Billets qui ont 'flûte' comme mot-clé.

Trois jours

- Lundi : plus de cours de latin : je dîne avec mes coreligionnaires pour la première fois depuis septembre. Ils m'épatent, ils sont déjà en train de préparer leur post-bac, dans… quatre ans (oui, parce que nous passons huit ans à avoir un baccalauréat canonique. Consolons-nous en nous disant que c'est l'autre nom de la licence (ce dernier point n'est pas très clair. Je crois que cela tient au régime des équivalences entre le Vatican et l'Etat français)). Le Master se fait en deux ans, et en "journée", c'est-à-dire qu'il faut prendre un mi-temps…
Quand j'arrive chez moi à minuit, la maison est illuminée, la fille de la voisine a un chagrin d'amour et est venue se ragaillardir chez nous.

- Mardi : beurrer les sandwichs… tâches ne sont pas sans noblesse… Plus de sept mille mises sous pli en deux jours (convocation / bulletin de vote / enveloppe bleue / enveloppe T).
O. a validé son deuxième cycle de flûte mais j'ai eu vraiment peur. Il a fait des fautes qu'il ne fait jamais en cours.

- Mercredi : examen de latin. Décidément, je n'accroche pas avec la façon latine de mettre les mots "dans le désordre". Je ne comprends pas comment cela peut suivre la pensée (une pensée) ou permettre de penser (finalement, ça ne m'étonne pas que ce soit des Romains que vienne la langue des juristes!!).
Mais faire du latin fut beaucoup plus facile cette année qu'il y a trente ans. La méthode, le recul? Le fait d'en avoir fait il y trente ans?
Je passe à la bibliothèque récupérer une anthologie de littérature allemande. je n'avais pas prévu qu'elle serait écrite en allemand.
Je trie des papiers en regardant Mad Max 2. Je me demande si l'esthétique "grande folle" passerait aujourd'hui.

Flûte

Cours de flûte décalé du lundi au jeudi, d'Epinay à Quincy. Quand j'arrive à la maison, j'apprends également qu'il vient d'être déplacé de 20h15 à 19h15. Coup de bol monstrueux que je sois rentrée à temps (il est 18h50).
Nous serons quand même en retard: O. a négligé de se renseigner sur le lieu où nous devions nous rendre à Quincy (ça m'énerve).

Nuit écourtée

Lundi soir, O. :
— Maman, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, demain soir, j'ai audition de flûte à 20 heures. Et mercredi, il faut que je sois à sept heures et demie à Arcueil pour les olympiades de maths.
— Ah? Et tu as TPE l'après-midi?
— Oui.

Mardi soir, donc, audition de flûte entre huit et neuf heures.
Nous rentrons (décapotés!). Durant le dîner, l'interrogation du site Navigo nous apprend qu'il faudra prendre le RER de 6h28, donc partir de la maison à 6h15.
— Mais comment avais-tu fait, toi? demandé-je à C. Je ne m'en souviens absolument pas.
— J'avais dû dormir chez Nicolas.
Alors O. : — J'aurais dû demander à Paul.
Moi : — Si tu nous parlais de ton emploi du temps un peu plus tôt, on pourrait trouver des solutions.

Pendant ce temps-là, gestion d'un autre problème: O. voudrait un cordon de raccordement VGA pour le vieux Mac d'un camarade. O. pensait que c'était standard et que nous en aurions forcément un; ce n'est pas standard et celui qui convient est parti à Lisieux avec A. Or c'est sur ce Mac que son groupe doit présenter demain le powerpoint de leur TPE, épreuve du bac.
— Mais enfin, avec tous les weeks-ends que vous avez passés à préparer ce truc, vous n'avez jamais vérifié ça?
— Je pensais que c'était standard.
Je soupire. Ces enfants n'ont aucune méfiance, ni informatique, ni karmique, ni Murphique.
Plan de bataille, C. prête son ordinateur, se fait envoyer le fichier pour vérifier au moins une fois qu'il n'y a pas de bug quand on change de version de logiciel, etc., tout ça dans l'urgence, il est onze heures passées.

Préparation du sac, vérification du matériel pour les maths, pour le TPE, je réussis à mettre O. au lit et je m'endors comme une masse.

Minuit et demie. O. me secoue:
— Maman, j'ai mal à une dent, je ne peux pas dormir.
— Comment ça, tu ne peux pas dormir? Tu n'as pas dormi depuis que tu t'es couché?
— Non.
— Mais pourquoi tu n'es pas venu voir papa?
H. a programmé tard dans la soirée. En réalité, je pense que O. s'est endormi et vient de se réveiller mais qu'il n'en a pas conscience.
Je panique, je m'énerve. Depuis que O. m'a réveillée un matin à six heures en me disant «je me sens mourant», je suis habitée par le remords de n'avoir rien vu venir. Et s'il avait vraiment mal à une dent? Comment fera-t-il demain? Et cette nuit? Nous avons si peu de médicaments. Un ibuprophène, un cachet de lisopaïne pour son côté anesthésiant local, je l'envoie se recoucher en lui disant que c'est sans doute nerveux (ce que j'espère).
Mais je ne peux pas me rendormir. Je l'imagine avoir mal seul dans son lit et c'est insupportable. Alors je me relève, allume la lumière dans la chambre à côté de la sienne afin qu'il la voit et ne se sente pas seul et fait du grec tard dans la nuit (au lieu de tôt le matin comme je l'avais prévu). C'est étrange, L'Apocalypse, à la fois facile et de syntaxe étrange, je ne comprends pas comment il peut y avoir autant de nominatifs dans une phrase. Des sujets de relatives élidées?
Je me couche à trois heures et demie, dans la chambre voisine O. respire calmement.

Déception

Donc conseil d'administration et approbation des comptes.
Puis déjeuner avec le big chef RH du groupe. La question posée met en lumière les arbitrages en jeu: sachant que le groupe n'est plus riche, s'il dégage un peu d'argent à distribuer aux salariés, à quel domaine doit-il de préférence l'allouer: la santé, la retraite, la participation, l'intéressement,…?

Je paie l'IS en ligne avant de partir en congés pour le reste de la semaine et j'ai la désagréable surprise de constater que la feuille de calcul de la CVAE en ligne ne donne pas le même résultat que celui que j'avais obtenu. Je ne comprends pas leur calcul (sachant que la mutuelle bénéficie d'une assiette dérogatoire). Zut, si j'avais su qu'elle existait, j'aurais utilisé cette feuille de calcul dès le début. Sauf que je ne sais pas si elle était accessible avant d'avoir payé l'IS… Bon, je verrai l'année prochaine.

Je rejoins H. et O. au conservatoire. Examen de second cycle de flûte. O. est déjà passé, son professeur et H. sont confiants.
Patatras, échec pour la deuxième fois (l'année dernière il l'avait présenté trop tôt, nous savions qu'il avait peu de chances, la déception était moins grande). Les explications du jury sont du type «trop scolaire», mais le professeur de flûte n'est pas convaincu, limite en colère: «ce sont aussi des choix esthétiques».
Je m'inquiète qu'O. abandonne. A tort finalement, il veut continuer l'année prochaine. Il encaisse bien.

Week-end musical

Samedi, une après-midi à écouter Philippe Bernold donner des conseils aux élèves du conservatoire.

Je retiens l'idée d'énergie:
— Quand tu joues, il ne faut pas qu'on ait l'impression que tu t'ennuies, qu'on se dise "Oh la pauvre, il faut qu'elle joue". Ce que tu dois transmettre, c'est de l'énergie.
In petto, je me dis que c'est toujours vrai dès qu'on est face à un public.

Et à propos de la sonate à 2 flûtes en sol majeur de Wilhem Friedemann Bach : «ce n'était pas destiné à être joué en concert, encore moins en concervatoire et encore moins en conservatoire supérieur! C'était destiné à être joué par deux amis le soir, près de la cheminée. Alors regardez-vous, échangez des coups d'œil, ayez l'air de continuer une discussion.»

De la musique de chambre comme «conversation», il aura beaucoup insisté. Autre piste: «si vous voulez comprendre la forme sonate, choisissez un compositeur mineur, les grands la transforment aussitôt, elle n'est jamais pure chez eux.»



Ce matin, Si vous voulez vivre longtemps, vivez vieux, à Montreuil. Beaucoup de monde pour un dimanche à 11 heures.
Nous avons beaucoup ri, voir ici pour un vrai compte rendu.
Beaucoup aimé le logo en forme de poire. Il me plaît.

Le début de l'exposé sur la vie d'Erik Satie commence à peu près ainsi:
«Erik Satie est né à Honfleur le 17 mai 1866, comme Alphonse Allais. Enfin, Alphonse Allais n'est pas né en 1866, mais à Honfleur, le 20 octobre 1854, comme Rimbaud, mais lui, à Charleville-Mézières. Oui, Rimbaud et Alphonse Allais sont nés le même jour la même année, alors qu'Erik Satie et Arthur Rimbaud ne sont nés ni la même année, ni dans la même ville, ce qui leur fait au moins deux points communs.»

Première Gymnopédie. Je la connais très bien, sans que je parvienne à retrouver l'origine de cette connaissance. Image de photos noir et blanc, de neige, où ai-je entendu, souvent, cette première gymnopédie? Servait-elle de thème dans une lecture de Modiano? Je ne sais plus.
Mais quelle douceur de commencer dimanche avec elle.

Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.