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Marseille

Rendez-vous au club, petit déjeuner. JP m'a apporté la casquette longtemps désirée.

Château d'If, îles du Frioul, baie des singes. Temps idéal, soleil et brise pour la fraîcheur. Cours de rame contre la vague, "en mer le chemin le plus rapide n'est pas le plus court".
Déjeuner au club du Prado. Un tour dans le vieux port, pour le plaisir. Sortie de vingt-huit kilomètres au total.

Pastis avec JP, papotages et ragotages. J'apprends avec stupéfaction que mes compagnes du Jura ont plutôt quarante-cinq ans que trente à trente-cinq ans; avec leurs airs de midinettes dragueuses je n'y aurais jamais cru.
— Oui, elles cherchent le mec.
— Ça j'avais compris! Mais pourquoi elles ne le trouvent pas? B, par exemple, elle est jolie, sympa, intelligente: pourquoi elle ne trouve pas? (Je n'ajoute pas que j'aurais plutôt imaginé les mecs se battre pour elle qu'elle soit obligée de draguer… Mais connaître leur âge change l'angle de vue. Je passe de l'impression "je suis hors jeu, normal elles sont jeunes" à l'impression "elles en sont encore là? les pauvres" (bonjour les préjugés!! je suis nulle. Mais bon.))
— Elle est trop exigeante. Les filles cherchent le mec parfait.
Bon. Peut-être. C'est toujours la même chose, personne ne sait jamais exactement de quoi il est en train de parler: de passer une vie ou quelques semaines avec quelqu'un? Mais le sait-on jamais à l'avance?

Et je pense aux réflexions de Paula Becker sur le mariage à transposer à la vie en couple aujourd'hui:
«[…] L'expérience m'a enseigné que le mariage ne rend pas heureuse. Il ôte l'illusion d'une âme sœur, croyance qui occupait jusque-là tout l'espace. Dans le mariage, le sentiment d'incompréhension redouble. Car toute la vie antérieure au mariage était une recherche de cet espace de compréhension. Est-ce que ce n'est pas mieux ainsi, sans cette illusion, face à face avec une seule grande et solitaire vérité? J'écris ceci dans mon carnet de dépenses, le dimanche de Pâques 1902, assise dans ma cuisine à préparer un roti de veau.»

Marie Darrieussecq, Vivre ici est une splendeur, p.72, P.O.L 2016
JP est l'organisateur de la randonnée. Il adore ça. Il m'explique comment il garantit le bon fonctionnement du groupe, la façon dont il exclut quelques personnes, la façon dont il constitue les équipages. Il se lance: «Toi par exemple, je ne te mets pas avec n'importe qui, tu t'énerves vite. Tu es très à l'écoute, mais tu es trop soupe au lait.»
Hmm. Rien que je ne sache déjà, mais je lui suis reconnaissante d'avoir le courage de le dire ainsi, et je suis embarrassée d'être source de problèmes.

Une heure de sieste. Soirée au club. E. me conseille Giono plutôt que Pagnol sur Marseille. Ce qui me frappe, c'est combien les gens d'ici aiment leur ville et sont désolés de l'image qu'en donnent les médias.

Vacuité

Une semaine passée à pas grand chose : une heure de grec, une heure et demie d'aviron par jour (ce qui fait quatre heures, le temps d'y aller, de revenir et celui de sortir et ranger le matériel. J'ai inscrit O. a un stage de cinq jours pour le sortir un peu (l'oxygéner et le renforcer, il souffre des mêmes faiblesses respiratoires que moi) et lui permettre d'accumuler les kilomètres (soixante par jour) pour sa conduite accompagnée.
Un peu de travaux ménagers, mais si peu et si banaux banals que je ne vais pas en parler.

L'atmosphère se durcit. Quand j'organise les vacances, elles sont qualifiées de "peu reposantes", quand je ne les organise pas, nous ne faisons rien (enfin, je trouve à m'occuper…) et "c'est pas des vacances".

(Reconnaissons malgré tout que ce stage d'aviron est un handicap : nous partons à cinq heures et rentrons à neuf, impossible d'organiser une visite de musée ou un cinéma à Paris. Ou il faudrait partir dès le matin et nous sommes bien trop lents et paresseux.)

Approbation des comptes

Je retouche les rapports à partir de quatre heures du matin, provoquant la colère de H. («Tu as décidé que je ne me levais pas assez tôt? Sympa!» (mais il a été exécrable tout le week-end)) qui prend sa voiture et part à Tours (c'était prévu, ne vous inquiétez pas!) Je pense aux innombrables fois où il a fait l'inverse: son accusation est tellement disproportionnée que je ne dis pas un mot (il s'excusera quelques heures plus tard).

Rapports dans l'urgence, pas trop de coquilles j'espère, les administrateurs que j'ai tenus au courant des délais serrés (de l'impossibilité d'envoyer les documents à l'avance) sont compréhensifs, tout est approuvé à l'unanimité. A deux heures la tension retombe.

Je pars tôt pour terminer la version latine à laquelle je n'ai pas eu le temps de toucher dans la semaine. (Samedi, Daniel me disait qu'il n'avait le temps de rien, à quoi je répondais que cela avait été si épouvantable quand les enfants étaient petits que tout me semblait facile désormais. Dommage que je n'ai rien noté de cette époque, est-ce que j'exagère mes souvenirs? Je ne le saurai jamais.)

Choix I

— Ça fait drôle de penser que je vais mourir à soixante ans.
— Si tu ne veux pas mourir, maigris. Reprenant, pensive: Enfin, ce n'est pas une garantie, c'est mettre les probabilités de ton côté.
— Je ne sais pas si je tiens à la vie à ce point-là.

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