Billets qui ont 'langue française' comme mot-clé.

Le franglais ne passera pas par elle

— Lundi, il faudra revoir votre calendrier à rebours.

Librairie polonaise

Dans les activités de l'après-midi, il est prévu vendredi en huit un café-débat. Le thème du jour était donc de s'entraîner à l'exercice du débat.
Je découvre le sujet de cet entrainement en ouvrant la chemise qui m'est remise chaque matin: l'amitié.
La feuille comporte du vocabulaire et des questions: comment définiriez-vous l'amitié? l'amitié peut-elle prendre fin? l'amitié entre un homme et une femme est-elle possible? Quelle est la différence entre un ami et un copain?

Copain, pote, camarade, ami, compagnon: les nuances, les sens identiques dans des niveaux de langage différents, etc.
J'exprime une conviction: leur but est de trouver du travail et obtenir des papiers, ils ont donc intérêt à toujours utiliser du français soutenu. Je leur conseille de ne jamais utiliser "pote", ce qui leur évitera de se tromper de contexte.

J'essaie d'expliquer que l'union libre n'était pas prévue par la langue française traditionnelle et qu'il nous manque des mots (je ne sais pas si c'est vrai mais c'est ainsi que j'ai vécu cette évolution) alors on utilise des mots non prévus pour à l'origine. Le français utilise copain et copine ou "petit copain" et "petite copine" pour traduire boyfriend et girlfriend, mais dans les faits cela ne s'applique qu'aux adolescents et aux jeunes adultes. Ensuite… eh bien compagnon ou compagne, par exemple, ou partenaire.
Les nuances entre un ami, mon ami…
— Même un Français ne sait pas exactement ce que vous voulez dire si vous arrivez aux JRS en disant: «je suis venu avec mon ami». Est-ce que vous n'avez qu'un seul ami et vous êtes venu avec ou est-ce que c'est votre petit copain? Il faut un contexte pour décider entre les deux, et parfois on se trompe.
— Mais alors qu'est-ce qu'il faut dire?
— Si vous voulez que les gens ne se posent pas de question, il faut dire «un»: je vous présente «un ami».

Nous avons comme consigne de retrouver l'autre groupe de niveau avancé à onze heures et demie; mais nous sommes si bien plongés dans les nuances (les conditions du débat: ne pas être catégorique: «Ne dites pas "vous vous trompez" ou "c'est faux"; dites "c'est possible, cependant j'apporterais une nuance"») que je n'ai pas lu la feuille jusqu'au bout: nous devions résumer nos réponses et choisir quelqu'un pour les présenter à l'autre groupe. Bon tant pis, on va se débrouiller.

Déjeuner avec Patrick chez Georgette. Deux ans sans se voir, me dit-il, depuis les derniers concerts à Thiré. Bavardage et papotage puis librairie polonaise. Nous y restons longtemps, comme un après-midi à prendre le thé chez des vieux amis. C'est une belle librairie, tant par les boiseries que par les livres présentés. Patrick et la libraire discutent longuement d'auteurs et d'éditeurs, de noms dont je n'ai jamais entendus parler, de souvenirs de la guerre froide. Les éditions de l'Âge d'homme ont déposé le bilan, et comme à chaque fois je me sens coupable: nous n'avons pas acheté assez de livres (mais maintenant je me souviens des mots jésuites: «vous ne sauverez personne»). Les éditions Noir et Blanc, qui appartiennent en partie à la librairie polonaise (mais comment Patrick sait-il tout ça) ont créé "la collection Dimitri" (en hommage à Vladimir Dimitrijević) et réédite les titres du fond au rythme d'un ou deux par an.
Il faut que je trouve les livres d'Arnold Zweig au plus vite.


Bibliophore :
- Hanna Krall, Le Roi de cœur
- Adam Mickiewicz, Les Slaves
- Andrzej Stasiuk, Sur la route de Babadag
- Wojciech Chmielarz, La colombienne

Traduction automatique

— Les séries m'ont appris une chose, l'importance des baskets pour les Américains. Ils sont prêts à dépenser des fortunes pour ça.
— Comment ça des fortunes ?
— Six cent dollars pour une paire dans Lucifer. Et récemment, trois mille pour une paire de baskets avec de l'eau du Jourdain dans les semelles.
— What ?
— J'ai eu un problème dans The good Fight. Un type était accusé d'avoir volé six cents baskets, et je le regardais en VO, automatiquement j'ai traduit par panier. Et je n'arrivais pas à comprendre pourquoi six cents paniers et six cents paniers de quoi. Il m'a fallu du temps pour comprendre que "baskets" était "baskets".

Les deux sont morts de rire:
— Et donc au basket, c'est un basket's basket?

Crocodiles

Je me demande si les grands-parents et parents des hippies des années 70 étaient aussi surpris que ces mêmes hippies devant le monde de leurs petits-enfants.

Voici un thread de Desespeuphorie qui est un extraordinaire résumé de ce je lis et vois tous les jours sur internet.
Comme d'habitude, je le stocke ici : dans dix ou vingt ans, plus personne ne voudra nous croire; il faut garder des preuves.



Haribo fait maintenant des Croco "Parent-enfant" : une révolution sociétale, un thread
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Notons tout d'abord que bébé Croco n'a toujours qu'un seul parent.

La manif pour tous défile en scandant "un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants"
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Ils sont disponibles dans toutes les couleurs de l'arc en ciel.

Ludivine de la Rochère crie à l'infiltration du lobby LGBT au sein du conseil d'administration de Haribo et appelle au boycot.
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Marine Le Pen souligne sur BFM TV que le petit n'est jamais de la couleur de la mère. C'est pour elle le symbole du grand remplacement par le métissage.

+13 points dans les sondages
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Eric Zemmour quant à lui se félicite que les bonbons contiennent de la gélatine de porc.

"C'est toujours ça que les arabes n'auront pas"

357 plaintes au CSA. Aucune suite.
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Les vegans se mobilisent également sur Twitter, sur le débat suivant :
"Faut-il dévorer d'abord l'enfant sous les yeux de son.a p.mère, ou bien avaler le.a parent.e sous le regard horrifié du bébé ? Stop souffrance animale !"

Appel au boycot relayé par 2 personnes
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Les genderfluid se félicitent du fait qu'on ne connait pas le genre du parent.

"C'est une grande avancée pour la reconnaissance des gens non binaires dans l'industrie du bonbon. Bravo Haribo !"
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Les twitto.a.s qui sont à la fois vegan et non binaires sont en PLS, et lancent des threads avec plein de trigger warnings pour savoir si c'est bien ou pas de manger ces bonbons.
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Après 3 jours de threads régulièrement attaqués par le 12-25, le consensus est qu'il faut acheter les boites mais rendre aux croco leur liberté en les rejetant dans une rivière.
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Les khey du 12-25 décident de mettre leur grain de sel en se filmant en train de se mettre des crocos dans le cul.

Cyril Hanouna, fan de l'idée, met des Croco dans le cul de Matthieu Delormeau
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Une twitta demande l'interdiction de l'emoji Crocodile, arguant le fait que "ça peut trigger les crocophobes comme moi".

Elle reçoit 2433 DM avec des emojis Croco.

Elle menace de porter plainte pour cyberharcellement
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Sujet de bac philo 2020 : "est-ce que c'est beau la vie, pour les grands et les petits?"

Pétition en ligne des bacheliers qui trouvent le sujet trop dur.

"Tout le monde ne connait pas la différence entre crocodile et aligator, il faut annuler l'épreuve" : 150000 signatures
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Haribo propose un contrat de sponsoring à @Krokodeallll

Décalage trop grand entre les amateurs de bonbons et l'image de l'influenceuse : Christine Boutin demande l'interdiction de la publicité.

400 plaintes au CSA (qui est plus prompt à agir que dans le cas Zemmour, notez)
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Rupture de stock dans les magasins.

Macron lance un Grenelle du Croco.
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Les gilets jaunes manifestent pour la suppression de la TVA sur les bonbons.

Bilan : 4 yeux crevés.
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Boiron lance des granules "Croco 9CH". Ils achètent un paquet de bonbon et produisent 10 millions de tubes de granules.
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Boiron en profite pour demander le remboursement par la Secu. Le gouvernement hésite, les députés attendent les offres des lobbyistes.

Big Pharma est rebaptisé "Big Bonbon"
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Le twitto @desespeuphorie demande si quelqu'un a le @ du CM de Haribo, histoire de voir si il peut gratter un paquet ou deux gratos.

Bilan : 4 unfollow
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Gad Elmaleh prépare un nouveau spectacle sur les Croco.

N'allez pas le voir, tout est pompé sur ce thread
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TFou commande une nouvelle saison de "Schnapi, das kleine krokrodil".

En animation 3d ultra moche.

+20% de LV2 allemand au collège à la rentrée suivante.
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Le directeur du Leclerc Beynost pris en photo en safari chasse en Afrique posant fièrement près de la carcasse d'un crocodile fraîchement tué.

Boycot. Licenciement. #JeSuisCrocodile en tendance Twitter
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La team premier degré indique que c'est pas un crocodile mais un caïman.

Tout le monde s'en fout.
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Christophe Maé sort un album de reprises "Ah les croco ah les croco ah les crocodiles"

Double disque d'or en une semaine

En interview, il dira "c'est clairement ma meilleure chanson". Tout le monde acquiesce


Et pour parachever la démonstration, lorsque nous rentrons vers minuit, O. est en train de regarder "Questions pour un champion". Une fois que nous avons fini de nous moquer et de nous étonner, il nous explique qu'il le regarde au même moment que (environ) deux mille autres internautes en suivant le youtubeur Etoile et que c'est fun.

Le lendemain O., ayant lu les crocodiles ci-dessus, remarque : «C'est méchant pour Cyprien».
Comme je m'étonne que ce soit quelqu'un qu'il connaisse (et non un prénom random comme je le croyais), il me donne les noms des youtubeurs «qu'il pourrait être utile que je connaisse parce qu'ils sont connus»: Cyprien, Squeezie et Zerator.

Twitter : la fin de l'expérience

Les relations sur Twitter sont beaucoup plus lâches que sur FB: on peut "s'abonner" et "se désabonner" sans conséquence (alors que sur FB, ne plus "suivre" quelqu'un est vécu comme un camouflet à la limite du supportable, à tel point que j'évite certaines personnes uniquement parce que je sais que si ensuite je souhaite partir, cela risque de causer un drame.)

Durant ce très étrange printemps, je me suis abonnée à des gens très différents, des pro-bloqueurs de facs, des anti-parcoursup, des grévistes, etc. Je voulais évaluer leur bonne foi par rapport à leurs convictions, essayer de comprendre leur opposition systématique à tout, la façon dont ils rationalisaient cette systématie.

Ce qui m'impressionne le plus au bout de ce temps, c'est à quel point je suis perdue dans une certaine gamme de vocabulaire: raciste (ça, ça va), racialisé (j'ai interrogé autour de moi. Apparemment cela veut dire "minorité de couleur non blanche dont les membres décident de se réunir exclusivement entre eux". (Moi, j'appelle cela de la ghettoïsation volontaire)), indigéniste (les mêmes, mais extrémistes), sexisé (?? contre le fait d'être désigné par leur sexe? ou revendiquant au contraire leur particularité, féminine, transgenre, gay, etc?)

L'important est de ne pas être dans un groupe majoritaire, généralement préfixé par "cis-". Si vous êtes un homme blanc occidental hétérosexuel, désolée pour vous messieurs, vous n'êtes pas du tout tendance.

Par exemple, pour la marche des fierté, cela a donné ce genre d'appel, controversé parmi les homo eux-mêmes:
A l'occasion de la Gay Pride, un collectif "Stop au pinkwashing" a lancé un appel pour défiler en tête de cortège. Il s'oppose au cortège LGBT officiel qu'il dénonce comme "homonationaliste et raciste, dont le discours officiel de la Marche des fiertés se fait le relai". Le collectif dénonce la domination des" hommes gays blancs, bourgeois et issus des classes aisées" , complices du gouvernement, des violences policières faites aux immigrés", etc.
[…]
Ce collectif «politique, radical, féministe, queer, antiraciste et anticapitaliste» ouvrira la Marche et demande que "les personnes blanches respectent cette non-mixité en se plaçant derrière elles/eux".
source
Je note tout cela ici pour garder une trace du moment où le vocabulaire est devenu fou.

Tout cela est très fatigant (je ne plaisante pas quand je dis que je ne comprends pas le sens des mots: je ne suis jamais sûre de ne pas comprendre l'inverse de ce que voulait dire l'auteur d'une phrase), je mets donc fin à l'expérience. Je me désabonne de tous les convaincus, les dogmatiques, les doctrinaires, je garde les vieux de la vieille, ceux qui apportent de l'info et ceux qui ont de l'humour. Fini les toxiques (autre mot à la mode ces derniers mois).

Aujourd'hui j'ai découvert Bernoid qui dessine des insectes et photographie des champignons. C'est magnifique.
Il y a une collection de jeunes twittos en histoire ou lettres classiques qui me réconfortent, par exemple Regina sur l'Egypte ptolémaïque ou Dorymedon, dans le genre littérature "on ne lâche rien" (sa préparation de cours sur les mémoires pour les troisièmes… Whouaouh).

C'est quoi ce délire ?

Cette expression me paraît traduire WTF mieux que "Fichaises", qui serait plutôt bullshit, à mon sens.

Il y a quelques temps (six mois, un an?) avait couru la rumeur que la directrice des ressources humaines de notre entreprise allait partir: mobilité dans le groupe ou démission? J'avais émis l'idée qu'elle remplacerait peut-être mon supérieur bien-aimé dont le départ en retraite est proche.
Puis il ne s'était rien passé.
Nous avons appris à midi qu'elle devait bien partir. Elle avait même fait un pot de départ avec ses équipes.
Puis elle était restée.



(Par ailleurs, des rumeurs courent sur le départ d'à peu près tous les cadres de direction alors que le nouveau DG vient d'arriver.

Bulgare

J'ai demandé à la jeune fille assise toute la journée à la sortie du métro d'où elle venait: Bulgarie.

Malédiction, l'écriture est en cyrillique, ça ne doit pas faciliter les choses. Est-ce qu'elle sait lire (le bulgare)? Est-ce qu'un dictionnaire lui serait utile? (depuis que je sais qu'il existe un TCF, test de connaissance du français…)

Quelques recherches plus tard (pas de résultat pour "locuteur bulgare apprendre le français", "langue maternelle bulgare apprendre le français"), j'ai touvé un site très intéressant, art, langage, apprentissage (avec la figure de Serge Martin, un "ami FB" à peu près inconnu (Cerisy comme point commun, je pense)) et un dictionnaire.

Dernier colloque des Invalides

sur le thème «Dernières RàB» (Rubriques à Brac, ça tombe bien, tout le monde connaît parmi les gens rencontrés aujourd'hui): Jean-Jacques Lefrère, l'organisateur "sur place", est mort sans remplaçant à ce jour (tandis que Michel Pierssens est au Canada et Jean-Paul Goujon à Séville… cela ne simplifie pas l'organisation); d'autre part nous apprenons que le centre culturel canadien ferme pour deux ans et rouvrira ses portes dans le VIIIe: plus d'organisateur et plus de site parisiens, la fin d'un époque.

Colloque des Invalides, Blitz-discours, de cinq minutes: c'est la troisième fois que j'y assiste, toujours pour écouter Elisabeth, et cette année, Tlön était également dans l'assistance.

Je résume les interventions sur l'autre blog (celles où je n'étais pas en train de digérer, deux ou trois m'ont échappé) et me contente de quelques bribes relevées au cours du déjeuner:
— Le problème de Guillemin, c'est qu'il veut tout le temps avoir raison.
— C'est le cas de tout le monde, non?
— Tu as raison.

Alain Chrevrier a présenté une couronne de sonnets haïtiens d'Emile Roumer, c'est l'occasion de parler d'Haïti et d'un illustre ancêtre de Tlön, tandis que le professeur Lassalle évoque Saint-Céré qui semble être le Berditchev français (tout le monde vient de Saint-Céré, est passé par Saint-Céré…). Le professeur se souvient de ses années de provincial, quand sa vie tenait à sa correspondance échangée avec les surréalistes… Il regrette qu'un Roubaud, par exemple, ne réponde pas aux lettres, quasi par principe.

Il faut lire Stello.
Cocteau prince des poètes, puis Maurice Carême!
Plus de poètes à l'agrégation: «L'année où il y a eu Gracq… Les élèves ont eu les pires problèmes.»

A ma droite, deux jeunes professeurs spécialistes de Lautréamont, doctorants, enseignent en Bretagne. Le grand poète de l'entre deux-guerres? Desnos. Un poète contemporain? Guy Goffette.


En fin de journée, je passe à la librairie sino-japonaise Le Phénix pour acheter une méthode pour écrire le japonais (c'est pour offrir).
En revenant prendre le métro aux Halles, je passe à la bibliothèque de la Canopée. Je suis un peu déçue, elle est toute petite (enfin, plus que ne le laissaient penser les photos). je découvre sur un présentoir des livres pour apprendre le français et s'entraîner au TCF, «test de connaissance du français pour acquérir la nationalité française». Je ne savais pas que cela existât:
Proposé depuis janvier 2012, le TCF pour l’accès à la nationalité française (TCF ANF) a été spécifiquement conçu pour répondre aux nouvelles dispositions introduites par le ministère français de l’intérieur (décret 2011-1265 du 11 octobre 2011) fixant au niveau B1 oral (épreuves de compréhension et d’expression orales) le niveau requis en français pour les postulants à la nationalité française.
A côté de la bibliothèque se tient un café de hip-hop et une salle pour danser.
Les escaliers qui descendent au métro forment comme un vaste amphithéâtre (mais les mesures de surveillance anti-terrorisme ne permettent sans doute pas l'ample circulation qui devait être prévue par l'architecte). Tandis que je traverse ces lieux mille fois empruntés, je reconstitue le fantôme de leur disposition disparue.

Présence

J'ai terminé Poésie du gérondif. En fait, je ne comprends absolument pas comment il est possible de décrire une langue ou de l'expliquer à quelqu'un. (Nous parlions à midi d'un devoir de maths ayant consisté à décomposer le coup franc de Platini en 1978, en concluant que si Platini avait calculé tout cela, il n'aurait jamais réussi son coup de pied:eh bien pareil.)

Depuis quelques temps, une nuance m'intrigue: la différence entre «je suis ici» (spatial) et «je suis là» (ontologique?): il est possible d'être ici sans être là, et inversement. Comment expliquer cela?

Le mot du jour

est sédévacantisme (remarque : l'article se trompe, Mgr Lefevre n'est pas sédévacantiste).

(Jeudi dernier, c'était "hénothéisme".)

Haute mer : in altum. Profonde. "L'altitude" (la hauteur) n'est pas calculée au-dessus mais en-dessous du niveau de la mer.

Et sinon, est-il vraiment envisageable que "étant" vienne de sto, stas, stare ?
(C'est la remarque d'un élève en cours de latin: qu'"étant" viendrait du verbe se tenir debout. Un abîme s'ouvre devant mes pieds. Nous passons de l'essence à l'existence, il me semble. Est-ce vraiment possible?
La prof ne conteste pas mais nous fait remarquer que les mots latin commençant par "sc" ont pris un "e" en fançais, mais pas en anglais:
stella, étoile, star
scribo, écrire, scripture
scola, école, school )

Les étymologies incertaines

H — Ça sent bien la citronnelle, hein ?
Moi — Oui, comment t'as fait, t'as trouvé de la fraîche?
H — Non, j'ai utilisé de la mousseline.
Moi — Ah, t'as fait une infusion.
O — ?? Pour moi, de la mousseline, c'était de la purée…
H — Mais non, c'est un tissu très léger, comme de la gaze, comme les sachets de thé, si tu veux.
Moi — Oui, c'est l'inverse, la purée s'appelle mousseline parce qu'elle est légère comme de la mousseline. Si tu trouves "une robe en mousseline" dans un roman, qu'est-ce que tu comprends?
O — …
Moi — Mais je pensais que mousseline, c'était synonyme de gaze.
H — Non, gaze vient de Gaza : il y a toujours eu la guerre là-bas, alors le tissu utilisé sur place pour soigner les blessés a pris le nom de la ville.
Moi — Incroyable, ça c'est de la poisse! Mais tu tires ça d'où, parce que les étymologies fantaisistes, ça court les rues.
H — Alain Rey le matin à la radio. D'habitude je ne retiens pas, mais pour celle-là, j'ai fait exception.

(Bon, au moment d'écrire ici je vérifie sur CNTRL qui n'a pas l'air d'accord, mais je laisse, ne serait-ce que pour la robe en purée mousseline.)


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Agenda
Et c'est reparti, H. veut de nouveau monter une boîte. Nom déposé, logo créé, excitation…
Je ne participe pas, je ne participe plus. Si ça marche, les enfants seront riches, si ça ne marche pas, j'hébergerai la famille dans la moitié de maison qui m'appartient… (Oui, nous sommes mariés en séparation de biens, il avait déjà l'idée de monter sa boîte à l'époque.)

Les expressions de ma tante

J'aurais aimé en faire une catégorie, mais hélas, il aurait fallu que je les note au fur à mesure durant toutes ces années. J'oublie tout.

A côté d'expressions courantes comme «souple comme un barreau de chaise» ou «souple comme un verre de lampe» (pendant des années je me suis demandé ce que voulait dire «ver de lampe», un ver, oui, c'était souple, mais un ver de lampe, qu'est-ce que c'était?), elle utilise des formules que je n'ai jamais entendues ailleurs, dont je me demande parfois si ce n'est pas elle qui les invente, comme «fumer comme un poêle» tout de même plus adéquat que «fumer comme un pompier».

Ce soir, au cours d'un long téléphonage (cinquante-quatre minutes au téléphone, c'est beaucoup pour moi), j'ai recueilli «avoir la langue avant les dents», pour signifier parler trop vite, ne pas savoir retenir ses paroles.

Les langues

J'ai de nouveau rendez-vous au forum des images avec Lisa. Elle prépare un devoir de fin d'étude, une sorte d'article de douze pages. Elle m'explique (en allemand) ce qu'elle doit encore faire pour devenir professeur.
— Mais voulez-vous vraiment devenir professeur d'allemand en Allemagne? (J'aurais tendance à la tutoyer, mais pour des raisons pédagogiques, il vaut mieux que je la vouvoie — en allemand.)
Elle n'en est pas si sûre. Nous comparons l'état de l'apprentissage de la langue vernaculaire (non, je ne sais pas dire "vernaculaire" en allemand) en France et en Allemagne, le problème de l'autorité, le remplacement de la "vieille génération" des instituteurs par celle qui a été formée après mai 68. Lisa s'est déjà heurtée à la protestation «Mais pourquoi voulez-vous que j'apprenne l'allemand, je le parle de naissance!». Dans certains lycées, les élèves sont notés sur tout, sauf sur l'allemand, afin de leur donner une chance.

De mémoire, je lui retranscris quelques aberrations en français que m'a envoyées "lecteur" (un ami qui commente sous le nom de lecteur) récemment, et qui sont de pures retranscriptions phonétiques (de la part d'enfants CSP++, comme on dit en entreprise, ie milieu favorisé).
Je vous en copierai quelques-unes quand je les retrouverai dans ma tonne de papiers à classer: ce qui m'étonne, c'est que même la coupure des mots n'est pas respectée, à croire que l'environnement, les mots sur les paquets de céréales ou les affiches, n'a pas réussi à imprimer une trace dans l'esprit de ces enfants. C'est vraiment bizarre.
En tout cas, même déliquescence en Allemagne et en France, même si elle ne prend pas la même forme, du fait de la structure de ces deux langues (bon, mon allemand est trop limité pour que j'ai pu creuser davantage, mais ce n'est déjà pas si mal!)

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( Dans la journée, j'avais repéré une formation pour du Perfectionnement en Expression Française. )

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Boseb, flameküche, Boseb, Lisa, Oulipo.
A. est revenue de Lisieux.

Le futur de l'édition

Lettre reçue :

«De mon côté, les affaires alimentaires sont plutôt satisfaisantes. La petite entreprise de "rewriting" va son bonhomme de chemin avec [noms de plusieurs maisons d'édition] et autres qui nous envoient, à mon associé et à moi, de bons gros manuscrits qu'il faut "lisser", "toiletter", préparer", c'est-à-dire, ni plus ni moins, traduire en français courant, qu'il s'agisse de romans (eh! oui!), d'essais ou de témoignages. L'honnêteté voudrait, désormais, que l'édition imite le cinéma et fasse figurer, après le titre et le nom de l'auteur, un générique complet de tous les participants à un livre.»

Vocabulaire

Je suis debout dans le RER, au niveau de six places se faisant face trois à trois. Cinq jeunes filles révisent des noms en D, l'une donne le mot, les autres tentent d'en donner la définition, la première les aide. J'arrive au moment de "dépréciation" ou "déprécation", je ne suis pas sûre de bien comprendre, est-ce de l'anglais qu'elles révisent?

Non, c'est bien du français: démotique, désaffection, déshérence, desidérata (toujours au pluriel, prend un "s"), désolation (au sens de "destruction"),…
Je suis intriguée: sont-elles en première, et leur professeur de français a-t-il décidé de traiter le mal à la racine (avec un pincement au cœur, je me dis que cela aurait dû être fait il y a des années, au collège (mais leur sérieux me remplit d'espoir: quel professeur peut-il réussir à obtenir cela d'élèves de première? (car il n'y a aucun signe d'ennui ou d'exaspération parmi elles)); sont-elles en première année de fac littéraire?

Au moment de quitter le wagon, je me penche vers la jeune fille au bord de l'allée:
— Excusez-moi, mademoiselle, vous êtes en quelle classe?
— En prépa orthophoniste.

Vocabulaire

J'ai offert à Noël à mon beau-père Loin des villes proches des gens, le livre tiré du blog du docteur Borée. Il me l'a laissé après lecture pour que je le lise à mon tour. J'en fais une lecture décousue, éparpillée. Ce week-end je suis tombée sur la définition de "fatigué":

Là où vous vivez, je ne sais pas. Mais dans la ville où j’ai grandi, quand on dit « Je suis fatigué », ça veut dire qu’on est fatigué.
Par là, on signifie généralement à son interlocuteur qu’on manque de sommeil. Parfois, il faut l’entendre comme une fatigue physique, un besoin de récupération. Parfois, enfin, un manque de dynamisme et d’énergie.
Ici, non.
Enfin… pas toujours.
Ici, la traduction la plus proche possible de « Il est fatigué », ce serait « Il n’est pas bien ».
Admirez la précision.
A vrai dire, ça peut aller de « Il-a-un-petit-coup-de-pompe-mais-rien-de-bien-méchant » à « Il-est-carrément-en-train-de-claboter ».

Dr Borée, Loin des villes, proches des gens, éditions City, 2012, p.27
Ça m'a fait rire. Je connais d'autres mots comme ça, par exemple "courageux". Courageux, c'est celui qui n'a pas peur de travailler, celui qui n'est pas paresseux. C'est aussi celui qui ne se laissera pas abattre par l'adversité. «Il n'est pas courageux» est un jugement sans appel qui vaut condamnation. Ce serait une bête, il n'y aurait plus qu'à l'abattre, et on sent bien que l'envie n'est pas loin: que faire d'un "pas courageux", comment résistera-t-il à la vie?

Il y a aussi les mots qui n'existent pas, comme "s'amuser". Le plus proche est le "va jouer dehors" adressé aux enfants dont le vrai sens est "arrête de traîner dans mes jambes". Par ailleurs, jouer n'est pas s'amuser, que ce soit aux boules, à la belote ou au tarot. Jouer est sérieux, nécessite de l'application et suppose une progression. S'amuser n'existe pas; "l'important c'est de se faire plaisir" (comme je l'entends régulièrement à l'aviron) est une phrase qui me paraît toujours ironique, au second degré, il faut que j'observe soigneusement le locuteur pour me convaincre qu'il n'est pas en train de se moquer, d'imiter un gimmick qu'il trouve ridicule: eh non, il est sérieux. J'en reste toujours un peu perplexe: comment, ils viennent s'amuser, pas s'entraîner, progresser, s'améliorer? (qu'il y ait du plaisir dans tout cela est un by product qu'on n'évoquera jamais, par pudeur, ne serait-ce qu'à cause de la dimension doucement masochiste de ce plaisir (qu'est-ce qu'on en bave!))
Et c'est pourquoi, à cause de formatage et de vocabulaire, je suis non miscible avec des rameurs ayant commencé l'aviron adultes.

Nuances

— Ça a l'air d'être un rigolo.
— Oui, il est fun mais il n'est pas drôle.


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Pour mémoire : A. a son bac.
Sortie en quatre sans barreur avec Emmanuel. J'ai blessé Pascal.

Gender study

— C'est facile: un tentacule comme un testicule.
— Hum, je ne suis pas convaincue. A partir de maintenant je dirai une testicule, ça sonne pas mal.

Apprendre le grec

Nous sommes nombreux, il manque des chaises, il ne faut pas arriver en retard.

Ce qui m'ébahit le plus, ce sont les étrangers présents. Pour nous, Français (de langue maternelle française), cela présente un avantage certain, car cela se traduit à l'occasion par de la grammaire comparative.

Anecdote: le Grec qui proteste contre la prononciation du grec ancien (réponse du professeur: «Vous pouvez prononcer intérieurement comme vous le souhaitez, vous avez un travail de décodage à faire, mais vous n'êtes pas obligé de rencoder» (apprendre le grec ancien en France quand vous êtes étranger: apprendre à traduire vers une langue qui n'est pas la vôtre (est-ce que cela rend le thème plus facile?))).

Question: est-ce mon passé de germaniste ou le souci de (l'orthographe de) mes enfants qui me rend les cas si naturels? J'ai l'impression de n'avoir jamais cessé de les utiliser, alors que la prof nous annonce: «Vous allez vous rendre compte que vos problèmes seront souvent des problèmes de grammaire française.»
Non. Au moins un problème que je n'aurai pas.
En revanche, latin oblige, la présence d'article m'étonne. Je m'en passerais bien.

Mon nouveau bureau

Il est au dernier étage d'un cube, vitré sur deux côtés, est et sud. Il est très lumineux, même par temps de pluie. Et j'ai vue sur la tour Eiffel et un petit morceau de Seine. (Sur la photo, une péniche passe. L'eau est aussi verte que les arbres.)




Dans les toilettes, le novlangue fait rage. J'ai l'intention d'enlever discètement cette affiche et de la remplacer par le numéro de téléphone seul.




Le rez de chaussée (rez de dalle, comme on dit) est au quatrième étage. Je retrouve au premier étage la bibliothèque de 1996. J'y avais emprunté mon dernier Bradbury (La solitude est un cercueil de verre), Madame Bovary et Cervantès en cassettes audio, et découvert Lawrence Block.
J'ai vérifié: Le fil de l'horizon est disponible (introuvable en librairie malgré la mort de Tabucchi). J'ai emprunté le journal de Kafka parce qu'il était placé devant les livres trop serrés sur l'étagère pour lui laisser de la place et l'édition 1972, la première, du Seigneur des Anneaux chez Bourgois, plus confortable à lire que les livres de poche.

J'aime beaucoup les bibliothèques. Je réfléchissais qu'à une époque, c'était finalement le moyen le plus sûr de trouver les livres épuisés.

Informatique et vocabulaire

Rien de particulier. Commencé Travers Coda.

Je m'amuse des problèmes de connexion informatique: soit une entreprise A détachant un salarié à une entreprise B (et qui doit donc travailler dans le système informatique de B), sachant qu'à terme son contrat de travail sera repris par C (A disparaît et B ne peut embaucher puisqu'elle mène un plan de départs volontaires), combien de temps faudra-t-il pour que les applications indispensables au travail du salarié détaché soient disponibles avec les identifiants adéquats?

En attendant nous nous débrouillons entre clés USB et impressions d'écran. «La bite et le couteau», ai-je spontanément lâché devant mes deux collègues ébahies qui m'ont fait répéter le premier mot trois fois pour être sûres d'avoir bien entendu. (Je crois que je leur ouvre des horizons stylistiques. J'ai un peu honte, mais elles rient de bon cœur. Alors…)

Des nouvelles du front

J'ai (enfin) IE 8 au bureau, ce qui me permet de consulter et mettre à jour Google agenda (quel progrès).

Je repère quelques collègues: celle qui lit Le portrait de Dorian Gray en anglais, celui qui tient un livre Gallimard poésie (Jacottet) tandis qu'il discute dans le couloir (à croire que c'est son interlocuteur qui vient de lui passer, mais je n'ai pas eu le temps d'observer la scène), celui qui a la réputation d'être un puriste et ne supporte pas les anglicismes (week-end, interview...)

Je suis confrontée à l'homophobie ordinaire, celle des discussions de collègues. Quand je sens que c'est parti pour me déplaire (me faire de la peine), je proclame au milieu de la conversation «j'ai beaucoup d'amis homos, je les aime beaucoup», mais c'est surtout pour ne pas écouter la série de clichés que je sens poindre. Les homosexuels ont l'air de beaucoup choquer ma jeune collègue (condamnation morale), ce qui me surprend autant que du sexisme chez un jeune collègue: rien à faire, dans mon bisounoursisme, j'imagine toujours que ces attitudes sont celles des générations précédentes, qu'elles n'existent pas, n'ont jamais existé, chez les plus jeunes que moi.

Ça n'a rien à voir, je m'en rends compte régulièrement, mais mon préjugé (mon espoir) a la vie dure.

Vieille blague et illumination syntaxique

Johnny et Laetitia se retrouvent après une séparation de quelques jours. Ils font l'amour, et Laetitia, dans un élan amoureux, s'exclame:
— Oh Johnny, tu m'as manqué!
— Fallait pas bouger, salope!

Et soudain, je découvre qu'il y a deux façons d'accorder "manquer".

La langue pardonne peu

Mardi matin, ma collègue m'a déprimée. Depuis le 9 mai elle a sous sa coupe une jeune stagiaire beurette en master d'économie en formation en alternance. La jeune fille est destinée à répondre au téléphone sur des sujets très variés et à écrire des lettres. Ma collègue trouve qu'elle parle mal, qu'elle écrit mal, que ce n'est pas possible…

J'en parle à la jeune fille qui est presque au bord des larmes. Elle a effectivement une élocution que je qualifierais de "sombre", sa voix devient plus grave sur les consonnes, ce qui les fait disparaître. Et elle fait des fautes étranges, se trompant de pronoms dans les phrases, parlant très facilement à la troisième personne…
Mais enfin, il n'y a pas péril en la demeure.
«Je me suis sentie nulle… Je suis pourtant major de ma promo…» me dit-elle en parlant des remarques de ma collègue.
J'ai le cœur serré. Elle n'était pas préparée à cela, elle découvre cette discrimination sociale et la prend de plein fouet.
Je dis à ma collègue, vieille fille: «Tu vas le trouver où, ton mouton à cinq pattes? K. est polie, bien élevée, elle s'habille avec réserve, elle est motivée. Qu'est-ce que tu veux de plus?»

J'ai ramené au bureau un guide de bon usage, à la fois de savoir-vivre et d'écriture. Et un petit livre bleu, un manuel pour apprendre la rédaction datant des années 40 et destiné aux enfants de 6e et 5e de ces années-là.

La bataille de Pharsale

— Je ne peux pas lire ton livre. Je n'y comprends rien.
— Bon, amène-le. (dont acte). Vas-y, lis à haute voix et arrête quand tu ne comprends pas.
— Ben la première phrase : «Tous les pouvoirs tombés accusent de leur chute les complots de leurs adversaires ou les intrigues de leurs successeurs.» Je me mords les lèvres pour ne pas rire. Oui évidemment, je ne m'étais pas rendue compte... Les "pouvoirs tombés", ça veut dire quoi?
— Les pouvoirs, ça désigne les gouvernements, les rois, les empereurs. Et tombés, à ton avis?
— …
— C'est la perte du pouvoir, par la révolution, la guerre, etc. Les pouvoirs tombés, ce sont les gouvernements qui ont perdu le pouvoir.
— "accusent de..." C'est pas français, accuser "de".
Je ne comprends pas ce qu'elle veut dire. Le "de" la gêne, mais pourquoi?
— Comment se construit le verbe accuser ?
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Manger quelque chose, plus complément direct; pleuvoir est intransitif, il n'accepte pas de complément, il pleut; offrir… on offre quelque chose à quelqu'un, complément d'objet direct, complément indirect… Comment se construit le verbe "accuser" ?
— Euh, accuser quelqu'un de quelque chose ? Mais il a fait une faute, il a inversé les deux compléments !
— Mais non, c'est ça la littérature. L'inversion est sans doute dû au fait que le complément d'objet direct est très long. Alors, ils accusent qui? (réponse balbutiée) et de quoi?





Commentaire à la relecture quatre ans plus tard: il s'agissait de la première phrase de Histoire des deux Restaurations. Le titre du billet est une référence à la version latine corrigée par le père dans La bataille de Pharsalle.

Beuh

— Ah oui au fait, mon adresse est "impasse des bœufs", entre la rue des Bouchers et la rue des Tanneurs.
— Mais c'est horrible! pauvres bêtes... (Vraiment une impasse.)
— Quand j'ai commandé mon lit et que j'ai donné mon adresse pour la livraison, la caissière m'a demandé d'épeler "beu". «— "Beufe", j'ai dit. — Ah, beufe!» Elle était soulagée.
Rires. Après coup, je me demande si elle s'est demandé s'il s'agissait de beu. Est-ce possible?
— Et à Carrefour, pour le frigo, quand j'ai donné mon adresse, j'ai surveillé l'écran pendant que le vendeur la tapait. Il m'a demandé : «— Vous avez peur que je ne sache pas l'écrire?»



PS: "Pauvres bêtes", citation d' Astérix chez les Bretons:
— ... sinon je vous fais jeter aux lions, bouillis à la menthe!
— Mais c'est horrible!
— Oui, pauvres bêtes...

Politique

Un peu embarrassée jeudi soir : voilà-t-y pas que je me retrouve à (plus ou moins) parler de politique avec Kozlika et Anita (de La pêche à la baleine). Hum, je n'aime pas parler politique (chacun pense ce qu'il veut, je demande juste qu'on s'abstienne de me juger en trois coups de cuillères à pot en me collant une étiquette), et encore moins avec des gens que je ne connais pas (le risque de contresens est trop grand, et de toute façon je suis toujours au mauvais endroit pour mes interlocuteurs (je ne m'en plains pas, au contraire, je trouve ça rassurant)).

— Pfou, moi ça m'est égal, qu'on laisse les gens travailler tranquilles, et ça me va bien.
— Rien que ça, ça sonne déjà très sarkozyste.... [1]

Travailler... Est-ce que j'aurais dû dire "vivre"? Quel est le contraire de travailler, pour moi? Pas se reposer. Se reposer, c'est quand on est épuisé, un état qui pour moi approche la maladie et ne ressortit pas à l'état normal de la vie: il n'y a aucune raison de "se reposer" (dormir quelques heures de plus suite à une semaine fatigante, c'est "récupérer"). S'amuser? Mais s'amuser consiste à exercer avec joie et facilité une activité qu'on maîtrise parfaitement. Et pour maîtriser quoi que ce soit parfaitement, que ce soit pêcher à la ligne ou faire des photocopies, il faut apprendre, faire des expériences, se tromper, recommencer. Il faut travailler.

En fait il n'existe que deux activités, pour moi: travailler (apprendre, découvrir, connaître, savoir, s'améliorer) pour tout ce qui m'intéresse, ou servir (à quelqu'un ou quelque chose) pour tout ce qui ne m'intéresse pas. Le pire qui puisse m'arriver, c'est de perdre mon temps: ne servir à rien dans une activité qui m'ennuie.

Je crois que je vais arrêter de me servir du mot "travailler". Personne ne peut comprendre spontanément ce que je veux dire, et c'est bien normal.

Notes

[1] ce qui intéressera peut-être celui qui a eu l'idée de me traiter d'anti-sarkozyste primaire il y a peu. Quand je disais que...

Méditations

En rangeant je tombe sur ce faire-part de décès que m'avait envoyé ma mère, et je découvre cette étrange faute, du moins ce que je suppose être une faute, si intense (et si ce n'est pas une faute, quelle formule magnifique):

«Tant de recueillement et de prières souhaités,
en mémoire de V. B.
décédé dans sa 47e année.»

Métaphore vive

— Griller un feu, c'est quand même bizarre quand on y pense.

Première journée

Désormais je ne peux plus travailler dans le patio. Entre cinq et sept je travaille assise sur le carrelage de la salle de bain, l'ordinateur sur les genoux. C'est stupide mais ça m'amuse, inexplicablement ces bizarreires m'aident à me concentrer.
Je laisse mon ordinateur à H. avant de partir pour la journée afin qu'il mette en forme les citations sur keynote.

A 9h30 le programme prévoyait le discours d'accueil de "l'échevin de la culture", sans que je sache si c'était le terme italien ou une impropriété belge (patrie d'adoption de l'organisatrice). L'échevin est un grand italien barbu décontracté en jean et chemise à carreaux...

Interventions en français: Yourcenar, Léautaud, Morand et Nérimovsky.
Le film de Sophie Calle, Prenez soin de vous. Nous ne voyons que vingt minutes choisies de son film, c'est très drôle (les passages sont très bien choisis), mais son idée de faire lire publiquement une lettre de rupture pour s'en moquer me révulse. Guérir une blessure par l'humiliation publique de l'autre, mais quelle horreur. Le comble est qu'elle sera sans doute surprise si le suivant la quitte sans un mot.

Je me fais intercepter par H. au cours du dernier film de la journée que je ne peux donc voir en entier. Entretemps, en écoutant les interventions sur Yourcenar et Léautaud, j'ai eu une illumination sur la façon de terminer mon propre papier (les rapports entre destin et hérédité, mais c'est bien sûr!).

Sortis très tard de table après que H. ait obligé X. à venir dîner comme il s'y était engagé.

Je travaille jusqu'à avoir terminé (une heure du matin). Je remets au lendemain tôt (5 h du matin) le fait de tout copier sur Keynote puisque je n'ai pas d'imprimante: il faudra lire directement sur écran. J'espère malgré tout réussir à lever les yeux de mon texte... (Le problème est un problème de niveau de langage. Dès que je n'ai plus le soutien de l'écran, j'ai l'impression de parler atrocement mal, de façon très relâchée. L'écrit me rassure, non contre d'éventuels trous de mémoire (je pourrais parler sans avoir rien préparé), mais contre cette langue qui m'échappe et que je ne maîtrise pas. N. à qui j'explique mes craintes rit: «Oh oui, moi j'attends toujours les questions: on voit les gens qui lisaient un texte parfait, très léché, se mettre à parler naturellement, le décalage est souvent amusant.»
Voilà qui n'est pas rassurant.)

Repas du midi dans un restaurant que nous n'aurions jamais trouvé seuls. Buffet. Le restaurateur produit ses fromages. Je me damnerais (c'est peut-être ce que j'ai fait) pour cette ricotta.
Terra e Sapori
di Agata d'Alessandro
Via Martiri di marzabotto, 5
Bovino

Fil de la plume

Pas de Louvre aujourd'hui, pas de Finnegans Wake demain.

Journée blanche. Plus le temps d'écrire. Comme chaque fois que j'ai longuement écrit mentalement sur un thème, je suis incapable d'en écrire une ligne. Tout me paraît sonner faux.
De même, je suis incapable de préparer des billets à l'avance. Je n'arrive pas à les poster, je les écrase (ie, j'écris par-dessus).
Ecrire sans réfléchir, vite; et publier, aussitôt.
Sinon je n'y arrive pas, j'ai trop peur de ce que j'écris. Parfois tandis que j'écris la grammaire se délite, des règles imprévues s'imposent, dans une logique différente, je ne comprends plus celles qui existent. Parfois les mots se défont au fur à mesure que j'avance.
Heureusement personne ne fait la différence avec mes fautes d'orthographe.
Plus exactement, si vous voyez une faute d'orthographe, il y a toutes les chances pour que ce soit une vraie faute (lorsque les mots commencent à se désagréger, je fais un effort et je les recolle).
Enfin bon.
Si je pouvais disposer de mon temps.
Journée pas passionnante.

Coup de jeune

Durant les vacances de Noël, chez mes parents, je décroche le téléphone (parce que je n'en supporte pas la sonnerie):

— Allô, Madame S. ?
— Non, je suis sa fille.
— Est-ce que je pourrais parler à ta maman ?

D'un mot à l'autre

En lisant Nabokov, je viens de réaliser que "tag" veut dire étiquette («peering at the price tags, as wishing to learn their museum names.» Spring in Fialta). Et je pense aux philactères des statues de Chartres. Peut-on dire qu'elles sont taguées?

Et puis je me souviens que philactère a déjà été récupéré par la BD.

Les jeunes ont encore du vocabulaire

A : — Mais t'es à poil !
B : — Non, j'ai un slip.
A : — Hum, il reste encore du poil.
C : — T'as le persil qui dépasse du cabas ?

Formule

Troisième décès dans mon entreprise depuis septembre. (Maladies, pas suicides).
Lundi, la comm interne a mis en ligne un message sur l'intranet. Il se termine ainsi :

L'ensemble des collaborateurs de *** assurent son épouse et son fils de leurs plus amicales condoléances.

Amicales?
C'est possible, ça, des condoléances "amicales", dans le cadre professionnel, adressées à la famille d'un des dirigeants de la société?

J'aurais volontiers écrit "navrées". (Est-ce possible?)
Ce que je pense, c'est "impuissantes".

Arrrggghhh !!

Relecture de rapport de stage : «Deborah et Marc sont venu(e)s... Â»

— Mais enfin, non! Le masculin l'emporte! Tu as déjà vu des textes avec un "e" entre parenthèses?
— Oui, sur les papiers administratifs.

Les mots de la famille

Evêque, évêché, épiscopal.
Chanoine, chapitre, canonial.

C'est presque aussi fascinant que les noms d'animaux, ou les mots désignant les animaux :
- cerf, biche, faon ;
- lièvre, hase, levraut ;
- sanglier, laie, marcassin ;
- verrat, truie, porcelet ;
- coq, poule, poussin ;
- cheval, jument, poulain ;
- bouc, chèvre, chevreau ;
- bélier, brebis, agneau ;
- etc.

Idéogramme

Lorsque j'écris quelque chose comme

euh...?? Mais bon, lol !!

j'ai l'impression de revenir aux signes égyptiens ou chinois.

Je n'aime pas

— Vous aimez Lio ?

Si je réponds non, on comprendra que je n'aime pas Lio, qu'elle me déplaît. Ce n'est pas le cas, elle m'est juste indifférente. C'est une absence d'intérêt, pas une détestation.

Quelle syntaxe pour cette réponse ?


(Et sur FB, ce "J'aime/vous n'aimez plus", qui me fait toujours sourire. Je pense à Renaud Camus et à son horreur des verbes transitifs utilisés intransitivement. Quand cette option "j'aime" est apparue sur FB, je me suis dit que je n'utiliserais jamais quelque chose d'aussi bête. Mais finalement c'est si pratique pour marquer l'assentiment, l'approbation, l'encouragement, c'est si pratique quand il est un peu nunuche d'aller écrire «J'aime beaucoup ce que vous faites», que cette option me manque ailleurs, je la cherche sur les blogs ou sur twitter. Cette option puérile est devenue la marque d'une certaine discrétion et d'une certaine gentillesse, d'une complicité: qui l'eût cru?)

Barbarie

Une amie professeur d'histoire nous raconte qu'elle faisait conjuguer leurs insultes aux élèves à tous les temps et à tous les modes:

que tu niquasses ta mère
qu'il niquât ta mère
etc.

Ces enfants ont une imagination à la capitaine Haddock: «Ta mère a trois poils au cul.»
nous eûmes trois poils au cul, vous eûtes trois poils au cul,... vous auriez eu trois poils au cul...

Fragonard et le génie de la langue



Il y a au dernier étage de l'aile Sully quelques salles dédiées à trois donations. Ce sont devenues mes salles de prédilection, parce qu'en peu d'espace on traverse les siècles (foin des kilomètres de couloir à arpenter), tout en s'imaginant que ces tableaux ont été pendus à de vrais murs, aimés par de vrais propriétaires.

La donation Carlos de Beistegui propose un petit Fragonard roux, poupin et luxurieux au titre évocateur, Le Feu aux poudres.

Un angelot semble allumer le sein de la jeune femme avec sa torche, à moins qu'il n'allume sa torche à la pointe du sein: c'est indiscernable. De même, la trace rousse aux creux des cuisses est-elle flamme ou toison? Une seule tache de couleur dans les deux cas permet de figurer deux possibilités, éveillant la curiosité et une certaine frustration de ne pouvoir décider: voyons, que vois-je exactement?

Et il me semble représentée en ce tableau du XVIIIe la souplesse de la langue française à son apogée, son élégance et sa finesse, et sa terrible propension à laisser percer les allusions et les double-sens libertins sous les tournures les plus innocentes ou les plus sérieuses.

Finalement, la langue anglaise est peut-être l'art de la litote, du [je-dirais-même-moins|https://vehesse.eu/dotclear/index.php?2004/04/26] tandis que le français serait l'art du double-sens, de l'amphibologie.

Avant Noël

Après-midi dans les gradins d'un dojo, à regarder des enfants passer leurs grades de karaté. J'ai mon Mac, mes Doc Martens, je suis plongée dans la reconstitution compliquée de certaines journées estivales.

Un petit garçon de sept ans environ se précipite hors d'haleine vers ses sœurs à côté de moi, adolescentes arabes au visage triste, patient, d'un ennui silencieux.
Le petit garçon suffoque, ravagé par l'information qu'il apporte:
— Y en a qui... y en a qui... y en a qui disent que le Père Noël n'existe pas!


Et je suis si triste de n'avoir rien à dire pour le consoler.


(Ce matin, O. m'a dit avec réalisme: «Il fallait lui dire qu'il passera quand même»).


Hier soir, Z. passant à côté d'un parc contenant des sapins à vendre, en face de Saint-Eustache :
— Ça sent le sapin !

Et je pense aux métaphores réanimées de RC (mais personne ne reconnaît jamais mes citations (d'autant plus que je ne me souviens plus de la citation)).

11/01/2009

Si voilà: «Je le remercie de "réinsuffler du sens dans les métaphores éculées"». Journal de Travers, p.634

Quelques pluriels

H. contemple la feuille sur laquelle il vient d'écrire quelques mots.

— Ça ne va pas?
— Non, je me demandais juste s'il fallait un s à pied.
— Et alors?
— Alors non, des doigts de pied, sans s.
— Ça dépend combien il y a de doigts. A partir de six, il faut un s. Deux doigts de pied, sans s; six doigts de pieds, s. Si tu mets un s à deux doigts de pieds, on sait tout de suite qu'il s'agit d'un orteil par pied.

Silence.
— D'ailleurs, quatre fers à cheval, cinq fers à chevaux.

Silence

J'efface ce que j'avais commencé il y a une semaine. Ce qui n'est pas publié aussitôt ne l'est jamais, j'en perds le goût ou le désir.

Il me semble avoir accompli une boucle et revenir aux temps où je ne surfais pas et ne lisais pas de blogs: j'écrivais sur un site, j'en lisais deux, aussi incroyable que cela puisse paraître, je n'avais pas conscience qu'il y avait un "autour", un ailleurs.

Aujourd'hui il me semble que les blogs que je lis retournent progressivement au silence, moins de billets ou plus de billets, disparition. Je me sens gagnée par la même aphasie. Je résiste, mais je me demande bien pourquoi. Par moments j'ai envie de vider mon agrégateur, de fermer l'ordinateur et de ne plus jamais revenir.



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Agenda
Dîner d'anciens élèves. Je n'avais pas envie d'y aller, Paul devait être là, j'ai fait un effort (il ne va pas très bien, il devient tranchant et agressif. Peut-être la période de colère du deuil?)
Il est arrivé avec un petit dossier, le journal de voyage du père d'une petite-nièce qui était parti à la recherche d'Admunsen en 1927. Intéressant et émouvant.

Soirée animée et gaie, beaucoup plus intéressante que la précédente du genre.

Appris en vrac qu'il existait quatre bretons (quatre patois bretons), que baragouiner venait de "bara" et gwen ou gwin (tout en phonétique et de mémoire, donc ne pas s'attendre à de la précision), le pain et le vin (baragouiner : demander du pain et du vin), de même, Ardennes était d'origine celte, Ard-wenn ou Ar-dwen, le pays noir

Décalée

Lorsqu'un intervenant a demandé à Emmanuel Falque si l'injonction de Hughes de Saint-Victor, il faut "lire le monde", était un concept ou une métaphore, j'ai dû être la seule à penser à Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages:

— J'ai le glaive vengeur et le bras séculier.
— C'est beau comme métaphore.
— C'est pas une métaphore, c'est une périphrase.
— Oh, fait pas chier !
— Ça, c'est une métaphore.

Phrase à clé

Tu l'as trop écrasé, César, ce Port-Salut.

La correspondance de Chateaubriand

Arrêté du 28 janvier 2008 portant création d'une commission nationale pour la publication de la correspondance de François-René de Chateaubriand et portant nomination de ses membres

NOR : MCCD0801547A
La ministre de la culture et de la communication,
Vu la loi no 46-2196 du 11 octobre 1946 modifiée créant un Centre national du livre ;
Vu le décret no 93-397 du 19 mars 1993 relatif au Centre national du livre, modifié par le décret no 96-421 du 13 mai 1996,

Arrête :

Art. 1er. - Il est créé, pour une durée de trois ans, une commission nationale pour la publication de la correspondance de François-René de Chateaubriand. Cette commission a pour mission de veiller à l?établissement des textes et de favoriser la publication de l'ensemble de la correspondance de François-René de Chateaubriand.
La commission approuve un plan de publication. Elle désigne les personnes chargées, sous son contrôle, de la préparation de chacun des volumes à paraître. Elle formule toutes observations et conseils scientifiques utiles.

Art. 2. - M. Marc Fumaroli, de l'Académie française, est nommé président de la commission nationale pour la publication de la correspondance de François-René de Chateaubriand.

Art. 3. - Le président du Centre national du livre est membre de droit de la commission. Il peut se faire représenter par le secrétaire général de l'établissement.

Art. 4. - Sont nommés membres :
- Jean-Claude Berchet, professeur émérite à Paris-III ;
- Guy Berger, professeur émérite à Paris-VIII ;
- Jean-Claude Bonnet, directeur de recherches au CNRS ;
- Jean-Paul Clément, directeur de la maison Chateaubriand ;
- Agnès Kettler, chercheuse au CNRS ;
- Georges Liebert, responsable éditorial aux éditions Gallimard ;
- Arlette Michel, professeure émérite à Paris-IV.

Art. 5. - Le secrétariat de la commission est assuré par le Centre national du livre.

Art. 6. - Le présent arrêté entre en vigueur le 1er février 2008.

Art. 7. - Le directeur du livre et de la lecture est chargé de l?exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 28 janvier 2008.
CHRISTINE ALBANEL

Appel aux hommes de bonne volonté

J'ai rencontré deux fois en deux jours le mot "actionnable".

PITIÉ, PAS ÇA.

Quelques sosies

Le lycée de mon fils propose une "activité" "Histoire de l'Art". Comble de la générosité, elle est ouverte aux parents et aux anciens élèves. Je me suis donc inscrite, bravant le ridicule de mon âge dans une classe d'élèves (tous volontaires puisque c'est hors programme) de seize à dix-huit ans.

Premier constat: toutes les filles sont blondes (sauf une métis), du blond blé au blond vénitien.
Deuxième constat : la prof ressemble à Karine Viard. Elle est un étrange mélange de "parler jeune" (elle est en doctorat et refuse de se poser en professeur) et de précisions («Moyennâgeux, c'est Les Visiteurs — enfin, ça ne vous dit peut-être rien, mais ce film c'est mon adolescence — [ou comment se sentir vieille à vingt-cinq ans], pour le Moyen-Âge on dit "médiéval".»). Elle est enthousiaste, amoureuse de son sujet et c'est plaisant.

La semaine dernière, j'ai rencontré une présidente d'association qui ressemble à Dominique Lavanant à soixante ans (au physique et au moral). C'était moins bien.

La première fois qu'un de ses enfants vous apprend quelque chose

Ce soir à table, j'ai pensé avec amusement à ce post de gvgvsse devant le franc succès remporté par le plus jeune avec cette phrase: «Adam part pour Anvers avec deux cent six sous», phrase qui condense la plupart des prépositions françaises (à, dans, par, pour, en, vers, avec, de, sans, si, sous ("si" est une anomalie dans cette liste, mais bon, ne compliquons pas)).
Par quel miracle est-il le seul de nous cinq à avoir appris cette phrase?

250 tonnes de bidules

La vocation viticole du parc naturel régional de la Montagne de Reims l'a poussé à organiser dès 1983 la collecte des films plastiques d'emballage et, depuis 1998, celle des capsules et des bidules.

Ce « bidule » n'a rien à voir avec son synonyme qui désigne une personne ou un objet par un terme plus général et vague comme « machin », « chose » ou… « bidule ». Car celui-là est en polyéthylène et sert à capter, sous la capsule en aluminium, les dépôts de levure qui interviennent lors de la seconde fermentation du Champagne. En 1998, le parc naturel régional (PNR) de la Montagne de Reims (68 communes, 35 000 habitants, 50000 hectares, dont 9 000 hectares de vignes) lançait à Châtillon-sur-Marne son premier collecteur de bidules et de capsules. Il en récupère désormais environ 250 tonnes par an grâce aux 50 conteneurs répartis sur les communes viticoles du parc naturel régional. « Les viticulteurs jouent le jeu. C'est un succès. 90% des capsules et des bidules sont collectés » se félicite Cyrille Camboulives, l'une des chevilles ouvrières de l'opération. Avant déchets non recyclés promis à la décharge, les capsules et les bidules sont aujourd'hui expédiés vers la Moselle où la société «Recyclage 2000» les broie pour les réinjecter dans les filières de l'aluminium ou de la plasturgie.

Horizons régions, (Les Echos), juin 2007, p.18

Les mots en f

J'aime les mots en f : farfelu, frivole, frivolité, frimousse, frisé, folie, fantôme, fiction, fumée, fumeux, faribole, fable, fabliau, fascinant, fascination, fronce, froncé, futile, futon, fuligineuse, farouche, féroce, furieux, flamboyant, fleuve, fil, fiole, flacon, flammèche, flemme, farine, fastigié, fabuleux, fatigué, famélique, frêle, fragile, foutaise, foudre, foudroyant, firmament.

PS1 - petit plaisir
La Slovénie adoptera l'euro en janvier prochain. (Devant mon air sincèrement heureux, ma collègue a éclaté de rire. Je suis une incomprise.)

PS2 - grand soulagement
Après huit heures d'opération à cœur ouvert, JM va bien. J'ai une furieuse envie de lui passer un savon pour nous avoir fait aussi peur.

Au bon goût de brûlé

Question à O., sept ans:

— Et tu sais ce que ça veut dire, S.P. ?
— Saveur pompier !
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