Un petit déjeuner fautif
Par Alice, jeudi 3 juillet 2014 à 22:01 :: Sur la toile
Le lieu de rendez-vous était dans l'un de ces centres de conférence que les entreprises louent pour avoir de grandes salles. Quand l'intervenante a commencé à parler, je me suis dit que je m'étais trompée de petit déjeuner, et pire, que le sujet de celui-ci ne m'intéressait pas du tout: c'était une veille sur les tendances de la formation professionnelle dans le monde (intervention organisée par Opcalia). (Je n'ai jamais pris la formation professionnelle très au sérieux, et cela doit être très français, car l'intervenante a confirmé que nous étions connue pour cela: ne prendre la formation que pour une obligation légale et non pour un investissement. (Apparemment une loi est en train de tenter de moderniser et de changer cet état d'esprit).
(A la pause, j'ai vérifié à l'accueil: il n'y avait pas d'autre petit déjeuner d'organisé ce matin. Au bureau, un mail m'attendait pour me prévenir que celui auquel je voulais assister avait été annulé.)
J'ai tout de même pris quelques notes. Apparemment la grand'messe internationale de la formation est organisée par l'ASTD. Il y a trois ou quatre conférences par ans dans des grandes villes américaines, rassemblant environ neuf mille personnes dont 40% d'Asiatiques (une dizaine de Français). Ces conférences rassemblent quatre cent cinquante exposants; leur liste à trouver sur le site de l'ASTD permet d'avoir une idée de ce qu'ils vendent et de ce qui se vend.
Le e-learning est en perte de vitesse, les formations sont de plus en plus un mix de formation théorique virtuelle, de préférence des vidéos ne dépassant pas une quinzaine de minutes, et des formations très pratiques en présentiel.
Les formateurs doivent captiver les gens (au sens propre), sinon au bout de dix minutes tout le monde est sur son smartphone (ce qui me paraîtra toujours hautement impoli mais ne paraît choquer personne). La compétence du formateur est remise en cause en permanence par les formés susceptibles de faire des recherches google pendant la formation pour vérifier ce que dit le formateur (!).
De plus en plus, il est demandé de mesurer un ROE (Return on Expectations: prouver que les salariés ont réellement acquis une compétence, par une mesure avant la formation, puis un ou deux mois après (formation à la délégation, par exemple: le formé délègue-t-il davantage après qu'avant?)), voire un ROI (Return on Investment), ce qui est beaucoup plus difficile à évaluer car il n'y a pas de mesure "toutes choses égales par ailleurs" (comment mesurer l'impact d'une formation commerciale si par ailleurs le marché s'est écroulé, il y a eu crise économique, des concurrents ont fusionné?)
Tout ou presque est disponible sur Youtube (l'intervenante ne tenait absolument pas compte des éventuelles problèmes de langues et des niveau des salariés). «Ce que vous avez à faire, c'est repérer sur le net ce qui vous intéresse pour le mettre à disposition des salariés». (Au passage problème du droit d'auteurs: ne pas vendre ce qu'on récupère gratuitement.)
In petto je me suis dit que c'était une piste pour les documentalistes, car trouver la meilleure vidéo sur un thème à partir des tags étrangers servant à l'indexation… pas si simple et surtout très long. Les serious games sont moins à la mode. J'ai noté le nom d'un jeu pour se former à la négociation: The Merchants".
Ce qui est en train d'émerger, ce sont les MOOC (Massive Open Online Course), formations en ligne données par les professeurs de grandes universités, formations gratuites devenant payantes si l'on veut obtenir une certification. (Le modèle économique de ces MOOC n'est pas encore stabilisé: comment diffuser gratuitement des cours en ligne pendant que les étudiants en présentiel paient dix mille dollars l'année?)
Il existe des légendes: les MOOC auraient permis de repérer des ingénieurs nigériens ensuite invités en Californie, etc, etc. (Notes: éclatement des frontières, faites vos MOOC, mettez vos vidéos sur internet, mais attention, pas toutes vos compétences, car que vous resterait-il à vendre?)
En France, deux sont très connues: une formation de Lille en gestion de projet, une du CNAM en management.
J'ai noté par ailleurs une liste de noms et adresses:
coursera
edX
udacity
Carnegie Mellow
Stanford
classe to go
coursebuilder, proposition Google pour créer des MOOC à usage interne (des SPOC).
Dernier point : un formateur doit être sur linkedin et avoir au moins quatre cents contacts (ratio américain). Il faut avoir également des recommandations, donc à la fin de chaque formation, demander aux formés d'aller déposer un petit mot… (et ça m'a paru étrange, déjà que je trouve étrange que les restaurants ou gîtes nous demandent de le faire sur Tripadvisor, mais le demander pour soi quand c'est soi le produit, et non plus la chambre ou la cuisine…)