Billets qui ont 'antisémitisme' comme mot-clé.

Les antivax: crétins ou négationistes? ou les deux?

Je découvre avec stupéfaction que les antivax comparent leur sort à celui des juifs sous le nazisme.
Je n'ai pas de mots.

Portail d'Auschwitz avec «le travail vous rendra libre
source: Sarah Benichou.


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Avant d'exposer leur abjection, ils exposaient leur crétinisme.

Je reprends le dessin et le commentaire d'Hervérifie, parce que comme lui, j'aime bien le hamster doré (et je déteste Dupont-Aignan):

comparaison entre les tests sur le vaccin et les tests sur l'ivermectine, l'ivermectine étant préféré au vaccin par Nicolas Dupont-Aignan

🌴 Aloha 🥥
🧠 Je citerai ici Thomas C Durand, de la fabuleuse La Tronche en Biais, qui par sa prose mythique m’a inspiré cette infographie : 💬 « (…) Les mêmes personnes qui veulent se fier à un papier sur 18 hamsters sorti avant hier sont promptes à juger que les milliards d'injections et la stricte pharmacovigilance des 7 derniers mois sont insuffisantes pour recommander la vaccination. Leur manque de logique est visible depuis l'espace (…) »

🐹 Et puis ça m’a surtout vachement donné envie de dessiner un hamster, à défaut d’un mouton 🤗
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🧠 Ici, je ne parle même pas des multiples études « en vie réelle » (sur des centaines de milliers de personnes, dans de nombreux pays, vs contrôles) qui ont sans aucune ambiguïté démontré la redoutable efficacité et le rapport bénéfice/risque écrasant de ces vaccins, et notamment des deux vaccins à ARNm, contre :
✔︎ Les symptômes (comme l’étude de Pasteur)
✔︎ Les hospitalisations
✔︎ Les formes graves
✔︎ Les admissions en réa
✔︎ Les décès
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🧠 Pourquoi ne pas avoir parlé de cela?
❶ Parce que la première citation de M. Dupont-Aignan remonte au mois de décembre et concernait le vaccin Pfizer, alors qu’il n’avait à disposition « que » l’essai de phase 3 dont je parle ici.
❷ Parce que nos pauvres petits rongeurs sont à peine visibles ici, imaginez si j’avais dû les comparer à plusieurs centaines de milliers d’humains…
❸ Parce que mon logiciel de dessin vectoriel, chose incroyable, plante lamentablement et systématiquement quand je dépasse les 40 000 petits bonhommes verts… Alors en coller des centaines de millier, ou même des milliards… Bref, j’ai dû exporter un PNG aplati pour finaliser l’image.

⚠️ Le « raisonnement » de M. Dupont-Aignan (et Philippot, et Asselineau, et toute cette clique de charlots) fait donc planter un iPad 12.9’’ 😳
➜ C’est dire la magnitude de WTF qui anime ces gougnafiers.

A vendre

Choc en arrivant à JRS ce matin : pas de petit déjeuner, tout le monde porte un masque qu'il faudra garder même pendant les cours. C'est la conséquence du discours présidentiel, c'est cela ou l'école d'été s'interrompt.

Aujourd'hui j'ai davantage d'élèves, un journaliste syrien, un Afghan qui aime la cuisine et est passé par la Russie, des Iraniens. Je fais cours avec Paul, un baby-jéz (jésuite en cours de formation) qui vient de Côte d'Ivoire.
Celui qui est passé par la Russie (et donc parle russe) posera une question qui me laissera interdite: comment faire pour rencontrer des filles en France?
— En Russie c'était facile, on allait dans les bars. Mais ici, tout le monde reste en groupe.1
— Je ne suis pas la bonne personne à qui poser cette question. Je n'ai jamais fait ça, je me suis mariée à dix-neuf ans (ce qui est faux au sens strict, mais vrai sur le fond: j'ai simplifié). A mon avis il vaut mieux choisir un hobby, la musique ou le sport… mais ça coûte de l'argent, il faut s'inscrire en club. Attention, si vous choisissez la religion et que vous êtes musulman, renseignez-vous. Faites attention à l'imam que vous choisissez. Jamais vous n'aurez vos papiers si vous fréquentez une mosquée fondamentaliste. Si vous ne savez pas, demandez ici, ils vous renseigneront.

Le sujet du jour ne m'inspire pas beaucoup, il s'agit de l'actualité. J'ai découvert avec étonnement les ressources proposées: TV5 et RFI.
Nous visualisons un journal télévisé de trois minutes, nous voyons le vocabulaire. C'est compliqué avec le masque.

Je repère un reportage de trois minutes sur Louis de Funès. Je n'aime pas beaucoup les mimiques de cet acteur, ses exagérations me gênent, et j'ai été très surprise de son succès pendant le confinement qui a mené à la rediffusion de beaucoup de ses films.
Je lance la vidéo. Parmi les extraits se trouve un extrait de Rabbi Jacob que je prends le parti de commenter, car je sais que le sujet juif est sensible pour beaucoup d'entre eux. Il me semble important de les sensibiliser à la façon occidentale d'envisager les choses.
— Comment, Salomon, vous êtes juif? Ça ne fait rien, je vous garde quand même.
Je leur demande ce qu'ils en pensent. Seule Ndeye, qui est en France depuis longtemps, dit que c'est raciste.
— Oui. Je ne pense pas qu'on le dirait aujourd'hui. En fait il y a plusieurs niveaux dans ces phrases. «Salomon» est un prénom très juif, personne en France dans les années 70 n'appellerait son fils Salomon sans être juif. Donc le patron n'a pas fait l'association, ce qui peut s'interpréter de deux façons: soit il ne fait absolument pas attention à son chauffeur, soit le fait d'être juif a si peu dimportance pour lui qu'il n'y pense jamais. La deuxième partie de la phrase est plus proche de l'antisémitisme: «je vous garde quand même», comme si le fait d'être juif avait pu être une raison valable de licencier son chauffeur. A l'époque, en 1970, ça faisait rire parce que tout le monde savait que c'était de l'humour, qu'être juif n'était pas une raison pour être licencié. Aujourd'hui c'est devenu compliqué, certains sont capables de ne pas voir l'humour, car le fait que ce ne soit pas une raison de licenciement n'est plus évident pour tout le monde.

Je reprends mon souffle. Je les regarde, juste les yeux au-dessus des masques. Je parle trop mais ça me paraît si important s'ils regardent la télé et tombent sur les manifs pro-Traoré.
— C'est devenu compliqué en France, il faut faire attention. Quand vous voyez des manifs pour un noir mort pendant une arrestation, vous pensez quoi?
— Que c'est une manif contre le racisme?
— Oui. Mais dans la même manif, il peut y avoir des pancartes contre les juifs. Donc c'est de l'antiracisme sélectif, pas universel. Donc il faut faire très attention quand on veut soutenir une cause en France. Il faut bien regarder qui soutient qui.

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Repas avec ma collaboratrice. Nous ne nous sommes pas vues depuis mars. Je lui ai donné rendez-vous au restaurant pour papoter également de sujets perso, famille, vacances, etc. Team time. Je ne lui dis pas que je vais déménager. Je n'y crois pas encore complètement.

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La pipelette de ce soir-là est agente immobilière. Elle est passée faire une estimation de la maison. L'intérieur lui a beaucoup plu, sauf le salon qu'elle trouve étriqué.
Il va falloir repeindre la façade. Moi qui ai toujours détesté la couleur jaune de ma maison, je vais la quitter quand elle sera blanche.
Nous mettrons en vente dès qu'elle sera repeinte. L'agente pense pouvoir vendre rapidement. Il paraît que depuis le confinement les Parisiens fuient Paris.

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Le soir je prends le train pour Moret. C'est un test. C'est un peu plus long mais c'est CLIMATISÉ. Et propre. Et vide. Sacrées différences par rapport au RER D. Reste à savoir si les rames sont à l'heure. Le pari, c'est aussi la poursuite du télé-travail, et surtout le changement de boulot. Adieu Nanterre Préfecture.

Je rejoins H. et les deux enfants venus prendre les mesures de l'appartement pour commencer à imaginer où placer nos meubles (et savoir de quoi il nous faut nous débarrasser). H. a également apporté une promesse d'achat. L'idée de laisser un chèque d'engagement nous a fait traiter de fous par l'agente immobilière: «vous lui avez demandé sa carte d'identité? Vous êtes sûrs qu'il est propriétaire? L'argent doit toujours passer par un notaire!»
Bon, bon. (J'ai repensé au type qui avait vendu la Tour Eiffel).

Le "propriétaire" (noté SB par la suite) nous a recommandé le restaurant des Lys à Moret. (Nous lui avions demandé des adresses, que ce soit pour une cantine de tous les jours ou un événement à fêter.) C'est délicieux. Nous en profitons pour fêter l'anniversaire de H. qui est tombé en avril.



Note
1 : La société russe serait-elle plus ouverte que la société française? J'ai posé la question à H. qui met cela sur le compte de la disparition des classes populaires: «Les gens de la classe moyenne restent chez eux ou restent entre eux, ils ne vont pas papoter au café.»

Tranquille

J'écris en regardant Rien ne va plus (Chabrol, Arte). J'ai bu un peu de rouge, de cet excellent Morgon, dernière bouteille du carton. Un autre monde, avec des francs, où l'on fume dans les bars des hôtels, où l'on demande l'autorisation de tutoyer, où les plaques des voitures portent le numéro des départements. J'aime bien la coiffure courte d'Elisabeth Huppert, son côté garçonne rousse. Un monde enfui. Quel bonheur.

Début de l'Auberge des blogueurs. Je l'avais totalement raté il y a dix ou quinze ans. Je me demande qui joue parmi les blogueurs que je connais.

J'ai remis les pieds sur FB. Je n'aurais peut-être pas dû. Il en ressort que des chants antisémites ont égayé la dernière manif contre les violences policières — pour Adama Traoré (noir mort pendant son arrestation en 2016 — manifestation inspirée des manifestations suite à la mort de George Floyd aux US). J'ai failli m'étrangler en découvrant la photo ci-dessous.
Je veux croire que c'est un montage, mais je sais que ça n'est pas le cas.
Le monde me paraît en gésine; je me demande de quoi il va accoucher.





J'ai vérifié: Nacira Guénif existe.
Quelqu'un pour lui demander au nom de quoi il est possible de détester profondément une personne que l'on ne connaît pas, et quel nom elle donne à une haine qui atteint un groupe, une haine collective, et non une haine singulière qui touche une personne avec laquelle on a des relations individuelles?

RC

Je m'apprêtais à envoyer une carte de félicitation à RC pour sa victoire contre Yann Moix (RC avait porté plainte contre Yann Moix qui l'avait traité d'antisémite. Je ne donnais pas cher de sa peau car je ne voyais pas un tribunal donner raison à RC dans le contexte actuel, avec la montée inquiétante de l'antisémitisme. Et pourtant, RC n'est pas antisémite. Il est anti-musulman).

Aujourd'hui un attentat a été commis contre des musulmans en Nouvelle-Zélande. L'un des inspirateurs du meurtrier est RC et sa théorie du grand remplacement.

Je n'ai pas envoyé ma carte de félicitation. J'ai pensé «ouf, heureusement que je n'avais pas de carte convenable sous la main et que j'ai pris du retard dans mon projet».
Je me demande ce qu'en pense Rémi.

Récapitulatif

Je ne peux saisir l'air du temps. Comment rendre la folie qui s'est de nouveau emparé de la France ? Twitter, FB, les chaînes d'information en continu donnent une impression d'urgence, de catastrophe et de fin du monde à tout moment. C'est fatiguant.

Le pire est de voir des amis, des connaissances, devenir tout à fait agressifs. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi mes amis homos sont restés amicaux pendant la lutte du "mariage pour tous" sans me réduire à ma dimension catholique — alors qu'eux-mêmes se faisaient insulter par la hiérarchie ecclésiale (pas toute mais quand même, quelle honte quand j'y pense) — tandis qu'aujourd'hui certaines connaissances de gauche perdent toute mesure devant mes positions plutôt conservatrices alors qu'il ne s'agit jamais que de choix qui ne les (qui ne me) touchent pas profondément au quotidien : que les zadistes obtiennent ou non le droit de rester sur les terres occupées depuis des années, que les cheminots conservent ou pas leur statut et leur retraite, que les étudiants soient ou pas sélectionnés, cela ne remettra pas en cause leur vie personnelle (alors que le droit ou pas de se marier devait avoir un impact direct sur la vie des homosexuels et le regard que la société posait sur eux).

Faut-il voir dans leur virulence la trace de leur incohérence, d'une conscience intime mais non acceptée de la bizarrerie de rejeter la sélection en étant de purs produits de la plus haute sélection (classes préparatoires, grandes écoles)? De la bizarrerie de monter en épingle sur FB ou des blogs la nullité des étudiants en première année de fac (pour faire rire leurs lecteurs, évidemment) pour ensuite réclamer que ces étudiants ne soient pas sélectionnés? De la bizarrerie d'être prêts à condamner leurs enfants ou petits-enfants à payer la retraite de personnes qui auront passé, qui passeront, plus de temps à la retraite qu'à avoir travaillé tandis que la pyramide des âges s'inverse inexorablement?

S'agit-il de vraies protestations portant sur l'objet des protestations, ou simplement de l'occasion de frondes contre Macron qui les insupporte?


Récapitulatif disais-je :
- 17 janvier : abandon du projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDLL). Les occupants (illégaux, non propriétaires) ont jusqu'au 1er avril pour évacuer la zone. Le 9 avril, l'évacuation forcée commence. Les journalistes ne sont pas autorisés à être présents : on crie à la censure (mais je pense "Rémi Fraisse").

Ma position : aucune raison de donner des terres sous prétexte d'un droit acquis par le squattage. Mes contradicteurs arguent de projets collectifs d'agriculture responsable : je ne vois pas en quoi respecter la loi sur la propriété empêche de faire de l'agriculture responsable en déposant des projets individuels.

- 15 février (à peu près) : la fac de Montpellier est bloquée par des étudiants qui protestent contre la sélection à l'entrée des universités. (Un professeur et un ex-doyen font intervenir l'extrême-droit contre ces étudiants: grave erreur, car si je trouve l'occupation ridicule, je ne pourrai que défendre les étudiants s'ils se font tabasser). Plusieurs universités sont peu à peu bloquées (Toulouse, Tolbiac). Les bloqueurs paraissent minoritaires. Ces minorités découvrent que les réseaux sociaux peuvent jouer contre eux : avant, seuls ceux qui prenaient le mégaphone étaient entendus, aujourd'hui n'importe qui peut twitter : la majorité silencieuse s'exprime, il est possible de connaître son avis. Depuis mi-avril (les vacances scolaires?), les facs sont peu à peu évacuées par les CRS.

Ma position : je ne comprends pas pourquoi ce sont les étudiants et non les lycéens, voire les parents des lycéens, qui protestent. Je crois qu'il faut de la sélection, qu'il nous faut les meilleurs chercheurs et les meilleurs ingénieurs et les meilleurs écrivains parce que c'est ce qui élève le niveau général d'une nation, en fait son prestige à l'international, c'est ce qui fait des brevets, des emplois; je trouve stupide de prétendre que tout le monde est égal devant les études alors que personne ne le dirait pour du foot, par exemple (tout le monde n'est pas Zidane ou Marie Curie, tout le monde peut jouer au foot ou apprendre la chimie: il s'agit de niveau, eh oui). Mais sans aller jusque là, au premier abord, il me paraît préférable d'admettre un étudiant dans une filière du fait de son travail et de ses aptitudes que par tirage au sort. Le tirage au sort fait perdre deux personnes: celle qui est admise dans une filière qui ne lui convient pas et celle qui n'y est pas admise alors qu'elle lui conviendrait. Admettons que j'ai tort. Il reste que je ne comprends pas que ce soient les étudiants qui protestent et non les parents de lycéens. (Je pense à ma nièce qui passe le bac cette année : quel casse-tête.) Ce point m'empêche de prendre les étudiants au sérieux.)

- 14 mars : le gouvernement présente un projet de réforme de la SNCF. Les syndicats de cheminots annoncent une grève perlée de deux jours par semaine pendant trois mois.

Ma position : là en revanche je comprends très bien. Défenses des droits acquis (qui entre nous soit dit ne sont pas remis en cause) et souhait d'emm*** un maximum de monde pour avoir gain de cause. C'est pour moi la définition du caprice: si on se roule par terre dans le magasin en faisant suffisamment de bruit, les parents gênés finiront par céder. Je ne crois pas une seconde à "une défense de l'intérêt général". Sur le fond, la réforme est inévitable puisque la France est tenue par ses engagements européens. Elle est préparée de longue date puisque c'est par cette prochaine mise en concurrence qu'on avait justifié les changements d'horaires de la SNCF il y a quelques années. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose? Nous avons tous gagné à la mise en concurrence des opérateurs mobiles, à l'apparition d'Uber. On brandit en contre-exemples les accidents en Grande-Bretagne et en contre-contre-exemple le réseau secondaire allemand. Je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, ce serait à tous les Français de protester, pas aux seuls cheminots : visiblement ce n'est pas le cas. Il s'agit bien de la défense d'intérêts personnels, et non de "l'intérêt général".)


Ajoutons à tout cela (et sans doute est-ce le plus important, le plus préoccupant) la montée de l'antisémitisme : 23 mars, meurtre de Mireille Knoll. Avoir échappé à Drancy pour finir assassinée à 85 ans…
Et toujours cette logique d'exclusive qu'il faut à tout prix rejeter : si vous combattez l'antisémitisme vous êtes contre l'islam, si vous êtes pour Israël vous êtes contre la Palestine.
Non.
Nous sommes pour la raison et pour la paix, même s'il faut se battre pour elles. (Dernière phrase qui me fait penser à un dernier fait de cette période confuse : le 14 avril bombardement franco-anglo-américain des forces de Bachar El-Assad après que des civils ont été gazés).

De Yerres à Sulzbach an der Mur

Nous partons ce matin, Patrick, A. et moi, pour Dessau. Nous allons rejoindre les Philippe pour assister à un Ring sur une semaine.
A. m'a fait mal au cœur, elle semblait croire que nous serions toutes les deux.

Nous passons à Sarre-Union (profanation du cimetière en février, antisémitisme croissant), Hagueneau, nous achetons un guide Michelin de l'Europe, détour à Baden-Baden: chaque fois que je mets une roue en Allemagne, je me heurte à des Umleitung.

Coincés dans un bouchon interminable, nous mettons une à deux heures à entrer dans Stuttgart. La chaleur est insupportable, nous recapotons la Coccinelle. Nous écoutons Antoine Compagnon, la naissance du livre de poche et l'opposition qu'elle suscita.

Notre but est de visiter la bibliothèque de Stuttgart. Elle est superbe.



Nous prenons un spritz et prenons la route pour Nuremberg.
Nous nous arrêtons dans un hôtel dans ce qui semble une ville thermale, après avoir vu le moment où nous ne trouverions pas de chambre.

Mon histoire juive

C'est un billet que j'avais l'intention d'écrire depuis longtemps, en général l'idée et le désir m'en viennent l'été quand je me dis que j'ai le temps. Puis je me dis que c'est ridicule et sentimental et j'abandonne.

C'est un billet que j'avais l'intention d'écrire depuis longtemps parce que je ne comprends pas la notion d'antisémitisme. Par "je ne la comprends pas", je veux dire que je ne la ressens pas.
Par conséquence je ne comprends pas non plus ce que je peux faire pour "lutter contre l'antisémitisme". Un noir, un jaune, un arabe, je les identifie visuellement. Mais un juif? A moins qu'il ne l'affiche, je ne vois pas comment je pourrais le savoir. Et je trouve étrange de faire "particulièrement" attention à quelqu'un à cause de ce genre de critères (sauf que je le fais — quand celui qui fait la manche dans le métro a de la barbe et un sarouel et que je lui donne un peu plus parce que je me dis que personne ne va lui donner. Discrimination positive. Je n'aime pas beaucoup la discrimination positive. Mon fond républicain s'y oppose spontanément. Ce n'est ni justice ni égalité de droit. C'est une compensation de "perte de chance", une notion qui me semble relever davantage du droit anglo-saxon que du droit romain.)

Première partie - J'ai grandi au Maroc jusqu'au CE2 (juin 1975 - j'en parle de temps en temps: l'autre raison de ne pas écrire ce billet est que j'ai l'impression de radoter). Pour des raisons de voisinage, je crois (plus je grandis moins c'est clair, chaque fois que je pose une question j'obtiens une réponse qui apporte un éclairage différent), je suis entrée en maternelle à l'école juive d'Ag*dir, j'y ai appris à lire, dans la classe de CP en balcon au dessus de la salle de prière (je ne sais pas quel mot convient. Ce serait sans doute l'équivalent d'une chapelle dans une école catholique. Etait-ce davantage, cela servait-il de synagogue?) J'avais quatre ans (deux ans d'avance), je ne comprenais pas ce qu'était cette salle dans laquelle nous n'avions pas le droit d'entrer (parfois les portes immenses étaient ouvertes et je glissais furtivement un œil en ayant l'impression de commettre un sacrilège — j'en rêve parfois), si haute de plafond que la classe en mezzanine était sans doute destinée à ne pas perdre d'espace.

Ma meilleure amie, Carole, était juive (nous discutions en classe, je me souviens qu'un jour, suite à une de mes phrases, elle m'avait expliqué gravement que "pieds" était une partie du corps qu'il ne fallait pas désigner chez eux, que c'était aussi sale que "fesse" pour nous — je n'ai jamais vérifié cette assertion depuis, mais j'y pense lors du lavage de pieds par Jésus dans l'évangile de Jean), il me semble que Natacha ne l'était pas (n'ai-je pas le vague souvenir qu'elle a fait sa première communion avant moi, car plus âgée?) Plus tard j'eus une autre amie dans une autre école, Arielle, que j'aimais beaucoup; secrètement je m'étais dit que j'appellerais ainsi ma fille si un jour j'en avais une (puis à vingt ans un ami me dit que cela faisait lessive (et Timothée shampoing) et c'est ainsi que mes enfants ne s'appellent ni Timothée ni Arielle.).

Carole venait chez nous, j'allais chez Carole. Son père devait travailler dans l'import-export1, il y avait dans la cour un immense entrepôt de caroubes que j'aimais escalader (oui, grimper sur ou dans le tas de caroubes qui atteignait presque le toit). Je croquais parfois dans une gousse, c'était sec, dur, avec un goût de caoutchouc brûlé dont je ne pouvais décider si je l'aimais ou pas. J'ai vu aussi une fois, sans doute quand le père de Carole faisait visiter l'usine à mes parents, un tapis roulant sur lequel défilaient des amandes décortiquées: il s'agissait pour les ouvrières de trier les amandes amères (je n'ai toujours pas compris à quoi elles étaient reconnaissables, mais j'y pense quand je tombe sur une amande amère — mais aujourd'hui cela n'arrive quasiment jamais: pourquoi?)

C'est chez elle que j'ai vu et mangé ma première grenade (entièrement égrénée par les soins de la Fatim, c'était si beau, ce rouge mouillé) et un Astérix en latin (stupéfaction). Un soir où j'étais restée dîner, j'assistai à une cérémonie solennelle où une coupe passait de main en main et à laquelle je fus invitée à boire moi aussi. Je m'étais sentie très fière et très honorée. Ce n'est que des années plus tard que je compris qu'il s'agissait sans doute d'un rite du sabbat.

Parfois c'était l'inverse, Carole restait chez nous. Je me souviens qu'un jour Carole s'était fait gronder par sa mère quand celle-ci avait appris que sa fille avait refusé du lapin: leur règle d'éducation était de manger ce qui était présenté s'ils n'étaient pas chez eux ou entre eux. (Je me souviens qu'à cette occasion mes parents avaient appris que les juifs ne mangeaient pas de lapin: "sabot fendu", dit le Lévitique (c'est sans doute dans le le Lévitique), que je lus douze ans plus tard). Je me souviens de conversations entre parents, notamment que les X. possédaient deux passeports, un pour les pays arabes et un pour Israël (ce que je ne compris que beaucoup, beaucoup, plus tard, en apprenant que les pays arabes refusaient les passeports tamponnés par Israël (je ne sais pas si c'est toujours le cas)).

Un jour, je posai la question à mes parents: «Qu'est-ce que c'est, un juif?» (Je n'ai posé que trois questions à mes parents, celle-ci est l'une des trois.) Réponse: «ce sont des gens qui ne croient pas que Jésus est le Fils de Dieu, ils attendent encore un Sauveur».
Ah. C'était clair (j'allais au catéchisme et ma foi avait été immédiate), c'était curieux mais parfaitement compréhensible: après tout, l'Evangile était plein de gens qui refusaient de suivre Jésus parce qu'ils ne le croyaient pas. Ils attendaient encore: c'était énigmatique et très intéressant, j'essayais d'imaginer l'attente.

Nous rentrâmes du Maroc, j'écrivis à Carole jusqu'en cinquième. Elle me dit qu'elle aimait beaucoup La brute de Guy des Cars; j'empruntai le livre, le trouvai mauvais et j'arrêtai d'écrire à Carole. (Mais quelle snobe j'étais!) (Plus tard, par ma mère qui revit la sienne en retournant à Ag*dir, j'appris qu'elle avait épousé à Paris le fils d'un rabin de stricte obédience qui passait son temps à servir de chauffeur à son père qui ne voulait pas conduire. Elle a divorcé quand son fils avait deux ans (fils du même âge que mon aîné).)

Fin de la première partie. Intermède.
Je lis Un sac de billes avec obéissance sans comprendre le nœud de l'affaire, sans comprendre qu'être juif vous valait d'être pourchassé, je lis le Journal d'Anne Franck sans comprendre pourquoi les profs s'esbaudissaient, s'il suffisait d'écrire "Cher journal" dans un cahier, je pouvais en faire autant (il faudrait que je le relise aujourd'hui.)
En quatrième, je découvre les camps de déportation en lisant Christian Bernadac, prêtée par une fille de la classe qui devait sa douloureuse popularité au fait d'avoir un an de retard et d'avoir perdu son père en cinquième dans un accident de mobylette sur le pont de Blois alors qu'elle était déjà orpheline de mère. Elle faisait partie de ces cancres prestigieux paraissant plus mûrs que les autres — et surtout que moi, la grosse tête avec un an d'avance qui aurait tant aimé voir autre chose que de l'indifférence dans ses yeux — donc je lisais Bernadac, Les mannequins nus, les camps de femmes et les expériences médicales. Mais ce sont des livres qui parlent surtout des résistants et des prisonniers politiques.
Conséquence secondaire: j'arrête de travailler l'allemand alors que j'étais excellente dans cette matière. (En terminale, je prendrai l'anglais en première langue alors que je ne l'ai jamais maîtrisé.)

Cette même année, 1979, Holocauste est diffusé. Le mardi, mes parents nous laissent seules, ils vont jouer (apprendre à jouer) au bridge. Nous restions seules pour regarder la télé, avec autorisation de nous coucher tard puisqu'il n'y avait pas école le lendemain. La seule interdicition que j'eus concerna Holocauste: il ne fallait pas regarder cela. Il y avait des choses qu'il était inutile de remuer fut à peu près l'explication que j'obtins quand je demandai la raison de cette interdiction.
Bizarrement je la respectai. Enfin, ce n'était peut-être pas si bizarre: j'en entendais parler à la radio et je me souviens d'une scène de viol dans un appartement: je suppose que j'ai dû essayer de regarder une fois et décider de respecter l'interdiction.

En terminale, un jour que le prof de philo était absent, j'allai seule voir mon premier film en salle qui n'était pas un Disney (je n'avais pas dû aller au cinéma depuis mes dix ans): Au nom de tous les miens. Je ne sais plus expliquer pourquoi. En avait-on parlé à la radio? Etait-ce parce qu'une autre amie de collège, perdue de vue depuis, ne jurait que par ce livre? Toujours est-il que je fus frappée par le ghetto de Varsovie, par les gâteaux donnés aux enfants mourant de faim, par l'arrivée au camp, les suicides de la première nuit et l'évasion, mais je n'en tirais toujours pas l'idée générale de l'antisémitisme, je ne voyais que la confirmation que les nazis étaient monstrueux.

Deuxième partie. Il fallut attendre la claque de Shoah, les deux séances de quatre et cinq heures dans une salle du 15e et la marche dans Paris jusqu'à mon internat du 5e, dans l'incapacité de prendre le métro, marche destinée à absorber le choc (et les visages polonais me rappelant mon grand-père faisaient partie de ce choc) pour que la haine du juif prenne corps pour moi.
La démonstration centrale du film était simple: il n'y avait pas de rapport entre un camp de concentration et un camp d'extermination. De l'un il pouvait arriver qu'on sortît vivant, dans l'autre on était mort trois heures plus tard.
Hilberg expliquait l'évolution de deux mile ans d'histoire: «Vous ne pouvez pas vivre parmi nous en tant que Juifs; vous ne pouvez pas vivre parmi nous; vous ne pouvez pas vivre.»
Je me mis à lire, beaucoup, mêlant témoignages et ouvrages plus théoriques. Le Hilberg quand il sortit en français (été 1988) (puis une deuxième fois, plus tard), Poliakov, Rudnicki, Primo Levi, Buber-Neumann, Aranka Siegal, Todorov, Pressac, Rudolf Hoess, Gitta Sereny, le livre noir de Grossman et Ehrenbourg,… jusqu'à ce qu'Hervé me demande un jour si ce n'était pas une obsession morbide et malsaine.
Je ne savais pas répondre à cette question, mais elle m'inquiéta: et s'il avait raison, si toutes ces lectures relevaient d'une jouissance maladive et sadique? Je n'en savais rien mais je ne voulus pas, par respect, prendre le risque. J'arrêtai mes lectures.

En 1995, je reprends mes études, plus exactement j'en termine la dernière année (après les avoir interrompues en 1989 pour travailler, me marier et mettre mes parents devant le fait accompli). Il se produit alors un incident bizarre. L'un de ceux avec qui je m'entends le mieux (ce n'est pas si facile, je détonne par mon alliance, même si je cache que j'ai un enfant) s'appelle Vincent T*nenb*um. Et un jour la conversation donne cela:
— Mais évidemment que je suis juif !
— Comment ça, évidemment ?
— Mais tu as vu mon nom ?
— Oui. Qu'est-ce qu'il a ton nom ?
A sa façon de me regarder pour vérifier que je n'étais pas en train de me moquer de lui, je compris que je devais être passée à côté de quelque chose d'énorme. Et c'est ainsi que j'appris, à vingt-cinq ans passés, qu'il existait des noms juifs, des noms à consonnance juive. Je n'y avais jamais fait attention, je ne savais pas que c'était significatif. Ce jour-là, je compris pourquoi ma mère riait parfois en parlant du frère de Carole, qui portait un nom du genre David Bensimon.
Tout cela pour dire que l'identification du "juif" est quelque chose qui ne m'effleure jamais, qui ne me vient à l'esprit que si l'on m'oblige à y penser.

J'en viens à ma question (car j'ai une question. Je raconte tout cela à cause de l'ambiance actuelle, de l'idée tout de même étrange à mon avis qu'Israël est un lieu plus sûr que la France, mais j'ai une question personnelle.) En avril 2012, après que RC eut annoncé qu'il voterait Le Pen, je découvris que Rémi en ferait autant. La raison qu'il donna fut l'affaire Merah, provoquant mon désarroi: impossible pour moi de comprendre qu'un universitaire et juriste puisse cautionner l'extrême-droite, surtout lui si sensible au fait que l'antisémitisme allemand était passé par la définition juridique du juif.
— Mais enfin, tu te rends compte qu'il a tué des enfants juifs?!
— Mais quel est le rapport avec le fait qu'ils soient juifs? Est-ce qu'ils ont plus de valeur que les miens parce qu'ils sont juifs?

Rémi2 m'a regardée d'un air profondément scandalisé.
Il était sincère, j'ai vu que ma question lui faisait horreur. Mais je n'ai toujours pas compris pourquoi. Est-il vraiment logique de rallier l'extrême-droite pour défendre les juifs? (Non, je suis sûre que non.) Ai-je vraiment dit quelque chose de scandaleux? Suis-je antisémite en pensant que mes enfants valent des enfants juifs, que des enfants juifs valent mes enfants, et surtout est-ce antisémite de ne pas voir, de ne pas faire, de différence, de ne pas comprendre la différence? (Pourquoi ai-je la sensation que ne pas voir ou ne pas faire la différence est sain, que ne pas la comprendre est une anomalie ou un handicap pour saisir notre monde contemporain? (Ou l'inverse? Si tout le monde était dans la même incapacité que moi, une partie du problème, voire tout le problème, serait-il résolu?))



1 : je trouve leur nom dans ce document en cherchant ce soir, mais ce ne sont peut-être que des homonymes.
2 : je donne le prénom pour ceux qui le connaissent. (Rien de confidentiel, il ne cache pas ses positions.)

Les profanateurs de sépulture

Cette histoire de tombes juives profanées reprend quasi-exactement une discussion chez nos voisins le 16 janvier dernier autour d'une galette. C'était donc très peu de temps après l'attentat au journal Charlie, et la conversation avait glissé mollement, sans passion, vers les collégiens qui avaient refusé la minute de silence et autres récits.

Notre voisin (50 ans) se demandait si on n'en faisait pas un peu trop: «On dirait que tout le monde a oublié ce que c'est qu'être ados et les conneries qu'on peut faire en groupe. Je me souviens, il y a quelques années, on avait crié au scandale parce qu'on avait trouvé une tête de porc balancée dans l'enceinte d'une mosquée. Mais c'est typiquement ce qu'on aurait été capable de faire avec mes potes, juste pour rire et faire ch***, pas besoin d'aller chercher plus loin.»

Je pense à la gamine du village de ma tante qui bouleverse les tombes sans que personne ne dise rien alors que tout le monde connaît ses parents.

Je pense à mon beau-père (70 ans) nous racontant la voiture du surgé montée à la force des bras au dernier étage de l'internat, un client de mon mari (même âge) les poteaux électriques sciés pour faire un radeau sur la Creuse… «Les gendarmes sont venus. Qu'est-ce qu'on s'est pris comme raclée! Ch'peux vous dire qu'on n'a pas r'commencé!» (Mais cinquante ou soixante ans plus tard il est tout heureux de raconter).

Et je me demande si en même temps que le sens de l'autorité et de la responsabilité, nous n'aurions pas perdu une certaine capacité à la légèreté ("l'étourderie" de la jeunesse, dit Balzac dans Les chouans).

L'étoile jaune

En août dernier, quand "l'affaire" du polo Zara a éclaté, prise d'un doute et voulant évaluer la bonne foi du styliste zaraien, j'ai demandé à O., quinze ans, alors entre la seconde et la première: «sais-tu ce qu'est l'étoile jaune?»
Non, il ne le savait pas. Sans doute (ai-je pensé) cela était-il si évident pour les professeurs et les adultes autour de lui que personne n'avait jamais réellement explicité ce "détail". Questionné plus à fond, il reconnut avoir aperçu, maintenant qu'il y réfléchissait, des étoiles dans des films, mais sans y accorder d'importance particulière (remarquons que sur les documents d'époque, en noir et blanc, il s'agit de gris sur gris).
J'en ai été à peine surprise: après tout, on m'avait fait lire à onze ans Un sac de billes sans que je n'eus aucune idée de ce que c'était que la ligne de démarcation (ce n'est qu'au lycée qu'est arrivé jusqu'à ma conscience que nous, la France, avions perdu des guerres et des batailles: depuis Jeanne d'Arc, il me paraissait évident que nous ne pouvions que gagner — il est difficile de mesurer l'univers de naïveté qui m'entourait — et sans doute m'entoure encore, mais maintenant je le sais) ni la circoncision des juifs (ce passage du livre où un adulte fait baisser son pantalon au jeune héros pour vérifier s'il ment: incompréhensible, c'est pour cela que je m'en souviens).

O. avait lu Primo Levi, Si c'est un homme (les trois enfants l'ont lu, lecture obligatoire, mais l'étoile jaune est alors depuis longtemps dépassée), et peut-être Anne Franck (parle-t-on d'étoile jaune dans son Journal? Il faudrait que je le relise).

Je décidai qu'il était temps qu'il lise quelques livres et après avoir hésité (non, ni le Hilberg (!) ni les deux tomes du journal de Victor Klemperer (re-!), ni même Vivre avec une étoile que j'aime tant mais qui demande de savoir déjà un certain nombre de choses), lui tendis Rien pour poser sa tête et Histoire d'un Allemand.
Mais après chaque livre, la même conclusion: non, on n'y parlait pas d'étoile jaune.

Ce n'est qu'en décembre, avec Dora Bruder, que je trouvai le livre adéquat à son édification.


Malagar 2 - les visites

Hier nous étions allés jusqu'au salon inondé de lumière, aujourd'hui après le déjeuner jusqu'à la deuxième pièce — la pièce où écrivait François Mauriac — (l'organisateur est venu nous y chercher, il fallait respecter les horaires), ce soir enfin jusqu'au bureau, dernière pièce du rez-de-chaussée.

Les pièces sont emplies de souvenirs et sont le cadre de scènes des romans de François Mauriac que la guide avertie nous cite au passage. Nous la soumettons à un supplice d'un nouveau genre, car à chaque nouvelle (tentative de) visite, certains d'entre nous s'ajoutent aux personnes présentes la fois précédente: elle est donc obligée de recommencer à chaque fois ses explications (que j'aurais donc entendues trois fois en ce qui concerne la cuisine (Le Sagouin est une histoire vraie racontée à François Mauriac par son instituteur) et la salle à manger («Je me tais, je me terre» disait François Mauriac en parlant de Malagar), qui perdent de ce fait toute la fraîcheur de la nouveauté. Mais notre guide conserve son calme, sa distinction et sa gentillesse.

Par exception, nous avons visité également les chambres de l'étage : la chambre de bonne maman appelée chambre de Gide, la vaste chambre de François et Jeanne, et sous les toits, le pigonnier de Claude ouvert sur trois côtés dans le soleil déclinant. (Et notre guide s'assoit sur le lit pour parler, épuisée.)

Le soir dîner à St Macaire (non sans avoir d'une part pris la messe en route (ces portes ouvertes, ça m'intrigue, est-ce vraiment une conséquence d'Evangelii Gaudium?), d'autre part acheté des oignons sauvages à deux jeunes garçons.)
Un tract antisémite écrit au feutre en lettres capitales m'attendait sur ma voiture. Parce qu'elle est allemande? (étrange, étrange).

"Théâtre des passions" (1697-1759) à Nantes

- Antoine Coypel, Athalie et Esther. Il aurait fallu relire Racine avant de venir. Soudain frappée par le profond anti-antisémitisme de ces tableaux (je songe à Bernanos) et confuse de cette pensée anachronique.

- Une petite fille blonde à l'écharpe Burberrys (huit ans?) contemple Médée montant dans son char tiré par des chiens ailés, les cadavres de ses enfants à ses pieds. Elle est accompagnée d'un frère plus petit et d'un frère de la même taille qu'elle. Ils sont beaux, sérieux et méditatifs.
— Pourquoi elle a tué les enfants ? demande l'un d'eux.
Ils se regardent, regardent le tableau, quelque chose leur échappe.

- En voyant ce tableau, j'ai aussitôt pensé à Salambô. Heureuse de ne pas m'être trompée. Etonnant comme l'image formée par la lecture est restée vivante vingt ans plus tard.

Dîner

— Maman, je vais te tuer !
— Chic, enfin tranquille! Vous n'aurez qu'à vous débrouiller sans moi!
— O., au lieu de tuer ta mère, si tu mettais la table?
— Trop tard, elle m'a pris dans ses bras.


****
Bon. Ceci, quand même, via le twitter d'IsaVodj : Helen Thomas: "Jews, go back to Poland" RT @ARTnewsmag An Israeli artist thought of that 2 years ago.

Station Bir Hakeim

Vendredi, huit heures du matin, je descends de la station Bir Hakeim.


D'un coté des tuyaux:




de l'autre une plaque :




De plus près, il s'avère que les tuyaux sont des étais : il s'agit de maintenir les fondations des immeubles alentours pendant qu'on creuse la terre pour en construire de nouveaux.

La plaque est dédiée à la mémoire des victimes des rafles du Vel d'Hiv.
Je suis surprise, à la suite de je ne sais quelle association d'idée (Vel d'hiv => vélodrome => six jours de Bercy, sans doute), j'avais toujours imaginé que le Vel d'Hiv s'élevait sur l'emplacement de l'actuel palais omnisport de Bercy.





Présentation des résultats de Gan eurocourtage. Je travaille à un article sur Eté pour une revue espagnole au café avant que cela commence (jamais eu d'AR. Jamais publiée).

Déformation

Je lis : «Céline sur Proust...»

et je me dis:
— Mais ce n'est pas possible, Céline est une tante du narrateur, elle ne peut pas avoir d'avis sur Proust…

Puis :
— Ah tiens, la camériste de RC a lu Proust.

Et ce n'est qu'en troisième pensée que vient : «Mais non, il s'agit de Céline!»
Céline sur Proust: "S'il n'avait pas été juif, personne n'en parlerait plus! et enculé! et hanté d'enculerie! Il n'écrit pas en français mais en franco-yiddish tarabiscoté absolument hors de toute tradition française. Il faut revenir aux Mérovingiens pour trouver un galimatias aussi rebutant."

Gérard Pesson, Cran d'arrêt du beau temps, p.35-36
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