Dans la matinée, je récupère Mémoires du ghetto de Varsovie de Marek Edelman et Hanna Krall dans un casier Mondial Relay.

Violente engueulade avec A. qui me reproche de lui reprocher de mettre soixante-dix ans d'efforts familiaux à la poubelle. Mais deux mois plus tard, elle n'a toujours pas de boulot. Nous ne posons plus de question.

— J'ai fait lire la conversation à mes amis pour voir si c'était moi qui étais anormale de trouver que tu exagérais.
— Ah, parce que non seulement tu m'insultes mais tu trouves normal de faire lire ça à tes amis?
— Tu m'as accusée de mettre soixante-dix ans d'efforts à la poubelle.
— Ce n'est pas de ma faute si c'est vrai.
— C'était à propos de soutifs je te rappelle.
— C'est faux.
— C'est vrai.
— C'est facile : c'est écrit. Descends (elle est à l'étage), on va relire la conversation à deux, tu vas voir.
— J'ai autre chose à faire.
— Espèce de lâche. Tu m'insultes devant tes amis, mais tu es incapable de venir lire à côté de moi.

Elle n'est pas descendue. C'est bon, qu'elle se débrouille avec son père. Un fils et une fille en moins, je vais bientôt être tranquille.

On part à deux voitures. Je prends la petite rouge, H et A sont dans la Dacia avec les victuailles. J'écoute les podcasts sur Bouveresse. Il me fait sourire, surtout quand il souligne l'épouvantable sérieux des philosophes français qui rejettent la science tout en en adoptant les tournures de langage pour faire sérieux. J'ai acheté plusieurs de ses livres au cours du temps; il faudrait que je les lise.

Nous récupérons la salle, installons tables et chaises, bourrons les chambres froides. H. a oublié d'emporter nos assiettes, nous en récupérerons chez sa mère, O. viendra avec une douzaine.

Carrefour, dernières courses, nous achetons des compotes déraisonnables (rhum ananas) et de quoi faire des spritz. Le soir, nous soûlons Madame d'un spritz miniature dans un petit verre à cognac.

Hôtel. Fête de la bière à Châlons. Nous sommes sur la cour, c'est bruyant malgré tout. Je lis Edelman. Je connais si bien tout cela; pourtant c'est comme si je le découvrais, comme si je n'avais jamais rien lu.