Billets qui ont 'amitié' comme mot-clé.

Rencontre cerisienne

Miriam (l'Espagnole vénitienne d'adoption) a passé six mois à Paris et quitte la France fin juin. Nous l'avons donc invitée sur la Butte aux Cailles au Temps des Cerises avec les Romains (franco-américain) installés à Maisons-Alfort.

Eclats de rire, échanges sur deux thèses en cours de rédaction, et déjà la nostagie de se séparer. Promesses de se revoir; promesses de voyage.

amitiés  cerisiennes


Cartes postales

Deux cartes postales m'attendaient ce soir.

Quand je me retourne pour regarder ce que j'ai réussi, ce qui constitue une différence par rapport à si je n'avais pas été là, je ne trouve pas grand chose: quelques années de vie sauvées pour la dernière chienne de mes parents qui aurait sans doute été piquée trop tôt si je n'avais pas été là pour conseiller la patience, cent mille euros d'arriérés et une rente mensuelle récupérés pour un dossier d'invalidité que j'ai défendu par hasard (cela ne faisait pas parti de mon poste, mais un administrateur de la précédente mutuelle me faisait confiance et m'avait envoyé un cas litigieux), quelques passants aidés au hasard des rues, le huit féminin du CNF dont j'ai patiemment instillé l'idée dans les vestiaires (mais ça n'a pas fonctionné à l'ANFA, sans doute par absence d'un entraîneur que le projet intéresse).

L'une des cartes postales trouvée ce soir constitue la preuve de l'une de ces réussites: avoir fait se rencontrer des personnes qui ne se seraient pas connues sans moi et qui sont devenues amies, entre elles, sans que je n'ai plus besoin de servir d'intermédiaire. Carte postale signée Aline et Tlön, l'une ayant déjeuné chez l'autre: je n'avais même pas conscience qu'ils en étaient à ce niveau de relations, et ils ont pris la peine de trouver une carte et de me l'envoyer. Cela me fait vraiment plaisir.


L'autre carte, c'est mon premier timbre Charles III.
En voyant le prix du timbre, je me rends compte que je n'avais aucune idée du cours de la livre. J'en étais restée aux francs, quand une livre valait autour de dix francs, si je me souviens bien.

timbre Charles III


Merci à tous les trois.

Les adieux

Dernier jour dans le groupe dans lequel je suis entrée en août 1996 pour un CDD d'un an dans la même entreprise que je quitte aujourd'hui. Un an plus tard j'ai été embauchée dans une filiale du groupe, filiale dont j'ai évoqué la fin ici. Au cours des années j'ai travaillé successivement dans deux autres entreprises du groupe avant de revenir dans la première.

Ce matin, au réveil, je me suis rendue compte que je venais de rêver de tous les collègues de 1997-2001, Norbert, Philippe, Anne, Sandrine, Sakina, Léon, Nathalie, Jean-Marie, comme s'ils étaient venus me saluer une dernière fois.

*****

J'ai passé la journée à envoyer les derniers mails et à appeler les gens que j'apprécie pour leur dire en personne que je partais (parce que c'est terrible de s'apercevoir un matin que quelqu'un a disparu, s'est purement évanoui). Conversations chaleureuses et encourageantes, sans compter F. qui m'a dit: «tu me fais envie. Je vais essayer de bouger aussi» (pour Bordeaux).

Apéro en ligne durant tout le temps de mon retour en train avec les administrateurs de l'association sportive de la boîte. Ils m'on offert un olivier. Il a été livré au loft.

Les gens qu’on aime : #22 quelqu’un qu’on a aimé mais qui ne nous aimait pas en retour

Puisque je lis Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qu'on a aimé mais qui ne nous aimait pas en retour.
Là, c'est facile: Rémi. On a commencé en s'engueulant, on a terminé en s'engueulant — et au milieu on s'engueulait, mais amicalement.

La première fois c'était lors de l'AG de la SLRC en avril 2003. Il nous a tenu un discours, un plaidoyer, il venait de se disputer avec RC et il venait s'expliquer. Je lui ai dit que pour parler autant il était soit avocat soit vendeur de voitures.
(Il était avocat, je l'ai su plus tard. Lol.)
J'ai demandé à ma voisine: «Mais pourquoi est-il si énervé?»; elle m'a répondu comme une évidence: «Mais il n'est pas énervé».

On s'est beaucoup engueulé sur le forum de la SLRC. Il m'a vexée en se moquant de moi alors que je commençais juste à écrire sur la SLRC et à commenter l'œuvre en n'étant pas bien sûre de moi (après tout je n'avais jamais fait ça).
Il m'a fait parvenir un exemplaire de La campagne de France non expurgé après que j'eus exprimé sur le forum le regret de ne pas posséder ce volume. A ma grande surprise il m'a invitée à un vernissage de Marcheschi (mars 2004? en recevant l'invitation j'ai cru qu'il s'était trompé de personne). J'ai découvert qu'il était très drôle, qu'il avait une façon touchante de douter de lui-même tout en pouvant être extrêmement catégorique. J'adorais discuter avec lui, il avait l'esprit vif et ironique, j'apprenais beaucoup, on s'amusait comme des fous (tout au moins moi. Lui je ne sais pas).

On se disputait des nuits entières sur le forum à propos de fiscalité (ça emmerdait sans doute tout le monde), il m'a beaucoup appris sur la façon d'argumenter: au début je répondais à tout, je reprenais ses arguments, je répondais à chacun, avec bonne foi, en nuançant, en pesant le pour et le contre. L'honnêteté intellectuelle, quoi.
Puis j'ai analysé sa façon de répondre et j'ai fait comme lui: avancer à la machette dans le discours de l'autre en ne répondant qu'à ce qui me convenait, en me moquant, en tournant en ridicule. C'était sanglant.
Je pense que de l'extérieur personne ne pouvait comprendre qu'on s'entendait bien et que c'était un jeu intellectuel. Dans un sens ça m'a desservie dans les joutes amicales (sur FB par exemple) car je ne crois plus qu'à l'attaque enragée et personne n'a le cuir de Rémi pour encaisser cela, mais dans un autre sens ça me sert bien face à des adversaires. Je ne fais pas de quartiers et c'est plutôt amusant.

Un jour il m'a fait plaisir en me disant à propos de RC: «Vous êtes sa seule lectrice».

Tout cela s'est mal terminé. Il n'a jamais tenu qu'à RC. Il s'est servi de moi pour se réconcilier avec lui (je le savais, mais quand même…). Il a approuvé le soutien de RC à Marine Le Pen en mai 2012 en le justifiant par la fusillade de Mohamed Merah et la montée de l'antisémitisme. Je ne comprenais pas (je ne comprends toujours pas) comment quelqu'un d'aussi intelligent pouvait avoir aussi peu d'instinct moral (ce n'est pas rare, pourtant, mais en général, je ne croise pas ce genre de personnes, donc ça m'étonne toujours).
Comme je tenais à lui, j'ai décidé de faire avec. On parlait d'autre chose.
Puis, en bon avocat obsédé par la procédure, il a voulu que je censure quelque chose que j'avais écrit sur la SLRC, au prétexte que cela pouvait nuire à RC dans une procédure judiciaire en cours. J'ai refusé.

Alors il a attendu la prochaine AG de la SLRC à laquelle je n'assistais pas (quatre mois plus tard, en janvier 2013). Il en a profité pour faire censurer le commentaire qui ne lui convenait pas. Il n'a pas eu l'élégance de me prévenir de cette soi-disant décision de l'AG (j'ai été prévenue par un mail automatique), il m'a menti en disant qu'il y avait eu vote à l'unanimité alors qu'il n'y avait pas eu de vote (je pense d'ailleurs que lors de l'AG personne ne savait de quoi il parlait, mais entre ceux qui l'aiment et ceux à qui il fait peur, personne ne s'oppose à lui).
L'impolitesse et la brutalité du procédé m'ont fait sortir de mes gonds. Je l'ai pourri et on ne s'est plus parlé. Fin de l'histoire.

Les gens qu’on aime : #18 quelqu’un qu’on a connu quand on était jeune

Puisque je lis Matoo, j'ai découvert le défi du Dr Caso: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qu'on a connu quand on était jeune.
Ça c'est difficile. Il ne reste plus grand monde. De la primaire et le collège personne, sauf trois ou quatre personnes que j'ai retrouvées au lycée, allemand première langue oblige. J'ai conservé un moment des liens avec des amis du lycée. Nous avions même réussi à organiser les dix ans de notre bac, comme dans la chanson de Bruel, vingt-et-un élèves présents sur vingt-quatre.
Mais c'était toujours moi qui prenais des nouvelles et envoyais des lettres la première, et quand sont arrivés les blogs et la SLRC, j'ai laissé tomber: s'ils voulaient conserver des liens, qu'ils écrivent, moi j'avais désormais à lire, des gens passionnants à suivre en toute gratuité.

Plus tard, il y a cinq ou six ans, j'ai retrouvé Christine sur Facebook. Ça m'a fait bigrement plaisir car c'est quelqu'un d'adorable, le cœur sur la main.
Elle détonne un peu parmi mes amis avec ses bougies et ses chatons mais ce n'est pas grave. On ne se parle pas vraiment, on se met des "j'aime" et des "cœurs", elle me tague sur des photos de cheval et d'aviron. Elle est du genre a faire circuler deux ou trois fois à un an d'intervalle la chaîne du "sang A négatif pour l'hôpital de Nantes". Dans ces cas-là je lui écris pour lui signaler que c'est un hoax.

Je l'ai connue en seconde. Nous étions dans la même classe. Je ne sais plus très bien comment nous avons fait connaissance, je n'ai jamais été très liante IRL. L'équitation, peut-être, ou l'Afrique où elle aussi avait passé son enfance.
Elle voulait être sage-femme. Elle a raté son bac mais réussi l'examen d'entrée à l'école des sages-femmes. A mon grand bonheur, elle a mis cette très belle photo sur Facebook.

Christine en train de s'occuper d'un nouveau-né


Aujourd'hui elle s'est reconvertie et tient un gîte dans les Pyrénées. L'un de mes souhaits très chers est d'aller la voir. J'ai cru y parvenir cet été, mais il aurait fallu des vacances plus longues. Ce sera plus facile après le covid.

Le vent du boulet

Vendredi, très négligemment, j'envoie un WhatsApp à Jérémy:
— On pourrait prendre un pot avant ton départ si tu es dispo.
— Essayons mercredi, pourquoi pas.

J'ai appris ce soir qu'il partait demain. Quand je lui avais demandé de se voir avant son départ, c'était une demande générale, de principe, parce qu'il m'avait dit en juin qu'à la rentrée il retournerait à la Réunion pour un an. Je n'avais aucune idée de tomber si juste.

***

Reconfinement pour un mois annoncé ce soir à vingt heures. Quatre semaines. Les fuites ont été si habilement orchestrées que tout le monde a agi aujourd'hui comme s'il vivait un dernier jour: queue pour acheter du café, queue devant le Loir dans la théière, queue au magasin Adidas.

Reconfinement à partir de demain soir. Demain, distribuer le Canard d'Yerres, poster le cadeau d'anniversaire de A, renvoyer le bracelet montre pour l'échanger contre un plus petit, acheter des poudres protéinées pour cette fois-ci maigrir et non grossir, nous procurer des cartons pour préparer le déménagement (deux cartons chaque soir?).
Des pièces remplies de cartons ça va être très moche. La perspective de vendre la maison s'éloigne. Je ne pensais pas si bien dire quand je disais que quoi qu'il arrive on la vendrait en avril, quand les roses fleuriraient.

Que vais-je faire pendant quatre semaines? La dernière fois j'avais un mémoire de licence à écrire.
Apprendre mon CV par cœur, finir la formation à Wordpress, migrer les trois mille billets de VS un par un?

Librairie polonaise

Dans les activités de l'après-midi, il est prévu vendredi en huit un café-débat. Le thème du jour était donc de s'entraîner à l'exercice du débat.
Je découvre le sujet de cet entrainement en ouvrant la chemise qui m'est remise chaque matin: l'amitié.
La feuille comporte du vocabulaire et des questions: comment définiriez-vous l'amitié? l'amitié peut-elle prendre fin? l'amitié entre un homme et une femme est-elle possible? Quelle est la différence entre un ami et un copain?

Copain, pote, camarade, ami, compagnon: les nuances, les sens identiques dans des niveaux de langage différents, etc.
J'exprime une conviction: leur but est de trouver du travail et obtenir des papiers, ils ont donc intérêt à toujours utiliser du français soutenu. Je leur conseille de ne jamais utiliser "pote", ce qui leur évitera de se tromper de contexte.

J'essaie d'expliquer que l'union libre n'était pas prévue par la langue française traditionnelle et qu'il nous manque des mots (je ne sais pas si c'est vrai mais c'est ainsi que j'ai vécu cette évolution) alors on utilise des mots non prévus pour à l'origine. Le français utilise copain et copine ou "petit copain" et "petite copine" pour traduire boyfriend et girlfriend, mais dans les faits cela ne s'applique qu'aux adolescents et aux jeunes adultes. Ensuite… eh bien compagnon ou compagne, par exemple, ou partenaire.
Les nuances entre un ami, mon ami…
— Même un Français ne sait pas exactement ce que vous voulez dire si vous arrivez aux JRS en disant: «je suis venu avec mon ami». Est-ce que vous n'avez qu'un seul ami et vous êtes venu avec ou est-ce que c'est votre petit copain? Il faut un contexte pour décider entre les deux, et parfois on se trompe.
— Mais alors qu'est-ce qu'il faut dire?
— Si vous voulez que les gens ne se posent pas de question, il faut dire «un»: je vous présente «un ami».

Nous avons comme consigne de retrouver l'autre groupe de niveau avancé à onze heures et demie; mais nous sommes si bien plongés dans les nuances (les conditions du débat: ne pas être catégorique: «Ne dites pas "vous vous trompez" ou "c'est faux"; dites "c'est possible, cependant j'apporterais une nuance"») que je n'ai pas lu la feuille jusqu'au bout: nous devions résumer nos réponses et choisir quelqu'un pour les présenter à l'autre groupe. Bon tant pis, on va se débrouiller.

Déjeuner avec Patrick chez Georgette. Deux ans sans se voir, me dit-il, depuis les derniers concerts à Thiré. Bavardage et papotage puis librairie polonaise. Nous y restons longtemps, comme un après-midi à prendre le thé chez des vieux amis. C'est une belle librairie, tant par les boiseries que par les livres présentés. Patrick et la libraire discutent longuement d'auteurs et d'éditeurs, de noms dont je n'ai jamais entendus parler, de souvenirs de la guerre froide. Les éditions de l'Âge d'homme ont déposé le bilan, et comme à chaque fois je me sens coupable: nous n'avons pas acheté assez de livres (mais maintenant je me souviens des mots jésuites: «vous ne sauverez personne»). Les éditions Noir et Blanc, qui appartiennent en partie à la librairie polonaise (mais comment Patrick sait-il tout ça) ont créé "la collection Dimitri" (en hommage à Vladimir Dimitrijević) et réédite les titres du fond au rythme d'un ou deux par an.
Il faut que je trouve les livres d'Arnold Zweig au plus vite.


Bibliophore :
- Hanna Krall, Le Roi de cœur
- Adam Mickiewicz, Les Slaves
- Andrzej Stasiuk, Sur la route de Babadag
- Wojciech Chmielarz, La colombienne

Bloomsday

En retard chez Nicolas. Jeux oulipiques (qui m'impressionnent toujours, je ne suis pas très douée) puis buffet à partir de ce que chacun à amener.
Nous célébrons aussi le Bloomsday.
Le domaine est si paisible, cette famille si accueillante avec tant de naturel.


Robert Rapilly a inventé le Chaïpku: soit deux groupes, chaque groupe écrit un haïku en fonction de ce qui l'entoure puis le danse (ou le mime) à l'autre groupe qui doit deviner ce qui est représenté et (tenter de) retrouver le texte du haïku dansé.

Voici le nôtre :
La jeune glycine
Le silence du chenil
Maronniers vigies.

Très amusant de danser le silence du chenil.


Haïku de l'autre groupe:
Le volet ouvert
Deux pavés l'herbe frémit
Les oiseaux pépient.

Les cercles de la fraternité

Je commente rapidement l'évangile du jour aux enfants (ils sont nombreux, moi qui comptais sur un petit nombre un week-end de pont…):

«Aimez-vous les uns les autres… Vous entendez souvent cela, mais on ne vous dit pas souvent comment vous y prendre. Evidemment, cela ne concerne pas vos amis et les gens que vous aimez bien, parce que ça, c'est facile. Après, il y a ceux qui vous sont indifférents, dont vous ne pensez rien et auxquels vous ne pensez jamais. Puis il y a ceux que vous n'aimez pas ou que vous détestez, avec ou sans raison. Il y a une dernière catégorie dont on ne parle pas souvent: ceux qui ne vous aiment pas, sans que vous sachiez pourquoi. Ceux-là, c'est bizarre. Je vous conseille de commencer par ceux auxquels vous ne pensez pas, ou pas souvent. Il faut commencer par faire attention: tenir une porte, porter un sac, sourire… Vous avez toute votre vie pour penser aux autres catégories, ce n'est pas si facile, il faut s'entraîner.»

Et je n'ajoute pas que concernant la catégorie de ceux qui ne vous aiment pas, l'urgent est de ne rien faire, surtout ne rien faire. Attendre et laisser venir.

Champs

En regardant mon téléphone vers dix heures, je m'aperçois que j'ai reçu un sms du chef de groupe scout à trois heures du matin: orage à Strasbourg, les pio ont été évacués au Zénith, la caravane a peu de dégâts car les chefs ont fait aussitôt coucher les tentes (comme on abat la voile d'un navire).
Dans la matinée, le père de H. appelle: Vous avez des nouvelles d'O.? — Non, répond cruellement Hervé. (Mais il est bien évident que nous en aurions s'il lui était arrivé quelque chose).

Nous retournons chercher Jack pour le déjeuner (je dois calmer l'impulsion naturelle d'Hervé qui a toujours peur d'être en retard: «Laisse-lui le temps, il est en vacances»). Et effectivement nous arriverons un peu trop tôt, il n'est pas prêt, ce qui nous donnera le temps de nous promener dans le parc de l'hôtel.

Dans la voiture, Jack me parle de La Procure et me montre l'un de ses achats: un livre d'Henri Lefebvre (impossible de me rappeler lequel) qu'il a l'intention de traduire: il trouve Lefebvre injustement sous-estimé aux Etats-Unis. Sur le coup ce nom ne me dit rien, mais en voyant dans la liste des ouvrages du même auteur que Lefebvre a écrit le Que sais-je sur le marxisme, je me souviens de l'anecdote sur Sartre que je raconte. Jack rit de bon cœur.

Repas de restes (et Jack de s'exclamer qu'il s'agit des meilleurs restes qu'il ait jamais mangés, et moi, toujours aussi inadaptée au small talk, de me demander s'il est sincère… (quelques tomates et quelques saucisses, un peu de rosé, du soleil et de l'ombre… Cela vaut-il autant d'enthousiasme?)) Nous discutons, nous abordons une fois de plus le problème des niveaux de langage. Je lui montre Léo Malet qui me semble de "l'argot classique", une langue en soi et non un jargon vulgaire.

Que faire cet après-midi? Pas Grosbois ouvert que le dimanche, pas Courances dont seuls les jardins se visitent l'été (les propriétaires doivent venir y résider, je suppose). Fontainebleau ou Vaux-le-Vicomte… je n'ai pas très envie, j'imagine la foule et le soleil et je n'ai pas très envie. Je cherche quelque chose de pittoresque, qui permette de briller de retour aux Etats-Unis.
Et pourquoi pas Champs? Il me semble qu'il a rouvert, et je me rappelle encore de tentative infructueuse. Le château des Liaisons dangereuses, cela parlera aux Philadelphiens.

Ce fut une très bonne idée.
Peu de monde, une restauration parfaite, des jardins magnifiques, un espace suffisamment restreint pour les problèmes de genoux de Jack (mais comment aurait-il fait à Vaux?), un retour en suivant au mieux (avec maints détours) les rives de la Marne.

Le soir, partant du principe que cela ne doit être rare à Philly, nous emmenons Jack dans notre restaurant marocain favori. A vrai dire, le temps ne s'y prête guère (il fait un peu chaud pour s'empiffrer de couscous!) mais cela ne décourage pas Jack.
Tandis que nous le ramènons à sa chambre, un orage éclate. Un mariage bat son plein à l'hôtel, j'espère que cela ne l'empêchera pas de dormir. Je songe à un autre mariage chez un blogueur cher et je me demande s'il pleut là-bas aussi.

Demain Jack continue son périple par la Belgique.

La Feuilleraie

Ce soir nous devions recevoir Jack, un "pur" ami FB que nous avions rencontré en 2012 à Philadelphie vers la fin de notre voyage. Il a réservé un hôtel à la Varennes-Jarcy (il m'avait demandé un conseil, mais on ne connaît pas les hôtels près de chez soi, par définition. Après un tour sur booking.com, je lui avais dit que La Feuilleraie me semblait agréable).

Son téléphone ne fonctionne pas en France et hier il m'avait confirmé lors d'un dernier mail qu'il arriverait vers huit heures, qu'il prendrait un taxi de la gare de Combs-la-Ville pour aller à l'hôtel et nous appellerait alors du fixe sur place. Nous étions convenus que nous irions alors le chercher en voiture. («Est-ce que ça ne va pas faire trop tard pour le barbecue? — Non, nous sommes en été, la nuit tombe tard.»
Mais tout de même, j'étais inquiète, je l'avais prévenu, toujours par mail, qu'il n'y aurait guère de taxi à la gare de Combs, qu'il avait intérêt à prévoir à l'avance…

Depuis, plus de nouvelles. Huit heures, huit heures et demie, j'appelle l'hôtel, il n'est pas arrivé, mon interlocuteur note mon appel, «je vais quitter mon service mais je note votre appel sur l'enveloppe contenant les clés». Neuf heures, neuf heures et demie… Nous décidons finalement d'aller voir sur place (de chez nous, c'est véritablement tout droit!)

Nous errons au rez-de-chaussée, il n'y a personne, c'est une très belle demeure. Je remarque une notice sur une cheminée: surprise, il s'agit d'un château loué par St-Ex pour sa femme Consuelo (voir ici en 1939. (C'est ainsi que j'apprends que Le Petit Prince a été écrit à deux heures de New York.) (Et sans doute Jack est-il le seul Américain lettré à ne pas avoir lu Le Petit Prince (la vénération pour se livre m'ennuie, mais je me sens étrangement piquée qu'il ne l'ait pas lu))).

De cette dernière parenthèse vous déduirez que nous avons retrouvé Jack arrivé quelques instants auparavant. Cabriolet, barbecue en terrasse, nuit.

Histoire de femme

— Mon beau-père battait sa femme comme plâtre. Enfin, il paraît. Un jour, elle a voulu partir. Elle a pris une valise, l'a remplie. Mon mari m'a montré la valise, au grenier. Elle était criblée de trous: mon beau-père a pris sa carabine et a tiré dedans. Ma belle-mère est restée. (Silence. Soupir.) Que voulais-tu qu'elle fasse? Elle ne savait rien faire, même pas bonne à rien, mauvaise à tout, comme disait Pagnol.


(Je dîne avec M.)

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Etablir une routine, des routines, pour gagner du temps (pour le soir c'est à peu près OK, le matin je n'y arrive pas.)

2/ Non.

3/ Oui. Je mange des céréales de petit déjeuner en lisant ou en surfant sur internet.

4/ Ce qui a surtout changé, c'est la définition du mot ami. Je ne sais plus du tout ce que c'est1, et après mon expérience d'il y a trois semaines, je le sais encore moins.
En nombre, élargi, mais j'ai du mal à dire que le cercle s'est élargi, car élargi m'évoque de la distance, or je conçois les amis comme proches.

5/ Les transports en commun. Facebook.

6/ Le petit déjeuner? Le refus que qui que ce soit quitte la maison sans avoir petit déjeuné.

7/ Non.

8/ Une oraison funèbre, ça compte? L'oraison funèbre de ma grand-mère.

9/ Oui, il n'y en a pas tant que ça !

10/ Sachant que j'écris cela dimanche soir, demain à cette heure-ci, je serai en train d'écouter la fin d'un cours sur Saint Paul.



1 : Cela pourrait être quelqu'un avec qui l'on a passé de nombreuses heures in vivo ou per scriptura, sans partager obligatoirement les mêmes goûts, ni les mêmes jugements, ni les mêmes opinions, mais avec lequel on se sent des liens inexplicables dans leur nature, et qu'on tentera d'aider dans la mesure du possible si l'occasion se présente — même si l'on ne se voit ni ne se parle plus beaucoup. (C'est finalement la leçon de Vingt ans après, si étrange après le fusionnel Trois mousquetaires.)

Enquête

Les questions sont ici.

1. En voiture ?

2. Peut-être. Avant j'aurais dit oui. Depuis quatre ou cinq ans je dirais non.

3. Non. Mais je sais que faire quelque chose de particulier le vendredi soir allonge considérablement le week-end. Mais je ne tire pas de conséquence de ce savoir.

4. Oui. J'en ai ramené une mug.

5. Beaucoup, surtout l'hiver pour aller au bureau. J'ai froid. Il faudrait que je me rachète des robes mais j'économise. Le problème principal, ce sont les chaussures: je redoute de rester debout dans le RER sur des talons hauts. C'est très fatigant.

6. Jamais ! J'ai retenu que nous étions 4% sans la télé (un enfant par classe, c'est courant finalement) et 1% à tricoter dans le métro. Je fais partie des deux.

7. Un systématique occasionnel: bref, le plus souvent possible.

8. Très rarement. Deux fois dans une vie, peut-être.

9. Non, pas vraiment. Il faut être dans le jardin et que le vent soit favorable.

10. Non, heureusement. Je serais très embarrassée pour eux.

Dîner

— Ce soir, je dîne avec des copines.
— Quoi? des blogueuses?
— Non.
— Des rameuses?
— Non.
— Des oulipiennes?
— Non.

Et c'est vrai que je n'ai pas de copines, je n'ai que des copains. Je suis très misogyne, j'en ai peur.

J'avais organisé un dîner avec trois amies rencontrées en Grèce, mais finalement ce fut un tête-à-tête, très intéressant, avec quelqu'un que je connaissais à peine:
— Un soir, je ne suis pas rentrée chez moi.

C'est impressionnant, comme déclaration. Elle raconte la lassitude de la vie conjugale, le mari pessimiste et bougon, insupportable: «il a arrêté de voir son psy car je crois que celui-ci lui a dit qu'il n'avait pas entièrement raison!»
Maintenant elle fait des études de théologie (je plaisante, il n'y a aucun enchaînement logique), mais pas chez les dominicains, chez les jésuites.
Elle me cite des choses que j'ai dites cet été. Je ne les renie pas, mais je suis soufflée: décidément, je parle beaucoup trop (mais en fait, quelle importance? au moins je ne trompe pas les gens sur mon compte.))

A minuit passé, je rentre de la gare à pied, ma voiture n'ayant plus de batterie. Fatiguée (j'ai ramé à midi). Comme une môme, j'escalade les clôtures pour rentrer plus vite chez moi.

Fail

L'un des défauts des Vélibs est que le panier pour contenir les sacs griffe le cuir. Comme j'avais l'intention de prendre un vélo entre l'île de la Cité et la rue d'Assas, j'ai vidé mon cartable au dernier moment avant de partir pour prendre un sac moins fragile.

Ce faisant, j'ai oublié dans ma précipitation (vite, vite) ma carte navigo et mes lunettes: problème pour prendre le RER, bien sûr, mais aussi impossibilité de prendre un vélo puisque mon pass Vélib est sur ma carte navigo (tiens j'y pense, ce nom de "navigo" est-il lié à la devise de Paris? Si oui, quelle élégance dans les détails).

Et surtout j'ai passé une journée très difficile: sans lunettes, je peine désormais beaucoup.

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Lecture du jour : l'amitié selon le Siracide
Livre de l'Ecclésiastique 6,5-17.

La parole agréable attire de nombreux amis, le langage aimable attire de nombreuses gentillesses.
De bonnes relations, tu peux en avoir avec beaucoup de monde ; mais des conseils, n'en demande qu'à un seul entre mille.
Si tu veux acquérir un ami, acquiers-le en le mettant à l'épreuve ; n'aie pas trop vite confiance en lui.
Il y a l'homme qui est ton ami quand cela lui convient, mais qui ne reste pas avec toi au jour de ta détresse.
Il y a l'homme qui d'ami se transforme en ennemi, et qui va divulguer, pour ta confusion, ce qui l'oppose à toi.
Il y a l'homme qui est ton ami pour partager tes repas, mais qui ne reste pas avec toi au jour de ta détresse.
Quand tout va bien pour toi, il est comme un autre toi-même et commande avec assurance à tes domestiques;
mais si tu deviens pauvre, il est contre toi, et il se cache pour t'éviter.
Tes ennemis, tiens-les à distance, mais avec tes amis sois sur tes gardes.
Un ami fidèle est un refuge assuré, celui qui en trouve un a trouvé un trésor.
Un ami fidèle n'a pas de prix, sa valeur est inestimable.
Un ami fidèle est un élixir de vie que découvriront ceux qui craignent le Seigneur.
Celui qui craint le Seigneur orientera bien ses amitiés, car son compagnon lui ressemblera.

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Agenda
Gratté la gelée sur le pare-brise ce matin à sept heures (ce qui ajouté à mon changement de sac n'a pas contribué à nous mettre en avance).
Dernier cours d'allemand de l'année. Je ne reviendrai pas, sauf si mon inscription en allemand théologique l'année prochaine est refusée. Il va falloir que je fasse de la grammaire cet été.
Après-midi en bibliothèque sur Genèse 1-3 (les deux récits de la création, les sept jours et l'Eden).
Re-regardé Real Steel en me faisant la réflexion que nous, Américains compris, adorons les histoires de David et Goliath, et que ce que les Américains ne saisissent peut-être pas, c'est qu'aux yeux du monde, ils sont Goliath.

Je n'aime pas

- ceux qui tiennent des blogs violents et cyniques, se moquent à longueur de blogs des femmes, des invertis, des fumeurs, des gros, des suants, et qui si l'on ne rit pas vous disent "décidemment tu n'as pas d'humour" et lorsqu'on répond avec autant de violence qu'eux, parce que oui, on se faisait une certaine idée des hommes, une idée de solidarité et de fraternité et que l'on ne peut s'empêcher de remarquer qu'on est déçue, qu'ils ne sont pas à la hauteur, vous disent, eux sans rire et sans penser qu'ils pourraient avoir un peu d'humour: "tu aboies trop fort";

- ceux qui vous jugent, vous disent que vous partez en torche, écrasent votre parole en décidant de ce que vous avez le droit de dire ou pas (sans manquer de vous féliciter parce que tel post est inattaquable (comme si c'était un hasard: pour ta gouverne il est en ligne depuis février!) ou parce qu'ils découvrent que trois ans auparavant vous êtes restée de marbre devant les inepties d'un crétin (comme si un crétin pouvait m'atteindre (mais que j'explique que quatre ans auparavant j'ai été atteinte, non, rien à faire, ils ne veulent pas l'entendre, ça ne colle pas avec l'idée qu'ils désirent se faire de la situation)), vous demandent votre avis alors qu'ils ont déjà décidé ce qu'ils feront et se contenteront d'insister jusqu'à ce que de guerre lasse vous laissiez faire (quitte à attendre que le truc plante pour avoir enfin la possibilité d'expliquer comment fonctionnent des tags (mais inutile de tenter d'expliquer avant, avant tout ce que vous pourrez dire ne comptera pas; votre parole, votre être, n'a pas de valeur, tant que les faits ne vous offrent pas une brêche dans leur certitude d'avoir raison)), et qui après vous avoir censurée, avoir fait retirer un de vos commentaires, sont capables de glousser dans un mail: "Oh désolé, je suis allé répondre à Tartempion sur le mur FB de Trucmuche, c'est plus fort que moi".

J'appelle cela (dans les deux cas): le monopole de la violence. Eux ont le droit d'être violents, de vous écraser de leur mauvais goût ou de leur jugement ou de leur décision, mais qu'on s'avise de répondre à hauteur, et l'on aboie, on est tout à fait déplacée et incontrôlable (remarque (puisqu'il faut toujours tout mettre en évidence et que rien ne va jamais de soi): si je ne me contrôlais pas, je ne serais pas en train d'écrire une note anonyme compréhensible par dix personnes, inindexable par Google)).

Cherchez-vous un conseil ou un assentiment?

Rentrée tard après quelques verres avec un ami. Ai-je eu tort de ne pas le détourner d'un projet vaguement immoral? Il m'a quittée en insinuant que je lui avais apporté ma caution, il exagère un peu: si ce que je lui avais dit ne lui avait pas convenu, il ne l'aurait pas écouté.

Enquête

Les questions sont ici.
Réponses apportées le 2 janvier 2015.

1/ Non. Et je retiens les noms d'une part, les visages d'autre part, je ne sais pas apparier.

2/ Non, je n'ai jamais vraiment démissionné, juste changé de poste dans le même groupe.

3/ Non. Je suis très embarrassée par cette question, car il faut que je juge si je vais parler de mes études de théologie. En général je décide de ne rien dire. Je parle d'aviron ou de grec, éventuellement.

4/ Non. Je suppose que je ne les vois pas, je ne fais pas attention. Mon entreprise est "vieillissante", toutes les femmes ont eu leurs enfants.

5/ Régulièrement dans le RER. Une à deux fois par mois.

6/ Non. Je n'ai pas de boulangère.

7/ A ma mère, j'en ai peur (le dicton: "Regardez votre belle-mère pour savoir ce que deviendra votre femme" me paraît de plus en plus juste et ça m'affole).

8/ Oui. Je regrette toujours cela.

9/ Oui.

10/ Aussi. Je crois viscéralement aux miracles.

11/ Dans quelques cas j'ai écrit à quelques personnes autour d'elles pour essayer de retrouver des adresses. En vain.

Pas de nouvelles, très probablement mauvaise nouvelles.

J'ai écrit une fois, en laissant une carte de visite dans l'enveloppe pour que la famille de Paul puisse me répondre. Rien.
J'ai téléphoné. Ça ne répond pas.
Le week-end dernier j'ai rêvé de lui. Je suis persuadée qu'il est mort.
Hier je suis passée en bas de son immeuble, je pensais qu'il y avait une concierge. Non, juste un code, porte close.

Il faut que je trouve le numéro de téléphone de son petit-fils et que j'appelle. J'ai pas envie.

Après l'Ircam

Un très bon Côte du Rhône après du champagne et des canapés (pas de canapés pour moi ? mais trois coupes (je n'aurais pas dû)). Un projet lancé en l'air qui ne retombera pas (et c'est parti : Cerisy 2010, lire les Eglogues), du moins j'espère. Autant en emporte le vent, Deep Purple, la chansonnette, Brassens, Berio, Machiavel, le pouvoir, la disparition des gauchistes en 1978,…
On a quand même dû parler d'autre chose en trois heures, peut-être un peu trop ri pour m'en souvenir, le serveur entraîné par notre gaieté a proposé de nous photographier tous les quatre, et si ça continue je vais finir par aimer les photos souvenirs.

C'était bien.
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