Billets qui ont '2022-08-26' comme date.

Des huîtres

Petit déjeuner avec une intervenante qui nous explique que si beaucoup de professeurs ne viennent que quelques jours, c'est qu'ils manquent de temps: ils profitent de l'été pour mener à bien des travaux plus personnels, le reste de l'année ils sont débordés par des charges administratives de plus en plus envahissantes1.

Ce que je remarque, c'est que beaucoup des présents passent du temps au téléphone, ce qui n'était pas possible en 2008 quand un filet d'ondes permettait d'avoir du réseau le soir vers 18 heures les jours de beau temps, à condition d'être chez Bouygues ou Orange.
Bizarrement, cette possibilité d'être davantage connecté n'aide pas les personnes à rester plus longtemps car elles n'oublient plus le reste du monde. Leurs obligations et contraintes les rattrapent («on vous sonne, vous obtempérez?!» constatait goguenard Tristan Bernard ou Alphonse Allais au début du téléphone Jean-Louis Forain quand Degas se fit installer le téléphone).

Les interventions de la matinée sont consacrées à l'économie (la politique économique) et la présence des chiffres. Certains dans la salle sont avides d'obtenir une équivalence en euros, ce qui me paraît étrange. Il me semble que l'important, c'est le fonctionnement interne du texte, que les chiffres ne sont que destinés à nous dire «il est pauvre», «elle est riche», «sa maîtresse lui coûte cher», «il est ruiné». D'ailleurs une personne dans la salle parle de proportionalité à l'intérieur des récits, ce qui me paraît très juste. Mais il est vrai que je serais preneuse d'une table de transcodification entre sous, francs, livres (dans Illusions perdues, par exemple). Je suppose que cela existe quelque part, mais j'aurais aussi vite fait de le faire moi-même.

L'après-midi est libre. Il n'y a pas eu de proposition de sortie ensemble pour un lieu ou un autre, et donc nous avons prévu à la demande de Christopher (américain à Rome) d'aller manger des huîtres au bord de la mer. Ce sera ce soir, car Lucie veut travailler à son intervention de samedi.

Sieste, promenade dans le parc (décharge électique contre les barbelés: je ne m'y attendais pas, pour moi c'était barbelés ou électricité, pas les deux). Quand nous revenons, de jeunes balzaciens jouent à la pétanque. C'est enfin ce qui doit être.
J'ai pris quelques photos, précieuses quand ils seront célèbres dans vingt ans2.

jeunes Balzaciens jouant à la pétanque à Cerisy


Je participe à ma manière en fournissant mon cordon de lunettes pour mesurer l'écart boule-cochonet.

Départ pour Hauteville. Miriam monte en décapotable avec H., je monte avec Christopher, Lucie, Eve, Cristiana et me taille un franc succès en diffusant Elle voulait revoir sa Normandie (j'aime faire connaître le vrai folklore français aux étrangers, ce qu'ils n'entendront pas en cours). Eve entame une conférence sur les textes problématiques de Sardou (Balavoine chanterait-il L'aziza aujourd'hui?), ce qui doit être particulièrement obscur pour les Américain et Italienne.

Terrasse face à la mer. Vent, coucher de soleil, huîtres, Pouilly-Fuissé. Bonheur.

huîtres à Hauteville

Il se trouve qu'Eve connaît (ou est connue de) Pierre Boyer. Evidemment, puisqu'ils ont les mêmes idées, mais elle sans la culpabilité puisque femme.
Elle ne désarme jamais et c'est ainsi qu'au moment du dessert elle s'exclame: «le sucré est féminin, les hommes mangent du fromage».
Voilà autre chose. Depuis, je me demande si mon grand-père mangeait des ou du gâteau. Question de classe, question sans réponse: il y avait du gâteau les jours de fête, on en mangeait pour célébrer la fête. Les autres jours, c'étaient des fruits. Les fruits sont-ils féminins?

Retour dans la nuit. Cette fois-ci c'est Eve qui monte dans la décapotable (mais elle ne connaît pas La Voie sacrée).

En arrivant au château, je m'aperçois que j'ai totalement oublié qu'il y avait une projection de La peau de chagrin de la BBC. J'en attrappe quelques minutes au vol: trop kitsch, trop Jane Austen (je veux dire les adaptations filmiques anglaises, si précises dans leur reconstitution qu'elles en deviennent jolies).



Note
1: j'ai découvert cette charge en lisant le blog de GC et je reste abasourdie de ce travail qui à mon sens devrait être confié au secrétariat des universités.

2: je me souviens d'un savoureux récit autour d'une photo de Heidegger dont le geste rappelle la pétanque.

La cloche disparue

Comme il y aura des actes de colloques et que Cerisy est payant je ne publie pas de notes. Je me spécialise donc dans l'anecdote.

Durant le petit déjeuner, Miriam raconte une tradition espagnole de la St Sylvestre: quelques minutes avant minuit, les cloches sonnent (pour se préparer), chacun à douze grains de raisin dans son assiette, et lors du compte à rebours, les douze secondes précédentes, on engouffre dans sa bouche un grain de raisin par seconde sans le mâcher, puis à minuit il faut tout avaler sans laisser s'échapper un seul grain de raisin, sous peine d'avoir de la malchance toute l'année.
Fin 2021, l'amie (non espagnole et inconsciente) chargée d'amener des grains en a apporté des énormes et Miriam en a laissé échapper cinq.
Aussitôt, nous comprenons pourquoi elle a eu des draps humides hier et qu'aujourd'hui il pleut.

Après le petit déjeuner et en attendant la première séance, je rejoins quelques intervenantes sur le pont-levis (qui n'a jamais été un pont-levis) devant la porte1. Elles étaient là lors du colloque précédent il y a vingt ans2 et racontent drôlement comment l'une de leurs amies avait caché la cloche du goûter (qui n'est pas celle du clocheton mais une jolie cloche à main) dans une potiche, quasi sans y penser. Cette blague innocente et quasi-inconsciente (la coupable m'a avoué «je l'avais fait sans y penser, la potiche était là, j'y avais mis la cloche, elle n'était pas vraiment cachée) avait provoqué une grande effervescence pour ne pas dire colère. (Je suis très fière de connaître la coupable de cette blague potache, dont le nom n'a jamais été dévoilé).

Première communication (dans la bibliothèque). Séance de questions-réponses. Les trois premiers à parler sont soit les organisateurs soit une ancienne organisatrice, tous contre la communication qui vient d'être donnée. Comme c'est très technique (jargon de la critique littéraire, catégories linguistiques et stylistiques, problèmes de définition), il est difficile pour moi de juger du bien-fondé des reproches adressés à l'intervenant3, mais je suis choquée par l'unanimité des trois voix. Le président de séance a tenté une défense après les deux premiers contradicteurs («A la décharge de xx, je voudrais dire que…») mais il s'est fait couper la parole par le troisième qui a accentué la charge. Puis est venue une remarque «il y a d'autres questions? Les derniers rangs n'interviennent pas beaucoup» et j'ai failli être sarcastique: que pourraient dire les amateurs (les derniers rangs) après de telles interventions?

A la pause, la révolte gronde parmi nous, les auditeurs libres sorties prendre l'air sur le pont-levis. Je m'informe du ressenti de mes compagnes, il est le même que le mien. Quand passe l'un des organisateurs, je mets les pieds dans le plat en m'étonnant de l'agressivité des remarques post-communication.
«— Ah bon, vous trouvez cela agressif? Je vous assure que ça ne l'est pas, ce ne sont que nos traditions universitaires.
— Mais justement, je pensais que Cerisy vous permettait (vous, universitaires) d'échapper à cela quelques jours.
(Une des auditrices utilise même les mots de «règlement de comptes»).

Je suis embarrassée lorsque l'organisateur introduit la prochaine communication en faisant part de notre discussion, mais j'ai malgré tout l'impression que les échanges suivants sont plus sereins.

Plus tard, la plus ancienne des auditrices (92 ans), qui vient ici chaque année depuis un demi-siècle au moins et était au collège avec une sœur d'Edith, se plaindra que les intervenants parlent trop vite et qu'elle ne comprend pas tout.
— C'est parce qu'ils lisent. Ils essaient de tout dire dans le temps imparti et c'est pour cela qu'ils parlent très vite.
— Mais pourquoi font-ils cela? Ils ne lisaient pas avant.
Je suis désolée pour elle, mais que dire? Il faudrait faire le deuil d'une partie de son travail, accepter de ne pas tout dire. Or les intervenants parlent devant leurs pairs, ils sont jugés, et pour certains, les plus jeunes, cela peut être décisif pour leur carrière future.

Pendant ce temps se poursuit le colloque Claude Cahun qui paraît encore plus houleux, dans la mesure où il aborde le thème du genre, confrontant de vieux (comprendre: historiques) surréalistes et féministes à une génération tendant vers le wokisme4.
A déjeuner, la jeune Espagnole, qui étudie à Venise et suit le colloque de Cahun, qui comprend le français mais parle en anglais, me confie son étonnement: «je ne comprends pas, les gens ne prennent pas la parole pour poser une question mais pour donner leur point de vue et faire une seconde conférence».
Elle me fait rire de bon cœur: «c'est vrai. Ce n'est pas comme ça en Italie? Je pensais que c'était toujours comme ça dans les colloques.
— Non. C'est impoli, n'est-ce pas?
— Oui, tout à fait. (traduction simultanée d'une conversation simplifiée par le bruit et le souci d'utiliser des mots simples dans une langue étrangère à nous deux).

Décidément, ces colloques donnent une furieuse envie d'une description à la manière de Balzac ou de David Lodge. (Le pastiche m'a toujours fascinée, mais je n'ai pas le courage d'essayer. Trop de travail (là aussi un trait décrit par Balzac: les gens avec des désirs mais qui ne travaillent pas pour les atteindre. Ce que dit également Proust. Peut-être que tous ceux qui travaillent beaucoup disent cela)).

Après le repas, traditionnelles photos (en noir et blanc) des colloques et «bibliothèque éphémère» qui permet de feuilleter les livres vendus à Cerisy… et de les commander. A ma grande surprise, H. en choisit trois, ce qui me permet d'en prendre autant en toute bonne conscience.

L'inconvénient de ces interludes (hier la visite, aujourd'hui la photo et la bibliothèque) est qu'elle raccourcit le temps pour les communications (d'environ quarante minutes chacune). Or il y en a trois, ce qui est inhabituel: la tradition est d'en faire deux, pour laisser davantage de temps pour les échanges. Sans doute aurait-il fallu prévoir huit ou dix jours et non pas six. Sans doute est-ce aussi l'une des raisons de la précipitation des communications.

Tout cela peut paraître très négatif, mais en réalité c'est très intéressant et amical. Nous nous sommes liés d'amitié avec un autre couple dans un configuration quasi identique à la nôtre (elle française intervient dans le colloque Cahun, lui américain l'accompagne et télétravaille). Ils vivent actuellement à Rome mais déménagent la semaine prochaine à Paris. Nous papotons également avec Miriam, espagnole à Venise, et Cristiana, italienne, toutes les deux au colloque Cahun, et Eve (Cahun aussi et à l'origine de débats houleux), française à Oxford. Il y a effectivement une proximité plus grande avec les Cahun: c'est que les Balzaciens sont intimidants et tendent à parler entre eux. C'est le cas pour tout colloque sur un grand écrivain, nous dit Edith, comme Proust ou Duras: les spécialistes du monde entier ont l'occasion de se rencontrer et en profitent. C'est légitime.

Mousse au chocolat.

Le soir, dans le grenier, lecture surréaliste par un acteur: dialogue imaginaire entre Birot (PAB) et Claude Cahun, reprenant des textes de l'un et de l'autre.
En apparté, l'acteur nous raconte que Giraudoux, arrivant devant l'affiche annonçant La Guerre de Troie, entra en colère. Le directeur du théâtre fit ajouter une bande en travers: «n'aura pas lieu».
Moralité, il n'y eut personne à la première ce soir là.

Puis quelques tours de tournantes au ping-pong à la cave avec une poignée de Balzaciens (les plus jeunes mais pas que).



Note
1: La fonction de ce pont a été théorisée par un anthropologue qui a photographié et analysé les groupes en circulation devant la porte: lieu de rencontre exemplaire, passage obligé, hauteur idéale du parapet pour se poser et poser ses fesses (je confirme), possibilité d'éviter certaines personnes ou au contraire prendre leur suite à l'appel des repas pour être assis proche ou loin d'elles.

2: Il y a eu deux précédents colloques Balzac, en 1980 et 2000. Celui-ci aurait dû se tenir en 2020 mais évidemment a été décalé par le confinement. Cela a mené l'un des organisateurs à commenter: «nous laissons aux suivants la difficile tâche de déterminer si le colloque suivant devra se tenir en 2040 ou 2042»).

3: Se souvenir: ne pas parler de Balzac et de psychologie sans citer Paul Bourget. Je ne sais plus de quel passage il s'agit. J'ai trouvé au moins cela sur google:
Balzac n'a pas écrit un seul roman à thèse. Son oeuvre tout entière n'est qu'un immense roman à idées. La différence est radicale. Le romancier à thèse est celui qui part d'une conviction à priori et qui organise sa fable en vu d'une démonstration ; le romancier à idées est celui qui part de l'observation, et qui par delà les faits dégage les causes. […] C'est dire que tout grand roman devient par définition un roman social. L'analyse psychologique est le procédé par excellence pour ce dégagement de vérités profondes. On ne saurait trop désirer que les romanciers contemporains pratiquent ainsi leur art. Ce dont la France actuelle a le plus besoin, c'est d'éducateurs de sa pensée, je n'ai pas dit de sermonneurs. La prédication n'a rien à voir avec la littérature d'imagination. Mais cette littérature […] a le droit, disons mieux, le devoir, de suggérer des hypothèses sur les faits humains qu'elle a enregistrés. Ces hypothèses elles-mêmes sont des suggestions pour le lecteur à qui elles apprennent à mieux se comprendre et à mieux comprendre son pays. Voilà notre service à nous.
«Note sur le roman français en 1921», Nouvelles pages de critique et de doctrine, Paris, Plon-Nourrit, 1922, p.130
4: Pour parler vite et simplifier: j'utilise le terme pour sa contemporanéité, sans en reprendre la connotation souvent négative en France, surtout chez les vieux birbes dont je tends à être.

L'anastomose du magnolia

Au petit déjeuner, deux étudiantes, une Espagnole vivant à Venise et une Italienne. La jeune Espagnole est morte de froid, elle est logée aux Escures et ses draps sont humides, elle a attrapé un rhume. Par chance Dominique Peyrou vient déjeuner à côté de nous, il commence à discuter en espagnol (débat sur la popularité de l'espagnol auprès des Français, nous soutenons qu'il est de plus en plus enseigné car il permet de voyager) et une solution est trouvée (je n'en avais jamais douté, j'avais déjà conseillé d'aller voir le secrétariat, Jean-Christophe est précieux).

Matin à la laiterie. Deux interventions. Je suis surprise, nous sommes sur du très technique et jargon littéraire, loin de ces communications qui vous prennent par la main et vous emmènent en promenade. D'un autre côté, la présentation du colloque le laissait pressentir.

Au déjeuner nous continuons la discussion avec un autre couple venu selon le même modèle que nous: monsieur en télétravail, madame en colloque (elle intervient sur Claude Cahun, elle est la dernière samedi, ce qui signifie qu'elle va vivre sur le grill toute la semaine). Ils habitent Rome et vont déménager la semaine prochaine pour Maisons-Alfort. Echange sur les prix parisiens. Discussion également sur la production agricole, les modes d'alimentation et la démographie puisque monsieur travaille à la FAO (l'organisation pour l'alimentation et l'agriculture pour l'ONU).

Première journée signifie visite du château. J'y assiste chaque fois car chaque fois j'y apprend des choses nouvelles. M.Queval (de la famille de Jean Queval, fondateur de l'oulipo) est absent, c'est donc Dominique Peyrou et Edith qui nous proposent une visite à deux voix. J'entends à nouveau l'histoire du manoir protestant «après la révocation de l'Edit de Nantes, il y avait trois choix: la résistance (et la mort), l'exil ou la conversion. Ici il s'agit d'une conversion particulièrement réussie puisque l'un des membres de la famille est devenu évêque, d'où la bizarrerie d'un clocheton épiscopal sur un manoir protestant».

Il a fait très chaud la semaine précédente et l'étang était quasi à sec («nous avons été à deux doigts d'appeler l'office de l'eau pour sauver les poissons»). Il y avait ici deux moulins pour travailler le lin. Le mur de soutènement qui s'est effondré en 2012 a été reconstruit après que les architectes de la DRAC aient souligné que cela permettait de conserver l'alignement avec le toit à l'impérial des escures (les écuries).
Dominique Peyrou nous fait sourire en rappelant ses convictions d'enfant: un trésor était caché dans la tour qui s'est effondrée. (Hélas, les travaux menés lors de la reconstruction ont prouvé qu'il n'en était rien. Mais l'espoir de l'enfance n'est pas éteint pour autant.)
Cependant, des paysagistes ont regretté que ne soit pas mis davantage en lumière le magnifique platane de deux cent-cinquante ans planté sans doute pour fêter un mariage. La réflexion sur l'amènagement se poursuit donc (il faudra revenir).

Il s'est tenu dans le mois un foyer de réflexion autour des arbres et Edith prend beaucoup de plaisir à nous nommer les différentes essences du jardin, nous présentant tour à tour chaque arbre. (Je pense à RC: «nous ne voyons que ce que nous savons nommer»).
Sur la terrasse aux tilleuls, Edith nous fait remarquer un banc (une planche en forme de feuille) avec une boule de bois au bout: c'est un point d'exclamation, hommage au soixante-dix ou soixante-quinze ans de Derrida (je ne sais plus), qui tenait à être à Cerisy chaque année pour son anniversaire (15 juillet).

Ancienne ferme. C'est l'endroit que j'ai vu le plus se transformer depuis 2008: espace de vidéoconférence accessible aux handicapés et possibilité de traduction simultanée («car la centralité de la pensée française est moindre») dans la laiterie en 2012-20131; espace tisanerie, spot wifi et salle informatique à la place de ce que j'ai connu comme une seule salle en 2008. Il y a maintenant onze chambres au-dessus dans ce bâtiment.
L'étable est toujours aussi belle. C'est le lieu où commence les visites publiques, car le château est ouvert aux visites guidées. Il y avait ici quatre-vingts vaches, mais lorsque le paysan est parti à la retraite, il a été impossible de lui trouver un remplaçant (ce qui me fait penser que les colloques devaient être odoriférants dans les années 60-70, avec bouses, mouches et hirondelles). L'endroit a donc été tranformé en lieu d'exposition et de performance.

L'après-midi nous déménageons dans la bibliothèque, ce qui est plus satisfaisant sur les plans esthétique et tradition. Le deuxième intervenant de l'après-midi est pris à parti sur le thème de l'épistémocritique. Je suis perplexe. C'est mon troisième colloque "long" (d'une semaine) ici et celui ne ressemble pas aux deux premiers: la dimension chaleureuse est absente, les questions à la fin des interventions sont teintées d'agressivité et il est difficile d'intervenir dans la mesure où ce sont les experts reconnus qui prennent la parole les premiers.

Après le dîner (et une magnifique charlotte), visite du verger. Je retrouve la treille palissée à l'intérieur d'une serre dont elle suit la courbe. Poiriers, pommiers, dalhias. Edith nous montre alors un magnolia présentant une anastomose. Le mot m'a fait rire par son incongruïté (jamais entendu parlé), mais le phénomène est étonnant. Difficile d'imaginer la circulation de la sève.


Il s'agit de la branche au centre de la photo qui fait un pont entre deux branches

Nous rentrons dans la nuit.



Note
1: comme cette salle était beaucoup utilisée par le séminaire de Jean Ricardou, la bibliothèque de celui-ci a été installée ici après sa mort, ce qui en fait aussitôt une salle beaucoup plus cerisienne.
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