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Pokémon

Sortie en huit mixte cahotante, bassin agité par le vent. J'étais mal réglée.
Remarque de l'entraîneur: «Un huit, ça se fait bouger à huit, pas à huit fois un. C'est difficile, surtout quand on est adulte et qu'on ne rame pas ensemble six fois par semaine».

Je rentre. A. est arrivée de Mortagne, nous allons déjeuner au MaSu de Nemours de façon à faire nos traditionnelles courses de chaussettes et autres dans notre magasin préféré.

Passage à Thomery dans la boutique Pokélégende. C'est minuscule et perdu, loin du centre de Thomery (déjà pas bien grand) et de la gare, à cent mètres du château de By. Je ne comprends pas comment ils arrivent à survivre ici, mais apparemment les passionnées viennent de toute la France et même de Belgique.
A. ressort avec une somme indécente en boîtes de cartes (boosters?). Elle nous explique la spéculation autour des nouveaux boosters, en vente cinq ou six semaines tout au plus. La particularité du magasin de Thomery, c'est de réunir toutes les boîtes de boosters qui sortent, alors que normalement les boîtes sont dispersés à travers la France dans différents points de vente: il faut tous les visiter si on veut tous les boosters. (Je ne garantie pas l'exactitude des termes, mais c'est le principe).

Pour mémoire : rupture d'approvisionnement du médicament Ozempic. Le pharmacien a demandé à H. de prévenir son médecin pour trouver un traitement de substitution.

Sans dérive

Il fait très doux. Je barre le huit. A cinq cent mètres du club, le bateau heurte un bloc destiné à mettre en place des barrières de chantier, un bloc de 80x30x13 cm percé de trous pour mettre les pieds des barrières. L'étonnant est que ce bloc ne coule pas, il flotte à fleur d'eau, invisible.
Le bateau le heurte exactement dans l'axe et on entend le bloc passer tout le long de la coque. Question: la barre est-elle touchée?
Nous ramons, je fais des tests, la barre réagit. Cela prend du temps, comme toujours en huit. La difficulté est qu'il faut redresser avant que le huit ait pris la direction souhaitée. Je tire vers babord, je compte trois coups de rame puis je redresse avant même que le bateau ait pris la direction de babord. Il vire alors vers babord au quatrième ou cinquième coups de rame.

La sortie se passe ainsi, avec un coup de chaud lorsqu'une péniche apparaît face à nous alors que le bateau est au centre de la Seine. «On appuie à tribord, un coup», je tire sur la barre, le bateau dévie, c'est bon, nous sommes passés. La péniche fait des vagues, nous remplissons un peu.

J'ai tellement tiré sur la barre qu'à quelques mètres du ponton le câble en a rompu brutalement.

Une fois le bateau retourné sur les tréteaux, nous avons découvert que la dérive était partie. Il ne restait que la partie mobile de la barre, un aileron de quelques centimètres carré. Pas étonnant que le bateau réagissait lentement.

*****

Le soir O et Cy viennent dîner. Encore un gueuleton. L'indigestion est proche. Ça fait plaisir de les voir, ils sont cool et joyeux.
O. m'a offert les deux derniers Akira dans l'édition dans laquelle j'ai les quatre premiers. J'aurais au moins appris cela à mes enfants: la cohérence des éditions.

A la nage

Le huit d'hier était vraiment décourageant, avec toutes les composantes que j'ai fuies au CNF, à commencer par une certaine agressivité (laisser ses problèmes à la maison ne va pas de soi; certains viennent au contraire dans l'espoir de s'en débarrasser en ramant. Ce n'est pas toujours un bon calcul).

Discussion au café d'après sortie (avec des rameurs hors du huit), mais pourquoi vouloir sortir en huit (réponse: parce que c'est exigeant, le prochain sommet après le skiff), pourquoi pas en quatre (réponse beaucoup moins avouable: c'est qu'ici (dans ce club), quand on est une fille, c'est prendre le risque de ramer avec X et je n'en ai pas envie. Elle a un gros défaut à tribord et refuse de travailler ce point. Ça ne m'intéresse pas, un bateau dans ces conditions).
Bref, petit moral.

Ce qui fait que ce matin, quand la question s'est posé du barreur, je me suis proposée: curieuse de voir le bateau de ce poste d'observation, peu pressée de renouveler l'expérience de la veille.
Sauf que les rameurs n'étaient pas tout à fait les mêmes, avec SE et JP à la place de deux autres.
Sauf que la nage s'est sentie mal, et que je me suis trouvée à la remplacer au bout d'un kilomètre (c'est le plus simple: nous interchangeons nos places sans rentrer au ponton).

C'est ainsi que je me suis retrouvée à la nage du huit de pointe (je ne pensais pas que cela m'arriverait un jour).
Magnifique sortie, le bonheur.
— Alors, c'était bien, la nage?
— Il faut demander ça aux autres. Pour moi, l'équipage était très bien.

Mais bien sûr, personne ne dira rien. Je n'ai jamais dit à Flore ou Anne-Sophie qu'elles étaient de bonnes nages. On leur demande si elles ne sont pas trop fatiguées (c'est-à-dire si soi-même a été bien, pas trop lourdaud dans le bateau), on ne leur dit pas qu'elles étaient bien.

Je vais donc le dire moi-même: pour une première sortie à la nage en pointe, ce n'était pas si mal, sauf notre tentative de départ (on s'entraîne au départ de course, à lancer le bateau).

Pour le reste, plus aucune condition physique. Si cela devait se renouveler, il faudra que je reprenne l'ergo (l'ergomètre = le rameur)

Un huit ça casse

«Un huit ne se retourne pas, ça casse»: c'est ce que nous avait dit un jour une compétitrice à Melun, alors que nous préparions à quitter le ponton.

Belle sortie ce soir, dans le soleil déclinant entre six et huit heures. Il fait chaud de façon supportable.


Le bateau n'est pas plat, à chaque coup il nous berce de babord à tribord, de tribord à babord. Cela traduit de multiples fautes de main, de changement dans les hauteurs de main sur le retour (durant la passée dans l'air, le moment le plus délicat).
La difficulté pour se corriger, c'est que chacun dépend des autres. Comme en plus de nos défauts nous compensons chacun plus ou moins consciemment les défauts des autres, si un rameur essaie de se corriger tandis que les autres ne sont pas prévenus, les compensations devenues inutiles aggravent le déséquilibre. C'est pour cela que pour corriger un défaut il faut de la patience les uns envers les autres et l'acceptation que toute correction commencera par rendre les choses pires.

Retour. Exercices. Nous croisons deux péniches montantes qui paraissent très pressées: veulent-elles arriver à l'écluse avant la fermeture? Les vagues sont énormes mais nous leur sommes parfaitement parallèles et nous n'embarquons aucune eau: fluctuat nec mergitur.

Sauf que nous, à l'arrière (je suis au six), nous entendons un dialogue confus qui parle de bateau fissuré. Un huit se découpe en deux parties pour être transportable en remorque (un tiers deux tiers ou moitié moitié); suite à la force des vagues le nôtre prend l'eau au niveau de la jointure. Nous entendons les ordres de JP: «Desserrez vos chaussures. Préparez vous psychologiquement à passer à l'eau.»

Nous rentrons lentement en demi coulisse.
Nous croisons deux autres péniches.
Nous n'avons pas coulé.
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