Billets qui ont 'rêve' comme mot-clé.

Dernier bulletin

Excellent bulletin de dernier trimestre d'O.
J'ai envie de pleurer: si seulement il avait compris plus tôt les enjeux, s'il s'était mis à travailler dès le début de l'année, et pas en janvier…

Je me rends compte que je suis en train de revivre mon bac et que c'est sans doute cela qui me fait prendre tout cela tellement au sérieux. Je fais des cauchemars. Il remonte un cauchemar de cette époque: bac de math, distribution des sujets, je ne comprends rien, je n'ai jamais vu ces formules, je suis perdue, j'ai l'impression que je vais être dévorée. Or mes rêves sont très vivants, très réels, hors de toute sensation de rêve. Terreur, pure terreur, et désespoir.
Comment tout cela a pu survivre en moi toutes ces années, ce cauchemar, ou le souvenir de ce cauchemar, revenir maintenant avec force?

Rangement

Une journée pour faire du ménage et ranger — pas eu le temps depuis que nous sommes revenus des Etats-Unis. Cela ne fait pas une journée très palpitante, sauf que cela permet de manipuler des livres, ce qui est toujours plaisant. Aurai-je un jour le temps de les lire? Pourquoi les acheter si je ne les lis pas? (Question de C.)
Aucune idée, franchement. Quand j'achète un livre neuf, récent, je me dis que cela va soutenir, encourager, l'auteur, quand j'achète un livre d'occasion (avec souvent une pulsion presque bibliophile, avoir l'édition de l'époque, le grand format), je me dis que j'évite le pilon à l'objet.

Je n'ai pas retrouvé le dossier de la préparation pour demain, cela me pertube: comment est-ce possible? Mon bazar n'est pas organisé, mais il est englobant: tout est là, rien n'en sort, rien ne se perd. Je revois encore ces pages, je relis les questions: les aurais-je rêvées? Je sais que je suis susceptible de rêves extrêment précis, détaillés, mais en suis-je au point de rêver l'énoncé des travaux à préparer? (Je n'y crois pas, je ne le crois pas.)

Je commence — j'hésite à le signaler trop clairement, cela va prendre tant de temps et n'a aucune chance d'aboutir — à taguer les billets du jour où je les écris tandis que je les place au jour de leur survenance, au gré des dates rencontrées dans les livres, les factures, les cahiers: que peut donner une mémoire mitée, dans quelle mesure les objets peuvent-ils nous aider à remonter le temps?

Rêve

Jean Greisch commente mon exposé:
— Ce que vous avez fait, ce serait plutôt l'herméneutique du voyageur. Vous pouvez faire mieux, aller plus loin.
Je me débats pour comprendre ce qu'il veut dire, où voudrait-il que j'aille?
— Il faudrait atteindre une herméneutique de la vérité.
Parmi les présents, Jo (je sais que c'est lui) enchaîne. Je me concentre, mais les paroles ne me parviennent pas nettement.
Le réveil sonne.

Encore heureux que les paroles ne me parviennent pas nettement: comment pourrais-je conceptualiser en rêve quelque chose que mon cerveau ne peut concevoir (moi) éveillée? (Et pourtant, je suis un peu déçue: car si j'y arrivais en rêve, alors je saurais que j'en suis capable éveillée).
Mais c'est joli, "herméneutique du voyageur". Qu'est-ce que j'ai voulu dire?

Les radiateurs

Hier soir nous évoquions au bénéfice de mes parents le jour où le tuyau d'un des radiateurs, rongé de rouille, a cédé, aspergeant l'ordinateur (heureusement la paroi de la tour) et un angle de la bibliothèque (les livres ensuite mis à sécher dans tout le salon, journal entre les pages, à la façon des herbiers).
A ma grande surprise, à nous quatre nous avons présenté trois versions de l'histoire : cela s'est-il passé le jour ou la nuit, étions-nous au dernier étage ou en train de remettre en eau les radiateurs des chambres après les avoir purgés, est-ce C. ou moi qui avons donné l'alerte? Il faut bien dire que le récit de C. me paraît plus logique, plus crédible, que mes souvenirs.

J'ai un problème avec mes souvenirs: je sais que certains sont rêvés. J'en suis certaine, car dans un cas au moins, je me vois très précisément en train de lire un livre dans la bibliothèque du collège, or il est totalement impossible que j'ai lu ce livre-là au collège. Donc l'image que j'ai est une image rêvée. Combien des images en moi sont-elles des rêves et non des souvenirs?
Cela me fait regretter de ne pas avoir tenu ce blog plus tôt (mais avant, les blogs n'existaient pas).

Mais enfin, inutile de regretter puisque ayant un blog je n'ai pas raconté l'épisode ici. Dommage, sinon nous aurions eu la réponse. C'est bien parce que je me suis aperçue de ce manque de substance que j'ai commencé à détailler davantage le quotidien. A l'époque je devais trouver cela trop personnel.
On trouve trace du changement de radiateurs ici. C'était sans doute la première fois que nous faisions appel à notre plombier portugais. (Pour la petite histoire, il ressemble un peu à James Gandolfini avant qu'il ne devienne obèse, sans doute moins grand mais avec le même sourire).

Un rêve

Cette nuit j'ai rêvé de RC.

Nous étions en voiture sur une nationale, les nationales de notre enfance, pas encore transformées en "quatre voies". Deux chats persans caramel se tenaient sur la route immobiles, nous fixant de leur nez écrasé.
Nous les dépassions et je convainquais H. de revenir en arrière pour les déplacer, les enlever de la route où ils allaient se faire écraser et provoquer un accident.

Quand nous atteignîmes les chats, RC était sur place avec Pierre, pour les mêmes raisons que nous je suppose. Il avait une barbe longue de plusieurs centimètres, totalement sauvage, qui lui donnait l'air fou de certains Russes du XIXe siècle.

Fin du rêve, rien de plus.

Un rêve

Dans les "Postsecret" du jour, cette photo :






Cette nuit j'ai rêvé que je tenais la main de Paul Rivière pendant qu'il mourait (à la façon dont on meurt dans les films). Mais comme chaque fois que je rêve de mort, la mort est restée inatteignable, souffle suspendu, impossibilité de "rendre" le dernier souffle.

Plus tard je devais me cacher (puisque malgré tout Paul était mort) car il m'avait donné son livret A avant de mourir et ses héritiers me poursuivaient.

Je me suis réveillée, je me suis levée, et je me suis dit que tout était dit.

Sanglier décousu

Rêvé d'une façon extraordinairement précise de Barthes, d'une œuvre de Barthes. Jean-Yves et Pascal étaient là.

Tenu dans mes mains le commentaire de Barthes, dans un livre partant en lambeaux, à la couverture jaune à la façon des anciens Grasset. Livre de bibliothèque, bibliothèque lumineuse et interdite, sans doute dans la coupole du Panthéon (je savais que j'étais dans un lieu correspondant à peu près à la coupole du Panthéon). Histoire de chasse et de vengeance, de sanglier décousu. Lu la dernière phrase, dans le style désuet et si légèrement ironique de Barthes. Une sœur ayant vengé invisiblement son frère. Impossible de me souvenir de cette phrase pourtant si nette, si musicale.
Puis second livre, tout petit, cinq centimètre sur cinq, couverture vive, jaune et rose, contenant le conte commenté par Barthes. Conte écrit par Barthes?

Mais qu'ai-je donc amalgamé, la tapisserie du musée Goya, les chasses de Monsieur de Lautrec et Le bruissement de la langue? Quelle frustration de ne pas se souvenir des deux phrases si nettement lues. Il aurait fallu les noter au réveil (mais aurait-ce été possible?)

Fini Arjouni [1]. Camomille et miel.

Notes

[1] en allemand, sans dictionnaire: compris l'esprit ;-).

Rêves

Depuis Cerisy je me souviens de mes rêves, du moins du dernier avant le réveil, pendant quelques minutes, quelques heures. Quelques impressions persistent plus longtemps. Parfois il a un rapport avec ma dernière activité de la soirée, comme si ce rêve n'était qu'un prolongement de souvenir.

Pendant les vacances, j'ai ainsi rêvé que:

- GC se mariait. Nous étions tous en blanc, la mariée, brune, coiffée à la garçonne, portait un costume de marin blanc. Seule note de couleur, GC portait un kilt bleu.

- le château de Plieux s'élevait en ruines sur un arrière-fond de village désolé à la manière des films italiens réalistes des années 60. Au premier étage, la deuxième salle, immense, révélait un immense vitrail aux tonalités rouges et magnifiques.

- il me fallait fuir dans une maison sans issue. Fuyais-je devant J.K. Rowling ou m'aidait-elle à m'enfuir? Toujours est-il que je m'enfonçais dans mon lit qui m'absorbait comme une porte de placard.

Je ne sais plus ce que je rêvais ce matin. Pourtant je voulais m'en souvenir, car Matoo était présent.

Rêve velu

Nuit agitée. Je rêve, je ne me souviens de rien, ce n'était pas angoissant, mais c'était agité. Confirmation: au réveil, je suis seule, H. a déclaré forfait et est allé dormir ailleurs.

Au milieu de la matinée, une image très nette d'un de mes rêves me revient : pour une raison ou une autre, je tendais la jambe pour la montrer, horreur, elle était poilue et frisée, châtain. J'en éprouvais de la gêne, sans plus.

Un des bonheurs possibles de l'homme

Sur vehesse, j'ai mis en ligne une citation de Borgès. J'ai noté quelques mots dans les notes invisibles du blog. Aujourd'hui 18 avril 2020, je les copie ici.

Il y a longtemps que je sais qu'il n'y a pas de colère ou de chagrin qui ne cède dans une librairie : au bout d'un moment j'oublie tout, et même les livres. Le temps et l'espace sont rangés sur les étagères, il suffit de passer les yeux sur les dos des livres, le contenu de chacun se déploie quelques fractions de secondes, un contenu purement imaginé, bien entendu, et c'est comme un exercie de rêves, de dos en dos. De temps en temps on tend la main et on en ouvre un, pour dissiper le rêve et reprendre contact avec le texte, la réalité. Ce n'est jamais ce qu'on pensait mais ça n'a aucune importance puisqu'on savait qu'on rêvait.
C'est sans doute pour cela qu'il est si difficile de choisir un livre. Il faut en trouver un qui fasse d'avantage envie que le rêve.
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