriture du bétail, des animaux de basse-cour, des poissons d'élevage destinés à la consommation humaine et des abeilles, ainsi que les produits entrant dans la composition de ces aliments (article 31 de l'annexe IV du Code général des impôts),
- les produits suivants à usage agricole : amendements calcaires, engrais, soufre, sulfate de cuivre et grenaille utilisée pour la fabrication du sulfate de cuivre, ainsi que les produits cupriques contenant au minimum 10% de cuivre,
- les produits antiparasitaires, sous réserve qu'ils aient fait l'objet soit d'une homologation, soit d'une autorisation de vente délivrée par le ministre chargé de l'agriculture,
- les livres,
- les médicaments, préparations magistrales et produits officinaux non pris en charge par la sécurité sociale,
- les oeuvres d'art, objets de collection ou d'antiquité,
- la rénovation et réparation de logements privés de plus de 2 ans (article 279-0 bis du Code général des impôts).
  • 0,0206 pour la TVA à 2,10 %
- médicaments remboursés par la sécurité sociale,
- certaines représentations théâtrales,
- publications de presse.


A partir du 1er janvier 2014


Voir ici un résumé des évolutions.
- 19, 6% devient 20 %
- 7 % devient 10 %
- 5,5 % et 2,1% demeurent inchangés.

Les coefficients à appliquer au TTC pour obtenir la TVA directement sont les suivants :
  • 0,1667 pour la TVA à 20 %
  • 0,0909 pour la TVA à 10 %
  • 0,0522 pour la TVA à 5,5 %
  • 0,0206 pour la TVA à 2,10 %

Une église en situation de monopole est une église vide.

Peter Berger, professeur de sociologie à Boston University, a longtemps cru que la sécularisation progressait avec le développement socio-économique. Depuis, il a changé d’avis et privilégie désormais une explication centrée sur l’offre. La demande de religion n’aurait pas grand-chose à voir avec le niveau de développement, mais beaucoup avec l’offre religieuse.
Si les Américains vont davantage à l’Eglise et sont plus pieux que les Européens, c’est parce que le marché religieux est beaucoup plus ouvert aux Etats-Unis : des douzaines d’églises s’y font une concurrence acharnée pour attirer des adeptes, en leur proposant chacune une voie de salut particulière, et en répondant au plus près aux besoins des paroissiens. «Dans un marché aussi libre, l’offre est très différenciée», explique Mr. Finke. L’offre s’y adapte instantanément à la demande. Tout se passe comme s’il existait «une demande potentielle de religion qui ne demande qu’à être activée», explique Rodney Stark, sociologue à Baylor University. «Plus les membres du clergé sont préoccupés de préserver ou d’agrandir la part de marché de leur congrégation, plus vous aurez de monde dans les églises».
Ce modèle explique aussi ce qui se passe en Europe. Les Européens ne seraient pas fondamentalement moins religieux que les Américains ; simplement, le marché religieux y serait beaucoup moins concurrentiel, les Eglises en place ayant historiquement réussi à imposer un quasi monopole. Or, nous dit Mr. Stark, «une église en position de monopole est une église vide».

trouvé ici

Affaire Madoff : les fondamentaux

Je me souviens, lors de ce colloque sur les finances publiques, du discours de Pierre Joxe. Il venait d'obtenir un poste ou une mission à l'ONU, nous avouant en riant que c'était le dernier examen (en date) qu'il avait eu à passer (un examen d'anglais, il me semble).

«En survolant en hélicoptère une livraison de jeeps pour une mission de l'ONU en Afrique, nous nous sommes aperçus qu'au centre parfait de ce carré de centaines de voitures, extérieurement lisse et sans faille, il manquait des dizaines de véhicules. On ne pouvait s'en apercevoir à pied. Il faut revenir aux fondamentaux, à l'inventaire physique.»

Je me souviens d'une de mes profs de comptabilité, expert-comptable, au physique à la Simone Signoret de la fin, qui proclamait «Un comptable, c'est un con derrière une table», qui nous racontait les inventaires à quatre heures du matin dans les usines de BTP sur les quais de la Seine, déroulant les câbles pour les mesurer avant valorisation.
Je me souviens de la fraude de ce poissonnier d'Auchan qui, lors des inventaires de fin d'année, valorisait habilement la lotte au prix du merlan ou vice-versa, tandis que nous n'y voyions que du feu, incapables que nous étions de faire la différence d'un seul coup d'œil entre deux filets de poisson.

J'ai appris à H. quand il a commencé à tenir sa comptabilité de société ce principe simple: à une écriture doit correspondre un justificatif, au justificatif doit correspondre un mouvement dans la sphère "réelle", un achat ou une vente, d'un bien ou d'un service (même les provisions pour risque ou les dotations aux amortissements ont pour origine un événement ou un bien réel (vient ensuite le calcul des encours de production et le début des ennuis. Passons.)).

Mais qu'est-ce que la sphère réelle en finances? Où est l'argent? Existe-t-il? Ne s'agit-il que de manque à gagner, de gains potentiels qui ne seront pas réalisés? De quoi parle-t-on exactement?
Quelqu'un le sait-il?
Et au fur à mesure que se découvrent les crashs et les fraudes, j'ai l'impression que la réponse est non.

Vocabulaire de la crise

Ce n'est pas que ce ne soit pas stupide, mais ça soulage. (dédié à Zvezdo, as usual).

CEO : Chief Embezzlement Officer.

CFO : Corporate Fraud Officer.

BULL MARKET : A random market movement causing an investor to mistake himself for a financial genius.

BEAR MARKET : A 6 to 18 month period when the kids get no allowance, the wife gets no jewelry, and the husband gets no sex.

VALUE INVESTING : The art of buying low and selling lower.

P/E RATIO : The percentage of investors wetting their pants as the market keeps crashing.

BROKER : What my broker has made me.

STANDARD & POOR : Your life in a nutshell.

STOCK ANALYST : diot who just downgraded your stock.

STOCK SPLIT : When your ex-wife and her lawyer split your assets equally between themselves.

FINANCIAL PLANNER : A guy whose phone has been disconnected.

MARKET CORRECTION : The day af ter you buy stocks.

CASH FLOW : The movement your money makes as it disappears down the toilet.

YAHOO : What you yell after selling it to some poor sucker for.$240 per share.

WINDOWS : What you jump out of when you're the sucker who bought Yahoo@$240 per share.

INSTITUTIONAL INVESTOR : Past year investor who's now locked up in a nuthouse.

PROFIT : An archaic word no longer in use.

trouvé sur le net, relevé par Le Nouvel Economiste du 13 novembre 2008

Un homme en colère

Je ne sais si Charles Gave a raison ou tort (ses arguments sont convaincants mais je ne suis pas spécialiste). Ce qui me plaît, c'est la vigueur de sa colère. Il n'a pas écrit «Jean-Claude Trichet est un âne», mais on sent qu'il l'a pensé très fort.


« Je dois écrire que la gestion de la crise financière par M. Trichet a été absolument calamiteuse. »

[...]

2. Sur le moyen terme, la croissance des profits dans n'importe quel pays est égale à la croissance du PNB nominal. Dans un système économique normal, les entrepreneurs ont donc une hausse de leurs revenus égale à la croissance du PNB, tandis que les rentiers touchent les intérêts que leur versent leurs fonds de trésorerie. Si les taux d'intérêt sont supérieurs au taux de croissance - les rentiers touchent plus que les entrepreneurs -, prendre des risques ne paie plus et l'économie s'arrête brutalement, nous avons donc une récession. Depuis un an, les taux sont au-dessus de la croissance en Europe et l'économie européenne est en train de s'effondrer. Il est vrai que la croissance économique n'est pas de la responsabilité de la BCE, mais il est encore plus vrai que la BCE n'est pas non plus censée suivre une politique qui tue la croissance. C'est pourtant ce qui a été fait.

3. La crise bancaire a débuté il y a plus d'un an. Tout le monde savait que les banques dans le monde entier en général, et en Europe en particulier, étaient dans une situation difficile. Au printemps de cette année, tous les indicateurs avancés de l'économie européenne ont commencé à s'effondrer. En avril, il n'y avait plus le moindre doute que l'économie du Vieux Continent allait rentrer en récession. La quasi-totalité des banques se sont donc déclarées pour une baisse des taux courts en Europe. Patatras ! Juste après que la Fed et la Trésorerie américaine eurent sauvé Bear Stearns, trois jours après que M. Bernanke eut manifesté sa volonté de voir le dollar monter, la BCE a annoncé qu'elle allait monter ses taux en juillet. Toutes les banques commerciales furent prises à contre-pied et perdirent des milliards sur leurs positions, la courbe des taux s'inversant brutalement au lieu de se « pentifier », comme tout un chacun l'attendait. Ces milliards manquent cruellement aujourd'hui, comme chacun peut le constater. La responsabilité de la faillite de plusieurs banques européennes est donc à mettre au débit de cette décision insensée d'augmenter les taux courts en juillet. Les taux furent augmentés de 0,25 point, comme promis, et la BCE, pour faire bonne mesure, annonça qu'elle allait durcir les conditions de ses prises en pension pour certains papiers à partir de février 2009, déclenchant de ce fait un véritable effondrement des prix de ces mêmes papiers, et menant les banques à une faillite certaine compte tenu de la règle du « mark-to-market » (cf. nos précédents articles sur le sujet). On a du mal à imaginer pareille incompétence...

4. Alors même que nous sommes dans la crise financière la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, la BCE maintient ses taux à 3,75 %, à la place de les amener à toute allure à 1 %. Cela est très supérieur à la croissance du PNB nominal dans tous les pays européens aujourd'hui. Le système est lourdement endetté (sociétés, particuliers. Etats), le coût de la dette explose tandis que les recettes disparaissent, les faillites se multiplient et on va, peut-être, baisser les taux au printemps 2009 ? Maintenir les taux courts à ce niveau, c'est garantir que l'Europe va rentrer en déflation-dépression, ce qui relève maintenant d'une quasi-certitude. Un seul responsable à cet inéluctable désastre, la BCE, dont le gouverneur restera comme l'homme qui a organisé le troisième suicide de l'Europe en un siècle. Je suis absolument atterré de l'incompétence dont fait preuve la BCE, qui dépasse tout ce que je pouvais imaginer, et pourtant, je ne m'attendais pas à être « déçu en bien », comme disent nos amis suisses. Depuis que j'ai commencé à écrire ces chroniques dans Le JdF, et tout spécialement depuis ce printemps, je n'ai cessé de recommander au lecteur de sortir des pièges que constituaient l'Europe et l'euro.
La seule solution, qui sera imposée par le marché, c'est bien entendu l'effondrement de l'euro. [...]

extrait de l'éditorial de Charles Gave (charlesgave@gmail.com) dans Le Journal des Finances du 25 octobre 2008

Revue du web à propos de la crise financière

Un remarquable travail de concaténation des articles, dessins, vidéos, disponibles sur le web à propos de la crise financière.

Qu'est-ce qu'on s'amuse

On dirait Jean Yanne.

(Ces internautes, aucun respect.)


(Je ne sais jamais quel titre donner à ce genre de billet: quelque chose de racoleur ou d'énigmatique?)

La lente adaptation des entreprises de services aux évolutions technologiques

Je ne sais plus ce que je voulais écrire. Ça m'agace.

Aujourd'hui, j'ai arrêté de donner le change (au moins dans un domaine): on attendait de moi une liste de liens économiques astucieusement recueillis et chaudement recommandés par moi-même, je n'en ai donné que deux:
- les 300 sites de référence en économie collationnés par Alternatives économiques,
- les 4341 sites tous azimuts rassemblés par l'IAE de Paris Sorbonne.

J'ai bien peur que cela ne plaise pas : en effet, cela prouve que le travail est déjà fait ailleurs et qu'il est stupide de le refaire. Or il est de bon ton de le cacher.
(Une façon de donner une valeur ajoutée à ce travail serait par exemple d'organiser à partir de (certains liens de) ces listes un univers Netvibes[1], mais cela aussi, il faudra(it) que je le cache et que je le diffuse discrètement auprès de mes collègues intéressés. (J'explique pour ceux qui ne voient pas le problème: un univers Netvibes, c'est sur internet, c'est public: puis-je envisager sérieusement de diffuser sur internet la liste des sites que ma société utilise pour recueillir de l'information (ie, des sites aussi confidentiels que la Documentation française[2] ou l'Insee)? Je dois avoir perdu la raison.)


A long time ago, j'ai commencé à travailler en comptabilité. A l'époque, les premiers ordinateurs individuels étaient sur les bureaux depuis deux ou trois ans (avant il n'y avait que des terminaux 3270), on découvrait l'ancêtre d'Excel (Multiplan ou Lotus). Un collègue m'a montré ce qu'était une clôture de bilan «avant»: des bandes papier crachées par les calculatrices à bande agraffées aux pages des cahiers de compte:
— Chaque fois qu'on changeait un chiffre (NB: notamment un montant de provisions, je travaille dans un domaine où l'évaluation des provisions est très technique), il fallait tout recalculer, cela prenait des heures ou des jours.

L'arrivée de Multiplan avait tout changé: tableaux croisés, résultats immédiats (même si certains vieux chefs désorientés vérifiaient les calculs des tableurs avec leur machine à bande), des heures et des heures gagnées, inoccupées: qu'en faire? Je suis arrivée dans les bureaux à la fin d'un âge d'or passé à jouer aux échecs et autres puisque l'ordinateur travaillait désormais à la place des comptables. Je suis arrivée à la fin de cet âge d'or, au moment où l'on commençait à comprendre que ce temps pouvait servir à autre chose, et notamment à vérifier les chiffres, la façon dont ils étaient constitués, ce qui se cachait derrière leur désincarnation (d'ailleurs, peu après, un énorme scandale financier éclata dans cette entreprise).

J'ai l'impression de vivre cela à nouveau, dans un autre domaine: il est devenu absurde de stocker de l'information façon grand-papa, comme si elle était rare; l'enjeu aujourd'hui est de fournir vite et à faible coût la bonne information à la bonne personne au bon moment en s'appuyant (au moins en partie) sur ce qui est fait ailleurs.

Cela vous paraît d'une effarante banalité?
A moi aussi.
Si seulement c'était banal pour tout le monde.

Notes

[1] à partir de celui-ci, d'ailleurs

[2] qui d'ailleurs a son propre univers

Conséquences économiques du non irlandais

Tant que le traité de Lisbonne n'est pas appliqué, le traité de Nice continue de gouverner l'Union Européenne. Dans ce traité, l'Union reste essentiellement une zone de libre-échange et de libre circulation du capital, sans coordination des politiques économiques, avec une règle d'unanimité et non de majorité qualifiée s'appliquant à de nombreuses décisions.

Le traité de Nice implique une concurrence fiscale toujours forte ; l'absence de policy-mix coopératif entre la politique monétaire et budgétaire qui pose particulièrement problème en phase de ralentissement économique ; un pouvoir de blocage des décisions par les petits pays de l'UE.

Sur le plan économique, le non irlandais est donc défavorable aux grands Etats membres, vis-à-vis des PECO notamment. Sur le plan financier, le non irlandais est favorable aux actions (concurrence fiscale, coûts salariaux), défavorable à l'euro (taux d'intérêt, zone monétaire sous-optimale).

Flash-CDC-Ixis, 16 juin 2008
Depuis que j'ai compris à quel point le traité précédent (refusé par la France) était avant tout une affaire juridique devant faciliter le fonctionnement des institutions (cela m'a pris un peu de temps, j'ai dû comprendre six mois après le referendum, en étudiant le site europa.eu (se déplacer dans ce portail nécessite de connaître les institutions, ce qui peut paraître étrange, mais bon)), j'en veux beaucoup aux politiciens et aux journalistes d'avoir si mal expliqué les tenants de l'affaire. Je soupçonne qu'eux-mêmes n'avaient pas tout saisi.
Quelle stupidité de soumettre à un referendum une question du style «Souhaitez-vous accorder la personnalité juridique à l'Union européenne?»

Pourquoi réformer les retraites puisque nous serons morts étouffés ou privés d'énergie avant que le problème des retraites ne se pose vraiment ?

Le dernier commentaire de Skot m'a rappelé cette courte étude publiée par Flash CDC Ixis le 16 juin 2004. Le rédacteur en est Patrick Artus.
Cela se présente sous forme de sept pages pleines de chiffres et de graphiques :

Introduction

Nous montrons que la croissance mondiale, l’évolution de la consommation d’énergie des émissions de CO2 par unité produite, le déplacement de la croissance mondiale vers des zones peu efficaces technologiquement, et émettant beaucoup de CO2 par unité de production, devraient rendre les problèmes de ressources énergétiques et le niveau global d’émission de gaz à effet de serre insupportables avant que le vieillissement démographique ne devienne un phénomène global.

Je ne recopie pas l'ensemble des données (graphiques extrapolant la population, les émissions de CO2, la productivité, le PIB, en Chine, en Russie, au Japon, au Etats-Unis et pour la zone euro à partir des chiffres de la World Bank, la DRI, l'EIU et CDC Ixis). (Je tiens le pdf à disposition sur simple demande). J'en arrive directement à la conclusion :

Beaucoup de pays réfléchissent aux moyens d’équilibrer les régimes de retraite à l’horizon 2030-2040. A cette date, le vieillissement aura atteint les Etats-Unis et la Chine (graphique 13), au Japon et en Europe, la population de plus de 60 ans sera pratiquement égale à celle de 20 à 60 ans.
Mais les calculs faits précédemment montrent que, même avec des hypothèses favorables, en 2040 la consommation d’énergie et les émissions de CO2 auront l’une et les autres été multipliées par 3 (voir graphiques 11 c/12 c), rendant probablement la planète invivable. Quelle est alors l’utilité du rééquilibrage des régimes de retraite ?


Voilà. Nous pouvons donc vaquer tranquilles à nos occupations.
(Je me demande encore si ces pages sont un canular. Elles négligent que rien n'est égal par ailleurs, et que les extrapolations sont sans doute toutes fausses. Par exemple, les extrapolations de population des années 1970 étaient toutes trop fortes par rapport à ce qui s'est réellement passé. Cependant, l'étude retient deux hypothèses de travail, dont une "optimiste". Alors?)

L'Afrique au présent

Entre le président qui pense que l'Africain n'est pas entré dans l'histoire et les bonnes âmes de gauche convaincues que les campagnes africaines se vident parce qu'on y meurt de faim, c'est le même discours. La gauche pense que l'Afrique végète et qu'il faut faire un effort de générosité; la droite part du même constat pour prôner des solutions libérales. Tous nous trouvent nuls. La réalité est que l'Afrique atteint 5% ou 6% de croissance pendant que la France est à 1,8%.
En jetant ce regard misérabiliste et compassionnel sur l'Afrique, la France se rassure elle-même. Elle a besoin de penser que l'Afrique ne va pas bien. Pendant ce temps, les gens de Dubaï, les Indiens et les Chinois ne nous disent pas que nous ne sommes pas entrés dans l'histoire, ils commercent avec nous.

Lionel Zinsou, Associé-gérant à la banque Rothschild dans Le Monde, cité par Le Nouvel économiste du 4 octobre 2007.


A la décharge de la France, une carte mondiale du nombre de médecins par habitants.
Dans un genre un peu différent mais intéressant car méconnu, voir cette enquête sur les relations des universités (françaises) avec les pays en développement.

Ayaan Hirsi Ali et Peter Leeson

Le blog d'Ayaan Hirsi Ali, l'ex-députée hollandaise dans une situation pire que celle de Salman Rushdie, puisque son propre pays ne veut pas assurer sa protection.
En étudiant le sujet hier, j'ai découvert que le maire de Bruxelles avait interdit une manifestation qui souhaitait une minute de silence le 11 septembre "afin de ne pas embarrasser la population musulmane de la ville". Le maire n'était pas sûr de pouvoir assurer la sécurité des manifestants, a-t-il argumenté (ce qui n'est déjà plus la même chose que "ne pas embarrasser la population musulmane").

Dans un autre genre et sans rapport : le site d'un économiste anarchiste.

Et pendant que j'y suis à inaugurer cette nouvelle rubrique, j'en profite pour rappeler que Rémi a déménagé de Prague à Dubaï. Cette mésaventure m'a bien fait rire.

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Mise à jour le 3 juillet 2014: la page d'Ayaan Hirsi Ali.
Concernant Rémi (Diligent), il est désormais plus actif sur Facebook que sur son blog.

Les causes économiques de la progression de l'obésité

Le post de Chondre m'a rappelé l'un de mes documents préférés sur l'obésité.
Il s'agit d'un article qui explique l'obésité par la théorie économique, ce qui m'amuse. Cependant, c'est un article très sérieux, qui constitue à lui seul une véritable introduction à la théorie économique classique. D'autre part, il indique mathématiquement la façon de ne conserver le poids moyen que nous aurions eu en 1965 (cela aussi me fait rire: qui utilise cela comme critère de tour de taille?)

En résumé, l'alimentation a connu la même évolution que le reste des produits : industriatisation, production de masse, baisse des prix, consommation de masse. En d'autres termes, il n'y a pas de différence entre l'évolution de notre rapport à la nourriture et celui de notre rapport aux objets. Prenons l'exemple de la montre: c'était un objet symbolique qu'on se transmettait d'une génération à l'autre, qu'on offrait pour les quinze ans ou la communion solennelle, elle est devenue dans les années 80 un objet de consommation jetable.
La nourriture a connu la même banalisation. La différence, c'est qu'on ne mange pas sa montre, alors qu'avoir un comportement de consommation de masse avec la nourriture fait grossir. (C'est cela qui me fait rire: la démonstration scientifique d'une évidence).
Finalement, le problème de l'obésité ne serait pas différent du problème de l'achat compulsif d'objets: la même incapacité à ne pas consommer ce qui est si facilement disponible, même au-delà de ses moyens ou besoins.


L'article s'intitule "Les causes économiques de la progression de l'obésité". Il est paru dans Problèmes économiques n°2.860 d'octobre 2004. Il s'agit de la traduction résumée d'un article originellement publié par David M. Cutler, Edward L. Glaeser et Jesse M.Shapiro dans the American American association (vol.17, n°3, été 2003) sous le titre "Why have American Become more Obese?"
Je vous en livre de larges extraits :

[...]
Notre théorie trouve une bonne illustration dans l'exemple de la pomme de terre. Les Américains en étaient grands amateurs avant la Seconde Guerre mondiale. Ils la consommaient surtout cuite au four, bouillie, ou en purée, et généralement à la maison. Les frites étaient rares dans les foyers et dans les restaurants, du fait du travail d'épluchage, de coupe et de cuisson qu'elles nécessitent. Ces activités sont très consommatrices de temps en l'absence d'équipement coûteux. Un certain nombre d'innovations ont permis après la guerre la centralisation de la production de frites. Quelques sites fonctionnant avec de nouvelles technologies sophistiquées concentrent maintenant l'épluchage, la coupe, et la cuisson des pommes de terre. Les frites sont ensuite congelées à -40° et envoyées sur leur lieu de consomamtion où on les réchauffe rapidement dans une friteuse pour la restauration rapide, et dans un four, voire un four à micro-ondes. Les frites sont devenues actuellement la façon la plus courante de consommer la pomme de terre et le légume préféré des Américains. Cette évolution se traduit dans les chiffres de consommation. La consommation totale de pommes de terre a progressé d'environ 30% de 1977 à 1995, un chiffre dû presque exclusivement à l'augmentation de celle des chips et des frites.
La théorie du progrès technique a plusieurs implications que nous allons tester de façon empirique. En premier l'augmentation de la quantité de calories consommées repose surtout sur celle du nombre des repas plutôt que sur celle du nombre de calories par repas. Ce phénomène concorde avec la baisse des coûts fixes de la préparation des aliments. Ensuite, la consommation de la nourriture produite en masse a connu sa plus forte augmentation durant les vingt dernières années. En troisième lieu, les groupes présentant la prise de poids la plus marquée sont ceux qui se sont trouvés le plus à même de profiter du progrès technique. Les femmes mariés passaient beaucoup de temps à préparer les repas dans les années soixante-dix, ce qui n'était pas le cas des célibataires masculins. L'obésité a progressé bien davantage chez les femmes mariées. Enfin, nous montrerons que l'obésité au sein des différents pays est liée à la diffusion des nouvelles technologies alimentaires et des aliments industriellement transformés. L'alimentation et son système de distribution font partie des domaines les plus réglementés de l'économie. Certaines de ces réglementations sont explicites, comme la position ferme de l'Union européenne contre les aliments génétiquement modifiés ou la loi sur la pureté de la bière appliquée depuis longtemps en Allemagne. D'autres «régulations» sont d'ordre culturel, comme la croisade de José Bové contre McDonald's en France. Les pays dotés d'un degré élevé de réglementation destiné à soutenir une agriculture et un système de distribution traditionnels présentent des taux d'obésité moins importants.
La profession médicale déplore, certes, l'augmentation de l'obésité mais on sait en économie classique que la baisse du prix de tout bien — en termes de coût financier et de temps — augmente l'ensemble du budget et favorise le bien-être général. Le problème de l'autodiscipline des consommateurs vient toutefois compliquer cette interprétation. La baisse du coût en termes de temps de la consommation alimentaire peut exacerber chez certains l'absence de contrôle de leur consommation. Et les 40 à 100 milliards de dollars dépensés annuellement en régimes alimentaires attestent de la présence généralisée de ce problème. [...]
[...]
Technologie, division du travail et obésité
Plusieurs théories pourraient expliquer l'augmentation de la consommation de calories au cours des vingt-cinq dernières années. On pense à l'évolution des prix et des revenus dans la mesure où l'enrichissement de la population permet une alimentation plus abondante. Mais l'évolution des revenus semble impuissante à expliquer nos résultats. Le revenu et l'obésité ont actuellement une corrélation négative, au moins chez les femmes. Par ailleurs, le revenu réel des personnes faisant partie de la tranche de revenus la plus basse a enregistré une faible progression sur la plus grande partie de la période, alors que l'obésité de ce même groupe était en augmentation. L'accroissement de la consommation alimentaire pourrait également s'expliquer par la baisse relative du prix de l'alimentation, mais, de 1970 à 1999, l'indice des prix à la consommation n'a augmenté que de 3% de moins que celui des prix hors alimentation.
Nous rejetons également la théorie expliquant l'obésité par l'augmentation du travail féminin, censée doper la demande de restauration en dehors du domicile — et la demande d'une alimentation moins saine [...]. Il n'est en outre pas établi que la prise de repas en dehors du domicile augmente la consommation de calories. Les restaurants peuvent proposer des repas à faible teneur calorique aussi facilement que l'inverse. Et il semble de fait que la substitution des repas préparés à la maison par des repas pris à l'extérieur n'ait pas augmenté le nombre de calories consommées par repas.
La nouvelle théorie de la croissance de l'obésité que nous proposons ici se fonde sur la diminution du coût en termes de temps de l'alimention. Celle-ci a eu pour effet d'augmenter la fréquence et la diversification alimentaire et, par là même, le poids de la population.

L'avènement de la préparation de masse
La préparation d'aliment consommables s'est traditionnellement effectuée à partir de produits agricoles crus. Cette opération exigeait un laps de temps substantiel. le temps de préparation et de nettoyage a représenté jusqu'aux années soixante la majorité du coût total de l'alimentation. Les familles dépensaient en moyenne 15 dollars (en valeur de 1990) par jour, en 1965, en achats alimentaires, et consacraient quotidiennement 130 minutes environ aux tâches de préparation des repas et de nettoyage (Robinson et Godbey, 1997). Converti en salaire moyen féminin, ce temps représentait peut-être 20 dollars, soit 57% des dépenses alimentaires totales. Or, le temps passé à la préparation des repas a chuté de moitié pendant les trente dernières années.
Il a toujourq été possible de préparer la quasi-totalité des aliments actuellement proposés, à condition de vouloir y mettre le temps. Des cuisinières ambitieuses pouvaient par exemple confectionner des petits gâteaux fourrés à la crème, mais cela représentait une opération très longue. Les innovations techniques intervenues depuis les années soixante-dix permettent maintenant aux restaurants et aux usines de faire ces préparations, en exploitant la technologie et le taux de marge. Les petits gâteaux à la crème sont maintenant vendus moins d'un dollar. [...]
La majorité des innovations importantes a d'abord été le fait des Etats-Unis du fait de l'avance technologique de ce pays et de la taille de son marché. Les autres pays ont souvent limité l'accès de leur territoire aux produits alimentaires ou à leurs distributeurs (comme les établissements de restauration rapide) américains. L'alimentation constitue de surcroît un des domaines les plus réglementés de l'économie et de nombreux pays ont fait obstacle à l'introduction des nouvelles technologies alimentaires.
La diminution du temps passé à la préparation des repas et aux tâches de nettoyage subséquentes constitue peut-être la manifestation la plus parlante de la révolution du coût en termes de temps de la production alimentaire. Le temps de préparation des repas a diminué de près de la moitié à la fois pour les femmes actives et celles au foyer. Cette évolution se fait à statut professionnel constant. Elle reflète la technologie et non l'appartenance à la population active.
Les données sur la répartition des dépenses entrant dans le coût des aliments font également apparaître l'importance croissante de leur préparation commerciale. En 1972, les agriculteurs étaient responsables de 44% du coût de la nourriture. En 1997, seuls 23% du coût de la nourriture proviennent de l'agriculture. Le reste est le fait de la distribution. Cette constatation ne s'applique pas seulement à la restauration. Les dépenses non liées à l'agriculture représentent à l'heure actuelle 80% du coût de la nourriture consommée à la maison. Le travail accompli dans les supermarchés et les usines a remplacé celui effectué à la maison, une évolution ayant pour conséquence des économies de temps considérables pour les foyers.

Les implications du progrès techniques
La préparation des aliments implique des coûts fixes et variables. L'épluchage et la coupe des frites représentent par exemple des coûts marginaux en terme de temps, alors que la friture constitue généralement un coût fixe (dans la mesure où la friteuse est pleine). La préparation de masse implique la répartition de la composante de temps fixe sur un grand nombre de consommateurs. Elle fait en outre baisser le coût marginal de la préparation des aliments en substituant le capital au travail. Enfin, elle exploite la division du travail. La préparation des aliments est maintenant assurée par des professionnels et non plus par les particuliers, ce qui en diminue à la fois les coûts fixes et les coûts marginaux.
La réduction du coût en termes de temps de la préparation des aliments devraient entraîner un accroissement des quantités consommées, en vertu du principe selon lequel la baisse de prix de tout bien en augmente la consommation.[1] D'après un modèle «quantité-qualité» standard de consommation alimentaire, à l'image de celui de Becker et Lewis (1973), cette augmentation peut se produire par différents biais : 1) la diversification de la nourriture consommée; 2) l'accroissement de la fréquence de la consommation; 3) l'adoption d'aliments industriels très caloriques et à forte saveur n'existant pas auparavant; ou 4) l'augmentation de la consommation générale de chaque aliment. Du fait de la baisse des coûts fixes, nous devrions voir attribuer la plus grande partie de l'augmentation des calories à la diversification de l'alimentation et à l'augmentation de la fréquence des consommations plutôt qu'à l'accroissement des quantités consommées par repas. Et, de fait, la réduction des coûts en termes de temps a un effet ambigu sur le nombre de calories par aliment. Si la quantité des repas et de la nourriture absorbée à chaque repas sont des substituts (du fait du rassasiement des consommateurs, par exemple), le nombre de calories absorbées à chaque repas devra diminuer.
[...]

La conclusion : Le temps gagné sur la cuisine doit être passé à marcher ou à courir. Au total, l'industrialisation alimentaire ne nous aura fait gagner que cinq minutes de loisir :

Il y a eu en moyenne aux Etats-Unis une baisse du coût en termes de temps de la préparation des repas d'une vingtaine de minutes par personne et par jour de 1965 à 1995. A cette diminution de temps correspond un gain de 4,5 kg au cours de la période représentant une centaine de calories par jour, ou environ 1,6 km d'exercice quotidien. S'il faut 15 minutes pour marcher ou courir 1,6 km, le coût en termes de temps représenté par les 4,5 kg acquis est d'environ 15 minutes par jour[2] L'individu normal doit bénéficier de la réduction du coût en termes de temps de l'alimentation. Des 20 minutes gagnées sur la préparation des repas, on pourrait en passer 15 à faire de l'exercice et à perdre le poids acquis, et disposer encore de 5 minutes de liberté.
[...]

Finalement, les grands gagnants sont ceux qui considèrent que le sport (et l'endomorphine qu'il libère) est une forme de liberté.


Notes

[1] C'est moi qui souligne.

[2] Le raisonnement économique classique (en mettant de côté l'actualisation hyperbolique) suggère que les individus qui ne font pas de sport estiment probablement que le fait de perdre du poids vaut moins que ces 15 minutes quotidiennes.

250 tonnes de bidules

La vocation viticole du parc naturel régional de la Montagne de Reims l'a poussé à organiser dès 1983 la collecte des films plastiques d'emballage et, depuis 1998, celle des capsules et des bidules.

Ce « bidule » n'a rien à voir avec son synonyme qui désigne une personne ou un objet par un terme plus général et vague comme « machin », « chose » ou… « bidule ». Car celui-là est en polyéthylène et sert à capter, sous la capsule en aluminium, les dépôts de levure qui interviennent lors de la seconde fermentation du Champagne. En 1998, le parc naturel régional (PNR) de la Montagne de Reims (68 communes, 35 000 habitants, 50000 hectares, dont 9 000 hectares de vignes) lançait à Châtillon-sur-Marne son premier collecteur de bidules et de capsules. Il en récupère désormais environ 250 tonnes par an grâce aux 50 conteneurs répartis sur les communes viticoles du parc naturel régional. « Les viticulteurs jouent le jeu. C'est un succès. 90% des capsules et des bidules sont collectés » se félicite Cyrille Camboulives, l'une des chevilles ouvrières de l'opération. Avant déchets non recyclés promis à la décharge, les capsules et les bidules sont aujourd'hui expédiés vers la Moselle où la société «Recyclage 2000» les broie pour les réinjecter dans les filières de l'aluminium ou de la plasturgie.

Horizons régions, (Les Echos), juin 2007, p.18

Un peu de comparatisme économique

Je disais jeudi à une collègue violemment anti sarkozienne que nous allions enfin savoir si oui ou non la baisse des impôts générait de la richesse, car cela n'a jamais été prouvé dans les faits, nous n'en sommes pour l'instant qu'à la théorie.
J'ajoutais que si cela échouait, nous aurions droit à un plan d'austérité type 1983 afin de combler le déficit creusé par cette politique libérale et de respecter les critères imposés par l'Union européenne.

Vendredi je reçois les quelques feuillets d'analyses économiques régulièrement publiés par Natixis dans Flash économie sous la direction de Patrick Artus. L'article du 11 juin 2007 s'intitule "Reagan 1981; Sarkozy 2007: des similitudes ?" Il conclut que la baisse des impôts n'a eu quasi aucun impact sur le marché économique américain et que la politique de dérégulation de la concurrence est sans doute la cause principale de la reprise américaine.

Je n'ai pas assez d'expérience pour en juger (pour commencer, la prémisse est-elle exacte, peut-on comparer la politique économique de Sarkozy à celle de Reagan?), mais je copie ici les récapitulatifs de la politique fiscale et concurentielle de Reagan, parce qu'il peut toujours être utile de pouvoir les retrouver rapidement.


Politique fiscale de Reagan
En 1981, l'administration Reagan présente devant le Congrès son "Economie Recovery Act" : baisse massive des impôts (10% par an sur l'impôt sur le revenu pendant 3 ans), baisse des dépenses publiques (réduction de programmes fédéraux comme les assurances-chômage, les retraites, le Medicaid, les aides familiales, les bourses étudiantes...), rigueur monétaire…
Concernant les baisses d'impôts, principalement:
  • diminution du taux marginal d'imposition de 70% à 50% (pour une fourchette antérieure de 14% à 70%);
  • réduction d'impôts pour les couples mariés;
  • déduction des dons caritatifs;
  • modification et libéralisation de la réglementation concernant la vente de la résidence principale;
  • encouragement à l'ouverture de comptes épargne retraite individuels via l'augmentation des déductions fiscales.
Pour les entreprises :
  • Accelerated Cost Recovery System : déduction d'impôts pour dépréciation des dépenses d'investissement;
  • Réduction d'impôts pour les PME (revenu imposable entre 0 $ et 50 000 $).
En un seul tour de scrutin, les deux chambres ont adopté cette législation qui imposait des réductions massives et générales dans tous les domaines de dépenses, défense exceptée : une réduction totale de 130,6 milliards de dollars au cours des années fiscales 1981-1984.

Déréglementation sous Reagan
Le mécanisme de base de la déréglementation avait été mis en place par J. Carter (compagnies aériennes en 1978 et transports routiers avec la Trucking Act de 1980). Le Fédéral Register de 1980 contenait une grande partie des réglementations adoptées par la suite, Reagan a accéléré le processus.
Transport
La déréglementation américaine de 1980 oblige toutes les entreprises de camionnage public à s'adapter à des régies de jeu plus concurrentielles en ce qu'elle vise essentiellement à réduire considérablement les barrières à l'entrée exigées par l'Interstate Commerce Commission (ICC).
Communications
1981 : le Fédéral Communications Commission (FCC) dérégule les restrictions sur les radios, mettant en place un système simplifié pour renouveler les licences de radio. Il incite le Congrès à rallonger les périodes de licences pour les radios et télévisions et autorise un système de loterie pour l'attribution des nouvelles licences.).
Télécom
Au cours des années 70, la FCC (Fédéral Communications Commission) a développé des mesures de sauvegarde de la concurrence. En 1984, le démantèlement d'AT&T a entraîné la baisse des prix et a élargi le choix des consommateurs sur les marchés des services longue distance et internationaux et l'ouverture des marchés des équipements de réseau.
L'ordonnance antitrust de 1984 a obligé AT&T à abandonner ses filiales d'exploitation locales, créant 7 sociétés régionales (RBOC) qui sauf, dérogation, ne pouvaient fournir de services longue distance, interdiction est faite aux RBOC de fournir des informations. Ce démantèlement reposait sur l'idée que les réseaux de télécom locaux avaient les caractéristiques d'un monopole naturel : il institue la distinction entre services de télécommunications «longue distance» et «locales» via la définition de zones plus petites que les Etats.
L'objectif est de faire en sorte que les sociétés régionales ne fournissent que des services de base soumis à réglementation.
Il en a résulté le développement de la concurrence sur longue distance mais pas dans les services intra-Etats et locaux, les Etats ayant maintenu des restrictions légales d'entrée sur ces marchés jusqu'au début des années 90.
La conclusion des analystes est la suivante : «Le point positif du "reaganisme" n'est donc pas sa politique budgétaire et fiscale, mais sa politique microéconomique qui a déclenché en particulier la modernisation de l'industrie des télécommunications.»

Billet rapide qui n'a peut-être rien à faire là

La radio de l'Institut de France.

Un blog très parisien (je regrette d'avoir raté l'exposition sur Calamity Jane).

Pour Didier, un annuaire de sites économiques et un site "cool tools" sur la veille (un grand classique).

Un institut danois qui tente de prédire l'avenir, avec malheureusement peu de documents accessibles: prospective sur la famille en 2017 et l'égocentrisme (études à visée marketing, bien entendu).

Un site (le site?) américain qui étudie l'impact d'internet, économique et social.

Un document qui me fait toujours rire: l'art de rédiger des polices d'assurance maritimes.

Et quatre pages sur les pandémies de grippe pour faire bonne mesure.

Ajout du 15 juin : Les aventures d'un tee-shirt dans l'économie globalisée est disponible en français.
Le bulletin des bibliothèques de France (je vous propose par exemple un article de Maxime Rodinson sur la translittération).

Des chiffres sur le pétrole

  • la production, l'offre, la demande, les réserves existantes, etc, le nombre de voitures particulières et commerciales, par zones géographiques et pays par pays : ici (lien non pérenne, fichier à sauvegarder s'il vous intéresse)

  • Une étude danoise plus ancienne (2004). Prévisions, perspectives, extrapolations de la recherche pétrolière.

Dépression

Nous sommes définitivement revenue en France en juin ou juillet 1975.
Dans mon souvenir, c'est une période très sombre: d'abord au sens littéral, puisque je découvre l'hiver, les jours qui raccourcissent et le froid; ensuite mes parents étaient déroutés de découvrir les cancres qui étaient leurs élèves (alors qu'au Maroc ils avaient les meilleurs); enfin à cause de la radio, du "second choc pétrolier" (syntagme figé, je ne me souviens pas avoir entendu parler du premier) et de la chasse au gaspi.
Tout était triste et noir.

En fait, rien ne s'est jamais arrangé par la suite (smiley rire aux larmes): graphique trouvé en avril 2019:


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